Difficile de ne pas parler de François Fillon …

Mise  jour du dimanche 27 novembre 2016 : François Fillon a remporté la primaire de droite contre Alain Juppé avec 66,5 % des voix pour une participation d’environ 4,3 millions de votants. Les deux hommes se sont serrés la main, et Alain Juppé a invité ses partisans à se ranger derrière le candidat désigné pour la Présidentielle de 2017. De son côté, François Fillon a salué ses adversaires et a appelé l’ensemble de la droite à se rassembler pour mettre fin à « ce quinquennat pathétique » et faire entrer la France dans un « nouveau logiciel » de dignité, de solidarité et de prospérité.

contrepoints-2Extraordinaire résultat que celui de la primaire de droite ! Et dans ces conditions, difficile de ne pas parler de François Fillon, alors qu’il reste encore un débat à tenir et un tour d’élection à jouer. Je m’étais promis de résister à la tentation jusqu’aux résultats effectifs de dimanche prochain, mais la machine à indignation, déjà bien rodée par l’épisode Trump, est repartie de plus belle. De quoi me pousser à réagir, de quoi me pousser, surtout, à faire le tri dans les anathèmes qui fusent de toutes parts depuis deux jours. 

Nous sommes dans l’entre-deux tours de la primaire de droite, mais ne dirait-on pas que nous voilà revenus à la haute époque de l’entre-deux tours de la présidentielle de 2002 où le camp du bien luttait contre le fascisme à nos portes ? Avec Fillon, c’est simple, c’est mille fois pire ! « Au secours, la droite revient » ! Et quelle droite ! La plus « rétrograde », ai-je lu sur Facebook, celle qui consacre l’alliance ultra-nauséabonde de l’ultra-libéralisme et de l’ultra-goupillon. C’est évident, il suffit de jeter un oeil sur le Venezuela et sur le Moyen-Orient pour se convaincre que s’il y a deux « ismes » destructeurs en ce monde, ce sont bien sûr le libéralisme et le catholicisme.

Mais ce n’est pas encore assez horrible pour satisfaire le complexe de supériorité de nos élites progressistes. Pour Claude Askolovitch, qui a vu le vent tourner à la veille du premier tour de la primaire et qui a précipitamment redirigé ses flèches de Sarkozy à Fillon, ce dernier est aussi l’épouvantable symbole de l’ultra-provincialisme de la droite. Car à gauche, si on aime bien avoir le monopole du coeur, on a aussi beaucoup de droits sur le monopole du mépris :

« On considérait que François Fillon modérait Nicolas Sarkozy. (…) Il était, tout simplement, bien plus à droite que (lui). (…) Il n’est pas d’homme (Fillon) qui exprime mieux ce que (les droites) deviennent, libérales ultra et réactionnaires d’évidence, en mal de restaurations et de provinces… »

Qui l’eut cru ? On le regretterait presque, ce Sarkozy. Terrible méprise que la gauche vient de commettre, car comme le découvre soudain M. Askolovitch, l’austérité et la casse sociale des retraites, ce n’était pas lui, c’était Fillon !

Parions que si Juppé devait par extraordinaire gagner la primaire de droite, il bénéficierait à son tour de ce procès en intentions fascistes, comme le clan Hollande avait commencé à le faire il y a quelques semaines dans un petit argumentaire visant à montrer combien son programme était autoritaire et inégalitaire. La gauche sait-elle dire autre chose que fasciste, raciste, sexiste et homophobe quand elle parle de ses adversaires ? C’est douteux.

Mais pour l’instant, c’est Juppé, à la peine pour sa désignation finale, qui attaque Fillon avec force éléments de langage chers aux socialistes et les mêmes méthodes qui consistent à créer des polémiques bruyantes mais infondées (vidéo ci-dessous à partir de 11′ 40″) : avec son projet de supprimer 500 000 emplois publics en cinq ans, son programme est d’une « grande brutalité sociale » et la société qu’il propose est désespérément « traditionaliste », notamment en ce qui concerne « l’égalité entre les hommes et les femme » à propos de laquelle il est prié de clarifier sa position sur l’avortement. Disons tout de suite que François Fillon, hostile à l’avortement à titre personnel, n’a jamais envisagé de remettre en cause la loi Veil.

Il semblerait également que Bayrou, enfin réveillé d’un long bâillement de presque cinq ans, ait soudain découvert hier toute l’horreur du programme de François Fillon :

« Les choix que je découvre dans le projet que présente François Fillon sont des choix qui me paraissent dangereux pour l’alternance et pour le pays. »

Engagé à soutenir Juppé contre Sarkozy, il n’exclut plus de « faire mûrir un projet plus dynamique pour le pays, plus juste et plus social que celui qui est proposé aujourd’hui. » Plus juste et plus social ? Comme celui de François Hollande pour lequel il nous invitait à voter au second tour de la présidentielle de 2012 et qui n’a débouché que sur chômage de masse, croissance en berne et dette au plus haut ? Nous sommes prévenus.

◊ Résumé des épisodes précédents : Depuis deux ans, Alain Juppé est massé, cajolé, attendri comme un boeuf de Kobé par des médias qui le jugeaient d’autant plus socialo-compatible qu’il permettrait d’éliminer définitivement Nicolas Sarkozy du paysage politique français. Mission partiellement accomplie, Sarkozy a été sorti en bonne et due forme avec un petit 21 % des votes.

Mais big problème de dernière ligne droite : depuis que la campagne de la primaire a vraiment commencé, c’est-à-dire depuis le premier débat du 13 octobre 2016 qui a permis aux candidats de se faire connaître des électeurs de droite, une irrésistible dynamique Fillon s’est enclenchée. Les commentateurs se sont aperçus qu’il existait, les sondages ont frémi, le suspense est devenu intenable.

Et bim ! Non seulement François Fillon, presque ignoré il y a seulement deux mois, accède au second tour, mais il enfonce, il n’y a pas d’autre mot, le chouchou des médias, attirant à lui 44 % des suffrages, contre un piteux 28 % à son rival. C’est d’autant plus remarquable, et d’autant plus solide pour la suite, que cette élection inédite à droite a attiré plus de 4,2 millions d’électeurs. A ce titre, la comparaison qu’on peut faire porte sur la primaire de gauche de 2011 qui avait rassemblé 2,6 millions d’électeurs.

Il n’est certes pas exclu que le fort engouement qui s’est manifesté dimanche pour François Fillon résulte aussi en partie de l’emballement médiatique récent pour ce candidat, mais la forte mobilisation autour de la primaire montre que les électeurs de droite s’intéressent énormément à la présidentielle et qu’ils ne comptent pas se laisser dicter leurs choix.

Aussi, il est assez comique de voir Alain Juppé se présenter comme le candidat du rassemblement de la droite, dans la mesure où les chiffres du premier tour montrent assez clairement qu’un rassemblement massif a commencé à se faire autour du programme de François Fillon. Selon un sondage Odoxa publié hier, ses électeurs de dimanche dernier sont 86 % à avoir voté par adhésion à ses idées, tandis que 45 % de ceux de Juppé entendaient exprimer leur rejet de Sarkozy. Quant aux électeurs de Sarkozy, ils seraient très majoritairement prêts à se reporter sur Fillon.

Dans la position confortable qui est la sienne (le même sondage Odoxa lui prévoit pour l’instant un résultat de second tour à 65 %), François Fillon n’a nul besoin d’attaquer son adversaire et peut se consacrer à expliquer son programme. C’est précisément ce qu’il a fait sur TF1 lundi soir en répondant à des questions sur sa politique économique « très libérale », sur son conservatisme sociétal, ainsi que sur sa proximité avec Vladimir Poutine (vidéo ci-dessous à partir de 15′ 40″) :

Fidèle à ce qu’il a répété tout au long des débats de la primaire, il considère qu’il n’est plus temps d’apporter quelques réformes ponctuelles de-ci de-là façon autocars Macron, mais qu’il faut opérer une véritable transformation du pays. C’est notre état de « faillite », c’est l’aggravation de tous nos marqueurs économiques qui le commandent impérativement :

« Faut-il continuer ce qu’on a fait pendant 30 ans, ce que fait aujourd’hui le gouvernement de gauche, qui conduit à 6 millions de chômeurs, à une dette insupportable, à une pauvreté qui augmente et à un sentiment de déclassement de plus en plus profond des français ? »

Face au constat que la politique si humaniste, généreuse, respectueuse etc… de la gauche n’a pas marché, bien au contraire (à tel point que le budget 2017 du gouvernement tient debout par pure cavalerie), François Fillon propose ce que cette même gauche appelle au choix austérité, casse sociale, ultra-libéralisme … : il s’agit principalement de diminuer la dépense publique ainsi que les prélèvements obligatoires, libéraliser le travail, revenir sur les 35 heures dans le privé comme dans le public et repousser l’âge de la retraite à 65 ans.

Ces mesures sont libérales. Si, dans l’entretien ci-dessus, François Fillon a plutôt fait référence à des modèles estampillés gauche tel que Schröder (Allemagne) ou Blair (Royaume-Uni), il ne rougit pas du rapprochement avec Margaret Thatcher :

« On peut dire tout ce qu’on veut de Mme Thatcher, de ses méthodes, le résultat est qu’elle a redressé son pays. J’aime mieux être celui qui a redressé son pays que quelqu’un qui n’a rien fait. »

Mais tout en voulant mettre ses pas dans ceux de la Dame de fer, tout en répétant comme Pompidou « Cessez d’emmerder les Français ! », il est cependant assez loin d’adopter une posture entièrement libérale : pas de baisse du salaire minimum, pas de privatisation, pas de rupture du monopole de la sécurité sociale, méfiance à l’égard du traité de libre-échange TAFTA, politique familiale et allocation sociale universelle, tout ceci donne plus l’impression d’un composé anti-socialiste adapté au contexte anti-libéral français.

On peut le regretter, ou considérer qu’il importe d’abord d’entamer une certaine libéralisation du pays sans braquer tout le monde d’entrée de jeu, récolter des premiers résultats et continuer. Je suis pour lui accorder un galop d’essai. Si ce n’est pas lui, ce sera Juppé, Hollande, Valls, Le Pen, … et ce qu’on fait sans succès depuis 40 ans.

En revanche, sa proximité avec Vladimir Poutine me gêne énormément. Contrairement à ce que François Fillon affirme, je considère au contraire que la Russie constitue aujourd’hui une menace importante pour la sécurité. En 2015, ses dépenses militaires ont représenté 5,4 % de son PIB, lequel a baissé de 3,7 % (une nouvelle baisse est attendue en 2016). Ceci n’est guère conforme à un pays en paix pure et parfaite avec ses voisins proches ou plus lointains (France 2,1 % du PIB, Etats-Unis 3,3 %).

A la tête d’un pays mal en point économiquement, socialement et démographiquement, Poutine cherche la diversion extérieure sur fond de grande Russie et de fierté retrouvée. Ses opérations en Ukraine ne parlent pas en sa faveur, son appui à Bachar El-Assad non plus. Or l’on sait que ce dernier a pour ambition de se maintenir au pouvoir, absolument pas de mettre fin au terrorisme de Daesh.

Si j’admets volontiers que la façon dont les Occidentaux ont traité l’affaire syrienne pour l’instant n’a pas apporté de progrès notables en vue de la paix, la preuve en étant donnée par la situation actuelle à Alep, si j’admets volontiers, comme le dit François Fillon, qu’il faut pouvoir parler à ceux qui sont capables de résoudre la crise, donc parler à Assad et à Poutine, j’espère qu’il garde suffisamment de distance vis-à-vis d’eux pour se laisser guider par les intérêts de la France d’une part, et ceux de la justice d’autre part.

Enfin, on reproche à François Fillon ses positions sociétales conservatrices. Le ralliement de Sens commun, groupe issu des Républicains (LR) pour faire vivre les revendications de la Manif pour Tous peut faire craindre en effet qu’on perde à nouveau beaucoup de temps sur ces questions de société qui fracturent la France dans les grandes largeurs tout en concernant très peu de monde, alors qu’il y a urgence économique. Il s’avère cependant que François Fillon ne compte revenir ni sur le mariage homosexuel, ni sur l’avortement, comme Alain Juppé s’ingénie maintenant à le prétendre, tout en apportant des restrictions à l’adoption, à la PMA et à la GPA.

Plus grave, pour moi tout au moins, s’il ne compte pas légiférer sur le voile à l’université, il est en faveur d’une loi anti-burkini (quelle différence avec le voile ?) et reprend l’idée de la déchéance de nationalité imaginée par François Hollande après les attentats de Paris. Je continue à penser que ce genre de mesure relève d’un folklore sécuritaire sans intérêt dans la lutte anti-terroriste.

Qu’est-ce qui a plu chez François Fillon, le libéral (mon cas) ou le conservateur ? A supposer que la droite qui s’est déplacée massivement dimanche dernier pour le soutenir ne l’ait fait que sur un terrible malentendu, à supposer qu’elle ignorait tout des ignobles composantes de son programme, remercions chaleureusement Alain Juppé et tous les soutiens qu’il s’est trouvé à gauche pour avoir dissipé tout malentendu. Et à supposer maintenant que Fillon l’emporte dimanche prochain, il leur faudra se faire une raison : grâce à leurs vociférants décriptages, ce sera en toute connaissance de cause que la droite renouvellera son choix de transformation de la France.


francois-fillon-pmIllustration de couverture : François Fillon, ancien premier ministre (2007-2012) arrivé en tête avec 44 % des voix lors du premier tour de la primaire de droite contre 28 % pour Alain Juppé. Second tour dimanche 27 novembre 2017.

30 réflexions sur “Difficile de ne pas parler de François Fillon …

  1. Donald Fillon n’est pas le libéral attendu, ni par son programme ni par ses actions passées. Juste quelques trucs dans le bon sens, et d’autres dans le mauvais.
    Mais il a apporté quelque chose de vieux à la droite : des valeurs, que cette dernière n’avait plus. À l’inverse de Jacques Juppé qui veut apporter quelque chose de neuf à la droite : une vision écolo-bobo.
    Il faut choisir. Veut-on une droite arriviste (NS), une droite affairiste (AJ) ou une droite des valeurs (FF) même un peu surannées ?
    Bon, moi, je ne vote pas, mais je trouvre cette primaire particulièrement raffraîchissante.

  2. Ainsi va la vie, n’est-ce pas, l’échec des uns fait le succès des autres. Le déplorable quinquennat de F.Hollande a suscité un désir de droite; Et contrairement à ce que j’avais écrit, les primaires ont permis à F. Fillon de s’imposer, de répondre à une attente. (Maintenant, A. Juppé n’a plus qu’à espérer – voir ses clins d’oeil – que les soutiens de LGBT et de Taubira votent en masse pour lu )
    Mais on a envie de dire aux Français : arrêtez de jouer les girouettes.
    Tout le monde veut la même chose. Du travail, la possibilité de s’élever socialement, la sécurité et une France apaisée, les libertés fondamentales, etc
    Tel homme politique de tel parti dit : vous aurez tout cela avec mon parti. La plupart des Français vont vers lui. Il échoue. Un autre politique, d’un autre parti dit : vous aurez tout cela si vous adhérez à ma façon de voir. La majorité le suit. Il échoue etc
    L’idéologie, ça fonctionne toujours. Le réalisme, le pragmatisme, l’indépendance d’esprit ne sont pas à la mode. .
    Pourtant, Macron a eu raison à Bobigny de pointer les problèmes graves dans le fonctionnement de l’Etat. Et ça, ce n’est ni de droite, ni de gauche.
    (Tiens, Est-ce qu’on ne pourrait pas décider que pour qu’un président soit légitimement élu, il faut que le nombre de gens ayant voté pour lui soit supérieur aux nombre de gens qui se sont abstenus)

  3. De toute la clique, on pourrait dire que c’est le moins pire. Les problèmes sociétaux sont effleurés mais ses propositions rassurent toutefois: éviter la marchandisation des êtres humains que les indignés de l’esclavagisme promouvaient, c’est déjà se remettre un peu la tête à l’endroit et parler d’un islamiste actif, c’est la moindre des choses.
    Sur le pan international, proposer de renouer le dialogue avec des gens qui, a priori, ne sont pas plus imposteurs que ceux qui veulent les remplacer, c’est probablement aussi bien que de déclarer qu’ils n’ont pas leur place sur terre (ou quelque chose d’approchant) et en termes diplomatiques, ça fait un peu plus classe.
    Quant à la situation intérieure, dénoncer quelques unes de nos spécificités qui font que l’on vit à crédit avec 2000 milliards de dette et 6 millions de chômeurs, c’est le minimum si l’on veut passer pour quelqu’un qui à une bonne vision de la situation.
    Alors, deux solutions: dans le doute abstiens-toi ou faute de grive on mange du merle.

  4. Très bon article Nathalie. Je souscris à presque tout, sauf sur la Russie et Poutine. Ce n’est pas un grand démocrate c’est le moins qu’on puisse dire, mais ce n’est pas le dictateur assoiffé de sang qu’on veut nous faire croire. La vérité c’est que la Russie n’a jamais été une démocratie, et que si ça doit advenir ce n’est pas pour tout de suite. En attendant il faut faire avec, et ne pas excessivement diaboliser leur régime. D’autant que nous n’y avons aucun intérêt. Comme vous dites seuls les intérêts de la France doivent compter. Je pense que nos intérêts sont dans un rapport appaisé, sinon amical, avec ce grand pays qui reste proche de nous par de très anciens liens historiques. Je pense que les sanctions économiques décidées par Hollande ont été contre-productives, et pire ont impacté notre commerce extérieur.

  5. Pingback: Fillon : la menace libérale-conservatrice ? | Contrepoints

  6. Ne serait-ce que pour la raison simple que les Russes sont une civilisation proche de la nôtre, que nous avons des intérêts communs, il faut, selon moi, nonobstant ce qu’on pense de Poutine – Président d’un moment – créer des liens avec les Russes. Poutine est d’abord une question pour eux.

  7. Nathalie, permettez-moi de vous exposer l’hypothèse selon laquelle le second tour fera gagner le candidat des médias (accessoirement de la gauche).
    Après consultation des avis médiatiques et quelques politiques, je pense que :
    1. Fillon est vu comme candidat de la réaction (catho),
    2. Juppé est vu comme un moindre mal (progressiste, multi-cul)
    La gauche, privée de héros capable d’occire Marine, est (sera) tentée de soutenir Ali Juppé (comme succédané), alors même que ceux qui ont voté contre Sarko plutôt que pour Fillon risquent de se retirer.

  8. Dire que la Russie est une menace importante est quand même un peu loufoque. Les US ont environ 730 installations et bases dans plus de 50 pays, un personnel de 1.4 million de personnes dont 1 168 195 aux États-Unis et dans leurs territoires d’outre-mer et 325 000 à l’étranger. Les dépenses US dépassent les 700 milliards de $, 3,7 % du PIB, la Russie environ 70 milliards, un nain !
    Les US ont déployé un bouclier nucléaire qui vise à se défendre de l’Iran sauf qu’il est aux frontières de la Russie. Bref, Trump peut gratter facilement pour récupérer de quoi investir dans les infrastructures US sans mettre démesurément en péril le budget américain.
    Les US n’ont pas cessé de foutre le bordel dans le monde depuis 2002 et récemment, Irak, Libye et Syrie, provoqué un coup d’état en Ukraine. On comprend que les russes aient juste récupéré la Crimée avant qu’il ne soit trop tard, pour garder un accès à la méditerranée qu’ils possédaient depuis le 17ème siècle ! Et tentent de faire cesser le carnage en Syrie, pays qui entretient des rapports commerciaux avec la Russie depuis 40 ans au moins.
    Nous avons été entrainés dans des guerres « humanitaires » avec des résultats déplorables et les conséquences (attentats) que l’on sait et dans des mesures de rétorsions vis à vis de la Russie qui font tort à notre commerce. On peut dire que sur le plan diplomatique avec la Russie notamment mais aussi pour bon nombre de nos partenaires en Asie ou en Afrique, c’est un zéro pointé, une absurdité totale et ce sera dur de s’en relever, très dur.
    De ce point de vue, Fillon a tout bon dans la situation désastreuse qu’il récupèrerait.
    Je pense globalement que sont programme borné sur cinq ans est ambitieux mais réaliste dans l’état où il trouve la France même si il ne me satisfait pas entièrement sur le plan du libéralisme.
    Juste aussi un bémol sur le plan marketing, je comprends moins la fixette sur les 500 000 fonctionnaires qui sont des votants et pas forcément de gauche. Il faut bien comprendre qu’avec pas moins de 80% de la richesse nationale tirée de la commande publique directement ou indirectement, quelqu’un qui veut pas rester au chômage, aura l’opportunité de devenir fonctionnaire sans pour autant en avoir le sacerdoce, Il aurait été préférable d’avoir un slogan : « Je vais vous donner envie de travailler dans le privé » à leur intention. Ce serait alors la preuve par neuf d’un basculement notoire et vertueux des services de l’état (qui ne sont pas régalien) à la concurrence.
    Qu’il effleure (le burkini, c’est presque trop) les problèmes sociétaux, est par contre la preuve d’un certain libéralisme. Tant que l’ordre public n’est pas menacé, je ne vois pas ce que l’Etat doit y investir.

  9. @ Le Page : Le moins pire : oui. De toute façon l’homme parfait n’existe pas et de plus je ne fais pas partie de ces libéraux qui font la fine bouche sur tout et ne seront par construction jamais satisfaits de rien.
    Sur le plan théorique, je suis d’avis qu’il faut tout explorer, tout retourner, car on vit trop sur des habitudes étatistes, et en ce domaine on a perdu tout sens critique. Mais arrive un moment où on peut faire des choix politiques concrets. Margaret Thatcher a existé et gouverné, elle n’était pas parfaite, elle a quelques boulettes à son actif…

    @ Jean-François : Oui, je pense qu’il faut parler à tout le monde, mais pas forcément sortir le tapis rouge. Ma conclusion d’un article sur l’Arabie saoudite, à moduler pour la Russie qui est d’une autre ampleur :

    « Il est certes normal de se poser la question de savoir comment traiter des pays qui ne respectent aucun droits naturels et qui n’accordent pratiquement aucune libertés individuelles à leurs citoyens. Faut-il les mettre au ban des nations ou faut-il au contraire essayer de leur parler et de les ramener dans le concert des nations afin de pouvoir échanger avec eux sur un certain nombre de valeurs incompressibles, non seulement à nos yeux d’occidentaux, mais surtout à nos yeux d’êtres humains ? Je suis généralement en faveur du dialogue, mais faut-il absolument dérouler le tapis rouge et réserver les postes les plus sensibles à des régimes purement et simplement criminels, dont le seul et unique attrait consiste à avoir un portefeuille bien garni, des ressources en énergies fossiles (mais ça, c’est moins fashion, COP21 oblige) et des habitants en nombre pour constituer un marché alléchant ? Pour ces pays, je préconise une décision occidentale commune impliquant dialogue rigoureux et minuscule strapontin au poulailler des instances internationales. »
    https://leblogdenathaliemp.com/2015/09/26/onu-droits-de-lhomme-et-foutage-de-gueule/

    @ René : Bonjour !
    Il en faudra beaucoup des électeurs de gauche :
    Fillon : 1,9 millions du 1er tour + 80 % de Sarko : 0,7 + Le Maire 0,1= 2,7 millions
    Juppé : 4,3 – 2,7 = 1,6 millions
    Pour monter à 2,7 millions, il lui faudra mobiliser 1,1 millions d’électeurs de gauche EN PLUS de ceux de dimanche dernier qui ont déjà voté pour lui et sont comptés dans son score.
    (sans compter que ça ferait 2 millions d’euros en plus des 16 attendus dans les caisses LR !)

    @Tino :
    – Je signalais le poids des dépenses militaires en % pour montrer le prélèvement considérable que cela représente sur la société russe déjà mal en point.
    Je remets là ce que j’écrivais dans mon article sur Poutine :

    « Dans une note de conjoncture du 2ème trimestre 2015, BNP Paribas indiquait en conclusion :
    Au total, l’économie russe présente les caractéristiques d’une économie de guerre avec 1) une inflation générée par la dépréciation du change mais aussi par le rationnement (notamment des produits alimentaires), conséquence indirecte des mesures de rétorsion prises par le gouvernement russe envers l’UE, 2) des restrictions budgétaires nécessaires pour financer les dépenses militaires. »

    D’après moi, il faut garder ces éléments en mémoire avant d’aller boire un coup avec Vlad.

    – Le montant absolu très faible par rapport à celui des USA nous indique que la Russie se fracassera in fine sur les forces occidentales, mais n’est pas l’indicateur absolu qu’elle ne tentera rien.
    – La lecture géopolitique qui fait systématiquement des USA le responsable ultime de tout ce qui va mal est trop complotiste pour moi.

    • Nathalie, votre comptabilité me laisse coi !
      Evidemment; ma conviction se base plus sur les pressions idéologiques que sur l’arithmétique; A ce propos, il faudrait imputer (en négatif) à Fillon les électeurs qui ont voté « contre Sarko » et ne pas lui ajouter les « sarkoziens » du premier tour !
      Dès aujourd’hui, j’ai le sentiment qu’il y a mobilisation des médias pour les « progressistes ». En fait, comme vous le savez, je m’en fiche
      mon candidat sera au deuxième tour et vaincue plus largement par Fillon que par le multi-cul !

      Bref, nous pourrons en parler lundi.
      Si la participation est forte, ce sera un signe.

  10. Le christianisme est d’essence libérale au plus haut point ! N’est-ce pas Saint Jean qui disait : Dieu nous a créé libres, y compris de ne pas croire en lui ?
    Si on observe l’absolutisme de bon nombre de courants philosophiques ou politiques contemporains, on est très loin de cette tolérance et à proprement parler ce sont des systèmes de pensée bien plus fascistes qu’il n’y paraît à première vue.

  11. Ho ? Une électrice de droite libérale qui est opposée à la politique étrangère de la Russie ? On doit être deux, par les temps qui courent. Pour l’instant en tous cas, c’est Noël tous les jours au Kremlin : les deux favoris de l’élection présidentielle française sont proches de Moscou. Fillon nettement, et Marine le Pen énormément.

    La motivation numéro un des pro-russes en France est d’emmerder les Américains, c’est tout à fait clair. J’ai donc quelques questions à leur poser, parce que les raisons qu’ils donnent pour leur position sont remarquablement obscures.

    1. En quoi serait-il dans l’intérêt de la France d’emmerder les Américains ? Je conçois que cela puisse faire bicher Monsieur Moyen dans sa chambrette, le venger de toute une série de frustrations imaginaires ou non, et le consoler psychologiquement. Mais la politique étrangère de la Frônce (ici, regard martial vers l’horizon, claquement de talons et écrasement de larme pour Mongénéral) n’a pas pour but de poupougner psychologiquement Monsieur Moyen.

    2. S’agit-il de réduire le pouvoir des Etats-Unis sur la scène internationale ? Dans ce cas, en quoi serait-il dans l’intérêt de la France de réduire le pouvoir des Etats-Unis ? Réponse précise, s’il vous plaît, les enfumages genre « un monde plus multipolaire » ne sont pas admis.

    Les représentants de la « vraie droite » qui ont « voté » Trump (j’en suis) sont priés de nous dire pourquoi ils nous ont chauffé les pieds pendant des mois en nous expliquant que Trump était la meilleure chose qui nous soit arrivée depuis les nouilles au beurre, et que le Donald était la dernière chance de sauver l’Occident, tandis que simultanément ils continuent de nous expliquer qu’il faut passer la main dans le dos à Poutine (restons poli sur les blogs de dames) pour rabattre son caquet à l’Amérique.

    Puisque « le seul vrai chef d’Etat au monde » (Philippe de Villiers) est au pouvoir à Moscou, que maintenant le vrai leader des vraies valeurs de la vraie droite va accéder au pouvoir à Washington, et que (par hypothèse) Mariiiiine ou, euh… Fillon vont arriver aux affaires en France, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, non ? Il suffit que les hommes de bonne volonté veuillent bien se donner la main en Amérique, à Moscou et à Paris, et youp’là boum, n’est-ce pas ? Pourquoi donc serait-il nécessaire, désormais, de latter la gueule aux Amerloques ? Ils sont devenus nos amis, non ?

    Et d’ailleurs, maintenant que Trump va devenir président des Etats-Unis, n’est-ce pas de Washington qu’il conviendrait de se rapprocher, au lieu de Moscou ? Hein ? Bande de gros malins ? Que je sache, les services secrets américains n’ont pas détruit par Internet une station de télévision officielle française, ils n’ont pas kidnappé et torturé sur le sol français un opposant auquel la France a accordé l’asile politique, ils n’envoient pas leurs avions de guerre harceler la France avec des manoeuvres menaçantes et agressives, ils ne financent pas à coups de centaines de millions d’euros des chaînes de désinformation sur lesquelles ils passent leur temps à insulter la France, ils ne menacent pas nos alliés tous les quatre matins d’annihilation nucléaire, et ils ne financent pas ouvertement un parti d’opposition pour renverser le gouvernement légitime de la France.

    3. En admettant qu’il soit dans l’intérêt de la France (par opposition à l’intérêt de la Russie) de réduire le pouvoir des Etats-Unis, pourquoi vouloir augmenter le pouvoir de la Russie dans ce but ? Pourquoi pas, par exemple, celui de la Chine, qui paraît autrement bien placée à cet effet ? La Chine est une puissance en expansion, la Russie est une puissance décadente. La Chine est une puissance économique et militaire, la Russie n’est qu’une puissance militaire. Pourquoi ne faudrait-il pas « s’allier avec la Chine », tant qu’à faire ? Note : la réponse « la civilisation russe est la même que la nôtre » n’est pas admise ; la civilisation russe est à l’opposé de la nôtre (cf. Samuel Huntington, et mille ans d’histoire de la Russie).

    Tant qu’à faire, et si l’on considère la politique étrangère comme un jeu de bascule où tout est une question de kilos, pourquoi ne pas vouloir augmenter le pouvoir de… l’Union européenne, dans le but de contrebalancer celui des Etats-Unis ? Voilà au moins une entité internationale constituée, reconnue sur le plan mondial, et pesant d’un poids fort important (largement supérieur à celui de la Russie, au passage…). En plus, nous en faisons partie ! Mais non, les pro-russes, pour une bonne part (ce n’est pas le cas de Fillon), cherchent au contraire à faire éclater l’Union européenne… ce qui… à les écouter… devrait réduire le pouvoir des Etats-Unis. De qui se moque-t-on ?

    4. Les pro-russes nous disent qu’il faut « parler » avec la Russie. Peuvent-ils nous indiquer à partir de quel moment nous aurions cessé de « parler » avec la Russie ? On ne fait que ça, « parler » avec la Russie ! Ont-ils jeté un coup d’oeil sur l’agenda des rencontres, réunions, négociations, coup de fil et patin couffin au plus haut niveau entre « nous » (la France, l’Allemagne, l’Angleterre, les Etats-Unis…) et la Russie ? Et la Russie, est-ce qu’elle « parle » avec nous, ou est-ce qu’elle se contente de nous menacer de guerre nucléaire préventive ?

    Donc « parler » pour lui dire quoi, à la Russie ? Et surtout, en exigeant quoi en retour ? La politique internationale, ce n’est pas Meetic. Si on « parle » avec les Russes, ce n’est pas pour leur faire plaisir, c’est pour « make France great again », OK ? Alors qu’avez-vous l’intention d’exiger de Poutine, Messieurs les pro-russes ?

    5. Par exemple, Fillon dit qu’il faut lever les sanctions. En échange de quoi, gros con ? Depuis quand un pays se fait-il respecter sur la scène internationale en faisant des concessions unilatérales et annoncées à l’avance, en plus ? Et d’ailleurs, si nous avons sanctionné la Russie, ce n’est pas pour des nèfles, c’est pour une série de graves violations du droit international, qui menacent la paix dans le monde. Donc qu’avez-vous l’intention d’exiger des Russes sur l’Ukraine, sur la Géorgie, sur la Moldavie, sur les pays baltes, sur l’Iran, sur la Syrie et sur les îles Kouriles ? Pour commencer ?

    Mariiine, elle, dit que sitôt qu’elle arrivera à l’Elysée, elle reconnaîtra l’annexion de la Crimée. En échange de quoi, grosse vache ? En quoi serait-il dans l’intérêt de la France de reconnaître une annexion qui n’a été reconnue que par onze pays dans le monde, aussi puissants, aussi proches de nous et aussi indépendants de la Russie que la Biélorussie, Cuba, le Venezuela, la Corée du Nord ou le Zimbabwe ? C’est quoi, le but de Mariiine, en politique internationale ? Nous ravaler au rang du Zimbabwe ? Et en quoi serait-il conforme aux intérêts de la France de réveiller des centaines de conflits latents à travers le monde, en entérinant, pour la première fois depuis 1945, une doctrine qui légitime l’annexion par la force militaire ?

    Donc j’aimerais bien savoir ce qui, en dehors des intérêts de la Russie que je vois gros comme une maison, justifie cette ignoble danse du ventre envers le terroriste du Kremlin, qui a organisé des attentats sous faux drapeau pour massacrer sa propre population, faut-il le rappeler ?

    • Excusez-moi d’être un peu direct, Zelectron, mais j’ai rarement lu remarque aussi idiote.

      Premièrement, je ne suis ni PDG de France Télévisions, ni juge d’instruction. Je ne suis pas chargé de « faire la part des points de vue opposés », ni « d’instruire à charge et à décharge ». Je défends mon point de vue, et non le point de vue des autres, ça vous dérange ? ça vous paraît anormal ? inhabituel ? scandaleux ?

      Qu’est-ce qui vous empêche, vous, d’exprimer ici même un point de vue opposé, d’être autant « à décharge » que vous le souhaitez ? Est-ce, par hasard, que vous ne connaissez rien au sujet ? Est-ce, en réalité, que vous ne vous êtes jamais donné la peine de rechercher les faits qui iraient dans votre sens, et que vous auriez la prétention de me demander, à moi, de faire votre boulot à votre place ?

      D’autre part et surtout, ce n’est pas une opinion que j’exprime, ce sont d’abord des faits que je porte à la connaissance des lecteurs de ce blog. Comprenez-vous la différence ? Les faits, Zelectron. Savez-vous ce qu’est un fait ? Pour ma part, je base mes analyses (et mes opinions) sur des faits. Et non sur des slogans. Ou sur ce que tout le monde répète alentour. Ou sur ce qui est à la mode dans tel milieu à tel instant. Je conseille à tout le monde d’en faire autant.

      Le socialisme a tout de même atteint un niveau effrayant, en France. A force de revendiquer la « justice sociale », « l’égalité des chances » et la « redistribution des richesses », certains en viennent à exiger que leurs adversaires politiques défendent des opinions auxquelles ils ne croient pas, parce que, sinon… ce serait trop injuste !

  12. tiens donc ! vous êtes donneur de leçons ? Pour ma part, je m’en garderais bien. Je regrette votre remarque ad nominem, qui montre une acrimonie que je ne comprend pas, et ce d’autant plus que vous ayant lu moult fois sur d’autres blog, je vous ai trouvé bien plus affable. Pour votre gouverne sachez que je vomis le socialisme encore plus que vous ne pourriez jamais le penser, ce qui montre votre (vos) erreur(s) à mon égard.
    Un dernier « détail » : je viens d’un pays de l’est . . .

    • Bien sûr que je donne des leçons aux malpolis de votre espèce, Zelectron. Je suis aimable avec les gens aimables ou même simplement corrects, je remets à leur place les gens qui se permettent de me donner des leçons comme vous le faites, et qui ensuite, ont le culot de se plaindre qu’on leur donne des leçons en retour !

      Je viens de fournir ici un certain travail au cas où vous n’auriez pas remarqué, j’ai passé un certain temps à faire des recherches pour apporter ici un certain nombre d’analyses, d’informations et de sources (dont certaines que je n’ai jamais vu signalées dans l’espace Internet français), et vous, vous arrivez la fleur au fusil en ne contribuant strictement rien à la discussion, et vous vous sentez autorisé, en revanche, à balayer tout cela d’un revers de main, en me reprochant en deux mots de ne pas avoir défendu une opinion qui n’est pas la mienne !

      Avez-vous simplement lu ce que j’ai écrit ? Vous avez remarqué que j’ai posé quelques questions aux poutinistes : avez-vous fait l’effort d’y répondre ? Non ! Qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse, que vous vous prétendiez libéral, si vous vous comportez comme un enfant gâté socialiste ? Qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse, que vous veniez de l’Est, si vous prétendez discréditer la totalité de mon travail sans même vous donner la peine d’apporter un seul élément d’information sur la Russie, sujet de mon intervention — ne parlons pas de réfuter un seul de mes arguments ?

      Mais ne vous excusez surtout pas, hein : chouinez en hurlant au « ad nominem », expression dont vous ignorez manifestement le sens puisque vous ne savez même pas l’écrire.

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