À propos du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Église

Je trouve l’Église de France extrêmement courageuse. Beaucoup d’institutions s’en tiendraient à cacher la poussière sous le tapis et c’est du reste ce qu’elle a fait pendant de nombreuses années. Mais on dirait que les temps ont changé.

Dieu sait que les chiffres du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Église depuis 1950 publiés hier (5 octobre 2021) ne prêtent guère à l’allégresse. Dieu sait qu’ils enterrent définitivement la thèse d’actes isolés commis par quelques brebis galeuses qui ne reflèteraient en rien une certaine réalité douloureuse de l’institution. Dieu sait qu’ils vont bien au-delà des prédictions les moins flatteuses et qu’ils constituent un véritable coup de tonnerre dans l’univers habituellement feutré des évêchés et des confessionnaux.

Ils décrivent en effet une « effroyable réalité » (mots du pape François), un « état des lieux particulièrement sombre » qui va des abus commis aux incroyables défaillances et aveuglements volontaires de l’Église face à cette situation qualifiée par les rédacteurs du rapport de « massive », « systémique » (mais non organisée ou admise par l’institution) et « aggravée par la qualité des auteurs » (la qualité de religieux serviteurs du Christ). 

Mais l’Église a demandé le rapport, et après deux ans de travaux menés par une commission indépendante qui ne comptait aucun religieux en son sein, elle a pris connaissance de ses terribles conclusions en même temps que toute la France. Ce n’est pas agréable. Pour commencer, les anticléricaux invétérés vont pouvoir s’en donner à cœur joie. Discours moralisateur sur l’avortement et le mariage pour tous d’un côté, pédophilie et violences sexuelles de l’autre – qui pourrait encore croire que l’Église possède la moindre crédibilité, la moindre supériorité morale pour nous asséner sans fin ses vérités transcendantales sur la vraie vie ?

Pourtant, si ce moment de choc et d’humiliation lui permet effectivement de prendre un nouveau départ sur ce sujet, si cela lui permet d’affronter certaines réalités, de s’ouvrir à la souffrance des victimes et de ne plus s’exclamer comme Mgr Barbarin à propos de l’affaire Preynat en 2016 « Grâce à Dieu, les faits sont prescrits ! » ou de ne plus atermoyer comme Mgr Lalanne sur la question de savoir si la pédophilie est un péché ou pas, eh bien je pense que l’Église sortira de cette épreuve grandie. Plus fidèle aux Évangiles et vrai témoin du Christ.

Les travaux de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) présidée par Jean-Marc Sauvé sont d’autant plus intéressants pour l’ensemble de la société française qu’ils s’appuient sur une enquête en population générale portant sur 28 000 personnes représentatives commandée spécialement pour l’occasion à l’Inserm. Consciente de la difficulté d’évaluer précisément le phénomène étudié, la CIASE a cherché à vérifier la cohérence de ses résultats en croisant les évaluations quantitatives, les témoignages directs, les archives disponibles sur le sujet et les comptes rendus d’enquêtes similaires dans d’autres pays.

Il en ressort que le nombre de victimes mineures d’abus sexuels sur la période 1950-2020 se monterait à 5,5 millions de personnes au total, soit 10,7 % de la population majeure totale actuelle (51,4 millions), tous milieux de socialisation confondus. Premier d’entre eux, et de loin, le milieu familial (3,7 %), les amis de la famille (2 %) et les copains copines (1,8 %), soit environ 3,9 millions de victimes.

Le milieu des personnes en lien avec l’Église (impliquant des clercs et des laïcs), quoique bien loin des niveaux observés dans le cercle familial et amical, jouit du douteux privilège d’être le premier parmi les autres milieux de socialisation sujets à des problèmes de pédophilie : 1,16 %, non pas de la population majeure totale, mais des personnes ayant été en contact avec les milieux catholiques dans leur enfance déclarent avoir subi des abus sexuels de la part de prêtres, de religieux ou de laïcs liés à l’Église.

Les taux de prévalence dans les autres milieux sont nettement inférieurs comme indiqué sur le schéma ci-dessous extrait du rapport de l’Inserm :

Concernant spécialement les agressions sexuelles sur mineurs commises par des religieux depuis 1950, l’enquête est arrivée à une estimation de 216 000 victimes, chiffre qui monte à 330 000 si l’on y ajoute les faits commis par des laïcs qui secondent l’Église dans ses activités :

Quant au nombre d’agresseurs, plus difficile à évaluer, il pourrait se situer dans une fourchette allante de 2 900 à 3 200 membres du clergé.

Mais 330 000 victimes ! Peut-être même plus car d’une part l’enquête ne tient évidemment pas compte des personnes qui sont décédées et d’autre part les sous-déclarations sont monnaie courante en ce domaine, sans compter que les victimes majeures à l’époque des faits ne sont pas répertoriées. Jean-Marc Sauvé était très loin de s’attendre à pareil chiffre. Avant l’enquête de l’Inserm, il parlait, sans certitudes, de 10 000 victimes sur 70 ans. On en est loin, d’où ces termes de « déflagration », de « séisme » qui reviennent sans cesse dans la bouche des responsables catholiques, passablement assommés, qui commentent le rapport.

Pourtant, les scandales à répétition du début des années 2000, notamment en Irlande et aux États-Unis, auraient dû nous alerter sur une réalité qui existe, qui est largement documentée et qui a été prise à bras le corps par le Vatican dès cette époque, notamment par Benoît XVI, comme pape et avant cela en tant que cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Une réalité dont j’ai pris moi-même la mesure de près en voyant mon propre curé condamné en décembre 2015 à trois ans de prison dont deux avec sursis pour des faits de pédophilie remontant à plusieurs années.

Dans ces questions, écrivait Benoît XVI dans sa lettre pastorale aux catholiques d’Irlande en 2010, nulle « préoccupation déplacée pour la réputation de l’Église et pour éviter les scandales » ne saurait prévaloir sur le souci de protéger les victimes et de veiller à ce que ces événements horribles ne se reproduisent plus. Après le choc doit venir la compassion pour les victimes, la réparation si c’est possible, puis la volonté inébranlable de restaurer la gouvernance de l’Institution autour d’une seule parole, celle du Christ. C’est précisément le sens des recommandations du rapport Sauvé, et la seule voie à suivre dorénavant.

Parlons justement de gouvernance et de parole du Christ. Les conclusions du rapport Sauvé m’attristent profondément, mais en ce qui me concerne personnellement, le choc, la colère (et une certaine prise de distance, non pas avec l’Évangile, mais avec l’Église, je l’avoue) sont nés de l’affaire Jean Vanier (1928-2019) qui a éclaté au début de l’année 2020. 

Jean Vanier a fondé (en 1964) l’association internationale « L’Arche » qui accueille des personnes ayant un handicap mental dans des lieux de vie partagée. Il n’était ni prêtre ni religieux, mais il a mené cette entreprise dans le prolongement de l’Eau vive, un cercle spirituel très en vue – et très bien vu des milieux catholiques intellectuels des années 1950 – fondé par le prêtre dominicain Thomas Philippe, sorte de mini-star charismatique en son milieu. Ce dernier sera aumônier de L’Arche.

Bref, ce qu’il faut comprendre, c’est que Jean Vanier, adulé partout, Légion d’Honneur et prix Templeton en bandoulière, faisait partie de ces témoins du Christ qu’on citait et qu’on honorait abondamment lors des séances de catéchisme. (Et moi, je fais le catéchisme à des élèves de 6ème et 5ème.)

En mai 2019, il décède. Hommages, prières, articles élogieux dans la presse, reprises de ses moindres paroles. Au catéchisme, on fait lire aux élèves la prière qu’il a rédigée pour qu’elle soit lue quotidiennement dans les foyers de l’Arche : 

« Ô Marie, donne-nous des cœurs attentifs, humbles et doux pour accueillir avec tendresse et compassion tous les pauvres que tu envoies vers nous. » Etc.

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Quand j’y repense, j’en tremble de dégoût et de honte. Que de bondieuserie de la part d’un homme qui s’est finalement révélé aux antipodes de la pieuse image qu’il était parvenu à donner de lui.

Car quelques mois après sa mort, début 2020, tout change. Des accusations d’abus sexuels sous emprise sur des femmes adultes non handicapées mais vulnérables viennent s’ajouter à d’autres, formulées précédemment. Il ressort de l’enquête que Jean Vanier, exactement comme son mentor le père Thomas Philippe, étayait ses entreprises de séduction sur un discours mystico-sexuel qui consistait à dire à ses différentes proies que c’était Jésus qui les aimait à travers lui ou alors que ce n’était pas eux qui agissaient mais Marie et Jésus à travers eux.

Le père Philippe avait même monté toute une théologie mariale alambiquée qui faisait dire à l’époque au philosophe catholique Jacques Maritain : « Cette manière de vouloir faire de la sainte Vierge l’épouse de son fils (…) m’exaspère et me scandalise. » Il était pourtant loin de se douter que le dominicain et son disciple Vanier comptaient aller jusqu’à l’application pratique la plus terre-à-terre. 

C’est pourquoi, aussi terrifiant soit-il, le rapport Sauvé fait presque figure à mes yeux d’événement libérateur. Enfin un vrai coup de pied dans la triste fourmilière de l’abus de pouvoir, l’ignominie et l’hypocrisie. Le premier jour de la nouvelle vie de l’Église de France commence aujourd’hui. On respire déjà mieux.


Pour compléter cet article, je suggère la lecture de Pédophilie : urgent, relire B16 publié ici le 8 avril 2016.


Illustration de couverture : Le Président de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église depuis 1950 (CIASE) Jean-Marc Sauvé remet son rapport à Mgr de Moulins-Beaufort, Président de la Conférence des Évêques de France. 5 octobre 2021. Photo AFP.

25 réflexions sur “À propos du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Église

  1. Le point positif de tout ça c’est que notre époque n’accepte plus ces agissements ni même le silence qui les entoure. C’est une évolution encourageante. S’agissant de l’Eglise, il a fort à parier que la désaffection va s’accélérer. Mais comme vous le notez, restent les évangiles, toujours aussi intemporels, qui continuent de parler aux coeurs des femmes et des hommes après 2000 ans.

    • J’espère qu’il n’y aura pas de désaffection car les chrétiens savent prendre de la hauteur et disposent pour cela d’un discernement qui les met à abri d’hurler avec les loups.

      Nous devons rester et être les témoins de l’Evangile et célébrer le Christ car sa Parole est la plus juste, la plus miséricordieuse et son message est celui de l’amour (pas béat mais véritable). Renonçons au péché en le suivant!
      Les prêtres sont les bergers du peuple chrétien, ils sont bien plus nombreux à tenir leurs voeux. Ils méritent qu’on les remercie.

  2. Ce qui est toujours affligeant, c’est que ceux qui crient aujourd’hui au scandale, sont les mêmes qui a une époque ont copieusement massacré Benoit XVI pour chacune de ses déclarations, le « pape pose un problème », en allant même jusqu’à le qualifier d’ancien nazi pour avoir fait partie, contre son gré et pour obtenir une bourse scolaire, des jeunesses hitlériennes.
    Ainsi les livres du cardinal Ratzinger d’alors étaient tout simplement bannis dans les séminaires, puis ses déclarations comme Pape à chaque fois déchiffrées et réinterprétées de façon tronquée avec toute la mauvaise foi utile ; l’épisode sur le sida et les préservatifs en Afrique étant l’apothéose.

    On relira très utilement son témoignage implacable sur le sujet :
    https://fr.aleteia.org/2019/04/12/document-lintegralite-du-texte-du-pape-emerite-benoit-xvi-sur-les-abus-sexuels/

    Et par ailleurs je persiste à penser que Mgr Barbarin fût un bouc-émissaire bien opportun et surtout bien ciblé pour avoir soutenu la « Manif pour tous » alors qu’il n’était ni présent ni en charge du diocèse de Lyon au moment des faits.
    http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2019/03/29/31003-20190329ARTFIG00054-philippe-barbarin-est-il-un-bouc-emissaire.php

  3. Un rapport aussi nécessaire que consternant. J’ai été très désagréablement surpris par l’ampleur et la masse des crimes évoqués. Le suel point positif est que ce qi était courant dans les années 50-70 est devenu existant dans les années 70-90 avant de devenir résiduel (mais chaque affaire est une affaire de trop). Honte aux thuriiféraires du « pas de vagues ». L’Eglise doit-elle être sauvée et pardonnée ? En tant que chrétien je réponds oui sans aucune hésitation.

    Pardonner l’Eglise, ce n’est ni oublier, ni absoudre judiciairement les violeurs, ni tolérer que persiste dans le clergé la puanteur nécrotique des ordures en soutane qui ont préféré le viol d’enfants plutôt que de confronter leurs collègues passés du côté du Malin.
    Ceux qui ont commis ces actes doivent dégager, par exemple à Fleury-Mérogis. Ceux qui les ont laissé faire sont indignes de leurs fonctions, et doivent laisser les places qu’ils occupent désormais indignement à des jeunes moins souillés. Lorsqu’on reçoit la charge d’évêque, ce n’est pas pour baffer des petits fours aux kermesses avec des paroissiennes qui vous sourient tout en tolérant l’abomination. C’est une responsabilité, une lourde charge que certains des nominés n’ont pas été capables d’assumer correctement.

    Ce n’est néanmoins pas un blanc seing pour livrer l’Eglise, ou la doctrine, à des hyènes athées qui ne rêvent que de l’abattre. C’est à nous chrétiens de réorienter l’Eglise, et d’en chasser sans faiblesse les mauvais bergers.

  4. En tant que « anticlérical invétéré », je ne résiste pas à vous faire part de mes réflexions sur cette actualité.

    Tout d’abord, je n’ai aucune envie de profiter de l’occasion pour m’en donner à coeur joie, peut-être à cause de l’admiration suscitée par cette démonstration inédite de courage de la part de cette institution, en osant mettre en oeuvre et assumer ce rapport.

    Ce qui me frappe surtout dans cette affaire ce sont les effets du pouvoir sur les individus qui le détiennent, une fois de plus nous constatons que quelque soit la justification de ce pouvoir (ici religieuse et morale, mais aussi politique, hiérarchique, éducative, etc …) il existera toujours une partie de ses détenteurs qui en abuseront. Les hommes restent des hommes, et le pouvoir corrompt.

    Il ne faudrait pas se contenter de penser que la chasse aux mauvais bergers qui va nécessairement suivre soit une solution définitive à tous ces problèmes. L’institution de l’Eglise est maintenant en situation de profiter de ce qui lui reste de crédibilité et de supériorité morales pour faire ce qu’elle n’a jamais fait (et pour cause …), mais qui pourtant me semble être dans les gènes de cette religion :

    S’intéresser enfin à la morale du pouvoir, et pas seulement à celle des individus.

  5. Dans cette affaire, il est étonnant qu’on n’aborde pas la principale cause du problème de la pédophilie au sein de l’Eglise catholique à savoir le célibat et la chasteté imposés aux prêtres. Les relations sexuelles font partie d’une vie saine et équilibrée. Leur interdiction va à l’encontre de notre nature humaine et de notre chimie. L’Eglise ne semble pas vouloir aborder ce sujet. Je ne suis donc pas certain que nous soyons à l’aube d’une nouvelle ère.

    • Marié ou pas, l’homme reste l’homme et il y a des tonnes d’hommes vicelards mariés. Je ne crois pas que cela changerait grand chose en laissant les prêtres se marier. Je ne suis pas croyant et je trouve que l’on tape toujours sur les mêmes, les catholiques. Il y a des vicelards chez les musulmans et dans d’autres religions, alors pourquoi taper sur les catholiques d’une façon aussi excessive (1) ? Ce qui est plus grave, c’est que la hiérarchie de l’Église n’arrête pas immédiatement le problème s’il se pose et qu’elle a fermé les yeux.

      (1) En % les cas révélés ne sont pas supérieurs à la moyenne

  6. Bonjour, je suis d’accord avec votre conclusion. On respire déjà mieux au moins dans l’Eglise catholique. C’est salutaire.
    Je constate cependant que ce rapport Sauvé (sur la méthodologie de laquelle il y a à redire) arrive en même temps que la loi contre les « Thérapies de conversion » sur l’orientation sexuelle, et la commission Bronner contre le complotisme.

    • Les calendriers de ces différentes commissions sont indépendant, les sujets n’ont rien à voir entre eux. La mauvaise nouvelle c’est la commission Bronner qui est une initiative stalinienne de répression de l’opposition. C’est franchement inquiétant. Quand aux thérapies de conversion, sont-elles moralement justifiables ? Je ne le crois pas. Ou alors il faudrait commencer par convertir certains prêtres.

    • Les calendriers et les donneurs d’ordre. Le rapport Sauvé a été demandé par l’Eglise il y a plus de deux ans, par la Conférence des évêques de France, pour être précis. Rien à voir avec le gouvernement. Les membres de la commission ont travaillé à titre bénévole, mais l’Eglise a financé les dépenses nécessaires dont l’enquête sur les 28 000 personnes.

      Quant au sujet du mariage des prêtres, évoqué aussi dans ce fil, ce n’est pas si simple. D’autres églises chrétiennes qui admettent le mariage des prêtres sont confrontées au même problème (l’église anglicane, notamment) et l’enquête de l’Inserm a bien mis en évidence que le premier lieu, et de très très loin, des abus sexuels sur mineurs est le cercle familial et amical. Pas d’obligation de célibat de ce côté-là (ni dans les autres lieux se socialisation, écoles, clubs de sport etc…).

      • Comme vous le dites : « Quant au sujet du mariage des prêtres …, ce n’est pas si simple. »
        Et vous ne croyez pas si bien dire, car si on commence à parler du mariage des prêtres, il faudra bientôt parler du divorce des prêtres, du « mariage pour tous » des prêtres, de la PMA pour les prêtres, de la GPA pour les prêtres, etc…
        Je ne sais pas vous, mais moi, ça me donne le tournis !,

      • @Mildred : le mariage des prêtres fonctionne très bien dans l’église réformée, il y a peu de risque qu’on assiste aux débordements que vous mentionnez.

        Pour ma part, ça me gêne de donner des conseils aux prêtres dans la mesure où j’ai la chance d’avoir été marié et d’avoir eu des enfants, ça ne me coûte rien de faire le malin, je n’ai jamais été confronté au choix du célibat.

        Ceci dit je n’ai jamais compris pourquoi on leur interdit de connaitre deux des plus grandes expérience d’amour et d’épanouissement personnel que sont le mariage et les enfants. D’autant plus qu’aucun texte sacré ne soutient cette interdiction, bien au contraire, nous sommes encouragés par la bible à nous unir et à procréer.

        Maintenant, je comprends aussi que certains prêtres ne soient pas intéressés et je respecte ce choix (voir par exemple https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/histoires-de-pretres).

  7. « Je trouve l’Église de France extrêmement courageuse…. » c’est aussi mon avis, est-ce le procès de l’église ou celui des hommes qui ont fauté, il est permis de s’interroger sur le silence des autorités qui forcément par l’intermédiaire des confessions ou autres étaient au courant.

    Les circonstances des années 50/60 sont très éloignées de notre époque, le puissant clergé était partout et assurait un réel service, il animait les bourgs, gérait les écoles dont les orphelinats lieux de grande rigueur, l’infirmière était souvent une religieuse. Je n’ai jamais été confronté à ces agressions mais ce n’était pas facile de se construire dans de tels milieux. Parfois c’était joyeux comme ce prêtre qui prenait un petit bus avec quelques encadrants et baladait la marmaille au Portugal en Italie, en France.

    Désormais il y aura un avant et un après et plus aucune institution ne pourra s’exonérer de ces crimes. Il serait peut-être temps de poser la question sur la place des femmes dans l’église.

  8. Je n’ai pas lu le rapport Sauvé, mais uniquement le résumé et le commentaire très clairs que vous en faites ainsi que 2 ou 3 autres articles. Il m’interroge à deux niveaux:
    Il y aurait eu 216 000 victimes des agissements de membres du clergé de 1950 à 2020. Le nombre d’agresseurs, quant à lui, serait d’environ 3000. Si je comprends bien ces chiffres, cela voudrait dire que chaque agresseur aurait fait, en moyenne plus de 70 victimes. Ce dernier chiffre me parait énorme et peu vraisemblable.
    Par ailleurs le rapport, dans sa deuxième partie me semble tomber dans un travers classique de scientifiques qui sortent subrepticement de leur domaine de compétences. Ainsi en va -t’il, par exemple, des climatologues qui se croient autorisés à préconiser les mesures propres à remédier aux désordres provoqués par les émissions excessives de GES. Les auteurs du rapport Sauvé formulent un certain nombre de propositions de réforme en vue de corriger les errements insoutenables de l’église catholique. Mais en quoi sont-ils autorisés à le faire ? Ont-ils procédé à une comparaison rigoureuse des dérives entre les différentes organisations religieuses leur permettant de donner une certaine assise à leurs propositions ? la mesure des désordres est une chose, l’identification des facteurs les ayant favorisés est un autre travail, même s’il est clair que le silence trop complice n’a pu qu’entretenir les dérives.

    • 1. Ratio agresseurs/agressés : Le rapport estime les abuseurs à une fourchette de 2 900 à 3 200, ce qui représenterait un ratio de 3 % des religieux (les laïcs liés ne sont pas comptés dans ces chiffres).

      Voici ce qu’en dit le rapport :

      « Il est vrai qu’il impliquerait un nombre très élevé de victimes par agresseur. Mais un tel résultat n’est pas impossible au regard de la littérature scientifique qui montre qu’un prédateur sexuel peut effectivement agresser de très nombreuses victimes, spécialement ceux qui s’attaquent aux enfants de sexe masculin, comme c’est très majoritairement le cas dans l’Église catholique. Pour prolonger la réflexion, la commission, partant des conclusions contradictoires de la littérature scientifique, a établi d’autres hypothèses correspondant à des taux d’agresseurs de 5 % et 7 %. Car elle est consciente de la profonde disparité entre les profils d’agresseurs : ceux qui ne passent à l’acte qu’un petit nombre de fois et les multirécidivistes compulsifs. En définitive, tout en mesurant la difficulté de connaître le nombre réel des clercs et des religieux abuseurs à partir d’un travail principalement fondé sur les archives, cette difficulté valant bien sûr pour les recherches de même nature menées ailleurs, la commission aboutit à la conclusion qu’en France un taux aux approches de 3 % de clercs et de religieux auteurs d’agressions sexuelles constitue une estimation minimale et une base de comparaison pertinente avec les autres pays. »

      2. Recommandations : La commission formule, comme cela lui a été demandé, des recommandations en matière de gouvernance, sanctions, prévention et adaptation du droit canon tout en stipulant dès le départ que tout cela doit venir de l’Eglise. C’est à l’Eglise elle-même de décider des mesures et réformes à adopter.

  9. Même si vous ne voulez pas le voir, je trouve que la coincidence de ces trois évènements va dans le sens de la répression des l’Eglise.
    Bien que je le conteste (basé sur des estimations au téléphone) , j’accepte le rapport Sauvé, l’Eglise portera sa croix et moi aussi.
    Je pense que le secret de la confession est supérieur aux lois de la République.
    Je me souviens du cardinal Daniélou, mort dans un bordel.
    Sauf erreur de ma part, je constate que dans la commission Bronner il n’y a aucun représentant de l’islam ou des catholiques.
    A l’approche d’élections, c’est plus que troublant.

    • « basé sur des estimations au téléphone » : Non. Des appels à témoignages, des entretiens par téléphone, des échanges de mails, des entretiens en direct, l’analyse des archives, l’analyse de la littérature existante et le sondage sur les 28 000 personnes majeures représentatives (questionnaire en ligne).

      « commission Bronner » : le problème de cette commission, c’est qu’elle ne devrait pas exister. Je ne vois pas ce que vous voulez dire sur l’absence de représentants de l’islam et des catholiques.

    • Je ne comprends pas en quoi la commission Bronner serait contre l’Eglise, à moins que ce gouvernement ne considère les miracles de Jésus comme des « fake news ». Je prie ardemment pour qu’on ne soit pas tombés aussi bas. Ceci dit, si on patiente encore un peu, on aura droit à des articles des décodeurs du Monde et de Libération, nos deux références mondiales de probité intellectuelle désintéressée (désintéressés de leurs lecteurs, pas des gargantuesques subventions qu’ils reçoivent en récompense pour leurs méfaits).

      Nathalie a raison de dire que cette commission ne devrait pas exister, c’est une honte. Il se trouve que j’ai lu le premier livre de Bronner, qui m’avait plutôt semblé bien à l’époque, puis j’ai lu le second et là patatras, c’était une sorte de bouillie informe. Du coup, et bien que j’avais déjà acheté le troisième, je n’ai plus réussi à rien lire de lui. Qu’est ce que je regrette d’avoir acheté des livres de cet apprenti tyranneau à deux balles ! Et ne vous trompez pas, il n’y a aucune pensée derrière tout ça, ce brave homme à l’intelligence d’un fond de sauce.

  10. Ce que je voulais dire sur la commission Bronner, puisqu’elle existe, est qu’elle est constituée de francs-maçons (Dr.Valencin), de spécialistes du complotisme, et de spécialistes de la Shoah.
    Donc elle est dirigée contre les révisionnistes, et contre Zemmour, et contre l’Eglise Catholique.
    Quand au secret de la confession, je trouve que c’est scandaleux que Mgr Moulins-Beaufort soit convoqué au ministère de l’Intérieur. C’est la première fois qu’un gouvernement s’oppose au secret de la confession, donc s’oppose à l’Eglise. Le gouvernement n’a pas à légiférer sur le secret de la confession.

    • @Anne : la commission Bronner est avant tout dirigée contre l’opposition, celle qui défile contre le passe sanitaire, et celle qui serait tentée de révéler les vilains secrets du pouvoir au risque de rallonger la liste des ministres mis en examen, et ils sont nombreux.

      C’est bien d’une tentative d’intimidation qu’il s’agit, d’une menace adressée aux journaux trop curieux, aux opposants trop vindicatifs et aux éventuels lanceurs d’alerte. Pour avoir osé défier le monopole qu’entend exercer le pouvoir sur le juteux marché du mensonge, ils seront traînés dans la boue et devant les tribunaux, mais avec « bienveillance » comme l’écrit Marlène Schiappa.

      S’agissant du secret de la confession, la convocation de mgr l’évêque est simplement une gesticulation supplémentaire de ce pouvoir qui ne sait plus où donner de la surenchère populiste et du chéquier pour atteindre le seul objectif qui l’obsède vraiment, à savoir la réélection de Macron.

  11. Très intéressant article sur le travail absolument remarquable de la commission Sauvé. J’ai commencé à lire les 750 pages des trois tomes du rapport : c’est un travail de niveau scientifique, qui va largement au-delà des commissions sur ceci ou sur cela dont nous sommes arrosés tous les jours.

    Il faut souligner la durée de l’enquête (deux ans et demi), le profil équilibré du responsable (haut fonctionnaire émérite mais catholique fervent), la composition tout aussi diverse de la commission (qui n’excluait pas des théologiens) et la multiplicité des méthodes d’enquête (appel à témoignages, entretiens avec des victimes mais aussi avec des agresseurs, questionnaire auprès d’ecclésiastiques, sondage auprès d’un échantillon absolument massif de 28 000 personnes, recherches dans les archives de l’Eglise et de la justice en remontant au XIXe siècle, entretiens avec des experts…).

    Même la langue utilisée pour la rédaction du rapport doit être louée : claire, rigoureuse et juste, elle échappe au jargon bureaucratique ou idéologique, comme à l’afféterie littéraire fréquents en de telles circonstances.

    Je suis loin d’avoir tout lu, évidemment, mais je ne me suis pas contenté du « résumé » (qui fait déjà 48 pages…). J’ai appris beaucoup, et bien des choses m’ont étonné.

    Je pensais que le problème était beaucoup dû à « Mai 68 », mais il semble que les agressions sexuelles étaient monnaie courante bien avant. Je pensais qu’il s’agissait essentiellement d’actes commis par des prêtres, je découvre l’incidence significative des laïcs agissant dans le cadre d’institutions religieuses (professeurs dans des écoles catholiques, par exemple). Je pensais qu’il s’agissait surtout d’agressions commises par des prêtres sur des garçons (ce qui est le cas), je découvre qu’il existe, en plus, un courant d’agressions de religieuses par des prêtres ayant autorité sur elles. Sans parler des actes commis par des prêtres envers des enfants de leur propre famille (au sein de laquelle ils étaient insoupçonnables, naturellement).

    Le caractère élevé du nombre des victimes et des agresseurs a été beaucoup commenté. J’ai, pour ma part, été atterré par la force des mécanismes institutionnels, au sein de l’Eglise, qui ont favorisé ces exactions. L’ampleur de l’inaction de la hiérarchie ecclésiale va bien au-delà de ce que je pouvais imaginer. A ce stade, on ne peut plus parler de déni : il s’agit de complicité active et prolongée sur des décennies.

    Pour s’en persuader, je conseille le passage sur Tony Anatrella, qui est proprement sidérant.

    En m’excusant d’aborder ce sujet délicat, je constate que certes, le facteur homosexuel n’est nullement dissimulé par le rapport (et les chiffres le rendent indiscutable), mais qu’il n’est abordé que trop brièvement au regard de son poids dans le phénomène.

    Je ne suis pas sûr que les préconisations soient suffisamment fortes.

    Emission atterrante consacrée au rapport Sauvé sur Radio Courtoisie. Un ou deux prêtres y font assaut de dénégations : les chiffres ne sont pas crédibles, c’est la faute à Mai 68, d’ailleurs tel ministre socialiste tripotait les petits garçons, bref l’Eglise n’y est pour rien et nulle remise en cause n’est à prévoir.

  12. Je m’excuse j’ai fait une erreur dans mon commentaire: il ‘agit en réalité du Pr. Guy Vallancien, (et non Valencin), professeur de médecine, qui vient de toute façon de démissionner de la commission.

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