Heureux comme un CÉGÉTISTE dans un pot de Covid !

Comme vous le savez et comme vous avez eu mille fois l’occasion de le constater lors des grandes grèves SNCF à répétition qui font le charme de la « justice sociale » à la française ou lors de petits débrayages locaux plus discrets mais tout aussi « sociaux et solidaires », la CGT se fait un point d’honneur de protéger au mieux les travailleurs de la terrible course au profit à laquelle se livrent inlassablement les patrons à leurs dépens.

Avec le Covid-19, même combat : qu’on parle de confinement ou de déconfinement, pas question de laisser les salariés poursuivre ou reprendre leur travail sans que leur protection sanitaire face au Coronavirus soit superlativement assurée !

À ce stade, évidemment, difficile d’éluder le fait que la France ne s’est pas montrée follement préparée en matière de masques, de tests de dépistages et de gel hydro-alcoolique, équipements indispensables pour rester actif dans le contexte de l’épidémie et dont même le personnel médical a manqué.

C’est ainsi que la CGT, fidèle à ses principes humanistes, a immédiatement lancé plusieurs préavis de grève reconductibles dans la fonction publique territoriale, d’abord pour le mois d’avril 2020 puis pour le mois de mai 2020. Aucune « arrière-pensée politicienne » dans ces actions, bien sûr que non, ce n’est pas le genre de la CGT, mais la « ferme volonté de défendre la vie des territoriaux »

« Que (le) gouvernement fournisse des masques FFP2, du gel, des blouses, des tests de dépistage et cela massivement pour tous les agents et salariés, dont les fonctions rendent la présence nécessaire sur le terrain, réquisitionnent des usines s’il le faut … et il n’y aura aucune raison de faire grève ! » (Communiqué de la CGT Services publics, 26 mars 2020)

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Que l’État, aussi bien en tant qu’employeur qu’en tant que responsable du monopole de la sécurité sociale et de la santé publique, ait été très loin de se montrer à la hauteur des risques encourus par les Français dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, je crois que peu nombreux sont les citoyens et les commentateurs qui le contesteraient aujourd’hui.

On l’a surtout vu sauter avec une ardeur navrante d’injonctions contradictoires en pataquès administratif absolu, comme le démontre abondamment le sketch des masques qui se joue chez nous depuis le début du confinement : d’inutiles dans l’espace public quand on en manquait, ils seront obligatoires dans les transports pour le déconfinement ; d’interdits à la vente en pharmacie, ou du moins le croyait-on parce que c’est ce que nous disaient les porte-parole du gouvernement, il s’avère maintenant que les pharmaciens étaient autorisés à en commander et en vendre depuis fin mars ! Vous avez dit incurie de l’État ?

Il n’empêche que cette déclaration de la CGT, selon laquelle « il n’y aura aucune raison de faire grève » si les conditions de la sécurité sanitaire des salariés sont réunies, est des plus suspectes et ne tient guère la route devant les habitudes bien ancrées de blocage maximal de l’activité économique dont le syndicat a le secret.

On remarquera d’abord que la demande d’équipements de protection des fonctionnaires territoriaux s’accompagne d’une série d’autres revendications qui ont beaucoup plus à voir avec le train-train collectiviste habituel de la CGT qu’avec les circonstances particulières de l’épidémie de Covid. Dégel du point d’indice de la fonction publique, hausse du SMIC à 1 800 € mensuels, réduction du temps de travail à 32 heures hebdomadaires, maintien du système actuel de retraite par répartition (et ses petits régimes spéciaux, cela va sans dire), etc. – tout est toujours prétexte à relancer la machine anti-capitaliste.

La patronne de la CGT Services publics a beau dire que les préavis de grève n’ont d’autre objectif que de donner aux fonctionnaires le moyen de se protéger de la maladie en restant chez eux si leur droit de retrait venait à être contesté, on ne peut s’empêcher de douter de la parfaite absence « d’arrière-pensée politicienne » revendiquée par le syndicat, puisqu’il est aussi question « de protéger les agents des abus du télétravail… »

Difficile également de ne pas noter une préférence gourmande du syndicat à l’égard de l’immobilisation de l’activité économique la plus totale possible – à partir du moment où le chômage partiel est pris en charge naturellement, et surtout si cela permet de se faire enfin le champion du capitalisme malfaisant qu’est évidement Amazon. 

Dans ce cas précis, c’est le syndicat SUD-Solidaires qui s’y est collé mi-avril et qui a obtenu gain de cause des tribunaux sur la base d’une interdiction faite à l’entreprise américaine de e-commerce de livrer des produits autres qu’indispensables.

Une notion des plus subjectives, mais dont le patron de la CGT Philippe Martinez donnait sa définition très révélatrice à L’Obs dès le 24 mars :

« Qu’est-ce qui reste indispensable ? Le commerce, bien sûr, mais pas n’importe lequel : pas le commerce du style Amazon qui doit être arrêté. »

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Du reste, dès le 21 mars, alors que Bruno Le Maire venait d’émettre l’idée (non sans un petit tacle à Amazon également) que « les librairies sont un commerce de première nécessité » et qu’on pourrait étudier les conditions de leur réouverture, la CGT et SUD se dépêchaient de mettre les points sur les i :

« Fermons Amazon et les grandes surfaces culturelles plutôt que de rouvrir les librairies ! »

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Si vous hésitez encore à considérer que la CGT et ses comparses syndicaux d’extrême-gauche sont d’abord motivés par la destruction du capitalisme et de la libre entreprise avant de songer aux salariés, voici l’histoire de l’usine Renault de Sandouville (Normandie) qui devrait achever de vous convaincre :

Le 2 avril 2020, la direction de Renault et les syndicats maison CFDT, FO et CFE-CGC, à l’exception de la CGT qui n’a pas voulu participer aux discussions, se sont mis d’accord sur un plan sanitaire de redémarrage progressif de l’usine à partir du 28 avril. Le 4 mai, 65 % des effectifs étaient présents et demain 11 mai, l’ensemble des quelque 1 800 salariés de l’usine devaient avoir repris leur travail, 700 intérimaires devant les rejoindre peu après.

Mais jeudi dernier (7 mai), coup de théâtre aux sonorités de coup de tonnerre : quelques jours auparavant, la CGT a saisi en référé le tribunal du Havre et celui-ci a condamné Renault à « suspendre la reprise de sa production ». Inutile de dire que le syndicat, une fois de plus, assure avoir lancé cette action judiciaire par pure dédication au bien-être des salariés.

Il apparaît cependant que le jugement a été rendu non sur le fond des mesures de sécurité sanitaire décidées dans l’accord du 2 avril mais sur la base d’éléments formels tels que les convocations aux réunions du Comité social et économique (CSE) de l’établissement. En raison du mauvais fonctionnement de la Poste, lesdites convocations ont été envoyées par email. Ce n ‘est pas interdit mais la CGT prétend par exemple que plusieurs membres du CSE ignoraient avoir une adresse mail à leur nom et n’ont donc pas eu connaissance des réunions. Une situation que le juge a qualifiée d’irrégulière.

Pour la direction de l’entreprise et les autres syndicats, impossible de voir dans cette affaire autre chose que les évidentes « arrière-pensées politiciennes » qui animent en permanence la CGT, quoi qu’elle en dise :

(Cette histoire de mail) « c’est de la mauvaise foi, les CGTistes étaient bien présents et informés à toutes les autres réunions de l’usine. »

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Même Laurent Berger de la CFDT considère que la CGT a agi de façon complètement « irresponsable » :

« La réalité c’est que l’usine va rester fermée lundi et que 700 intérimaires vont être renvoyés chez eux. Ce n’est pas un service rendu aux travailleurs. »

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La CGT vient donc de s’illustrer une fois de plus dans un de ces coups de force qu’elle affectionne, condamnant au passage les salariés de l’usine et ses intérimaires à une incertitude insupportable quant à leur retour au travail et à leur salaire.

Mais dans l’esprit tordu de ses dirigeants, l’affaire Renault, très encourageante de leur point de vue, est loin d’être terminée :

« Cette décision constitue un point d’appui important pour les équipes syndicales de milliers d’usines ou d’entreprises où l’activité reprend sans consulter correctement les représentants du personnel et sans prendre toutes les mesures de prévention nécessaires. »

Ce qui, une fois traduit de la langue de bois CGT, devient : Tremblez entreprises, tremblez salariés, on fera tout pour vous empêcher de reprendre le travail sereinement. Du reste, le droit du travail est un maquis si broussailleux qu’on y trouve toujours de quoi faire trébucher l’une ou l’autre entreprise.

On n’en attendait pas moins du syndicat qui admet ouvertement par la bouche du patron de la CGT Cheminots Laurent Brun que la grève et les blocages, au-delà de constituer une pression sur le gouvernement, ont surtout :

« Une fonction ‘économique’ pour faire perdre de l’argent au patron. »

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Autrement dit, quoi que fassent les employeurs, la CGT aura toujours une bonne raison de faire grève. Avec le Covid-19 et tout ce qui tourne autour de la protection sanitaire des travailleurs, la raison devient même excellente et pourrait tromper quelques naïfs. Ça promet.


Pour illustrer la mauvaise foi dans laquelle se roule à plaisir la CGT, je vous propose aussi la lecture (très amusante, vous allez voir) de PROFITS : Quand la CGT donne des leçons de… capitalisme ! (11 février 2020)


Illustration de couverture : Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, Paris, décembre 2018. Photo AFP.

15 réflexions sur “Heureux comme un CÉGÉTISTE dans un pot de Covid !

  1. Merci pour ce billet. Pour votre constance; encore.

    La photo d’illustration est particulièrement choisie; savoureuse. A-t-il même souri un jour ?

    On devrait essayer : »Travailler moins pour gagner plus »

  2. Il faut absolument arrêter de subventionner les syndicats, et particulièrement la CGT. Ils coulent des entreprises, et mettent leurs adhérents au chômage.Je me rappelle que sur les lignes Corse – continent de la défunte SNCM, les cégétistes achetaient des boissons et nourriture au supermarché du coin, et les revendaient pour leur propre compte aux bars des ferry. La direction ne pouvait rien faire d’autre que de faire semblant de l’ignorer, sinon, grève. La SNCM a disparu, et il faut que la SNCF disparaisse aussi, si on veut que les trains arrivent à l’heure (ou arrivent tout court), surtout si notre très cher (il nous coûte très cher) Bruno interdit les vols intérieurs, qui seuls permettent de prendre une correspondance aérienne internationale. Et tant qu’on y est arrêt des subventions aux journaux, aux nombreuses associations politiques: il y a du boulot…

    • J’espère que cette crise saura tempérer cette mouvance khmer vert et, au nom de la relance, maintenir le vol intérieur, justement pour les raisons que vous évoquez. Combien d’aéroports assurent, en 2020, des vols transcontinentaux, en France ?

      A vue de nez, je ne vois que Orly, Roissy et Nice.

      Il est vrai que la SNCF saurait brillamment pallier la fin de ces vol domestiques grandes lignes; en témoignent la qualité de son service public, sa ponctualité, sa modernité structurale et ses grèves anecdotiques.

      Ce pitre à roulettes ne doit pas vraiment avoir ce genre d’angoisse de correspondances aériennes et, surtout, doit retourner à sa place: les oubliettes de la politique, pour ne pas dire autre chose.

      • Malheureusement, les khmers verts sont déjà les pieds dans les starting blocks pour occuper le terrain médiatique dès la fin de l’épidémie. Pour l’instant, les journalistes sont encore à fond sur le covid, ils cherchent comme des chiens de chasse le moindre nouveau cas, et sont prêts à parler de nouveau foyer épidémique à chaque fois que 2 ou 3 personnes seront détectées contaminées. Mais comme il semble que manifestement l’épidémie est presque terminée, on va passer directement de la catastrophe sanitaire à la catastrophe écologique sans temps mort.
        J’ai vécu l’épidémie de 1969/70 qui avait été bien plus meurtrière que le covid, on n’en parlait absolument pas, tout avait continué comme si de rien n’était. Là, c’est un délire mondial, qui va probablement faire bien plus de victimes indirectes que le virus lui-même. Je me demande si la société entière n’est pas en train de devenir folle…

  3. N’en déplaise à la majorité des lecteurs, c’est comme l’opposition dans une démocratie, la CGT même si on ne la soutient pas a son mot à dire… Ses représentants sont démocratiquement élus dans les entreprises et organismes divers de notre société. On reproche le peu d’adhérents, que ne fait- on la même remarque pour les partis politiques. Dans l’affaire de Sandouville c’est au juge et non au plaignant qu’il faut s’adresser.

    • Que la CGT ait son mot à dire, tout à fait d’accord. Mais l’état, c’est à dire vous et moi, ne devrions pas être obligés de la financer à travers nos impôts.
      Et tout à fait d’accord avec vous, les partis politiques ne représentent pas grand monde, et c’est bien ça le problème.

  4. Je pense qu’il n’a sans doute jamais porté un masque FFP2 une journée entière et à fortiori toute une semaine. Qu’il fasse l’essai il se rendra compte de sa Co…rie (Avec un grand C) et du cadeau empoisonné qui serait fait aux salariés… Mais quand la doctrine vous tient…c’est pire que le coronavirus et ça fait plus de morts.

  5. La CGT dockers a bloqué le port de marchandise du Havre (excusez du peu) durant les trois derniers mois de l’année 19, laissant des milliers de containers en rade. Le port a facturé le stockage des containers, puis les congés de nouvel an et le Covid ont perpétué l’immobilisation du trafic du port. Aujourd’hui les dockers bossent au ralenti, à faibles effectifs. Résultat une filière économique ruinée s’agissant de mon secteur d’activité.
    Merci la CGT.

  6. La stratégie de la CGT comme celle d’autres syndicats extrémistes est simple voire simpliste, provoquer un climat social insurrectionnel leur permettant par le biais d’une pseudo révolution prolétarienne de prendre les rênes de l’attelage afin d’imposer leur conception collectiviste de la sté. En cela le maelstrom provoqué par la Covid 19 et lincurie et l’incompétence notoire de nos dirigeants peuvent leur favoriser le « travail »

    • Merci pour ce lien. J’avais entendu parler de ces affiches sur le ton de la désapprobation, sans avoir pu les voir. Les journalistes ont de ces pudeurs actuellement ! Eh bien je dois dire que je les ai trouvées assez amusantes, et ne vais certainement pas me plaindre que la CGT soit capable d’humour en cette époque où nous en avons tant besoin ! Car à part cette plainte contre un ancien président de la République de 92 ans, qui aurait mis la main aux fesses d’une journaliste allemande il y a deux ans, que nous proposent les media aujourd’hui pour nous réjouir un peu ? Rien !

  7. La stratégie de la CGT est extrêmement rationnelle. En effet, le communisme ne se développe que sur la pauvreté (la vraie, pas la relative) parce que partout où le niveau de vie a augmenté, le communisme a disparu. Donc il faut que les Français deviennent pauvres. Quoi de mieux que les priver de leurs ressources ? C’est l’objet de toutes ces grèves en détruisant l’économie.
    Bon, est ce que cela va réussir…c’est une autre question, mais avec les Français matraqués par la propagande AFP (tous CGT dans cette boutique), il faut être prudent.

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