RAFFINERIES : où l’on découvre une CGT syndicat des RICHES !

Pauvre François Hollande, le Prix Nobel d’économie lui échappe encore cette année ! Notre ancien Président de la République est pourtant l’auteur d’un traité d’économie politique en deux principes dont la puissance explicative du fonctionnement de notre modèle économique et social est tout simplement admirable :

Premier principe  a) « Je n’aime pas les riches. » b) C’est-à-dire les individus qui gagnent plus de 4 000 € par mois.
Second principe :  « C’est pas cher, c’est l’État qui paie. »

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Des principes élaborés de longue date en vue de l’élection présidentielle de 2012 qui ont remarquablement éclairé François Hollande lors de son passage à l’Élysée et qui n’ont manifestement rien perdu de leur actualité. Après tout, le « quoi qu’il en coûte » macronien n’est rien d’autre qu’une version actualisée du second principe.

Quant à la haine du riche, elle reste vivace et ne trouvera d’exutoire qu’une fois les profits, les dividendes et les hauts salaires officiellement interdits ou, à tout le moins, étroitement encadrés et taxés par la loi tandis que le Smic grimperait à 2 000 euros et l’âge légal de départ en retraite reviendrait à 60 ans. Autrement dit, lorsque le programme de la Nupes de Mélenchon, intégralement repris et embelli par la CGT dans ses revendications sociales de la rentrée, sera enfin programme de gouvernement sonnant et trébuchant.

Après la grande journée de revendication salariale du 29 septembre (voir affiche ci-dessus), ce n’est pas par plaisir que la CGT organise maintenant le blocage des raffineries. Nul coup de tête de sa part, nulle volonté de prendre le reste de la population en otage, mais une pure action de justice sociale basée sur le constat d’une accumulation de cadeaux fiscaux pour les entreprises et d’une captation des aides publiques par les plus riches. Ajoutez l’inflation qui enfle depuis un an, incorporez les superprofits des multinationales et vous mesurez toute l’insuffisance du paquet « pouvoir d’achat » adopté cet été.

Premier super-profiteur de France, le groupe TotalEnergies qui a vu ses bénéfices atteindre ces derniers mois des niveaux abominablement élevés à la faveur de la hausse des prix de l’énergie. Dans le même temps, les travailleurs ordinaires, les « braves gens » selon la classification de Jean-Luc Mélenchon, s’enfoncent dans la crise. Dès lors, une seule solution pour obtenir des hausses de salaire : la grève sans concession. Ça a marché cet été à l’UCPA, ça va marcher cet automne chez Total. En attendant, que les citoyens mécontents des pénuries dans les stations-service s’adressent à M. Pouyanné, le PDG du groupe, coupable de ne pas vouloir « discuter de mesures salariales complémentaires ».

En réponse, ce dernier a fait savoir avant-hier (dimanche 9 octobre) par communiqué que TotalEnergies était prêt à avancer la Négociation Annuelle Obligatoire sur les salaires de novembre à octobre (sachant que novembre était déjà une anticipation par rapport à janvier, période habituelle de ces négociations). Mais à une condition préalable : que les blocages cessent. 

Et puis surtout, il n’a pas manqué de relever combien la CGT a absurdement raison quand elle parle de mesures « complémentaires ». Au niveau de la branche professionnelle des industries pétrolières, il s’avère en effet qu’un accord conclu il y a seulement une semaine (le 3 octobre dernier) a acté « une augmentation de 6,7 % de la rémunération minimale annuelle garantie de la Branche Professionnel Pétrole, de façon à la positionner 10 % au-dessus du Smic national dernièrement réévalué ».

Mieux, les mesures internes prises en 2022 chez Total en faveur des salariés français, déclinées en revalorisation des salaires et en intéressement et participation, ont eu pour effet de porter la rémunération moyenne mensuelle totale des opérateurs de raffineries de TotalEnergies en France à… 5 000 euros. (Ceci sans compter l’avoir énergie de 150 euros octroyé en mars aux salariés abonnés en gaz et électricité chez Total et la prime énergie de 200 euros payée en juillet à tous les salariés.)

Mais 5 000 euros ! C’est un vrai revenu de riches, ça ! Prenez les 4 000 euros de Hollande en 2012, appliquez-leur l’inflation sur la période, année 2022 comprise, et vous n’arrivez qu’à 4 550. Alors 5 000 ! Selon les canons vertueux de la gauche, c’est l’horreur absolue. 

On savait déjà que la CGT, éventuellement flanquée de ses comparses SUD et FO, était d’autant plus opposée à toute réforme des retraites qu’elle craignait de voir certains régimes très spéciaux disparaître – vous savez, ces régimes spéciaux soutenus par l’argent du contribuable où les salariés partent plus tôt que les autres, avec des pensions calculées sur les salaires de leurs six derniers mois contre 25 ans pour le régime commun, après avoir cotisé moins et moins longtemps que les autres.

On savait aussi qu’elle n’a jamais hésité à faire des demandes sociales complètement délirantes, enchaînant grèves, chantages et occupations de locaux, quitte à pousser les entreprises bloquées sur son instigation à la faillite et à la fermeture. Bel acquis social !

Et l’on savait en outre qu’épinglée en 2020 par la Chambre régionale des Comptes d’Île-de-France pour sa gestion désastreuse de la maternité parisienne des Bluets, elle s’était appuyée pour sa défense sur le fonctionnement… du marché et le droit… au profit ! On croit rêver, mais non.

On découvre maintenant que prenant prétexte de l’inflation qui affecte profondément le pouvoir d’achat de nombreuses familles en difficultés réelles, elle ne voit aucun problème à bloquer la France entière au bénéfice exclusif de salariés fort bien traités par leur employeur.

Oh, bien sûr, la CGT nous la joue et se la joue sur le mode grèves, manifs, blocages, mégaphones, merguez et slogans chocs tels que « Bloquons la machine à profits ». Et il n’est pas rare de tomber sur un cadre dirigeant se revendiquant ouvertement du léninisme. Mais qu’elle se méfie quand même. Au rythme où elle va, elle est en bonne voie de devenir… le syndicat des riches ! 


Illustration de couverture : Pénurie de carburant suite au blocage des raffineries par la CGT. Octobre 2022. Photo AFP.

23 réflexions sur “RAFFINERIES : où l’on découvre une CGT syndicat des RICHES !

  1. De plus cette action syndicale prive les plus démunis d une ristourne de 0,30€ pour le mois d octobre.
    Le gouvernement avec les moyens coercitifs à sa disposition tarde à agir pour mieux se défausser sur les gens ceci afin de masquer leur incompétence.er laisse volontairement s installer la pagaille

  2. Bonjour d’abord, la crise economique actuelle, inflation, flambée du prix de l’energie, et fin de l’abondance, est causée par les erreurs ou actes volontaires des élus, de leurs conseillers, et des lobbys.

    Ensuite les deputes français, ainsi que les membres du dinosaure européen, ont tous eu droit à une augmentation conséquente de leurs émoluments pourtant déjà bien rondelets. Et ce malgré le peu d’utilité de ceux-ci, voir leur nuisance, et leur faible présence à l’assemblée.

    Alors il est tout à fait justifié que des travailleurs efficients et utiles réclament aussi cette augmentation, meme s’ils ont déjà un revenu confortable.

    Ne leur faisons pas porter le chapeau, ne copions pas macron et tous ces décideurs jamais responsables, qui culpabilisent constamment les autres, les gueux.

    • Avant même de parler de crise, il serait bon de se poser la question de savoir pourquoi une grève de raffineries en france peut bloquer le pays ?
      La réponse : la réglementation qui empêche d’importer du carburant si on n’a pas une autorisation délivrée par les autorités (il me semble que Leclerc en a une – où en a eu une – , obtenue de haute lutte).
      Donc nous sommes captifs et les syndicats peuvent obtenir ce qu’ils veulent avec la complicité du gouvernement qui protège le marché

  3. Je ne sais pas si ce souvenir personnel, qui est un peu ancien, a sa place ici, mais pour certains, la CGT est indiscutablement un super syndicat.
    Jugez-en : en 1980 quand le Tribunal de Commerce prononce la dissolution de Manufrance à Saint-Étienne, où plus de 1800 salariés se retrouveront à la rue, les syndicalistes qui avaient contribué, dans un premier temps, à la mise en place de la fameuse Société Coopérative Ouvrière de Production et Distribution (SCOPD) qui a fait flop très vite, et dans un second temps, se sont occupés de faire main basse sur les vélos et autres machines à coudre, qu’ils faisaient sortir de l’usine, ne se sont pas retrouvés à la rue.
    J’en veux pour preuve ce jeune syndicaliste CGT qui à l’époque, me touchait d’assez près, a été immédiatement recyclé à EDF où il a pu continuer ses activités syndicales comme si de rien n’était.

  4. Les syndicalos ne défendent que leurs propres intérêts et s’accrochent à leurs avantages sociaux (qu’ils nomment acquis) comme patelle à un rocher.

    Corporatisme et népotisme sont dans un bateau……

    Ils furent beaucoup plus taiseux lors de la crise du Covid et de ses dommages collatéraux.

  5. Il serait temps d’interdire les merguez. Je ne vois que ça.

    D’ailleurs, les merguez font bobo à la planète : une première fois quand la vache pète, et une deuxième fois quand on fait griller la saucisse.

  6. Bientôt, nous pourrons nous targuer de ressembler à la Corée du Nord, avec ses contingences et contraintes énergétiques, au point d’être aisément reconnaissable sur un cliché satellitaire nocturne.

    Gazogènes, vélos-taxis, dynamos enfiévrées, passe énergétique après le vaccinal. Borne(s) dépassée(s).

    La Nouvelle-Zélande, semble-t-il , souhaite taxer les pets de vac…. émissions de gaz à effet de serre.
    Que ne recueillons-nous pas le produit des vicissitudes gastro-intestinales de nos bovidés afin de pallier la pénurie de carburant ?

  7. Lu à l’instant :

    Parmi les fléaux qui accablent les Français, un des plus vieux se rappelle à leurs bons souvenirs : la CGT. Le syndicat a reconduit sa grève dans les raffineries et le « mouvement », qui paralyse peu à peu les Hauts-de-France, le Grand-Est et l’Ile-de-France, menace de gagner tout le pays.

    Trois des huit raffineries de la France métropolitaine sont à l’arrêt en ce début de semaine. Les grévistes des sites de TotalEnergies près du Havre (la plus grande raffinerie de France) et d’ExxonMobil à Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), ont voté lundi la reconduction de la grève pour vingt-quatre heures. Or elle dure depuis deux semaines. Dans les endroits le plus touchés, la ruée des automobilistes dans les stations-service précipite la rupture des stocks. Certains distributeurs, comme d’habitude, en profitent pour faire grimper les prix, malgré les objurgations du gouvernement.

    « Pas de panique ! » a lancé Emmanuel Macron. Mais instruits par l’expérience des talents d’anticipation et de réactivité du pouvoir, les Français ont désormais le réflexe d’interpréter a contrario les formules lapidaires du président de la République. Le gouvernement a certes puisé dans les stocks stratégiques et permis aux camions citernes de circuler le weekend dernier, assurant qu’il n’y a pas de pénurie, et que les dépôts sont pleins. Encore faut-il que les camions citernes puissent s’y approvisionner et en sortir…

    En guise de première riposte, le gouvernement a publié le salaire moyen d’un salarié de TotalEnergies (environ 5000€ par mois avec les primes). Ce procédé douteux n’a pas manqué d’exciter l’ire des grévistes qui, quel que soit leur salaire, ont le droit de demander un rattrapage de l’inflation. Naturellement, la Première ministre appelle la direction de Total et la CGT à rouvrir les discussions. Jusqu’à présent, c’est un dialogue de sourds : Total propose d’avancer les négociations salariales annuelles de novembre à ce mois d’octobre, mais exige en préalable que les grévistes suspendent leur mouvement. La CGT refuse. La CFDT se démarque en condamnant cette grève qui anticipe toute négociation en bloquant le pays : « À la CFDT, nous interpellons la direction sur le partage de la valeur et le pouvoir d’achat, mais nous ne crions pas avant d’avoir mal, en mettant au passage la France entière à l’envers » déclare au Figaro (11 octobre) Geoffrey Caillon, coordinateur CFDT de la branche raffinage de TotalEnergies. Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, confirme que son syndicat n’est pas favorable aux « grèves préventives ».

    L’indifférence de la CGT à la situation des Français est une vieille habitude héritée de ses origines communistes. Devenue un syndicat minoritaire dans un pays très peu syndiqué, elle garde une capacité de nuisances totalement déconnectée de sa représentativité. À l’affût de toute occasion de blocage, elle a sauté sur les profits records de Total et sa ristourne promotionnelle de 20 centimes par litre de carburants pour arrêter ses raffineries et bloquer ses dépôts. Une poignée de grévistes y suffisent. Sur Europe 1 (vidéo en lien ci-dessous), Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, s’indigne de cette « grève préventive » qui accable les Français déjà traumatisés par la guerre en Ukraine, l’explosion des factures du gaz et de l’électricité (puisque la France, contrairement à l’Espagne et au Portugal, se soumet à la règle de l’UE d’aligner le tarif de l’électricité sur celui du gaz), sans oublier l’arrêt de la moitié de nos centrales nucléaires…

    Reposons la question : que peut faire le gouvernement pour débloquer les raffineries et les dépôts de carburant ? Prendre son courage à deux mains pour réquisitionner une entreprise privée mais dont l’activité conditionne celle de tout le pays, y compris la continuité du service public. C’est ce qu’ont demandé instamment Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat (sur RTL le 9 octobre), et Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France, la plus touchée par la pénurie de carburant créée par la grève dans les raffineries (sur Franceinfo le 6 octobre). Depuis la loi du 18 mars 2003, la réquisition est un pouvoir du préfet en cas d’urgence, à condition que le bon ordre, la salubrité, la tranquillité ou la sécurité publique soient menacés.

    S’agissant du blocage des dépôts de carburant, le gouvernement vient de s’y résoudre : la première ministre Élisabeth Borne a annoncé ce mardi 11 octobre la réquisition des personnels pour le déblocage des dépôts de carburants du groupe Esso-Exxonmobil, après qu’un accord salarial y a été conclu par deux organisations syndicales, majoritaires. Mais il ne s’agit pas (pas encore ?) des raffineries, donc d’engager un bras-de-fer avec la CGT. À suivre !

    Philippe Oswald

    • La défense de leurs intérêts partisans et la préservation de leurs avantages sont les seules motivations de ces gens-là.
      « Pas de panique » lance le poudré. Si ça s’éternise, on verra ce qu’il en sera aux stations, avec des usagers de la route excédés; encore pris en otages.

      Si ceux-ci ou nous-mêmes nous avisions de faire grève, nous nous verrions alors proposer d’aller traverser la rue pour trouver très aisément un autre travail.

      Dixit le même poudré.

    • Les pénuries de sucre amène aussi à des réflexes de réserve au détriment des autres sans être pour autant cégétiste la réquisition est à double tranchant elle peut finir en nationalisation du tissu économique.

      • Désolée mais je ne vois pas de « réflexe de réserve » dans le blocage de la France par quelques irresponsables ayant pris Mélenchon pour « guide spirituel ».

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