Restaurateurs contre Assureurs : Bruno La Menace s’en mêle !

Est-ce l’esprit de Noël qui souffle sur Bercy ou plus prosaïquement l’habituelle incompréhension radicale de Bruno Le Maire envers tout ce qui ressemble à la réalité économique ? Toujours est-il qu’à l’image de sa collègue Marlène Schiappa qui disait préférer faire de la politique avec son cœur plutôt qu’avec sa calculette, notre ministre de l’économie a revêtu une fois de plus ses mines d’enfant de chœur pour dire ce qu’il pensait de la cruelle attitude des assureurs vis-à-vis de leurs clients hôteliers et restaurateurs :

« Vous savez, c’est pas parce qu’on travaille dans le secteur financier qu’il faut pas savoir faire preuve de cœur et de compréhension pour ce que vivent les restaurateurs aujourd’hui. » (LCI, 1er décembre 2020)

.
Comme Noël approche, et même sans cela, j’abonde volontiers : bien sûr qu’il faut savoir faire preuve de cœur et de compréhension dans ses relations aux autres. Mais l’on sait aussi que l’enfer est souvent pavé de bonne intentions.

À trop vouloir transformer nos entreprises en sociétés de bienfaisance et à taxer lourdement le secteur productif pour laisser parler le tendre cœur de nos ministres dans un grand élan de redistribution massive et déresponsabilisante, on se retrouve plus sûrement avec une croissance en berne et un chômage de masse que dans une société prospère et apaisée, ainsi que la France nous en donnait déjà un excellent exemple avant l’arrivée du Coronavirus.

Aussi, autant il est absolument normal et nécessaire d’exiger que les compagnies d’assurance honorent les contrats qu’elles ont signés avec leurs clients – faute de quoi elles se retrouveront au tribunal et ce sera tant pis pour elles – autant il est beaucoup plus discutable de vouloir les faire sortir de leur domaine d’activité. Surtout sous la menace.

Or c’est précisément ce à quoi Bruno Le Maire s’est employé mardi sur LCI : si les compagnies d’assurance ne font pas « un geste » en faveur du secteur de l’hébergement restauration d’ici lundi prochain, si, au minimum, elles ne décident pas de geler le montant de leurs primes pour 2021, alors il se verra dans l’obligation d’appuyer à l’Assemblée nationale un amendement déjà voté au Sénat qui consistera à leur imposer une contribution « Covid » exceptionnelle de 1,2 milliard d’euros.

Cette déclaration martiale intervient alors que les restaurateurs sont en conflit ouvert avec leurs assureurs (AXA, Generali, etc.) depuis le premier confinement anti-Covid du printemps dernier. La fermeture administrative des bars, cafés et restaurants imposée à plusieurs reprises depuis mars, et encore actuellement, génère pour eux des pertes d’exploitation colossales. Ils comptent donc se faire indemniser à ce titre. Pour envenimer le tout, les assureurs leur ont envoyé récemment un courrier plutôt administratif dans le style les informant qu’à partir de 2021, le risque de pandémie était exclu du risque de pertes d’exploitation.

D’où la tirade de Bruno Le Maire sur le fait que les assureurs doivent participer comme tout le monde à l’effort national de soutien de l’économie en temps de crise, exactement comme les banquiers qui ont accepté de reculer d’un an l’échéance de remboursement des prêts garantis par l’État (vidéo ci-dessous, 01′ 41″) :

« On ne pourra s’en sortir tous que si collectivement on fait un effort. Si on se dit à chaque fois : c’est la puissance publique, c’est l’État, ils vont payer, y a pas de problème, et puis les autres ne font pas d’effort, ça ne marchera pas. »

À noter que le journaliste Pascal Perri de LCI parle d’un affrontement pot de fer contre pot de terre pour caractériser le différend entre les méchants assureurs et les gentils restaurateurs et qu’il presse le ministre de pendre des « mesures autoritaires » pour assurer la victoire des seconds. 

Aussi, devant ce monde trop facilement décrit en noir et blanc qui conduit tant de Français à s’agenouiller devant la générosité supposée de la puissance étatique pour les protéger d’un monde de la finance réputé sans cœur ni foi ni loi, et sans préjuger des développements ultérieurs de cette affaire qui voit Bruno Le Maire et le secteur de l’hébergement restauration s’opposer au monde de l’assurance, j’aimerais faire cinq remarques :

1. « Efforts » :

Quand Bruno Le Maire demande des efforts à tout le monde en opposant ce que peut faire l’État et ce que peuvent faire « les autres », il néglige le fait que l’effort de l’État qui prend forcément la forme de dépenses financées par la dette et l’impôt est en fait l’effort des « autres ».

Ce sont in fine les acteurs non étatiques, et parmi eux le secteur marchand, qui seront un jour redevables des impôts inéluctablement compris dans la philosophie du « quoi qu’il en coûte » retenue par le gouvernement pour gérer les conséquences économiques des confinements anti-Covid.

Il est du reste légèrement cavalier de montrer les assureurs du doigt à ce titre dans la mesure où depuis le début de la crise, ils ont dégagé une enveloppe de 3,8 milliards d’euros d’engagements pour assurer cet effort de soutien. 

2. Effet taxe :

Quant à vouloir imposer une contribution exceptionnelle au secteur de l’assurance, il en va exactement comme pour la taxe GAFA si chère à Bruno Le Maire : elle finira à coup sûr en augmentation des primes pour les assurés. On doute que ces derniers en seront ravis.

3. Risque assureur :

On comprend aisément la colère des restaurateurs. Leurs difficultés n’ont rien à voir avec des négligences de leur part mais tout avec des décisions gouvernementales plus ou moins judicieuses qu’ils sont obligés de subir. L’idée de faire jouer leur assurance pour compenser apparaît donc comme parfaitement naturelle et logique.

Mais le problème, c’est que pour la plupart, ils demandent à recevoir l’indemnisation d’un sinistre pour lequel ils ne sont pas assurés et dont ils n’ont donc jamais payé les primes. Il s’avère en effet que les risques de pandémie ne sont généralement pas couverts par les contrats en vigueur : d’après l’autorité de contrôle prudentiel de la banque et de l’assurance (ACPR), moins de 7 % le sont, et encore, 4 % seraient discutables.

C’est en effet avec les primes versées par tous les clients du risque incendie, par exemple, que l’assureur indemnise les quelques clients qui ont subi un incendie, les primes elles-mêmes étant calculées en fonction du risque d’occurrence d’un incendie sur un vaste portefeuille de clients.

4. Risque systémique :

À cela s’ajoute le fait que contrairement au risque incendie qui ne se matérialise chaque année que chez une petite part des assurés, le risque de fermeture administrative pour raison de Covid-19 affecte tous les acteurs du secteur au même moment. En conséquence, il n’y a plus de mutualisation des risques. On parle d’un risque systémique dont la prise en compte mérite à mon avis une réflexion un peu plus poussée que les menaces de Bruno Le Maire.

5. Risque politique :

Last, but not least car c’est sans doute l’aspect le moins assurable de toute l’affaire, ce risque systémique de pertes d’exploitation dépend moins de la pandémie de Covid-19 elle-même que des décisions politiques prises par le gouvernement dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire. Peut-être M. Le Maire ferait-il bien de prendre conscience qu’un nombre non négligeable de ces mesures de fermeture administrative relèvent d’une dérive aussi absurde qu’autoritaire de la gestion des confinements.

Serais-je assureur que je considérerais avec la plus grande méfiance l’idée de couvrir un risque qui me mettrait entièrement à la merci d’un agenda gouvernemental dont l’expérience montre qu’il est à la fois imprévisible, chaotique et hautement politicien.


Illustration de couverture : Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire sur LCI le 1er décembre 2020.

25 réflexions sur “Restaurateurs contre Assureurs : Bruno La Menace s’en mêle !

  1. C’est quand même la première fois dans l’histoire de ce pays qu’un gouvernement saboté volontairement la sphère économique de ce pays sous prétexte d’une pandémie, certes sérieuse mais pas extraordinaire, mais surtout pour dissimuler ou nier ses incompétences, ses choix douteux et une supposée mais probable allégeance à une ou des autorités extérieures et étrangères au pays. Les larmes vu çà et là ne sont que des larmes de crocodile dissimulant une hypocrisie sans limite.

  2. Le Maire, à sa manière, avoue pourtant que la fermeture administrative est pour le moins discutable, arbitraire, illogique, puisqu’il a préconisé ces derniers temps la réouverture, quoiqu’à jauge réduite… C’est donc bien l’État (son gouvernement) qui est -principalement- responsable d’un dommage qu’il veut faire payer aux assureurs.

  3. Bruno la Menace aime bien les incantations autant grotesques qu’inutiles :
    https://entrepreneurs-pour-la-france.org/Nos-combats/Emploi-et-chomage/article/Bruno-Le-Maire-les-salaries-ne-sont-pas-une-variable-d-ajustement

    Il n’a et son gouvernement aucun pouvoir si ce n’est de baisser la fiscalité. Au lieu de griller 100 Mds dans un plan de relance dont les choix d’affectation sont forcément néfastes ou pire de connivence, ils auraient pu innover avec une année fiscale blanche pour les entreprises (PME) et les commerçants ou les travailleurs indépendants. Penser baisse des charges au lieu de distribution d’argent emprunté,semble être hors de leur portée intellectuelle…

    Ou alors beaucoup auraient l’impression de ne servir à rien.

  4. L’art de diviser pour régner.
    Les commerçants n’ont pas toujours eu bonne presse, auprès de beaucoup. Ils sont accusés d’être des fraudeurs, de faire des marges bénéficiaires (horreur…) et de rouler en Porsche Cayenne (authentique: je l’ai lu de nombreuses fois dans des commentaires: ils n’ont qu’à vendre leurs gros SUV pour compenser ce que la crise Covid leur a enlevé).
    Mais le vent est en train de tourner, puisque les gens commencent à se rendre compte que la plupart de leurs commerçants sont ruinés, que beaucoup mettront la clé sous la porte et se retrouveront à la rue sans aucune indemnité.
    Donc, malin, M. Le Maire se retourne vers les assureurs (ce qui est inepte, comme vous l’expliquez) qui ne paieront pas, car ils n’ont ni de raisons, ni les moyens de le faire.
    On est devant une tentative de plus de détourner l’attention, en attendant que la gauche embraie en accusant les assureurs -les riches- de ne pas vouloir sauver le pays. Et de se dédouaner à bon compte des résultats de leurs erreurs. Classique.

      • J’ai vu passer ce texte inepte sur Twitter. Rarement lu quelque chose d’aussi prétentieusement stupide.
        Il est vrai que les Français ont la fâcheuse habitude de se tourner vers la puissance publique quand ça va mal ; par exemple, les taxis face aux VTC, puis les VTC face à Uber. Mais là, les circonstances sont totalement différentes. C’est l’Etat qui a immobilisé tout le monde.
        https://twitter.com/MPNathalie/status/1334452106573598721

      • Ras le bol des prétendus humoristes qui passent leur temps à exprimer leurs opinions politiques en camouflant leur fond d’intolérance haineuse sous les apparences de l’humour. C’est lâche. Et ne nous leurrons pas, ce n’est pas voix de la raison qui s’exprime mais bien celle du ressentiment et de la détestation. Donnez leur des fusils et ils se transformeront en gardes rouges ou en khmers rouges.

        Mais le pire c’est que ces faux humoristes sont payés par un service public qui devrait mettre la neutralité au coeur de sa mission. Ce n’est hélas pas le cas. D’ailleurs je ne résiste pas au plaisir de vous faire part de l’email que j’ai reçu ce jour même du CSA suite à une alerte que j’avais déposée sur le site au sujet d’un humoriste de France Inter qui s’était illustrée par des propos particulièrement orduriers envers les chrétiens.

        Pour le plaisir des yeux, régalez-vous de cette belle langue de bois bien de chez nous qui fleure bon le terroir, oui celui à côté de la déchetterie. S’il s’était agi d’une autre minorité, le prétendu humoriste aurait été viré dans la demi-heure, mais comme c’est une radio « progressiste » ils peuvent tout se permettre.

        Bonjour,

        Vous avez saisi le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) au sujet d’une séquence de l’émission « Par Jupiter ! », diffusée sur France Inter le 10 janvier 2020.

        Le Conseil a examiné cette séquence lors de sa séance du 26 février 2020.

        En vertu de l’article 1er de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 « La communication au public par voie électronique est libre (…) ». Par ailleurs, l’article 5-1 du cahier des charges de Radio France dispose que « la société participe aux actions en faveur de la cohésion sociale et à la lutte contre les discriminations (…) ». A ce titre, le Conseil se montre particulièrement attentif à intervenir lorsqu’une séquence audiovisuelle est susceptible de véhiculer des stéréotypes stigmatisants et offensants à l’égard de catégories de la population et peut, en particulier, encourager des comportements discriminatoires.

        S’il a noté que de très nombreuses personnes avaient été heurtées par les propos tenus à l’antenne par l’humoriste, il a estimé que ceux-ci n’excédaient pas les limites de la liberté d’expression, dont le Conseil est le garant et qui vaut aussi pour les idées polémiques qui heurtent, choquent ou inquiètent.

        Le Conseil a relevé, par ailleurs, que la directrice générale de France inter, ainsi que l’humoriste lui-même avaient exprimé leur regret par des excuses publiques, publiées sur le site de la station.

        Dans ces conditions, le CSA n’a pas relevé de manquement de la station aux dispositions du cahier des charges de Radio France.

        Cordialement,

        La Direction de la communication

    • « Diviser, mieux régner
      Mais régner sur un volcan »
      Ce n’est pas de moi, mais tiré d’une chanson de la Ruda (Quand le réveil sonne). Et je pense que c’est malheureusement bien adapté à la situation actuelle.

  5. Concernant le risque systémique, on pourrait imaginer un « fonds d’indemnisation catastrophe globale » qui serait abondé chaque année par les assureurs (donc par les assurés…) et utilisé pour indemniser les assurés en cas de réalisation de ce risque. Un peu sur le modèles des catastrophes naturelles. Sauf qu’une catastrophe naturelle ne se produit pas partout en même temps. Et que les montants à indemniser seraient astronomiques… De fait, si la plupart des contrats excluent les risques de guerre ou d’explosion nucléaire, c’est bien que ces risques sont difficilement assurables.

  6. On ne peut pas assurer contre un risque certain. On ne peut pas dire : la pandémie est là, donc il faut que vous nous assuriez. On s’assure avant le sinistre, pas après.

    La fermeture des bars et restaurants est justifiée. C’est l’un des principaux foyers de contamination. Les gens sont les uns contre les autres, ils n’ont pas de masque, ils parlent fort et l’alcool ôte les inhibitions. Anthony Fauci l’a dit : ouvrez les écoles et fermez les bars.

  7. Le combat contre les assureurs permet au gouvernement de se présenter comme le protecteur des restaurateurs alors que c’est bien lui qui les a mis dans cette situation périlleuse en imposant sur tout le territoire une fermeture administrative générale alors même que les situations sur le terrain étaient différentes.

    Ici comme ailleurs il aurait fallu faire preuve de pragmatisme et ne fermer que là où c’était vraiment indispensable, à supposer que ça l’ait été quelque part. Le pragmatisme c’est ce que réclamait les communes et les régions, plus proches des réalités du terrain. Voila bien deux mots que ce gouvernement autiste ne comprend pas : réalités et terrain. Cette arrogance se paie d’un prix bien élevé, je ne crois pas que quiconque soit dupe, si ce n’est la presse subventionnée et les médias de service public.

    Sans compter qu’il faudra nous expliquer pourquoi on autorise les cantines scolaires, les restaurants d’entreprise, les transports publics mais pas les restaurants privés. C’est comme tout le reste d’ailleurs : de l’arbitraire, du bricolage, une bonne dose d’idéologie étatiste et peu importe la casse que cela va occasionner car tous ces décideurs n’en subiront aucun impact à titre personnel, leurs salaires seront versés jusqu’au dernier centime et même s’ils perdent les élections, ils retourneront dans leur administration d’origine où ils pourront bénéficier de l’ancienneté grâce à une loi opportunément votée en début du quinquennat.

    • @ Lionel

      « Sans compter qu’il faudra nous expliquer pourquoi on autorise les cantines scolaires, les restaurants d’entreprise, les transports publics mais pas les restaurants privés. »

      Je pense que « on » vous l’a expliqué, et si ce n’est pas le cas, l’explication est évidente.

      – Les écoles doivent être ouvertes, c’est crucial pour permettre aux parents d’aller travailler. Les enfants sont très peu vulnérables au virus. Les directeurs d’école sont libres d’instaurer les mesures de précaution sanitaires qui s’imposent, dans les cantines, sans que les élèves ne puissent s’y opposer.

      – Les restaurants d’entreprise sont aussi décisifs pour permettre le retour au travail. Le chef d’entreprise dispose du pouvoir réglementaire, et peut appliquer les mesures sanitaires nécessaires.

      – Les transports publics sont cruciaux pour permettre aux gens de travailler, et aussi de se déplacer lorsque c’est indispensable (courses, soins médicaux…). C’est certes un endroit risqué. La lutte contre l’épidémie est affaire de compromis.

      – Les restaurants privés font clairement partie du superflu. On peut se priver d’aller au restaurant. C’est aussi l’un des endroits les plus risqués pour la propagation du virus, comme je l’ai expliqué. Un restaurant est un lieu commercial, où des restrictions sanitaires importantes ne peuvent s’appliquer, parce qu’on y va pour s’amuser. La décision de les fermer s’impose donc. C’est un « no-brainer », comme on dit en anglais. D’autant que le gouvernement soutient financièrement les acteurs économiques soumis à restrictions, et que l’impact en est limité grâce aux taux négatifs.

      Maintenant, ceux qui veulent faire les malins pourront toujours le faire. On peut toujours demander : pourquoi x et pas y. Où voulez-vous en venir ? Quelle serait votre préconisation pour lutter contre l’épidémie ?

      La fermeture des bars et restaurants est une mesure qui a été adoptée par la plupart des pays.

      • @Robert : si on va dans ce sens, les cantines scolaires ne sont pas indispensables, les parents pourraient donner des paniers repas à leurs enfants. Quand aux restaurants, ils sont indispensables au million de personnes qu’ils font vivre, à savoir leurs propriétaires, employés, et fournisseurs. Et je ne parle pas des clients qui les fréquentent et qui travaillent souvent dans des PME, notamment dans le bâtiment.

        Merci de rappeler que les enfants sont très peu vulnérables au virus, raison pour laquelle on leur impose contre toute raison le masque dès 6 ans. Une autre absurdité.

        Enfin, je vous soutiens dans votre recherche de comparaisons internationales. Ci-dessous un lien vers une page de l’IFRAP qui fait justement le suivi des mesures européennes. Vous y découvrirez que les réponses varient, certains laissant les restaurants ouverts pendant la journée, d’autres prenant des réponses différentes selon les régions.
        https://www.ifrap.org/europe-et-international/le-comparatif-des-restrictions-sanitaires-en-europe

        Le principal problème des mesures prises en France est leur caractère général qui ne tient pas compte de la circulation différenciée du virus par région. Je propose que l’état écoute et fasse confiance aux acteurs de terrain et que les fermetures soient décidées sur la base de la circulation réelle du virus et non pas en fonction de ce que croient des décideurs parisiens coupés des réalités du terrain.

        Par ailleurs, je ne comprends pas pourquoi les restaurants ne sont pas jugés autant indispensables que certaines entreprises dont l’activité n’est pas stratégique. Par exemple, les entreprises qui fabriquent des jouets, on pourrait les mettre à l’arrêt. Pourquoi les laisser ouvertes ? Je ne préconise pas ce choix, j’essaie simplement de montrer l’incohérence des décisions.

        Alors certes on a monétisé la crise et donc beaucoup de ces personnes (mais pas tous) reçoivent un dédommagement de l’état. Mais ne nous leurrons, cette création monétaire aura un coût, on voit déjà à quel point le prix des actifs flambe. Sans compter que l’activité ne redémarrera pas à l’identique d’avant la crise. Les mesures me semblent pour ma part disproportionnées, tant sur le plan économique que démocratique.

      • @ Lionel

        Les masques ne servent pas à protéger ceux qui les portent, bien que cet effet existe. Ils servent surtout à protéger les autres.

        On le sait presque depuis le début de l’épidémie. Votre réflexion montre bien l’égoïsme des Français, par opposition à la discipline civique des Asiatiques, des Nordiques, etc. Elle est précisément la raison pour laquelle la France, et d’autres pays occidentaux, doivent adopter des mesures contraignantes plus générales.

        Vous n’avez pas besoin de m’expliquer que différents pays prennent différentes mesures : c’est moi qui vous l’ai expliqué.

        En gros, il y a eu deux philosophies : prendre, très rapidement, des mesures très agressives envers les porteurs du virus et les porteurs suspectés, et laisser les autres tranquilles.

        Et ne pas prendre ces mesures, au nom de la liberté individuelle ou simplement en raison de la paresse et de l’incurie, et se retrouver à prendre, plus tard, des mesures qui touchent davantage de monde et qui portent tout autant atteinte à la liberté individuelle.

        Il y a des dogmatiques chez les libéraux comme chez les socialistes. Le problème est que le virus se moque des dogmes comme de la liberté individuelle : il se contente de tuer.

      • @Robert : parler d’égoïsme , ou de paresse, c’est faire de la morale. Vous avez bien entendu le droit d’adopter un point de vue moral sur ce qui se passe mais je ne suis pas certain que cela nous aide à comprendre les enjeux du moment.

        Par ailleurs je ne pense pas qu’il soit juste de généraliser mon propos et d’y voir l’expression d’un égoïsme bien français. Il me semble que ma position est minoritaire, il faudrait donc plutôt parler de mon égoïsme personnel.

        Il se trouve que j’ai la chance d’être somme toute assez peu impacté par les mesures gouvernementales, pour différentes raisons. Je pourrais faire le dos rond et attendre que le vent passe, et d’une certaine manière c’est bien ce que je fais.

        Mais si je m’exprime c’est parce que nous subissons de graves remises en cause de ce qui fonde notre société démocratique :
        – restrictions inédite des libertés (circulation, réunion, cultes, etc)
        – sabordage économique
        – primat du sanitaire sur tous les autres aspects de la vie, pour une maladie certes fort contagieuse et mortelle , mais dont le taux de mortalité est inférieur à 1%

        Les causes de ce problème ?
        – des dysfonctionnements graves et déjà anciens du complexe médico industriel
        – l’étatisme forcené de notre structure de décision
        – l’hyper centralisme et la bureaucratie
        – le basculement des libertés individuelles comme une valeur positive à défendre vers une vision négative qui serait à l’origine de tous les problèmes , écologiques notamment

        Tout cela mériterait de longs développements. Je pense que le moins évident c’est la critique de la médecine parce qu’elle est unanimement perçue comme un progrès sans ombre que l’on ne peut pas critiquer parce qu’elle serait scientifique . Je me réjouis des progrès de la médecine et j’exprime toute ma reconnaissance aux médecins, infirmières et autres acteurs de la santé. Mais la vision scientiste du progrès en marche est trompeuse, les progrès de la médecine s’accompagnent d’une part d’ombre toute aussi destructrice.

      • @ Lionel

        Evidemment que je fais de la morale. C’est un gros mot, pour vous ? Vous revendiquez l’immoralité ? La politique est basée sur la morale, puisqu’elle cherche à définir l’intérêt général.

        Vous me semblez faire partie de ce que j’appelle le « libéralisme ta gueule », ou le « libéralisme je t’emmerde ». C’est très en vogue en France, en raison du côté égoïste, indiscipliné et rebelle des Français, que vous refusez de voir, comme par hasard.

        Si le seul objectif du libéralisme est de dire : casse-moi pas les couilles, je fais ce que je veux et je t’emmerde, il n’y a pas besoin de doctrine politique ou philosophique pour cela. Une mentalité de voyou suffit largement, et puis vous pouvez aussi devenir fasciste, si vous voulez, le résultat sera à peu près le même. Le libéralisme est un maquillage commode pour légitimer une telle mentalité.

        La France n’est nullement la seule à imposer ce que vous présentez comme de graves atteintes à la démocratie. Des pays infiniment plus libéraux que nous le font également : l’Allemagne, la Suisse, l’Angleterre, les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande… C’est parce qu’ils veulent éradiquer la démocratie, eux aussi ?

        Evidemment que la vie et la santé passent avant la liberté de circulation et celle d’aller à la messe. C’est une question de priorités. Quand des menaces exceptionnelles pèsent sur la vie et la santé, alors des mesures exceptionnelles s’imposent.

        Dire que le Covid-19 a « seulement » une mortalité de 1 %, c’est absurde et immoral. Absurde, parce qu’un seul mort est de trop. Ce n’est pas une question de pourcentage. Absurde, parce que ce raisonnement, fort répandu chez ceux qu’il faut bien appeler les négationnistes du Covid, sous-entend que tant que personne n’est mort, il n’y a pas de problème.

        En somme, la maladie elle-même ne serait pas néfaste. Il ne faudrait pas la combattre. Les souffrances des malades compteraient pour du beurre.

        Le caractère invalidant du Covid-19 compterait pour du beurre : il s’agit, dans un certain nombre de cas, d’une maladie chronique, causant des dégâts multiples et graves sur les plans neurologique, cardiaque, pulmonaire, etc. Les victimes de cette forme prolongée du Covid sont gravement affaiblies des mois durant, même après leur « guérison » ; elles ont le plus grand mal à se déplacer, et ainsi de suite. On ignore les causes de cet état. On ignore s’il est guérissable. Il est possible que les victimes gardent des séquelles à vie.

        Votre raisonnement, qui est fort répandu, est immoral. Il est tenu par des gens qui estiment ne pas faire partie des catégories à risque. Comme ils sont jeunes, comme ils ne sont ni obèses, ni diabétiques, ni ne souffrent d’une maladie qui constitue un facteur aggravant, ils nous expliquent, en somme, que les vieux, les gros et les malades n’ont qu’à crever, c’est bien fait pour leur gueule.

        J’ai même vu des gens expliquer que Giscard n’était pas mort du Covid, puisqu’il était vieux.

        Je vous « rassure », il y a aussi des jeunes qui meurent du Covid. Un garçon de 19 ans en est mort en deux jours, en Angleterre. Une mère de famille de 35 ans, en une semaine.

        Simultanément, vous vous indignez qu’il y ait des restrictions sur les messes. Drôle de christianisme que le vôtre… la charité, vous connaissez, comme concept ? Vous êtes catholique, et vous récusez la morale ?

        Dans la religion juive, qui est bourrée de rituels et d’interdits, les fidèles sont dispensés de respecter ces derniers, dès lors qu’il s’agit de sauver des vies. Le judaïsme ne fait ainsi que formaliser ce qui va de soi pour tout honnête homme.

        On a imposé l’obligation vaccinale pour des maladies nettement moins mortelles que celle-là. Ça aussi, vous allez nous dire que c’est une atteinte aux libertés individuelles ?

        Les feux rouges, c’est une atteinte aux libertés individuelles, aussi ? Après tout, pourquoi ne pas attendre que le libre marché fasse la circulation aux carrefours ? Les abrutis se feraient écrabouiller dans leur voiture, et puis ça améliorerait la sélection naturelle.

        Je ne sais pas ce que vous appelez la part d’ombre destructrice de la médecine. Je ne sais pas ce qu’est le « complexe médico-industriel ». Vous lâchez des insinuations complotistes, sans les étayer sur des faits.

        Vous adoptez cette posture extrêmement vicieuse qui consiste à prétendre qu’il serait interdit de critiquer la médecine, « parce qu’elle serait scientifique ».

        C’est précisément parce que la médecine est une science qu’il est non seulement permis de la critiquer, mais qu’elle passe son temps à se critiquer elle-même. L’auto-critique fait partie intégrante de la méthode scientifique.

        En revanche, ce que vous devriez vous interdire, en effet, c’est de critiquer la médecine sans apporter des faits et des arguments probants à l’appui de vos assertions.

        En somme, vous devriez respecter les règles de la science. A moins de consentir à vous ranger du côté de la superstition, de la magie et de l’obscurantisme.

        Ce ne sont pas la superstition, la magie et l’obscurantisme qui vous soigneront, le jour où, comme tout le monde, vous tomberez malade.

      • @Robert : je pense que vous ne me croirez pas quand je vous dirai que je comprends votre point de vue parce que c’était encore le mien en 2009. Donc votre incompréhension outrée ne me choque pas, sachez le. Mon but quand j’interviens sur les réseaux dits sociaux c’est de convaincre d’une manière que j’espère respectueuse des autres et rationnelle, les deux ne sont pas faciles. Ma ligne de conduite c’est d’agir en ligne comme j’agirais en face à face.

        Si je vous ai choqué je m’en excuse sincèrement, mon objectif étant comme je l’écrivais de convaincre les autres plutôt que de les heurter. Et puis ces discussions c’est aussi l’occasion de rencontrer d’autres personnes et pourquoi pas de nouer des liens, certes distants, mais néanmoins positifs. Oui c’est vrai, ça fait plaisir de se retrouver sur un forum entouré de gens qu’on aime bien. Ceci étant dit, il se peut que je réponde moins à vos messages dans le futur en raison du peu de plaisir que j’en retire, et aussi parce que je n’ai pas envie de vous agacer inutilement.

    • J’ai reçu la même réponse. Sauf que les excuses ont été faites aux personnes LGBT, mais pas aux chrétiens choqués par les propos infâmes de ce chanteur, qui n’en est pas à son coup d’essai.
      Donc la plainte auprès du CSA tient toujours.

  8. J’ai un ami qui a un petit restaurant et je pense que si quelqu’un avait éternué en déjeunant étant porteur du virus nous avions de grande chance de l’attraper ,en ce moment il fait des plats à emporter et ceux qui venaient pour déjeuner lui prennent en plus il a même gagner des clients car des gens en revenant de travailler lui prennent des plats.Par contre notres fameuse attestation et le 1 km a fait beaucoup rire à l étranger nous avons une amie en Finlande cela la bien fait rire.Autre chose nous sommes une région peu toucher et par contre que l’on circule de région en région est d’après moi inquiétant.Vous prenez l Italie la circulation ne se fera qu’entre régions vertes ce qui me semble plus raisonnable.Pour moi notre grand malheur est un régime présidentiel hérité de le cinquième république et ce centralisme qui fait que l’on applique la même chose sur tout le territoire

    • @Cleo : oui vous avez entièrement raison concernant l’attestation, lorsqu’on l’a expliquée à la famille en Allemagne il a fallu s’y reprendre à plusieurs fois tant ça leur semblait insensé. Parce que cette attestation c’est une spécificité bien de chez nous, sans parler de la limitation de 1km autour du domicile, cette autre aberration bureaucratique. C’est encore un des mensonges de la propagande : faire croire que les mêmes mesures s’appliquent partout alors qu’en fait les réponses en Europe sont variées et bien souvent plus mesurées et moins technocratiques que chez nous.

      La vérité c’est que personne n’a voulu miser sur l’esprit de responsabilité des français parce que nos élites, et parfois nos compatriotes, sont persuadés que nous souffrons d’une sorte d’atavisme gaulois qui nous rendrait indiscipliné et rebelles. C’est faux, archi faux. C’est en Allemagne et non en France qu’ont eu lieu les manifestations anti-COVID et pour ma part je n’ai pas observé d’infractions à la règle autour de moi pendant le 1er confinement. L’attestation de sortie en dit plus long sur le mépris dans lequel nous tiennent ceux qui nous gouvernent que sur ce prétendu esprit frondeur des français.

      Je me réjouis de la capacité d’adaptation de votre restaurateur, ça fait plaisir de savoir qu’il existe de telles ressources chez ceux qui sont touchés par les fermetures. Cependant vous indiquez vivre dans une région à faible circulation du virus, du coup pensez-vous que vous auriez été exposée à une infection chez votre restaurateur s’il était resté ouvert ? D’autant plus qu’il aurait certainement adopté des mesures de distanciations physiques.

      • Sincèrement je ne sais pas ce qui est sûr par contre ayant une petite salle avec les distanciations physique le nombre de tables auraient été insuffisantes pour que cela soit rentable

  9. Bonjour, et merci pour ce billet.

    Je pense, sérieusement, sans rire, que le confinement est une opération en faveur de la compagnie nationale des chemins de fer.

    Il s’agit de faire partager à tous un peu ce que les bureaucrates du marketing appellent « l’expérience voyageur » .

    https://www.youtube.com/watch?v=wmPXrk00R4k

    D’abord des informations contradictoires et inintelligibles.Des sites Internet mal conçus. Un train de mesures absurdes qui peut en cacher un autre allant en sens inverse. Des gestes barrières automatiques à tous les passages à niveaux. Des contrôles de billets selon un profil établi avec prudence et donc inversement à la probabilité d’une infraction, ne visant jamais les délinquants. Et avec tout ça, au bout d’une heure, on n’a même pas fait un kilomètre.

    Bonne journée 😉

  10. Faire payer les assureurs pour des engagements qu’ils n’ont pas pris pourrait se retourner contre le gouvernement et les restaurateurs.
    D’une part, un portefeuille d’assurance qui devient structurellement déficitaire pourrait être tout simplement liquidé. Les restaurateurs ne pourraient alors plus s’assurer, ou alors le nombre d’acteurs serait tellement restreint que les prix flamberaient.
    D’autre part, les assureurs sont de gros acheteur de dette d’état. Réduire leur rentabilité, c’est réduire leur capacité d’achat.

Laisser un commentaire