Anne HIDALGO résumée en trois mots : victime, VICTIME, victime !

Anne Hidalgo se voit comme l’une des rares femmes au monde à exercer le pouvoir politique au plus haut niveau. Selon elle, sa réélection triomphale à Paris est là pour témoigner que ses administrés adorent tellement son travail à la tête de la capitale qu’ils en redemandent. Quant à son programme présidentiel pour 2022, on chercherait longtemps avant de trouver engagement plus résolu en faveur du progrès social et écologique.

Et pourtant, malgré toutes ces belles qualités auto-proclamées, les nuages persistent à s’accumuler sur la tête de l’élue parisienne. De son point de vue, rien de sérieux, rien de fondé. Juste une série de dénigrements politiciens orchestrés, typiques de la « trumpisation de la vie politique à l’œuvre partout, y compris en France ».

Permettez-moi de rire.

Peut-être faudrait-il signaler d’abord à Mme Hidalgo qu’elle n’est pas tout à fait la seule femme en politique, même si, comme Ségolène Royal, elle aime bien dire qu’elle est la première femme à avoir fait ceci ou cela. En l’occurrence la première à avoir accédé à la responsabilité de maire de Paris.

Puis lui rappeler que sa victoire parisienne sur ses rivales Dati (LR) et Buzyn (LREM) en juin 2020 s’est accompagnée d’une abstention record de 63,3 %. On a vu plus triomphal.

Et lui mettre ensuite sous les yeux le montant de la dette publique parisienne, qui a doublé depuis son arrivée à l’Hôtel de Ville en 2014, ainsi que le grand écart entre ses déclarations avant et après les élections municipales à propos des finances de la ville et des impôts. Les premières sont passées de « parfaitement saines » à « tendues » tandis que les seconds devaient être gelés pour six ans et sont maintenant l’objet d’une attention soutenue de ses services dans le but de les augmenter sans trop se renier.

Il est vrai que dans l’optique de l’élection présidentielle, elle vient tout juste de franchir un premier obstacle. Ce matin, après un vote des adhérents du PS qui s’est déroulé en ligne hier soir, la voici enfin désignée candidate officielle du Parti socialiste. Faible suspense, en réalité. À partir du moment où elle avait le soutien du premier secrétaire Olivier Faure, il n’y avait guère de doute sur le choix des militants.

Mais l’ancien ministre de François Hollande et maire du Mans Stéphane Le Foll, lui-même candidat malheureux à la candidature, s’est acharné à lui mettre les bâtons dans les roues, critiquant une à une toutes ses annonces de campagne – doublement du salaire des enseignants, 32 heures, hausse du Smic – et fustigeant un désolant « retour vers le futur » symbolisé par le patronage résolument has been des éléphants Aubry et Jospin lors du congrès d’investiture de la candidate qui se déroulera le 23 octobre prochain.

Hier encore, il ironisait sans vraiment rire sur le fait que « le Parti socialiste fonce dans le mur en klaxonnant. » Dans L’Obs en plus. Sans compter que François Lamy, socialiste de toujours et ancien bras droit de Martine Aubry, a choisi le jour du vote interne pour annoncer sa défection en direction des écologistes. Alors qu’Anne Hidalgo passe son temps à dire qu’elle est la candidate deux-en-un idéale, socialiste et écologiste. C’est agaçant. Ils vont finir par démoraliser complètement Bastille et le canal Saint-Martin. 

Or ce n’est vraiment pas le moment de faire douter les socialistes. Car si les bisbilles internes ont été plus ou moins étouffées, force est de constater que la candidature présidentielle d’Anne Hidalgo présente un profil sondagier particulièrement déprimé qui se rapproche dangereusement de l’encéphalogramme plat, comme le montre sans équivoque l’agrégateur de sondages concocté récemment par le Huffington Post. Pour trouver Hidalgo, rien de plus simple, regarder tout en bas en rose :

Pour faire bonne mesure, et comme pour confirmer une ancienne sagesse parisienne qui veut que les emmerdes volent toujours en escadrille, la Ville de Paris a été assignée hier par le préfet d’Île-de-France devant le tribunal administratif de Paris en raison de sa façon toute personnelle de régler la question du temps de travail insuffisant de ses agents. Il est vrai que Mme Hidalgo se verrait bien en dame des 32 heures…

Et puis voilà que depuis le printemps, Anne Hidalgo doit aussi faire face à une vague déferlante de critiques concernant la propreté douteuse de Paris et la dégradation du mobilier urbain. Sous le mot-dièse #SaccageParis, ce sont des milliers d’internautes, parisiens ou touristes, qui s’échangent depuis avril des photos de détritus répandus dans les rues, de travaux inachevés ou encore de plantations laissées à l’abandon et noyées sous les mégots. Une manifestation à ce sujet a même eu lieu dimanche dernier devant l’Hôtel de Ville.

Pour Anne Hidalgo, grande prêtresse mondiale de l’ère urbaine post COP21 qui part du principe inébranlable que sous sa houlette « Paris a toujours un temps d’avance et Paris donne le la », inutile de chercher bien loin l’origine des critiques. Une remontée jusqu’aux premiers messages lui a permis de noter « beaucoup de proximité avec l’extrême-droite » ainsi que cette « trumpisation de la vie politique » que j’évoquais plus haut. Mais quant à donner des noms, elle cite Pierre Liscia, un conseiller régional d’île-de-France proche de Valérie Pécresse qui fut aussi conseiller de Paris jusqu’en 2020. L’extrême-droite a des frontières décidément très extensibles :

LCI s’est livré à sa propre enquête de remontée des messages et ne tombe pas du tout sur les mêmes conclusions que la maire de Paris : l’extrême-droite, pratiquement absente du paysage politique parisien, n’a rien à voir avec cette affaire, même si Marine Le Pen a effectivement exprimé par tweet sa solidarité avec le mouvement #SaccageParis.

Encore plus intéressant, un sondage IFOP commandé par un collectif d’associations baptisé Union parisienne (UP !) et publié dimanche dernier dans le Journal du Dimanche montre que le ras-le-bol des Parisiens face à la saleté et l’enlaidissement de Paris est plus que largement partagé par une écrasante majorité d’habitants : 84 % d’entre eux trouvent que leur ville est sale !

Y aurait-il 84 % de sympathisants du RN à Paris ? C’est peu probable. L’enquête de l’IFOP montre justement que les sympathies politiques des personnes interrogées influent peu sur le jugement sévère qu’elles formulent en ce domaine contre Anne Hidalgo : les sympathisants de LREM sont mécontents à 87 %, puis viennent les sympathisants LR et EELV (84 %), puis LFI (82 %) puis PS (80 %), puis RN (79 %). 

Mais c’est devenu une habitude chez la maire de Paris. Si d’aventure vous émettez une remarque un tant soit peu dubitative la concernant, c’est très simple, vous appartenez d’évidence « à la fachosphère, aux réacs, aux néo-réacs, aux gros machos » qui lui en veulent à elle personnellement en tant que femme d’origine étrangère et socialiste. En 2017, d’aucuns lui reprochaient d’avoir piétonisé la voie sur berge Georges-Pompidou sans concertation ni étude d’impact suffisantes, et c’était parti pour sa ritournelle préférée (vidéo, de 03′ 20″ à 03′ 45″).

Aujourd’hui, les Parisiens se plaignent massivement de la saleté qui règne dans leur ville et Anne Hidalgo, outre un petit couplet complètement hors sujet sur la nécessaire réduction des déchets à la source, dégaine à nouveau son arme favorite, celle de la cabale dont elle serait perpétuellement victime de la part de l’extrême-droite et de tous ceux qui n’acceptent pas qu’une femme soit arrivée à son niveau de pouvoir en politique (vidéo, de 11′ 50″ à 12′ 50′). 

Grande nouveauté cette année, cependant : aux fachos et aux gros machos, il convient d’ajouter les journalistes qui se sont « vautrés », il n’y a pas d’autre mot, dans le bashing à son encontre. À propos de la propreté de Paris, ils ont donné une audience exagérée à un sujet tout à fait anecdotique qui n’en méritait pas tant par le simple fait qu’étant tous parisiens, donc confrontés à certains éléments ponctuellement « irritants », ils se sont révélés incapables de dépasser les limites de leur propre expérience.

C’est un reproche classique qu’on peut faire à juste titre à la presse, mais venant d’une Anne Hidalgo épinglée de tous côtés pour sa gestion parisienne désastreuse, c’est tout simplement grotesque.

Résumons.

La maire de Paris se considère comme une femme politique de gauche dont l’évidente réussite au plus haut niveau devrait imposer à tous la plus sublime révérence. L’accumulation des commentaires critiques, la mauvaise tenue dans les sondages, tout cela ne reflète selon elle que la jalousie maladive de ses pires opposants, nullement les échecs de sa politique : les « gros machos » lui en veulent parce qu’elle est femme, les « réacs », la droite et extrême-droite lui en veulent parce qu’elle est de gauche et les journalistes lui en veulent (parfois) pour toutes ces raisons et aussi parce qu’elle occupe le terrain du pouvoir politique qu’ils doivent se contenter de commenter. 

Anne Hidalgo se voyant systématiquement comme la triple victime d’une société désespérément fasciste, sexiste et avide de ridicules scandales de presse, on n’ose imaginer ce qu’elle va trouver à dire à ses multiples concurrents et aux journalistes présents lors des débats présidentiels. Disons que ça promet.


Illustration de couverture : Anne Hidalgo le 10 octobre 2021 dans l’émission de France 3 « Dimanche en politique ». Capture d’écran.

19 réflexions sur “Anne HIDALGO résumée en trois mots : victime, VICTIME, victime !

  1. Ségolène Royal aussi a usé et abusé de la défense consistant à affirmer que tous ceux qui la critiquent sont d’infâmes misogynes. C’est certainement la raison pour laquelle élections après élections elle se prend des taules monumentales.

    J’aimerais bien plaindre les parisiens, mais abstention ou pas, ils ont quand même réélu, et bien réélu, Anne Hidalgo, malgré les problèmes récurrents connus de tous et qui ne datent pas d’hier. Plutôt que de râler dans les sondages il faudrait bien plutôt se rendre aux bureaux de vote. L’abstention a bon dos quand même.

    J’ai un point commun avec Anne Hidalgo : comme elle, j’en veux aux journalistes parisiens, peut-être pas pour les mêmes raisons. Je trouve qu’à l’image de trop nombreux parisiens, ils ne voient pas plus loin que leur ville et pensent que tous les français, et au-delà tous les francophones, partagent leur particularisme et leur culture. La France est une nation qui existe au-delà du périphérique, au-delà du 75, au-delà des limites de l’Ile de France, et même au-delà de la métropole, dans les « territoires » comme ils disent.

      • Ah la Ségolène !! Dire qu’on a failli l’avoir comme présidente en 2012 et qu’elle aurait pu nous concocter un programme en avance de cinq ans sur celui du chauffeur de scooter qui n’aimait pas les riches du privé. Qu’est-ce qu’on a perdu comme belles opportunités de dégringoler encore plus rapidement dans les classements internationaux !

        En tous cas elle viendra pas nous taxer de misogynie, nous qui sommes les lecteurs admiratifs et les modestes épigones de notre très irremplaçable Nathalie MP Meyer.

    • « J’aimerais bien plaindre les parisiens, mais abstention ou pas, ils ont quand même réélu, et bien réélu, Anne Hidalgo… » Personnellement dans mon entourage parisien je ne connais personne qui a voté pour élire ou réélire hidalgo. Très peu de parisiens ont compris pourquoi elle a été élue et pourquoi elle sera réélue jusqu’à ce qu’elle décide de se retirer de la vie politique. A Paris 2.2 millions d’électeurs. 250000 logements sociaux attribués par la mairie, donc on vote 100% pour la main qui vous loge… Et hidalgo a promis de doubler le parc de logements sociaux à Paris, donc les candidats votent pour elle…

      • @Oblabla : vous évoquez le clientélisme comme facteur explicatif de sa réélection, c’est fort possible, je ne saurais dire. Ce que je constatais c’est qu’il y a un paradoxe Hidalgo : tout le monde semble s’en plaindre et pourtant elle a été réélue par ceux qui ont trouvé utile de se déplacer aux urnes.

        Ce fait contraste avec les 84% de mécontents que cite Nathalie. Que ne sont-ils allés aux urnes pour choisir d’autres représentants ! Ceci dit pour revenir aux élections présidentielles, les scores comparés de Macron et d’Hidalgo semble confirmer ce qui s’est passé en 2017 : une bonne partie de l’électorat PS vote désormais pour LREM. Une catastrophe chasse l’autre.

      • @Oblabla
        Si j’ai bien compris ce que vous dites c’est que si Anne Hidalgo est maire de Paris c’est encore à cause de ces salauds de pauvres. Quelle plaie les pousse-mégots. Alors je ne vois que deux solutions à votre problème 1- rétablir le suffrage censitaire 2- que la droite se préoccupent aussi des gens modestes, de leurs logements, de leurs moyens de transports… Mais non, pas d’inquiétude pour la deuxième solution je plaisante, je sais que ce serait une aberrrrration.
        Cela dit je n’ai aucune sympathie particulière pour Anne Hidalgo.

      • Les rares électeurs avaient-ils le choix ? Entre la peste et le choléra ils on choisit en leur âme et conscience pour des raisons personnelles la moins pire des maladies. En fait pour plagier W. Churchill ils auront la peste et le choléra. Mais Hidalgo c’est l’arbre cachant la forêt, d’ailleurs non pas une forêt mais un ramassis de broussailles tant nos représentants ou ceux qui ambitionnent de le devenir sont pitoyables et incapables.

  2. Hidalgo n’est pas seule dans le saccage de Paris. On peut citer aussi les kmers verts, qui n’ont de vert que le nom, les communistes, comme Ian Brossat, qui a fait bétonner les fontaines du Trocadéro, et tous les autres qui chacun ajoutent leur part de destruction.
    Ils ne se rendent pas compte de l’impact négatif que leurs élucubrations ont sur le quotidien des parisiens.
    Cet été je n’ai pas pu passer une radio, le médecin étant bloqué dans les embouteillages.

    • « Hidalgo n’est pas seule dans le saccage de Paris. On peut citer aussi les kmers verts, qui n’ont de vert que le nom, les communistes, comme Ian Brossat, » etc.

      Oui, si on veut citer des noms, mais ils font tous partie de sa majorité municipale et c’est elle la maire.

      • Je suis d’accord mais ce qu’elle fait impacte la vie des parisiens de façon dangereuse. Comment faire quand on ne peut pas passer une radio parce que le médecin ne peut pas arriver.
        Des amis ont dépanné leur fille en allant chercher leur petite-fille à l’école à 16h30. Ils sont rentrés chez eux en banlieue à 21h, le périphérique étant complètement bloqué. Est-ce que c’est normal?
        Je ne parle pas de vous, mais je trouve que le persiflage au sujet d’Hildago et l’indulgence amusée qu’on porte au saccage de paris et de la circulation n’est pas de mise. Cette femme et ses séides sont dangereux.

  3. D’une façon générale, oublions le détail, le niveau de nos autorités politiques est affligeant ça me rappelle ce que nous disait notre regretté prof d’histoire: » Entre les deux guerres se fut un grand bazar » nous savons aujourd’hui comment ça s’est terminé… Prions mes frères..

  4. Hildalgo a paré le 31/10/2021

    Je sais un ami qui est vraiment gentil
    Il est drôle et fou mais quand j’ai des soucis
    Je vais le chercher où il s’est caché
    Je suis sûre que vous le connaissez
    Il voyage beaucoup depuis très très longtemps
    Il a fait rire nos mères et nos grands-parents
    C’est un bon garçon mais un polisson
    Et quand il arrive on crie son nom

    C’est Guignol, c’est Guignol
    Avec son chapeau noir
    Ses gros sourcils et son bâton
    C’est Guignol, c’est Guignol
    Gravé dans la mémoire
    Des petites filles et des petits garçons
    C’est Guignol, c’est Guignol

    🤣👍

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