Hidalgo : sous les pavés, les taxes!

Je crois que je l’ai déjà écrit ici à plusieurs reprises : la politique très en vogue actuellement du « quoi qu’il en coûte » financé par de la dette publique à gogo accompagnée de la promesse jurée crachée qu’il n’y aura pas de hausse d’impôt se traduira inéluctablement un jour par l’augmentation de la pression fiscale.

Et quand je dis « un jour », je ne parle nullement des élusives calendes grecques mais du Conseil de Paris d’après-demain (17 novembre 2020) qui doit se prononcer sur la « création de recettes budgétaires » quatre mois après la réélection d’Anne Hidalgo sur la promesse de geler les impôts lors de son nouveau mandat.

Il y aurait bien aussi la solution de la planche à billets, mais comme Mme Hidalgo n’a pas encore décidé de « parexiter », de battre sa propre monnaie et de la dévaluer au gré de ses envies de grande prêtresse mondiale de l’ère urbaine post COP21, il ne lui reste plus que l’impôt. La solution qui consisterait à faire le tri dans un amoncellement de dépenses allant du dogmatique à l’inutile en passant par une foultitude de petits arrangements et de gros plantages inlassablement dénoncés par la Chambre régionale des Comptes – cette solution-là n’entre évidemment pas en ligne de compte.

Si l’on veut changer le monde, pas question de mégoter, il faut voir d’emblée les choses en grand : à peine réélue – pas très brillamment d’ailleurs, compte tenu d’une concurrence sans relief et d’une abstention record de 63,3 % – la maire de Paris s’entourait de 37 adjoints et de trois conseillers délégués, soit dix de plus qu’à la fin de son précédent mandat. Et bim pour la masse salariale municipale.

Quelques jours plus tard, elle faisait voter sa grande mesure de campagne, à savoir la gratuité des transports en commun pour les moins de 18 ans. Car bien sûr, à Paris, changer le monde consiste surtout à bouter les véhicules thermiques hors de la capitale :

« La question de la gratuité des transports est une des clefs de la mobilité urbaine dans laquelle la place de la voiture polluante n’est plus centrale. » (Anne Hidalgo, Les Échos, 2018)

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La piétonisation des voies sur berge conçue spécialement dans ce but n’avait pas été un franc succès à tel point qu’elle avait été annulée par le tribunal administratif au motif que l’étude d’impact préalable aurait été un peu rapide, voire inexacte, voire légèrement mensongère par omission. Mais rassurez-vous, l’écologisme municipal a plus d’un tour dans son sac.

Il n’est donc pas très étonnant de voir l’adjoint parisien à l’écologie David Belliard (EELV) s’extasier sur les immenses possibilités des vélos à assistance électrique pour convoyer… des tonnes et des tonnes de pavés des berges du Rhin jusqu’au lieu des travaux du nouveau pôle scientifique de l’Université de Strasbourg :

Travailler dans un entrepôt Amazon, c’est évidemment l’horreur économique absolue, mais faire le cycliste pour traîner des pavés, quel magnifique exemple de libération par le travail qui fait du bien à la planète ! Rien n’arrêtera la marche triomphante du progressisme et de l’écologisme. Si Strasbourg le fait, pourquoi pas la capitale ? Parisiens, vous n’avez encore rien vu !

Il n’empêche que tout ce bonheur vert prodigué sans compter par Anne Hidalgo à ses administrés semble avoir un coût que tout le monde avait oublié mais qui refait soudainement surface maintenant que les élections sont passées et qu’il va falloir voter un budget 2021 pas trop bancal. Autant les finances parisiennes étaient présentées comme « parfaitement saines » pendant la campagne électorale et autant l’adjoint aux finances de l’époque estimait qu’il ne fallait pas trop titiller le consentement à l’impôt des Parisiens, autant Anne Hidalgo admet maintenant que « les marges de manœuvre budgétaires sont extrêmement réduites ». 

Par chance, la pandémie de Covid-19 tombe à merveille pour faire passer cette réalité structurelle pour une petite gêne temporaire dont deux ou trois mesures fiscales à peine sensibles viendront facilement à bout. Car qui dit Covid-19 dit aussi confinement, ce qui signifie d’un côté baisse des recettes (sur les transactions immobilières, notamment) et de l’autre mesures de soutien économiques et sanitaires tous azimuts avec création compulsive de pistes cyclables rebaptisées « coronapistes ».

C’est ainsi que la maire souhaiterait relever dès 2021 le niveau des frais de notaire, la taxe d’habitation sur les résidences secondaires, ainsi que la taxe de séjour sur les locations Airbnb. Pour l’attractivité de la ville, on repassera. Mais admirez la subtilité : ne touchant pas à la taxe foncière des Parisiens et se limitant à des taxes qui ne concerneraient que les touristes, les acquéreurs de logement et les propriétaires de résidences secondaires dans la capitale, Mme Hidalgo pourrait presque faire croire qu’elle tient sa promesse de ne pas augmenter les impôts.

Une subtilité qui ne peut cependant masquer le fait que la Ville de Paris n’a pas attendu le Coronavirus pour être épinglée à de multiples reprises par la Chambre régionale des Comptes d’Ile-de-France pour des dépenses inconsidérées et une propension répétée à la mauvaise gestion. Exemple récent et emblématique, l’augmentation des tarifs d’entrée à la Tour Eiffel (de 47 % entre 2015 et 2019) devait servir à financer la construction d’un centre d’accueil digne de ce nom. Pour ce dernier, les touristes attendent toujours et boudent la Tour. En revanche, pointe la Chambre, cette hausse a servi à financer la croissance des effectifs de la Société d’exploitation de la Tour Eiffel et la hausse des salaires « déjà d’un niveau élevé »… No comment.

Sans surprise, le mix entre une gestion anarchique de la ville et une vision dirigiste et idéologique de l’avenir à base d’écologisme radical ne pouvait que déboucher sur une dette colossale que la pandémie de Covid ne fait qu’accentuer. Prévue pour atteindre 6,1 milliards d’euros à la fin de l’année, elle grimperait à 7,1 milliards au 31 décembre 2021 en dépit de l’augmentation envisagée de la pression fiscale. Et encore, n’est-ce que la partie visible de l’iceberg. Par une habile martingale dénoncée dès 2016 par la Chambre régionale des Comptes, la municipalité encaisse par avance certains loyers perçus par les bailleurs sociaux. Et hop, un milliard de dette « cachée » en plus !

C’est pourquoi Anne Hidalgo se tourne maintenant vers le gouvernement dans l’espoir de le voir accroître ses dotations dans sa direction :

« Les collectivités locales comme Paris sont abandonnées par l’État, qui ne cesse de se désengager. Nous avons besoin de son soutien. Le plan de relance ne relancera rien du tout si l’État n’aide pas les collectivités à investir. » (Paul Simondon, adjoint parisien aux finances)

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Autrement dit, la cigale Paris demande à la cigale État français de l’aider. C’est cocasse.

Mais la morale de la fable parisienne, c’est que de toute façon, le contribuable paiera, et peu importe que ce soit à l’échelon national ou à l’échelon parisien. Le consentement à l’impôt n’intéresse nos édiles que lorsqu’ils font la promesse de ne pas accroître la pression fiscale. Le reste du temps, ils s’en fichent et suivent leur petit agenda constructiviste pseudo-moderne.

Il est tellement plus intéressant de se lancer dans l’élaboration d’un « budget sensible au genre » que de faire montre de responsabilité et de sobriété dans l’utilisation des fonds publics ! Lyon a peut-être lancé la mode des « budgets genrés », mais il ne sera pas dit que Paris va se laisser distancer. Ça promet !


Pour compléter cet article sur Anne Hidalgo et la ville de Paris, je suggère la lecture de :
· Hidalgo: le temps se gâte, porteur de parapluie demandé d’urgence ! (22 nov. 2017)
· Paris 2020 : Hidalgo dégaine le mot magique ! #Gratuit (22 mars 2018)
· Parisiens, c’est officiel, HIDALGO vous donne 5 ANS d’âge mental ! (25 février 2020)


Illustration de couverture : Anne Hidalgo, maire de Paris. Photo AFP.

13 réflexions sur “Hidalgo : sous les pavés, les taxes!

    • Excellent ! Il ne faut toutefois pas avoir la dent trop dure avec eux parce que ce n’est pas tout d’inventer un problème, encore faut-il le rendre crédible, c’est tout un art. En entreprise ça s’appelle un business plan, et ça sert aussi à obtenir des financements. La seule différence c’est que les entreprises créent de la valeur tandis que les associations comme Oxfam créent surtout des postes pour recaser les copains.

  1. On devrait sans doute s’apercevoir rapidement que la gratuité des transports pour les moins de 18 ans ne changera pas grand chose au budget de la ville.
    En effet, la majorité d’entre eux, soit saute par dessus les portillons, soit se colle derrière quelqu’un qui possède un titre de transport, mais de toutes les façons, passe sans payer !

    • Bonjour Mildred,
      c’est en effet un truc qui m’étonne.

      Je prends les transports tous les jours et je vois toujours un nombre important de « jeunes » qui fraudent. Pourtant, certains m’ont l’air d’être sous la barre des 18 ans fatidiques.

      Ils sont au courant des décisions de la folle de paris ?

      Faudrait une bonne campagne de pub, genre :
      « inutile de te coller à celui qui a un titre de transport payant. La mairie de paris t’en file un gratos »

  2. « A vélo-cargo pour les derniers mètres. »

    Vélos-cargos qui ont 99% de chances d’être pilotés par des immigrés. Mais à part ça, la gauche n’essaie pas du tout de rétablir le trafic d’esclaves sous une forme moderne… Importer des immigrés qui voteront pour vous, tout en les transformant en coolies du XXIe siècle, voilà en quoi consiste la générosité de gauche.

    « Les ex à Flamby sont gratinées. »

    Ah, parce que…?

    Sinon, je vous recommande la mise en coupe réglée du XVIe arrondissement par des adolescents marocains immigrés illégaux (cambriolages de magasins, vols avec violences, coups de couteau…) :

    « Avant, il m’arrivait de me faire cambrioler une fois tous les 15 ou 16 mois, explique Serge Boyer, patron de l’emblématique restaurant Le Galliera. »

    Seulement, faut-il comprendre.

    « Il a été cambriolé sept fois depuis le mois de février. Ce sont toujours les mêmes qui reviennent et qui cambriolent, explique-t-il, photos à l’appui. »

    « En mars dernier, deux touristes japonais avaient été agressés à l’arme blanche par des mineurs au Trocadéro, dont l’un grièvement, conduit entre la vie et la mort à l’hôpital. »

    « Comme ce sont des mineurs, nous sommes obligés de les relâcher ou de les placer dans des foyers de l’aide sociale à l’enfance dont il s’enfuient aussitôt, ces foyers n’étant pas des lieux fermés. J’ai même déjà eu affaire à des collègues qui avaient déposé l’un d’eux en foyer, et qui l’ont vu ressortir aussitôt et arracher le sac à main d’une passante, explique un policier du quartier. »

    « Un groupe de ‘mineurs étrangers isolés’ s’est installé dans les Jardins du Trocadéro. Le groupe compte de 10 à 30 individus qui ne sont pas toujours les mêmes (environ 300 jeunes auraient été recensés depuis un an), et sont en lien avec des groupes identiques sévissant dans le quartier de la Goutte d’Or. Repérés au départ dans le Nord-Est de Paris, les ‘mineurs étrangers isolés’ (ou ‘non accompagnés’) sont désormais présents dans plusieurs quartiers de la capitale, dans la petite couronne (la Défense) et dans plusieurs régions françaises. »

    A qui la faute ?

    « Comme ils s’affirment mineurs et que la Ville de Paris refuse que soit mis en œuvre dans la capitale le dispositif légal d’évaluation de l’âge des migrants, ils sont remis en liberté. »

    Et quelles sont les mesures envisagées ?

    « Un nettoyage des jardins ou encore un meilleur encadrement par les services sociaux. »

    Tout à fait. Dès qu’ils verront qu’on a nettoyé les saletés qu’ils font autour d’eux, alors ils s’arrêteront de voler, ça tombe sous le sens. Et puis on va améliorer « l’encadrement social » qu’ils refusent déjà, et qu’on n’a de toutes façons pas le droit de leur imposer. Mais ça va fournir de faux emplois à une ribambelle de fonctionnaires et associatifs.

    Autre chose ?

    « Une série de propositions visant à décourager ces jeunes de demeurer dans les jardins du Trocadéro. »

    C’est sûr que dès que le Trocadéro leur sera interdit, ils cesseront de commettre des délits.

    Cela étant, même ça, c’est pas gagné :

    « Le problème est de taille : les jardins du Trocadéro sont situés à l’intersection de plusieurs monuments et bâtiments officiels, si bien qu’il est administrativement très complexe de pouvoir empêcher l’installation de ces mineurs sur le toit de l’Aquarium. »

    La délicieuse usine à gaz française qui paralyse toute action, même la plus anodine.

    « Le 6 juillet dernier, une première réunion a rassemblé l’adjoint au maire à la sécurité du 16e, un représentant du commissariat central de l’arrondissement, un responsable de la Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection (DPSP) et des éducateurs de l’aide sociale à l’enfance. »

    Ohohohoh… une première réunion a eu lieu… les petits sauvages marocains doivent faire dans leur froc. Au bout de la douzième réunion, ils seront proprement terrorisés.

    « Au regard de la complexité du site qui relève des domanialités distinctes de la Ville de Paris et de l’Etat et qui est sujet à un double classement au titre des sites et de monuments historiques, une telle opération ne peut être coordonnée par la mairie de l’arrondissement. »

    Les domanialités distinctes. C’est charmant. On pourrait éventuellement envoyer la flicaille donner quelques coups de bâton, et les oublier, enchaînés au radiateur, dans quelque commissariat — comme le fait la police marocaine dans leur pays d’origine. Mais nous, on a des domanialités distinctes, c’set plus efficace.

    « En attendant, dans le XVIe, la gestion des mineurs isolés du Trocadéro occuperait environ la moitié du temps d’activité de la police de l’arrondissement en semaine, et jusqu’au trois quarts le weekend. »

    En conséquence de quoi, la fonction publique « manque de moyens ».

    https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/societe/enquete-ces-mineurs-isoles-qui-sement-la-terreur-dans-le-16e-arrondissement-de-paris-125641

    • Personnellement, je m’engage à acheter tous mes cadeaux de Noël sur Amazon, rien que pour donner une leçon aux commerçants français acariâtres, arrogants, paresseux et inefficaces.

      Et aussi mes cadeaux de janvier, février, mars…

      A ce sujet, j’ai une question. J’ai écrit ici, sur la base d’informations anciennes, que C-Discount, en France, était plus gros qu’Amazon.fr. Dans un article de presse récent, je lis le contraire. J’ai cherché des chiffres sur les parts de marché en ligne, et ce que je trouve confirmerait la prééminence d’Amazon.

      Cependant, ces évaluations sont faites sur la base des visiteurs uniques de chaque site, ce qui me paraît un critère aberrant. Le critère probant serait le chiffre d’affaires. Quelqu’un sait-il où on peut trouver ces chiffres ?

      • J’ai l’impression que la nouvelle vous a ému.

        Moi aussi je m’engage à continuer à acheter de façon compulsive chez Amazon et CDiscount en fonction des offres. Je ne changerai rien à mes habitudes !

        Je récompense de ma visite les commerçants français qui ne sont pas « acariâtres, arrogants, paresseux et inefficaces » en espérant que ceux-là déjà rares, ne soient pas tous morts à la fin de la période….

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