L’ouragan Irma lève le voile sur notre (mauvais) Etat

Les critiques qui fusent sur la faillite de l’Etat français à Saint-Martin après le passage de l’ouragan Irma remettent sur le devant de la scène la question plus générale du rôle de l’Etat.

Il y a une semaine exactement, le mercredi 6 septembre 2017, l’ouragan Irma passait sur Saint-Martin et Saint-Barthélémy, deux collectivités françaises d’outre-mer situées dans les Antilles. Emportant tout sur son passage, maisons, réseaux électriques, adduction d’eau, laissant le champ libre à des bandes de pillards en armes, il semblerait bien qu’il ait aussi mis brutalement à nu les carences de l’Etat français dans l’anticipation et la gestion de cette crise aussi bien sécuritaire que sanitaire. Lire la suite

Baroud syndical, violence sociale et place de l’Etat

—->  Cet article a également été publié le vendredi 9 octobre 2015 sur    Logo CP

Nous vivons dans un pays, la France, à haute teneur étatique et à haute teneur protectrice. Ce n’est donc pas un hasard si le candidat de droite favori pour 2017, Alain Juppé, n’a de cesse de mettre en avant l’importance d’un Etat fort et protecteur des Français. Il sait que ce discours ouaté et formaté va rencontrer l’assentiment de la plupart des sensibilités politiques qui traversent l’opinion, laquelle n’imagine pas une seule seconde qu’on puisse sérieusement envisager de l’arracher à la tutelle de l’Etat qui paye au-delà de quelques minimes arrangements « macroniques ». Dans ces conditions, on pourrait s’imaginer que chez nous tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Or les violences qui ont bousculé le Comité central d’entreprise d’Air France lundi 5 octobre 2015 dernier viennent brouiller la belle image libertaire, égalitaire et fraternitaire d’une République à la fois dorlotée et apaisée.  Lire la suite

Socrate vs Snowden : suffit-il d’obéir aux lois de son pays pour être juste ?

Article écrit en commun par Damien Theillier, de l’Institut Coppet, et Nathalie MP.

 —->  Publié le 5 sept. 2015 par  Institut Coppet et le 7 sept.2015  par  logo-cp


L’idée de cet article est née d’une remarque que j’avais laissée sur le blog philosophique Nicomaque II de Damien Theillier à propos de la condamnation à mort de Socrate et de la façon dont ce dernier acceptait sa mort et refusait de fuir car ce serait commettre une « injustice » envers les Lois de la cité :

J’ai un souvenir particulier de la Prosopopée des Lois. Socrate disait qu’Athènes l’avait condamné mais comme c’était la loi, il s’y pliait. Je trouvais à l’époque qu’il était terriblement conciliant avec ses accusateurs, mais ça a malgré tout laissé chez moi des traces légalistes dont j’ai du mal à me défaire.

Cet épisode particulièrement frappant de légalisme nous est rapporté par Platon dans Criton, l’un des multiples ouvrages qu’il a consacrés à la pensée de Socrate. Il nous invite fortement à réfléchir à la place des Lois dans nos sociétés démocratiques. Est-ce un tout d’essence quasi divine qui s’impose absolument, le citoyen étant alors dans une position de dominé par rapport à l’Etat (Socrate) ? Ou bien le citoyen doit-il se penser d’abord comme libre et autonome, puis représenté par l’Etat, qui ne saurait alors exiger de lui, par le « droit », ce qui contrevient aux exigences de la « justice » humaine la plus universelle (Constant et Tocqueville) ? C’est finalement toute la question de la révolte et de l’objection de conscience.  Lire la suite