Les aventuriers de « L’insurrection qui vient »

Cet article de mai 2015 a été complété et mis à jour dans l’article « Julien Coupat et les aventuriers de « L’insurrection qui vient » daté du 16 mars 2018.

On les avait complètement oubliés et l’affaire semblait définitivement classée ou enterrée ou abandonnée. Mais non, le groupe de Tarnac et son chef Julien Coupat sont revenus hier en une de nos journaux. On était resté sur l’idée que toute l’affaire des « terroristes » de Tarnac avait été complètement montée en épingle par la précédente majorité et que, devant la faiblesse des preuves, l’obstination à poursuivre consistait avant tout à ne pas décrédibiliser l’accusation. 

Or voilà que finalement, sept ans après les faits, le parquet de Paris requiert le renvoi en correctionnelle des trois protagonistes principaux pour des actes de sabotage « en relation avec une entreprise terroriste. » Cinq autres personnes pourraient également être jugées, mais pour des faits beaucoup moins graves ne relevant pas du terrorisme, tels que « tentatives de falsification de documents administratifs », « recels » de documents volés ou « refus de se soumettre à des prélèvements biologiques. » 

Tarnac est un petit village de Corrèze situé sur le plateau de Millevaches. En 2005, Julien Coupat, âgé aujourd’hui de 41 ans, s’y installe et reprend l’épicerie du village avec un groupe d’amis et de sympathisants, une vingtaine au total. Ils sont tous proches de l’extrême-gauche dans sa version dite anarcho-libertaire ou anarcho-autonome. Ces termes appartiennent au vocabulaire de la police pour caractériser des groupes gauchistes évoluant hors des partis organisés tels que Lutte Ouvrière ou la Ligue communiste révolutionnaire (LCR).

Policier à Tarnac

Policier enquêtant à Tarnac

Les faits spécifiquement reprochés au groupe de Tarnac consistent en cinq sabotages de lignes de TGV ayant eu lieu dans les nuits du 25 au 26 octobre 2008, puis du 7 au 8 novembre 2008. Dans tous les cas, des fers à béton tordus pour les besoins de la cause ont été posés sur les caténaires, provoquant d’importants dégâts matériels et des retards conséquents dans le planning ferroviaire.

Par contre, il n’y a eu aucun blessé. Selon les experts consultés à cette occasion, un tel système, emprunté aux manifestants antinucléaires allemands des années 1990, ne pourrait provoquer ni déraillement ni mise en danger des passagers. Sur les cinq sabotages, le parquet de Paris n’en a retenu que deux, faute de preuve pour les trois autres.

C’est une filature, fortement contestée par la défense mais finalement retenue par la justice, qui permettra à la police de repérer Julien Coupat et sa compagne Yildune Lévy dans une voiture faisant des tours à proximité du lieu d’un des sabotages de novembre 2008 (Seine-et-Marne). Le couple a reconnu sa présence en cet endroit à ce moment-là, mais se défend en disant : « On a fait l’amour dans la voiture, comme plein de jeunes. » (lemonde.fr). Le ballast, c’est d’un glamour !

La charmante Yildune devait probablement avoir lu un article du genre : « Les lieux anarcho-insolites pour faire l’amour quand on est une femme libertaire. » Mais il se trouve qu’à la première date, Julien Coupat était aussi dans les parages (Moselle) du second sabotage retenu par le parquet, en compagnie d’une autre protagoniste de l’affaire, Gabrielle Hallez. Ils ont là aussi admis leur présence, sans donner de raison particulière. Au total, neufs suspects (et un dixième plus tard) seront interpellés et mis en examen pour des faits de terrorisme dès novembre 2008.

Libérés quelques mois plus tard, les dix suspects restent sous contrôle judiciaire et ont l’interdiction de se rencontrer. C’est alors l’occasion d’un épisode pratiquement surréaliste au sein de cette affaire embrouillée à base d’aspirations libertaires et de vie au bon air de la campagne corrézienne : Julien Coupat et sa compagne décident de se marier afin (entre autres, on espère) de réduire à néant les contraintes de police qui pèsent sur eux. Dans Causeur, Trudi Kohl en fait le thème d’un billet extrêmement drôle sur l’embourgeoisement caractérisé des gauchistes et conclut : « Je serais Alain Bauer que je m’inquiéterais. Julien Coupat vient d’entrer en possession de l’arme de destruction massive la plus ravageuse : la vie conjugale. »

En fait, le groupe de Tarnac était sous surveillance depuis quelque temps déjà, ce qui explique la prise en filature au moment des sabotages. Une enquête avait été ouverte six mois plus tôt suite à un voyage de Julien Coupat à New York au cours duquel il aurait rencontré d’autres membres de la mouvance anarcho-autonome internationale.

A cette époque-là, les services de renseignement français sont réorganisés par création le 1er juillet 2008 de la DCRI * (Direction centrale du renseignement intérieur) née de la fusion de la DST (Direction de la surveillance du territoire) et des RG (renseignements généraux). Cette nouvelle organisation ne fait pas l’unanimité et sera fortement critiquée dans sa façon de gérer l’affaire de Tarnac. On lui reprochera en particulier des écoutes sauvages au domicile de Julien Coupat ainsi qu’à l’épicerie du village. On lui reprochera la faiblesse des preuves. Et on lui reprochera surtout la qualification des faits sous l’incrimination terroriste.

« On », ce sont les différents comités de soutien à Julien Coupat et ses compagnons qui se sont formés concrètement et sur le web. Et c’est aussi toute l’opposition politique à Nicolas Sarkozy et sa ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie. Citons en particulier François Hollande, concerné au premier chef en sa qualité de Président du Conseil général de Corrèze.

A vrai dire, depuis les manifestations contre le CPE (contrat première embauche), MAM « ressent » une « radicalisation » en provenance de l’ultra-gauche. Les missions antiterroristes de la toute nouvelle DCRI vont donc s’enrichir d’un volet anarcho-libertaire en plus des missions « classiques » dédiées à l’islamisme, l’indépendantisme corse et l’ETA basque.

Un article de blog de Rue89 raconte avec beaucoup d’humour, et sans doute une certaine partialité, l’élaboration passablement bricolée de cette théorie contre la mouvance de l’extrême-gauche anarchiste. On imagine sans peine la ministre et son conseiller Alain Bauer en train de pianoter sur leur ordinateur et finir par tomber sur le texte « L’insurrection qui vient » qui va prendre une place énorme dans tout le dispositif antiterroriste de la DCRI.

De fait, ce manifeste politique, très bien écrit, ne peut que combler d’aise les analystes de nos services de renseignement. On y lit en effet noir sur blanc un projet de chute de l’Etat et de déstabilisation de la société capitaliste par destruction des transports, notamment ferrés.

Publié en 2007 par la maison d’édition La Fabrique d’Eric Hazan, ce petit ouvrage se présente comme l’oeuvre anonyme d’un « Comité invisible ». La police estime cependant que l’auteur en est Julien Coupat, chef et inspirateur intellectuel du groupuscule de Tarnac. Partant des émeutes de novembre 2005, il pense que les banlieues vont se constituer en « bandes » puis en « communes » et renverser la société actuelle, notamment par destruction de ses « architectures de flux » telles que les réseaux de transport. Extrait très instructif que Manuel Valls et Bernard Cazeneuve devraient lire de toute urgence :

« Le mouvement expansif de constitution de communes doit doubler souterrainement celui de la métropole. Nous n’avons pas à rejeter les possibilités de déplacement et de communication offertes par les infrastructures marchandes, juste à en connaître les limites. Il suffit d’y être assez prudents, assez anodins. Se rendre visite est autrement plus sûr, ne laisse pas de trace et forge des liens bien plus consistants que toute liste de contacts sur Internet. » (p. 98 et 99)

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Sept ans se sont écoulés, la majorité ainsi que le gouvernement ont changé, et pourtant, dans son réquisitoire d’hier, le parquet de Paris a tranché en faveur d’une qualification des faits dans le registre terroriste en faisant valoir que « les atteintes aux biens » peuvent constituer en droit français des actes de terrorisme, pour peu qu’elles aient « pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur. » Il répond ainsi aux accusations de paranoïa gouvernementale qui avaient été exprimées au début de l’enquête alors que la DCRI et le ministère de l’Intérieur basaient leur accusation de terrorisme non sur les actes des accusés, que ceux-ci ont toujours niés, mais sur des textes qu’ils n’ont jamais admis avoir écrits.

Pour finir, instruisons-nous en plongeant quelques secondes dans la méthode insurrectionnelle préconisée par le Comité invisible :

« En fait d’irréversibilité, la destruction n’a jamais suffi. Tout est dans la manière. Il y a des façons de détruire qui provoquent immanquablement le retour de ce que l’on a anéanti. Qui s’acharne sur le cadavre d’un ordre s’assure de susciter la vocation de le venger. Aussi, partout où l’économie est bloquée, où la police est neutralisée, il importe de mettre le moins de pathos possible dans le renversement des autorités. Elles sont à déposer avec une désinvolture et une dérision scrupuleuses. » (p. 121)

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Pour ma part, je prends Julien Coupat et ses amis pour des rêveurs complètement hors-sol qui ne sont pourtant pas sans savoir de quel côté leur tartine est beurrée. Ils ont en effet la fâcheuse tendance à profiter des facilités que leur donne la société qu’ils détestent tant, à commencer par son système judiciaire fort peu expéditif, comme on le constate aujourd’hui, et contre lequel ils ont mené une longue bataille procédurale.

De plus, à supposer qu’ils soient coupables, ce qui n’est pas encore établi par la justice, ils n’ont certes ni tué ni blessé personne, mais comment pouvaient-ils, eux ou quiconque a posé ces fers à béton sur les caténaires, en être absolument sûrs ? Peut-être pas des terroristes au sens Coulibaly du terme, mais clairement des aventuriers irresponsables qui ont eu beaucoup de chance de ne pas tomber dans la case assassins.


* En 2014, la DCRI est devenue la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure).


tarnacIllustration de couverture : Entrée du village de Tarnac (Corrèze). Photo : PASSEMARD / CL2P / SIPA.

6 réflexions sur “Les aventuriers de « L’insurrection qui vient »

  1. C’est une excellente idée de parler de ce groupe de Tarnac. J’apprécie la façon dont vous avez traité cette affaire et je voudrai saisir l’occasion d’en parler moi aussi. Sous un autre angle.

    Savez vous que ces révolutionnaires sont bien connus aux Etats-Unis ? Ils le sont plus qu’en France ou, visiblement, les instructions ont été données pour que l’on ne parle pas d’eux , de peur qu’ils fassent exemple. Leur petit livre du Comité Invisible est au programme de plusieurs universités prestigieuses comme celle de Yale dans le cadre d’un cours sur l’anarchie.

    Je pense que vous avez lu leur ouvrage, personnellement je le trouve de très grande qualité. Surtout les premières pages. Le reste est plus délirant, flou, moins bien construit et donc peu convaincant. Mais il faut le lire en même temps qu’un autre ouvrage de Eric Hazan et Kamo intitulé « premières mesures révolutionnaires ». On voit mieux la cohérence et aussi les faiblesses.

    Au plan des idées, l’analyse critique est bonne, elle reprend les grandes découvertes des intellectuels modernes, elle intègre bien entendu les visions les plus radicales. Elle a le mérite d’être a peu près accessible, ce n’est pas le charabia de gens comme Alain Badiou par exemple. On y trouve des réflexions philosophiques mais également de très bonnes notations sociologiques. L’inspiration situationniste se sent, bien entendu. On est proche d’une critique adéquate de notre société ce dont les amis de Mélenchon sont incapables maintenant.

    Mais il est évident que ce sont des gauchistes, comme on dit : des gens atteints de la maladie infantile du communisme. Ce n’est pas d’eux qu’il faut attendre une participation au gouvernement de Hollande. Ils ne vont pas , par exemple à la soupe comme les trotskistes. Ils sont « spontex », ils sont dans l’imaginaire. Je les trouve plus sympathiques que les ex-maoistes, lesquels ont soutenu les exterminations sanglantes du grand timonier et ont contribué à falsifier l’histoire. Ces maoistes qui sont venus peupler les cabinets ministériels et assister le très grand patronat dans les secteurs clefs comme la Com.

    Ces gens posent une question qui me semble centrale, même si tout le monde s’en fiche : comment se fait-il que malgré le progrès des analyses, malgré la crise, malgré le mal-vivre , cela continue ?

    Comment se fait-il que « cela », dure ? Comment la société trouve-t-elle le moyen de durer et de se reproduire. Le monde ouvrier, les travailleurs, les classes moyennes sont en train de subir une défaite historique. Jamais on n’aurait imaginé que l’on puisse leur faire supporter ce qu’on leur fait supporter, la régression , le poids de la crise qu’ils sont seuls à encaisser, l’enrichissement scandaleux des ploutocrates.

    La vraie question à laquelle ils n’ont pas de réponse est : comment se fait-il que cela tienne. Et c’est parce qu’ils n’ont pas de bonne réponse qu’ils se conduisent en pieds nickelés. Ils sont obligés de faire l’impasse et de décréter : « le moment est opportun, on n’attend que nous, c’est un moment historique ».

    Un moment historique ! Voyons , soyons sérieux. Leur idée selon laquelle les jeunes des banlieues sont de la graine révolutionnaire est idiote. Ces jeunes sont au contraire, l’exemple même de la mystification , ils n’ont qu’une idée, participer à la consommation, fascinés qu’ils sont par les Nike ou pour ceux qui font du business, par les « BMW ». Nos Révolutionnaires commettent l’erreur de croire que ces jeunes , comme les prolétaires d’antan n’ont rien à perdre, et donc qu’ils peuvent lutter à mort. C’est une erreur. Et ceux qui sont les troupes de choc, ceux qui sont dans une position et des dispositions pré-révolutionnaires ne vont pas dans cette direction, ils vont là ou ils se reconnaissent, là ou ils ont une identité , ils vont vers l’Islam radical. La révolution, c’est de ce coté qu’elle se trouve, une révolution que d’aucuns disent à reculons, archaique, mais une révolution tout de même car contre l’ordre établi dans lequel ils n’ont pas leur place.

    Le cynisme des dirigeants est à son comble et on ne se pose pas assez la question de savoir pourquoi. Pourquoi se moquent-ils de leur cote de popularité, pourquoi se moquent-ils d’être approuvés dans leurs actions ou pas ? Parce qu’ils savent comment cela marche, ils savent que la forme de nos pseudo démocratie les protège. Nos démocraties, c’est « cause toujours » ; le système a évolué ainsi, de cette façon, de telle sorte que les oppositions soient récupérées, que les dénonciations soient phagocytées. La dénonciation du système fait partie du système, c’est le trait de génie de la vie politique moderne. Il n’était que de voir le désespoir de Melénchon le soir des dernières élections, il était abasourdi, il ne comprenait mais se posait la bonne question : « mon dieu, comment est ce possible ? ».

    Nos intellectuels-révolutionnaires-pieds nickelés n’ont pas répondu à cette question qui est la clef de toute action de contestation : comment se fait-il que cela tienne ? Il faut d’abord localiser les béquilles qui font se tenir un système déséquilibré , brinquebalant, pour savoir comment l’attaquer. Il faut comprendre d’ou il tire sa force, sa capacité de résistance. Or , c’est une recherche qui n’a pas encore débuté, elle est non pas idéologique, mais scientifique puisqu’il s’agit de comprendre ce qui est , ce qui est ici devant nos yeux.

    • Bonjour Bruno,
      Vos commentaires ne sont pas de ceux auxquels on peut répondre dans l’instant. La politique friction que vous nous administrez est un véritable gant de crin qui fait tomber les peaux mortes et nous laisse à nu et plutôt pensif.
      Je me suis intéressée à Julien Coupat dès le début de l’affaire, car il se trouve qu’à 10/12 ans d’écart, on partage le même diplôme. J’avais la curiosité de comprendre : pourquoi il va dans cette direction, alors que moi je suis sur une toute autre trajectoire, plus dans le système, comme vous diriez.
      Je partage votre avis sur la qualité de son texte, et je reconnais qu’un certain nombre de constats sont tout à fait justes.
      Mon inquiétude ne s’est pas portée sur « comment est-ce que ça tient ? » (c’est à dire une interrogation sur notre société) mais sur : que va devenir son analyse une fois que « la destruction » et la prise de pouvoir aura eu lieu. Beaucoup de révoltes sont faites sur des grands principes de liberté et d’humanité et tombent illico dans le totalitarisme dès qu’elles sont concrétisées, tant elles se voient uniques au monde et ne conçoivent plus rien en dehors d’elles.
      C’est pourquoi je privilégie plus une réforme progressive du système, qui sera moins système si un peu plus de libéralisme peut s’y infiltrer. Je préfère un peu d’imperfection, je me méfie des hommes parfaits.

  2. Bonjour Nathalie
    Je pars ‘un constat , c’est le mien , mais c’est également celui de beaucoup, voire d’une majorité de gens. la situation n’est pas satisfaisante.
    Vous voyez je suis modeste, peu ambitieux, je ne caractérise eme pas en aquoi la situation est peu satisfaisante, je constate un vécu assez général:

  3. Je recommence en raison d’une fausse manoeuvre
    Vous voyez je suis modeste , peu ambitieux, je ne caractérise même pas en quoi la situation est est peu satisfaisante, je constate un vécu assez généralisé, c’est tout.

    Je me pose la question « comment en est -on arrivé là » c’est ma démarche historique, génétique, elle consiste dans toutes réflexions à tracer un lien, une origine dans le passé.

    Ensuite je reviens au réel, celui que j’ai sous les yeux et je fais le rapprochement: les gens se plaignent et pourtant, cela dure, pourquoi? Alors que, théoriquement le peuple est souverain, et que c’est de lui que vient en théorie la légitimité des actions entreprises en son nom. Et ce, que le pouvoir soit tenu par la droite ou la gauche; l’acronyme UMPS en témoigne, dans sa justesse.

    J’en conclus, il faut aller chercher ailleurs que dans la pseudo-démocratie, dans l’alternance et le bi-partisme monopolistique. La démocratie est bidon depuis que le système des dominants a pris le contrôle de la société civile par la propagande , la consommation, l’ècole etc.
    Le « Ailleurs », c’est votre affaire, mais vous ne pouvez y échapper si vous vous sentez concernée par la société dans laquelle se déroule votre vie.

    R. Aron a fait une remarque très juste qui a influencé ma vie. « si votre objectif est de ne pas être aliéné, étranger à vous même, vous ne pouvez vous désintéresser de la vie publique, car c’est dans son cadre que votre liberté s’exerce ». On ne peut qu’être engagé, ne pas l’être c’est soutenir le désordre existant.

    Mon autre Maître dans le style ni Dieu ni Maître, Léo Ferré a écrit, « la Révolution est une forme de politique ». Je pense que c’est la forme suprême de la politique, la forme qui va à l’essentiel: le dysfonctionnement structurel, systémique, le fondamental: Ainsi la base même de l’action politique efficace, pour moi , est la contestation de la Constitution, son remplacement par une nouvelle, venue non pas des fainéants qui nous malgouvernent, mais du peuple et de ses représentants non professionnels, temporaires, dument missionnés.

    La réforme est un moyen de prolonger, de perpétuer les dysfonctionnements, c’est un attrape nigaud conservateur. un piège pour l’intelligence et la morale.
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    Je pense que vous entendez pas Révolution quelque chose de violent; dans ce cas, nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde. La Révolution n’est pas fondée sur la violence, mais sur la révélation , la prise de conscience, la venue à la conscience de ce que le système maintient caché.
    « Les structures d’un système ne survivent que d’être cachées, enfouies , hors d’atteinte de la conscience » disait Jung.

    Vous comprenez mieux pourquoi j’écris.

    • Je trouve la réflexion de Raymond Aron tout à fait juste.
      Sur la révolution, je pense que ce qui nous sépare relève en partie de la définition des termes. Je fais la distinction d’Albert Camus entre la révolte et la révolution. J’en ai dit deux mots dans mon article sur Solidarnosc. La révolte ne se fonde pas sur la promesse de temps automatiquement meilleurs, tandis que la révolution si, quitte à en obtenir l’accomplissement dans un suicide collectif.
      Vous pouvez me mettre dans les révoltés. Mais c’est vrai que j’ai cette tendance conservatrice à privilégier un chemin de changement plutôt qu’un unique point de changement.

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