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Quel second tour pour 2017 ?

Mise à jour du lundi 10 avril 2017 : A deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle, et après moult rebondissements, on assiste à la montée assez spectaculaire de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages, à tel point qu’il est donné pratiquement au coude à coude avec François Fillon.
On se retrouve avec quatre candidats de tête, dans une configuration somme toute assez classique pour une France complètement imbibée d’étatisme :
Extrême-droite : Le Pen – Droite : Fillon – Socialiste : Macron – Communiste : Mélenchon
Les autres candidats sont de petites variations en solo sur le thème des extrêmes.

Mise à jour du lundi 30 janvier 2017 : Hamon vainqueur de la primaire de gauche, hémorragie PS vers Macron, Fillon en difficulté en raison de soupçons d’emplois fictifs de sa femme à l’Assemblée nationale et à la Revue des deux mondes.

Mise à jour du vendredi 2 décembre 2016
: Après avoir brossé un tableau flatteur de son action à la tête de l’Etat depuis 2012, le Président François Hollande a annoncé hier soir qu’il ne serait pas candidat à l’élection présidentielle de 2017. Lire les détails ici

Mise à jour du dimanche 20 novembre 2016 : Fillon en tête de la primaire de droite !

– La participation au premier tour de la primaire de droite a été très élevée pour ce que l’on sait de ce genre d’élection, la référence étant la primaire de gauche de 2011 qui avait attiré 2,6 millions d’électeurs. On s’achemine aujourd’hui vers une participation supérieure à 3,7 millions de personnes.
– Sur 90 % des bureaux de vote, François Fillon arrive largement en tête avec 44 % des voix, Juppé sera au second tour avec 28 % et Sarkozy, ancien président que les Français ne veulent plus voir, est éliminé avec 21 % des suffrages. Les quatre autres candidats récoltent entre 0 et 3 % des voix.
– Dans son (très bon) discours de défaite, Sarkozy a appelé ses électeurs à « ne jamais se livrer aux extrêmes car la France mérite mieux que le pire » et il a indiqué que son choix personnel se porterait sur François Fillon pour le second tour.

Les perspectives de l’élection présidentielle s’éclaircissent et se compliquent à la fois. Autant la place de Fillon sur la ligne de départ semble prendre tournure, autant l’on peut se demander ce que feront des candidats potentiels tels que Hollande et Bayrou dont beaucoup de la stratégie dépendait de la présence de Nicolas Sarkozy. La forte émergence de Fillon est également de nature à gêner Emmanuel Macron qui pensait mordre sur une partie de l’électorat de Juppé.

Prochain RDV pour le second tour de la primaire de droite dimanche prochain 27 novembre 2016 ! 

Mise à jour du mardi18 octobre 2016 : Compte tenu des scores réalisés par Juppé dans les sondages disponibles, on s’attendait à ce que le camp Hollande s’attaque rapidement à lui. Pourtant, pour l’instant, les difficultés et les affaires embarrassantes ont plutôt cerné Sarkozy. Des électeurs de gauche se sont même montrés enclins à voter Juppé à la primaire de droite pour éviter le risque d’avoir à choisir Sarkozy contre Le Pen au second tour de 2017.
Eh bien, Juppé est maintenant dans le viseur des socialistes. Comprenant enfin que sa défaite à la primaire est vitale pour eux, ils auraient mis au point un argumentaire (qui a fuité dans la presse, ils font les étonnés) reprenant ses condamnations judiciaires et ses propositions économiques « antisociales ».

Mise à jour du mardi 4 octobre 2016 : Arnaud Montebourg avait annoncé sa candidature à l’élection présidentielle à la fin du mois d’août mais depuis, il laissait planer le doute sur sa participation à la primaire de gauche. Il a finalement décidé de s’y rallier, et les sondages actuels le donnent vainqueur de François Hollande ou éventuellement au coude à coude avec Manuel Valls si celui-ci devait remplacer Hollande.
Il y a certes des avantages à se lancer dans la primaire de gauche, le premier étant de pouvoir bénéficier du soutien et des finances du PS pour mener campagne en cas de victoire. Mais il y a aussi un énorme inconvénient politique : Si François Hollande devait se présenter et gagner cette primaire, Arnaud Montebourg devrait le soutenir pour la présidentielle, en contradiction totale avec ses prises de position anti-gouvernementales actuelles.


Notre élection présidentielle de 2017 aura lieu les 23 avril et 7 mai prochains. Nous sommes donc encore à huit mois du premier tour et voilà que je m’interroge déjà sur les deux veinards qui se retrouveront en tête-à-tête pour le second tour ! En rédigeant quelques commentaires à propos des possibilités des uns à torpiller la candidature des autres, j’en suis venue à faire un petit tableau des scores de premier tour possibles, et il m’a semblé intéressant de le présenter ici pour en tirer quelques conclusions sur les stratégies qui pourraient se faire jour d’ici l’élection.

A gauche comme à droite, les candidatures sont nombreuses et les annonces officielles des uns et des autres sont en train de se succéder assez rapidement depuis la rentrée. Hamon a ouvert le bal mi-août, Montebourg l’a suivi de près, puis Sarkozy a annoncé ce que tout le monde savait déjà (oui, il est candidat à la primaire de droite !) et finalement cette semaine, Macron a démissionné du gouvernement, ce qui indique, quoi qu’il en dise, des intentions présidentielles.

N’oublions pas tous les autres candidats déjà en lice depuis longtemps comme Mélenchon, Rama Yade, Gérard Filoche, la plupart des ténors de droite (Juppé, Fillon, NKM, Bruno Le Maire, notamment) et bien sûr Marine Le Pen qui fait sa rentrée aujourd’hui même. La liste précise des candidats est suivie par une page Wikipédia bien détaillée qui indique notamment s’ils concourent dans ou hors primaire.

On sait par ailleurs que le président sortant François Hollande a prévu de dévoiler ses intentions à la fin de l’année et que deux « primaires » vont avoir lieu : celle de la droite les 20 et 27 novembre 2016, et celle de la gauche les 22 et 29 janvier 2017. Je suis injuste, j’oublie la primaire des écologistes qui se déroulera par correspondance au cours du mois d’octobre, et la primaire citoyenne qui sélectionnera un candidat final en décembre parmi différents prétendants de la société civile (dont, signalons-le car c’est rare,  un candidat ouvertement libéral, Régis André).

Avant de vous présenter mon tableau, je fais quelques hypothèses de travail :

– J’utilise les résultats des sondages réalisés à ce jour à propos de l’élection présidentielle. Ils sont listés dans une page Wikipédia dédiée. Le plus récent sondage complet disponible a été réalisé par l’institut BVA en juillet 2016. Les impacts Macron et Montebourg n’ont donc pas encore été vraiment mesurés.

– Je fixe Marine Le Pen à 28 % : ce fut le score du FN lors du premier tour des Régionales de décembre 2015 et c’est le score moyen avec peu d’écart-type que ce parti réalise sondage après sondage depuis plus d’un an. L’attentat de Nice, l’assassinat du Père Hamel ou la polémique sur le burkini ne semblent pas avoir eu d’effet notable sur la position très stable du Front national.

– J’attribue d’office 1 % à l’extrême-gauche, c’est-à-dire la somme des candidatures de LO (Nathalie Arthaud) et du NPA (Philippe Poutou).

– De même, je crédite les Divers droite de 1 % : candidature Lassale, éventuellement J. Chr. Lagarde (UDI), Rama Yade et tout ce qui est Cheminade, Asselineau …

– Selon la série de sondages mentionnés plus haut, je fixe Nicolas Dupont-Aignan à 4 % et les écologistes à 2 %.

– Je considère que les communistes marcheront avec Mélenchon, même si pour l’instant les relations sont plutôt froides entre eux.

– Je considère que Macron se présentera hors primaire de gauche et que sa présence réduira un peu le score de la droite. Je lui accorde 5 % (chiffre que le politologue Thomas Guénolé lui a attribué sur la base de son affichage plutôt « libéral » et par comparaison avec les 4 % d’Alain Madelin en 2002).

– Je considère également que Montebourg, dont la candidature est certaine, restera hors primaire de gauche, ne serait-ce que pour éviter les fraudes toujours possibles dans ce type de vote interne (mais on testera aussi le cas où il y participerait dans la Situation 3).

– Je considère deux issues possibles pour la primaire de droite : soit Sarkozy la gagne (Situation 1) et dans ce cas Bayrou sera candidat, soit Juppé la gagne (Situation 2) et Bayrou ne se présentera pas. Dans le dernier sondage BVA, Sarkozy recueillait 23 % des voix et Bayrou 13 %. Pour tenir compte de l’effet Macron, je réduis ces scores à 20 % et 10 % . En cas de victoire de Juppé, je lui donne 30 % alors qu’il sort plutôt à 32 / 35 % dans les sondages disponibles. Une fois qu’on a fait tout cela, on obtient un total de 71% (voir ci-contre).

– Il reste maintenant 3 lignes à remplir : celles qui correspondent au vainqueur de la primaire de gauche (supposons Hollande), à Mélenchon et à Montebourg. Et il reste 29 % à répartir. C’est peu et ce n’est pas simple. D’après une enquête récente, les français seraient 12 % à vouloir François Hollande comme président en 2017. Par ailleurs, Mélenchon avec l’appui du PC avait engrangé 11 % en 2012. Il resterait 6 % pour Montebourg. Dans des sondages de juin, il est à 5 %. Donc roulons comme ça (second tableau ci-contre).

Supposons maintenant que Montebourg accepte de participer à la primaire de gauche. D’après un sondage « secret » (mais connu quand même) demandé par le PS, Hollande arrive toujours en première position lors du premier tour de la primaire avec environ 37 % des voix, et Montebourg arrive en second (même chose si c’est Valls qui prend le relais de Hollande). Mais au second tour, beaucoup de désistements se font en faveur de Montebourg qui dépasse Hollande (ou Valls).

Si tout se déroule dans les règles, Hollande ne se présente pas et Montebourg est le candidat du PS avec Mélenchon d’un côté et Macron de l’autre. Je pense que dans ce cas, Macron pourrait améliorer son score chez les socialistes pro-européens plutôt sociaux démocrates. Voir la Situation 3 dans le troisième tableau ci-dessus.

On pourrait cependant penser que Hollande fera tout pour ne pas se faire éliminer de la primaire du PS (Situation 4), ce qui me fait pencher en faveur d’une non participation de Montebourg à cette primaire (retour aux Situations 1 et 2).

Ce petit travail ressemble assez à une jolie cuisine, mais il est basé, je crois, sur des présomptions raisonnables à ce jour. Il permet de s’éclaircir les idées et notamment de bien voir que si le vainqueur de la primaire de gauche (disons Hollande) veut être présent au second tour, il doit obtenir au moins 20 % dans le cas où Sarkozy serait le vainqueur de la primaire de droite (il se retrouverait alors contre Marine Le Pen), et au moins 30 % dans le cas où ce serait Juppé qui sortirait en tête. Dans cette dernière configuration, Hollande se retrouverait au second tour contre Alain Juppé (ou Marine Le Pen, selon la variation des scores à quelques pourcents).

Si rien ne bouge d’ici l’élection, si mon tableau approche un tant soit peu la réalité, il semblerait bien qu’on se dirige tout droit vers un second tour Juppé / Le Pen ou Sarkozy / Le Pen. Mais les hommes politiques ont le goût du combat électoral dans le sang (et on pourrait même ajouter : le goût du sang dans le combat électoral). Il est donc assez improbable que la gauche laisse s’écouler les jours et les semaines sans rien tenter pour inverser la vapeur d’ici l’élection.

Tout d’abord, il parait très difficile pour le PS d’envisager atteindre les 28 ou 30 % qui seraient nécessaires pour être au second tour avec une candidature Juppé. Quiconque de ce parti se retrouve avec mon tableau dans les mains se dit que la première chose à entreprendre est de faire tomber Juppé avant la primaire de droite et favoriser Sarkozy pour ramener la première marche de 30 à 20 %.

En supposant que ceci soit réalisé, comment, toujours pour le PS, c’est-à-dire pour Hollande, se hisser à 20 % ? En cherchant à nouer un pacte soit avec Macron, soit avec Montebourg, soit avec Mélenchon, soit même avec Bayrou, soit avec plusieurs d’entre eux. Hollande pourrait se gauchiser en cherchant les soutiens de Mélenchon et Montebourg, ou se droitiser en cherchant les soutiens de Macron et Bayrou. Je penche plutôt pour la première option, car la gauche se rassemble mieux sur un discours du type « mon ennemi, c’est la finance », surtout si Hollande peut se targuer enfin de quelque réussite sur le front du chômage grâce à ses 500 000 mises en stage et formation (qui commencent à impacter les chômeurs de catégorie A).

Pour l’instant, Bayrou mis à part (il se présente plutôt contre Sarkozy), les candidatures Montebourg, Mélenchon et Macron existent et se justifient très nettement contre la politique de François Hollande. Mais la gauche a une caractéristique, c’est de toujours se réunir pour le second tour, et on se rappelle de plus que Bayrou comme Mélenchon avaient appelé à voter Hollande au second tour de 2012.

Dans le cas présent, considéré à la date d’aujourd’hui, ce sera trop tard, mais il n’est pas impossible, compte tenu de l’enjeu de pouvoir que cette élection représente pour tout le monde à tous les niveaux, que beaucoup de promesses ou de menaces soient mises dans la balance pour obtenir des retraits et des ralliements suffisamment tôt dans le cours de la campagne électorale. L’obtention des parrainages par exemple. Mélenchon a dit n’en avoir que 200 sur 500 pour l’instant. Combien en ont Macron ou Montebourg ? L’activation des « casseroles » dont les politiciens aiment à tenir la liste à propos de leurs petits camarades sera certainement aussi d’un grand secours en cas de « récalcitrance » trop aigüe.

Avis aux lecteurs : Je compte sur vous pour développer les scénarios et en proposer d’autres qui vous sembleraient plus pertinents avec la situation politique telle qu’elle vous inspire actuellement !

L’élection présidentielle est un dur tournoi qui met en présence toutes sortes de combattants. On en trouvera sans doute quelque-uns d’une probité parfaite, mais comme dans tous les combats de grand enjeu, certains participants moins scrupuleux préfèreront prendre des assurances de réussite préalables, cette remarque valant pour les différentes primaires comme pour la course finale. Il y aura les Ben Hur, et puis il y aura les Messala avec leurs chars grecs munis d’essieux à pointe. La période qui nous sépare d’avril 2017 promet d’être rude. Le meilleur gagnera, oui, mais « meilleur » en quoi ?

Et ensuite tout redeviendra calme et rassurant dans le folklore immuable de notre démocratie : les flonflons de la Marseillaise, les drapeaux tricolores flottant au vent et le 8ème Président de la Vème République française remontant les Champs-Elysées sous un doux soleil printanier comme seul Paris en diffuse, tout ceci nous murmurera à l’oreille qu’il n’y a pas à s’inquiéter : la France est bien un grand pays.


Illustration de couverture : 24 des nombreux candidats potentiels à l’élection présidentielle française de 2017 (Reuters).

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