Vote obligatoire : bienvenue dans l’avenir radieux du contrôle social

Avec un taux d’abstention record de 66,7 % enregistré dimanche 20 juin dernier lors du premier tour des élections régionales 2021, il eut été étonnant de ne pas voir resurgir l’idée de rendre le vote obligatoire. Premier au taquet, le journaliste Christophe Barbier qui relance bruyamment sa proposition de 2015 d’infliger aux abstentionnistes d’une élection ce qu’il appelle une « punition douce et démocratique » en les privant de leur droit de participer aux élections suivantes :

L’ancien directeur de la rédaction du magazine L’Express n’est certes ni le premier ni le seul à préconiser une telle coercition du droit de vote. Le quotidien Le Figaro nous rappelait récemment que dès l’instauration du suffrage universel masculin en 1848 (le féminin suivra un siècle plus tard), s’est posée la question du traitement de l’abstention. À l’époque, le sujet de l’élargissement du vote censitaire au profit du suffrage universel avait donné lieu à une lutte acharnée qui avait entraîné la chute de Guizot et de la monarchie de Juillet. De ce fait, certains instigateurs du suffrage universel concevaient mal que ce nouveau droit ne soit pas pleinement exercé par les bénéficiaires.

Encore qu’en 1882, un éditorialiste partisan du vote obligatoire concédait volontiers que « pour nous procurer des députés dans le genre de ceux dont nous jouissons, il n’y a vraiment pas de quoi se déranger » (problème éternel, manifestement). Son argumentation en faveur de l’obligation consistait alors à dire que « c’est justement parce que l’abstention électorale augmente, que la qualité législative diminue ». Ne serait-ce pas plutôt le contraire ? Je vais y revenir.

Plus près de nous, notons que le vote obligatoire figurait dans le programme présidentiel 2017 de Jean-Luc Mélenchon (France insoumise) associé à la reconnaissance du vote blanc, qu’il apparaissait sous forme de question dans la Lettre aux Français d’Emmanuel Macron (janvier 2019) rédigée en préambule du Grand débat national (pour être finalement écarté des décisions) et qu’il a reçu récemment les faveurs du maire de Perpignan Louis Aliot (Rassemblement national) alors que son parti a enregistré un recul inusité dimanche dernier. Même ses électeurs se sont abstenus massivement :

Participation au premier tour des élections régionales 2021 selon le vote au premier tour de l’élection présidentielle de 2017 – Enquête IFOP-Fiducial pour TF1 et LCI : 

Il serait donc question de réenchanter la politique et la démocratie… en contraignant plus l’électeur. Tout un programme qui cache mal le besoin de domination des classes politique et médiatique sur les citoyens et leur incapacité totale à imaginer et/ou admettre des espaces d’existence extérieurs à l’emprise étatique. Écoutons Christophe Barbier in extenso (vidéo d’avril 2015, 03′ 10″) :

Le simple fait d’entendre un citoyen tout à fait ordinaire, en tout cas pas plus apte que vous et moi pour juger à la place des autres de la meilleure attitude politique à tenir en telle ou telle circonstance électorale, fut-il journaliste avec ou sans écharpe rouge – le simple fait, donc, de le voir décider sur les plateaux-télé que les raisons des abstentionnistes de s’abstenir sont de mauvaises raisons, puis vouloir les punir au nom de la démocratie et de la résistance à la tyrannie est absolument révoltant.

M. Barbier a peut-être les meilleures intentions du monde, mais ce faisant, il saute un peu vite dans les bottes du despote éclairé toujours prêt à tenir (fermement) la main de ses concitoyens, pas assez « conscientisés » aux choses de la politique à son goût, pour les guider comme des enfants incapables de décider par eux-mêmes. On va donc les obliger – à voter, mais on peut penser à d’autres obligations latentes… – puis ensuite punir les récalcitrants et, pourquoi pas, récompenser les « bons » citoyens.

Jolie démocratie. Jolie tentative de contrôle social à la chinoise ou à la nord-coréenne. Eh bien, désolée, mais non merci.

Tout candidat une fois élu aime pouvoir se dire qu’il doit sa place à la volonté du peuple. L’abstention caracolante est alors vécue comme une véritable injure faite à la grandeur de son engagement et de son dévouement. Très vite le non-exercice du droit de vote est considéré comme « une atteinte au contrat social » (dixit Barbier). Mais quel contrat ? Celui qui fait que les droits des citoyens s’accompagnent de devoirs, vous répond-on généralement. Sauf qu’un droit ne peut devenir son propre devoir. Un droit ouvre une porte, il ne comporte nullement l’obligation interne d’être exercé. Sinon, ce n’est plus un droit mais une réduction caractérisée des libertés individuelles.

Puis très vite le peuple est accusé de ne pas reconnaître ses politiciens à leur, non pas juste, mais haute valeur. Très vite ces derniers en viennent à déplorer le recul de la démocratie puis le recul du sentiment collectif. Très vite l’individualisme et l’unique soin que chacun porte à ses misérables petites affaires sont mis en accusation.

Il y a quelque chose de fondamentalement collectiviste dans cette idée autoritaire par nature d’obliger tout le monde à voter. Comme si tout le monde devait s’intéresser à la politique ; comme si, même en s’y intéressant, l’on devait systématiquement adouber l’un ou l’autre candidat de l’offre politique du moment ; comme si l’on ne pouvait pas évaluer la plus ou moins grande importance de certaines élections par rapport à d’autres ; comme si l’on ne pouvait pas refuser de jouer le jeu de politiciens foncièrement clientélistes en campagne électorale puis désespérément occupés, une fois en poste, à se rendre indispensables par leur interventionnisme maladif dans toutes les activités humaines.

Tout comme Mélenchon et la plupart des partisans du vote obligatoire, Christophe Barbier concède que celui-ci s’accompagnerait de la reconnaissance du vote blanc qui selon lui donnerait un signal très utile aux politiciens pour corriger le tir. Mais outre qu’il est bien audacieux d’accorder du crédit à une répartition des votes effectuée non pas librement mais dans la crainte d’une sanction – exactement comme la justice dans un État de droit ne se satisfait pas d’aveux obtenus sous la contrainte – en quoi l’abstention parfaitement spontanée d’aujourd’hui ne constitue-t-elle pas un formidable avertissement à l’encontre de la classe politique ?

Observons à cet égard que les citoyens français se déterminent de façon parfaitement rationnelle compte-tenu de nos institutions. Le régime de la Vème République est devenu encore plus présidentiel que ne le voulait le Général de Gaulle lorsque le mandat du Président fut ramené à cinq ans à partir de 2002. Pas étonnant dès lors que l’élection présidentielle attire nettement plus les électeurs (78 % de participation au premier tour de 2017) que tous les autres scrutins, l’impact de ces derniers sur la vie du pays paraissant bien moindre par comparaison.

Même les élections législatives, celles qui, à mon sens, devraient trôner au centre de notre vie politique comme dans d’autres pays de Constitution plus parlementaire (Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas…) sont vécues comme un simple enregistrement de la nouvelle majorité dans la foulée de l’élection du Président de la République (participation de 49 % au premier tour de 2017).

Si l’on s’en tient aux élections régionales, pas très étonnant non plus de constater le désintérêt de l’édition 2021 par rapport au round précédent de 2015.

Il y avait alors une nouveauté : une réforme censée mettre fin aux redondances du célèbre « millefeuille » territorial français avait eu lieu, faisant passer le nombre de régions en métropole (Corse comprise) de 22 à 13. Depuis, les Français ont eu tout loisir de se rendre compte que cette réforme n’a pas produit les économies ni les simplifications escomptées, ainsi que l’a souligné la Cour des Comptes. Ajoutez des compétences restreintes (les régions représentent 2,5 % du total des dépenses publiques du pays) et mal connues des administrés et vous avez la recette parfaite pour un sympathique dimanche loin des urnes.

À vrai dire, il en va du fonctionnement des élections comme du fonctionnement de n’importe quel marché concurrentiel où des individus libres échangent des biens et services. Les candidats aux élections constituent l’équivalent politique de l’offre marchande de tablettes de chocolat, de séries télévisées ou de chaussures de ski, tandis que les électeurs représentent les clients, c’est-à-dire la demande. 

Un élu dévoué qui me lirait se boucherait probablement les oreilles devant mon odieuse « marchandisation » de la politique, mais ce que nous dit très clairement l’abstention de dimanche dernier, c’est qu’il n’y a guère de demande citoyenne pour l’organisation régionale telle qu’elle s’articule actuellement, quelles qu’en soient les différentes raisons et quelles que soient les propositions (candidats) disponibles, exactement comme de mauvaises ventes sur, disons, des trottinettes à hydrogène reflèteraient le manque d’intérêt des clients pour ces produits, peu importe le fabricant, en raison d’un prix trop élevé, de fonctionnalités défaillantes, d’un poids excessif et que sais-je encore. 

Mais contraignez l’un des paramètres de ces marchés (prix, quotas, subventions pour le marché des biens et services – vote obligatoire pour le marché électoral) et vous perdez les informations qui permettraient à l’offre de s’améliorer et de retrouver une demande dynamique.

Finalement, dans leur frénésie obsessionnelle à se maintenir au pouvoir par tous les subterfuges possibles sans admettre jamais qu’ils puissent être sanctionnés par les électeurs pour leur incurie, leur incohérence et leur incompétence, les politiciens sont les premiers responsables de l’abstention massive qu’ils déplorent.

Il est typique de leur désastreux complexe de supériorité de refuser de prendre en compte les indicateurs que les électeurs placent obligeamment sous leurs yeux. Ils préfèrent de beaucoup pousser la poussière de leurs carences sous le tapis et tout mettre hypocritement sur le dos de l’incivisme des citoyens dans un assaut de coercition et de surveillance supplémentaire. Aveuglement délétère. Ça promet.


Illustration de couverture : Le journaliste Christophe Barbier sur BFM TV au soir du premier tour des élections régionales du 20 juin 2021. Photo capture d’écran.

40 réflexions sur “Vote obligatoire : bienvenue dans l’avenir radieux du contrôle social

  1. Un seul mot : bravo !

    Évidemment que l’offre des politiciens ne plaît pas aux électeurs…

    Dans le cadre des comparaisons que vous faites :
    Élections : « on va donc les obliger – à voter, mais on peut penser à d’autres obligations latentes… – puis ensuite punir les récalcitrants et, pourquoi pas, récompenser les « bons » citoyens. »
    Justice : « … d’accorder du crédit à une répartition des votes effectuée non pas librement mais dans la crainte d’une sanction – exactement comme la justice dans un État de droit ne se satisfait pas d’aveux obtenus sous la contrainte. »
    Je reconnais aussi ce « mécanisme intellectuel » et ces dispositions contraignantes -atteintes à notre liberté- devant le « fléau qui nous menace » : la Covid-19 (SARS-CoV-2)… Mais c’est vrai… je suis complotiste (je l’assume dans ce cadre là) et c’est le bâton qui m’a « incité » à me faire vacciner, RIEN d’autre.

  2. Très juste description du fiasco démocratique. Les strates administratives continuent à s’empiler, la France est devenue un pays communiste dans lequel les « fonctionneurs » accaparent bientôt les 2/3 de la richesse nationale. Le commentaire de Monsieur Castex est juste ridicule. Il nous faut une réforme totale de l’Etat, y compris de l’Etat profond.

  3. Comme le dit un autre commentateur, c’est le meilleur article que j’ai lu sur le sujet et j’y souscrit à 100%. J’ajouterais que le pouvoir actuel, tout en se lamentant hypocritement sur l’abstention, l’a au contraire placé de manière cynique au coeur même de sa stratégie, comme en témoigne l’annonce récente de la date des prochaines élections présidentielles, pendant les vacances scolaires. Trop de tartufferie tue la tartufferie.

    Par ailleurs, ce n’est pas le sujet de votre article, mais je signale que plusieurs « observateurs » ont recommencé à évoquer le vote électronique. Ce n’est pas mieux que le vote obligatoire. Où l’on voit que chaque événement offre l’occasion à tous ces « observateurs » désintéressés de ramener sur le tapis les propositions les plus dangereuses pour les libertés. Parce que contrairement à ce que vous et moi ferions, ils ne cherchent pas à améliorer leur offre politique mais simplement à tenir compte de la situation pour faire avancer leur agenda anti-démocratique.

  4. L’idée de rendre le vote obligatoire est tout simplement fasciste, c’est la définition même du fascisme.

    Christophe Barbier n’est jamais à cours d’idées fascistes, Christophe Barbier nous barbe, son diplôme de journalisme ne lui donne aucune légitimité pour donner des conseils politiques, Christophe Barbier devrait juste la fermer pour les 15 millions d’années à venir.

    Mais c’est qui en fait ce type, pour qui il se prend, et pourquoi n’a-t-il pas déjà été entarté une dizaine de fois?

    • Christophe Barbier c’est le successeur de Jean-François Revel. À ce modeste rappel on mesurera la dégringolade intellectuelle et morale qu’a subie notre malheureux pays !

    • En tant que belge vivant en France, je vous réponds ceci : je ne pense pas que les Belges considèrent l’obligation de voter comme un acte fasciste. Ils sont nés avec cette notion. Il me semble que beaucoup de gens considèrent le vote comme un acte citoyen et qu’ils s’y soumettent avec bonne grâce. La participation aux élections est simplifiée pour le Belge car on ne lui demande pas d’aller s’inscrire dans sa mairie comme en France. Les citoyens belges âgés de plus de 18 ans sont automatiquement inscrits sur les listes de leur lieu de résidence repris dans le registre national deux mois avant l’élection et on lui envoie la paperasse. La non-inscription est donc à priori marginale en Belgique. L’état vient donc au citoyen au lieu de lui demander de venir à lui. Le nombre de votants supplémentaires que gagnerait la France de cette façon !
      Je vis en France depuis plus de 20 ans, je n’y ai jamais voté. Pour la Belgique, si. Pourtant ce n’est pas la peur de l’amende qui me fait voter (elle est rarement effective), non c’est la facilité !
      Ci-joint un lien sur une étude sur l’abstentionnisme en Belgique qui va néanmoins croissante comme dans toutes les démocraties européennes.
      https://journals.openedition.org/espacepolitique/2025#:~:text=1%20L%27abstentionnisme%20%C3%A9lectoral%20est%20le%20fait%20de%20ne,pas%20au%20vote%20sans%20justificatif%20sont%20rarement%20effectives.

  5. Une réflexion personnelle basée sur mon expérience : en 2012 je me suis abstenu lors du duel Hollande – Sarkozy et je l’ai amèrement regretté pendant les 5 années qui ont suivi. Aux régionales de 2021, je me suis engagé dans ma région en faveur de Wauquiez non pas par amour pour lui mais parce que je ne voulais pas que ceux qui ont plus que d’autres sabordé la France reviennent au pouvoir.

    Dans notre région, nous avons un candidat RN, une candidate écolo khmer vert, et une candidate PS qui n’est autre que Najat Valaud Belkacem. J’ai encore en mémoire les souvenirs cuisants de son action néfaste en tant que ministre de l’éducation nationale. En Ile de France c’est pareil, voire pire : LFI, les khmers verts, le PS indigéniste et le RN. A côté d’eux Valérie Pécresse c’est une bouée de secours.

    Tout ça pour dire que certes l’offre politique ne nous satisfait pas, et j’en prends ma part, mais qu’il faut aussi savoir faire preuve de discernement et de pragmatisme politique. Alors en attendant que des partis qui nous représentent vraiment émergent enfin, et malgré les déceptions, j’ai quand même choisi de faire barrage au pire.

    • Je pense que nous sommes nombreux à faire le même raisonement et à voter pour le moindre mal.
      Toutefois, je comprends aussi les arguments des abstentionnistes: tant qu’il y a des électeurs les politiques se sentent légitimes et continuent à sévir « au nom. Seule une abstention massive pourrait (peut-être) ébranler les institutions.

      • @fm06 : oui c’est ce que je me dis parfois. Le problème c’est qu’il n’y a aucune règle écrite ou informelle qui dit à partir de quel pourcentage un gouvernement est illégitime. Même si un président était élu avec 1000 voix, il prendrait des lois pour toute la nation sans aucun scrupule. Prenons Macron par exemple. Son socle électoral est faible, son ancrage local quasiment nul, est-ce que ça l’empêche de gouverner ? Non, et si les gens ne sont pas contents il lâche les chiens de la presse subventionnée pour traiter les contestataires de « complotistes » ou « d’extrême droite ». Et ça passe.

        Disant cela, je n’ai pas de solution, je me contente de voter pour les politiques qui me semblent les moins dangereux.

      • @Lionel jeudi 24 juin 2021 à 14:40 à 14:40
        A aucun moment un gouvernement ne peut être illégitime, car il n’est déterminé par aucune élection.
        Le PM est nommé par le chef de l’état, PM qui nomme ensuite ses ministres.
        Aucun citoyen ne peut interférer.

  6. Merci Nathalie, je n’aurais pas mieux dit. Et surtout merci pour la virulence du ton. Tous ceux qui regrettent, qui reprochent, qui fustigent l’abstention n’ont pas compris que le problème est l’absence d’une offre politique alléchante. Ils n’ont pas compris que le problème n’est pas l’abstention, mais les causes de l’abstention. On voudrait guérir les symptômes sans se préoccuper de leurs causes.
    Tous ces personnages politiques devraient, devant cet état de fait, s’interroger sur leur légitimité, et sur ce que les citoyens attendent d’eux. Mais imbus de la certitude qu’ils ont de la pertinence de leur offre, ils ne voient pas qu’ils sont enracinés dans un système que la plupart rejettent.
    Quant aux journalistes, soutenus par le système, ils ne peuvent que bêler dans le sens de leurs mentors.
    Vous me direz: la critique est facile. Mais si, par exemple, Macron décidait tout à coup d’aller vivre dans un HLM et faire ses courses à Casino, comme tout le monde, ou comme Mme Merkel, quelle serait la réaction des citoyens ?

  7. Il me semble que le système actuel qui tend à une extrême personnalisation du scrutin lasse manifestement les électeurs. Il faut absolument se tourner vers des scrutins réguliers similaires aux votations suisses sur des questions précises tournées vers les préoccupations majeures des français : sécurité, maîtrise des frontières, immigration, mesures écologiques (climat), limites aux déficits, dépenses sociales, etc…
    Ceci de façon à réduire fortement l’emprise de minorités bruyantes et aussi cette personnalisation outrancière qui en devient grotesque. Mais le chemin est long pour opérer ce changement car il est plus exigeant pour le citoyen, c’est toute son éducation qu’il faut revoir.

    Olivier Babeau souvent très clairvoyant dans ses analyses, nous brosse un constat très actuel :
    https://www.lefigaro.fr/vox/politique/l-abstention-est-la-marque-d-une-ere-ou-chacun-veut-imposer-son-mode-d-expression-politique-20210622

    • @Tino : je vous rejoins sur la personnalisation extrême. Souvenons-nous de Sarkozy qui pour justifier ses abandons de promesses nous expliquait qu’il n’avait pas été élu sur un programme mais sur sa personne. C’est toute la différence avec un système parlementaire, a l’opposé de notre 5ème.

      Nous avons deux problèmes de concentration : (1) concentration de tous les pouvoirs aux mains d’un petit groupe, l’exécutif, et au sommet le pouvoir personnel du président. Pour paraphraser De Gaulle, je dirais que la 4ème c’est le pouvoir donné aux partis mais que la 5ème c’est le pouvoir donné AU parti voire à un petit clan au sein du parti. Et (2) concentration géographique, Paris vs reste du monde. A ce propos, il n’y a pas de terme qui me hérisse plus que « territoire », ça me donne l’impression d’être un citoyen de seconde zone ou de vivre dans un territoire occupé. Mais c’est une autre histoire. Si vous voulez en savoir plus je vous conseille l’excellent livre de Didier Picot.

      Cette double concentration des pouvoirs se traduit par un désintérêt des dirigeants envers les attentes réelles de la population : du coup ils pondent des lois sur des sujets qui à part eux n’intéresse personne, et ce qui nous intéresse nous, eux s’en foutent royalement. Est-ce que vous souvenez d’une loi récente qui a positivement changé votre vie au quotidien ou qui a bénéficié au plus grand nombre ? Va falloir chercher dans vos souvenirs. Les députés s’écharpent sur la PMA pour tous, qui est peut être bien ou pas, mais qui concerne finalement une toute petite minorité, à savoir les cliniques qui vont pouvoir facturer ces travaux à la sécu.

      Comme de temps en temps les politiciens doivent gagner les élections, ils font des promesses qui ne les engagent pas et à la fin, ils ne font pas ce qu’ils disent et ils ne disent pas ce qu’ils font. Voila à mon avis l’explication principale au phénomène de l’abstention.

  8. De toute façon, un type qui porte une écharpe à l’intérieur est soit un dandy intempestif, soit un psychopathe caractérisé.

    On notera l’imagination débordante du personnage, lorsqu’il s’agit d’inventer de nouvelles manières de punir les Français. On sent que l’activité le fait jouir.

    C’est dans la-Russie-de-Poutine que les entreprises véhiculent de force leurs employés jusqu’aux bureaux de vote, continuant d’ailleurs, en cela, les bonnes vieilles habitudes de l’URSS.

  9. « Tout candidat une fois élu aime pouvoir se dire qu’il doit sa place à la volonté du peuple ». Peut-être qu’ils tiennent à l’image qu’ils se font d’eux même, ce qui les rendrait presque sympathiques, voire humains. Mais je n’y crois guère, car les politicards au pouvoir depuis bien longtemps ne pourraient pas survivre dans leur panier de crabes s’ils avaient une quelconque estime d’eux même: compromission, veulerie devant les plus forts, écrasement des faibles. Voilà leur quotidien. Si Macron pouvait être élu à l’aide de sa Seule et Unique Voix, je pense que ça lui irait très bien, d’autant plus qu’il serait sûr d’être réélu.
    Cela dit, le désintérêt grandissant des électeurs me rappelle un bouquin de SF que j’avais lu il y a longtemps: devant ce désintérêt, le gouvernement disposant par un flicage permanent de toutes les données sur la population, (Facebook?), un ordinateur gavé à ces donnée choisissait un unique électeur parfaitement représentatif de la volonté populaire, qui votait (choisissait) le président. On y vient tout doucettement? Rigolo, non?

  10. Va falloir donner des cours de démocratie à cette belle brochette de connards !

    L’abstention a toujours fait partie du rythme démocratique.

    Les vrais votes (de la plus petite association de quartier jusqu’au parlement européen en passant par notre parlement) ont toujours eu 3 possibilités :

    – qui est pour ?
    – qui est contre ?
    – qui s’abstient ?

    S’abstenir n’est que l’indication du fait que l’on n’est pas concerné par le vote en question. C’est tout.

    Je n’ai jamais vu qui que ce soit dans les assemblées que je cite entre parenthèses être sanctionné pour s’être abstenu.

    Maintenant, élire une tête de gondole comme on élit le produit de l’année, sans moi. En démocratie, un citoyen vote les lois, il n’élit pas un paquet de lessive. Comme je ne peux pas voter les lois, et bien je vais à la pêche.

    C’est si difficile à comprendre pour cette belle brochette de connards ?

  11. Merci pour cet article de haute tenue.

    La coercition comme seule réponse; ça témoigne de cette impéritie manifeste et récurrente.
    Macron nous a déjà habitués à ses accès d’autoritarisme comme réplique à son incompétence.

    Lorsqu’une consultation populaire sera systématiquement initiée en vue de légiférer sur des aspects majeurs sociaux et économiques, nous serons plus enclins à considérer cette démocratie de façade qu’ils nous vendent à l’envi lorsque ça leur est opportun.
    Lorsque on imposera un quorum à l’AN, ils pourront tenter de revenir nous vendre leur vote obligatoire.

    A quel niveau doit-on considérer un gouvernement comme illégitime ? Comment une minorité élue peut-elle légiférer pour l’ensemble des citoyens ?

    Dussé-je être puni démocratiquement et doucement, je ne modifierai en rien mes présentes dispositions et n’en aurai que mieux l’âme en paix puisque on m’invite en plus à ne pas me déplacer.

    Que tous ces guignols appointés réfléchissent sur les raisons et non les causes.

    • Comment une minorité élue peut-elle légiférer pour l’ensemble des citoyens ?

      J’irais plus loin: une majorité élue à 51% n’a aucune légitimité pour imposer sa volonté aux 49% autres.

      La démocratie, c’est deux loups et un agneau qui votent pour choisir le menu du dîner.

      • Tout à fait d’accord mais je n’osais pas aller aussi loin. C’est bien le problème du scrutin majoritaire: La moitié + 1 qui l’emporte sur l’autre moitié – 1.

        Même leur scrutin avec combinaison proportionnelle est un simulacre de démocratie puisque les premiers raflent la mise avec 50% + répartition proportionnelle et les autres se contentent de proportionnelles miettes.

  12. Élections pièges à con. Le niveau d’ abstention correspond à notre niveau de démocratie, les politiciens et même les élus vivent dans une bulle où le droit devient toujours un devoir et c’ est pour cela que l’ écologie et devenu punitive .

  13. Si vous voulez que les gens votent une réduction d’impôt pour les votants serait une incitation forte,c’est la méthode utilisée par l’islam pour convertir les populations dans les siècles passés, évidemment j’entends déjà ceux qui ne payent pas d’impôt crier à l’injustice ,laissons les crier.

  14. Sur une assemblée de 500 députés quand 20 ou 30 députés votent en catimini des lois à 3 heures du matin apparemment ça ne leur posent aucuns problèmes d’ abstention à ces journalistes et politiques …Bien sûr pour eux c’est pas pareil…
    Merci pour vos informations.

  15. Que faire ? Changer de quoi ? de république, ou… autre ? Pour que la France regagne une chance de rebondir il faut faire un nettoyage que même les Français ne veulent pas. 75 ans de lavage de cerveau laissent des traces.

    • Bien sûr qu’il faut changer de République. Aucun citoyen français connu n’est capable d’assumer présentement la charge de locataire du 55 rue du Faubourg Saint Honoré.

  16. L’obligation de voter est une hypocrisie sans nom.
    Allons, les citoyens devraient voter alors que c’est un droit, mais les élus, qui ont fait ce choix et dont c’est un devoir de participer et de voter aux sessions parlementaires, s’y absentent, s’y abstiennent.

    • Bonjour Calvin,
      Comme je l’ai précisé plus haut, s’abstenir est reconnu par le processus de vote.

      Il ne faut pas confondre ni associer Abstentionnisme et Absentéisme. L’abstention est normale et reconnue, l’absentéisme devrait normalement être combattu par un quorum. On n’en parle jamais, mais je serai étonné qu’il n’y ait pas quelques mots à ce sujet dans le règlement de l’assemblée nationale.

      • @Lionel vendredi 25 juin 2021 à 10:15 à 10:15
        Le principe du quorum ne fonctionne que dans le cadre du vote de la loi, et non dans le cadre d’une délégation de pouvoir (élire qqun = lui donner son pouvoir).

  17. « Dans les années 1980 et 1990, la France se veut un acteur majeur de la construction européenne. Ce mécanisme la conduit à perdre successivement la maîtrise de ses frontières (accord de Schengen, 1985), de la primauté de son droit sur le droit communautaire (arrêt Nicolo, 1989), de sa politique économique et commerciale (grand marché unifié, 1993) et enfin de sa monnaie (traité de Maastricht signé en 1992. l’Euro devenant monnaie unique en 2002). Les paramètres traditionnels de sa souveraineté étant diminués, la France est ravalée au rang des autres pays européens, elle qui a toujours aimé croire à sa grandeur ». Extrait Historiquement Incorrect – Jean Sévillia.

    Dans ce contexte ou la majorité des décisions sont supranationales ou ailleurs quel est l’intérêt d’aller voter pour des personnes, souvent, qui ont mis en place ces systèmes avec le soutien des puissants relais médiatiques aux ordres de la bourgeoisie qui fait tout pour que rien ne change. Disons que l’échéance arrive avec nos quelque 3000 milliards de dettes publiques. En fait, nous sommes un peu dans la situation du grand bazar politique qui existait entre les deux guerres et nous savons comment ça c’est terminé. La seule question à mon sens mais je suis le seul réside dans un choix entre la Nation ou la mondialisation je devrais dire la libanisation..

    Une idée serait pour les petites chambres représentatives de désigner 40% des citoyens au sort et de recourir au votations comme nos cousins Suisse.

    • « Réaction appropriée », je ne sais pas. Mais impossible d’imaginer que les Gaulois réfractaires et autres sans dents qui ne sont rien, ne se sont pas fait plaisir en restant à la maison, et n’ont pas été agréablement surpris de l’importance de la raclée qu’ils avaient administrée à ce pouvoir arrogant qui leur sort par les trous de nez depuis quatre ans déjà.

      • Si les Français et les Françaises n’ont pas été agréablement surpris de la raclée infligée à ce petit homme arrogant, je ne sais pas. En revanche leur réaction abstentionniste est « en rapport » adéquat avec le dégoût que leur giflé leur inspire.

        Pour ce qui me concerne je considère que c’est la moindre des choses, que j’aurais très mal pris la chose si l’abstention n’avait pas été substantielle et j’espère qu’ils vont la porter au sommet demain.

        Contrairement à beaucoup de commentateurs d’ici et d’ailleurs je considère que l’abstention est la dernière arme légale, pacifique et efficace que les citoyens possèdent pour mettre à la porte tous ces politiciens nuisibles.

  18. Non, non, vous n’y êtes pas. En Belgique, le vote est obligatoire pour éviter que seuls les extrémistes votent, et que la majorité silencieuse soit entendue. C’est plus démocratique.

Répondre à bob razovskiAnnuler la réponse.