Rubrique DÉSINFOX Coronavirus : Et le contrôle étatique de l’information s’étend, s’étend…

Mise à jour du 5 mai 2020 à 21 heures : Devant la controverse, le gouvernement a retiré ce soir sa page Désinfox Coronavirus.

Initiative bien intentionnée mais maladroite qui finira par disparaître avec le Coronavirus, simple « faux pas de communication » comme veut le croire le quotidien Libération… ou nouvelle enjambée assumée en direction d’un encadrement gouvernemental de plus en plus étroit de l’information et des organes de presse ? C’est la question qui se pose alors que la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye vient d’annoncer l’ouverture d’un espace gouvernemental dédié aux « sources d’information sûres et vérifiées » concernant le Coronavirus :

Concrètement, la page internet des communications officielles du gouvernement sur le Covid-19 a été complétée récemment d’une rubrique Désinfox alimentée par une sélection d’articles de presse jugés « fiables » par le Service d’information du gouvernement :

La rubrique « Désinfox Coronavirus » en trois clics
(captures d’écran, 2 mai 2020)

                       gouvernement.fr                      gouvernement.fr/info-coronavirus

                        gouvernement.fr/info-coronavirus/desinfox

.
Et n’allez surtout pas dire au gouvernement qu’un tel tri médiatique présente toutes les apparences d’une labellisation ultra-politisée des médias.

Il vous rétorquera d’abord qu’en cette affaire, il n’a d’autre souci que de protéger les Français contre des « fake news » qui, en cette période de forte inquiétude des citoyens, pourraient si facilement « engendrer des comportements à risque » (comme ingérer de l’eau de javel ou de la cocaïne en croyant se protéger du virus, précise-t-on au gouvernement).

Et il pensera vous renvoyer définitivement à votre mauvais esprit en vous expliquant ensuite que la sélection des médias référencés est basée sur trois critères techniques indiscutables qui excluent toute odieuse possibilité de copinage et/ou de propagande : les médias en question doivent disposer d’une rubrique de « fact checking » ainsi que d’une équipe spécialisée dans ce type de décryptage depuis au moins deux ans, et ils doivent proposer un accès gratuit au contenu.

Moyennant quoi, le gouvernement se flatte de réunir sur son site la fine fleur des journalistes et des médias spécialisés qui « luttent contre la désinformation » et « démêlent chaque jour le vrai du faux » en relation avec la crise sanitaire.

Il n’empêche qu’au final, seuls cinq titres de presse répondent aux critères choisis : Libération, l’AFP, France Info, Le Monde et 20 Minutes. De là à vouloir implanter dans l’esprit des Français le sentiment que ceux-là seuls sont « fiables » et aptes à dégager la « vérité » tandis que tous les autres, Le Figaro, Les Echos, Le Point, etc. ne le seraient pas, il n’y a qu’un tout petit pas qu’un État libéral devrait s’abstenir absolument de franchir.

Sans compter que le simple fait de figurer sur le site du gouvernement dans une rubrique dont le thème monopolise actuellement toutes les attentions du public constitue à l’évidence un véritable coup de pouce pour la fréquentation des sites de presse sélectionnés. Une nouvelle forme d’aide indirecte à la presse, en quelque sorte, mais limitée à certains titres par décision gouvernementale discrétionnaire. Autrement dit, une rupture de concurrence sciemment organisée par l’État.

Malgré cela, la position des médias retenus n’est pas forcément très confortable. Il semblerait en effet qu’ils n’aient été ni consultés ni prévenus de cette initiative. Mis à part France Info qui, en tant qu’élément de l’audiovisuel public, peut difficilement se prétendre totalement indépendant de la volonté de l’État, les autres encourent maintenant le risque d’être perçus comme les relais officiels de la parole gouvernementale, ce qui ne fait pas forcément leurs affaires et les place en porte-à-faux vis-à-vis de leurs lecteurs.

Il existe certes de nombreux organismes de référencement, certification, labellisation et que sais-je, en matière de presse comme en de nombreuses autres matières, mais il n’y a rien de comparable entre les évaluations émises par une multitude d’entités privées indépendantes qui n’auront pas forcément les mêmes avis, et un État qui exerce son pouvoir sur les citoyens via sa police, sa fiscalité et les lois qu’il fait voter. S’agissant de presse et d’information, le rôle des journalistes consiste à informer les citoyens sur les actions des gouvernements, pas à servir de faire valoir à ces derniers.

Il se pourrait évidemment que la chute de confiance des Français dans la capacité du gouvernement à gérer la crise du coronavirus et à délivrer des informations de qualité, sur le port du masque notamment, ait l’effet de pousser le public à s’informer encore plus en dehors des sources gouvernementales. Auquel cas l’opération Désinfox pourrait bien tomber à plat, ce dont on ne se plaindra pas.

Mais inutile de dire que cette incroyable prétention du gouvernement à embrigader certains organes de presse, mais pas d’autres, et à vouloir définir officiellement « la vérité » plutôt que de laisser le débat public, avec ses batailles, ses arguments et ses contre-arguments, se développer au sein des médias au sens large – inutile de dire, donc, que cette prétention a suscité une belle volée de réactions mi-navrées mi-moqueuses.

À l’encontre de Sibeth Ndiaye d’abord. Alors qu’il est question ici de dire la « vérité », difficile d’oublier qu’elle s’est fait connaître à jamais du public pour avoir déclaré haut et fort peu après l’accession d’Emmanuel Macron au pouvoir :

« J’assume parfaitement de mentir pour protéger le président. » (L’Express, 12 juillet 2017)

.
Mais finalement, si la porte-parole du gouvernement est sans doute prête à défendre bec et ongles cette nouvelle étape dans les relations de plus en plus dangereusement imbriquées entre le gouvernement et les médias, elle n’en est jamais que l’annonciatrice tandis qu’on ne peut s’empêcher de voir en Emmanuel Macron l’instigateur ultime de toute l’affaire.

Rappelons d’abord que le Président de la République entretient manifestement un lien complexe avec la liberté. Convaincu que ce qu’il tient pour « bien » doit absolument triompher de tout, y compris au mépris des libertés individuelles, on l’a vu successivement intégrer la plupart des dispositions administratives de l’état d’urgence dans le droit commun (2017), suggérer et obtenir une loi contre les « fake news » en période électorale (2018) et tenter d’imposer une interdiction de manifester sur la base de soupçons des plus vagues dans la loi anti-casseurs (2019) – disposition heureusement retoquée par le Conseil constitutionnel.

Concernant plus spécifiquement la presse, Emmanuel Macron a dénoncé à plusieurs reprises le « pouvoir médiatique », notamment lors de l’affaire Benalla et à l’occasion de la crise des Gilets jaunes. D’après lui, « nous avons une presse qui ne cherche plus la vérité ». Quand on sait comment l’un de ses conseillers a bidouillé une vidéo afin de tenter une disculpation de Benalla, on comprend clairement qu’il n’existe qu’une vérité, celle de M. Macron.

Début février 2019, lors d’une rencontre à l’Elysée avec des journalistes, il en est venu à livrer sa conception de l’information :

« Le bien public, c’est l’information. Et peut-être que c’est ce que l’État doit financer. (…) Il faut s’assurer qu’elle est neutre, financer des structures qui assurent la neutralité. Que pour cette part-là, la vérification de l’information, il y ait une forme de subvention publique assumée, avec des garants qui soient des journalistes. » 

.
Conception super-étatique qui a rapidement quitté le terrain des idées pour se muer très concrètement en « Conseil de déontologie journalistique » (décembre 2019).

Voulue par le gouvernement et soutenue par un Jean-Luc Mélenchon dont on n’ignore plus rien des théories sur la presse après le retentissant échec déontologique de sa web TV Le Média, cette instance divise profondément la profession. Certains acteurs du secteur y discernent moins un vecteur de qualité qu’une façon détournée de brider la liberté de la presse. Derrière le prétexte de restaurer la confiance dans les médias et de soutenir les bonnes pratiques journalistiques, l’occasion dangereuse d’un contrôle renforcé.

Avec la rubrique « Désinfox Coronavirus », on passe clairement à une nouvelle étape du contrôle de l’information par l’État. Pas d’atteinte apparente à la liberté de la presse en l’occurrence, mais une volonté gouvernementale de canaliser la bonne presse par rapport à la mauvaise presse dans l’esprit du public en s’érigeant en arbitre ultime du vrai et du faux. Ne se croirait-on pas revenu à l’époque de l’ORTF où chaque journal télévisé était validé par le ministre de l’Intérieur avant diffusion ? Ça promet.


En complément de cet article, je vous suggère la lecture de Contre les « fake news », vive le marché libre de l’info ! (5 janvier 2018).


Illustration de couverture : Rubrique Désinfox du gouvernement sur le Covid-19. Twitter et capture d’écran.

29 réflexions sur “Rubrique DÉSINFOX Coronavirus : Et le contrôle étatique de l’information s’étend, s’étend…

  1. Madame,
    Merci pour cet article de qualité et pour tous les autres.
    S’agissant de celui-ci, lorsque vous évoquez l’ORTF, il me semble que cette nouvelle initiative du chef de l’Etat est bien pire. En effet, à l’époque de l’ORTF, qui, vous avez raison, contrôlait l’information, il y a avait majoritairement une presse écrite qui n’était pas aux ordres, me semble-t-il, il n’y avait pas de presse mainstream.
    Aujourd’hui, toutes les décisions qui se succèdent relatives à la presse et à la surveillance généralisée de la population s’additionnent pour donner cette atmosphère angoissante d’un soft totalitarisme à venir, lentement mais sûrement. Et comme vous le dites, ça promet.

    Merci encore de défendre sans relâche et avec courage les convictions libérales qui nous rehaussent dans notre humanité en ce qu’elle mettre l’homme au cœur de son destin plutôt que de laisser cette initiative à l’État Léviathan.

  2. Nous avons régressé et supprimé la liberté au profit d’ une idée belle mais fausse; de répandre le bonheur partout dans le monde pour tout le monde. Nous ne faisons que répéter éternellement les mêmes erreurs que nos ancêtres

  3. Bonjour Nathalie,

    Ce qui me rassure un tout petit peu (tout petit je tiens à le préciser), c’est le fait que peu nombreux vont être ceux qui vont aller chercher une information fiable sur le site officiel. Cette tentative illustre bien le fait que ce pouvoir est dans les cordes. La violence dont il fait preuve illustre parfaitement cet état de fait mais elle est également porteuse de lendemains qui s’annoncent noirs. Je crains de plus en plus la mise en œuvre de dispositions liberticides dans les mois à venir. Plusieurs articles sur CP ou ailleurs, venant de cercles libéraux ou non, vont dans ce sens. Inquiétant.

    Bon dimanche

  4. A noter aussi, l’émergence dans la sphère médiatique, de ces Torquemada au petit pied, qui n’hésitent pas dans leurs éditoriaux, à criminaliser tous ceux qui résistent à la pensée conforme.

  5. Cette initiative résonne familièrement à mes oreilles et me fait penser à une époque que je n’ai pas connu mais dont on parle assez régulièrement: 1936 et son décret-loi institué par Daladier, alors ministre de la défense nationale,qui créa le Commissariat général à l’information. Puis vint le Secrétariat d’Etat de l’Information et de la Propagande durant la »Drôle de guerre » et enfin, en Juillet 1940, est mis en place un Secrétariat Général à l’Information sous le gouvernement Pétain.

    Les publications que vous évoquez dans votre article me font aussi penser à des torchons comme Je suis partout, le Petit Parisien, Le Matin, le Progrès et le Centre pour faire le nombre. Quelle que soit les époques, quand un journal est « adoubé » par le pouvoir en place, ça devient quelque peu « nauséabond » pour employer un terme à la mode.

    Bref, rien de nouveau sous le soleil.

    A vous lire.

    • Dans la série « nauséabond », ces années qui suivirent celle que vous évoquez m’ont comme une certaine résonance également (ma mère a vécu l’Occupation à Paris):

      Tapez simplement « lettre de dénonciation » sur votre moteur de recherche.

      Remarquez, lorsque vous entendiez le sieur Sapin, le claqueur de string, prôner la délation fiscale….

  6. Chacun sait ce qu’il va trouver dans la presse Pigasse (l’Obs, Le Monde, les Inrocks, Libé, et les radios, que je suis dans l’incapacité de citer, je n’écoute que Radio Classique).
    Internet permet de confronter les sites en ligne des journaux. Et même de voir ce qu’écrivent les journaux étrangers.
    Les médias retenus par Désinfox coronavirus ne sont pas plus crédibles a priori que les autres.
    Ils nous prennent pour des enfants. Et même les milléniaux savent confronter les sources d’information.

  7. Merci encore Nathalie. Votre lecture est une lueur d’espoir, renouvelée.

    En des périodes tourmentées ou de crise avérée, vous trouverez toujours quelques impétrants, quelques arrivistes, quelques avides ou quelques nuisibles de l’ombre tout simplement, pour avancer leurs pions à la faveur d’une réactivité inadaptée des institutions ou à sa désorganisation face à une menace non anticipée, qui permettent de le justifier plus effrontément.

    Plans d’urgence, Desinfox, Covidex. Le « sinistère » de la propagande est en marche.

  8. C’est finalement une double bonne nouvelle :

    1) En abattant cette nouvelle carte, l’état prend de moins en moins de gants pour nous enfoncer dans la dictature
    2) En s’affichant sur cette liste, les collabos ne se cachent même plus

    Je trouve que ça assainit le paysage, et pour parler « guerrier » à la manière de l’avatar qui sert de président : la première ligne ennemie sort de l’ombre.

  9. J’entendrai toujours mon père (italien n’ayant connu que le fascisme durant sa jeunesse) parfois excédé par les journaux radios de France-Inter des années 70, vociférer : « Décidément Mussolini n’était qu’un grand amateur ! »

    De nos jours, gardons bien en tête que ministres ou chefs de cabinet, et journalistes, dînent tous les soirs ensemble…

    Donc vive les indispensables fake news !
    On vérifie très vite grâce à internet si une info a une probabilité d’être vraie ou fausse. Certes il faut faire l’effort.

    Le plus dangereux est justement la réception passive de l’info unique et bien-pensante en boucle et à digestion facile. Mais dans la période que nous vivons, à défaut de stratégie gouvernementale, la communication a tellement été désordonnée et incohérente, que peut-être certains ont pu acquérir un peu de lucidité et d’esprit critique. « Chute de confiance peut-être ! »

    Je répète la citation de mon commentaire de votre article précédent sur le sujet :
    Comme se plaisait à le dire Machiavel : « Il y a trois sortes d’esprit. Les uns entendent par eux-mêmes ; les autres comprennent tout ce qu’on leur montre ; et quelques-uns n’entendent, ni par eux, ni par autrui. Les premiers sont excellents, les seconds sont bons, et les derniers inutiles ».

  10. Elle méprise vraiment les Français la SI BÊTE :
    – après avoir clairement dit que mentir ( désinformer) ne la gênait pas
    – fait une interview téléphonique bidonnée d’un vrai-faux plombier qui a vanté la fin des régimes spéciaux de retraite
    – fait un téléphone entre le monarque poudré et un vrai-faux boulanger
    Elle s’érige en grande prêtresse de la vérité. Cette racaille n’a plus aucune limite pour nous conduire manu militari au fascisme. Question : comment les peuples condamnés au fascisme s’en sont-ils libérés ? Il va nous falloir – hélas – en passer par la même voie car la liberté n’a pas de prix. A 71 ans je suis prêt à la perdre pour que mes enfants et petits-enfants soient libres de bouger, de manifester sans se faire tabasser, gazer, énucléer et emprisonnés par une police politique épaulée par une justice tout aussi politique.
    NB : j’ai écrit « vrai-faux » plombier ou boulanger car l’objectif était de nous faire croire que c’étaient des artisans qui étaient interviewés mais qui en fait, étaient des copains à Macronofasco dont l’objectif était de nous enfumer. J’espère que la SI BÊTE ne manquera pas de faire apparaître ces deux appels téléphoniques dans les Fake News.

  11. LA « SI BÊTE », pardon SIBETH est encore plus bête que je ne le croyais…à moins que le coronavirus n’ait fait une victime de plus.

    Je fus ébranlé lorsqu’avec cet aplomb qui sied habituellement aux imbéciles elle osa soutenir dans une interview à l’Express le 12 juillet 2017 « J’assume de mentir pour protéger le Président de la République ».
    Toutefois il faut lui reconnaître de la cohérente : comme en ce moment il lui faut beaucoup le protéger elle (son président et toute sa fine équipe) elle met le paquet quant aux mensonges que ce soit par action ou par omission.
    Ainsi les applaudissements des soignants lors d’une visite de Macron dans un hôpital… séance mais coupée de la séance où il est interpellé sur la misère des soignants : mensonge par omission… doublé d’un message subliminal d’un président à l’ego surdimensionné qui souffre du désamour de son peuple et veut nous faire croire et se faire croire (car je pense qu’il a un problème de ce côté là) qu’il est aimé du personnel médical. Il se trouve que de par les hasards de la vie je sors de 4 jours d’hospitalisation (sans rapport avec l’épidémie) dans un très grand hôpital public. Concernant le président de la république ce ne sont pas des applaudissements que j’ai entendu. J’ai entendu de la colère doublée de désespoir car les soignants ne se font aucune illusion sur « le monde d’après ». Je n’ai rien entendu d’autre quelque soit la fonction de la personne avec laquelle j’ai discuté.
    Ainsi les pseudos-artisans qui font croire qu’ils représentent les français mais ne sont que de pauvres pantins de la macronie. Vous imaginez un de Gaulle s’abaisser à appeler un affidé le jour du 1° mai pour s’en servir de faire-valoir afin de mieux rouler les français et nous faire croire qu’il nous aime ?
    Ainsi de la montée en charge du mensonge au stade industriel : on crée comme dans le roman 1984 un ministère du mensonge appelé « désinformation coronavirus ».
    J’ai appris récemment que le coronavirus pouvait gravement atteindre le cerveau. Je sais que la France manque cruellement de tests mais de grâce Monsieur le Président faites la tester. Cette saleté de virus l’a certainement touchée. Et bon rétablissement Madame !

  12. Ben oui, hélas, trois fois hélas…nous nous dirigeons vers le Venezuela. Bâillonner la presse est un élément critique pour toute dictature. On y va. Allègrement. Tant pis, on est Français ou on ne l’est pas. Donc on va courber l’échine pour espérer quelque chose que nous n’aurons pas. Magnifique !

    • Assez d’accord pour cette rubrique (que j’utilise d’ailleurs parfois en source, avec d’autres).
      J’en profite cependant pour bien re-préciser que ce n’est pas le sujet de l’article (comme vous le savez 🙂 )
      Il ne porte pas sur la qualité de tel ou tel organe de presse mais sur la prétention de l’Etat à s’ériger en juge de la qualité et de la fiabilité de l’info. Nul besoin du fléchage de l’Etat pour se faire soi-même sa petite idée.

    • Il n’y a pas grand’chose à en faire. C’est une somptueuse sottise. Un propos de bistrot, quelqu’un qui se croit malin :

      « The facts are this: COVID-19 is a real disease that sickens some, proves fatal to others, mostly the elderly — and does nothing to the vast majority. »

      C’est le cas l’immense majorité des maladies, à l’exception des maladies infantiles qui sont aujourd’hui largement éradiquées dans les pays développés.

      Toutes les maladies épargnent la grande majorité des populations. Même les épidémies ne touchent qu’une minorité des gens, et en tuent encore moins.

      Toutes les maladies sont plus mortelles pour les personnes âgées. Même le Sida, qu’on n’attrape en général que plutôt jeune pour des raisons évidentes, serait sans doute plus mortel pour des personnes âgées.

      • Non, pas une évidence. Un sophisme. L’auteur de cet « article », si on peut appeler ainsi cette éjaculation de trois lignes, tente d’accréditer le raisonnement suivant (sans le dire clairement, bien entendu) :

        Il ne faut pas prendre de mesures de confinement contre le covid, parce que ce n’est pas une maladie grave.

        Et ce n’est pas une maladie grave, parce qu’elle a les caractéristiques de toutes les maladies.

        Je peux rentrer dans la cage du lion, parce qu’il a quatre pattes.

        Or, le chat a quatre pattes, et le chat est gentil.

        Votre bonhomme sous-entend qu’il ne faudrait prendre aucune mesure énergique ni contraignante, à moins que le coronavirus n’ait déjà tué la majorité des Américains. C’est évidemment idiot.

        Aucune maladie, jamais, n’a tué la majorité des Américains. Ni de la quasi-totalité des peuples de la planète au cours de l’histoire. Une épidémie est déjà gravissime bien avant d’avoir atteint la majorité d’un groupe humain.

        A supposer qu’on ait une bonne raison de craindre, non pas que cette maladie touche la majorité des Américains, mais seulement 30 %, ou 20, ou 10, il conviendrait, bien évidemment, de prendre des mesures énergiques, voire contraignantes, AVANT que tous ces gens-là soient atteints, voire ne meurent.

        Je rappelle que cette maladie est potentiellement mortelle, qu’il n’y a aucun traitement connu pour l’instant, et qu’on sait très peu de choses du virus et de son mode d’action. On sait simplement ce qu’on voit, à savoir que dans de nombreux endroits du globe, les hôpitaux sont, ou ont été débordés, à tel point qu’on a dû construire, de toute urgence, des hôpitaux géants de fortune. On sait que de nombreux médecins soignant ces malades sont eux-mêmes morts de cette maladie. On sait que des milliers de gens sont morts chez eux faute d’hôpitaux et de médecins pour les soigner.

        Cela, ce sont des faits, et non les enfoncements de portes ouvertes pratiqués par le Washington Times.

        L’incertitude et l’ignorance qui sont les nôtres constituent un critère fondamental, qui n’est jamais pris en compte par les iaka fokon dans cette histoire.

        Au début de l’épidémie, tout le monde hurlait contre son gouvernement parce qu’il ne faisait pas assez. Maintenant que les gens en ont marre d’être confinés, tout le monde hurle contre son gouvernement parce qu’il en fait trop.

        Moi aussi, j’ai des liens :

        https://www.takimag.com/article/a-plague-of-know-it-alls

      • Non, Robert Marchenoir. C’est faux. La grippe dite Espagnole tuait en majorité les jeunes hommes. 50% des morts avaient entre 20 et 40 ans, et ceux de 30 ans étaient les plus nombreux à mourrir. Vous allez peut-être me dire que cette grippe fut une exception. Possible, mais je ne suis pas sûr que celle-ci confirmerait une hypothétique règle. Le virus du SIDA, me semble t-il, tuait tout-le-monde, et je ne pense pas que les vieux y aient échappé pour des raisons sociologiques. L’exemple de la grippe Espagnole montre bien que c’est plus compliqué qu’une simple question d’âge. Jusqu’à aujourd’hui le coronavirus tue les vieux malades et certains malades (maladies liées à l’obésité), pas les gens en bonne santé. C’est un virus qui travaille, à son corps défendant, pour les assurances maladies…

        PS: Je ne vous vois plus chez Philippe Bilger où vous manquez beaucoup, j’espère que vous allez bien!

      • Je sais qu’il est très rare que Robert Marchenoir dise des bêtises, j’ai donc creusé la question de la mortalité par rapport à l’âge face à la maladie.

        J’avais donné l’exemple de la grippe Espagnole, et il s’avère qu’en fait, si les personnes âgées avaient connu un faible taux de mortalité lors de cette pandémie, c’était probablement du fait qu’ils avaient pu être immunisé quelques décennies plus tôt par un virus similaire.

        C’est une hypothèse, certes, mais elle fait du sens.

        Rétractation? Oui, bien-sûr!

Laisser un commentaire