Après les fusillades “Charlie” des 7, 8 et 9 janvier 2015 qui ont causé la mort de 17 personnes dont 4 juifs dans l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, le Premier ministre Manuel Valls a plusieurs fois rappelé son soutien et le soutien de la France aux Français de confession juive. La fusillade de Copenhague de samedi 14 février dernier, ainsi que la profanation de centaines de tombes juives dans un cimetière du Bas-Rhin vendredi 13 ou samedi 14 février, lui ont donné l’occasion de renouveler ce soutien.
Lors de la matinale de RTL de ce lundi 16 février 2015, il a déclaré : “Mon message aux Français juifs est le suivant (…) : la France est blessée comme vous et la France ne veut pas votre départ. La France vous dit une nouvelle fois son amour, son soutien, sa solidarité. Cet amour est bien plus fort que les actes de haine, fussent-ils répétés.” Dans la même émission, Manuel Valls a aussi appelé l’islam de France à prendre “totalement ses responsabilités” pour “combattre l’islamo-fascisme.“
De son côté, le Président Hollande a réaffirmé que les juifs “ont leur place en Europe, et en France en particulier (…) À nous d’assurer à tous les juifs de France, plus largement à tous les citoyens de France, la sécurité, le respect, la reconnaissance et la dignité.”
Une fois n’est pas coutume, je partage absolument les propos de François Hollande et de son Premier ministre tels que reproduits ci-dessus. Les Français peuvent décider de vivre où bon leur semble, mais la patrie naturelle des Français, quels qu’ils soient, c’est bel et bien la France. Et le rôle de la France, peut-être son seul rôle au fond, c’est bel et bien d’assurer la sécurité de ses citoyens.
S’agissant des juifs, ils sont présents sur le sol français depuis des siècles. Il est particulièrement choquant de les voir partir, contraints et forcés par la violence et la haine d’islamistes radicaux dont les actes sont totalement contraires aux valeurs de tolérance et de liberté de la France, ou tout au moins aux valeurs que la France souhaite promouvoir en son sein. Ce qui est choquant, ce n’est pas qu’ils partent, car bien sûr ils sont libres. Mais c’est de réaliser combien la France a manqué à ses devoirs de protection de tous ses citoyens en fermant trop les yeux sur les dérives de l’islamisme.
Pour autant, je n’approuve pas du tout, loin s’en faut, les petites piques politiciennes que Manuel Valls a cru bon de décocher au passage à Benyamin Netanyahou, Premier ministre israélien. On parle des valeurs de la France la main sur le cœur, et dans la même respiration on tombe dans des disputes mesquines ; ce n’est pas très glorieux.
Depuis les attentats de Charlie Hebdo, Netanyahou appelle les juifs de France à rejoindre Israël (et depuis la fusillade de Copenhague, il lance le même appel aux juifs danois). “Ce n’est pas parce qu’on est en campagne électorale qu’on doit se permettre n’importe quelle déclaration”, a commenté Manuel Valls.
Le fait est que des élections législatives vont se tenir le 17 mars prochain en Israël et que la campagne électorale bat son plein. Alors que Netanyahou et son parti, le Likoud, accusent la gauche israélienne de sacrifier la sécurité d’Israël, la gauche israélienne accuse Netanyahou d’opportunisme en utilisant les événements européens à son profit. Manifestement, Manuel Valls a décidé de donner un petit coup de main à son camp politique.
Il est bien évident que les hommes politiques en campagne électorale sont capables de toutes les hypocrisies et de beaucoup de mauvaise foi, mais en l’occurrence, l’invitation de Benyamin Netanyahou ne fait rien d’autre que se conformer aux motivations originales du sionisme, c’est-à-dire donner un “abri permanent au peuple juif”.
Il n’est sans doute pas inutile de se rappeler que le mouvement sioniste a été théorisé et fondé par Théodore Herzl (1860-1904), écrivain et journaliste austro-hongrois, envoyé couvrir l’Affaire Dreyfus à Paris par son journal Die Neue Freie Presse. Peu intéressé par le sionisme avant l’Affaire, il est si profondément marqué par la dégradation d’Alfred Dreyfus et par le déferlement d’antisémitisme concomitant qu’il change complètement d’avis et développe ses thèses dans son livre Der Judenstaat (L’Etat Juif en français et The Jewish State en anglais).
Précisons aussi par souci d’équité que les préventions initiales de l’armée française à l’égard du Capitaine Dreyfus ne concernaient pas tant sa confession juive que ses origines alsaciennes. C’est la presse d’extrême-droite emmenée notamment par Édouard Drumont qui va diriger le projecteur sur l’antisémitisme.
La Shoah n’a pas été l’élément déclencheur du sionisme, mais elle a clairement agi comme catalyseur et comme justification a posteriori des thèses de Herzl. L’État d’Israël verra finalement le jour le 14 mai 1948, dernier jour du Mandat britannique sur la Palestine. La partition de la Palestine en deux États distincts avait reçu le vote positif de l’ONU le 29 novembre 1947.
Depuis lors, cet État entend jouer son rôle de foyer du peuple juif chaque fois que les juifs en ressentent le besoin. Il ne s’agit pas d’une obligation, mais d’une proposition qu’il paraît difficile de reprocher à Israël.
Illustration de couverture : Manuel Valls, Premier ministre du Président François Hollande de mars 2014 à décembre 2016.
Chère Nathalie,
Vous me dites par ailleurs que vous avez mis mon blog musical parmi vos liens, et j’en suis honoré.
Sur le sujet que vous évoquez dans le présent article, il y aurait bien des choses à dire… Pour ma part, j’espère une venue massive des juifs de France et d’ailleurs en Israël, car je crois que c’est le destin du peuple juif de s’y retrouver.
Bien cordial Shalom d’Ashkelon sous le soleil et le ciel bleu!
Merci beaucoup pour votre commentaire. Au plaisir de vous lire sur Face Book ou sur vos autres blogs !