COVID : Alléger les contraintes ? Mais FAITES-LE, M. le Président !

Cet article est la suite de Pass sanitaire : perseverare diabolicum publié ici le 31 août 2021.

Décidément, en matière de Covid, Emmanuel Macron et son gouvernement s’y entendent pour souffler perpétuellement le chaud et le froid.

Dans un récent échange avec des passants qui s’est tenu au moment où l’on apprenait que le taux d’incidence de l’épidémie était repassé sous la barre des 100 cas par semaine pour 100 000 habitants au niveau national (79,2 au 16 septembre), le Président de la République avait à peine évoqué la possibilité « d’alléger un peu les contraintes » dans certains départements (on pense immédiatement au pass sanitaire) que ses services nous invitaient promptement à ne surtout pas « surinterpréter » ses propos.

Excellente mise-en-garde. Après tout, il y a seulement deux semaines, son ministre de la Santé et lui-même se roulaient dans le fanatisme sanitaire le plus absolu en envisageant tout à l’inverse de prolonger le pass sanitaire au-delà de la date de fin actuellement fixée au 15 novembre 2021 « si le Covid ne disparaissait pas de nos vies ». 

Et puis rappelons-nous. Emmanuel Macron n’avait-il pas promis à l’ouverture de la campagne de vaccination que le vaccin ne serait pas obligatoire ? « Je l’ai dit, je le répète » avait-il alors tweeté, comme s’il s’agaçait qu’on lui repose éternellement une question à laquelle il avait donné une réponse définitive. N’avait-il pas promis ensuite que le pass sanitaire ne serait « jamais » un outil de discrimination entre les Français et qu’il ne concernerait pas les actes de la vie quotidienne ?

Résultat, le 12 juillet dernier, il annonçait l’instauration à compter du 9 août d’un pass sanitaire dans les lieux accueillant plus de 50 personnes, rendant de fait la vaccination indispensable pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les transports, les cinémas, les musées, les théâtres, les salles de concert et les restaurants, terrasses comprises.

Revirements, reniements, activisme sanitaire fébrile et désordonné d’un exécutif qui ne sait pas où il va mais veut absolument garder la main sur tout ? Que nenni ! Seul le pragmatisme le mieux informé des réalités du terrain guide l’action du gouvernement ! « On va faire ça comme d’habitude, avec pragmatisme » a complaisamment expliqué Emmanuel Macron aux passants mentionnés ci-dessus à propos d’un possible allègement des contraintes. On se retient pour ne pas rire.

Mais ne nous y trompons pas. Si, par exemple, certains centres commerciaux de plus de 20 000 m2 ont été exclus du dispositif la semaine dernière, n’y voyons nullement l’effet du « pragmatisme » éclairé dont le gouvernement se flatte mais une reculade totalement imprévue dictée par les décisions difficilement négligeables de suspension du pass sanitaire prises par plusieurs tribunaux administratifs.

Comme il n’était pas question pour le gouvernement de dire qu’il s’inclinait devant les plaintes déposées par les citoyens, il a trouvé un critère « pragmatique » de levée de la contrainte : que le taux d’incidence du département d’implantation du centre commercial soit inférieur à 200 cas par semaine pour 100 000 habitants et en décroissance continue depuis au moins sept jours.

Maintenant que le taux d’incidence se situe largement sous les 200 cas voire aux alentours de 100 dans presque toute la France (sauf Bouches du Rhône, Guadeloupe, Martinique et Guyane) ne serait-il pas temps d’abandonner toutes les mesures d’exception et de s’en remettre à la responsabilité des citoyens ? Mais bref. Les critères changent en permanence et n’ont d’autre raison d’être que de justifier a posteriori les décisions gouvernementales.

Pendant ce temps, de l’autre côté de la Manche, le gouvernement de Boris Johnson a décidé de ne pas instaurer de pass sanitaire en Angleterre.

Constatant que le taux de vaccination de la population était déjà très élevé et confessant qu’il n’était guère partisan de demander aux gens leurs papiers pour accomplir les actes les plus simples du quotidien, le ministre de la Santé britannique a souligné aussi combien il était préférable de s’en tenir aux réalités de terrain sur le plan sanitaire comme sur le plan économique plutôt que de faire les choses pour le plaisir de les faire ou pour s’aligner sur les décisions des autres :

Or si le Royaume-Uni est largement vacciné, c’est aussi le cas de la France qui, après un démarrage laborieux, se paie même le luxe de dépasser son voisin insulaire d’une courte tête :

Dans ce graphe du site Our World in Data, les chiffres France sont arrêtés au 14 sept 2021.

D’après les données du gouvernement au 14 septembre 2021 reprises par le site covidtracker74,1 % des Français ont reçu au moins une dose de vaccin et 70,1 % ont reçu toutes les doses requises (graphique de gauche). Si, plus logiquement, on ne considère que la population éligible, c’est-à-dire les personnes âgées de 12 ans et plus, ces taux montent à 86,1 % et 81,4 % respectivement (graphique de droite) :

   

Et finalement, si l’on ne considère que la population majeure, on arrive même à un taux de 83,8 % de personnes complètement vaccinées :

Malgré cela, on trouve des commentateurs pour se lamenter que le nombre de primo-vaccinations quotidiennes soit en baisse constante depuis plusieurs semaines, de l’ordre de 60 000 actuellement contre 370 000 au cœur de l’été. Je ne voudrais pas trop les chagriner, mais peut-être devraient-ils se préparer à l’idée qu’un jour assez prochain, la campagne de vaccination anti-Covid va prendre fin. S’imaginer qu’on pourrait atteindre une couverture de 100 % n’est pas seulement illusoire ; cela témoigne d’un absolutisme vaccinal aussi politiquement rigide que sanitairement inutile.

Et pourtant, tout se passe comme si Emmanuel Macron, dans une mentalité typique du premier de classe qui ne supporte pas d’arriver second, voulait absolument supplanter tous ses pairs. La vaccination avait mal démarré ? L’Allemagne, le Royaume-Uni, Israël étaient déjà loin devant quand la France n’avait même pas commencé ? Il ne serait pas dit que la France resterait longtemps le vilain petit canard de la classe. La patrie des droits de l’homme sera la patrie de la vaccination… et tant pis s’il faut sortir la contrainte du pass sanitaire pour cela.

Et de se donner des objectifs dignes d’un lourd plan quinquennal – tant de centres de vaccination ouverts, tant de soignants dédiés à la tâche, tant de primo-injections réalisées par jour, tant de vaccinés à telle date, etc. – avec une véhémence qui donne fâcheusement l’impression que la réalisation du chiffre importe plus que l’objectif sanitaire lui-même et bien plus que la sortie de l’état d’exception qui continue à entraver profondément nos libertés individuelles et économiques alors même que la pandémie régresse. 

Le plus désolant dans cette affaire, c’est que bien rares sont les personnes qui pensent encore que les libertés individuelles et économiques sont précieuses. Mieux, c’est-à-dire en fait pire, il se trouve même des Grandes Gueules médiatiques suffisamment indifférentes aux contraintes qu’elles font peser sur les autres pour s’opposer à la levée du pass sanitaire, non pas parce que la pandémie redoublerait de virulence, mais au motif très politique et fort peu sanitaire que cela donnerait raison… aux antivax !

Mais à ce compte-là, on n’en sortira jamais ! Et du reste, quelle étroitesse d’esprit que de croire que l’opposition au pass sanitaire se limite aux antivax ! 

Je suis pour ma part vaccinée deux fois depuis longtemps et ce genre de raisonnement tordu tout empreint d’un misérable petit autoritarisme malheureusement fort répandu tombe à pic pour me convaincre plus que jamais qu’il devient urgentissime de mettre fin au dangereux contrôle social qui se répand dans notre société comme un poison à la faveur du pass sanitaire.


Illustration de couverture : le pass sanitaire est exigé en France depuis le 9 août 2021 dans les lieux accueillant plus de 50 personnes.

24 réflexions sur “COVID : Alléger les contraintes ? Mais FAITES-LE, M. le Président !

  1. Je suis d’accord avec votre dernière phrase. Je n’ai reçu qu’une dose de vaccin, mais vu la façon dont j’ai été reçue dans le centre de vaccination (« N’ayez pas peur ma brave dame on ne va pas vous injecter la 5G »), j’ai vraiment hésité. J’attendrais décembre et le vaccin Sanofi pour la deuxième dose.
    Je suis entièrement d’accord avec vous sur le contrôle social qui s’installe, dans lequel j’inclurais le contrôle de la police des polices par une nouvelle « entité indépendante » selon Macron, et le contrôle des médias.
    Il ne faut pas relâcher la bride aux français.

  2. Bravo Nathalie, comme à votre habitude vous dites l’essentiel avec concision et clarté. Par exemple : « Les critères changent en permanence et n’ont d’autre raison d’être que de justifier a posteriori les décisions gouvernementales ». J’applaudis des deux mains, sans réserve et avec grand enthousiasme.

    Un sujet qui me tient à coeur : la relégation sociale des mineurs. A l’heure où j’écris ces lignes de nombreux ados sont exclus des cours de musique, de danses, des clubs de sport, y compris du foot qui se joue en plein air dans des stades, etc. C’est de la maltraitance pure et simple.

    De même je trouve proprement dégueulasse de ne plus payer les soignants non-vaccinés, ceux-là même que ce gouvernement avait envoyé au casse pipe sans autre protection que des sacs poubelles. C’est sans précédent dans le droit du travail, d’une brutalité hors norme.

    Le Canard Enchaîné a publié un article qui montre que les services hospitaliers sont tellement désorganisés que beaucoup d’interventions ont du être déprogrammées. Ils citent un chirurgien qui a dû quémander une place auprès de ses confrères du privé pour une opération d’urgence concernant une malade avec un cancer en stade avancé. Mais ce n’est pas grave, tant que cette dame est vaccinée elle peut bien crever sans soin parce qu’en dehors du COVID plus rien ne compte.

    Tout ça au nom d’une idéologie bornée que vous avez raison de qualifier de « fanatisme sanitaire ». Oui ces gens sont des fanatiques. Ce qui m’inquiète le plus c’est le suivisme zélé des médias dont vous donnez un exemple avec ce tweet effroyable de RMC, un media du régime qui appartient au même groupe que BFM, en gros ce qui se fait de pire en France à tous points de vue.

  3. Les vaccins et autres antibiotiques sont les moteurs de la prolongation de la vie sans eux je serais mort depuis des lustres. Cependant, pour cette pandémie ce Pass-sanitaire ne passe pas, le boulot de nos autorités est de convaincre et non de contraindre. En outre, j’observe une absence d’exemplarité lorsque nos députés votent cette mesure mais refuse de l’appliquer à l’Hémicycle ou ces conseils de défense opaques ou ces contrats signés en toute opacité au nom du peuple Francais.

    Un jour ils parleront peut être de la dette et là il faudra convaincre.

  4. Un autre point relatif à ce sujet : le passe sanitaire est la première mesure mise en place dans l’histoire pour contraindre quelqu’un par la menace à effectuer une action que la loi n’exige pas. Ca me semble important de souligner que les mesures d’exclusions et de rétorsion ne visent pas à sanctionner un fait illégal, comme le ferait par exemple une condamnation judiciaire ou une amende, mais à punir un comportement que la loi autorise pourtant bel et bien.

    Maintenant que ce procédé de gangster a été validé par l’opinion, il sera utilisé à l’avenir pour contraindre la population à se plier aux futures exigences du gouvernement quand bien même aucune infraction n’aura été commise, la contestation étant étouffés par les moyens d’intimidation, de menace et de propagande qui ont été mis au point durant cette crise du COVID par les médias du régimes et les exaltés de twitter. Je ne suis pas certain que tout le monde a bien mesuré l’ampleur du changement qui vient de s’opérer.

    • Mais justement, c’est dans la loi. Et c’est bien cela le problème du droit dit positif. Une majorité législative peut y inscrire ce qu’elle veut, y compris les lois les plus scélérates et les plus oppressives…

      Les exaltés de twitter : il y a toutes sortes d’exaltés…. et pas que chez les soutiens du gouvernement et du pass sanitaire, loin s’en faut.

      • Effectivement, les exaltés sont de tous bords. Par contre, les campagnes orchestrées de dénigrement, de harcèlement et de chasse en meute, qu’elles viennent des médias du régime ou des vindicatifs de twitter sont une spécificité des soutiens du pouvoir, de la majorité complaisante à l’encontre d’une minorité montrée du doigt, stigmatisée, bouc-émissarisée, et je le dis d’autant plus volontiers que je n’en fais pas partie, étant vacciné.

        Pour ma part, je n’ai pas de compte Twitter, je déteste ce réseau social qui incite chacun à exprimer ce qu’il y a de pire en soi. Et je ne pense pas que ce soit le cas de tous les réseaux sociaux.

        S’agissant de la loi, une fois de plus vous avez raison. Je voulais simplement souligner que le gouvernement n’a pas fait voter une obligation vaccinale mais un dispositif alambiqué et pervers qui lui permet d’imposer une obligation sans jamais prononcer le mot, ce qui lui permet au passage de s’exonérer de toute responsabilité en cas d’effets secondaires des vaccins. Je persiste à penser qu’il s’agit d’un précédent dangereux, même si je me rends à vos arguments, tout à fait justes.

      • Il y a une chose que je ne pige pas c’est la création de la loi et les mathématiques qui vont avec: 577 députés, 230 présents, la loi est passée avec 156 pour, 60 contre et 14 abstentions..

        Bref ils étaient où les absents ?

      • Dans le film « le parrain » il y a cette scène restée célèbre dans laquelle Don Corleone promet à un de ses protégés qu’il lui obtiendra le rôle que ce dernier attend d’un producteur de cinéma. « Je vais lui faire une offre qu’il ne pourra pas refuser ». Tout le monde pense alors qu’il s’agit d’une forte somme d’argent mais dès la scène suivante on comprend que c’est d’une menace de mort qu’il s’agit.

        C’est la fameuse scène dans laquelle le producteur se réveille dans son lit et constate la présence à ses côtés de la tête, séparée de son corps, de son cheval de course. L’expression “I’m gonna make him an offer he can’t refuse » est depuis entrée dans le langage courant au Etats-Unis. C’est parce que le passe sanitaire relève du même type d’intimidation que je parle volontiers de méthode de gangsters.

        Quand au suivisme de la majorité il s’explique en premier lieu par cet effet qui consiste à désigner à la majorité une minorité qui serait coupable de tous les maux du moment, ce que nous connaissons depuis longtemps sous le terme de boucs émissaires. C’est ce vieux procédé des régimes autoritaires que Macron a utilisé : rassembler la majorité en agitant le spectre de l’ennemi intérieur, forcément une minorité, sinon c’est la guerre civile. Et comme vous le voyez, ça fonctionne tout le monde a fait bloc.

        L’autre facteur qui explique la passivité voire l’appui de la majorité c’est comme vous l’écrivez fort justement la gestion par la peur. La moindre critique est aussitôt accueillie par une campagne de dénigrement et de diffamation orchestrée et mise en oeuvre par les médias du régime. Effet décapant garanti pour les victimes et effet dissuasif tout aussi garanti pour ceux de la majorité qui oseraient sortir du rang. En entreprise, on connait ça depuis longtemps, et ça s’appelle la gestion par la terreur.

      • Je vais sans doute vous paraître désagréable, mais ce qui me choque dans ce que vous dites, ce n’est pas tant le fond, que tout le monde voit bien, mais la forme, le ton, cette manière de croire que la situation que vous décrivez est inéluctable : Macron utilise le vieux procédé des régimes totalitaires ? Qu’importe puisque ça fonctionne !
        Mais il y a peut-être un autre biais, moins désespérant d’appréhender la situation où nous sommes, qui laisse entrevoir une solution possible, comme celle-ci par exemple :

      • @Marianne Arnaud : merci pour cette vidéo, je l’ai ajoutée à ma liste de lecture. Désolé pour le ton pessimiste. Mais force est de constater qu’il n’y a eu aucune réaction immunitaire de la part d’une grande partie de la population ni même des partis de gouvernement. Quelques uns ont sauvé l’honneur à LR, dont François-Xavier Bellamy, un grand politique.

  5. La solution vaccinale a été trouvée en un temps record, du jamais vu. Il aurait été normal d’être beaucoup plus prudent et de se ménager d’autres moyens de combat, chercheurs et soignants de terrain, auraient pu modestement s’efforcer de soulager et de guérir chaque malade. Mettant alors en commun leurs constats et leurs résultats, des solutions auraient probablement vu le jour. Non seulement cela n’a pas été fait mais strictement interdit !

    C’est la négation de la liberté d’entreprendre, l’irresponsabilité et l’impunité du pouvoir administratif qui ont déterminé une voie de combat unique contre COVID : le vaccin.
    Le marché, toujours oublié mais toujours là, est plus porteur pour un médicament qui guérit que pour un vaccin qui se cherche. Heureusement le médicament est évidemment dans les tuyaux. Ceux qui ont eu la prétention d’interdire les soins au profit du vaccin risquent de se trouver devant une sacrée facture.

    Les ressortissants européens ne sont que 19% à penser que leur gouvernement fournit des informations fiables sur les vaccins Covid-19. Or la confiance plus que l’obligation au moyen du pass sanitaire, est un ingrédient clé pour assurer le succès d’une politique de vaccination.
    https://fr.irefeurope.org/Publications/Articles/article/L-attitude-des-Europeens-face-a-la-vaccination

    Boris Johnson qui conçoit la vie comme une aventure où la prise de risque se trouve au cœur du sujet a donc abandonné l’idée du pass-sanitaire. Il peut à l’occasion paraître brouillon mais il ne l’est pas. Élu deux fois maire de Londres, libéral et conservateur, il est apprécié pour son pragmatisme.

    Même si le pass-sanitaire est suspendu, il est potentiellement de retour avec une vague en octobre et une 3ème dose et… être employé en d’autres occasions, le climat par exemple pour surveiller la fréquence, la justification et les moyens de nos déplacements…

  6. Pour Nathalie, avec toutes mes excuses si vous estimez que j’ai abusé, mais je n’ai rien trouvé de plus intelligent à faire que d’envoyer un lien sur votre article, en réponse à ce monsieur Corcos.
    Quant à la réponse de Véronique Allouche, elle conviendrait sans doute à Lionel, mais je la trouve désespérante, et je ne saurais pas y répondre. Cela devient très compliqué pour moi :

    https://benillouche.blogspot.com/2021/09/antivax-lultra-droite-la-manuvre-12-par.html

    • J’ai lu l’article que vous mentionnez, on est dans la caricature la plus totale. L’opposition au passe est balayée en une ligne sous le prétexte que cette opposition consisterait « à imposer un droit à contaminer les autres ». Aucune réflexion, aucun argument.

      Le reste de l’article est une diabolisation des opposant sous le prétexte fallacieux que le mouvement serait d’extrême-droite voire antisémite. Ils ont réussi à trouver LA manifestante avec une pancarte antisémite et on en a entendu parler en long en large et en travers sur tous les médias du régime. Pour avoir participé à plusieurs manifestations à Annecy je peux vous garantir qu’il n’y avait AUCUN slogan ou pancarte antisémite. Mais comme vous le savez, quand on veut tuer son chien, etc.

      L’article reprend par ailleurs tous les poncifs de la conspiration d’ultra-droite, avec les références « qualitatives » habituelles comme par exemple l’organisation Conspiracy Watch qui a fait de la dénonciation malveillante son fonds de commerce. Pour ma part, j’ai cessé de faire des dons au Mémorial de la Shoah quand j’ai appris qu’ils finançaient cette organisation.

      Je veux bien être critiqué et contredit, mais de grâce que ce soit au moins sur nos positions et non pas sur celles que nos adversaires aimeraient nous voir adopter. Cette accusation d’antisémitisme n’a qu’un seul but : intimider les opposants, leur dénier le droit à la parole. Mais ça n’a pas fonctionné et après plusieurs semaines de manifestations, même nos adversaires les plus opiniâtres ne misent plus sur cet argument stérile. Comme disait notre Chichi national, c’est un subterfuge qui a fait pschit.

      Ceci étant dit, l’antisémitisme existe, il fait des morts dans notre pays, comme le Dr Sarah Halimi, sauvagement assassinée pour ce qu’elle était. Et je ne parle pas de tous ces gens qui ont du quitter leur ville comme ça s’est passé en région parisienne. Je suis le premier à dire qu’il faut combattre par tous les moyens l’antisémitisme. Aucune compromission possible. Encore faut-il le chercher là où il se trouve vraiment, à gauche, à l’extrême droite et à l’extrême gauche.

      • @Faut qu’ça bêle ! : oui vous avez raison. Il existe bien un antisémitisme diffus dans la société française, mais il est nettement moins radical et violent que celui d’importation que vous mentionnez. Et de fait, s’il était le seul à exister on n’en parlerait pas beaucoup.

      • Disons que grâce à une habile jonction avec le nouvel antisémitisme à la Dieudonné, l’antisémitisme traditionnel à la Soral a trouvé la parade de l’antisionisme pour « couvrir » ses turpitudes. Mais parfois il y a des rechutes. Donc pour Soral, l’incendie de ND de Paris était un complot juif !

      • Il y a trois catégories d’antisémitisme en France, et il ne serait pas honnête d’en dissimuler deux au profit de la troisième.

        L’antisémitisme musulman est évidemment le plus virulent, le plus dangereux et le plus récent. Il est de nature théologique, avec des conséquences criminelles.

        Mais n’oublions pas l’antisémitisme communiste, l’antisémitisme de gauche plus généralement. Celui que Marx a théorisé, et qui est à base sociale. Cet antisémitisme-là repose sur la haine de l’argent, du capitalisme et des Etats-Unis. Il considère le Juif comme l’incarnation de ces trois choses.

        L’antisémitisme communiste est d’autant plus dangereux, qu’il est nié avec la dernière énergie par ses thuriféraires, au motif fallacieux que la gauche, à l’image de l’URSS, porte haut l’étendard de la lutte contre l’antisémitisme. C’est exact, mais cet écart entre les paroles et les actes n’en est pas moins réel.

        Il est également dangereux, parce qu’il légitime et amplifie l’antisémitisme musulman, au nom de la lutte commune des « opprimés ». Il y a une ligne ininterrompue entre le congrès de Bakou, en URSS, en 1920, et « l’antisionisme » virulent de la gauche, mâtiné de « soutien à la lutte du peuple palestinien ».

        Finalement, nous avons l’antisémitisme catholique, de droite, historique, à base théologique lui aussi. C’est probablement le moins dangereux. Il infuse à bas bruit dans la société française, depuis si longtemps qu’il en est atténué (voir l’affaire Dreyfus). Il se double souvent de jalousie sociale, avec moins de virulence que le ressentiment social communiste.

        Cependant, les deux dernières formes d’antisémitisme se rejoignent, dernièrement, via le phénomène rouge-brun. Alain Soral en est l’incarnation typique. Marxiste à l’origine, il est volontiers placé, aujourd’hui, à l’extrême droite. Mais son communisme est toujours vivace.

        N’oublions pas que la droite traditionnelle française, la droite catholique, militaire, monarchiste, celle qui a tenu, à travers les âges, le flambeau de l’antisémitisme « sympa », « pittoresque », « pas grave », est aussi une droite de gauche.

        Il n’est que de voir Bernanos, les complaisances communistes de de Gaulle ou le discours contemporain de l’Action française, qui est quasiment marxiste. La haine de l’argent n’est jamais loin de la haine du Juif.

        C’est pourquoi la négation de l’antisémitisme proprement français, au profit de la dénonciation du seul antisémitisme musulman, est trop facile : elle ne rend pas compte de la réalité.

      • @Nathalie : c’est vrai qu’avec Soral et Dieudonné on touche le fond. Ceux qui partagent leurs obsessions sont souvent des personnes désorientées par les incohérences, les mensonges et les turpides des gouvernements, et qui remplissent les blancs en projetant leur délire haineux sur la réalité.

        Nos dirigeants et nos médias, parce qu’ils redoutent par dessus tout ce danger qui nous a menés naguère au bord de l’abîme, s’en prennent violemment à tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à des discours haineux, s’en se rendre compte qu’ils adoptent eux-mêmes les méthodes qui nous entraineront irrémédiablement au bord de l’abîme.

        Je plaide pour ma part pour un retour aux fondamentaux : la séparation des pouvoirs, la démocratie représentative, les libertés individuelles et le consensus. Force est de constater que nombre de nos dirigeants n’y croient plus.

    • @Robert : oui très juste, effectivement, vos rappels sont nécessaires et utiles. Ceci dit, dans notre France contemporaine, je persiste à penser que les menaces concrètes, matérielles, physiques qui pèsent sur les juifs français, ce type de menaces qui obligent les gens à déménager, à embaucher des vigiles pour garder l’entrée des synagogues, ou à masquer les signes trop visibles d’appartenances pour éviter de se faire casser la figure, ces menaces ne viennent pas du catholicisme ni même de l’extrême droite y compris de celle qui dans le sillage d’un Jean-Marie Le Pen ne cache pas ses préjugés antisémites. Ces gens sont certes très antipathiques mais ils passent peu à l’acte, ce qui ne les dédouane pas d’ailleurs.

  7. C’est vrai, les prétextes changent. Au début – vous vous souvenez? – toutes les mesures étaient destinées à « aplatir la courbe » pour ne pas saturer les services de santé. Aujourd’hui qu’il n’y a plus d’urgence épidémique, on prétend obtenir l’immunité de groupe pour éradiquer la maladie. Sauf que le vaccin n’empêche pas la transmission du virus (et peut-être ne la freine-t-il même pas). Sauf que l’immunité donnée par le vaccin est d’assez courte durée et que le virus mute rapidement ce qui contribue encore à réduire l’immunité acquise. Sauf que, même si nous parvenions à une vaccination totale chez nous, il est illusoire de croire que l’on pourra vacciner toute l’Afrique et les autres « pays pauvres » qui agiront toujours en tant que réservoirs. Sauf qu’il existe aussi des réservoirs animaux (visons, chauves-souris) où le virus pourra continuer à survivre et à muter avant de nous réinfecter.

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