ISRAËL : rien, JAMAIS, ne pourra satisfaire LFI ou Rima Hassan

Note aux lecteurs : Le conflit israélo-palestinien, la guerre à Gaza, leurs retombées en France – on trouverait difficilement sujet plus explosif. Je marche sur des œufs et je prie mes lecteurs de bien vouloir tourner sept fois leurs mains au-dessus de leur clavier avant de commenter.

Si vous avez lu la présentation de ce blog, vous savez que je soutiens l’existence de l’État d’Israël dans le conflit qui l’oppose aux Palestiniens depuis l’instant même de sa création par un vote de l’ONU en 1947.

En ce qui concerne la guerre à Gaza, je considère d’une part que l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023 en est le fait générateur et d’autre part que la riposte israélienne n’appartient pas à la catégorie juridique du génocide dans la mesure où l’intention génocidaire n’est pas constituée. Le cessez-le-feu en cours depuis le 10 octobre dernier grâce à l’intermédiation du président américain Donald Trump ainsi que le retour des derniers otages (y compris les dépouilles des otages décédés) contre des prisonniers palestiniens en constituent d’ailleurs une preuve assez convaincante.

Vous savez aussi que je ne m’interdis par pour autant de critiquer la politique des gouvernements israéliens selon mon axe d’analyse libéral, raison pour laquelle je n’ai pas accueilli favorablement le projet de son Premier ministre Benjamin Netanyahou de limiter les pouvoirs de la Cour suprême israélienne au profit de l’exécutif et du législatif. Les terribles événements du 7 octobre 2023 semblent avoir mis ce projet en pause.

Ce jour-là en effet, après des mois de préparatifs méticuleux dans la clandestinité des tunnels de Gaza et des entrainements en Iran auprès des inflexibles Gardiens de la révolution, le Hamas et des groupes terroristes affiliés attaquaient des postes militaires, un festival de musique et plusieurs communautés israéliennes du pourtour de la bande de Gaza, faisant 1 200 morts, 3 400 blessés et 251 otages emmenés par les attaquants dans la bande de Gaza.

Une enquête de l’ONG Human Rights Watch rendue publique en juillet 2024 a souligné que l’intention palestinienne était bien de tuer des civils et de prendre le plus d’otages possible, le tout dans un déluge d’atrocités (pillages, incendies, viols, exécutions à bout portant) relevant des définitions de crime de guerre et de crime contre l’humanité. Contre toute évidence, le Hamas a immédiatement qualifié ce rapport de « mensonger », préférant noyer le poisson en parlant des occupations israéliennes dans les territoires palestiniens de Cisjordanie.

Quelques jours après l’attaque du Hamas, Israël lançait sa riposte, d’abord sous la forme d’un bombardement aérien intense, puis par le biais d’une incursion terrestre dans la bande de Gaza que le pays avait entièrement quittée en 2005. Deux objectifs indissociables : éradiquer le Hamas et ramener les otages, quoi qu’il en coûterait, même si cela devait durer des années. Résolution d’autant plus inébranlable, peut-être, qu’il s’est avéré ensuite que le gouvernement de M. Netanyahou avait reçu préalablement plusieurs alertes sur une possible prise d’otages à la frontière avec Gaza et n’en avait pas tenu compte.

Il se trouve que le 7 octobre 2024, c’est-à-dire exactement un an plus tard, j’assistais à une conférence du philosophe et académicien français Alain Finkielkraut à la synagogue de Lille, pleine à craquer en ce jour de commémoration de l’indicible.

Premier point clef de son intervention, « l’allégresse du carnage », autrement dit cette jubilation des combattants du Hamas, qui se sont filmés alors qu’ils massacraient, afin de partager leur joie avec le monde entier. Deuxième point, la libération instantanée des actes et des paroles antisémites dès le lendemain du 7 octobre. Pas l’antisémitisme d’extrême-droite des années 1930 « contre lequel la gauche aime tant se mobiliser », mais un « antisémitisme d’importation » attisé et relayé sans honte ni relâche par Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise jusqu’à devenir un « antisémitisme d’atmosphère » qui pourrit la vie des étudiants juifs dans nos universités et s’exprime en toute décontraction à l’Assemblée nationale.

Puis troisième point. Si Alain Finkielkraut se déclare plus solidaire d’Israël que jamais depuis le 7 octobre, il n’en est pas moins profondément tourmenté. « Cette solidarité, totale, inconditionnelle, cependant, n’est pas aveugle ». Il voit bien que le pays est moralement et politiquement fracturé en deux tendances irréconciliables : d’un côté les héritiers du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin (1922-1995) et de l’autre les héritiers de son assassin, un jeune extrémiste religieux opposé aux accord d’Oslo. D’un côté ceux qui encouragent à trouver un accord de paix et de l’autre ceux qui poussent à la guerre.

Ce tourment qui l’habite, c’est précisément celui que la rabbine Delphine Horvilleur a tenté de faire passer dans une tribune publiée en mai dernier. Par amour pour Israël et par fidélité à l’héritage ancestral du judaïsme, elle encourage l’État hébreu à un « sursaut de conscience » face à la « tragédie endurée par les Gazaouis ». Un peu comme Abraham argumentant avec Dieu (une spécialité des Juifs dans leur relation à Dieu) pour sauver la ville de Sodome. Ce tourment est aussi le mien. Environ 67 000 morts en deux ans (chiffre du ministère de la santé du Hamas), des bâtiments détruits ou endommagés à perte de vue dans les plus grandes villes – la riposte fut implacable.

Aurait-elle pu être différente ? Je n’ai pas de réponse toute faite. Je crains cependant que le massacre du Hamas suivi de la prise des otages n’avait pas d’autre but que d’attirer les forces armées israéliennes à Gaza, aboutir au chaos qui s’est effectivement produit et le dénoncer sur la scène internationale dès les premiers jours à coup de chiffres de victimes civiles effrayants (et douteux) et d’accusation immédiate de génocide. J’ai espéré qu’Israël résisterait à ce piège typique du Hamas.

En effet, entre l’utilisation de boucliers humains, l’implantation des postes de commandement au cœur des populations, sous les hôpitaux de Gaza notamment, et les injonctions à ne pas suivre les appels à l’évacuation lancés par Israël avant ses bombardements, les méthodes du Hamas sont connues. Les pertes humaines ne comptent pas, elles servent au contraire un objectif stratégique. Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh (1962-2024) ne déclarait-il pas peu après l’attaque du 7 octobre :

« Chaque vie perdue, qu’il s’agisse d’un garçon ou d’une fille, d’un homme ou d’une femme, d’un jeune ou d’un vieux, chaque larme versée par une mère, un père ou un enfant, est précieuse. »

Quant au projet politique du Hamas, il n’a jamais consisté à obtenir une solution à deux États. C’est l’éradication de l’État d’Israël qui est recherchée, comme en atteste sa formule d’une Palestine qui irait du fleuve (le Jourdain) à la mer (Méditerranée) ; « from the river to the sea », en anglais. Ainsi que le remarquait le Wall Street Journal dès novembre 2023 :

« Le Hamas a deux messages pour deux publics différents. À la communauté internationale, il plaide pour un cessez-le-feu pour des raisons humanitaires. Au monde arabe, il s’engage à réitérer l’attaque du 7 octobre et à sacrifier autant de Palestiniens qu’il le faudra pour détruire Israël. »

.
Ce que je sais en revanche, c’est qu’aucune concession venue du camp d’en face ne trouvera jamais grâce aux yeux de la mouvance pro-palestinienne. Delphine Horvilleur n’avait pas plus tôt publié sa tribune engageant Israël à la compassion et à la retenue, suscitant au passage beaucoup d’incompréhension dans la communauté juive, que la députée européenne de La France insoumise Rima Hassan l’accusait de vouloir « se racheter une conscience » tandis que son collègue de l’Assemblée nationale Thomas Portes dénonçait une pure opération de communication.

Tout se passe dans leur esprit comme si les Gazaouis avaient acquis le statut de victimes absolues universellement indépassables tandis que les Israéliens deviennent par effet miroir les oppresseurs absolus universellement indépassables. Les exactions de Daesh au sein du monde musulman, le drame du Soudan, les déchirements de l’Afrique subsaharienne, et plus proche de nous, la guerre russe en Ukraine – tout cela n’existe pas. Il n’existe qu’une souffrance au monde, celle des Palestiniens. Elle ne disparaitra qu’avec la disparition d’Israël, pas avec sa compassion. Comme le dit Rima Hassan, la question n’est pas humanitaire, elle est politique :

On suppose donc que c’est au nom supérieur et sacré de la politique et du Hamas que cette dernière se réjouit de l’épuration en cours menée par le mouvement terroriste à Gaza, maintenant que le cessez-le-feu s’est accompagné du retrait des troupes israéliennes.

Ou qu’elle applaudit les courageux « résistants » qui ont perturbé à plusieurs reprises le concert donné à la Philharmonie de Paris par le chef d’orchestre israélien Lahav Shani à la tête de l’Orchestre philharmonique d’Israël :

Ce en quoi elle a immédiatement reçu le renfort de Manon Aubry, qui se trouve être la chef de file de La France insoumise au Parlement européen : 

Car vous comprenez, ce ne sont pas n’importe quels artistes, « ce sont des artistes qui représentent l’État israélien ». Il est donc parfaitement normal de boycotter, perturber, semer la panique et risquer l’incendie dans une salle de spectacle pleine de monde pendant l’interprétation du Concerto pour piano n° 5 « Empereur » de Ludwig van Beethoven.

Curieusement, ce même chef d’orchestre qui était programmé en ouverture du festival de Gand (Belgique) en septembre dernier a dû subir l’annulation de sa prestation alors qu’il devait diriger un autre ensemble, l’Orchestre philharmonique de Munich, dénué de tout rapport avec Israël, le laissant seul, lui et sa judéité, face à ses accusateurs. Ne serait-on pas fondé alors à penser qu’au-delà de leur antisionisme de façade, les pudeurs propalestiniennes à l’égard des artistes israéliens sont « passionnément antisémites » ?


Illustration de couverture : l’eurodéputée de La France insoumise Rima Hassan. Photo AFP.

23 réflexions sur “ISRAËL : rien, JAMAIS, ne pourra satisfaire LFI ou Rima Hassan

      • Merci Nadir. Votre commentaire illustre parfaitement la conclusion de l’article de Nathalie Meyer : derrière le « double standard » que vous revendiquez sans même vous en rendre compte, on retrouve cet antisémitisme décomplexé qu’elle dénonce. « Accuser » une personne d’être « juive » (ce qui n’est pas le cas concernant Nathalie Meyer) pour délégitimer son opinion, c’est exactement le problème qu’elle décrit.

  1. La troupe chinoise de danse Shen Yun est actuellement en tournée dans toute la France.
    Pendant ce temps, plus d’un million de musulmans ouïghours sont détenus dans des conditions effroyables en Chine, leurs dirigeants disparaissent les uns après les autres, et leurs mosquées sont rasées.
    Pourtant, silence radio du côté des Nadir et autres LFIstes : aucune manifestation, aucun appel au boycott, aucune indignation.
    Le sort des musulmans semble ne susciter l’émotion de certains que lorsqu’il peut servir de prétexte à leur haine d’Israël.

    • @GuyVaksmann: Vous évoquez les Ouïghours, et cela me rappelle qu’il y a encore une vingtaine d’années, toutes les capitales occidentales recevaient le Dalaï-Lama en grande pompe. On voyait fleurir les autocollants «Tibet Libre» sur les Twingo, les sacs à dos, parfois même sur les frigos. Depuis, la Chine est devenue une superpuissance. Plus personne n’ose inviter le Dalaï-Lama. Ce qu’on pouvait se permettre publiquement à l’époque, on n’ose même plus le chuchoter dans les marges des réunions internationales.

      Eh bien, pour des raisons parfaitement inverses, mais tout aussi géopolitiques, la France, le Royaume-Uni, la Belgique et l’Allemagne sont devenues les terrains de jeux préférés des puissances étrangères. Des petites républiques molles, friables, économiquement sous médication, où l’on peut venir tester ses techniques d’influence, semer deux-trois graines de discorde et regarder pousser la pagaille en direct. Ne nous faisons aucune illusion sur ce qui se déroule ici : c’est la rançon de notre affaiblissement, démographique, politique et surtout économique. Le Liban et l’Ukraine en sont les exemples frappants. Nous empruntons la même voie, à une échelle bien moindre pour l’instant, fort heureusement.

  2. Avec ce que vous écrivez aujourd’hui, chère Natalie, comment pourrez-vous continuer à affirmer, comme vous le faisiez hier encore, que les libéraux devront « construire leur offre politique à côté, patiemment à partir d’une vraie compréhension des bienfaits de la liberté de tous pour la prospérité de tous » ?
    Je laisse le soin d’analyser votre article de ce jour à vos éminents commentateurs, qui brillent encore par leur absence momentanément. Mais rien ne m’empêchera de dire que tout indique que nous ne sommes plus les citoyens libres d’un régime démocratique car nous avons basculé dans un totalitarisme antisémite où il n’y a plus de liberté que pour les ennemis de la liberté. Au secours !

    • @Mildred: Alors vous, quand vous paniquez, vous ne faites pas dans la demi-mesure ! Vous allez tout de suite regarder un sketch de Dany Boon, de Paul Mirabel ou de Bruno Le Maire. Ne vous laissez pas miner le moral. Je vous rassure : nous ne sommes pas encore dans un régime totalitaire antisémite.

      Même si les apparences semblent indiquer le contraire, la France est encore trop «forte». Sur la pente descendante, je vous le concède. Mais pas d’inquiétude, nos chers députés s’attellent à la redresser avec la délicatesse d’un démineur travaillant délicatement à grands coups de barres à mine. Leur approche c’est tout faire péter, méthodiquement, joyeusement. Pas la fiscalité, non, seulement l’économie, c’est plus rapide.

      Ah, ils y vont à fond dans le dynamitage, nos députés ! On n’est plus dans la déconstruction intellectuelle à la Derrida ou Foucault. Non, là c’est du terrassement, de la tranchée, du BTP, façon mur fiscal de l’Atlantique. Ils creusent si profond qu’ils finiront par tomber sur les vestiges de l’ère paléo-fiscale, cette époque bénie où l’on ne payait que l’impôt, sans ses petits cousins mutants, les impôts exceptionnels, les contributions différentielles, la triple imposition avec effet rétroactif au 1er juillet 1552 (Ronsard, tu vas payer, espèce d’ultra-riche avec tous ces droits d’auteurs indus qui te tombent du ciel depuis tout ce temps !), sans même parler de l’augmentation de la CSG.

      Une fois leur travail achevé, il ne restera plus en France qu’une masse de chômeurs suffisamment désespérés pour acclamer les leaders de LFI et qui auront enfin tout le loisir de se consacrer aux vrais problèmes, c’est à dire ceux des autres pays. Vive la France ! Viva la Republica Madurista !

  3. Votre article apporte un éclairage clair et nuancé. Ceux qui croient vous insulter ne font que parler d’eux et démontrent, par leur exemple, ce que vous dites. Ceux qui tiennent des propos modérés au sujet de Gaza se font attaquer de toute part. Indépendamment de ses positions économiques, je pense à Jérôme Guedj qui fait preuve de beaucoup de courage pour tenir son cap. Il est très dommageable que tout débat soit impossible au sujet de Gaza. LFI y veille.

    • @herederien: Oui, vous avez entièrement raison ! Plus ça chauffe, plus ça crame, et plus LFI fait tourner le compteur électoral. L’électorat populaire qui bosse, paye ses factures et ne croit plus aux contes de fées racontés par les relais culturels des trotskystes (Éducation nationale, médias traditionnels, stand-up sur France Inter), cet électorat-là est définitivement perdu pour eux.

      Alors il leur faut bien un plan B : mobiliser les masses issues de l’immigration qui, pour l’instant, ne se mobilisent pas sur les sujets classiques. Du reste, ces sujets n’intéressent plus grand monde : pouvoir d’achat, retraite, fiscalité ? Vous êtes mignons. LFI a trouvé mieux : importer un bon vieux conflit étranger, verser deux bidons de napalm communautaire dessus, et y bouter le feu à grand renfort de mégaphone. Résultat : ça s’embrase, et eux ils dansent autour du feu.

      Et croyez-moi, à l’approche des élections, ça ne va pas se calmer. Ils ne reculeront devant rien, sauf peut-être devant la vérité, mais rassurez-vous, ils ne la croisent pas souvent.

  4. Au-delà des considérations nombreuses qu’il est possible d’émettre sur le drame qui se prolonge en Palestine, c’est le concept d’Etat nation homogène qui est en cause : même une solution à deux États, pourtant invoquée à maintes reprises pour tenter de faire taire les armes, n’apportera pas une paix durable.

    Le concept d’Etat nation homogène cause un très grand tort : Israël ne cesse de le mettre en oeuvre dans sa politique de colonisation rampante, créant des îlots ethniquement « purs » partout où son absence de vergogne entraîne, au coeur de la Cisjordanie, l’émiettement des territoires pourtant dûs aux Palestiniens et l’enclave de Gaza, depuis le retrait israélien, fonctionnait selon ce modèle absurde, consistant à parquer une population non mélangée sur un périmètre fixe.

    L’émiettement de la Cisjordanie provoque l’appauvrissement des Palestiniens et alimente la haine contre Israël. Bien loin d’assurer la sécurité des citoyens israéliens, il augmente leur vulnérabilité ! Le jour où les gouvernants d’Israël comprendront que la construction de forteresses exclusivement israéliennes, sans mélange avec les Palestiniens, offre l’occasion à n’importe quel ennemi de faire un massacre, un grand pas vers la paix sera posé.

    Seule paraît viable la situation qui prévaut en Galilée où des Palestiniens ayant acquis la nationalité israélienne peuvent vivre en bons termes avec leurs voisins, notamment à Nazareth.

    Il faudrait donc, de toute urgence, défendre plutôt l’idée d’un seul Etat décentralisé, constitué de provinces très autonomes, à dominante tantôt palestinienne (Gaza et la Cisjordanie), tantôt israélienne (le reste de la Palestine) et en accordant la double nationalité à tous ceux qui l’acceptent. En corollaire : cesser toute nouvelle implantation de guettos monocolores.

    • Christophe, votre solution serait intéressante si elle était réaliste.
      Il faut d’abord entreprendre une déradicalisation de la population palestinienne des territoires occupés et de Gaza (territoire non occupé depuis 2005). La plupart des Palestiniens sont éduqués dès leur plus jeune âge dans la haine des Juifs, souvent d’ailleurs avec la complicité indirecte de l’ONU par l’intermédiaire de l’UNRWA, si l’on en juge par le contenu antisémite de certains manuels scolaires palestiniens.

      Les dirigeants palestiniens ont toujours privilégié la confrontation plutôt que la création d’un État viable. Ils ont refusé à plusieurs reprises des plans de paix qui leur offraient la quasi-totalité de la Cisjordanie, avec Jérusalem-Est pour capitale.

      Bill Clinton a témoigné dans ses mémoires de la duplicité et du manque d’audace de Yasser Arafat lors des négociations d’Oslo et des rencontres de Camp David.
      Voici quelques extraits de ses mémoires :

      “Arafat was a man who could never make the final jump from revolutionary to statesman.
      He missed the opportunity to bring that nation into being and instead left his people with the intifada and no peace.”

      “Barak had gone further than any Israeli leader before him.
      He accepted the Clinton Parameters as the basis for peace.
      Arafat rejected them.”

      “I offered Arafat a state on all of Gaza and nearly all of the West Bank, with land swaps to make up the difference.
      Jerusalem would be shared.
      Security arrangements would protect Israel and respect Palestinian sovereignty.
      He said no.”

      De plus, il est bien connu que de nombreux dirigeants palestiniens sont millionnaires, voire milliardaires, ayant largement profité de l’aide internationale et de la gestion opaque de l’Autorité palestinienne. On peut dès lors se demander s’ils ont réellement intérêt à la paix, qui mettrait fin à un système de pouvoir et de privilèges bâti sur la perpétuation du conflit.

      Enfin, la solution d’un État unique ne peut être acceptée par les Israéliens, compte tenu de l’évolution démographique et du droit au retour revendiqué par des millions de réfugiés palestiniens, toujours exigé par les dirigeants palestiniens.
      Cette revendication mettrait en péril la majorité juive en Israël et menacerait donc la survie de l’État juif tel qu’il est conçu aujourd’hui.

      Les massacres du 7 octobre ont malheureusement fait reculer les espoirs d’une solution de paix à deux États pour les prochaines années.
      La reconstruction de Gaza, si elle aboutit, ainsi que le renouvellement des dirigeants palestiniens corrompus au profit de responsables plus pragmatiques et réellement favorables à une solution à deux États, pourraient peut-être faire entrevoir un avenir moins sombre.
      Cela suppose également que les Israéliens parviennent à se débarrasser des politiciens d’extrême droite, actuellement minoritaires au sein du gouvernement, mais dont le pouvoir est décuplé en raison du mode de scrutin israélien.

      Dans ce contexte, la vigilance et l’implication active de l’administration américaine sont absolument nécessaires pour faire avancer le processus de paix, en jouant un rôle de médiateur crédible et en encourageant les deux parties à revenir à la table des négociations.

  5. @Nathalie: Très bel article sur un sujet explosif, bravo Nathalie ! Vous avez même essuyé votre lot d’invectives. Plus le ton s’élève, plus l’argument s’affaisse : le bruit n’est que l’aveu sonore du vide intellectuel. Mais peut-on encore attendre quelque civilité dans un climat où les esprits sont chauffés à blanc par les slogans ? Qui s’étonne encore que ce conflit lointain soit devenu l’obsession centrale de tant de vies ?

    C’est devenu le bouton rouge préféré des trotskystes et des fréristes. Ils le pressent frénétiquement dans l’espoir d’allumer enfin la mèche du grand baril de TNT de l’insurrection identitaire. Boum. C’est le programme. Pas là-bas, mais ici même, chez nous.

    LFI et les fréristes poursuivent des buts contradictoires, certes, mais tous deux passent par la révolution. Leur méthode est limpide : semer le chaos, attiser la haine, fracturer la société. Même sans accéder au pouvoir, affaiblir nos institutions reste un gain. Cet affaiblissement fait le jeu des puissances étrangères engagées dans une guerre d’influence sur notre sol avec pour thème «Démocraties occidentales qui s’écroulent toutes seules».

    Et bien sûr, quoi de plus pratique que l’antisémitisme pour unir les foules ? C’est l’ennemi commun, le joker du bingo révolutionnaire : «capitaliste» pour les uns, «sioniste» pour les autres. À ce sujet, lisez «Les complices du mal» d’Omar Youssef Souleimane. C’est un Syrien qui a quitté la dictature d’Assad pour découvrir avec surprise qu’il avait en fait déménagé dans un spin-off de la même série, version gaucho-communautaire. Et si la traduction n’est pas tout à fait la même, ce n’est pas à cause de Google Translate, mais parce que certaines intentions passent mieux à la kalachnikov.

    Sur le fond, personne ne trouve de solution parce qu’il n’y en a pas ! La solution à deux États est une fiction diplomatique aussi crédible que le retour de la démocratie au moyen-orient. Le Hamas et ses soutiens veulent une Palestine à la place d’Israël. Point. Et Israël, qui a parfaitement lu le script (y compris les petites notes en marge, genre «jusqu’à l’éradication totale»), n’a aucune envie de signer pour partager les cocktails Molotov, les tunnels surprises et les vendredis de rage avec le voisinage. C’est une guerre d’usure qui dure depuis des décennies et qui se terminera par KO ou par forfait. On ne sait pas encore. En occident, l’objectif est limpide : tarir le soutien à Israël, fissurer les opinions publiques, injecter de l’hostilité dans les veines des démocraties. Et disons-le franchement : ça marche. En dehors de la grande récession écologique, c’est le seul projet de déstabilisation à grande échelle qui cartonne partout.

  6. « la riposte israélienne n’appartient pas à la catégorie juridique du génocide dans la mesure où l’intention génocidaire n’est pas constituée. » Exact et surtout les chiffres sont têtus, 67000 morts ça fait moins de 3% de la population de Gaza. Ça n’a rien à voir avec un génocide : demandez aux Arméniens, aux Cambodgiens, aux Rwandais ce qu’est un génocide. Réponse entre 30 et 50% minimum de la population exterminée.

  7. Bravo Nathalie pour votre courage sur cette actualité autant sulfureuse !
    Votre article est précis condensé et factuel avec quelques rappels utiles.

    Je me permets d’en rajouter même si peut-être gênants.

    Apparition d’un État israélite centralisé entre 980 et 920 av. J.-C, il s’étend sur les vallées du Jourdain et de Jezréel, une partie de la plaine côtière, la Galilée et certaines parties de la Transjordanie. Situé sur un carrefour entre occident, orient, Arabie, Maghreb, il fait l’objet d’agressions et de conquêtes successives, Assyriens, Egyptiens, Perses, Romains et enfin Arabes au VIIème siècle consacrée par la visite de Jérusalem par le 2e calife Omar.

    Quand l’armée française arrive jusqu’à Tyr en 1799, pour la première fois est évoqué le projet de constitution d’un État juif en Palestine.
    Refus du plan Peel en juillet 1937, refus du Livre blanc britannique de mai 1939 qui prévoyait pourtant l’indépendance de la Palestine dans un délai de dix ans. Refus de la résolution 181 des Nations unies de 1947 préconisant le partage de la Palestine en deux États, l’un arabe (43 % du territoire) et l’autre juif (56 % du territoire), refus arabe a conduit à la Guerre israélo-arabe de 1948…
    Résumé des réponses palestiniennes aux offres à 2 Etats :
    1937 1947 1967 2000 2001 2005 2008 2020
    Peel ONU Khartoum David Taba Gaza Olmert Trump
    NON NON NON NON NON NON NON NON

    A noter qu’après avoir encouragé les Palestiniens à refuser la création de leur Etat en 1948, les pays arabes ont relâché au fur et à mesure leur soutien à la guerre contre un Etat d’Israël, pour même devenir hostiles contre des palestiniens devenus indésirables (Jordanie, Syrie, Egypte notamment) « Septembre noir » de 1970 le roi Hussein de Jordanie, voyant sa légitimité contestée, ordonne une répression militaire contre les factions armées palestiniennes, jusqu’à 10 000 morts, en majorité des civils; massacre de Yarmouk en 2014 où Hafez el Assad (après l’E.I.) a exterminé environ 100 000 Palestiniens, y compris les femmes et les enfants (massacre occulté et pour cause par Rima Hassan née en Syrie, d’une mère syrienne et d’un père issu d’une famille d’Arabes, militaire qui travaillait pour l’armée de l’air syrienne); nettoyage du Sinaï par l’armée égyptienne.

    L’erreur pour les Arabes de refuser les deux Etats en 47, c’était favoriser à coup sûr deux positions extrémistes autant Arabe qu’Israélienne que l’on ne peut que constater. Le problème était sans doute encore soluble avec deux Etats dans les années 1990, il est à craindre qu’il ne le soit plus.
    Et d’ailleurs qui ça intéresse ? Plus les occidentaux que leurs voisins directs qui s’en foutent, n’est-ce pas étrange ?

    • @Tino: Vous montrez très bien que la fameuse solution à deux états relève du vœu pieux. Une formule magique qui, sur le papier, ferait plaisir à tout le monde. Chacun chez soi, chacun en paix, avec peut-être un petit mur végétalisé pour faire joli entre les deux.

      Côté palestinien, le scénario rêvé et soutenu avec ferveur par une partie de l’Occident, semble assez clair : un remake algérien. L’indigène victorieux, le colon chassé à la mer, les clés du pays rendues à l’Histoire. Dans cette optique, les Israéliens sont vus comme les «européens» à virer au plus vite, dans une sorte de nettoyage ethnique que les faiseurs d’opinions qualifieront de rapatriement, comme en 62.

      Quant à une solution intermédiaire façon Zimbabwe ou Afrique du Sud, avec cohabitation pacifiée post-trauma, soyons sérieux, ce n’est même pas à l’agenda. Pour beaucoup, il ne peut y avoir de place dans la maison que pour ceux qui s’en disent les vrais propriétaires, c’est-à-dire les victimes du colonialisme.

      Cette logique est bancale. Car les Israéliens, en réalité, ne viennent pas tous du shtetl de Montreuil ou de Cracovie. Il y a là des descendants de communautés juives arabes, berbères, yéménites, irakiennes, qui ont fui leurs pays, à pied ou en avion, souvent sans bagages ni pension de l’UNRWA. Exactement comme les chrétiens d’Orient : coptes d’Égypte, orthodoxes de Turquie, maronites du Liban, pour beaucoup réduits à l’exil.

      Mais eux, bizarrement, n’entrent pas dans la grille de lecture postcoloniale à la mode. Ils n’intéressent personne. Trop orientaux pour l’Occident, trop juifs ou trop chrétiens pour les défenseurs de la diversité labellisée. Dans l’imaginaire de la gauche occidentale, tous ces gens sont des colons même quand ils vivaient là avant tout le monde.

      • « des colons même quand ils vivaient là avant tout le monde. »
        Au risque de scandaliser j’ajouterais que moins d’un siècle après la prise de Jérusalem, les musulmans prirent Tolède et la majeure partie de la péninsule ibérique.
        Pourtant ils ont fini par se faire virer du territoire par les populations d’origine.
        ça serait quoi la grille de lecture pour cette séquence ???

  8. Bonjour Mme MEYER,

    Je suis un lecteur assidu de ce blog depuis de nombreuses années pour son point de vue libéral affuté, et je n’ai jamais ressenti le besoin de commenter vos articles.

    Sauf celui-ci.

    En effet il me semble qu’il y a un point, non négligeable, qui n’est absolument pas abordé : pas une fois n’est mentionné le mot colonie.

    Impasse est également faite sur les déclarations infames (le mot est faible) de dirigeants extrémistes israéliens tels que Ben Gvir ou Smotrich qui ont siège à la Knesset.

    Ainsi je vous rejoins totalement sur le fait que le Hammas est un mouvement terroriste par ces actes et sa stratégie et que les premières victimes en sont les palestiniens. Mais occulter le fait que la colonisation et les visées stratégiques de partis comme Mafdal ou Tkuma sont indignes, empêche de poser clairement le débat.

    En conclusion, je soutiens de façon inconditionnel le droit d’exister à l’état d’Israël, le droit des israéliens à vivre en sécurité et en paix. Mais je ne soutiendrais pas un état colonisateur qui vire vers le fanatisme religieux, qu’il soit juif ou arabe.

    • Je vous rejoins parfaitement sur Gvir et Smotrich. Je ne les ai pas cités nommément, mais ils font partie de ma branche « héritiers des assassins de Yitzhak Rabin », c’est-à-dire ceux qui poussent à la guerre.
      Concernant les colonisations en Cisjordanie, je suis personnellement pour leur arrêt total, ne serait-ce que pour voir ce qu’il se passerait alors.

  9. Article intéressant et plein de nuances.
    J’aimerais y apporter une contribution sous forme de mise en perspective historique.

    Les déplacements de population sont malheureusement fréquents.

    Dans cette région du monde qu’on pense aux Grecs chassés d’Asie Mineure et aux Turcs chassés de Grèce.
    A la même période que la création d’Israël, des centaines de milliers de Polonais ont été déplacés vers l’Ouest (annexion d’une partie de la Pologne par l’Urss) et des centaines d’Allemands déplacés eux aussi pour faire place aux Polonais. De même, pour des raisons évidentes, des Allemands ont été chassés de Tchécoslovaquie ou de Serbie.
    Toujours à la même période, un gigantesque « chassé-croisé » des musulmans/hindouistes a eu lieu lors de la partition des Indes.

    Entend-on leurs descendants réclamer un “droit au retour“ ? L’Onu a-t-elle créé une agence spécifique pour ces populations ?
    La réponse est évidente, c’est non.
    En revanche, tout a été fait pour ne pas trouver de solutions à la question palestinienne et pour entretenir le ressentiment et la haine.

    Dans ces conditions, comment ne pas voir que le sort des Palestiniens indiffère profondément les militants type Hassan ? la “cause“ n’est qu’un prétexte pour déverser leur antisémitisme.
    Il indiffère aussi LFI qui n’occupe ce “créneau“ que par pur clientélisme et pour habiller leur antisémitisme.
    Il indiffère enfin les dirigeants arabes ou iraniens (et même Sud-Africains !) qui se servent de cette question pour faire oublier leur gestion calamiteuse, leur corruption ou les horreurs qu’ils perpètrent sur leurs propres peuples.

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