Présidentielle 2022 : appel de la GAMELLE et inconséquences

C’est fou : la sphère politicienne macroniste est en passe de s’étendre de la socialie la plus solférinienne à la droite LR la plus sarkozyste ; de François Rebsamen et Claude Bartolone à Éric Woerth !

Pour les deux premiers, respectivement ministre du Travail et président de l’Assemblée nationale à l’époque du quinquennat Hollande, le ralliement n’est pas encore totalement officiel. Mais pour Woerth, c’est fait : l’ancien ministre de Chirac et Sarkozy et actuel député LR a annoncé avant-hier qu’il allait se mettre en congé des Républicains et soutenir Emmanuel Macron contre Valérie Pécresse.

Vous vous doutez bien que ce petit revirement de dernière minute à tout juste huit semaines de l’élection n’a pas été décidé sur un coup de tête. « C’est le fruit d’une longue réflexion », a confié le nouveau compagnon de route des Marcheurs au quotidien Le Parisien.

Reconnaissons qu’il a bien caché son jeu. Pendant cinq ans à la tête de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale, on l’a plutôt entendu dénoncer les « abandons » en forme de « panique à bord » d’un président « flou sur tout » et la dérive préoccupante des finances publiques orchestrée par son gouvernement.

Mais voilà, depuis, M. Woerth a regardé les sondages – non, pardon, il a réfléchi et il a changé d’avis :

« Je pense qu’il (Macron) est le mieux à même de défendre l’intérêt de la France et des Français. »

« Il n’a pas dépensé plus que les autres présidents. Contrairement à ce que j’ai pu lire, il n’a pas ‘cramé la caisse’. »

.
On tombe à la renverse. Que dire ? 

Les proches d’Emmanuel Macron ont une formule pour cela : c’est la « puissance de la gamelle ». Accordons-leur qu’ils savent de quoi ils parlent.

En 2017 déjà, Emmanuel Macron n’avait pas lésiné sur la distribution très « en même temps » de postes et d’investitures pour répondre aux nombreuses demandes d’asile politique qui lui sont parvenues de la gauche dans la foulée de la victoire du socialiste frondeur Benoît Hamon lors de la primaire de gauche, puis de la droite quand l’affaire des emplois fictifs de son épouse a plongé le candidat des Républicains François Fillon dans la tourmente. 

Inutile de dire qu’à l’époque, avoir proclamé auparavant qu’il n’était qu’une « bulle de savon » (Bayrou) ou qu’il « n’assume rien mais promet tout » (Philippe) – et j’en passe – n’était nullement un motif de rejet. L’important n’était pas d’être en alignement programmatique sincère pour réformer la France mais en alignement d’intérêts pour accéder au pouvoir. 

On dirait aujourd’hui que l’histoire se répète. Du côté gauche, il semble clair que la candidature de Taubira et la primaire citoyenne ne sont en rien parvenues à rassembler un camp profondément divisé et en perte de vitesse. D’où des ralliements réalisés ou attendus qui permettent de redonner un avenir à l’ancien personnel politique d’un PS actuellement en mort cérébrale.

Des ralliements dont, de son côté, Emmanuel Macron a impérativement besoin pour contrebalancer les ouvertures à droite destinées à affaiblir au maximum la candidate LR Valérie Pécresse. L’idée, c’est toujours de se retrouver face à Marine Le Pen au second tour, c’est toujours de faire barrage à la droite et l’extrême-droite, mais si possible sans s’aliéner les électeurs de gauche, ceux de Jean-Luc Mélenchon notamment, qui voient dans Emmanuel Macron un représentant de plus de la droite néolibérale la plus décomplexée.

Pure stratégie électorale que tout cela. La France attendra. Mais n’accablons pas totalement Emmanuel Macron ; le PS et LR ont une immense part de responsabilité dans cette situation délétère.

Le Parti socialiste aurait pu réaliser son Bad Godesberg, autrement dit sa rupture franche avec le marxisme par adoption de la social-démocratie comme l’a fait le SPD allemand en 1959, au lieu de laisser à Emmanuel Macron toute latitude, et tout succès, pour le faire. Quant aux Républicains, confrontés à l’étatisme grandissant de l’extrême-droite et à la social-démocratie d’une partie de plus en plus importante de la gauche, ils auraient pu abandonner la part dirigiste de l’héritage gaulliste pour proposer un programme affirmé de démocratie libérale. 

Rien de tout ceci ne s’est produit et la confusion idéologique domine.

À droite, il n’est d’ailleurs que de lire les réactions qui ont suivi la défection d’Éric Woerth pour comprendre que ce parti, un peu à l’image de sa candidate d’ailleurs, ne sait plus où il en est. Pour le député LR du Vaucluse Julien Aubert par exemple, les options économiques du nouveau marcheur, options qu’il ne partage pas, sont « néolibérales et orthodoxes », d’où son tropisme macronien. 

On ne pourra certes pas accuser Julien Aubert de libéralisme exacerbé, bien au contraire. Du reste, Éric Woerth lui-même est des plus modéré en ce domaine. Ne préconisait-il pas la création d’un livret C comme Coronavirus sur le modèle du livret A afin d’orienter les excédents d’épargne des Français vers l’investissement ? Histoire de renforcer encore un peu plus le rôle discrétionnaire que l’État détient dans le financement de l’économie grâce à la Banque publique d’investissement (BPI), j’imagine.

Et puis combien de fois faudra-t-il dire qu’Emmanuel Macron n’est pas le moins du monde libéral ? Qu’il est au contraire le représentant parfait d’un État social-démocrate envahissant et dirigiste, à la fois providence et stratège ? Qu’il ne considère le capitalisme que dans la mesure où celui-ci accepte d’en passer par ses plans (de relance, de développement, de transition énergétique, de transformation sociale, etc.) et continue de financer sans broncher ce dirigisme même ?

Mais le plus navrant, le plus profondément minable dans cette histoire d’appel de la gamelle, ne serait-ce pas finalement de constater à quel point l’entourage d’Emmanuel Macron n’a aucun scrupule à glisser aux journalistes cette formulation éminemment péjorative, éminemment méprisante, à propos des personnalités politiques que LREM parvient à débaucher à son propre profit ? 

Gérald Darmanin nous a donné cette semaine un excellent aperçu du complexe de supériorité qui déborde perpétuellement des cercles macronistes. Le ministre de l’Intérieur est tellement certain de la haute qualité des décisions du gouvernement, tellement certain de savoir mieux que les Français eux-mêmes ce qui est bon pour eux, tellement certain de savoir exactement ce qu’ils pensent et ce qu’ils veulent qu’il n’imagine même pas qu’un seul Français puisse se déclarer insatisfait du président de la République.

Il en est tellement convaincu que lorsqu’on lui met sous les yeux les résultats mitigés ou carrément mauvais de son ministère en matière de lutte contre les atteintes aux personnes, il s’emporte et, révélant sa médiocrité intrinsèque, devient méchant, insultant et méprisant, renvoyant l’interlocuteur à un supposé parti pris d’extrême-droite et l’accusant d’agressivité – ainsi que la journaliste Apolline de Malherbe a pu en faire l’intéressante expérience récemment.

Rien que de très courant, il faut le souligner, surtout quand les hommes de gouvernement se sentent fondés à tout diriger à leur gré sous le couvert du haut patronage du bien commun et finissent systématiquement par prendre les autres pour leurs obligés.

« Le pouvoir tend à corrompre et le pouvoir absolu corrompt absolument » – l’avertissement lancé en 1887 par Lord Acton reste d’une actualité frappante à travers ces petits épisodes ordinaires, trop ordinaires, de la vie politique. Et il vient nous rappeler opportunément que la maturité politique consisterait non pas à s’en remettre pieds et poings liés à un « sauveur », peu importe son credo, mais à œuvrer à la limitation du pouvoir exécutif par des contre-pouvoirs alertes et vraiment indépendants.


Article de ma série spéciale « Présidentielle 2022 ».


Illustration de couverture : François Rebsamen, Emmanuel Macron, et Éric Woerth. Photos AFP.

27 réflexions sur “Présidentielle 2022 : appel de la GAMELLE et inconséquences

  1. Excellentes réflexions Nathalie. Le dépeçage de LR et du PS, déjà bien entamé depuis 2016, se poursuit. Je suis bien d’acord avec la remarque finale concernant un éventuel « sauveur ». Le culte de la personnalité est une pente glissante. La réelection de Macron ne ferait que renforcer le sentiment de toute-puissance et la « corruption » dénoncée par Lord Acton. Je trouve ça terrifiant.

  2. +1,

    La démocratie, ils ne connaissent pas et leur suffisance les perdra tôt ou tard. Le plus tôt sera le mieux.

    Bonne journée

    (d’où « sont » tropisme macronien à corriger peut-être ?)

  3. Merci Nathalie, vous nous offrez toujours le meilleur comme à votre habitude et on ne peut que souscrire à votre analyse et à vos conclusions. 15 ans de dégringolade accélérée et nous avons sous nos yeux le résultat. Prochaine étape : 1) la convergence de notre économie avec celle de l’Argentine, 2) l’adaptation du débat politique Brésilien et enfin, parachèvement grandiose, 3) l’application des brillants principes de la démocratie Vénézuélienne. En France nous n’avons ni pétrole ni économie performante mais nous avons quand même su faire éclore une belle startup nommée « Apparatchik 2.0 ».

  4. Bonjour,

    « Pure stratégie électorale que tout cela. La France attendra. Mais n’accablons pas totalement Emmanuel Macron ; le PS et LR ont une immense part de responsabilité dans cette situation délétère. »

    Je ne suis pas de votre avis.

    Il faut totalement accabler M.Macron pour son action par ci, son inaction par là, et surtout, pour sa capacité infinie à dire qu’il va faire des choses et à ne pas faire ce qu’il a dit, sans prendre la peine de se justifier ni de s’expliquer, à jouir d’un pouvoir exorbitant au prétexte d’une urgence sanitaire dont il serait urgent de sortir, à se la jouer président de l’Europe sous l’oeil énamouré des médias européistes quand son pays sombre lentement dans une médiocrité générale.

    C’est lui qui a fracturé la Gauche et la Droite « traditionnelles » en se présentant comme le « en même temps » et en promettant de « penser printemps »
    Il a réussi son hold-up et on peut considérer d’une certaine manière qu’il est le vainqueur, mais les vaincus ne sont pas les partis LR ou PS, les vaincus, c’est nous, le peuple, qui n’avons plus la possibilité de croire qu’une alternance politique est possible.
    Or, cette alternance est vitale quand bien même elle serait en partie factice.

    Le PS, LR, LREM, bonnet blanc et blanc bonnet… les transferts des uns et des autres le démontrent.

    Les partis politiques, le personnel politique qui joue les marionnettes d’un énorme Guignol, les contre pouvoirs qui ne jouent plus leur rôle, tout contribue à détourner les gens « qui ne sont rien » « les sans dents », ceux qui « puent des pieds » « qui roulent en diesel et fument des clopes », de ce monde de « l’élite » arrogante et de les amener à se retrouver entre eux hier autour des ronds-points, aujourd’hui autour de camions.

    Face à Macron for ever, il y a Marine Le Pen laquelle, comme son père, trouve satisfaction à jouer les trouble fête mais en fait, ne cherche pas le pouvoir.
    Je ne parle pas d’Eric Zemmour qui provoque un violent prurit chez les libéraux au point de rendre Marine Le Pen fréquentable 🙂

    D’ailleurs, où sont les libéraux…?

    Selon moi, les dégâts causés par M.Macron sont considérables, il détruit mais ne construit rien, il fracture mais ne réconcilie pas, il noie notre pays affaibli dans une Europe technocratique qui se reconnait dans l’affiche d’une femme voilée et tente de s’imposer sans jamais demander l’avis des peuples.

    Tout cela dans une forme de molle tolérance générale et une absence d’opposition structurée.

    Si une majorité d’électeurs lui donnent encore une fois les clés de la maison, je crains le pire mais « une nation de moutons engendre un gouvernement de loups ».

    • Bonjour à tous. Tout cela est tellement vrai … et déprimant ! J’aimerais
      un débat du 2ème tour pugnace entre Zemmour (qui n’a pas sa langue dans sa poche pour soulever la poussière cachée sous le tapis) et Macron. Même si, hélas ! Le résultat des élections semble plié d’avance. Le premier pourrait asséner quelques vérités pour dessiller les français qui en ont grandement besoin. Pour l’instant, le peuple gronde en silence.
      Décidément, le milieu de la politique est un marigot envahi de caïmans qui s’entre-dévorent. Le spectacle est affligeant !
      Merci Nathalie pour ce billet. C’est toujours un plaisir de vous lire.
      Bon dimanche à tous … quand même …

  5. Votre conclusion résume l’état d’esprit des français à la recherche mythique du sauveur, une exception enracinée chez ce peuple.
    Jean-Pierre Jouyet qui a connu le coeur du pouvoir nous raconte « Notre vieux royaume »
    https://www.cultura.com/p-notre-vieux-royaune-9782226464385.html

    Et la récente réflexion de Mme Loiseau (bon d’accord ce n’est pas une fine intelligence) sur la « grosse suisse molle » montre avec arrogance toute notre supériorité :
    https://maximetandonnet.wordpress.com/2022/02/07/grosse-suisse-molle/

    C’est le peuple français qui se soumet à cet absolutisme fantasmatique.

    • Cette drôle de Loiseau est une habituée de l’outrance verbale. Souvenons-nous que c’est à cause d’une nième sortie malheureuse qu’elle avait loupé la présidence de son groupe au parlement européen. Elle se défend en disant qu’elle parle « cash ». C’est tout le problème des gens qui confondent sincérité et vulgarité, étant dépourvus de la première ils pensent tromper leur monde en s’adonnant à la seconde, mais ils sont bien les seuls à tomber dans le panneau. Pauvre piaf !

  6. Effectivement Macron continue les politiques mises en place avant lui. Et les électeurs qui cherchent toujours à remettre la faute sur les autres ne voient pas le piège tendu par Macron, plus nous seront pauvres plus nous dépendrons de l’ état.

  7. Votre phrase de conclusion selon laquelle il conviendrait d' »œuvrer à la limitation du pouvoir exécutif par des contre-pouvoirs alertes et vraiment indépendants » me laisse perplexe. Il me semble plutôt que l’on observe dans les dernières décennies un affaiblissement dramatique de l’exécutif qui voit ses pouvoirs bloqués ou confisqués par divers contre-pouvoirs, notamment l’UE et la Justice, qui le réduisent à l’impuissance dans de nombreux domaines. C’est sans doute une des raisons de la défiance de la majorité des Français vis-à-vis des politiques français et de l’UE ainsi qu’en témoigne l’explosion de l’abstention à toutes les élections.

    • @NewParadigm: le diagnostic de Nathalie en termes d’équilibre des pouvoirs me semble très juste. Le pouvoir exécutif n’est ni inactif ni impuissant bien au contraire.

      La baisse de la qualité des services public que nous observons et que nous subissons n’est pas non plus le signe d’un affaiblissement de l’état, c’est le signe que l’exécutif ne répond plus aux aspirations de la population: enseignement, santé, sécurité, etc.

      Au lieu de remplir ses missions essentielles l’Etat veut être partout et tout faire. Il épuise ses forces dans des missions qui n’intéressent que lui. Exemple: les ARS, un de ces innombrables comités, agences et commissions qui doublonnent et qui ne rendent aucun service à la population.

      En rejeter la faute sur des acteurs extérieurs telle l’UE est un des sports favoris de nos dirigeants mais la réalité c’est que le pouvoir a bien plus de marges de manœuvres qu’il ne le reconnaît et qu’il est le premier responsable de ses turpitudes.

      • Entièrement d’accord. L’Exécutif doit revenir à ses fondamentaux.

        La Vème République l’a vu renforcé, à une époque tourmentée où décisions, contestables ou non, devaient être prises à l’unisson.

        Qu’est l’Assemblée Nationale aujourd’hui ? Un quasi copier/coller du PE, qui laisse toute latitude à un dictateur d’opérette d’œuvrer à ses caprices.

        Elle ne représente plus du tout les sensibilités de la population française; ceci à dessein, avec toutes les contorsions que permet la Constitution et les manœuvres électorales pour écarter les importuns.

        Les Présidentielles et les Législatives, séparées de deux mois cette année, vont certainement laisser le temps, en cette période de grande tension sociale, si le second tour offre quelque surprise, à quelques festivités urbaines de s’installer, qui laisseront toute latitude aux factieux de métier pour semer l’anarchie et à ceux qui les soutiennent d’œuvrer opportunément à la déstabilisation.

        L’appel de la gamelle sera alors un souci mineur. La défiance envers les élus qui se complaisent dans des conflits d’intérêt et querelles partisanes n’est qu’une juste rétribution, hélas sanctionnée par une abstention massive.

        Après cela, c’est la rue.
        Des convois de la liberté qui convergent sur Paris sont tout de même inédits. Après la gifle.

        Dormez tranquilles bonnes gens, vous verrez sans doute le passe vaccinal rendu caduc à une dizaine de jours du premier tour.

        Fin du port des masques en lieu clos à la fin du mois pour lancer le processus. Avant le discours mielleux du conducator hexagonal qui se déclarera candidat en se fendant d’un satisfecit personnel.

        Merci à Nathalie pour ce billet sur le paradigme macronien.

  8. Votre analyse est extrêmement intéressante.
    D’abord parce qu’elle définit exactement – c’est très juste et original – ce qu’est Macron, à savoir ce socialiste badgodsberguisé, « représentant parfait d’un État social-démocrate envahissant et dirigiste, ne considérant le capitalisme que dans la mesure où celui-ci accepte d’en passer par ses plans (de relance, de développement, de transition énergétique, de transformation sociale, etc.) et continuant de financer ce dirigisme ».
    Ensuite parce qu’elle positionne effectivement le courant social démocrate nouveau de Macron (un socialisme plus économiquement réaliste) dans un espace politique abandonné par une gauche dogmatique ayant refusé son Badegodesberg, et une droite encore égarée dans la nostalgie dirigiste gaulienne ayant refusé sa transition libérale.
    Mais c’est justement cette question de la transition que pose in fine votre article lorsqu’on aspire à libéraliser le pays : Comment prétendre installer aujourd’hui le libéralisme en France au regard du rejet politique (largement entretenu), culturel, comportemental (abonnement à l’Etat nounou) de la quasi totalité de nos concitoyens ? cela relève de l’impossible et les rares tentatives d’injections libérales (par exemple Fillon concernant la santé) sont immédiatement disqualifiées, reléguant finalement le débat libéral dans une sorte d’entre soi élitiste sans débouchés !
    L’exemple allemand, pas vraiment libéral mais plus vraiment socialiste montre justement que des principes libéraux acceptés par le peuple de démocratie et de fonctionnement économiques peuvent s’instiller dans la durée à partir d’une transition (Badegodesberg) ayant posé les fondements d’une réforme progressive du système historique.
    On peut dés lors se demander, en libéral pragmatique et tactique, si le macronisme ne serait pas le moyen d’amorcer dans la durée le virage attendu ? Et s’il faisait déjà a minima faire disparaître ce conditionnement socialiste rampant…

    • @gaston79 : un récent classement de The Economist place la France dans la catégorie des « démocraties défaillantes ». Ne vous trompez pas, Macron ne nous conduit pas vers une société plus libre, c’est un ennemi de la liberté tant politique qu’économique. Ceux qui pensent que le danger politique ne se trouve qu’aux extrêmes se racontent des histoires. Il y a de nombreuses similitudes entre LREM et le RN, entre Macron et Le Pen. Il suffit pour s’en rendre compte de constater l’état du pays, l’état du débat politique, l’état des libertés.

      • @LIonel : Vous ne répondez pas exactement à mon argument autour du régime de transition (vers le libéralisme) possible en France, puisqu’il en faut nécessairement un. Donc on refuse Macron, d’accord, ou Pécresse qui est un(e) clone, pour mettre quoi ?

      • Valérie Pécresse c’est un bon début. Je note à ce propos que Denis Payre la soutient publiquement. C’est une erreur de l’assimiler à Macron, elle vaut beaucoup mieux, et en écrivant cela je précise que je ne m’attends pas à des miracles.

        Macron ne me semble pas faire partie de la solution libérale, il en est aux antipodes, mais il faut reconnaitre qu’à côté des Jadot, Hidalgo, Mélenchon et autres Taubira, il fait figure de progressiste. Au point d’ailleurs qu’ils le qualifient d’ultra-libéral, une énième étiquette qui ne veut pas dire grand chose et qui n’aide personne à comprendre la réalité mais qui fait plaisir aux journalistes.

  9. La France vit toujours sur un mythe de sa grandeur passée, certes de beaux monuments une belle histoire presque toujours tragique et ça on l’oublie. Lorsqu’on est un pays disons moyen on essaye de régler ses gros problèmes comme nos amis Suisses, petit pays mais grande Nation. Il serait temps que nous nous penchions sur la gouvernance et les erreurs de ces disons 40 dernières années avant de nous engouffrer dans une aventure Russo-Ukrénienne ingérable comme ce bourbier du Mali (blog de Bernard Lugan).

    Et si les gens des convois de la liberté avaient raisons..

    • @Louis : le poids de l’histoire pèse encore lourdement sur nous. Nous subissons toujours les conséquences du bonapartisme dont on peut dire sans se tromper qu’il inspire plusieurs candidats, tel Macron qui rêve de mettre la population au pas et qui parfois y parvient avec l’assentiment de cette dernière.

      • Napoléon et encore, Napoléon le troisième celui qui porta haut la frivolité et la corruption au point de se perdre dans une aventure au… Mexique… et dit on préférer une invasion allemande à la République – quelle est belle la vie de Louise Michel. Pour Napoléon le premier, je m’interroge, favorable pour la première partie de son existence en raison de la qualité de ses grands adjoints, puis l’Empire lui fait perdre la raison quand à son retour de l’île d’Elbe se fut une catastrophe..

        Pour la période que nous vivons, j’aime assez le mot « Post-Démocratie ».. Que le tout puissant nous préserve du chaos..

      • Je dirai même plus …En référence à Napoleon le premier, il se voit en Premier Président de la Communauté Européenne. Ayant tout juste dépassé la quarantaine, il est encore assez jeune pour réaliser ses ambitions.
        … Il n’y a plus qu’un Dieu pour nous sauver.

      • @Jojo : Macron s’est depuis trop longtemps confronté au principe de réalité pour entretenir quelque illusion que ce soit concernant son avenir européen. Soyons clair : ce dernier est inexistant et l’Europe ne pourra jamais lui offrir l’étendue des pouvoirs que la 5ème république lui accorde.

        Le bonapartisme c’est une ancienne tradition française fondée sur quelques caractéristiques :
        – le recours à l’homme providentiel, celui-ci se vivant comme un compromis entre le Messie, Jeanne d’Arc et Vercingétorix,
        – la séparation entre le droit civil et le droit de l’état avec la prééminence du droit de l’état sur tout le reste, le droit de l’état étant lui-même subordonné au bon vouloir du Grand Visionnaire au sommet de l’état
        – la défiance envers les corps intermédiaires et les individus tous deux considérés comme des nuisances susceptibles de compromettre le Grand Plan
        – l’autoritarisme intransigeant, encore loin du pouvoir personnel absolu des régimes autoritaires mais tout de même assez proche de ce qui pratiquait sous la royauté
        – le centralisme géographique et institutionnel,
        – l’idée que les soldats et par extension les citoyens sont des ressources peu chères et renouvelables que l’on peut sacrifier par paquets entiers pour percer une brèche

        La démocratie représentative c’est quand même mieux, non ?

    • @ Louis

      « Et si les gens des convois de la liberté avaient raison. »

      Encore faudrait-il qu’ils disent quelque chose. En dehors de leur refus de la vaccination, sur lequel ils ont tort, et de leur moyen d’action, sur lequel ils ont tort aussi, on voit mal ce qu’ils ont à dire.

      Pour l’instant, ce que je vois, c’est surtout des gens qui ont beaucoup de temps libre, et beaucoup d’argent à perdre, qui adoptent un loisir consistant à emmerder le monde.

      Que font ces gens, dans la vie, pour avoir la possibilité de prendre des vacances inopinées et sans fin précise, pour se payer des camping-cars, pour gaspiller une essence qu’ils disent eux-même hors de prix, et pour refuser d’obéir aux gendarmes en leur disant : mettez-moi l’amende de 135 euros, je n’en ai rien à faire, voici mon passeport ?

      Je croyais que ces gens-là « n’avaient rien à mettre dans leur frigo à partir du 15 du mois » ? On m’aurait enduit avec de l’erreur marxiste, comme d’habitude dans notre beau pays ?

      • A titre de réflexion: « Au fond, quelle leçon principale en tirez-vous demande Laurent Joffrin… Réponse : J’en tire l’idée que la démocratie est en danger. La vraie démocratie, c’est à dire le contrôle de la société par le peuple qui la constitue. La France doit agir rapidement si elle ne veut pas assister passivement à cette évolution du monde. La démocratie est menacée, parce qu’elle est aujourd’hui entraînée par la technologie et par l’économie, sans pouvoir peser sur ces deux forces. Ces forces sont mondialisées. Elles dépassent le contrôle démocratique qui, lui, ne s’exerce qu’au niveau des nations. Le monde économique et social se transforme plus vite que le monde démocratique. Il faut remettre la démocratie dans la course par des réformes audacieuses, des réformes permanentes qui nous permettent de s’adapter aux changement technico-économiques. Pour cela, il faut faire de la politique autrement ». Conclusion du livre : Toute vérité n’est pas bonne à dire – Claude allègre et s’était en … 2000…

  10. Je viens de découvrir cet article ( en anglais) de Joel Kotkin qui vient d’ écrire ‘ The Coming of Neo-Feudalism ». Pour résumer, un nouveau féodalisme arrive, au sommet des oligarques de la silicon valley, à leurs cotés un clergé médiatique gauchisant et le tiers état.

    https://quillette.com/2020/02/27/the-two-middle-classes/

    https://www.amazon.fr/Coming-Neo-feudalism-Warning-Global-Middle/dp/1641770945/ref=sr_1_1?qid=1644779115&refinements=p_27%3AJoel+Kotkin&s=books&sr=1-1

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