Haenel vs Césars & Polanski ou le jeu pernicieux de la victimisation

Ainsi donc, révulsée que le prix de la meilleure réalisation soit revenu à Roman Polanski pour son film J’accuse, Adèle Haenel a quitté avec fracas la soirée des Césars 2020, pointant en avant un doigt accusateur et s’écriant : « La honte ! »

Quelques jours avant la cérémonie, elle avait déclaré dans un entretien au New York Times :

« Distinguer Polanski, c’est cracher au visage de toutes les victimes. Ça veut dire : ce n’est pas si grave de violer des femmes. »

.
Adèle Haenel, 31 ans, c’est cette actrice qui faisait partie des nominations des Césars 2020 au titre de meilleure actrice pour le film de Céline Sciamma Portrait de la jeune fille en feu et qui, dans la foulée de l’affaire Weinstein et du mouvement #MeToo, lançait cet automne une petite bombe dans le milieu du cinéma français en accusant dans Mediapart le réalisateur Christophe Ruggia d’attouchements et de harcèlement sexuel alors qu’elle avait entre 12 et 15 ans. Ce dernier a été mis en examen courant janvier.

Roman Polanski, 86 ans, c’est ce cinéaste qu’on ne présente plus, réalisateur de films ultra-primés, ultra-passionnants et ultra-émouvants tels que China Town, The Ghost Writer ou Le Pianiste, et qui porte aussi la souillure d’un viol commis en 1977 à l’encontre de Samantha Gailey-Geimer, 13 ans, alors qu’il vivait aux États-Unis et pour lequel il fut condamné à 90 jours de prison pour relations sexuelles illégales avec une mineure.

Depuis, plusieurs accusations publiques d’agressions sexuelles commises sur des adolescentes dans les années 1970 et 80 ont été exprimées contre lui(*), mais une seule a donné lieu à une plainte judiciaire et elle fut classée sans suite. Comme le soulignait récemment un collectif d’avocates pénalistes et féministes, il convient d’ailleurs de se rappeler que dans un État de droit, la présomption de culpabilité n’existe pas.

Et ceux qui ont « distingué Polanski », ce sont les 4 313 membres de l’académie des Césars, des acteurs, des réalisateurs, des techniciens, des producteurs, des distributeurs… bref toute la profession du cinéma qui distingue chaque année les oeuvres cinématographiques les plus réussies ainsi que les personnes qui les font selon ses critères du meilleur film, de la meilleure réalisation, de la meilleure actrice, etc.

Ce que je voudrais dire ici, c’est que si Adèle Haenel est parfaitement en droit d’exprimer son opinion personnelle et que si rien, à part peut-être la bienséance, ne pourrait l’empêcher de quitter bruyamment une cérémonie dont elle estime que les récompenses vont fortement à l’encontre de ses convictions morales propres, rien ne nous oblige non plus à la suivre sur le terrain hautement militant d’un féminisme radical où, au-delà de son drame particulier certainement très déstabilisant, elle veut manifestement nous emmener.

Il se pourrait tout simplement que les membres de l’Académie des Césars aient donné le prix de la meilleure réalisation au film de Polanski parce qu’ils l’ont trouvé mieux réalisé que tous les autres films en lice, indépendamment de la biographie particulière du réalisateur. C’est ce que nombre de votants ont déclaré aux journalistes et c’est ce que pense la réalisatrice Claire Denis qui était chargée de remettre le prix en question lors de la soirée :

« Les gens ont voté, ils ont trouvé le film de Polanski mieux mis en scène que les autres, voilà, c’est les Césars. Je ne crois pas qu’il faille chercher plus loin. »

Pour moi, ainsi que j’ai déjà eu l’occasion de le dire ici, « J’accuse » est un film à voir, non seulement parce qu’il est parfait du point de vue de sa réalisation méticuleuse et de la performance de son acteur principal Jean Dujardin, mais aussi et surtout parce que c’est un film passionnant sur la vérité et la justice comme valeurs absolues qui dépassent tout.

En faisant cette remarque, je n’ai à l’esprit que ce que le film donne à voir et à penser. Tout en considérant en parallèle que toute personne qui a porté atteinte à une autre ou à ses biens doit répondre de ses actes devant la justice.

Mais ce n’est évidemment pas comme cela qu’Adèle Haenel articule son attitude face à Roman Polanski.

Il se trouve qu’elle a donné récemment sa définition du féminisme dans les pages de Madame Figaro. Pour elle, « être féministe » veut dire :

« Avoir conscience que les femmes sont empêchées de vivre et en tirer des conséquences. »

.
Empêchées de vivre. Voilà qui est extrêmement révélateur du statut de victime initiale ou de victime par construction face aux hommes dans lequel un certain féminisme veut absolument et universellement enfermer les femmes.

L’activisme féministe ne date pas d’aujourd’hui, mais on peut dire que l’affaire Weinstein n’en finit pas de faire des remous. La chute de ce producteur hollywoodien pour viols et agressions sexuelles a relancé comme jamais la dénonciation du harcèlement et éventuellement des agressions sexuelles des hommes de pouvoir envers les femmes qui dépendent d’eux d’une façon ou d’une autre. Adèle Haenel et bien d’autres, dans le sport, dans la politique, dans l’église catholique, ont pris la parole, certains ou certaines ont même déposé plainte.

Une attitude que je trouve très courageuse et parfaitement légitime – à condition d’éviter toute confusion entre séduction naturelle et harcèlement imposé, à condition d’être certain qu’on a bien affaire à une atteinte intolérable à la volonté et à l’intégrité de la personne, à condition de prendre garde à ne pas lancer trop vite des accusations terribles et à condition de ne pas profiter de l’attention que que ce type d’agression suscite désormais pour servir un tout autre agenda.

Or à lire les nombreuses tribunes ou entretiens qui n’ont pas manqué de débouler dans la presse après la soirée mouvementée des Césars pour apporter leur soutien à Adèle Haenel, on comprend clairement que pour leurs auteurs très politiquement corrects, le vote qui honore Polanski comme réalisateur n’est rien d’autre qu’un empêchement supplémentaire lancé par un establishment conservateur, homophobe et sexiste dans les jambes des femmes pour les faire tomber encore et encore.

Pour reprendre les termes d’une certaine Sandra Laugier, philosophe, qui s’exprimait avant-hier dans Le Monde :

« La ‘communauté’ du cinéma n’a pas récompensé un film en dépit du passé glauque de son auteur ; elle a récompensé un homme pour ce passé, saisissant l’occasion d’humilier les femmes. »

.
Et elle ajoute, révélant finalement avec beaucoup de mépris les raisons véritables – et mesquines – des aigreurs du camp Haenel :

« On a récompensé le téléfilm de Polanski au détriment d’un film magnifique, Le Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma ; c’est là que se concrétise la volonté d’humilier les femmes. »

.
Autrement dit, le film adoré du clan féministe n’a pas été suffisamment primé (il a eu le César de la meilleure photographie) alors qu’il était tout simplement génial et totalement éloigné de la vision machiste de l’amour en proposant « quelque chose qui, politiquement, artistiquement, nous asservit moins. » (Adèle Haenel dans le NYT)

La possibilité que ce film ne soit pas si sensationnel que cela et qu’il ait moins plu qu’un autre aux nombreux membres du jury n’entre évidemment pas en ligne de compte. Non, s’il n’a pas eu les récompenses vedettes, c’est uniquement par empêchement patriarcal ancestral. C’est uniquement parce que l’establishment du cinéma veut museler les paroles qui ne lui conviennent pas. Un argument qui tient difficilement devant les prix reçus par Les Misérables ou Grâce à Dieu.

On repense alors à ce que disait Emma, cette dessinatrice de BD proche de l’extrême-gauche dont je vous ai déjà parlé :

« J’ai rencontré des ami·e·s politisé·e·s qui m’ont aidée à analyser la situation et à réaliser que si je rencontrais autant de difficultés, c’est d’abord parce que j’étais une femme. »

.
Ou quand un certain féminisme passe son temps à victimiser les femmes par rapport aux hommes et les exonère ainsi éternellement de toute responsabilité personnelle, de toute erreur et de toute faiblesse. Je doute qu’une telle attitude soit de nature à aider les femmes, ne serait-ce que par la mauvaise foi évidente dont elle fait montre.

Dans l’affaire Haenel vs Césars & Polanski, on peut certes se poser la question très difficile et hautement morale de la séparation ou pas de l’œuvre et de son auteur. Mais l’on peut difficilement prétendre à une morale supérieure à celle des membres des Césars lorsque le malaise assez compréhensible que l’on ressent envers un homme coupable de viol se double du dépit pernicieux de ne pas avoir son talent et les prix qui vont avec.


(*) En 2010, Libération expliquait que l’une des accusatrices, Charlotte Lewis, n’était « pas exactement l’innocente victime présentée par son avocate Gloria Allred. »


Illustration de couverture : L’actrice Adèle Haenel, soirée des Césars, 28 février 2020. Photo SIPA.

62 réflexions sur “Haenel vs Césars & Polanski ou le jeu pernicieux de la victimisation

  1. D’accord avec votre conclusion mais je ne peux qu’être d’accord sur le fait qu’une femme surtout en province n’est pas respectée. C’est même inimaginable de constater cela en 20/0. Notamment dans l’exécutif local ! On est encore au XIX s.

  2. Excellent plaidoyer pour défendre l’indéfendable, sublime réquisitoire contre les femmes violées. Et même si Polanski n’avait été qu’un humble charpentier sans signalé talent donc si ses films n’avaient point été l’humanité s’en serait-elle trouvée bouleversée ? Alors que la vie de ces femmes agressées est marquée au fer rouge. Moi juge jamais Polanski n’aurait fait ses films car du fond de sa cellule difficile de le faire.

      • Très bien ! Certes il est des femmes violées qui vont pourvoir se reconstruire et oublier, mais moi parce que je suis animé d’un profond voire même violent esprit de justice je pense à toutes celles qui ne pourront pas avoir la force de caractère de tourner la page et qui traineront ce boulet qui va polluer toute leur existence et par delà toute l’existence de leurs proches. Quant à M. Polanski – et vous me reconnaitrez là – je souhaite que votre dieu existe pour qu’il puisse lui donner son châtiment hautement mérité !

      • Un « violent esprit de justice », c’est un peu comme la « démocratie populaire » : le contraire de la justice.

        La seule victime avérée de Polanski, Samantha Geimer, se tue à dire qu’elle a « tourné la page » depuis longtemps, et qu’elle aimerait bien qu’on lâche les baskets à Polanski sur le sujet, ce qui l’aiderait à la « tourner » mieux que ça.

        Alors que chaque fois que des gens qui n’ont rien à voir avec l’affaire prétendent être animés par un « violent esprit de justice », et s’efforcent de remettre le couvert, cela lui rappelle qu’elle n’aura été, toute sa vie, que « la petite fille de 13 ans sodomisée par Polanski » (avec tous les détails en ligne, sur procès-verbal, pour ceux qui aimeraient ça).

        Quant aux autres femmes, il n’y en a pas une seule qui a porté plainte et qui a vu reconnaître la culpabilité de Polanski.

        En revanche, il y a une de ces « violées », au moins, qui a reconnu que c’est elle qui a sauté au paf de Polanski, lequel n’était pas intéressé plus que ça. Elle était déjà prostituée depuis l’âge de 14 ans.

        Donc non, ce n’est pas parce que c’est une femme qui le dit que c’est vrai. Pas plus que lorsque c’est un homme, d’ailleurs.

  3. Bon, face à la généralisation du discours victimaire, et à sa rapide et sournoise généralisation, je ne peux que faire une auto-critique et implorer la clémence du jury : je ne suis pas femme, ni trans, ni même gay, et je coche toutes les mauvaise cases :homme, blanc, de 59 ans, cis-genré (enfin je crois que c’est comme ça qu’il faut dire désormais, à la place de normal hétéro, non racialisé, de droite libéral… Je me dégoûte, j’ai honte et me repens à longueur de journée !

  4. Nathalie, excellent article, on n’est pas toujours d’accord sur la politique et l’économie, mais là il n’y a rien à ajouter ni à enlever. Même Caroline Fourest commence à s’inquiéter de la dérive de certaines féministes, c’est dire .
    Mauvais climat actuellement dans le débat d’idées.

  5. En 2017 Adèle Haenel disait encore : « Ma chance a été de faire du cinéma, de rencontrer des gens qui m’ont sortie de l’horizon bouché qui consistait à penser que l’esprit de ma vie était un CDI. »
    Est-il permis de noter que s’il est vrai que certaines femmes « sont empêchées de vivre », Adèle Haenel dont la carrière cinématographique a été fulgurante, peut difficilement se mettre au même rang que ces véritables victimes qui elles, resteront toujours anonymes pour avoir refusé d’entrer dans le système pernicieux qui leur était proposé pour pouvoir faire carrière.

  6. Le loi a fait sauter toutes les prescriptions quelquefois à dessein mais c’est manifestement la tendance : Barbarin, Fillon, Polanski…La justice populaire se veut implacable !
    Ce sera désormais jusqu’au décès du criminel.
    Après c’est Dieu mais si on pouvait le remplacer, ce serait encore mieux, voyez-vous. C’est à réfléchir.

    • Un viol sur mille conduit à une condamnation. La justice populaire (et d’ailleurs, qu’avez-vous contre le peuple ?) se fait implacable quand la justice n’est pas rendue (notamment à cause de la scandaleuse prescription). Par ailleurs, je vous rappelle que douze autres femmes ont déclaré avoir été violées par Polanski. Et si c’était votre fille qui avait été violée?
      Du reste, vous êtes scandalisé parce qu’un homme célèbre, un artiste que vous appréciez, est accusé. Réagiriez-vous de la même façon si c’était un inconnu, accusé de viol par douze femmes? Auriez-vous les mêmes scrupules?

      • @Pascal je vous approuve . Merci de monter au créneau , il y en a si peu… et quand ces rares personnes le font on leur fait toute sorte de reproche , voir Mme Bombardier à l’époque . Et maintenant Mme Haenel, qu’ a t-elle fait : quitter la salle avec fracas , la belle affaire , vraiment ….

  7. Article ignoble. Et mesquin, pour le coup. Même pas envie de commenter davantage. Triste, surtout venant d’une femme. Toute mon admiration à A. Haenel pour sa dignité et son courage.

    • Je partage votre indignation mais qui s’adresse aussi aux commentaires odieux qui se résument à « honte aux femmes qui n’arrivent pas à tourner la page ».

      J’ai même lu : »En revanche, il y a une de ces « violées », au moins, qui a reconnu que c’est elle qui a sauté au paf de Polanski, lequel n’était pas intéressé plus que ça. Elle était déjà prostituée depuis l’âge de 14 ans »…
      On ne nait pas pute, on le devient et quel désespoir se cache derrière une prostitution qui commence à 14 ans … choix fait sciemment à 14 ans ? Imposé à grands coups dans la g…. d’humiliations etc… ?

    • Je pense que vous n ‘avez pas vraiment lu mon article.
      Je suis pour que la justice fasse son oeuvre. A charge et à décharge.
      Je pense également que la question de la séparation entre l’oeuvre et l’artiste est très difficile à faire.
      Le sujet du film « J’accuse » n’a rigoureusement rien à voir avec la question des violences sexuelles et il me semble que le film reste bon par lui-même.
      En revanche, si on passe au cas L F Céline, par exemple, l’oeuvre elle-même est entachée de l’antisémitisme et du pro hitlérisme de l’auteur. Mais d’un autre côté, ce ne sont que des écrits. Il sont d’ailleurs en accès libre sur internet. Si je ne me trompe pas, Adèle Haenel adore Céline.
      Il me semble que décider de la séparation entre l’oeuvre et l’auteur doit se faire au cas par cas et ce sera toujours un cas de conscience.

      • La séparation entre l’œuvre et l’artiste est un problème philosophique. L’impunité d’un violeur en série est un problème juridique et sociétal.

      • Chère madame Meyer, la différence entre Céline et Polanski, c’est que ce dernier, malgré les crimes qu’on lui reproche, n’a jamais transposé ses fantasmes sur la toile. Alors que Louis-Ferdinand Destouches, alias Céline, a souillé son oeuvre d’un antisémitisme vulgaire, ordurier et extrêmement violent, digne de la tristement célèbre publication nazi Der Sturmer. Je conseille à tous L’école des cadavres et surtout Bagatelles pour un massacre pour vous faire une idée. On ne peut séparer le bon grain de l’ivraie avec Céline. Ce qu’a réussi à faire Adèle Haenel apparemment. Et en s’en prenant à un réalisateur juif…

      • @ laurent

        Vous me dites :

        « la différence entre Céline et Polanski, c’est que ce dernier, malgré les crimes qu’on lui reproche, n’a jamais transposé ses fantasmes sur la toile. Alors que Louis-Ferdinand Destouches, alias Céline, a souillé son oeuvre d’un antisémitisme vulgaire. »

        Il me semble que c’est exactement ce que j’ai dit dans mon commentaire ci-dessus :

        « Le sujet du film « J’accuse » n’a rigoureusement rien à voir avec la question des violences sexuelles et il me semble que le film reste bon par lui-même.
        En revanche, si on passe au cas L F Céline, par exemple, l’oeuvre elle-même est entachée de l’antisémitisme et du pro hitlérisme de l’auteur. »

      • Bonjour Nathalie, Céline n’a pas pas été récompensé . C’est la première grosse différence et de taille . Imaginez juste un instant une récompense de son oeuvre à titre posthume. Je vous laisse imaginer. Par ailleurs Céline est coupable d antisémitisme ce qui n’est pas un crime mais un délit d’opinion non puni par la loi de l’époque et la punition d’aujourd’hui devrait faire grincer les dents d’un libéral (aux UK la liberté de parole est totale). Je serai personnellement contre une telle récompense. Pourquoi ? Par respect des victimes . Et dans cette affaire P. de quoi parle t -on ? : d’une manif et d’une femme qui part de la salle avec fracas ? La belle affaire ! Personne ne parle de s’en prendre à la personne de P. (heureusement) ni à son oeuvre . Tempête dans un verre d’eau . Loi respectée à tous les étages . Divergences de vues et explications musclée des protagonistes. Tout à fait normal en démocratie. 5 eme César obtenu pour le pédophile en asile . Question : a t on le droit dans ce pays de dire son désaccord sans se faire laminer dans la presse et les réseaux sociaux ?

      • @ Val

        Une rectification sur un détail périphérique :

        « Aux UK la liberté de parole est totale. »

        Très loin de là, hélas ! Tout dernièrement, un citoyen a vu débarquer un policier chez lui, qui lui a dit : « I need to check your thinking ». En bon français : bonjour, police de la pensée, c’est pour un contrôle.

        Le type avait écrit un truc sur Twitter, et un transsexuel l’avait dénoncé. Il avait dû écrire un truc aussi anodin que : un homme est un homme, et une femme est une femme.

        La dénonciation rendait le pauvre homme potentiellement coupable de « non-crime hate incident », une catégorie juridique innovante, et spécifique à la Grande-Bretagne, à ma connaissance : la police vous interpelle, vous interroge et vous fiche à vie pour avoir commis un acte dont elle reconnaît elle-même qu’il est parfaitement légal, mais qu’il constitue un « incident de haine ».

        En bon français : vous avez dit un truc pas 100 % raccord avec l’idéologie communiste. (J’emploie ce terme pour désigner la forme contemporaine qu’a pris le communisme : politiquement correct, « anti-racisme »…) Etre fiché de la sorte peut vous valoir de sérieux ennuis par la suite, et notamment des interdictions professionnelles.

        Et le gars a dû aller au tribunal pour faire valoir ses droits. Ce dernier a fini par reconnaître que le policier avait outrepassé ses fonctions. Il n’en reste pas moins que la persécution, par la police, des « non-crime hate incidents » est légale, et qu’elle se pratique sur une gande échelle. Cherchez le nombre de ces incidents enregistrés, c’est effarant. La police appelle à la délation active de ces propos parfaitement légaux, mais néanmoins… persécutés.

        Pendant ce temps, Londres se transforme en capitale du meurtre. Il y a une personne poignardée à mort presque tous les jours. Par des Noirs, dans la plupart des cas.

  8. Et j’ajoute: si victimisation il y a, c’est bien celle de Polanski par ses défenseurs (et par lui-même). Jusqu’à choisir cyniquement l’affaire Dreyfus pour sujet de son film. Cousu de fil blanc.

      • Si vous pensez que le choix de l’affaire Dreyfus, à ce moment précis de sa vie, est un pur hasard, vous êtes vraiment très naïve, selon moi.

    • @Pascal tout à fait d’accord : pauvre P. qui risque de ne pas disposer de son 5eme césar , en fait si , ouf . En parlant de provoc du personnage : youtube.com/watch?v=uU8P2Znv9yc … bon assez parlé de ce personnage , mais il a au moins eu le mérite de faire sortir ses soutiens du bois et aussi ses rares détracteurs ( il est d’ailleurs intéressant de voir la posture gênée de Darroussin par ex jforum.fr/cesar-jean-pierre-darroussin-retropedale-sur-polanski.html (le point) qui montre à quel point ce microcosme est coincé entre les diktats des minorités : juifs d’un côté et féministes de l’autre , c’est à se torde de rire si ce n’était pas aussi triste)

    • Qui sommes-nous pour juger? Des citoyens. Et lui, qui est-il pour échapper à la sanction de ses crimes? Un homme. Un homme puissant, dans un monde fait pour et par les hommes.
      D’autre part, concernant la présomption d’innocence, le législateur, soucieux de l’Etat de droit, a voulu préserver les droits de l’accusé. C’est tout à son honneur (je le dis sans malice). Mais ce faisant, il n’a pas vu ce que ça impliquait pour la victime, dans les cas de viol ou de violences: ça implique que la victime, qui a formellement reconnu ou identifié son agresseur, est présumée menteuse.

    • quelle présomption d’innocence dans l’affaire Geimer, dans laquelle, il a été jugé et condamné, avant de fuir les USA, et dont le dossier est toujours ouvert ?
      Que la victime ait tourné la page ne l’absout aucunement : il y a une condamnation en suspens, et s’il s’agissait d’un péquin ordinaire, le traitement aurait été radicalement différent. Etre un artiste, cinéaste ou écrivain, ou un politicien ne donne aucun privilège, et ne permet pas de se soustraire à la loi !

  9. Que Polanski soit ou est été un tordu sexuel n’enlève en rien qu’il soit un maestro du 5eme art, tout comme la réaction d’Adėle est compréhensible et des plus naturelle; Le problème fondamental est à la base ceux qui sont à l’origine des fonds attribués, alors qu’ils connaissaient la situation, d’une part, et ce besoin somme toute malsain voire morbide des médias qui se liguent tous à polémiquer sur un même fait de société d’autre part, et de systématiquement en remettre une couche avant son concurrent, comme si les réseaux sociaux ne suffisaient pas.

  10. L’article de Madame Sandra Laugier, philosophe, publié par Le Monde prête à sourire : sa diabolisation de l’Académie des Césars dont elle fait une espèce de Ku Klux Klan visant à barrer la route au combat des femmes, relève d’un complotisme infantile. En fait la réponse à la question qu’elle se pose est contenue dans le nom même de l’institution : « Académie des Césars ». Elle a naturellement couronné le film de Polanski (que l’on aime ou que l’on n’aime pas) à cause de son académisme. Et voilà tout !

  11. « s’il s’agissait d’un péquin ordinaire, le traitement aurait été radicalement différent »

    Ben oui il n’aurait pas une douzaine de filles qui se diraient avoir été abusées par lui avec des accusations changeantes ou invérifiables, pardi !

    Cinq de ces victimes présumées restent anonymes. Leur témoignage a été recueilli contre la promesse d’une récompense de 20 000 dollars…Ben voyons !

    Polanski est l’un des meilleurs cinéastes de son temps (une quarantaine de réalisations), la plupart des grandes comédiennes ont tourné sous sa direction, Mia Farrow, Sharon Tate, Sydne Rome, Isabelle Adjani, Faye Denaway, Nastassja Kinski, Sigourney Weaver, Fanny Ardant, Emmanuelle Seigner, Nathalie Portman, etc…, n’ont pas porté plainte mais plutôt souligné, un directeur très exigeant, beaucoup d’efforts et souvent un tournage comme de l’un des plus heureux de leur vie !

    Lors de la nomination aux Oscars pour son meilleur film certainement, « Le Pianiste », Samantha Geimer, tout en rappelant les faits du viol, prend publiquement sa défense et déclare que leur affaire ne doit pas entrer en considération pour juger son travail. Geimer défend également la décision du réalisateur d’avoir fui les États-Unis et réitère son souhait qu’un terme soit mis aux poursuites.

    Plus tard, elle accuse carrément les procureures : « Les cas impliquant des célébrités ne devraient pas être utilisés à mauvais escient par ceux comme vous qui cherchent la célébrité et des promotions pour leur carrière. Vous et ceux avant vous ne m’avez jamais protégée, vous m’avez traitée avec mépris, utilisant un crime commis contre moi pour faire avancer votre carrière. »

    Le choix de faire le film « l’affaire Dreyfus » n’est pas plus à considérer que le thème de celui du « Pianiste » et la récompense de l’« Académie des Césars » avec la polémique, arrange plus cette dernière en perte de notoriété si tant est qu’elle en ait jamais eu sur le plan international, que Polanski lui-même.

    Finalement beaucoup de monde qui se gave sur la marque « Polanski » !

    • ma remarque était en réponse à Nanou qui évoquait « la présomption d’innocence » qui ne peut s’appliquer dans l’affaire Geimer. Point ! Après il me semble que le billet traite plus de l’agit-prop des féministes et de leur récupération de cette histoire …

      • « le billet traite plus de l’agit-prop des féministes et de leur récupération de cette histoire … »

        Exactement !

        Je le répète, les femmes agressées sexuellement ont raison de chercher réparation et porter plainte.

        Mais ce qui me chagrine, c’est cette propension à vouloir en quelque sorte sacraliser a priori la parole des femmes. En faire systématiquement les victimes des hommes y compris à travers une soirée des Césars. Dans l’article assez effarant de Sandra Laugier que j’évoque, on lit quand même que le prix de la meilleure actrice a été donné à Anaïs Moustier pour son rôle de « dominée » dans le film « Alice et le maire » afin « d’écarter les femmes du territoire masculin de l’autorité cinématographique et artistique. Les humilier. » C’est hallucinant de bêtise et de nombrilisme militant.

        A l’époque de l’affaire Jacqueline Sauvage fut introduite la notion de « légitime défense différée ».
        Maintenant, on nous demande de croire systématiquement la parole des femmes.
        Je crois que c’est la voie de l’arbitraire, pas la voie de la justice à charge et à décharge.

  12. @ Nathalie MP Mayer

    J’abonde dans votre sens. C’est sûrement mon introduction qui vous a surpris. Une arobase eut mieux valu qu’un « chère madame ». Comme quoi le respect affiché peut être, parfois, source de malentendu. 🙂

    Pour en finir avec la belle Adèle et faisant suite à une remarque de Val, je me demande quelle aurait été la réaction de l’actrice si on avait décerné à titre posthume un prix quelconque à Céline ( par ex.le prix de la dégueulasserie ou de la collaboration ). « Bravo Louis-Ferdinand! » ou « C’est une honte! »…

    • C’est un article intéressant qui démontre une fois de plus que notre justice est la plus pauvre de l’OCDE et pour faire des économies, on tend à supprimer les jurés populaires (tirés au sort) alors qu’il faudrait au contraire les instituer dans toutes les juridictions et même selon le principe dans les assemblées des collectivités par exemple.

      • Tout à fait ! étendre le système aux retraités (pour éviter de gâcher les forces vives de la nation) , au contrôle des députés et sénateurs moyennant une purge des 3/4 pour chaque assemblée.
        Ps en profiter pour loger les sénateurs restants au palais d’Iéna (ça fera des économie de « petit personnel »)
        Pour Bourbon le reliquat des députés pourrait utiliser un bâtiment en face bien plus cosy . . . (juste à coté de l’ambassade américaine, non) ?

    • Article scandaleusement gauchiste, pleurnichard et mensonger. Il a été publié sur Contrepoints (libéral), mais vient du Club de Médiapart (communiste).

      L’auteur procède à l’empilement habituel d’amalgames et de mensonges purs et simples caractéristiques de la désinformation communiste.

      La suppression des jurys pour certains procès ne veut évidemment pas dire que les tribunaux seront moins sévères.

      Elle ne concerne pas particulièrement les viols.

      L’auteur se prévaut du politiquement correct en affirmant que les viols visent d’abord les femmes (catégorie protégée), mais donne la parole à un avocat qui fait pleurnicher les foules avec le viol d’un garçon.

      Il transforme le tribunal en bureau des pleurs où ça ferait du bien à la victime d’être « écoutée », mais il insulte les magistrats en sous-entendant qu’ils ne savent pas écouter, qu’ils sont insensibles, que leur écoute ne vaut rien.

      Torchon communiste qui est bien représentatif de la légèreté intellectuelle de Contrepoints, et de son biais gauchiste caché.

      • « Légèreté intellectuelle » je ne m’abaisserai pas à faire une réponse circonstanciée, Nathalie Meyer appréciera et éventuellement s’en chargera !

      • @robert alors c’est comme cela que vous lisez ? un article venant de la presse liberale : bon forcément, et un article venant de mediapart : mauvais , évidemment . Vous vivez dans un monde simple . Justement celui que les libéraux reprochent aux adeptes des pensées toutes faites. Personnellement j’apprécie la liberté de ton de Nathalie MP , également comme ici quand je ne partage pas ses vues . Et à l inverse je n’apprécie pas la plupart des articles de mediapart mais certains , comme celui la sont pertinents.

      • @ Val

        Non, ce n’est pas comme cela que je lis. J’ai expliqué pourquoi cet article était un monceau de bouse communiste fumante, ET PUIS j’ai fairt remarquer qu’il venait de Médiapart. ET PUIS j’ai relevé que Contrepoints propulsait souvent des thèses gauchistes. INDEPENDAMMENT de cet article. Et depuis longtemps.

        Merci de ne pas m’attribuer un biais qui n’est pas le mien.

        En ce qui vous concerne, vous n’avez pas réfuté les ENORMES MENSONGES que j’ai relevés dans cet article.

        Je trouve que le biais est plutôt de votre côté. Dire, comme cela est très à la mode en ce moment, « y’a aussi des communistes qui disent des trucs pas cons », c’est un peu court, comme argument. D’autant que c’est faux, la plupart du temps. S’ils sont communistes, c’est bien qu’ils sont cons.

      • Sauf que Kouroch Bellis, je le sens pas vraiment communiste mais alors pas du tout !

        La justice française est dans un état de délabrement plus qu’avancé depuis une trentaine d’années au moins. C’est ce qui est avant tout souligné une fois de plus, les affaires de viols subissent comme les autres retards, impréparation des dossiers, jugements souvent illogiques et peu raisonnables etc…

        Tiens par exemple Barbarin a été jugé pour avoir négligé d’intervenir sur des agissements criminels du père Preynat qui n’étaient pas encore commencé de juger et qu’on essaie de juger justement ce jour tant bien que mal ! Logique ?

        Encore une fois coupons les subventions à la culture en vitesse pour les filer à la justice, ce sera un début !

      • @ Tino

        Soyons précis. Je suis un peu fatigué de ces débats en noir et blanc.

        – La justice en France manque de pognon, parce qu’on en dépense beaucoup trop ailleurs.
        – C’est un foutoir innommable pour d’autres raisons aussi : gauchisme invétéré, féminisation obscène, imbécillité générale, etc.

        Le torchon de Machin dans Contrepoints est un torchon communiste.

        Il commence par pleurnicher sur la suppression partielle des jurys. Il est possible que ce soit une mauvaise chose (j’aurais d’ailleurs tendance à le penser), mais pas pour les raisons qu’il expose.

        Il n’y a pas une seule raison juridique avancée, ce qui est pourtant bien le moins s’agissant de… justice.

        Ses raisons sont mauvaises pour les raisons que j’ai dites. C’est du raisonnement gauchiste typique.

  13. En définitive pour nous autres libéraux, cela nous donne une fois de plus raison pour cesser de toute urgence les subventions au cinéma franchouille. Ainsi nous éviterons du coup ce type de psychodrame destiné à mettre encore un peu plus notre cinéma au service des «combattants de la justice sociale».

    Sinon vont bientôt fleurir quotas, critères moraux dans les choix des thèmes et commissions de censures.

  14. J’aime cette façon de faire entrer « la morale » dans le milieu qui se partage le titre de milieu le plus pourri avec le milieu politique.

    Le milieu du showbiz artistique (qui regroupe littérature, cinéma et musique) est profondément amoral. C’est sa raison d’être. L’amoral casse les codes, les réinvente, c’est un terreau de fumier immonde duquel peut éclore une oeuvre magistrale.

    Ce que je ne supporte plus, c’est cette soi disant « découverte » du milieu et de ses membres. Ce n’est pas un milieu d’enfants de choeurs, ça ne l’a jamais été. Comme si Polanski était le seul gars du showbiz a avoir eu un comportement répréhensible. L’adage qui dit que « pour réussir dans le showbiz, faut coucher » n’est pas sorti d’un chapeau. Alors certes, « coucher » peut prendre des formes différentes et il existe des artistes qui n’ont pas eu besoin de payer de leur personne, mais mettre les pieds dans ce milieu pourri en oubliant cet adage est de l’inconscience.

    Tu entres là, tu pourras briller, mais ça pourra aussi te couter cher. Le milieu artistique a d’ailleurs pondu des oeuvres parlant de « pactes avec le diable » pour expliquer de fulgurantes réussites, image montrant que le showbiz n’est pas un milieu de licornes roses et d’arc en ciel multicolores.

    Ce qu’a fait Polanski est inexcusable, condamnable, mais tellement prévisible. C’est comme de nager au milieu d’une nasse de requins, et s’étonner si on se fait chiquer un membre. Requins, voilà d’ailleurs encore un mot pour qualifier les gens du showbiz.

    Récompenser « J’accuse » n’est pas récompenser un viol. Faut arrêter avec ça. Si madame Haenel avait deux sous de jugeote, elle ne s’attaquerait pas à l’oeuvre. C’est comme de bannir « Noir Desir » de sa discothèque depuis que Bertrand Cantat a tué sa femme. Si madame Haenel avait deux sous de jugeote, elle aurait depuis longtemps mené sa barque hors showbiz, loin des strass de ces cérémonies consanguines dont quelque part, le public n’a strictement rien à foutre. Mais j’ai bien peur que cette personne, à l’image de tant d’autres, ait choisi la facilité dans la dénonciation d’un système dont elle a profité, jusqu’au moment où ce système ne lui a plus donné ce qu’elle attendait.

    • exemple d’immonde :
      Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais s’il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. »
      Alfred De Musset on ne badine pas avec l’amour

Répondre à Gilbert LIARDAnnuler la réponse.