Quand les temps sont moroses, quand les perspectives semblent sombres, rien de tel qu’un peu de distraction sans prétention pour se changer les idées et rire un peu. En France, alors que les prix de l’énergie s’envolent et que la guerre en Ukraine nous désole, on réalise une fois de plus avec effroi qu’on n’a pas de pétrole et beaucoup trop d’impôts. Mais par chance, nous avons François Hollande pour nous dérider !
Ancien Président et héros improbable de virées amoureuses en scooter, il rêvait de rendosser l’habit de Capitaine France mais il devra se contenter de rester citrouille. Promener sa chienne Philae ainsi que sa haute sagesse présidentielle devant tous les flatteurs en recherche de postes, de scoops, de rosettes ou d’avancement – voilà sa vie désormais. Une vie de retraité de la République, monotone, comme si le verdict “has been” était collé, indélébile, sur son front. Une vie tellement éloignée du joyeux tintamarre médiatique et de l’adrénaline de l’Élysée…
Car oui, Capitaine France, à nouveau, il a voulu y croire. Mais je me livre à une traduction audacieuse. Pour être parfaitement exacte, je dois vous dire – et j’espère que vous rirez de bon cœur – que ses soutiens les plus enthousiastes le surnomment tout simplement “Captain America” du nom de ce super héros marvélien aux multiples talents et au bouclier invincible qui sauve et resauve l’Amérique de tous les coups bas portés à son intégrité par les plus vils traitres de l’univers.
Lui, François Hollande, également surnommé affectueusement “Flamby” ou “Fraise des bois”, celui dont Martine Aubry disait “Arrêtez de dire qu’il travaille, François n’a jamais travaillé, il ne fout rien”, a évidemment la carrure pour sauver la France. Enfin, disons, la gauche. Tout au moins le PS. Enfin, peut-être. Le rêve a beaucoup d’avantages sur la réalité…
Il faut dire que pour un VIP socialiste de sa trempe, parvenu à l’Élysée en 2012 avec 28,6 % des voix au premier tour et 51,6 % au second contre Nicolas Sarkozy, il y avait largement de quoi s’inquiéter de l’état de décomposition avancée de la gauche en général et de son ex-vaisseau amiral socialiste à quelques semaines de l’élection.
Pléthore de candidats, à peine 25 % au total dans les sondages, Taubira qui fait trois petits tours et puis s’en va – excellente nouvelle pour notre super héros, au demeurant – une primaire populaire de façade, des grèves de la faim de militants déboussolés par les divisions et une candidate socialiste effondrée à 2 % des intentions de vote – tout ce charivari reflète des candidatures “lilliputiennes” qui se livrent à “des batailles aussi picrocholines que microscopiques”, avait averti Hollande en octobre dernier – et je vous en parlais ici.
Et puis un jour, fin novembre début décembre 2021 d’après le journal Le Monde qui nous révélait hier toute l’affaire, l’ex-trotskiste, ex-militant Unef et ex-député PS Julien Dray se présente chez Hollande. Les deux hommes sont vite d’accord : la candidature d’Anne Hidalgo ne tient pas la route. Fondée sur des promesses irréalisables – voir par exemple son idée absurde de doubler le salaire des profs sur le quinquennat – elle est bien partie pour se prendre un mur monumental à brève échéance.
Bref, il y a un coup à tenter.
Un coup qui pourrait attirer la gauche macroniste qui ne se reconnait pas en Éric Woerth, éventuellement des écologistes lassés de s’effacer dans les méandres d’un micro-parti et aussi des électeurs mélenchonistes par défaut qui pourraient voir en Hollande un vote utile moins éloigné de leurs convictions.
En plus, ça tombe bien : l’ancien Président, tout gonflé de sa crédibilité présidentielle, est en pleine tournée de présentation de son dernier livre Affronter dans lequel il partage les leçons tirées de son expérience personnelle pour faire face aux défis majeurs qui attendent la France dans les cinq années à venir. On jurerait qu’il est en campagne électorale (vidéo ci-dessous, 01′ 32″) :
Le projet, aussitôt rêvé, est transformé en actions. Dans les bureaux de François Hollande, rue de Rivoli, une équipe de jeunes enthousiastes planche sur le programme typiquement social-démocrate dont Hollande avait décliné les grandes lignes dans un entretien accordé au Parisien dès octobre dernier. Notamment, retour de la planification étatique pour réussir les mutations énergétiques et économiques qui s’imposent, redistribution via des chèques décarbonation et dotation universelle de 10 000 euros pour tous les jeunes de 18 ans.
Tout était prêt. François Hollande n’avait plus qu’à annoncer sa candidature, explique Maxime Boutron, haut-fonctionnaire rescapé du cabinet de Michel Sapin à Bercy :
“En vingt-quatre heures, on pouvait lancer une campagne. En coulisses, on avait une trentaine d’experts enthousiastes, fiers du bilan de François Hollande en 2017 et qui voulaient le poursuivre : la redistribution, l’émancipation, mais aussi des déficits maîtrisés, un chômage en baisse… Ils n’attendaient qu’une chose : qu’il appuie sur le bouton.”
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Mais le feu vert tarde à venir.
Et puis soudain, le 23 janvier, coup de théâtre. Alors que François Hollande n’avait jamais dit clairement qu’il avait effectivement pris la décision de se présenter, il se livre devant des lycéens à des confidences étonnantes qui ne manquent pas d’agiter le Landerneau politique et de réjouir ses proches. “Pour l’instant”, il n’est pas candidat. Mais comme “ça ne va pas bien” – sous-entendu, à gauche – forcément, il s’interroge. Et d’annoncer ensuite, en réponse à un élève qui lui demande s’il va prendre une décision bientôt, qu’il va « en tout cas, prendre la parole bientôt » (vidéo ci-dessous, 31″) :
🔴 François Hollande candidat à la #Presidentielle2022 ou à une prochaine élection ? Invité dans une classe de lycéens pour @infofrance3, il dit qu'un « ancien président peut très bien refaire de la politique » et qu'il va « prendre la parole bientôt » 🔽 @herve_pozzo pic.twitter.com/ZWh2JbiIlK
— Hugo Capelli (@Hugo_Capelli) January 23, 2022
Depuis, vous l’aurez noté comme moi, François Hollande n’a pas pris la parole (à part sur la question de la guerre en Ukraine à propos de laquelle Emmanuel Macron a consulté les anciens Présidents). Apparemment, il avait posé une limite à sa candidature implicite : ne rien faire qui puisse accélérer la chute d’Anne Hidalgo. Or cette dernière, forte de 1440 parrainages, s’accroche à ses 2 % comme si elle se voyait déjà Premier ministre d’Emmanuel Macron.
Obstacle réel ou prétexte opportun pour lâcher un rêve qui devenait de moins en moins attrayant à mesure qu’il gagnait en réalité ? En tout état de cause, force est de constater que l’opération du grand retour de François Hollande a tourné court : la date de clôture des candidatures présidentielles est largement dépassée et le Conseil constitutionnel n’a jamais fait état que d’un seul parrainage obtenu sur son nom. Une faiblesse étonnante qui trahit une motivation chancelante.
Côté Hollande cependant, l’aventure continue :
“Le Parti socialiste, c’est mon histoire. Je ne me suis pas engagé toute ma vie pour regarder des morceaux éparpillés.”
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Le cas de la présidentielle étant tranché, il lui est maintenant possible de rêver à de nouveaux lendemains enivrants. Il se raconte justement qu’il préparerait une candidature pour les élections législatives. Pas tout à fait aussi glorieux que Capitaine France, mais nettement plus flatteur que simple potiche. Ou citrouille.
Mais l’important, c’est de continuer à exister, c’est de continuer à être incontournable. Et d’en convaincre le PS, les journalistes et si possible, les Français. Après tant d’efforts, peut-être Hollande parviendra-t-il à se hisser au sommet du palmarès des Présidents préférés des Français comme Chirac et de Gaulle. Pour l’instant (enquête IFOP 2019), il est bon dernier avec seulement… 1 % des voix ! Dur, dur…
Cet article a rejoint mes pages Présidentielle 2022 et Au théâtre avec Hollande.
Illustration de couverture : l’ancien Président de la République François Hollande en septembre 2021. Photo AFP.
Je note avec une certaine ironie que François Mitterrand caracole en tête du classement des meilleurs présidents de la Vème République pour le parti socialiste.
Et puisque aujourd’hui il nous est permis de ” rire un peu”, je ne résiste pas à citer comment, dans le livre que je suis en train de lire, un certain Pierre – conseiller aux affaires judiciaires du Président Mitterrand, avocat de formation – explique à de jeunes conscrits faisant leur service militaire à l’Élysée, en 1992, pourquoi quand il voit ce qu’il est devenu il a envie de se flinguer.
“… Vingt et un ans… C’est à peu près l’âge que j’avais quand j’ai entendu Mitterrand à Épinay. Je venais d’adhérer aux Jeunesses socialistes. On voulait changer le monde. On s’attaquait à “l’argent qui corrompt, l’argent qui écrase, l’argent qui pourrit jusqu’à la conscience des hommes”…
Dix ans plus tard on s’est vautrés dans l’argent comme des porcs dans la fange. On est passés de la contestation soixante-huitarde à la spéculation boursière en moins d’une saison. On s’est barbouillé la gueule de caviar, on s’est mis à rouler en Jaguar 12 cylindres, on s’es jetés à corps perdu dans le grand banditisme des affaires. Oh, on a vite appris : sociétés écrans, paradis fiscaux, bilans trafiqués, fausses factures en série, solidarité des loges. Des fortunes se sont bâties en deux ans. Bilan : on a tout sali, tout souillé, conchié notre idéal. Aujourd’hui, le Vieux est un domestique de l’argent. C’est sa toute dernière idéologie. Son seul legs sera d’avoir pourri la France…”
Olivier Maulin – Petit monarque et catacombes – La Trilogie royale Vol. 3 – éditions La Nouvelle Librairie décembre 2021
par respect pour vous Nathalie, par charité également – c’est le Carême -, je tairais les bordées d’insultes qui me viennent dès que ce misérable, médiocre parmi les médiocres, ose se manifester.
Qu’il rôtisse en enfer pour plusieurs éternité !
Je vais être sympa avec vous, Pheldge, “les bordées d’injures”, je m’en charge, toujours en citant Olivier Maulin,. A la question : “Qu’est-ce que vous leur reprochez, aux francs-maçons ? Il paraît qu’ils travaillent à l’amélioration de l’homme…”, voilà la réponse de notre Conseiller :
“L’amélioration de l’homme ? Ha ha ! Ah, le con ! Ah la bonne blague ! Oh, l’idéal baveux ! Oh, les fraternelles ordures ! Les chevaliers Kadosch de mon cul ! C’est à l’amélioration de leur compte en banque qu’ils travaillent, ces farfelus pourris ! L’idéal du temple, c’est de se remplir les fouilles ! Solidarité ? Bien sûr ! Mais entre “frères la gratouille” uniquement ! Allez-y dans une fraternelle, vous verrez bien ! On y parle contrats et finance exclusivement ! … Boucheron, Médecin, Hernu, Reyt, Emmanuelli, Le Drian, Chalier, Théret, Puisais, Monate, que du beau linge ! Du qui améliore l’homme, en effet ! C’est l’humanisme du bagnard à ce stade ! La construction du temple de Salomon ? Ha ha ! Des bourgeois parvenus ! Des laïcards doublés d’escrocs ! Depuis 81, ils forment un quart du gouvernement ! Ils sont deux-cents au Parlement ! Et je ne parle pas du Sénat, ce gros temple endormi… Police, gendarmerie, préfecture, Air France, La Poste, les mutuelles, ils sont partout ! Sauf dans les usines…”
Une seule et même éternité suffira!
Je pense qu’il faut pondérer cet échantillon de 1015 personnes pour que les résultats soient représentatifs.
18 ans et +, c’est vague; pas de tranches d’âge.
Combien de ces mêmes personnes étaient adultes ou même nées sous Mitterrand ou Giscard ? Combien avaient un âge de raison sous Chirac ?
J’étais jeune à sa mort mais placer Pompidou sous Mitterrand ou, pire, sous Macron m’irrite quelque peu.
Par contre unanimité sur la flaccidité de FH. Il aurait dû en rester au stade de conseiller municipal; pas vraiment dangereux mais incompétent manifeste. Médiocre, c’est cela.
Le dangereux est le pervers narcissique qui habite le 55
Pour ma part je n’en reviens pas que Macron soit avant Pompidou et Giscard dans le classement. Quand je pense à ce qu’ils ont fait eux et à ce qu’il a fait lui, les bras m’en tombent. VGE c’était quand même autre chose que Macron, Barre c’était pas Castex quand même. Et Pompidou ! non, vraiment, c’est du n’importe quoi. Je n’ai aucune nostalgie pour ces époques, mais entre nous, l’ère Macron est à l’époque giscardienne ce que la décadence romaine est au règne d’Auguste.
On va mettre ça sur le compte de la baisse du niveau général et sur le droit-dans-les-bottisme des encartés de la république en marche arrière.
Franchement, quelle peut être la vie d’un célibataire à l’Élysée, dès qu’il montre son nez dehors c’est tout de suite la cohorte de flic devant et derrière pas terrible pour draguer, palpation à corps contrôle des papiers, certificat de vaccinations peut être. J’ai un peu l’impression d’avoir été le seul à trouver sympa ces escapades d’ados..
ne parlons pas de celle d’un inverti …
VGE fut le premier énarque président … on lui doit tout ce qui a suivi, notamment Mitterrand et les 40 années de socialisme plus ou moins soft qui ont suivi. Giscard, c’était le Macron des années 70, le premier X à intégrer l’ENA – j’ai souvent entendu dire que la passerelle avait été créée pour lui -, mégalo à souhaits qui a forcé la création de l’UE, dont il se voyait président …
Et il est amusant de remarquer une similitude entre les envies de retour contrariées de Flamby et de Giscard. Mais je ne pense pas qu’on le verra briguer un mandat local : quel parti lui accorderait son soutien ? quel candidat – de gauche, PS de préférence – accepterait de lui laisser sa place, son gagne pain ? à François Hollande, ce has been, lui qui est responsable de la déconfiture du PS ? à part aller mendier un soutien chez Macron, je ne lui donne guère de chances …
Il est quand même étonnant qu’un président socialiste (Hollande) du moins il le dit, installe un tel banquier d’affaires à Bercy.
C’est rigolo : sur la couverture de son bouquin, Hollande ressemble à Chirac.
Sinon, banalité qu’il convient tout de même de rappeler : les peuples ont les dirigeants qu’ils méritent. Zelensky est ukrainien et Hollande est français.
La politique c’est trop important pour laisser les gogos décider… Nous observons que les partis placent souvent leurs poulains, que le référendum de 2005 fut censuré, que les décisions sont souvent prises par des autorités supranationales non élues, que les cabinets de conseils privés voire les lobbies s’infiltrent à tous les étages de décisions et que le dernier mot appartient aux grosse banques avec la bombe nucléaire du défaut de paiement.. Parfois la justice fait tomber des candidats pour une simple histoire de cadeau de fringues.. Nous irons voter mais je redoute comme d’habitude ma grande solitude devant l’écran de la machine à voter car dans mon bureau c’est moderne on vote en pressant un bouton et je m’interroge toujours sur ce qu’il y a derrière ce bouton ou l’organisme de certification du logiciel ; certainement un groupe privé..
Bref : Les peuples sont-ils encore en charge de leurs destins – vous avez quatre heures pour plancher..