McDo marseillais : la FOLLE saga continue de plus belle !

Cet article est la suite inopinée de « McDonald’s et les NUISANCES du syndicalisme à la française » écrit en mai 2019.
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« Le Président a dit que c’était la guerre ? Et en temps de guerre, on réquisitionne. Il s’agit donc d’une réquisition citoyenne ! »

Ainsi s’exprimait en début de crise sanitaire l’un des initiateurs du projet de plateforme solidaire « l’Après M » installé en toute illégalité dans les locaux de l’ex-McDonald’s de Saint-Barthélémy dans les quartiers Nord de Marseille.

L’exemple vient d’en haut. L’état d’urgence sanitaire permet en effet au gouvernement de réquisitionner tous biens et services à sa convenance au mépris du droit de propriété. De là à en conclure que n’importe qui peut s’approprier n’importe quoi au nom de n’importe quelle « urgence » auto-proclamée, pourvu qu’elle soit qualifiée de « sociale et solidaire », il n’y a manifestement qu’un tout petit pas que les anciens salariés du McDo en question n’ont pas hésité à franchir.

Un McDo qui n’est pas inconnu dans ces pages.

Si vous vous souvenez, il y a exactement deux ans, je vous racontais comment son propriétaire franchisé Jean-Pierre Brochiero voulait vendre ses six restaurants McDonald’s de Marseille, comment il avait trouvé un repreneur pour cinq d’entre eux (en la personne d’un autre franchisé McDo de la région) et comment le sixième, celui de Saint-Barthélémy justement, suscitait nettement moins d’enthousiasme chez les repreneurs potentiels. 

Je vous racontais comment les syndicalistes menés par la CGT, SUD et FO n’y avaient jamais lésiné sur les grèves, les chantages, les occupations de locaux ou les débrayages ciblés pendant le coup de feu (voir ci-dessous le témoignage d’un autre franchisé de McDo) pour obtenir des conditions salariales et des avantages – 13ème mois dès un an d’ancienneté, primes trimestrielles, mutuelle presque intégralement prise en charge par l’entreprise – bien au-delà de ce qui se pratique chez McDo France en général.

Et finalement, je vous racontais comment ce McDo devenu pratiquement le seul instrument de structuration sociale et d’insertion dans un quartier particulièrement délabré et abandonné des pouvoirs publics s’était retrouvé à enchaîner les pertes, coincé qu’il était entre une clientèle réduite à aller vers les petits prix et des obligations salariales et sociales de plus en plus intenables.

Après différentes péripéties, le repreneur des cinq premiers restaurants a fait savoir qu’il était prêt à reprendre aussi le McDo de Saint-Barthélémy, mais à la condition expresse de supprimer les quatre postes de direction du restaurant, soit une économie de 400 000 € par an sur la masse salariale afin de redonner de la viabilité à une entreprise très mal en point. L’intersyndicale menée par le délégué FO Kamel Guemari, sous-directeur compris dans les quatre postes menacés, a « tout naturellement » refusé.

Résultat des courses, en décembre 2019, le tribunal de commerce de Marseille plaçait l’entreprise en liquidation judiciaire, ce qui laissait 77 salariés sur le carreau dans un quartier très pauvre où l’établissement était devenu le deuxième employeur privé après Carrefour.

Alors évidemment, on peut considérer comme Kamel Guemari que cet échec est typique de la volonté des patrons de museler l’action syndicale, mais au vu de tous les avantages extirpés au fil des ans par les salariés protégés de Saint-Barthélémy, on pourrait aussi considérer qu’il existe un certain syndicalisme d’extrême-gauche jusqu’au-boutiste qui constitue une véritable obstruction à la liberté d’entreprendre et donc à la création de richesse, à l’emploi et au pouvoir d’achat.

Toujours est-il qu’avec la pandémie, la lutte a continué de plus belle. 

À peine le restaurant McDo conventionnel avait-il mis fin à son activité qu’une poignée de salariés rejoints par une poignée d’habitants se sont approprié les lieux sous le terme de « réquisition citoyenne » et qu’ils l’ont transformé en plateforme de distribution de vivres apportés notamment par la Banque alimentaire et l’association Emmaüs. Du soutien scolaire et une bourse aux vêtements se sont greffés sur le projet initial. « L’Après M », l’après McDo, était né.

Aucun problème à cela. La pauvreté est galopante dans le quartier, les confinements anti-Covid n’ont rien arrangé et les initiatives associatives bien calibrées en fonction des besoins locaux sont toujours les bienvenues – à condition qu’elles soient entièrement financées par du mécénat ou des dons, formules qui ont l’avantage de traduire une solidarité choisie par les donateurs par opposition à une solidarité imposée sans transparence via le grand bain de la fiscalité et de la redistribution.

Et à condition de bien comprendre que ce genre d’initiatives aide les plus pauvres à vivre au jour le jour, mais aucunement à sortir de la pauvreté.

Or grâce à la fine stratégie de Kamel Guemari qui se présente maintenant comme le preux chevalier des plus démunis, il est à peu près certain qu’on ne verra pas de sitôt dans le quartier un entrepreneur privé proposer des emplois, seuls vecteurs pérennes de sortie de la pauvreté, sans recevoir de solides garanties, voire de solides subventions des pouvoirs publics – ce qui tend à annuler en partie le bénéfice des nouveaux emplois par hausse des dépenses publiques et à terme hausse des impôts et/ou de la dette.

Et si ce n’est que toute l’opération, pour être très sociale, solidaire, citoyenne, bénévole et patati et patata, dépend de locaux qui n’appartiennent pas aux opérateurs, ces derniers n’ayant nullement obtenu de McDonald’s France l’autorisation de les occuper.

Or sans la propriété, droit naturel et imprescriptible de l’homme qui figure en bonne place dans notre bloc de constitutionnalité (à l’article 2 de La DDHC de 1789) – peut-être faudrait-il s’en souvenir plus souvent – pas de motivation à entreprendre, pas de motivation à risquer du capital, pas de motivation à l’échange ni à la création de richesse. Bref, pas d’entreprises, pas d’emplois marchands, mais au mieux du capitalisme de connivence, au pire une fonctionnarisation grandissante de l’activité économique et une régression assurée vers la pauvreté – voir l’URSS ou le Venezuela, voir même le Royaume-Uni des années 1970.

Sur le papier, un projet de rachat du terrain et du bâtiment voit le jour à raison de la souscription de 100 000 parts à 25 euros afin de transformer le lieu en restaurant économique et social, en « restaurant du peuple », qui dispenserait également de la formation – tout ce que faisait le McDo auparavant, comme le reconnaît non sans une bonne part de contradiction Kamel Guemari lui-même :

« Ce McDo c’était un peu la place du quartier, on voyait pas loin de 100 salariés passer chaque année, on les formait, et s’ils ne faisaient pas l’affaire, on les orientait vers des formations, c’était un peu le Pôle emploi de ces quartiers. » 

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Une procédure d’expulsion plane néanmoins sur les associations qui se sont constituées pour faire vivre le lieu, et de toute façon, « 25 € x 100 000 » représente ni plus ni moins la modique somme de 2,5 millions d’euros, un niveau de financement hors d’atteinte si aucune fondation caritative ne se décide à participer. Or aucune ne s’est décidée à participer. Mis sous pression pour montrer en quoi un nouveau maire socialiste faisait souffler un vent solidaire sur le Vieux Port, Benoît Payan a cherché des partenaires mais n’en a trouvé aucun. 

Et c’est ainsi que nous en arrivons au 2 juin dernier, jour où la ville de Marseille a annoncé qu’elle allait racheter l’ensemble immobilier directement sous forme d’une préemption pour une somme qui pourrait tourner autour de 650 000 €. McDonald’s France a confirmé être entré en discussion avec les équipes municipales.

À entendre Kamel Guemari qualifier ce développement de « grande victoire », on devine que le projet associatif citoyennement peaufiné avait moins pour objectif d’être appliqué que de forcer la mairie à s’impliquer. On comprend son raisonnement : finis les soucis de financement, les subventions vont tomber et les autres – les contribuables, les riches – financeront sans fin ses généreuses intentions. 

Mais le projet est si branlant que la folle saga du McDo de Saint-Barthélémy n’est certainement pas terminée.

Tout d’abord, rien ne dit que le projet des associations cadrera avec les projets de la ville. En fait, et c’est encore plus grave, rien ne dit que la ville sache précisément ce qu’elle compte faire de ce nouveau lieu qu’il lui incombera de gérer. Le maire s’est montré plutôt évasif sur le sujet, tenant des propos qui n’engagent pas à grand-chose du style « la suite, il nous appartiendra de l’écrire ensemble ».

Ensuite, une enquête menée en juin 2017 au sein du SAMU social marseillais – entité assez proche de « l’Après M » dans ses objectifs – a révélé les petits arrangements qui y proliféraient gentiment. Abondamment loué pour « l’abnégation de ses équipes qui, nuit après nuit, distribuent repas et couvertures aux sans-abris », ce service 100 % municipal (encore un motif de satisfaction) pratiquait aussi un « partage du travail » des plus rondelets puisque les agents n’y travaillaient que 10 à 12 jours par mois, c’est-à-dire une semaine sur deux ! 

Enfin, il faut se rappeler que la ville de Marseille fait partie des cinq villes les plus endettées de France. En février dernier, Benoît Payan avertissait d’ailleurs son conseil municipal que « si on était dans une entreprise privée, les commissaires aux comptes ne certifieraient pas les comptes de la Ville de Marseille ».

Les mandatures précédentes sont évidemment les premières responsables de cette situation catastrophique mêlant gabegie, idéologie et clientélisme dans un contexte de vétusté des équipement publics assez rare en France. Mais où est la logique de se lancer maintenant dans une dépense de 650 000 € sans véritable projet sous-jacent sauf un éventuel doublon du SAMU social, si ce n’est relancer la machine à gabegie, idéologie et clientélisme ?


Illustration de couverture : Euphorie devant « l’Après M », après l’annonce, le 2 juin 2021, que la ville de Marseille allait racheter l’ex-McDo occupé par d’anciens salariés.

13 réflexions sur “McDo marseillais : la FOLLE saga continue de plus belle !

  1. Encore une impasse basée sur une incompréhension de la fonction sociale d’entreprises comme McDo et à la fin comme vous l’écrivez c’est le contribuable qui paie pour un projet à l’efficacité sociale discutable.
    Je ne suis pas client et défenseur de McDo mais je trouve que ses opposants confinent parfois à l’absurde. Merci pour cet article éclairant.

  2. Rien d’autre que de la pratique mafieuse. Il faut dire qu’à Marseille, que je connais un peu, la prévarication, le chantage et l’intimidation sont sans doute enseignés en faculté.

    Cette ville est le reflet de ce qui s’étend sur le pays qui sombre et devient un repaire de crapules, d’assistés, d’indigents et de moutons.

    Merci pour votre clairvoyance et votre implication. Pardon pour ma franchise.

  3. Soyons clairs : c’est du racket musulman. Le délégué syndical sous-directeur, et il n’est encore pas content…

    Lorsque la taxe religieuse imposée par les musulmans aux infidèles se mêle au marxisme français indigène, au banditisme marseillais et à l’étatisme généralisé dans le pays, ça donne ça.

    C’est la recette pour basculer rapidement dans l’arriération à l’africaine.

    On ne va pas donner des cours d’initiation à Frédéric Bastiat aux Marseillais… En revanche, il n’est pas inutile de rappeler que Didier Raoult exerce dans cette ville. Ses méthodes rappellent beaucoup celles des mafieux du McDo… pas étonnant qu’il soit adoré à Marseille.

    • @ Behenzar de Cunes @ Robert Marchenoir

      Le repreneur des 5 premiers McDo qui proposait de reprendre le sixième sous certaines conditions s’appelle Mohamed Abassi. Lui aussi pratique le racket musulman ? Lui aussi, on s’amuse à l’appeler l’imam Abassi ?

      • Je n’en sais rien, Nathalie. Votre question, qui témoigne d’un « anti-racisme » mal inspiré, trahit au contraire un « racisme » certain, à l’aune de cette idéologie.

        Si un délégué FO d’origine musulmane applique, de façon manifeste, la doctrine religieuse de la taxation des non-musulmans, il n’en découle pas, pour autant, que toutes les personnes d’origine musulmane l’appliquent.

        C’est vous qui « généralisez ».

        Pour le reste, il suffit d’observer, et la réalité des exactions musulmanes en Europe et en Occident, et les revendications ouvertes, explicites, des organisations musulmanes internationales, pour en conclure qu’il s’agit là, à la fois, d’une stratégie conforme aux préceptes de l’islam, annoncée, et appliquée.

        https://fr.wikipedia.org/wiki/Djizîa

        « Pour la majorité des juristes et savants musulmans, la djizîa est un impôt spécial perçu à charge de certains non-musulmans en échange de la responsabilité de protection assumée par les musulmans contre toute forme d’agression. »

        Ça ne vous rappelle rien, dans la vie courante en France ? Les bandits d’origine immigrée qui sabotent et pillent les chantiers se déroulant dans leurs banlieue, à moins qu’ils ne soient « embauchés » en tant que vigiles, ça ne vous dit rien ?

      • L’article ne parle pas un seul instant de question religieuse ni de « taxation musulmane ». C’est vous qui sautez aux conclusions qui vous arrangent et qui généralisez dès que vous voyez un nom avec une consonance qui pourrait induire une proximité avec l’islam.

    • Cher Robert, vous êtes plus précis habituellement. Que se passe-t-il? Si vous avez des éléments factuels qui montrent que le McDo en question à fait l’objet d’une taxe sur les non musulmans, faites le donc savoir. Sinon votre commentaire est hors sujet.

  4. Ce cas emblématique n’est que la conséquence, la cause est politique comme la solution. Du haut de ma (petite) vieillesse il m’arrive de repasser 50 ans après dans des endroits que je ne reconnais plus..

  5. Je sais que je risque de déchaîner la foudre mais je ne résiste pas au plaisir de citer ce passage de ma lecture matutinale de ce jour :

    « Le capitalisme est une suite d’histoires tristes qui finissent toujours mal. Dieu merci ! En 1917, la grande lueur venue de l’Est, le communisme au pouvoir, lui a redonné, par contraste, de bonnes couleurs aux joues. Les capitalistes doivent une fière chandelle aux communistes : sans eux ils auraient fini par se suicider. »

    Écrit en octobre 1981 ! Je me demande ce que l’auteur – mort en 2006 – pourrait écrire du capitalisme d’aujourd’hui ?

    • Et voilà que, comme pour répondre à ma question, j’apprends ce matin, qu’un économiste de haut vol – Patrick Artus – vient de publier chez Odile Jacob, un ouvrage qu’il a intitulé : « La dernière chance du capitalisme » !

    • Par exemple, mais ils abondent dans notre riche et tragique histoire, l’historienne Anie Lacroix-Riz indique des liens entre les hautes bourgeoisies industrielle et financière avec les régimes fascisme, nazisme et même vichysme. De nos jours à votre avis qui dirige la France, notre Président, l’UE ou le G7 et ses petits copains ?

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