Affaire BlackRock : un joli précipité de schizophrénie française

En ce début d’année 2020, le dictionnaire français des horreurs économiques scrupuleusement tenu à jour par nos nombreux anticapitalistes s’est enrichi d’un nouveau mot. Après les célèbres profits, dividendes, Monsanto, glyphosate, LVMH, capitalisation et j’en passe, voici le sinistre BlackRock, du nom du premier groupe de gestion d’actifs au monde. Ses torts ? Frayer d’un peu trop près avec le concept honni de capitalisation d’une part et avec le Président Macron d’autre part.

Or ce dernier tente actuellement de faire passer une réforme de notre système de retraite par répartition.

Dans la mesure où on l’a vu recevoir à plusieurs reprises les plus hauts dirigeants de BlackRock et dans la mesure où la branche française de cette entreprise s’est montrée très intéressée par la réforme de l’épargne-retraite incluse dans la loi PACTE au point de rédiger une note de recommandations sur le sujet, il est tentant d’en conclure que le gouvernement est en train d’organiser la casse de la répartition pour livrer les retraites des Français aux affres de la capitalisation financière mondialisée.

Quand on apprend de plus que le patron de BlackRock France, Jean-François Cirelli, a été promu au grade d’officier de la Légion d’honneur en date du 1er janvier 2020 après avoir été fait chevalier en 2006, on s’indigne de plus belle à l’instar des syndicats d’extrême-gauche et de la plupart des partis d’opposition car on a indéniablement l’impression qu’une récompense aussi ostentatoire décernée à un moment aussi délicat de la réforme des retraites est la preuve ultime que les craintes sur la pérennité du système par répartition sont amplement justifiées :

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Mais pour ma part, je vois plutôt « l’affaire BlackRock » comme le triste symptôme du monstre de collectivisme et d’étatisme qu’est devenue la France.

• D’un côté, tout ce qui relèverait de choix individuels tels que la possibilité d’accéder à une dose de capitalisation dans les retraites est violemment rejeté, ce qui explique l’empressement avec lequel les syndicats d’extrême-gauche se sont mis à agiter l’épouvantail BlackRock au nez de l’opinion pour mieux l’amener à demander l’abandon globale de la réforme.

Un empressement des plus suspects, car cela revient in fine à préserver les privilèges d’un certain nombre de régimes spéciaux.

BlackRock est certes le premier gestionnaire d’actifs au monde avec un encours de 7000 milliards de dollars (soit environ 6200 milliards d’euros, dont seulement 27,4 pour le compte de clients français) ; deux tiers de ses encours mondiaux sont certes liés à des solutions d’épargne-retraite ; et son intérêt pour les évolutions de l’épargne-retraite inscrites dans la loi PACTE – des produits plus souples et un objectif de croissance des encours de 230 milliards d’euros actuellement à 300 milliards d’euros en 2022 – est certes réel.

Mais notons tout d’abord que dans sa note sur les retraites, BlackRock ne remet nullement en cause le choix français du système par répartition :

« Le système de retraite par répartition restera au cœur de l’épargne-retraite française. »

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Notons ensuite qu’il est loin d’être le seul acteur sur le marché de l’épargne-retraite par capitalisation telle que définie dans la loi PACTE. BNP Paribas, la Société générale, AXA, la Banque postale, Amundi (gestionnaire français qui détient la première place en Europe avec 1400 milliards d’euros d’encours gérés) et bien d’autres sont aussi sur les rangs et la concurrence est féroce.

Notons de plus que ce marché ne représente jamais que 2 % des retraites versées chaque année quand la répartition en représente 98 %. On est loin d’un dynamitage de cette dernière.

Notons enfin que rien n’empêche les Français d’utiliser leur assurance-vie pour couvrir un jour leurs éventuels besoins en matière de retraite. Or sur une épargne financière totale de plus de 5200 milliards d’euros au 30 juin 2019, l’assurance-vie représente 1700 milliards (et 2000 milliards si l’on ajoute l’assurance-vie en unités de compte). Nos syndicats envisagent-ils d’interdire le produit d’épargne préféré des Français pour préserver la pureté des retraites par répartition ?

Quant à la disposition de la réforme des retraites qui baisse la cotisation au-delà de 120 000 € de salaire annuel à 2,8 % sans prestation en contrepartie contre 28 % jusqu’à 324 000 € dans le système actuel, mais avec prestation de retraite, elle représente plus le désir de l’État de se débarrasser du versement des grosses retraites qu’une ouverture franche à la capitalisation.

Les salariés à hauts revenus concernés, à peine 1 % des actifs, se tourneront certainement vers des produits de capitalisation pour maintenir leur niveau de pension, mais non sans avoir été taxés d’abord des 2,8 % cités plus haut pour assurer la « solidarité » et la pérennité du système par répartition.

Or assurer la pérennité du système de retraite par répartition reste justement l’un des grands objectifs du gouvernement, quoi qu’en disent ses opposants. Encore récemment, le Premier ministre Édouard Philippe nous assénait le dogme de la supériorité morale de notre modèle social :

« La France n’a pas fait le choix du chacun pour soi et du tant pis pour les autres, et je pense qu’elle ne le fera jamais. »

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• D’un autre côté, l’obsession nationale pour la gestion collectiviste a produit un État français absolument tentaculaire qui s’occupe de tout et légifère sur tout. Rappelons que chez nous les dépenses publiques représentent 56 % du PIB, soit le plus haut niveau du monde développé et que le gouvernement en est par exemple à réglementer la composition des menus dans les cantines et la façon dont les psychologues doivent organiser leurs consultations !

Un tel contexte est le terreau idéal pour voir se développer un capitalisme de connivence qui n’a plus grand chose à voir avec la libre-entreprise dans un régime de concurrence. L’État doit tellement contrôler que chacun, particulier ou entreprise, agit conformément aux fins politiques, économiques et sociales qu’il a déterminées comme étant bonnes pour les citoyens, qu’il doit en permanence s’assurer la collaboration docile des uns et des autres pour faire avancer ses projets.

D’où, notamment, la distribution pratiquement compulsive de la Légion d’honneur en direction de tous les segments de la société.

Dans ces conditions, une entreprise qui souhaite s’implanter en France ou une entreprise française qui opère dans un secteur très encadré par les pouvoirs publics n’a d’autre ressource pour évoluer dans le dédale des réglementations que de recruter des dirigeants dotés de carnets d’adresses bien remplis en noms stratégiques au sein des cercles du pouvoir.

D’où Jean-François Cirelli pour BlackRock, c’est-à-dire un énarque ex-haut fonctionnaire passé par de multiples cabinets ministériels, par Gaz de France et même par le fantomatique Comité Action Publique 2022 imaginé en 2018 par Édouard Philippe pour tenter une improbable réforme de l’Etat.

Autrement dit, quand nos syndicalistes et nos partis d’opposition les plus anticapitalistes dénoncent les collusions qu’ils observent non sans raison entre le gouvernement et BlackRock France, ils dénoncent en fait une conséquence inéluctable du modèle étatique qu’ils ont contribué à instaurer et qu’ils n’ont de cesse de voir se développer encore plus. 

J’aimerais pouvoir me dire que des groupes comme BlackRock, dont le sérieux dans la gestion d’actifs est reconnu, auront un impact positif sur la fin du monopole étatique des retraites et donc sur la qualité de nos pensions, mais dans le contexte particulier de « l’exception française », je crains qu’il ne faille aussi déplorer tous les défauts du capitalisme de connivence, lequel ne s’est jamais développé en faveur des consommateurs.

Finalement, de quelque côté qu’on la regarde, la polémique « BlackRock » nous offre un joli concentré des psychoses, schizophrénies et incohérences politico-économiques françaises – un joli concentré des ratés du modèle social à la française qu’il est pourtant toujours question de préserver coûte que coûte. Encore une fois, ça promet.


Illustration de couverture : Bureau de BlackRock à New York, Photo AFP.

40 réflexions sur “Affaire BlackRock : un joli précipité de schizophrénie française

  1. Bon d’accord ! BlackRock n’est peut être pas « le grand méchant loup du capitalisme », et les 7000 milliards sont des « fantasmes » comme l’écrit l’HuffPost que vous citez en lien. Mais alors comment expliquer, comme on l’entend dire aujourd’hui, que les avocats vont se joindre à la grève ? Est-ce que vous diriez qu’ils sont, eux aussi, atteints de schizophrénie ?

    • Je crois que les avocats s’opposent au fait que le gouvernement fasse main basse sur leurs provisions de 2 milliards de leur caisse de retraites; une fois la réforme votée, celle-ci n’aura plus aucune utilité, comme les 192 autres milliards provisionnés par les autres caisses privées. Ainsi est-il prévu de remplir le tonneau des danaïdes des régimes spéciaux si chers à nos gouvernants.
      Je suis personnellement opposé à cette réforme car je ne veux pas d’un système collectiviste dit universel, je veux la liberté du choix. J’estime que chacun peut se faire sa propre retraite sans l’aide de l’état et que chacun est libre de partir quand il le veut, il n’a pas besoin du signal d’un autre qui ne sera plus là demain, surtout s’il s’est trompé. Je vous jure qu’il va se tromper et que cela va nous coûter très
      cher avec ou sans Black Rock.

  2. Je me suis imposé d’écouter une partie (pas tout, je n’y suis pas arrivé) d’une récente interview de Jordan Bardella, le nouveau petit jeune propre sur lui du Rassemblement national.

    Sur les retraites, ça a été les salades socialistes habituelles, Black Rock compris, bien entendu. Et sur le terrorisme musulman, pressé par les journalistes qui l’interrogeaient de donner ses solutions… il n’a pas dit, un seul instant : mettre fin à l’immigration de masse. En fait, il n’a même pas prononcé le mot d’immigration.

    Il n’a fait que répéter les sottises habituelles : emprisonner les fichés S… fermer les mosquées salafistes… enfin, des bricoles qui ne peuvent fonctionner qu’à la marge. (Sauf pour les fichés S : enfermer les fichés S, ça veut dire qu’on ne peut plus ficher personne pour surveiller les islamistes, banane ! j’ai rarement entendu proposition plus démagogique…)

    Bref, même le RN semble s’être transformé en parti socialiste ordinaire, tout à son objectif d’attirer les électeurs de Mélenchon.

    Sinon, j’ai cru comprendre que les 50 danseurs de l’Opéra de Paris allaient conserver leur régime de retraite, qui date de Louis XIV. C’est vrai qu’il ne faut pas bousculer les « partenaires sociaux ». Il faut prendre le temps de la « concertation ».

    Il y a un truc que je ne comprends pas bien : après 40 ans (si tel est l’âge de leur retraite), les danseurs ne peuvent pas faire un autre métier ? Et les sportifs, comment ils font ? Il courent le 100 mètres jusqu’à 62 ans ?

    Question valable pour les autres métiers « spéciaux », d’ailleurs. Admettons qu’il faille courir vite pour être flic, on ne peut pas travailler dans les bureaux, quand on n’a plus de souffle ? Ou bien, plus audacieux encore, on ne peut pas faire un autre métier, après avoir pris sa retraite à 50 ans ?

    • Vous aurez bien compris que la réponse est NON, tous les pratiquants des métiers exposés sont tellement fatigués,meurtris, cassés ou après voir été exposé à un ou plusieurs facteurs de risques professionnels liés à des contraintes physiques marquées par leur activité et/ou patron (l’état ou les administrations, particulièrement exposés à la pénibilité). Un conducteur de TGV ou à la RATP n’est plus apte à 52 ans mais un pilote de ligne peut aller jusqu’à 60 ans!
      Tous égaux qu’ils disent

      • Les critères de pénibilité, quelle catastrophe ! Avant, on avait une poginée de professions (militaire, petit rat de l’Opéra…) bénéficiant en douce d’une retraite précoce. C’était injuste, mais limité.

        Maintenant, la « pénibilité » devient officielle pour tout le monde. On en a pour un siècle de « conflits sociaux », où chacun va se revendiquer plus « pénible » que le voisin… Et je vous laisse imaginer les usines à gaz pour mesurer la « pénibilité »…

      • « pénibilité du travail », la moitié des gens travaillant ds les bureaux finissent par avoir des problèmes de dos plus ou moins grave. Donc le travaille de bureau, c’est aussi pénible.
        Le seul boulot sans pénibilité est celui de fonctionnaire travaillant 15 heures payées 35. Oohh je divague, ceci n’existe pas.

    • @ Robert Marchenoir: entièrement d’accord avec vous: le RN est un lamentable parti d’extrême-gauche comme les autres… Leur seul avantage, cependant est que s’ils arrivaient au pouvoir, l’ensemble unanime de la fonction publique, des administrations et de la justice passeraient le plus clair de leur temps à leur désobéir et à les empêcher de travailler, c’est-à-dire de nuire. Castrer l’état, le paralyser en l’empêchant de vaquer à ses occupations nuisibles serait déjà un résultat, non? Au point où on en est… Nos voisins belges ne se sont jamais aussi bien porté que pendant les 2 ans pendant lesquels ils n’avaient pas de gouvernement…

  3. C’est vrai qu’on aurait tendance à dire: l’état fait mal son travail, il gère l’argent n’importe comment surtout avec les pieds nickelés actuellement au pouvoir. C’est la triste réalité. il est incapable de gérer sainement des retraites, car dirigé par des gens dont la responsabilité n’est jamais engagée. Cela dit, qu’une société privée puisse gérer 7000 milliards de $ à elle seule fait un peu peur: elle peut faire faillite, et cela bien plus facilement qu’on ne croie: too big to fail, on a vu le film il n’y a pas si longtemps. Et là, que font les pensionnés?

    • @faustur-vous confondez la banque avec ses réserves fractionnaires et les risques sur les dépôts et la société de gestion qui achète des instruments financiers, qui sont la propriété des épargnants. De plus Black Rock gère beaucoup d’ETF qui répliquent les indices, le risque n’est pas lié à une éventuel faillite du gestionnaire, mais aux actifs achetés.
      Bien à vous

      • Vous voulez dire que Black Rock ne peut pas faire faillite, ou que si cette société est liquidée, les retraités continueront de toucher leur pension?

      • @faustur
        Non. Ce n’est pas ce qu’il veut dire. Cela veut dire que les OPVCM commercialisés par BlackRock (fonds d’investissement appelés « SICAV » et « FCP » ou fonds indiciels dits « ETF »), et qui consistent en « cocktails » de titres vifs, restent la propriété des épargnants. Si la société BlackRock fait faillite, l’économie mondiale, elle, continuera de fonctionner. Il n’y a pas de raison pour que les valeurs mobilières qu’elle commercialise fondent comme neige au soleil ou disparaissent du jour au lendemain.

        En cas d’effondrement de l’économie des pays développés, par contre, c’est une autre paire de manches. Il y a toujours un risque… Ceci dit, les actions et leurs dérivés restent les produits financiers offrant le meilleur rendement sur la longue durée, quelles que soient les crises. La diversification constitue à cet égard la stratégie fondamentale à adopter.

  4. @Robert Marchenoir : En ce qui concerne le métier tout à fait à part de militaire, la retraite précoce a du sens dans la mesure où cette profession implique (par définition) la possibilité très concrète d’y laisser sa peau. En dehors de ceux qui meurent au combat, il y a aussi tous ceux qui se tuent à l’entraînement ou qui meurent par accident en manipulant des explosifs et autres…
    Par ailleurs, les soldes de la troupe et des sous-officiers ne sont généralement pas bien élevées et la retraite « à jouissance immédiate » au bout de 17 ans de service (et respectivement 20 ans et 27 ans pour les officiers sous contrat et officiers de carrière) est un incitatif à l’engagement – on recherche, en gros, des jeunes en bonne condition physique, si possible sains et aptes à supporter la vie en groupe et la discipline. Ce n’est pas si évident, particulièrement de nos jours.
    Il faut aussi rappeler que les militaires ne sont pas soumis au Code du Travail; si on vous demande de travailler 12 heures par jour, eh bien vous le faites. Il faut être un peu masochiste, par exemple, pour vouloir devenir sous-marinier. Et vous n’avez ni le droit de vous syndiquer, ni, bien entendu, de faire grève. C’est logique et c’est la contrepartie de la retraite précoce.
    Les militaires sont donc à placer vraiment à part des autres catégories professionnelles.

    • @ Rupert

      Ça dépend. Vous savez, à travers le monde, les armées modernes sont de plus en plus une planque de la fonction publique comme une autre. C’est très visible en France, c’est très visible aux Etats-Unis. On n’est plus en 1914.

      Les chances d’aller au front sont assez faibles, pour un individu lambda. Quant aux officiers supérieurs, un grand nombre d’entre eux tiennent les murs dans des bureaux. Y compris dans les organisations internationales.

      L’armée française comprend un surplus scandaleux de généraux inutiles. La fameuse (et discrète) « deuxième section » (en français normal : payé à ne rien foutre) est un scandale de plus.

      Quant aux soldes faibles, peut-être. Mais nourri-logé-blanchi.

      Aux Etats-Unis, depuis que l’armée s’est largement ouverte aux femmes, un grand nombre y vont pour se faire mettre enceintes, puis pour prendre leur retraite (plus ou moins).

      Il serait plus juste d’augmenter les soldes sans donner de droits spécifiques à la retraite. Bénéficier d’une « retraite » après 17 ans de travail, c’est tout de même un peu ridicule, non ?

      Voir aussi les gendarmes, dont on se demande en quoi ils justifient d’une retraite précoce. Logés, eux aussi.

      Un policier de ma connaissance, qui travaille dans les bureaux, reconnaît (mais en privé) qu’il est tout à fait scandaleux que des gens comme lui bénéficient d’une retraite précoce. Il fait un travail qui ne se distingue en rien de celui d’un salarié du tertiaire.

      Hier, vous aviez le chef d’un syndicat de commissaires de police qui disait, dans le Figaro… qu’il ne manquait pas d’effectifs dans la police. Un syndicaliste qui avoue en public qu’il ne manque pas de moyens ! c’est exceptionnel… Si les ressources disponibles sont insuffisantes, disait-il (ce n’est pas la même chose), c’est parce que le binz est mal organisé.

      Et pour commencer à mettre l’organisation d’équerre, il proposait… de fusionner la gendarmerie et la police, qui font doublon. On n’est pas en Russie, tout de même. La France n’est pas censée être un Etat policier.

      • @Robert Marchenoir
        Cher Robert, merci d’avoir répondu à mon commentaire et meilleurs vœux pour cette nouvelle année !

        Tout à fait d’accord avec vous en ce qui concerne les officiers généraux. Ma réflexion à propos de la retraite au bout de 17 ans de service concerne, elle, la troupe et les sous-off, beaucoup plus concernés par les inconvénients du métier (travail de nuit, blessure, mort) que les grades précités. De plus, il ne faut pas perdre de vue qu’une armée qui tient la route se doit de reposer sur une base jeune. D’ailleurs, l’armée ne se gêne pas pour virer ceux qui ne font pas l’affaire ou n’ont que peu de perspective d’évolution ; au bout de 17 ans, on est en général au moins adjudant ou premier-maître, et il reste un tout petit pourcentage de la promotion d’origine.

        A propos des gendarmes, je vais vous donner l’exemple d’un de mes propres amis, que j’ai rencontré à l’époque ou il était marin – il a ensuite changé d’arme lorsque le Foch et le Clemenceau ont été retirés du service, ce qui a permis à la Marine de dégraisser ses effectifs de 2000 personnes environ. Ce garçon a donc rejoint la gendarmerie après 10 ans de Marine, et a passé quelques années après le concours d’officier de police judiciaire avec succès. Il a servi dans plusieurs brigades rurales de Haute-Loire et de Haute-Marne.

        J’ai eu l’occasion à diverses reprises de discuter avec lui de son métier. Il m’a raconté, par exemple, comment il avait rencontré à plusieurs reprises son épouse (infirmière du SAMU) à 2h00 ou 3h00 du matin sur des lieux d’accident, elle pour prendre en charge les blessés, et lui pour faire les constatations d’usage, en particulier les décès. Ou le genre de spectacles auxquels il avait dû assister : couper la corde d’un pendu mort depuis trois semaines, découvrir le cadavre d’un alcoolique mort étouffé dans son vomi depuis plus d’un mois… L’une de ses pire anecdotes concernait le décès d’un enfant de 12 ans, l’âge de son fils, écrasé par un camion sur la nationale, qu’il avait été constater avant d’aller prévenir les parents en personne. Ou encore les histoires d’inceste et de pédophilie et les face-à-face avec les racailles des cités voisines et autres Jean Duvoyage. Deux réflexions qui ont fusé lors de ces confidences : « Pour nous, y’a jamais de cellule psychologique » et « J’ai pas à me plaindre, jusqu’ici je n’ai jamais eu à traiter d’homicide ». Les brigades dans lesquelles il a servi étaient en sous-effectif de 20 à 30% (4 bonshommes au lieu de 5 ou de 6), et il paraît que c’est très courant. A priori, gendarme, ce n’est pas toujours très marrant, on est un peu loin de l’image des flics glandeurs guettant au fond de la 4L l’automobiliste un peu pressé. Mon ami a fini par quitter la gendarmerie au bout de 19 ans, il en avait tout simplement ras-le-bol.

        Je pense aussi que ce serait une bonne idée de supprimer la police et de ne conserver que la gendarmerie, beaucoup plus professionnelle car mieux formée.

      • Bonjour Rupert,

        Très bonne année à vous également. Je ne vous dis pas que si j’étais dictateur du monde et de ses environs (je vous le déconseille), je ne me laisserais pas convaincre par les militaires de leur laisser leur retraite précoce.

        Je dis simplement que la seule chose qui la justifie, c’est qu’ils risquent leur vie et l’invalidité s’ils combattent. Un soldat revenu chez lui avec deux bras et deux jambes en moins ne peut plus travailler pour faire vivre sa famille : voilà, en gros, la justification de l’exception.

        De proche en proche, cette exception a contaminé d’innombrables corporations, et même au sein de l’armée elle ne se justifie pas toujours.

        Quant aux gendarmes qui décrochent les pendus, je m’excuse, mais cela n’est pas une raison pour leur accorder une retraite précoce : quel bon sang de bonsoir de rapport ?

        Si vous ne voulez pas vous confronter à « la misère du monde », comme disent les représentants de policiers qui (curieusement) expliquent ainsi les suicides dans leurs rangs, il ne faut pas faire gendarme. Personne ne vous oblige à faire ce métier.

        Les médecins mettent les doigts dans le fondement de leurs patients, les plombiers débouchent les cabinets, les employés des pompes funèbres manipulent les mêmes pendus que les gendarmes ont décroché, et pourtant personne ne réclame de retraite précoce en leur faveur. Pourquoi ? Parce qu’ils ne sont pas fonctionnaires, donc ils n’ont pas le pied dans la porte du pouvoir pour extorquer des privilèges.

        Si vous faites flic ou gendarme, c’est précisément parce que vous avez choisi de « vous confronter à la misère du monde », comme disent les cuistres syndicaux.

        Le présupposé de tous ces discours, c’est que le travail est une mauvaise chose, et que pour dédommager les gens de consentir à travailler, il faut leur donner une retraite précoce.

        Ce que suggèrent tous ces gens, c’est que l’emploi normal consiste à pousser des papiers de droite à gauche sur un bureau de 9 heures à 17 heures, et que le désagrément maximum qui puisse vous arriver consiste à ce qu’il n’y ait plus de café dans la machine à café.

        Ce n’est pas le cas. Tous les emplois présentent des aspects désagréables. La vie n’est pas uniquement une partie de plaisir. Une fois sorti de l’enfance (et même quand vous êtes gamin, vous vous prenez des baffes de temps à autre), vous avez à vous confronter aux difficultés de l’existence.

        C’est normal. Ce n’est pas une horrible injustice. L’Etat (c’est à dire vos voisins) n’a pas à vous dédommager pour cela.

        Le montant de votre rémunération, déterminé par l’offre et la demande sur le marché, reflète la valeur de votre travail. Si décrocher des pendus réclame des capacités exceptionnelles et qu’on trouve très peu de gens pour le faire, eh bien les décrocheurs de pendus seront payés plus que les PDG de Renault-Nissan.

        Cela n’a rien à voir avec la retraite, qui est un mécanisme d’épargne, et, dans une certaine mesure, de solidarité.

        Le cadre intellectuel dans lequel nous réfléchissons à la retraite en France est aberrant. On vous dit : un conducteur de train ne peut pas conduire des TGV jusqu’à 70 ans, gna-gna. Outre que cette assertion est fortement contestable (conduire un train aujourd’hui est une partie de plaisir), qui a dit que le métier que vous faites à 20 ans, il faut toujours le faire à 70 ans ?

        Il n’y a pas besoin d’autres métiers que conducteur de train, à la SNCF ? Personne ne travaille dans les bureaux ? Il n’y a pas de contrôleurs du travail des autres, pas d’organisateurs, pas de planificateurs, pas de formateurs, pas d’acheteurs de fournitures et de services, pas de contremaîtres, pas de chefs d’équipe ? Un type qui a conduit des trains pendant 20 ans n’est pas particulièrement qualifié pour diriger le travail des conducteurs de train ? Personne n’évolue dans son métier ? Les gens sont des machines ?

        Ce raisonnement est applicable à tous les secteurs. Il y a un temps pour tout, comme dit l’Ecclésiaste. Quand vous avez vingt ans vous faites un certain type de travail, et quand vous en avez soixante vous en faites un autre.

    • @Robert Marchenoir
      Peut-être faudrait-il limiter les retraites dites « à jouissance immédiate » à certains métiers au sein de l’armée, effectivement. Certaines carrières militaires sont effectivement assez comparables à celles d’employés ou de fonctionnaires lambda, tandis que d’autres nécessitent une condition et un courage physiques hors du commun (je pense aux commandos marine), ou encore des conditions de vie exceptionnellement éprouvantes que peu de gens accepteraient sans carotte (je pense aux sous-mariniers des SNLE). Ce sont des trucs de jeune, où les accidents – ou mort au combat pour les commandos – ne sont pas rares et pour lesquelles on doit bien souvent tirer un trait sur sa vie familiale à un âge déterminant.

      Tout à fait d’accord avec votre plaidoyer pour la mobilité professionnelle dans les entreprises et les administrations publiques. J’ai lu voici quelques années que certains conducteurs de TGV remettaient le couvert à Taïwan, je viens d’ailleurs de retrouver l’article : https://www.lefigaro.fr/economie/2007/06/21/04001-20070621ARTFIG90040-la_sncf_offre_des_retraites_dorees_a_l_etranger.php
      Ça date de 13 ans mais ça paraît tout de même assez aberrant.

  5. Pour ce qui concerne les militaires quelques précisions s’imposent. Tout d’abord le plus grand nombre est en fait en CDD de quelques années et les engagés travaillent tous à l’issue de leur contrat. Ceux qui sont fonctionnaires et qui sont de fait « mis dehors » par l’Etat avant 63 ans sont contraints de travailler jusqu’à obtenir le nombre d’annuités nécessaires pour bénéficier d’une retraite normale. Les généraux en deuxième section sont rémunérés comme les retraités en fonction des annuités accumulées comme tous les autres travailleurs. Ils ne bénéficient d’aucun privilège sinon celui d’être susceptibles d’être rappelé en cas de besoin par leur ministre !
    Deux proverbes facilitent la compréhension de la situation : le premier, herbe est toujours plus verte dans le champ du voisin, la jalousie ça pourrit la vie, le second quand on ne sait pas éteindre un incendie on n’active pas le feu, notre président devrait faire sien ce proverbe africain !

  6. Il suffit de demander aux retraités américains ce qu’il est advenu de leurs retraites.

    Aux Etats-Unis, en Angleterre et dans d’autres pays, on ne compte plus les millions de gens ruinés par un système qui dépend de la bourse, donc en clair de l’économie de casino. Certaines entreprises annoncent à leurs salariés qu’ils n’auront pas de retraite car les fonds de pension sont ruinés. Et les petits vieux américains sont obligés de pousser les caddies chez Walmart pour survivre.

    Pour les retraites par capitalisation, les intérêts des salariés sont liés aux bonnes fortunes de la finance, laquelle prospère précisément sur le pompage de cette manne financière par les effarantes commissions que prélèvent les très nombreux intermédiaires parasites de la division du travail financier. Sans oublier les augmentations régulières de cotisation et les bidouillages comptables pour masquer les faillites.

    « La faillite des fonds de pension publics américains représente un trou supérieur à 3 000 milliards de dollars selon l’American Enterprise Institute, soit environ 22 % du PIB US. »

    En 2010, lors de la réforme des retraites, le gouvernement Sarkozy a fait main basse sur la cagnotte des retraites : 33 milliards d’euros du Fonds de réserve des retraites (FRR) créé par Lionel Jospin. Fonds qui devait alléger la charge des retraites du papy-boom pour les jeunes générations à partir de 2020. Woerth a liquidé les bijoux de famille, enfin les bijoux du populo.

    • @Vincent
      Là, vous êtes en train de nous parler de la faillite des fonds de pension PUBLICS américains de grandes collectivités territoriales comme Detroit, Houston ou Cleveland. Il s’agit d’organismes d’État dédié au financement des retraites des fonctionnaires américains qui ont longtemps investi l’essentiel de leurs avoirs dans des obligations et qui, devant la baisse des rendements de ces dernières, se sont tournées vers des investissements spéculatifs et hasardeux de type hedge funds avec des résultats catastrophiques. Tout ceci n’a pas grand chose à voir avec les grands gestionnaire de fond comme BlackRock, Carmignac et autres, qui brassent des milliards d’euros d’actifs variés (obligations, actions, matières premières, foncières) en irriguant ainsi l’économie réelle et sont très présents dans le monde de l’assurance vie et de l’assurance retraite, entre autres.

      La fameuse « cagnotte » que vous évoquez existe toujours à l’heure actuelle. Le FRR est absurdement négligé depuis longtemps et continue pourtant de croître; d’un peu plus de 33 milliards d’euros en 2010, son actif net était passé à environ 37 milliards en 2017. Une situation qui plaide pour l’ouverture de la retraite par capitalisation, à l’inverse de ce que vous affirmez.

      Un article intéressant à ce sujet : https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/economie/reforme-des-retraites-en-france-la-capitalisation-et-les-fonds-de-pension-sont-des-sujets-tabous-114185

      • D’accord avec vous, VINCENT est seulement un peu perdu et nous ressert ce que nous entendons des contradicteurs.
        J’ajouterai pour aider VINCENT que si tous les actifs représentants les entreprises faisaient faillite alors il ne resterait rien de la répartition car sans entreprises pas de salaires ni d’impôts ni cotisations CQFD
        Le pire n’est jamais sûr mais les bonnes choses parfois possible

  7. Voilà une séquence de plus dans notre vie politico-médiatique bien résumée dans tous les aspects d’un processus malheureusement trop bien usé.

    Des préjugés bien ancrés quasiment génétiques, s’ensuivent les réflexes habituels anti-capitalistes (aveugles de toutes les connivences), sur les aspects les plus marginaux de préférence, déclenchant des phénomènes névrotiques, média, réseaux sociaux etc…

    Je ne sais même pas si BlackRock rêve de faire du pognon en France vu les barrières fiscales, réglementaires, croyances et comportements franchouillards ou alors il faudra être patient. Il est vrai que les assureurs pronostiquent sur le long terme…

    Tout ça pour des mesurettes qui coûteront plus chers au final que si on avait rien fait.
    Des prétentions d’universalité uniques au monde d’arrogance au point d’être évidemment moquées, pour compliquer une usine à gaz égalitariste que même Dieu n’a pas voulu oser puisqu’il nous a inventé inégaux par conception et pour chacune de nos destinées.

    Si seulement c’était de la schizophrénie, je finis par en douter.

  8. Pourquoi pas la retraite à 70 ans si on embauche tous les lardus de la politique, les élus ventrus, les subventionnés des médias, du cinéma et de la télé à bosser dans le bâtiment à 6 h du matin par tous les temps, 40 h par semaine avec un stage probatoire obligatoire dans les abattoirs allemands, dressés au knout par les Bulgares et les Roumains du coin et jetés aux crocodiles s’ils n’atteignent pas leurs objectifs.

    Encore faut-il qu’il y ait du travail pour bosser après 60 ans ! La France est la lanterne rouge de l’Europe en ce qui concerne l’emploi des salariés dans la tranche 55-60 ans : 1/3 de travailleurs seulement. C’est quand même LA question cruciale.

    Je vote pour le premier parti libéral qui supprimera les milliards de subventions aux magnats de la presse d’Etat à la française, la plus subventionnée d’Europe. Le rapport de la Cour des Comptes de 2013 a révélé que le plan d’aide à la presse est estimé à 5 milliards € pour la période 2009-2011.

    Je vote pour le premier parti libéral qui supprimera les fonctionnaires cachés qui se gavent d’argent public et qui nous matraquent tous les jours que touçacélafotofonksionnaires.

    Je vote pour le premier parti libéral qui supprimera la niche fiscale qui permet aux heureux journalistes de déduire 7 650 euros de leur revenu imposable.

    Je vote pour le premier parti libéral qui mettra un terme aux Partenariats Public-Privé, la quintessence du capitalisme de connivence. La rente pour des intérêts privés et les dettes incontrôlables aux contribuables. Le Pognon du Public dans des Poches Privées.

    Je vote pour le premier parti libéral qui supprimera les centaines de niches fiscales qui ont représenté un coût de 80 milliards en 2014 pour l’Etat et les contribuables, et donc de la dette supplémentaire.

    Etc … Etc …

    • Vous avez mis le doigt sur le problème : il n’y a pas de parti libéral en France. Ça a existé, mais c’était voici fort longtemps. Il existe plusieurs partis plus ou moins socialistes, et il faut faire son choix là-dedans. Hors de l’État, point de salut.

  9. « Toute capitalisation est une promesse qui n’engage que ceux qui y croient. »

    La retraite par capitalisation fait le bonheur des hedge funds qui rassemblent principalement des investisseurs institutionnels, les fameux zinzins, tels les fonds de pension. « Certains de ces fonds de pension ont estimé dans les années 1990 et 2000 qu’il leur fallait générer une rentabilité annuelle minimale de 15 % pour assurer leur mission. Une croissance irréaliste qui a contribué à soumettre les marchés, les entreprises et leurs salariés à des pressions intenables et qui a provoqué nombre de catastrophes économiques. »

    Ces hedge funds se sont transformés en spécialistes de la spéculation financière. Avec les fonds de pension, ils ont fait exploser le chômage, plomber l’économie réelle, et donc forcément compromettre par là-même le financement des retraites.

    Le véritable problème n’est pas celui des retraites mais celui de l’emploi. Tant que le chômage de masse sévira, les cotisations resteront insuffisantes. La France a le record de chômage en Europe chez les plus de 55 ans et ce n’est pas en retardant l’âge de la retraite que les seniors seront davantage embauchés.

    D’autant plus que la désindustrialisation a été massive ces trente dernières années d’une part, et que, d’autre part, l’OCDE estime le NAIRU à environ 8,3 % pour la France, c’est à dire le taux de chômage qu’il faut maintenir sous peine d’accélérer l’inflation. On y est bien effectivement, du moins officiellement, car si l’on compte les travailleurs partiels, les précaires, ceux qui ne sont pas inscrits à Pôle Emploi, ceux que Pôle Emploi a lourdé pour ne pas plomber les statistiques, le taux est largement supérieur.

    Quels sont les Etats américains dont les fonds de pension sont les plus en situation de sous-financement ?

    http://www.americanthinker.com/articles/2015/04/which_states_have_the_most_underfunded_pensions_.html

    • @Vincent
      Il me semblait vous avoir répondu là-dessus. Vous confondez les fonds de pension publics américains, et les fonds d’investissement déjà massivement présents dans le monde de l’épargne. Quand on parle de retraite par capitalisation, il s’agit de diriger l’épargne vers ces produits financiers-là, et non vers des fonds spéculatifs opaques et décorrélés de l’économie réelle.

      En ce qui concerne le problème de l’emploi en France, ses causes en sont connues et font l’objet d’innombrables publications et articles. Le coût du travail est plombé par une fiscalité excessive et multiforme qui sert, entre autres, à alimenter une armée de 5 millions de fonctionnaires dont le nombre n’a jamais cessé d’augmenter depuis 40 ans, et ce pour des résultats de plus en plus médiocres. Elle sert aussi à payer les dettes de canards boiteux comme la SNCF, dont on parle beaucoup ces jours-ci. Elle sert surtout à financer des dépenses sociales faramineuses, dont les retraites et la Sécu, qui pourraient être mieux gérées et à moindre coût par des acteurs privés dont c’est le métier. Tout cela représente des sommes considérablement plus élevées que les subventions à la presse ou les avantages fiscaux des journalistes.

      Le faible taux d’emploi des plus de 50 ans pourrait augmenter à l’avenir avec l’arrivée des classes creuses de l’après-baby boom. On a déjà du mal, en entreprise, à trouver des jeunes capables d’écrire le français sans faute et de tenir un raisonnement logique et structuré. Ça ne va sans doute pas aller en s’améliorant.

    • @ Vincent

      L’article que vous indiquez démontre le contraire de ce que vous dites. Il dit justement que des fonds de pension privés sont beaucoup plus avantageux pour les travailleurs que des fonds de pension publics. Il confirme donc le point de vue libéral, et non le point de vue étatiste. Ici :

      « Since these states don’t have the capital or policies in place to boost the funded ratio to what it should be, many public employees are choosing private pensions. Apart from being infinitely more reliable than state pensions, this type of retirement account has a multitude of benefits. You can continue to build on your pension and even retire at a younger age. Private pensions are provided through banks, societies, investment and insurance companies, and several general retailers outside the government, which means more options and reliability in pension funding for you. »

      Ce passage fait l’éloge de Black Rock, si vous voulez — ou de ses équivalents français, bien entendu. Le mécanisme de l’épargne n’a rien de spécifiquement américain, et d’ailleurs il est largement antérieur à la fondation des Etats-Unis !

      Une fois de plus, le socialisme latent en France tente de nous enfumer en prétendant qu’adopter la retraite par capitalisation nous rendrait esclave des Etats-Unis. C’est faux à double titre. Rien n’empêche des entreprises françaises de vendre des services financiers, et d’ailleurs la France possède une vigoureuse industrie financière. D’autre part, je vois mal en quoi mettre des fonds américains dans une retraite serait nocif pour un Français ! C’est du racisme anti-américain, ou quoi ?

      Par ailleurs, votre article traite uniquement du cas des Etats-Unis, et, au sein des Etats-Unis, du cas de la retraite des fonctionnaires.

      Le système fonctionnarial américain n’a pas toujours un fonctionnement vertueux, loin de là. Mais étant beaucoup plus restreint que le système français, il est naturellement limité dans les dégâts qu’il peut occasionner.

      Une illustration de plus du fait qu’un nombre élevé de fonctionnaires et un niveau élevé de la dépense publique sont des maux en eux-mêmes, et qu’il est illusoire de chercher à « améliorer l’efficacité de la dépense publique », comme on l’entend souvent, avant qu’elle ne soit radicalement diminuée.

  10. INFO LECTEURS – OBITUAIRE :

    J’ai appris par Contrepoints que l’économiste Georges Lane était décédé tout récemment.

    Georges Lane a été un proche collaborateur de Jacques Rueff. Il a notamment travaillé avec lui sur la corrélation entre les variations du chômage et celles du salaire réel pour la période 1963-1975, étude que Rueff a commentée dans son célèbre article de 1976 intitulé « La fin de l’ère keynésienne ».
    J’en ai parlé dans Chômage (II) : Keynes détruit l’emploi et Rueff démolit Keynes (mai 2019)

    Georges Lane a eu l’amabilité de laisser plusieurs commentaires sur ce blog, la plupart en relation avec mes articles sur Rueff. Condoléances à sa famille et ses amis.

    • Je me joins à vous pour les condoléances à la famille de Georges Lane que j’ai beaucoup lu concernant la monnaie et la sécurité sociale. Je regrette qu’il n’y ai rien eu dans la presse ni de la part du gouvernement, mais il n’était pas keynésien. Paix à son âme et MERCI

  11. Le libéralisme n’existe pas et n’a jamais existé, ce n’est que du capitalisme de connivence (crony capitalism).

    Le complexe militaro-industriel des USA est un bon exemple de capitalisme de connivence. Les connections avec le Pentagone, le lobbying à Washington, la corruption, le renflouement par l’Etat, c’est-à-dire les contribuables, sont plus importants pour les entreprises « privilégiées » conniventes, que les règles classiques de concurrence. Le fait d’avoir des “cronies” dans les administrations Bush, Obama, Trump, etc… leur permet de décrocher des contrats sans appel d’offre. Exemples dans les guerres d’Irak, d’Afghanistan, de Syrie, etc … qui ont coûté des milliers de milliards aux contribuables américains.

    Un autre exemple bien connu de capitalisme de connivence est celui de Fannie Mae et Freddie Mac. Le soutien des politiques américains a permis à Fannie et Freddy, ces deux géants du prêt hypothécaire, de dominer le marché et … ils n’ont pas manqué de renvoyer l’ascenseur en finançant leurs campagnes électorales. Après l’effondrement de 2008, la FED a repris 100 milliards de dollars de dette à Fannie Mae et Freddie Mac et jusqu’à 500 milliards de dollars de leurs actifs adossés à des créances hypothécaires.

    Les connivents veulent TOUJOURS transformer leurs profits, incertains, en rentes certaines par destruction de la concurrence. Pour cela le plus simple est de prendre le contrôle de l’Etat et de mettre le monopole de la violence légitime qui est sa caractéristique à leur service exclusif.(…) »

    Pantouflage, collusion, participations croisées, renflouements au détriment des contribuables, ce que Bastiat appelle « la recherche de rentes ».

    https://en.wikipedia.org/wiki/Crony_capitalism

    • Cher Monsieur, je vous vois nous expliquer à longueur de (longs) commentaires que le libéralisme n’existe pas en ne prenant vos exemples que dans le domaine public.
      Plus il y a d’Etat, plus il y a de connivence, c’est un fait. Alors commencez par demander le recul des interventions tous azimuts de l’Etat dans la vie des gens (comme le font les libéraux) et la connivence régressera. Mais dans mon expérience, beaucoup de ceux qui dénoncent les collusions (uniquement quand ça les arrangent) entre Etat et entreprises sont aussi les premiers à réclamer « plus de moyens » voire à aspire à une économie entièrement planifiée. Et là, la collusion sera totale. Faites vos choix.

    • @VINCENT-Décidément vous êtes indécrottable ou payé pour ça. Le libéralisme ne peut être comparé au capitalisme, en ce sens que le libéralisme est un humanisme qui ne peut se comparer qu’avec un autre humanisme. Le capitalisme dans sa première acceptation est la propriété des moyens de production, vous devriez lire l’excellent ouvrage de Michel Leter « Le capital – L’invention du capitalisme »

  12. C’est le contraire, plus il y a de connivence, plus il y a d’Etat. Ce que Bastiat appelle « la recherche de rentes ».

    PS : il y a plein de longs commentaires à la suite de vos billets, pourquoi vous en prendre seulement aux miens ???

    • On va la chercher auprès de qui, sa rente ? La connivence s’établit entre qui et qui ?
      Mais évidemment, c’est un système qui s’auto-entretient. Dans un contexte aussi étatisé que la France, tout le monde cherche son poste, sa subvention, sa législation favorable, son contrat avec d’Etat, etc.. Et l’Etat est ravi. Tous ces obligés de ses bonnes grâces…
      Le périmètre de l’Etat serait plus réduit, ce serait beaucoup plus difficile.

  13. Toutes les réponses à vos questions se trouvent dans le lien que j’ai donné précédemment sur le crony capitalism.

    Vous pouvez également lire le livre d’Olivier Toscer : « Argent public, fortunes privées. »

    D’autres livres comme « Le Repas des Fauves », « Les Profiteurs de l’Etat », « Des coffres si bien garnis », « Pendant les affaires, les affaires continuent », « La République des Vanités », etc … etc ….

    Y’a bon les rentes de situation dans des secteurs où les requins peuvent se faire des profits captifs comme l’eau, le gaz, l’électricité, les autoroutes, etc … les politiques et les élus sont achetés et vendus par des intérêts privés alors que leur rôle devrait s’en tenir à la régulation. Intérêts privés qui se gavent de milliards de subventions, de contrats publics, de manipulations du système bancaire et de la monnaie et grâce aux effets de seuil qui font que certains peuvent échapper en bonne partie au fisc alors que les PME/TPE sont laminées.

    • Nathalie MP Meyer vous a parfaitement répondu et elle n’a pas besoin de moi pour le faire. Je vais seulement ajouter que vous êtes indécrottable, effroyablement indécrottable ou êtes payé pour cela tellement vous faites du Michel Audiard

  14. @ Vincent

    « Y’a bon les rentes de situation dans des secteurs où les requins peuvent se faire des profits captifs comme l’eau, le gaz, l’électricité, les autoroutes, etc … les politiques et les élus sont achetés et vendus par des intérêts privés alors que leur rôle devrait s’en tenir à la régulation. »

    Ben ouais qui vous dit le contraire, pas besoin de s’exciter.

    « Le libéralisme n’existe pas et n’a jamais existé, ce n’est que du capitalisme de connivence (crony capitalism). »

    C’est faux !
    Tout dépend où vous placez le curseur fiscal et comment s’exercent les réglementations.
    En France, chaque révolution et chaque conflit, créant de nouveaux besoins financiers, ont été l’occasion d’un renforcement de la pression fiscale passée de moins de 10 % jusqu’en 1914, à 20 % jusqu’en 1939, à 40 % à partir des années 1980, 46 % aujourd’hui. On peut aussi évoquer la pression sur les entreprises et la production.
    Comme par hasard, la France a connu une croissance inouie à partir de la moitié du 19è siècle jusqu’en 1914. On peut dire qu’il s’agissait alors de libéralisme certes un système avec plein de défauts voir des connivences mais au combien limités. En tout cas c’est une preuve !

    J’ai bien apprécié l’article de Patrick de Casanove sur Contrepoints :
    « Diminuer les impôts, diminuer les dépenses dans une proportion plus forte encore. » en rappelant Bastiat.
    Coupez les vivres de l’Etat et vous faites disparaitre toutes les connivences financières et réglementaires.
    Faut-il attendre que le FMI nous l’impose ou pire les évènements ?

  15. @ Vincent

    Je ne comprends pas très bien où vous voulez en venir.

    Manifestement, vous n’aimez pas du tout le libéralisme, et d’autre part vous nous dites que le libéralisme n’existe pas.

    Donc vous devez être ravi de la situation actuelle, nous sommes bien d’accord ?

  16. Nathalie,
    Vous avez tout plein d’énergie, mais que voulez-vous faire pour que la grande masse des Français qui n’ont aucune éducation économique, sinon celle du « tout Etat » comprenne quoi que ce soit ?

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