Collectif citoyen sur la vaccination : Ne cherchez pas, il n’existe plus…

Vous vous souvenez de ce conseil de 35 personnes tirées au sort qui devait veiller à la transparence de la politique vaccinale et faire remonter les questionnements des Français jusqu’au M. Vaccin du gouvernement le Pr Alain Fischer, sous la houlette du Conseil économique, social et environnemental (CESE) ? Peut-être pas, mais ne vous affligez pas plus que ça car de toute façon, il n’existe plus.

Le quotidien Le Parisien nous apprenait en effet ce week-end que le « collectif citoyen sur la vaccination » installé au début de l’année par le Premier ministre et le ministre de la Santé dans l’esprit indéfectiblement démocratique qui anime en permanence le gouvernement dans sa gestion de la pandémie de Covid-19 s’était réuni il y a trois semaines, c’est-à-dire mi-septembre, pour une ultime réunion consacrée à officialiser la fin de ses activités.

Au vrai, dès lors qu’Emmanuel Macron avait annoncé (le 12 juillet 2021) la mise en place du pass sanitaire, moyen détourné de rendre la vaccination obligatoire sans le dire et surtout sans plus se préoccuper le moins du monde du libre choix des Français à cet égard, les jours du collectif étaient comptés. Olivier Véran s’était d’ailleurs empressé d’annoncer sa dissolution dans la foulée de l’allocution présidentielle alors qu’il était prévu qu’il poursuive ses activités au-delà du mois de juillet pour faire un suivi puis un bilan de la campagne de vaccination.

Parole de citoyenne du défunt collectif :

« Au tout début, on a été écoutés sur des problématiques de terrain : la prise de rendez-vous en mairie, l’utilisation des personnes en service civique au profit de la vaccination… Mais dès qu’il a été question de vaccination obligatoire ou de passe sanitaire, on ne pesait plus vraiment. »

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Le mieux, c’est qu’au moment de définir les missions du collectif, Patrick Bernasconi (qui était Président du CESE à l’époque) n’a pas jugé utile d’y inclure un débat sur le caractère obligatoire de la vaccination puisque c’était « une question déjà tranchée par le président de la République ». Déjà tranchée… dans le sens de la non-obligation, si vous vous rappelez :

De la même façon, Emmanuel Macron avait ensuite promis que le pass sanitaire ne serait jamais un outil de discrimination entre les Français et qu’il ne concernerait pas les actes de la vie quotidienne :

« Le pass sanitaire ne sera jamais un droit d’accès qui différencie les Français. Il ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les restaurants, théâtres et cinémas, ou pour aller chez des amis. » (La Provence, 29 avril 2021)

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Une déclaration 100 % opportuniste et sans engagement, peut-être motivée par le fait que la consultation citoyenne en ligne sur la question du passeport vaccinal ouverte par le CESE du 17 février au 7 mars 2021 avait montré que 72,7 % des plus de 110 000 répondants y étaient farouchement hostiles :

L’échantillon n’était certes pas représentatif de la population française, mais à ce moment-là, le haut niveau de désapprobation répertorié pouvait néanmoins inciter l’exécutif à une certaine retenue… toute provisoire, comme on sait.

Autrement dit, les membres du collectif ont été habilités à discuter de tout sauf des sujets qui fâchent, ces sujets qui marquent la frontière entre un régime respectueux de sa propre parole en même temps que des libertés individuelles et un régime qui s’enferme dans son autoritarisme sanitaire – alors même que 85,4 % de la population éligible (+ de 12 ans) est maintenant complètement vaccinée (10 octobre 2021) et que la pandémie régresse considérablement au point que le taux d’incidence est tombé hier à 43 cas par semaine pour 100 000 habitants.

Mais surtout, sujets qui fâchent dont on leur avait dit qu’ils ne seraient jamais un problème compte tenu des prises de position sublimement citoyennes du Président de la République. Que voilà une magnifique entourloupe !

On a donc vu les 35 citoyens se plonger avec enthousiasme dans les caractéristiques techniques des nouveaux vaccins puis faire assaut de propositions pratico-pratiques pour faciliter l’accès de tous aux centres de vaccination. S’ils ont recommandé au gouvernement de clarifier sa communication et de ne pas changer les dates, les critères d’éligibilité vaccinale et les arguments scientifiques tous les quatre matins, ils ne se sont pas privés non plus de foncer tête baissée dans une sorte de propagande active en suggérant des slogans à placarder partout du style :

« Je choisis la vie, je me vaccine » ou « Une petite piqûre pour l’Homme, un grand pas pour la liberté. »

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Un collectif citoyen des plus dociles, donc, qui s’est gentiment plié à la figuration demandée, mais qui n’avait cependant plus guère d’utilité à partir du moment où le gouvernement renonçait à convaincre la population pour passer directement à la coercition qu’il s’interdisait avec force belles paroles et trémolos hypocrites quelques mois plus tôt.

Au moment de faire le bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron, il ne faudra pas oublier combien ce dernier aura usé et abusé des artifices grossiers de la démocratie dite participative.

Qu’on parle du niveau municipal, où le plus grand projet « citoyen » qu’on puisse envisager consiste généralement en l’aménagement de trois bacs à sable et deux jardinières de fleurs éco-responsables, ou du niveau national, où le Président de la République n’a aucun scrupule à venir expliquer en grande pompe à la télévision que toutes les propositions émises seront reprises « sans filtre » par le gouvernement, le but recherché est toujours le même : faire ruisseler la bonne parole des élus vers les électeurs via des citoyens exagérément flattés d’avoir été tirés au sort et rapidement convaincus que c’est tout simplement une nouvelle page de l’histoire de France qui va s’écrire à travers eux.

Au fil d’un quinquennat rapidement houleux, Emmanuel Macron a vite saisi l’intérêt de recouvrir ses mini-réformes, ses non-réformes et ses échecs d’un voile de fausse pureté démocratique. On a eu le Grand débat national, on a eu la Convention citoyenne pour le climat, on sort tout juste du collectif citoyen sur la vaccination, tous instruments destinés avant tout à sa propre conservation qui nous confirment amplement qu’il maîtrise à merveille les gadgets politiques, les écrans de fumée, les promesses non tenues, bref, la démagogie inhérente à tous les populistes. Pas très citoyen, tout ça…

(Ce qui ne signifie nullement que ses opposants de gauche ou de droite seraient automatiquement plus dignes d’attention ou moins susceptibles de nous jouer la comédie de l’homme d’État pur et parfait, je préfère le préciser.)


Illustration de couverture : collectif citoyen pour la vaccination, CESE, capture d’écran.

23 réflexions sur “Collectif citoyen sur la vaccination : Ne cherchez pas, il n’existe plus…

  1. Vous y croyez encore, à ce menteur et à ses complices ?
    Se sentir obligé d’être vacciné (contre cette pseudo-virose – artificielle, voire synthétique) afin de juste pouvoir continuer ses activités normales !
    Dehors !

  2. Situation très bien synthétisée, merci. Je ne savais pas que ce comité avait disparu ( ni qu’il avait existé d’ailleurs). On en apprend tous les jours.
    Macron et son équipe de communicants ont bien intégré Orwell et le en même temps:
    – le vide c’est le plein,
    – le mensonge c’est la vérité,
    – un homme c’est une femme (ou le contraire),
    – un délinquant c’est une victime,
    – un blanc est un noir qui s’ignore,
    – un dictateur est un démocrate,
    …….

  3. Un grand merci pour ce suivi Nathalie. Ou l’on voit que la démocratie participative est un leurre et que seule la démocratie représentative apporte des garanties aux citoyens. Macron aura été le continuateur de cette lignée de fossoyeurs qui se sont évertués à enterrer notre démocratie.

    • « seule la démocratie représentative apporte des garanties aux citoyens »
      Fallait arriver à l’écrire sans trembler du clavier celle-là…
      A moins que vous ne parliez que de la garantie de se faire enfler. là, en effet, la « démocratie représentative » (*) vous le garantit sur facture.

      (*) qui est à la démocratie ce que le capitalisme de connivence est au capitalisme

      • @bob: oui je maintiens ce que j’ai écrit. Et je pense que la démocratie représentative est même préférable aux référendums.

        Le problème ce n’est pas le principe mais l’application. Dans la 5ème le parlement n’a aucun pouvoir ou presque. Nous vivons dans l’illusion d’un régime parlementaire. En Iran aussi ils ont un parlement.

      • Je pense que votre analyse de l’échec est une erreur.

        La 5eme n’est pas directement en cause car elle n’a jamais retiré le pouvoir au parlement. Si le parlement n’a aucun pouvoir, c’est parce qu’il ne veut pas le prendre. Simplement, les députés sont membres de partis politique. Il ne sont en aucun cas « représentatifs » de leur circonscription (si bien qu’ils acceptent de revoter si ça ne va pas dans le sens de l’exécutif). Ce n’est pas le système qui est en cause, ce sont les « représentants ».

        Donc, je reste sur l’idée qu’en bypassant la « représentativité », on retrouvera un semblant de démocratie.

      • @Bob : vous écrivez que la 5ème n’a jamais retiré le pouvoir au parlement, c’est faux, elle l’a fait de plusieurs manières :
        1) le parlement n’a pas la maitrise de son agenda : c’est le gouvernement qui décide de ce dont on discute. Les seules lois proposées par les parlementaires sont celles que le gouvernement veut promouvoir sans que ça se sache trop (ex. loi Avia)
        2) la dépendance des parlementaires aux partis, qui est réelle, est liée au mode de scrutin majoritaire qui rend impossible une élection hors parti, et qui fait donc que les investitures sont devenues un moyen de pressions sur les députés
        3) toujours à cause du mode de scrutin, l’assemblée n’est pas représentative : la plus grosse minorité obtient l’écrasante majorité des sièges ce qui empêche de facto le débat parlementaire. Le parlement n’est plus le lieu du débat mais la chambre d’enregistrement des décisions gouvernementales.

        Exemple de conséquence : comme on l’a vu lors du débat sur l’extension du passe sanitaire, c’est le gouvernement qui a choisi quels amendements il acceptait ou refusait et c’est le gouvernement qui a fait revoter les amendements lorsque le résultat ne lui convenait pas.

        Ce n’est pas seulement vrai de cette législature, c’est le cas depuis le début. C’est notamment pour cette raison que Mitterrand parlait à juste titre à mon avis de « coup d’état permanent ». Il a fait beaucoup d’erreurs mais reconnaissons qu’il a au moins tenté d’introduire un peu de proportionnelle. De Gaulle voulait un régime fondé sur un exécutif fort, et c’est bien ce que nous avons. Souvenons-nous d’ailleurs que les années de règne gaulliennes étaient également marquées par un glacis idéologique, l’opposition était muselée, même le journal télévisé était fabriqué au ministère de l’information.

        Ce que je constate c’est que sur les 300 dernières années c’est la démocratie parlementaire qui partout s’est développée avec succès. Chez nous elle est dévoyée.

    • Le passe-sanitaire fut voté par seulement 230 députés sur 577, on est loin d’une majorité, notre représentation nationale est un leurre. Il ne faut pas ensuite s’inquiéter que les Français n’aillent plus voter.

      • @Louis : le vote de l’extension sanitaire a l’assemblée est un scandale à plus d’un titre, dont la faible participation que vous mentionnez. J’ai suivi les débats et je les ai trouvés affligeants. La raison : le gouvernement a fait le forcing pour que la loi soit votée dans un temps minimum parce qu’ils voulaient exploiter l’effet de stupeur qu’avait créé l’annonce du 12 juillet. Il faut voir dans le détail comment ça s’est passé pour prendre la mesure de la régression démocratique qui a eu lieu.

        Il n’y aura pas de solution pérenne tant que nous resterons dans ce mode de fonctionnement et je n’ai aucun espoir de de côté là étant donné que les changements constitutionnels ont toujours eu lieu pendant des crises graves, notamment des guerres. Il n’y aura aucun changement par les voies démocratiques, le gouvernement aurait trop à perdre.

        Je suis d’accord pour dire qu’il faut essayer autre chose en attendant et le retour des referendums serait le bienvenu. Mais ce ne sera pas une solution définitive et il y aura forcément un côté « miroir aux alouettes ».

  4. Merci Nathalie pour avoir porté à ma connaissance l’existence (et la mort) de ce nième machin.
    Mais bon, qu’il ait existé ou pas… On sent bien que ça a changé le cours de l’histoire.

    Pour positiver, peut-être aurons nous 35 personnes de plus ayant compris ce que l’expression « idiot utile » signifie.

    • Oui très juste, c’est un peu ce qu’écrit Nathalie d’ailleurs : des lois, des décrets, des ordonnances, mais à la fin qu’est-ce que ça change ? Macron et Castex ce sont un peu nos Bouvard et Pécuchet à nous.

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