Mise à jour du 27 octobre 2025 : avec 41 % des voix, le parti du président argentin Javier Milei sort vainqueur des élections de mi-mandat qui se sont tenues hier. Sans obtenir la majorité au Parlement, il y renforce cependant sa présence, triplant ses nombres de députés et sénateurs.
Mise à jour du lundi 29 septembre 2025 : Selon les chiffres de l’Institut argentin de la statistique ou INDEC, le taux de pauvreté du pays est tombé à 31,6 % au premier semestre 2025. Pour mémoire, il était de 41,7 % quand Javier Milei est arrivé au pouvoir en décembre 2023 ; il a ensuite grimpé à 52,9 % au premier semestre 2024 pour décroitre continument depuis et se situer aujourd’hui à 10 points de moins qu’à l’époque du régime kirchneriste précédent. REPLAY :
Je reviens à l’Argentine six mois après ma première exploration des politiques économiques libérales mises en œuvre par son nouveau président Javier Milei depuis son accession au pouvoir en décembre 2023. À ce moment-là (automne 2024), ce dernier avait réussi à ralentir considérablement une inflation devenue hors de contrôle et à rétablir l’équilibre des finances publiques par de larges coupes dans les dépenses. Les effets de sa désormais fameuse tronçonneuse. Demeurait néanmoins la question du retour à la croissance, ainsi que celle de la résorption de la pauvreté.
Javier Milei n’a jamais caché à ses compatriotes que le retournement de la situation économique de l’Argentine ne pourrait se faire que dans l’austérité la plus stricte et la plus rapide possible, parce que « nul gouvernement (n’avait reçu) pire héritage » et « parce qu’il n’y (avait) plus d’argent ». Et de fait, après des décennies de collectivisme péroniste puis kirchnériste, entrecoupé ici et là de dictatures militaires et d’instabilité politique, la dette publique du pays a atteint 155,4 % du PIB en 2023. Et comme cela ne suffisait pas à maintenir le pays à flot et à remplir toutes les poches, il avait aussi fallu activer la planche à billets, d’où une inflation annuelle galopante, et surtout destructrice de richesse et de développement humain, qui culminait à 211 % à la fin de l’année 2023.
La première bonne nouvelle, c’est qu’après être monté de 41,7 % au second semestre 2023 à 52,9 % au premier semestre 2024, le taux de pauvreté de l’Argentine est redescendu à 38,1 % au second semestre 2024, soit plus bas que son niveau pré-Milei, comme le montre le graphique ci-dessous, extrait des publications de l’INDEC, l’institut argentin de la statistique, autrement dit l’équivalent de notre INSEE (ajouts en rouge de ma main) :
Personne ne saurait évidemment se satisfaire d’un niveau de pauvreté de 38,1 %, mais il est à noter que la plupart des spécialistes ne s’attendaient pas à une baisse aussi importante au cours des six derniers mois de l’année 2024. Notamment, l’Université catholique argentine (UCA), qui recalcule des taux trimestriels à partir des données de l’INDEC, voyait le taux de pauvreté s’établir à 46,8 % au 3e trimestre 2024 et à 44,6 % en octobre 2024 (graphique ci-dessous à gauche). Or selon ses propres publications, le taux de pauvreté du 3e trimestre 2024 fut de 38,3 % et celui du 4e trimestre 2024 de 37,9 % (graphique de droite) :

Prévisions fin d’année 2024 – UCA Taux de pauvreté effectifs en 2024 – UCA
À noter que le mois dernier, le représentant de l’UNICEF en Argentine soulignait que presque 1,7 million d’enfants argentins étaient sortis de la pauvreté depuis un an. Un résultat qu’il jugeait d’autant plus remarquable que le gouvernement avait procédé à un « ajustement considérable » des dépenses publiques (5 points de PIB en moins, de 38 % à 33 % du PIB environ).
Alors que l’INDEC publiera dans quelques semaines le taux de pauvreté du premier semestre 2025, des projections réalisées par un autre établissement d’études supérieures, l’université Torcuato Di Tella, laissent penser que ce taux, aidé par la décélération de l’inflation, pourrait descendre à 34,4 % au premier trimestre 2025.
La seconde bonne nouvelle, c’est précisément que l’inflation annuelle, ramenée de 211 % à la fin de 2023 à 118 % à la fin de 2024, continue de refluer. Selon les chiffres de l’INDEC, elle fut de 1,5 % en mai 2025 en variation mensuelle, ce qui représente une inflation accumulée depuis le 1er janvier 2025 de 13,3 % et permet d’envisager que l’année 2025 se conclura sur un taux d’inflation annuel de l’ordre de 20 %.
La troisième bonne nouvelle, c’est que si l’année 2024 fut effectivement une année de récession économique, cette récession n’a pas atteint le repli de 3 % à 4 % que la plupart des grands organismes internationaux prévoyaient. Non seulement l’économie argentine ne s’est repliée que de 1,7 % en 2024, mais on lui promet maintenant une croissance de 5,5 % en 2025. Ce qui est d’excellent augure pour la suite, notamment dans les domaines du pouvoir d’achat, de l’emploi et de la sortie de la pauvreté.
La quatrième bonne nouvelle, qui découle de la précédente, c’est que, dans l’ensemble, la plupart des réalisations économiques du gouvernement argentin en 2024 sont meilleures que les attentes initiales des commentateurs autorisés, ainsi qu’on peut le constater dans les deux tableaux de conjoncture établis successivement à partir des données de l’INDEC et des projections du FMI et de la Banque mondiale par notre propre Direction générale du Trésor. Ci-dessous à gauche, celui qui accompagnait la note de conjoncture du 15 novembre 2024 sur l’Argentine et à droite, celui publié avec la note du 21 mai 2025 :
Direction du Trésor FR – 15/11/2024 Direction du Trésor FR – 21/05/2025
Quatre bonnes nouvelles qui expliquent sans doute que dans la perspective des élections législatives nationales argentines d’octobre 2025, le tout nouveau parti de Javier Milei « La Libertad Avanza » (La Liberté Avance) recueille le plus d’intentions de vote : 37 % selon un sondage de l’institut OpinaArgentina réalisé du 2 au 4 juin 2025.
Il est suivi à hauteur de 29 % par le parti péroniste de Cristina Kirchner qui s’est associée pour l’occasion à son ancien ministre de l’Économie et actuel gouverneur de la région de Buenos Aires, Axel Kicillof. Petite complication, cependant, pour cette dernière. La Cour suprême d’Argentine vient de confirmer sa condamnation pour fraude à six ans de prison (à domicile) et son inéligibilité à vie. D’où un peu de rififi au sein de son parti pour déterminer qui pourrait se présenter à sa place à Buenos Aires.
Les autres partis ne dépassent pas 8 % d’intentions de vote. Quant à Javier Milei, après avoir été élu en novembre 2023 avec 55 % des suffrages exprimés et flirté longtemps avec les 50 % d’approbation, il conserve une popularité appréciable qui semble se stabiliser aux alentours de 46 % et qui demeure supérieure à celle de tous les autres politiciens argentins, qu’ils fassent partie du gouvernement ou qu’ils se situent dans l’opposition :
Et maintenant, posons-nous la question : y aurait-il ici quelques idées économiques de réforme, de retournement, de méthode, à glaner pour la France ? Je vous laisse y répondre…
Illustration de couverture : le Président argentin, Javier Milei.




Le courage en politique, même brutal (mais à qui la faute ?), est parfois salutaire et apprécié des électeurs. Ave, Milei !
Quels résultats ! en si peu de temps !
Et bien sûr, la presse française archi-idéologisée qui dénonçait le « populisme d’un président fasciste ultra-libéral » (ici se niche une contradiction majeure, mais qui ne gène manifestement personne) n’aura jamais l’honnêteté intellectuelle de reconnaître ces bons résultats.
Merci Nathalie de nous tenir informés.
Etre tenus informés est une chose, mais nous donner pour modèle un pays aussi éloigné géographiquement et culturellement du nôtre, est autre chose, n’est-il pas ?
Sans parler de modèle, j’attends (à tort visiblement) de la part de la presse un minimum d’honnêteté intellectuelle.
Or ce minimum n’est pas là, c’est le moins qu’on puisse dire.
Désolé, mais c’est le sempiternel argument usé jusqu’à la corde que nous assènent tous les politiciens franchouillards et les idéologues divers et variés pour nous garantir un immobilisme éternel. En vertu de cela aucun benchmark ne trouve grâce à leurs yeux… Et donc nous sommes uniques et donc les meilleurs.
Merci pour ces données qui confirment
qu’une politique de stabilisation « féroce » peut avoir assez rapidement un impact positif sur la croissance (effets anti-keynésiens).
Pas pour nous, hélas.
Paradoxe : même les libéraux ont besoin d’un État très très fort de temps en temps.
Un Etat strictement limité aux fondamentaux (régalien, garantissant droits de propriété et des contrats), volontaire, courageux, opiniâtre, radical, pour rendre les citoyens libres !
Pour Javier Milei, l’État n’a pas à être efficient. Il doit être moins présent.
Merci pour ces précisions, au cas où je n’aurais pas compris la doctrine libérale. Mais avez-vous compris mon paradoxe ?
Ah mais la presse française égocentrée, réductrice et prétentieuse a fermé la discussion en faisant un amalgame de Donald Trump, Javier Milei, Marine Le Pen et Viktor Orban ou même Giorgia Meloni.
Voilà qui commence très mal si on veut juste un peu ouvrir des horizons en Franchouille !
Le père fondateur et rédacteur de la constitution argentine, Juan Bautista Alberdi, a analysé les problèmes du pays et proposé des solutions dans son ouvrage de 1852, Bases y Puntos de Partida para la Organización Política de la República Argentina. Selon Alberdi, le problème était assez simple: la tyrannie et le manque de développement économique.
Manifestement nous ne partons pas d’un constat similaire pour les fondement de notre République et pas plus au moment du programme du CNR de 1945.
Milei est arrivé dans un chaos, espérons-le malheureusement !
Petite histoire du soir : François le français, crispé sur sa chaise comme un ministre socialiste sur sa matraque fiscale, serrait les jambes en fixant avec effroi la tronçonneuse sur le bureau :
– Docteur Milei, j’ai consulté les plus grands spécialistes. Ils disent tous qu’il faut amputer. Vous pensez que c’est nécessaire ?
– Mais non ! Vous plaisantez.
– Ah, enfin quelqu’un qui ne veut pas couper, se réjouit François, rêvant brièvement de redevenir le top-modèle social que plus personne ne désirait, sauf pour lui faire les poches.
– Couper ?? Afuera. Pas la peine, ça va tomber tout seul.
Merci Nathalie de nous apporter la lumière 😀