Alors, la réforme des retraites, vous êtes POUR ou CONTRE ?

Pour commencer, Bonne Fête à tous les Nicolas ! Et maintenant, l’article.

Ah, la France et son précieux modèle social ! Du déficit, de la dette, du chômage, du pouvoir d’achat qui fait grise mine, des impôts qui caracolent, des statuts privilégiés et des régime spéciaux de retraite dans le secteur public… Mais que personne, jamais, ne s’avise d’y toucher ! La « casse sociale » ne passera pas ! Toute la planète syndicale anticapitaliste y veille, avec en prime l’espoir de reprendre la main sur une contestation qui s’était échappée un temps en direction des Gilets jaunes.

Voici donc le pays encore une fois au bord de la crise de nerfs, encore une fois dans la rue, encore une fois dans le rapport de force syndical, les blocages, les TGV à l’arrêt et les vitrines cassées, pour s’opposer de toutes ses forces à une réforme des retraites dont les contours s’avèrent un peu plus brumeux tous les jours.

Le système universel par points que le gouvernement se flatte d’instaurer à partir de 2025 en remplacement des 42 régimes actuels n’est certes pas une surprise pour les Français puisque c’était l’une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron. Parler de « régime universel » était du reste une idée assez habile pour parvenir à une réforme des retraites tout en surfant sur l’égalitarisme névrotique des Français.

D’une part, on donne ainsi l’impression qu’on « simplifie » un système qui brille par sa complexité et son opacité – qui serait contre un peu plus de clarté ?

Et d’autre part, plutôt que de stigmatiser nommément les avantageux régimes spéciaux du secteur public et ne faire porter la réforme que sur leur cas particulier, la formule permet de les intégrer à un schéma réputé applicable à tous donc merveilleusement équitable, dont, espère-t-on, ils auraient mauvaise grâce de se plaindre – sauf à vouloir absolument mettre en évidence que leur seule et unique préoccupation consiste à conserver leurs privilèges au prix de 8 milliards d’euros d’impôt prélevés chaque année auprès de tous les Français pour équilibrer ces régimes. Pas très solidaire, tout ça.

Sauf que la « simplification » envisagée a montré ses effets pervers en permettant à l’État, dont on connaît les fabuleuses prouesses en gestion des deniers du contribuable, de faire main basse sur les excédents des régimes complémentaires des indépendants – avocats, pharmaciens, etc. Autrement dit, l’universalité consiste en l’espèce à faire rentrer dans le désolant giron étatique des régimes autonomes intégralement financés par leurs cotisants, lesquels non seulement ne s’en plaignent pas mais souhaitent absolument conserver leur complémentaire par capitalisation pour avoir accès à de meilleures retraites.

Et sauf qu’entre les promesses de campagne selon lesquelles « le problème des retraites [n’était] plus un problème financier » et la réalité sonnante et trébuchante, a surgi un déficit global du système actuel estimé entre 8 et 17 milliards d’euros à l’horizon 2025 (à législation inchangée mais selon différents scénarios économiques).

Le projet original se donnait pour ambition de fondre nos 42 régimes en un seul avec transformation des annuités actuelles revalorisées sur les prix en points revalorisés sur les salaires. Mais à part ça, on gardait le système par répartition et l’âge légal de départ en retraite de 62 ans.

Avec l’irruption du déficit dans l’équation, rester dans le système par répartition signifie obligatoirement qu’il devient nécessaire de faire ce qu’ont fait tous les gouvernements précédents, à savoir jouer sur l’un ou l’autre des paramètres classiques de la retraite. Il n’y en a pas cinquante : on parle bien sûr de l’âge légal de départ, de la durée de cotisation, du montant des cotisations et du montant des prestations.

Aussi, ce qui devait n’être qu’une réforme « systémique » a pris des allures « paramétriques » d’autant plus inquiétantes qu’à l’heure où les manifestants (nombreux, apparemment) sont dans la rue, on ne sait toujours pas quelles sont les propositions concrètes du gouvernement.

Il est franchement comique d’apprendre en plein « 5 décembre » de grève et de manif que le Premier ministre envisage de nous livrer enfin un projet, ou du moins une « architecture générale » d’ici la fin de « la semaine prochaine ». Cher Édouard, on ne voudrait pas vous déranger, mais effectivement, s’il était possible d’en savoir un peu plus…

Pas étonnant, dans ces conditions particulièrement floues, que les Français soient nombreux à s’inquiéter de ce qui se prépare.

Un sondage Odoxa pour France Info et Le Figaro publié le 4 décembre, soit la veille du début des grèves, indiquait que pour 68 % des personnes interrogées, la grève était justifiée, sentiment partagé par toutes les catégories de la population et dans tous les partis d’opposition. Même les sympathisants LREM sont 32 % à soutenir le mouvement. Pour le parti au pouvoir, ça commence à faire beaucoup.

Or parmi les raisons du soutien aux grévistes, le manque de clarté du gouvernement est déterminant (89 %), suivi de près par la crainte de devoir travailler plus (85 %) et l’hostilité globale envers le gouvernement (80 %). La protection des régimes spéciaux motive nettement moins (58 %). Un sondage réalisé la semaine dernière par le même institut montrait même que 66 % des Français étaient favorables à un alignement des régimes de retraite donc à la fin des régimes spéciaux.

Quel ratage du gouvernement ! Chaque jour qui passe voit l’opinion se raidir bien au-delà des cercles habituels de l’ultra-gauche hyper-collectiviste qui ont, les premiers, appelé à la grève et qui ne connaissent qu’une seule forme de solidarité et de justice : ponctionner sans fin la richesse produite pour financer sans fin un secteur public pléthorique, privilégié et fort peu productif.

Pour ma part, il m’est tout à fait impossible de soutenir une grève largement alimentée par des syndicats marxistes archaïques, abusivement campés sur leurs privilèges et dont le pouvoir de nuisance constitue finalement le seul argument.

Mais il m’est tout aussi impossible de soutenir une réforme des retraites qui se refuse si obstinément à voir ce qui marche et ce qui ne marche pas. 

Avec la montée au créneau des régimes autonomes, qui eux se battent non pas pour conserver des privilèges payés par les autres mais pour voir prospérer ce qu’ils ont construit par eux-mêmes avec succès, on commence pourtant à avoir une bonne idée de ce que pourrait être un système de retraite moderne et performant : au-delà d’un système de base géré par l’État, mais sans obligation d’y adhérer, la possibilité pour tous, mais sans obligation non plus, d’accéder soit individuellement, soit par profession, soit par entreprise, à des régimes complémentaires par capitalisation gérés de façon indépendante au plus près des intérêts des cotisants.

Dès lors, les pensions ne dépendraient plus intégralement des décisions comptables de l’État, les retraités ne seraient plus à la merci exclusive des pouvoirs publics pour boucler leurs fins de mois et les contribuables ne seraient plus mis en demeure de financer les régimes spéciaux de ceux qui vocifèrent le plus dans la rue.

Je crains hélas que ce conflit ne connaisse que deux issues :

Soit le gouvernement, fort de sa théorie sur le « courage » qu’il y a à réformer dans l’impopularité, fait le dos rond et maintient son projet de retraite universelle – à condition de le définir complètement, ce qui n’est pas encore acquis. De la même façon qu’il a mis fin au recrutement au statut des cheminot au sein d’une réforme de la SNCF par ailleurs des plus superficielles, il pourra toujours se prévaloir d’avoir mis fin aux régimes spéciaux.

Soit, face à l’importance de la mobilisation, il accepte de faire un certain nombre de concessions pour échapper à l’accusation d’être le principal responsable de l’enlisement en cas de poursuite des grèves. Elles sont d’ailleurs déjà à l’étude. On parle notamment du report de la date de bascule bien au-delà de 2025 et du renoncement à équilibrer les comptes dans l’immédiat. Des concessions qui pourraient éventuellement prendre l’allure d’un retrait en douceur de la réforme, même si la communication gouvernementale aura à cœur de nous expliquer à quel point Emmanuel Macron « garde le cap ».

Sur le papier, on aura donc « réformé les retraites » exactement comme on a réformé le code du travail et comme on a réformé la SNCF. Qui voudra, qui osera y revenir ? Et pourtant, même en supposant la fin des régimes spéciaux, l’État restera l’acteur discrétionnaire et incontournable de nos retraites et l’essentiel aura été écarté.

L’essentiel ? Cette idée saugrenue mais efficace que ce sont les cotisants qui doivent avoir le choix et la maîtrise intégrale de leur retraite. Ce n’est ni ultra ni sauvage, c’est responsable et juste. Et ça s’appelle libéralisme.


Sur le thème retraites, je vous propose aussi de lire Retraites : changer le système. Mais vraiment. (23 mars 2019) et Emma, 38 ans, dessinatrice de BD : Elle pense à la RETRAITE depuis son stage de 3ème ! (4 décembre 2019).


Illustration de couverture : Manifestation contre la réforme des retraites, Brest, mars 2018. Photo AFP.

38 réflexions sur “Alors, la réforme des retraites, vous êtes POUR ou CONTRE ?

    • Oui, mais l’objectif des gens de pouvoir est tout autre : se maintenir au pouvoir, parce qu’ils sont convaincus d’être les meilleurs, et pour ce faire, il faut éviter de mécontenter au delà d’un certain seuil d’irréversibilité …
      Par ailleurs, comme on vante depuis 70 ans les qualité de notre « modèle social », tout le monde en est persuadé, et personne ne veut rien lâcher …

      La réforme des retraites ? ça me rappelle que quand j’étais ado, je fumais, tout en sachant qu’il me faudrait arrêter, oui, un jour, loin … j’avais alors fixé l’âge de 30 ans, autant dire jamais 😉
      Bin là, c’est pareil, depuis 30 ans on procrastine … Le truc c’est que moi, le jour de mes 30 ans j’ai arrêté brutalement, de fumer, je doute qu’un gouvernement ait un jour le courage !

  1. « Ah, la France et son précieux modèle social ! Du déficit, de la dette, du chômage, du pouvoir d’achat qui fait grise mine, des impôts qui caracolent, des statuts privilégiés et des régime spéciaux de retraite dans le secteur public… Mais que personne, jamais, ne s’avise d’y toucher ! La « casse sociale » ne passera pas ! Toute la planète syndicale anticapitaliste y veille, avec en prime l’espoir de reprendre la main sur une contestation qui s’était échappée un temps en direction des Gilets jaunes. »

    Bravo pour la synthèse, en peu de mots bien sentis !

  2. Peut être que vous avez trouvé l’hôpital qui vous a malheureusement été indispensable avec des effectifs pléthoriques, une inefficacité totale etc.
    Passons. La devise très excessivement affichée derrière le président nous parle d’égalité, mais pour faire court on a oublié égalité de droits… On en paye le prix. Le gouvernement est confronté à un problème insurmontable au niveau national avec des taux d’intérêt nuls. Il y a peu l’inflation grignotait presque sans douleur les retraites et on finançait les EPHAD avec le patrimoine…
    Ce ne sont pas les cheminots, les infirmières, les employés territoriaux ou municipaux que je croise en gros 4×4 vers leur résidence secondaire pour un week-end au bord de la piscine !
    Auriez vous des chiffres sur le patrimoine comparé des fonctionnaires au sens large et des autres français ?
    Ma mère m’a appris que le plus gros péché est, et de loin, la jalousie et là Macron est bien le chef d’orchestre de la discorde.

    • Pas tout compris à votre commentaire. Mais quand même 2 points :

      1. Etre riche, quand on a gagné son argent honnêtement, ne veut pas dire être privilégié. En revanche voir sa retraite calculée sur les 6 meilleurs mois de salaires (fonction publique) alors qu’on prend les 25 meilleures années pour les autres est un privilège, quel que soit par ailleurs le niveau de salaire.

      2. Puisque vous parlez de l’hôpital : oui, il y a des effectifs pléthoriques à l’hôpital comme dans toute la fonction publique ; une façon très utilisée pour maintenir le taux de chômage à un niveau à peu près supportable (mais encore largement trop élevé). Sauf, hélas qu’il ne s’agit pas d’effectifs de médecins et d’infirmières… mais plutôt de l’administratif et des services généraux.
      Mon expérience médicale, conduite dans le privé par le hasard de la première radio réalisée dans mon cabinet radiologique de ville (et le reste a suivi, très bien et très rapidement, d’ailleurs) – mon expérience donc, me fait dire que nous avons des médecins excellents, une génération de quarantenaires à la fois expérimentés, dynamiques et pragmatiques. Mais le système public, on l’a bien vu récemment, les démotive complètement. Résultat, les meilleurs éléments, ceux qui sont prêts à prendre des risques et à s’investir, finissent par partir vers le privé qui aligne salaire en rapport et environnement professionnel de qualité.

  3. Oh, chère Nathalie, que vous avez raison !
    Pourquoi ce gouvernement veut-il établir un régime universel ? C’est bien pour pomper dans la manne des régimes particuliers excédentaires pour financer les déficits de ceux, appelés « spéciaux », dont la caricature est la SNCF, avec ses je ne sais plus combien de milliards financés par nos impôts. L’état ne devrait se préoccuper des retraites d’aucun organisme privé, et avoir le souci de gérer les retraites de ses fonctionnaires ou assimilés comme n’importe quelle entreprise privée, c’est à dire garantir l’équilibre entre les cotisations et les pensions, peu importe le système choisi.
    De plus, je crains que se cache, derrière cette soit-disant uniformisation des régimes, la volonté d’utiliser la manne financière des cotisations, donc de toutes les cotisations, pour faire des transferts sur d’autres sujets de financements, en toute opacité. L’état trouvera toujours les prétextes absolument imparables pour justifier de tels transferts.

  4. Peut être que la cible n’est pas la bonne. Ce ne sont pas les fonctionnaires qui doivent être mis en cause, mais l’Etat, la Région, le Département, la communauté de communes qui les ont embauchés avec un statut, des perspectives de carrière et des retraites définies. C’est aussi l’Etat qui a défini par la loi des âges de retraite et des temps de travail… Le malheur est que la plupart de ces vrais responsables sont des gens de la raison qui font tout pour le Progrès, mais selon leur tour de table entre bien pensants. Ils sont fils de la Raison, donc les autres ont tort…

    • Vous ne croyez tout de même pas que je vais faire votre travail à votre place. Nous sommes en démocratie, vous avez le droit de vote, sauf erreur de ma part : c’est donc à vous de vous renseigner. C’est à vous de faire la preuve que vous êtes un citoyen adulte et responsable, capable d’étudier les faits avant de prendre ses décisions.

      Votre commentaire fielleux et hypocrite est une illustration de plus du socialisme enragé des Français. Vous êtes complètement infectée. Staline vous a bouffé le cerveau.

      Vous vous imaginez que je suis à votre service, que je fais partie du Grand Service Public de Fourniture d’Informations aux Mildred Paresseuses, que vous y avez drouâ, qu’il vous suffit de mendier, de tendre la main en réclamant de façon impolie et désagréable, pour qu’aussitôt je vienne vous apporter le petit-déjeuner au lit.

      C’est peut-être comme ça que ça se passe entre la CGT et les gouvernements, mais, désolé de vous décevoir : je ne suis ni politicien, ni fonctionnaire.

      Quant à ce que veut suggérer votre intervention, à savoir que les régimes spéciaux ne représenteraient finalement pas grand’chose dans la dépense générale, et que par conséquent on pourrait bien les laisser intacts : c’est précisément par ce raisonnement de voleurs, ce raisonnement de communistes, que nous en sommes arrivé au niveau de dépense publique, de déficit, de dette et de chômage que nous connaissons.

      C’est justement parce que tout le monde, à votre exemple, réclame son « petit cadeau qui ne coûte pas grand’chose, finalement, comparé à tout le reste », et que ça dure depuis 70 ans, que les Mildred qui ont demandé, et obtenu tout cela, se penchent sur leur relevé de retraite ou leur feuille d’impôts, et s’étonnent de constater la modicité des premières et le poids des seconds.

      Mais pour faire le rapport entre ce que Mildred a demandé et ce qu’elle a obtenu, là il n’y a plus personne, c’est toujours la faute des autres : de Macron, du grand capital…

      • Je pense que Nathalie continuera à se dévouer courageusement pour expliquer, avec rigueur et humour, à quel point l’étatisme ambiant nuit aux intérêts des Français.

        Je pense aussi qu’elle le fera avec sa bienveillance habituelle, au lieu de remplacer l’argumentation par le sarcasme, et la divergence d’opinion par le sous-entendu et l’attaque personnelle, comme cela est si souvent le cas en France, hélas.

  5. Une fois de plus en phase avec vous Nathalie, avec une seule divergence sur votre remarque:  » au-delà d’un système de base géré par l’État, mais sans obligation d’y adhérer » position cohérente au plan libéral mais présentant quelques inconvénients de poids:
    1) dans un système entièrement volontaire au sein d’une population formée à l’irresponsabilité par 50 ans d’Etat providence, nombreux seront ceux qui ne cotiseront rien et viendront le moment venu au guichet de la solidarité réclamer une allocation… que naturellement l’autorité accordera et financera sur les impôts des cotisants plus consciencieux.
    2) la fonction publique (et les régimes spéciaux) ne dispose d’aucune caisse de retraite permettant de provisionner les retraites futures de ses adhérents (payées actuellement par les impôts de l’année en cours). Un système de base obligatoire entrainera de facto la création de ces caisses de fonctionnaires et l’obligation de gérer convenablement leur équilibre, ce qui constituera la révolution la plus importante vs le système actuel.
    3) le cahier des charges du système obligatoire de base – que chacun pourrait souscrire auprès de l’opérateur de son choix – devrait être géré selon des paramètres identiques (durée de cotisation, taux de reversion etc) permettant la fluidité des parcours professionnels de chacun de secteur à secteur, la retraite de base étant la même partout.
    4) enfin si le système de base ne porte que sur une part minime de la retraite, on donne une part importante à la liberté de chacun vs sa retraite, d’une part pour le choix de son opérateur, d’autre part pour la plus grande partie de son système de rente future.

    • Le point 1 est sans doute porteur d’un inconvénient possible. J’admets que cela peut se discuter. Mais si par exemple l’assurance auto est obligatoire, c’est avant tout parce que les dommages peuvent concerner d’autres personnes et d’autres biens que l’assuré. Dans le cas de la retraite, seul l’assuré (+ éventuellement son conjoint) est concerné. Est-ce si difficile de se dire que dans les revenus du présent, il faut en mettre de côté une partie pour le futur où on n’aura plus de revenus du travail ?

      Pour les points 2, 3 et 4, je ne vois pas en quoi ce serait des inconvénients. Bien sûr que retrouver la maitrise pleine et entière de ses revenus suppose un changement d’organisation et surtout un changement d’attitude mentale, mais y voir un inconvénient, c’est vouloir en rester au système collectif par répartition géré par l’Etat, avec cette idée fausse (mais en vogue à droite) que l’Etat pourrait « mieux gérer ».

      L’Etat est par nature un mauvais gestionnaire et n’a par nature aucune préoccupation pour le qualité du service public qu’il dispense. Pourquoi ? Parce qu’il agit sans contrôle, sans concurrence et parce qu’il attire dans les rangs de ses agents des personnes totalement averses au risque. Pourquoi se fatiguer, pourquoi réfléchir, pourquoi faire mieux, puisque de toute façon, ça ne changera rien à leur salaire et à leur carrière ? N’ayant aucune alternative où se tourner, les « usagers » ne peuvent qu’accepter ce qu’on leur donne sans broncher.

      • Merci pour vos réponses. Dans mes préco, l’Etat n’est pas gestionnaire, seulement ordonnateur d’un cahier des charges définissant le champ et les paramètres (communs) de la première couche de retraite obligatoire, chacun s’assurant auprès de l’opérateur de son choix (finalement c’est comme l’assurance auto). Il importe également que la fonction publique et les spéciaux créent leur propres caisses de retraite professionnelles (gérée de préférence en paritarisme plutôt que via l’Etat) afin de les provisionner, c’est la seule façon de contrôler leurs réserves, leur pérennité et d’éviter le recours ultérieur à l’impôt. Ce système global favorise également le rôle incontestable de contrôleur de l’Etat sur l’ensemble du système (Inspection des finances et Cour des Comptes), dans l’intérêt de tous, notamment du budget général équilibré.

    • je suis d’accord, après plus de 50 ans de déresponsabilisation et d’infantilisation, de propagande sur « le modèle social », il faudrait au moins 2 générations pour arriver à changer les mentalités, et on n’en prend pas vraiment le chemin. Alors pour les cigales il y aurait le RSA vieux, évolution de la GRAPA actuelle

    • Merci beaucoup pour votre élogieuse remarque !

      ‘Notre classement Pisa’ pourrait être ajoute ajouté à la présentation du pays..
      C’est vrai. J’ai d’ailleurs eu plusieurs fois l’occasion d’en parler, notamment ici :
      Et la dette « scolaire » ? (7 décembre 2017)
      Depuis, rien n’a franchement changé, comme l’a montré le dernier rapport PISA publié il y a quelques jours.

      • Puisque vous nous y invitez, j’ai trouvé une belle c… dans votre torchon de 2017:
        « Y a-t-il une matière dans laquelle nos jeunes élèves se distinguent ? Pâte à modeler, peut-être. Après tout, la précédente ministre de l’Education nationale avait introduit un changement d’horaires à l’école primaire afin de dégager du temps pour des activités péri-scolaires de type travaux manuels ou atelier chant… qui exigent moins d’attention de la part des enfants, qui ne leur apprennent pas les savoirs de base et qui devraient plutôt être laissées au choix des parents. »
        Je volume horaire de 24 heures devant élèves n’a JAMAIS changé d’une seule seconde depuis 2008 (rappelez nous qui était au pouvoir?)
        L’atelier pâte à modeler (et encore, vous avez oublié scoubidous) de vos enfants était organisé par la mairie mais jamais dans le temps scolaire.
        Pourriez vous oser dire clairement à quel sujet renvoie le pronom relatif « qui » dans votre proposition « qui ne leur apprennent pas les savoirs de base »?
        J’ai comme l’impression qu’un p’tit Grévisse vous aiderait mieux pour vos aigreurs qu’un rapport PISA (qui demande aux élèves de savoir régler une chaudière… heureusement que nous sommes fiers de ne pas être les champions du monde!)

      • Chère Françoise, avant de nous parler du Grévisse, apprenez à comprendre les textes que vous lisez.

        En écrivant : « avait introduit un changement d’horaires à l’école primaire afin de dégager du temps pour des activités péri-scolaires de type travaux manuels ou atelier chant », je ne dis absolument pas un seul instant que le volume horaire a changé.
        Si je me souviens bien, il y avait eu un débat sur le fait de savoir s’il était judicieux de faire travailler les enfants les 5 jours de la semaine, s’il était du ressort de l’école et des communes de s’occuper des activités hors école des enfants. Il y avait de plus des doutes sur la qualité des activités proposées et sur leur encadrement.

        Je crois avoir écrit ensuite : « A ce stade, objection fréquente : « Et les enfants des familles défavorisées ? Eux aussi ont droit à des activités d’éveil ». Ma réponse : ils n’apprendront même pas vraiment le chant et ne sauront ni lire, ni écrire, ni compter. L’école ne peut pas se permettre d’apporter la cerise sur le gâteau si elle ne s’attache pas prioritairement à fabriquer un gâteau comestible. »

        Quoi qu’il en soit, vous pouvez vous offusquer tant que vous voulez, essayer de faire croire que je dis n’importe quoi et faire la mouche du coche méchante et hargneuse à longueur de commentaires, vous ne pourrez pas nous faire croire que notre système éducatif tient la route. Je vous conseille par exemple la lecture de ce document, issu directement du ministère de l’Education nationale :
        https://cache.media.education.gouv.fr/file/2019/15/9/depp-ni-2019-19-08-evolution-des-performances-en-calcul-des-eleves-CM2-a-trente-ans-d-intervalle-1987-2017_1100159.pdf

        Titre : « L’évolution des performances en calcul des élèves de CM2 à trente ans d’intervalle (1987-2017) »

        Je regrette de ne pouvoir poster ici les schémas, désespérément parlants, qui illustrent la dégringolade éducative de la France, mais le doc ne fait que 4 pages, vous les trouverez aisément. Pour résumer, le score moyen était de 250 en 1987, il est passé à 176 en 2017. Cette baisse affecte absolument toutes les catégories socio-pro.

      • @Françoise
        « j’ai trouvé une belle c… dans votre torchon de 2017 »
        « encore un mauvais papier à mettre à la poubelle, essayez encore ! »
        Quelques exemplaires parmi d’autres de votre prose agressive. Typique des gens en manque de niveau et d’argument.

        Si mon blog est si nul, pourquoi vous acharner à le lire ?
        Pour pouvoir vous sentir plus grande en m’insultant ?

        Sachez que vos remarques ne me font ni chaud ni froid.
        Mais en raison de votre agressivité, je décide à partir de maintenant de ne plus perdre de temps à vous répondre.

      • L’usage n’est-il pas plutôt de dire :  » LA GREVISSE », puisqu’il s’agit de LA grammaire française de monsieur Maurice GREVISSE (sans accent sur le E) ?

      • Vous êtes encore moins claire dans votre justification:
        en 2017 on comprend que les savoirs de base ne sont pas pris en compte dans les activités péri scolaires (et pour cause!)
        mais dans votre « explication » d’hier vous ajoutez « l’école ne peut pas se permettre d’apporter la cerise sur le gâteau si elle ne s’attache pas prioritairement à fabriquer un gâteau comestible. »
        c’est donc bien ce que vous supposez: l’école n’apporterait pas les savoirs fondamentaux.

        Souvenez-vous encore mieux: tous les enseignants du 1er degré de France avaient été consultés en 2010 pour savoir comment mieux enseigner; il était ressorti de cette enquête que la réforme Sarko-Darcos de 2008 (« semaine de 4 jours » avec deux heurs devant élèves en moins) avait plombé les apprentissages donc il avait été proposé, même avant 2012, de remettre 5 matinées d’école et abréger les fins de journées afin de respecter les capacités d’attention des élèves. ( le Bob pourra aussi vérifier, ça se fait largement en dehors de nos frontières)

        Tout ce qui s’appelle « péri scolaire » n’a rien à voir avec l’école et l’Education Nationale, c’est juste que les mairies étant propriétaires des locaux, elles y organisent des activités en attendant que les parents qui travaillent puissent venir rechercher leur enfant.

        Le seul bémol de cette réforme, et vous avez raison, c’est que les familles favorisées vont chercher leur enfant à la fin de l’école à 15h et celui-ci bénéficie de ce rythme équilibré avec des activités, ou non, choisies; alors que les familles défavorisées se reposent sur l’Etat (le péri scolaire) et l’enfant a des journées aussi longues qu’improductives.

        A l’école, dans le temps scolaire, on bosse sur les fondamentaux, quoique vous en pensiez.

        PS: merci Mildred, je viens d’apprendre que LE Grevisse n’avait pas d’accent!

  6. « L’Etat est par nature un mauvais gestionnaire et n’a par nature aucune préoccupation pour le qualité du service public qu’il dispense ». Ben oui les différentes collectivités dépensent un pognon de dingue dans la com pour glorifier ce qu’ils font, ils sont toujours contents d’eux-mêmes c’est fou ! Mais en connaissez-vous au moins une qui ferait un sondage par exemple une fois par an pour connaitre la (ou l’in)satisfaction ? ou un référendum pour connaitre l’utilité d’une grosse dépense ?

    Pas facile ? Alors il n’y a rien de mieux que la concurrence, point c’est tout.

    Oui la solution d’« un système de retraite moderne et performant » est bien celle décrite par Nathalie.
    L’Etat ne demeurant qu’un régulateur comme pour les autres systèmes d’assurance obligatoire, il organisera la concurrence, c’est déjà bien suffisant comme responsabilité.

    « une population formée à l’irresponsabilité par 50 ans d’Etat providence, nombreux seront ceux qui ne cotiseront rien et viendront le moment venu au guichet de la solidarité » Certes mais de toute façon on y a déjà profondément droit en dehors de la séquence retraite :
    https://www.ladepeche.fr/2019/11/05/une-femme-seule-au-smic-avec-deux-enfants-humiliee-sur-lci-fallait-pas-divorcer,8524174.php
    Et gare à ceux qui s’en indignent…

    Thomas PIKETTY était le directeur de thèse d’Antoine BOZIO, inspirateur du projet MACRON de réforme des retraites…, « justes »…Le mal idéologique est profond déjà à l’inspiration.
    Mais quoi qu’il en soit, un bon coup de pied pour faire éclater le système pondu en 1941 (Vichy), serait assurément salutaire. Ok pour l’objectif !

    Le problème qui se pose alors est la transition :
    1) L’Etat français par coutume ou négligence, ne provisionne rien, même pour assurer Notre-Dame de Paris, alors pour la retraite des fonctionnaires…d’ailleurs un cerveau d’énarque saurait-il conceptualiser « provisionner » ?
    2) A une personne qui est rentré dans la fonction publique, on lui a présenté un deal, un boulot quelque fois peu attrayant et mal payé mais la promesse d’une retraite affriolante. Vous pouvez gueuler tout ce que vous voulez mais il ne renoncera pas à cette assurance donnée à l’embauche, sans brailler dans la rue.

    Tous les conseillers de Mme Thatcher encore vivants sauraient vous le dire : Il faut payer ; Comme pour les taxis ou les notaires, si vous voulez changer la règle du jeu, Il faut des pépettes pour dédommager !

  7. Je parie que la réforme qui sera proposée ignorera la liberté de choisir entre un régime par répartition, un régime par capitalisation et le salaire complet à partir duquel une épargne peut être constituée. Que chacun puisse choisir selon ses préférences et en assumer les conséquences.

    Une petite chanson pour accompagner ce dimanche pluvieux :

  8. La France est plus socialiste que libérale, pour s’ en convaincre il suffit de lire un bulletin de salaire et cumuler charges patronales et salariales. Vous doutez encore? le poids de l’Etat dans l’économie française atteint près de 57 % du PIB ce qui fait de nous le recordman parmi les pays de l’OCDE devant les pays scandinaves. Le génie de la gauche c’ est de faire croire aux gens que l’ on va atteindre la lune en montant sur une echelle, qu’ en travaillant toujours moins on va gagner toujours plus tout en payant toujours moins………….le beurre, l’ argent du beurre , le sourire de la crémière

  9. M.Macron a pris en otage la France avec son « projet » insensé d’imposer par la force SA « réforme » injuste,coûteuse,incompréhensible et inapplicable.Cette contre-réforme est historique car rarement dans l’histoire de la république une contre-réforme n’a été aussi régressive & réactionnaire,mise à part la période de l’occupation c’est-à-dire le régime de Vichy (inspiré par l’Action française).Détruire ce qui marche bien,encourager la guerre de chacun contre chacun,créer les conditions du chaos social:voilà le « projet » du néolibéralisme !Mais alors à qui profite la contre-réforme des retraites ?Elle profite à M.Delevoye,grassement rémunéré pour liquider le régime par répartition ainsi qu’aux compagnies d’assurance.

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