Genepi : encore une intéressante histoire de subvention

Mise à jour du 2 août 2021 : Sur fond de confit avec l’administration pénitentiaire, l’association Genepi a annoncé ce jour sa dissolution, estimant que ses interventions en prison (cours, essentiellement) consistent à recouvrir le système carcéral d’un « verni humanitaire » alors que son objectif réel doit être  la lutte « révolutionnaire » pour l’abolition de toutes les formes d’enfermement. Flash-back :

50 000 € représentent bien peu de choses au regard de nos 1 300 milliards de dépenses publiques annuelles, mais, une fois n’est pas coutume, c’est le montant de la subvention que ne recevra plus le Genepi, cette association dédiée initialement à la réinsertion sociale des détenus grâce à des cours dispensés en prison par des étudiants.

Cette décision budgétaire ô combien inhabituelle s’inscrit certes dans le contexte très particulier des relations dégradées entre le Genepi et l’administration pénitentiaire, mais elle n’est pas sans suggérer d’intéressantes possibilités ultérieures de même nature qui pourraient s’avérer très bénéfiques pour nos comptes publics – donc pour notre prospérité économique, et pour notre faculté de choisir nous-mêmes les actions que nous finançons via le don plutôt que la coercition fiscale – donc pour notre liberté.

Le Genepi a été créé en 1976 à l’initiative de Lionel Stoléru, conseiller du Président de la République de l’époque, Valéry Giscard d’Estaing. Sur le plan carcéral, le début des années 1970 avait été marqué par de nombreux mouvements de contestation des prisonniers concernant leurs conditions de détention. Grèves de la faim, émeutes et surveillants pris en otage se succèdent jusqu’à culminer en juillet 1974 avec la mutinerie de la prison de Loos (Nord) notamment.

Le mois suivant, VGE visite les prisons de Lyon et serre la main des détenus. Ce geste inédit met fin aux violences et signe le coup d’envoi d’une réforme pénitentiaire qui donne une large part à la réinsertion sociale. Dans ce cadre, le Genepi a pour objet de faire le lien entre l’univers carcéral et l’environnement professionnel en envoyant des étudiants, issus des grandes écoles au départ, donner des cours en prison.

Entièrement couvée par le ministère de la Justice, l’association développe cependant assez rapidement une philosophie propre qui l’éloigne de ses objectifs initiaux – et de ceux de l’administration pénitentiaire. Voulant à tout prix éviter de cautionner le système carcéral en limitant ses actions à « la réinsertion sociale des personnes incarcérées », elle a redéfini ses statuts en 2011 et œuvre dorénavant :

« en faveur du décloisonnement des institutions carcérales par la circulation des savoirs entre les personnes incarcérées, le public et ses bénévoles ».

La formule est vague mais traduit concrètement une prise de position farouchement opposée à l’enfermement. Il y a certes lieu, encore en 2019, de s’interroger sur les conditions de détention dans les prisons françaises, ne serait-ce qu’en raison de la surpopulation carcérale qui atteint des proportions alarmantes. Mais la position du Genepi va plus loin : c’est le principe de l’incarcération elle-même qui est remis en cause.

S’en est suivie une incompréhension croissante entre ses membres et le personnel des prisons, incompréhension qui a atteint son point paroxysmique en février 2018 lorsque l’association a lancé sa campagne « L’Etat enferme, la prison assassine » (voir photo de couverture).

C’est dans ce contexte tendu qu’à l’automne 2018, la décision tombe : la convention qui liait le Genepi à l’administration pénitentiaire n’est pas renouvelée, de même que la subvention qui l’accompagnait avec une régularité d’horloge depuis le début.

À vrai dire, le torchon brûlait depuis un bon moment, à tel point que l’année précédente, l’administration pénitentiaire souhaitait déjà réduire la subvention à 30 000 €. Mais à la veille de l’élection présidentielle, le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas n’avait pas jugé bon d’accéder à sa requête… C’est la première leçon de cette affaire : les subventions sont opportunistes et clientélistes.

Pour l’heure, le ministère de la Justice considère que les interventions du Genepi en prison sont devenues de moins en moins fréquentes (de 12 500 heures à 5 800 heures annuelles en 4 ans) et que les « cours » dispensés concernent de moins en moins les matières d’enseignement telles que droit ou langues étrangères et de plus en plus des activités plus olé olé du style sport et échanges socio-culturels.

De son côté, le Genepi crie à la décision politique, ce en quoi il n’a pas forcément tort. Le ministère lui reproche clairement de tenir un discours qui a dépassé le stade de la critique pour devenir une attaque en règle contre l’administration pénitentiaire et ses personnels.

D’où la seconde leçon : les subventions sont éminemment politiques et créent une dépendance néfaste entre l’Etat et les entités qui les reçoivent.

Ces dernières s’imaginent qu’elles en bénéficient en raison de leur qualité intrinsèque que l’Etat, dans sa neutralité supposée, serait le mieux à même d’apprécier.

Mais contrairement à l’idée répandue selon laquelle les subventions permettent de préserver l’indépendance financière des acteurs associatifs (ou entreprises) et garantir la pluralité des points de vue (de la presse, par exemple), la réalité oblige à dire que les subventions sont dirigées par l’Etat selon un plan politique et idéologique précis qui correspond aux fins sociales qu’il souhaite encourager.

Dès lors que l’Etat s’estime mal secondé, voire combattu, dans ses efforts constructivistes, la subvention est inéluctablement vouée à disparaître comme on le constate avec cet exemple. Autre possibilité, celle qui prévaut en général : l’association choisit de filer doux pour conserver la « bienveillance » étatique.

Mon histoire n’est pas complètement terminée. Finalement, devant « l’émotion » provoquée par la rupture entre l’association et le ministère de la Justice après 42 ans de coopération, une nouvelle convention a été signée la semaine dernière, mais elle ne le fut qu’à la condition expresse qu’il n’y aurait plus de subvention à la clef et que les interventions se cantonneraient plus strictement au soutien scolaire. Le Genepi retourne donc en prison mais sans ses 50 000 €.

Il le déplore, naturellement, mais comme le déclare son Président, qui a la charge d’animer 4 salariés, une quinzaine de services civiques et 800 bénévoles :

« Nous allons devoir trouver de nouveaux financements et adapter notre fonctionnement. »

That’s the spirit ! comme diraient les Anglais.

Nous arrivons ainsi à la troisième leçon : la subvention ne sera pas renouvelée, mais l’association n’est pas vouée à disparaître pour autant.

Elle n’en a du reste pas l’intention comme en témoignent les propos rapportés ci-dessus. Confrontée à la nécessité d’attirer l’intérêt du public pour lever des fonds sous forme de dons au lieu de compter automatiquement et sans se fatiguer sur le produit de l’impôt obligatoire, elle va forcément se remettre en cause, réfléchir à ses missions, à son positionnement, à son organisation.

Au Genepi d’évoluer et de convaincre, et les personnes sensibles à son message, libres de leur choix, contribueront financièrement à son succès qui témoignera alors à son tour de sa valeur pour la société. Ceci réalisé de façon réellement indépendante du point de vue des idées comme des financements.

Il existe enfin une quatrième leçon : si l’Etat a pu décider de supprimer une subvention et si l’on ne déplore pour l’instant aucune conséquence catastrophique hormis le désir du Genepi de se battre pour continuer à exister, on en déduit assez facilement qu’un Etat libéral pourrait renouveler l’opération avec une, puis deux, puis toutes les associations et autres entités gourmandes de subventions.

On pense d’abord aux secteurs de la presse et de la culture, mais pourquoi pas aussi à l’agriculture qui est en train de crever malgré toutes les aides qu’elle reçoit ? Pourquoi pas aussi dans les énergies renouvelables dont l’intérêt réel est complètement faussé par une orgie de subventions « volontaristes » destinées à forcer la transition écologique plutôt que la laisser se développer au rythme des besoins de la société ?

Rien ne dit que toutes les entreprises ou associations survivraient à la fin des subventions. Mais dans la mesure où ces dernières servent aussi à maintenir en vie à grand frais pour le contribuable des canards boiteux dont personne ne veut, la société aurait tout intérêt à voir se développer les services qui comptent pour elle tandis que ceux qui se révéleraient incapables de s’adapter disparaîtraient.

On serait donc tenté d’encourager le gouvernement de M. Macron à poursuivre dans le détricotage des nombreuses subventions qui pèsent négativement sur nos comptes publics et nous privent de nos choix.

Mais quand on mesure que loin d’être des aides désintéressées, elles forment un vaste compost malodorant d’arguments électoraux, de renvois d’ascenseurs, d’instruments de sujétion et de moyens politiques de pression et de censure, on redoute plutôt de voir la subvention du Genepi revenir dans la danse le jour où l’association aura fait la preuve de sa bonne volonté.


Sur le même sujet, je vous suggère également la lecture de : Poids de l’Etat, culture du don et liberté (18 octobre 2017) et Rien n’est bon dans « subvention » (19 juillet 2018).


Illustration de couverture : Campagne « L’Etat enferme, la prison assassine » de l’association Genepi, février 2018.

33 réflexions sur “Genepi : encore une intéressante histoire de subvention

  1. Les subventions ? En 2005, lors d’une enquête d’une enquête de l’Inspection de la Gendarmerie Nationale au sujet d’un réseau pédophile soutenu par des corses en Asie du Sud-Est, les enquêteurs sont tombés sur une multitude d’ONG subventionnées par des fonctionnaires européens (entre autres). La méthode était de s’appuyer sur des fonctionnaires corrompus et leur promettre une retraite tranquille dans un pays étranger de leur choix. Raison pour laquelle vous avez une bonne quantité d’anciens fonctionnaires européens qui sont installés au Cambodge. Les subventions qui ne sont plus versées sont effectivement une volonté politique. Mais ce qui est rendu public n’est qu’une infime partie de ce qui est visible. La presse ? D’énormes subventions vers des pseudos journalistes français en Asie du Sud Est qui ont toujours été proches de tous les trafiquants dont ceux d’enfants….triste réalité révélées par un militaire français employé par les services de renseignement de l’armée française. Tout est dit.

  2. A bas la plupart des subventions, des comités Théodule et du surnombre insensé d’agents de l’état non-régaliens (+ les apparentés).
    Si le poids du fonctionnariat, des impôts et charges était diminués de 30% (environ) la bouffée d’air frais et de pluie permettrait de reverdir rapidement le désert industriel qui continue de s’étendre.

  3. Nathalie, j’ai été heureux d’apprendre que « Giscard sert la main des détenus » … il l’a leur a préparée à la sauce auvergnate, cuisinée à l’étouffée, mijotée aux petits oignons ? 😉
    Je n’ai pas pu résister, je suis « entré en tentation » 😉

    Sinon, merci pour la démonstration et les arguments.

  4. HS

    Depuis quelques jours, notre amie Emmanuelle Gave est victime d’une campagne de calomnies particulièrement ignoble.

    Je vous invite à lui apporter un petit mot de soutien sur le site de l’IDL.

    Pour trois raisons :
    – D’abord pour lui remonter un peu le moral.
    – Pour signifier aux crapauds-buffles qui s’attaquent à elle que nous ne sommes pas dupes.
    – Pour faire pression sur NDA afin qu’il comprenne qu’il a beaucoup à perdre s’il cède aux injonctions de la tyrannie gauchiste.

      • Je suis très souvent d’accord avec vous mais là j’ai besoin d’une explication supplémentaire : pourquoi pensez vous que Charles Gave n’est pas libéral ? J’ai toujours trouvé ses textes où il explique le libéralisme très éclairants. Je les ai mal compris ?

      • Disons que le libéralisme s’est perdu on ne sait où (les Gave adoubent maintenant le protectionnisme à la Trump, on a vu plus libéral) pour un plat de lentilles qui vient de leur sauter à la gueule à force de déclarations toujours plus identitaires (re-migration, grand remplacement) qui ont fini par gêner électoralement même la droite dure (et étatiste, ne l’oublions pas) incarnée par NDA (même s’il n’en pense pas moins).

        Tout n’est pas à jeter dans ce que dit Emmanuelle Gave. Je partage son avis qu’un Faurisson doit pouvoir exprimer ses thèses, ce qui ne signifie nullement que je les soutiens. Au contraire, je souhaite les combattre par le débat public argumenté. Mais quand on tient tous les propos qu’elle tient et fréquente tous les zozos ultra-droitards qu’elle fréquente, on finit par penser qu’elle ne défend pas seulement la liberté d’expression, mais certaines thèses particulières. Sur les femmes musulmanes inemployables, elle a persisté et signé, après avoir articulé des simili excuses.

        Il y a une grosse confusion entre libéralisme et anti socialisme de gauche qui attire beaucoup de gens de droite qui n’en sont pas pour autant libéraux. J’ai des articles là-dessus :

        Attention, un « camp du bien » peut en cacher un autre ! (30 oct 2016)

        Pourquoi, comme Hayek avant moi, « I am not a conservative » (14 jan 2018)

        Mais c’est un HS dont la discussion aurait plus sa place sous l’un des deux articles que je viens de citer, ou, mieux, sous mon article sur NDA (qui s’est rallié à MLP entre les 2 tours de la présidentielle ! Waou, le libéralisme !) :

        Dupont-Aignan : confessions, petits calculs et grande confusion (3 mai 2017)

      • Je suis navré mais vous répondez à côté et cela me surprend de votre part : je ne vous parlais ni d’Emmanuelle Gave, ni de NDA, pour qui je n’ai que peu de sympathie, mais du père C. Gave. Effectivement il s’est rallié à NDA pour de mauvaises raisons probablement, comme il l’a lui même expliqué , mais dans tout ce qu’il a écrit ne je vois pas où il n’est pas libéral. À moins que vous n’ayez un exemple à me citer ? Par exemple pouvez-vous me dire où C. Gave « adoube le protectionnisme à la Trump » afin que je puisse éventuellement réviser mon jugement ?

    • @ Jacques Huse

      Petite info, for what it’s worth, comme on dit. J’ai été un lecteur régulier et un soutien de Gave. J’ai pris un autobus dans la figure le jour où il a commencé à avoir son rond de serviette sur RT et Sputnik, avec sa fille. Il a eu l’honnêteté de répondre à mes critiques, tout en assumant son geste.

      Puis, Jean-Baptiste Noé, rédacteur sur le site de l’Institut des libertés (et essayiste très estimable par ailleurs), a fait son petit voyage à Moscou, invité par je ne sais quelle université. Il en est revenu avec un article pas bêtement poutiniste (bien sûr), mais chantant sa petite musique sur l’air de « les peuples doivent se connaître et échanger malgré les divergences des dirigeants », « nous avons beaucoup en commun malgré nos différences », etc, etc. Enfin, le condensé, subtil mais parfaitement identifiable, de la propagande poutiniste en direction de la France.

      Comme par hasard, c’était peu après l’entrée en politique de Charles Gave, et son ralliement à Nicolas Dupont-Aignan. Lequel est allé, il y a plusieurs années déjà, diffamer la politique étrangère française à la tribune de la Douma — et a fièrement posté le compte-rendu correspondant sur son site, où il se trouve toujours.

      Les réseaux russes sont manifestement à la manoeuvre. NDA et Gave sont les candidats de Moscou.

      J’ai donc virgulé un commentaire assez cinglant sous l’article de Noé expliquant que ça se voyait quand même beaucoup, et pourquoi n’allait-il pas rencontrer des universitaires britanniques, hollandais ou espagnols, par exemple ? Pourquoi cet amour subit pour la Russie, haut lieu du libéralisme, comme chacun sait ?

      Mon commentaire a été dûment censuré, pour la première fois à l’Institut des libertés. J’ai cru comprendre que c’est Emmanuelle Gave elle-même qui filtre les commentaires.

    • Charles Gave me fait parfois rigoler autant que H16, c’est déjà un bon point.
      Malgré cela, je ne partage absolument pas sa position sur l’Europe et sa défiance de l’euro. Egalement que « Gave en est arrivé à l’idée que le libre-échange ne peut se faire qu’entre pays de mêmes conditions. » Ben voyons alors et les autres on les laisse crever alors qu’on est gagnants-gagnants à échanger et surtout le consommateur final. Donc effectivement ces positions là ne sont pas acceptables.
      NDA est un sot d’ailleurs il y a quelques semaines, excédé de recevoir encore une fois de plus des imbécilités qu’il propage sur la vente Alstom-General electric , j’ai répondu par un intermédiaire la preuve de son avantage. Depuis pas de nouvelle.

      Pour Emmanuelle Gave, ce qui me gêne c’est avant toute chose le déclic qui a déclenché le torrent de boue numérique et médiatique : l’affiche signée « Nikolai Andreyevich Dolgorukov, 1949 ». C’est à cette période que la politique stalinienne vise le plus durement les juifs et le « cosmopolitisme sans racine ».
      Tiens donc voila qui est très déplaisant pour nos gauchards de remuer le passé….et surtout de montrer qui étaient (sont) les antisémites.
      https://www.lopinion.fr/edition/politique/controverse-entre-charles-gave-l-opinion-178320
      Quand je vous disais que les musées, les lieux de commémorations et de souvenirs sur l’histoire du communisme, c’était pas pour demain !
      Gilles-William Goldnadel a décidément bien raison de dénoncer l’Eglise Cathodique.

      • La leçon que Charles et Emmanuelle Gave devraient tirer de leur éviction de la liste Dupont-Aignan, c’est que la compromission avec la Russie ne paie pas.

        Ils ont outrageusement joué la carte russe (exposition médiatique privilégiée sur RT et Sputnik, relais de la diabolisation de George Soros sur un ton franchement antisémite), et tout ça pour se faire éjecter par NDA au nom de « l’anti-racisme »…

      • « des imbécilités qu’il propage sur la vente Alstom-General electric , j’ai répondu par un intermédiaire la preuve de son avantage. Depuis pas de nouvelle. »
        Quels avantages ?

      • @ Pythagore
        A postériori, c’est une bonne affaire et les accusations de trahison ou de complotisme sont le fait d’imbéciles ou de balivernes politiques pour flinguer Macron. La branche Power d’Alstom aurait du faire face à l’effondrement des commandes de turbines et aux surcapacités dues à une augmentation du nombre de fermetures de centrales thermiques et du développement des énergies renouvelables, même si certaines centrales solaires en utilisent. La concurrence chinoise est absolument effroyable sur les marchés asiatiques ou africains et on constate que même GE n’arrive pas à s’imposer !.
        https://www.challenges.fr/industrie/kron-pourquoi-il-fallait-ceder-alstom_623248
        ou
        https://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/alstom-entraine-ge-dans-sa-chute-1556264.html

      • @Tino: donc pour faire cours, on abandonne notre savoir-faire ds le domaine du nucléaire, pour ne pas avoir à faire des choix industriels nous-mêmes, qui auraient dus être faits depuis longtps, et laisser GE faire les choix pour nous et le sale boulot.
        Super gestion, visionnaire, pleine de courage.
        Peut-être que le tournant évoqué, Alstom aurait pu le préparer un peu plus tôt ? C’est pas comme si c’était arrivé du jour au lendemain.
        Il se trouve que j’ai une filiale de siemens turbines à gaz près de chez moi (donc le concurrent d’Alstom), et ca fait au moins 10 ans que j’entends qu’ils n’ont qu’un marché de niche, et qu’il n’y a pas d’avenir ds le domaine. Donc c’est pas nouveau.
        Encore une réussite de la politique industrielle d’énarque, j’imagine.
        Je suis désolé mais je peine à voir la bonne affaire là dedans. Toutefois je ne connaissais pas l’argumentaire évoqué, merci pour les infos.

      • Pas d’avis personnel sur cette histoire d’Alstom, je ne connais pas le dossier. Cependant, un dirigeant d’une filiale d’Alstom a expliqué, sur BFM, qu’il avait été pris en otage par les autorités américaines pour faire pression sur son patron, et forcer la France à réaliser la vente. Il a été emprisonné un an aux Etats-Unis (et peut-être plus) au motif d’un versement de pots-de-vin en Indonésie (je crois), qui s’était réalisé sous son autorité.

        Il a été libéré peu de temps après la décision de vendre Alstom à GE.

  5. Moi qui pensais qu’il s’agissait de subventionner une production o combien essentielle de nos belles montagne!
    Je ne m’oppose pas à la suppression du coup et vive le génépi et vive le telemark

    • Je recommande la bière Tourmente au Génépi (bière des Hautes-Alpes).
      Pour ce qui est de l’association, au départ elle s’appelait GENEPI comme acronyme de « Groupement Étudiant National d’Enseignement aux Personnes Incarcérées ».
      Avec l’évolution de leur philosophie carcérale, elle est devenue Genepi sans accent et sans signification particulière.
      En ce qui concerne les subventions, la question n’est pas de savoir si on est pour ou contre telle subvention, car c’est le système de la subvention étatique dans son ensemble qui est néfaste quels que soient les bénéficiaires considérés.

  6. Au fait, les subventions aux assoc, ça représente combien, au total ? Comme gisement d’économie, c’est plus qu’intéressant, surtout si on compte les subventions indirectes (emplois aidés, locaux « gratuits », etc…)
    L’avantage serait en plus d’être quasi-indolore pour l’économie. Pourquoi se priver ?

    • Les subventions en France, c’est environ 40 milliards par an en France !
      Environ 60% des ressources des associations déclarées sont d’origine publique contre seulement 40% d’origine privée. Elles sont très peu contrôlées par l’Etat il y a rarement des objectifs précis et souvent la subvention est reconduite d’année en année. Même si le chiffre d’affaire, un musée, un théâtre, etc… dégage un chiffre d’affaire dont la subvention demeure supérieure à 50 % des recettes totales, cela ne gêne personne et on se pose nullement la question de son utilité pour le public ou les citoyens.

      De plus certaines associations avec leurs subventions étouffent l’économie de marché environnante.
      Robert Sirico raconte une histoire (que je rapporte approximativement) dans « Catholique et libéral – les raisons morales d’une économie libre ». : Autrefois avec un copain, il allait s’occuper tous les soirs d’un réfectoire sous une église pour venir en aide aux sans-abris du quartier, tenu par les soeurs. Tout ça allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais un soir après leur service, il leur prend l’idée d’aller finir la soirée dans un fast-food à proximité plutôt bien tenu. En observant autour de lui, il s’aperçoit que manifestement la structure est familiale, le père à la caisse, la mère au cuisine, la fille au service. Et là, il a le choc et réfléchit qu’avec son réfectoire pour sans-abris que fréquentait finalement la moitié du quartier (il n’y avait pas que des sans-abris car la cuisine y était bonne), il concurrençait outrageusement le fast-food où se démenait une famille qu’ils allaient peut-être mettre en faillite.
      Il y a des tas d’exemples en France avec restaurant accolé à la salle de spectacle (toit et électricité gratuits et personnel) dont j’avoue profiter outrageusement moi-même. Et si vous regardez autour, c’est le désert commercial en restauration…

      L’IREF avait produit un dossier comparatif FRANCE-US, sur le sujet avec les différences, financement, dynamisme, efficacité, emploi, bref différences culturelles majeures :
      « La vision américaine a abouti à l’émergence d’une société civile puissante et d’un secteur associatif créateur de richesses et d’emplois. A l’opposé, le secteur associatif français est étouffé par les réglementations et la manne d’argent public qui en font une simple excroissance de l’Etat et des collectivités.  »
      Et enfin : Les Enquêtes montrent que dans les pays où la pression fiscale est forte les dons privés sont les moins élevés, on s’en serait douté !
      http://fr.irefeurope.org/Il-faut-faciliter-la-creation-des-fondations-en-France-pour-dynamiser-la-societe-civile,a4383

  7. Je me réfère à une vidéo que j’ai vue récemment mais qu’il va falloir que je recherche. En gros, Gave en est arrivé à l’idée que le libre-échange ne peut se faire qu’entre pays de mêmes conditions. Il citait un exemple de porcs élevés en batterie en Allemagne face à notre élevage porcin et se demandait en toute innocence très NDA compatible : « Pourquoi ces gens-là peuvent-ils importer librement ? Il y a quand même toute une série de choses qui ne sont pas normales. »
    Gave a certainement été un lecteur attentif de Bastiat, mais maintenant tout est oublié, manifestement.

    Voici ce que j’écrivais du libre-échange selon Bastiat dans un article sur la chine et les USA :
    Xi Jinping vante le libre-échange ! Aurait-il lu Bastiat ? (#Davos)

    La Chine et les Etats-Unis font irrésistiblement penser aux deux pays Stulta et Puera imaginés par Frédéric Bastiat (1801-1850) dans ses Sophismes économiques (1845). Rien ne paraît plus logique que cette idée d’imposer la symétrie dans les échanges. Et pourtant, l’obsession de la symétrie des échanges finit par déboucher sur l’escalade du protectionnisme, puis à terme sur la stagnation technologique et économique, voire l’appauvrissement, des pays concernés.

    Dans son petit texte Réciprocité, Bastiat montre qu’un pays a intérêt à libéraliser ses échanges commerciaux, même si un autre pays ne le fait pas :

    « Si nous abaissions nos barrières devant l’Espagne, sans que l’Espagne les abaissât devant nous, évidemment, nous serions dupes. Faisons donc des traités de commerce sur la base d’une juste réciprocité (…)
    Les personnes qui raisonnent ainsi, je suis fâché de le leur dire, sont, qu’elles le sachent ou non, dans le principe de la protection. »

    Ainsi, Puera doit faire face à deux problèmes : les obstacles créés par Stulta le gênent pour vendre ses productions, mais les obstacles qu’il a lui-même créé pour éviter d’être « inondé » des produits de Stulta le gênent également pour acheter ce dont il aurait besoin. D’où l’idée de supprimer un des deux problèmes en supprimant les obstacles imposés à Stulta, même si Stulta n’en fait pas autant de son côté. « Un jour sans doute Stulta apprendra à mieux faire ses comptes. »

    Mais un tel raisonnement est difficile à admettre. Plutôt que d’y réfléchir, les gens de Puera préfère y voir l’effet des pensées bizarres d’un dangereux idéaliste : « N’écoutons pas ce rêveur, ce théoricien, ce novateur, cet utopiste, cet économiste. » Ils préfèrent de beaucoup la contre-argumentation des partisans de la réciprocité absolue telle qu’imaginée par Bastiat en 1845 en des termes qui ne nous étonneront guère tant on les entend beaucoup actuellement :

    « L’orateur acheva de convaincre (l’assemblée de Puera) en parlant d’indépendance nationale, d’honneur national, de dignité nationale, de travail national, d’inondation de produits, de tributs, de concurrence meurtrière ; bref, il emporta le maintien des obstacles. »

    • Un exemple réel. L’Europe s’est dotée d’un taxe carbone (je ne fais pas de commentaire sur sa pertinence, elle est là et on vit avec). L’industrie dans laquelle je travaille est une grosse émettrice de CO2 et par conséquent cette taxe renchérit le prix de nos produits et de ceux de nos concurrents européens de plusieurs dizaines d’euros/tonne. Par contre nos concurrents chinois et brésiliens ne sont pas soumis à cette taxe et exportent chez nous >1Mt/mois, tuant notre industrie. On laisse faire ? (Vous serez peut être surprise mais je me considère comme un libéral et suis favorable au libre échange).

      • l’économie réelle, ça n’est pas une affaire que de gentlemen, il y a des voyous sans scrupules. Je dirais qu’il n’y a pas de « code de bonne conduite », qu’il faut être courtois, tout en restant sur ses gardes. Et pour une négociation, arriver en position de force, ça aide toujours … Donc, les grands principes et les idées généreuses, c’est bien, mais dans la pratique, il faut autant savoir manier le bâton que la carotte !

        Et si Xi a lu Bastiat, je ne suis pas sûr qu’il l’ait compris de la même façon que nous … j’ai de gros doute à ce sujet : « Un jour sans doute Stulta apprendra à mieux faire ses comptes. »,oui, un jour, peut-être, et d’ici là elle profitera de la situation, à moins qu’on « l’aide à voir où est son intérêt », quitte à lui tordre un peu le bras 😉

      • @ Pheldge
        Je me demande plutôt si vous, vous avez lu mon article. J’explique justement qu’il ne l’a certainement pas lu.

        C’est amusant tous ces gens qui likent à tour de bras sur FB ou TW dès qu’il est question de Bastiat, genre « le libéralisme ça me connaît ! » et qui s’empressent de vous dire ensuite : oui mais en fait cépapareil !

      • @Nathalie, vous pensez donc que les libéraux et Bastiat ça devrait être un peu comme les musulmans et le Coran: c’est la parole divine et il ne faut rien changer ni interpréter en fonction des circonstances ? 😜

    • Macro-économiquement, relisez Jacques Marseille. Depuis Mazarin jusqu’à nos jours.
      A chaque fois que la France a augmenté ses taxes douanières, à chaque fois elle s’est enfoncée dans le déclin, l’indolence, la non remise en cause qui se sont soldés presque à chaque fois par une catastrophe.
      A chaque fois que la France a baissé ses taxes douanières, organisé le libre-échange avec l’Angleterre fin 19ème par exemple, la croissance du PIB et des salaires se sont envolés.
      C’est têtu, ce sont les chiffres.
      Alors la mondialisation, l’ouverture commerciale, c’est pas de tout repos, c’est exposé, les partenaires sont exigeants et quelque fois voyous. Mais ça engendre l’innovation, la créativité, l’intelligence en bref…
      La période particulièrement disséquée par Jacques Marseille est celle des années 30. La France s’isole sur son empire colonial et refuse le commerce avec ses voisins. La grande solution qui devait nous protéger du reste du monde en crise. L’aberration financière et économique des colonies, le subventionnement absurde d’un commerce interne artificiel (minutieusement comptabilisé par JM), l’état d’esprit délétère conjugués, furent l’un des facteurs indéniable et majeur de la catastrophe de juin 40 !

    • En fait, je ne sais pas si c’est aussi simple. Je trouve que l’Allemagne est un bon exemple, car elle a su trouver un équilibre avec la chine. L’Allemagne produit les machines, la chine produit les biens. Le domaine du solaire est particulièrement parlant.
      L’exemple de Gave n’est pas faux si l’on regarde qu’un segment ou un marché. Il n’est pas possible d’être concurrentiel sur un même marché si les conditions sont très différentes (normes et coût du travail).
      Le tout est donc qu’un équilibre s’établisse entre pays, les pays ayant tendance à se spécialiser ds la mondialisation. Le problème, c’est que la France ne se spécialise pas vraiment, ou alors ds des secteurs où elle n’est pas concurrentielle, tout ceci étant fait de façon idéologique et non pas économique.

      • @ Pythagore
        Quel équilibre avec la chine? Vendre Kuka aux chinois, céder les savoir-faire occidentaux au prix des cacahouètes, envoyer des ingénieurs pour démarrer des productions de masse ? vous trouvez ça symétrique, y compris pour l’avenir ?

      • @ zelectron

        Petite historiette, qui vaut ce qu’elle vaut (je ne prétends pas en tirer de conclusions globales) : une starteuppe française faisait fabriquer des fers à défroisser à vapeur en Chine, pour les vendre en France. Maintenant, elle les fait fabriquer en France, pour les vendre aux Chinois. La peau du dos. Dix fois plus cher que le prix du marché.

        Pourquoi ? Parce que c’est français, Môssieur ! La qualité française ! Les Chinois (contrairement aux Français) sont des fanatiques du repassage par défroissage vapeur. Les articles de la starteuppe en question sont conçus et vendus comme des produits de luxe.

        Entendu sur BFM, la radio que les Gilets jaunes adorent haïr (quand ils ne cassent pas la figure à ses journalistes). Et on comprend pourquoi, ça va à l’encontre de leur socialisme incarné et pathologique.

      • @Zelectron: voir la balance commerciale, l’Allemagne a bcp plus d’échanges avec la chine et la balnce certes déficitaire, l’est bcp moins qu’avec la France. Par ailleurs l’Allemagne exporte >4x plus que la France vers la Chine.
        Voici pour DE:de.statista.com/statistik/daten/studie/73860/umfrage/deutschland-import–exporthandel-mit-china-seit-2006/
        Pour la France pas trouvé à part 2017 (www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2018/05/24/les-relations-commerciales-entre-la-france-et-la-chine-en-2017):
        .
        FR->CN: 19Mds (export)
        CN->FR: 49Mds
        Déficit: 30Mds
        DE->CN: 86,17Mds (à comparer à 19Mds !)
        CN->DE: 100,73Mds
        Deficit:.14,26Mds

  8. Cette historiette est vraiment très édifiante. Tout est significatif dans ces péripéties, mais j’adore plus particulièrement la phase où l’assoce, de dispensatrice de savoir subventionnée à des prisonniers, est passée au militantisme anti-prisons et anti-Etat… avec le pognon de l’Etat. Comme tant d’autres.

    Pour ceux qui s’intéressent à l’enseignement bénévole dans les prisons par des intervenants extérieurs, je remets ici le lien que j’avais posté sur le fil des Gilets jaunes, à l’intention d’un troll agressif qui m’accusait de répandre des « fake news » : il se trouve que cet article relate aussi les péripéties d’une ex-journaliste anglaise qui a donné des cours dans des prisons.

    https://www.salisburyreview.com/articles/reason-i-forgive-working-daily-mail/

    Les naviagateurs peuvent afficher un avertissement pour empêcher l’accès au site, en fonction de vos logiciels installés et de vos réglages de sécurité, mais il suffit de forcer l’accès en passant outre : le site est sûr, c’est sans doute un problème de certificat de sécurité périmé.

    A défaut, vous pouvez toujours rechercher la Salisbury Review dans un moteur de recherche, c’est un magazine britannique parfaitement honorable. L’auteur est Jane Kelly, et le titre de l’article : Is there any reason why I should forgive you for working for the Daily Mail?

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