Contrepoints 2009-2019 : 10 ans de libéralisme au quotidien !

Quelques milliers de vues à la fin des années 2000, puis une fréquentation mensuelle qui atteint les 300 000 vues en 2011, le million en 2013 et qui dépasse les 2 millions aujourd’hui – telle est la belle progression du journal libéral en ligne Contrepoints tel qu’il existe dans sa forme actuelle depuis 2009.

Objectif : faire connaître le libéralisme et commenter l’actualité à l’aune de la pensée libérale. Méthode : une initiative d’abord personnelle puis associative uniquement financée par des dons et un peu de publicité. Les caractéristiques idéales pour figurer dans ma rubrique Les Lib’Héros du Quotidien !

D’autant que s’agissant de Contrepoints, « quotidien » n’est pas un vain mot. Jour ouvré, week-end ou période de vacances, chaque nouvelle journée voit la mise en ligne de 8 à 10 nouveaux articles : dans le vocabulaire maison, c’est la « Une » (voir ci-contre celle du 3 juillet 2019) qui a été finalisée la veille par l’équipe de rédaction selon trois principes rédactionnels qui étaient présents dès l’origine et qui se sont affermis au fil du temps.

Premier principe, donner de la visibilité à des textes déjà disponibles sous la plume de nombreux blogueurs libéraux dispersés, à l’instar de ce qu’Arianna Huffington a fait en 2005 avec le Huffington Post quoique dans une veine éditoriale de centre gauche.

Au début, la blogosphère libérale française se montra quelque peu réticente, ce qui incita Contrepoints à réaliser en outre de nombreuses traductions d’articles parus dans des revues ou sur des sites libéraux étrangers tels que la FEE, le Mises Institute etc. Aujourd’hui, les auteurs réguliers de Contrepoints sont environ 300. Avec les auteurs occasionnels, ils forment une communauté de 800 personnes.

Second principe : ouvrir le journal à toutes les nuances du libéralisme et les faire dialoguer entre elles, aussi bien sur des sujets d’actualité – à ce titre, la présidentielle de 2017 a suscité quelques débats animés entre pro-Macron et pro-Fillon – que sur les fondements philosophiques du libéralisme. Tout récemment, Contrepoints a donné la parole à un représentant de la gauche libérale qui s’est essayé à une critique des libertariens. Ces derniers ont répondu quelques jours plus tard et le débat a rebondi ensuite avec la publication d’un commentaire critique des deux premières contributions.

Pour le dire dans les mots d’Arnaud Bichon, qui fut co-rédacteur en chef de 2010 à 2015 :

« Contrepoints s’écrit au pluriel (…) Ni de droite, ni de gauche, [il] entend être la caisse de résonance de toutes les voix libérales. »

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Enfin, faire en sorte que chaque jour, des lecteurs très différents trouvent leur compte et leur plaisir dans l’un des articles formant la « Une ». C’est ainsi que peuvent s’y côtoyer des billets d’humeur, des textes de vulgarisation scientifique, des analyses politiques, de l’actualité internationale, des critiques littéraires et cinématographiques… sans oublier le célèbre édito d’h16 et le dessin de presse de René Le Honzec ! Ci-contre, son dessin en l’honneur de la conférence de presse donnée par Macron à l’issue du grand débat.

Sur le plan des méthodes, il a été clair dès le départ qu’en dépit de sa structure associative, Contrepoints devait se positionner comme une entreprise de presse de niveau professionnel et qu’il devait mettre en œuvre les approches managériales d’une véritable entreprise.

Retenir des auteurs de qualité et compétents dans leur domaine, respecter les standards de la presse en matière de droit de la presse, évincer les « fake news » et ne jamais tomber dans la diffamation, être membre des organisations professionnelles telles que le SPIIL (Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne), optimiser les ressources en capitalisant sur les compétences disponibles au sein de l’association, juridiques et informatiques notamment – tout ceci a permis à Contrepoints d’émerger et de durer.

La performance est d’autant plus remarquable que selon l’expérience d’Alexis Vintray, rédacteur en chef jusqu’à l’an dernier, la mortalité à 1 an des nouvelles entreprises de presse dépasse les 50 %. Inutile de dire que sans aides ni subventions comme c’est le cas de Contrepoints, la chose s’avère extrêmement compliquée.

Du côté financier, justement, le budget annuel semble modeste par rapport aux millions d’euros nécessaires à ses concurrents (Atlantico ou l’Opinion principalement). Avec 200 000 €, provenant à 75 % d’une multitude de dons (des lecteurs, essentiellement) et à 25 % de recettes de publicité, Contrepoints assure son indépendance rédactionnelle et finance sa masse salariale, ses coûts de maintenance technique et de diffusion et ses éventuels frais de consulting (études de marché, tests maquette, etc.).

Historiquement, tout a véritablement commencé en 1996. Fabrice Ribet, 21 ans à l’époque, formé à Sciences Po et spécialisé en économie, crée une page web pour mettre à disposition des textes de grands auteurs libéraux dont beaucoup de Hayek. Il s’était rendu compte que ce terrain était pratiquement vierge en France, si ce n’est sur le site du Front national où Jean-Marie Le Pen citait le libéralisme parmi ses sources d’inspiration.

Scandalisé de ce qu’il jugeait n’être qu’une récupération politique, Fabrice se lance afin de promouvoir le libéralisme pour lui-même : c’est ainsi que naît Catallaxia (mot forgé par Hayek à partir d’une racine grecque signifiant échange), site qui existe encore aujourd’hui et dans lequel j’ai abondamment pioché, pour vous parler de Jacques Rueff par exemple.

Catallaxia grossit tandis que les premiers blogs et les premiers forums en ligne apparaissent. Aussi, vers 1999/2000, Fabrice se rapproche d’autres animateurs de sites internet avec l’idée d’entamer un dialogue. Il en résulte la création du forum de discussion liberaux.org (gratuit) avec l’aide de deux amis (pseudos : LaFéeC et Jabial), puis, en 2002, la formalisation de tout ceci dans l’association Liberaux.org. Le premier bureau est composé des trois partenaires.

Rapidement, Liberaux.org s’enrichit de Librairal (bibliothèque virtuelle) puis de Wikibéral, encyclopédie libérale en ligne qui fonctionne sur le même principe technique que Wikipedia (voir ci-dessus la « galaxie » actuelle de Liberaux.org). Contrepoints est créé au même moment mais se limite à de rares publications espacées qui restent très académiques.

Aussi, dès 2003, se pose la question de lancer un site traitant l’actualité sous l’angle libéral. Un espace particulier du forum est spécialement ouvert pour fédérer les bonnes volontés en ce sens : il s’agit du projet « banquise » qui vise la création d’un média quotidien d’actualité en ligne qui s’appellerait « La Presse libre ». Or entretemps, Alexis Vintray est parvenu à référencer Contrepoints sur Google tandis que l’environnement WordPress apparaît plus adapté aux besoins que ne l’était le système SPIP utilisé jusqu’alors.

C’est donc Contrepoints qui, une fois transféré sur WordPress, va devenir à partir de 2009 le vaisseau-amiral de Liberaux.org. A cette époque, Guillaume Kalfon est Président de l’Association. Il a énormément contribué aux traductions et à la rédaction des premiers articles (archives ici) et c’est sous son impulsion ainsi que celle des deux co-rédacteurs en chef bénévoles Alexis Vintray et Arnaud Bichon, que Contrepoints va viser la professionnalisation constante de ses activités.

En 2014, un premier secrétaire de rédaction salarié est embauché. Il s’agit de Frédéric Mas, un habitué du forum diplômé en droit, en sciences politiques et en philosophie qui a travaillé d’abord dans l’enseignement et la radio. Suit en 2015 le recrutement de Séverine Berthier, diplômée ès lettres, qui, travaillant le week-end, va prendre en charge la confection des « unes » du dimanche et du lundi tandis que Frédéric se consacre au reste de la semaine.

Tous deux bénéficient depuis longtemps de l’assistance efficace de Dominique qui assure la relecture attentive des articles et procède aux corrections syntaxiques et orthographiques nécessaires.

En juillet 2018, le journaliste Ludovic Delory qui a connu Contrepoints à ses tout débuts rejoint le journal en tant que rédacteur en chef salarié. Passé par Radio Nostalgie et RTL, il est détenteur de la carte de presse depuis de nombreuses années, tout comme Frédéric Mas qui l’a obtenue en 2018. Le directeur de la rédaction est Thomas Palermo, Président de l’association Liberaux.org.

Voici donc l’équipe de rédaction actuelle (8 juillet 2019) :

…….Thomas             Ludovic                 Frédéric             Séverine                    h16                     René
……Palermo             Delory                       Mas                   Berthier                                            Le Honzec

[Edit : En date du mardi 12 novembre 2019, F. Mas est devenu rédacteur en chef en remplacement de L. Delory et Justine Colinet (médaillon) est arrivée dans l’équipe au poste de secrétaire de rédaction « semaine ».]

[Edit : En date du 10 février 2021, Arnaud Le Vaillant de Charny succède à Thomas Palermo comme Président de l’association Libéraux.org et devient donc directeur de la rédaction de Contrepoints.]

[Edit : Depuis septembre 2021, Alexandre Massaux est secrétaire de rédaction en remplacement de Séverine Berthier.]

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Les projets en cours ou encore dans les cartons sont nombreux et se développent selon trois axes : rendre Contrepoints toujours plus attractif, coller au plus près de l’actualité en donnant également une large place aux solutions libérales et mettre l’accent sur le thème des libertés civiles chères aux libéraux.

Concernant le premier point, le recrutement d’un « community manager » expérimenté vient d’être conclu. Sa mission consiste à augmenter la diffusion du journal sur les réseaux sociaux et à veiller à l’optimisation des référencements dans les moteurs de recherche. Par ailleurs, un budget a été réservé pour accéder à des banques de photos payantes afin d’améliorer le visuel du site et une évolution de la maquette devrait intervenir courant 2020.

Dans le cadre du suivi de l’actualité, les reportages vidéo maison vont être développés. Ce dernier aspect a déjà connu une première application ce mois-ci avec une série de témoignages sur la vie quotidienne au Venezuela rapportés par une journaliste correspondante de Contrepoints en Amérique du Sud. Frigos vides, écoles à l’abandon, rien n’échappe à la débâcle prévisible du socialisme.

Last but not least, Contrepoints a à cœur de défendre les libertés individuelles, à commencer par la liberté d’expression régulièrement écornée en France. Le mois de juin dernier fut l’occasion d’un dossier étoffé sur le sujet.

Ainsi donc, « Contrepoints s’écrit au pluriel ». Ce S final si révélateur de la diversité de ses contenus est aussi un hommage rendu à Raymond Aron (1905-1983).

Tout comme celui-ci fonda en 1970 la revue Contrepoint (sans s) pour apporter un point de vue détaché du marxisme dominant de l’époque et accueillir dans ses pages les témoignages de nombreux dissidents soviétiques, le Contrepoints en ligne du XXIème siècle s’attache à éclairer l’actualité en « contrepoint » du discours dirigiste porté par la plupart des médias actuels de gauche ou de droite :

Contrepoints « s’inscrit dans une perspective respectueuse de la liberté et de la responsabilité individuelles, d’une société et d’une économie libres et d’un État au pouvoir limité. » (Arnaud Bichon)

Autrement dit, une perspective libérale pratiquée au quotidien par Contrepoints depuis plus de 10 ans (23 ans si l’on remonte aux sources) … et pour quelques années encore si j’en juge par les convictions et l’enthousiasme de tous les acteurs de cette véritable aventure intellectuelle et humaine.


Pour écrire cet article, j’ai parlé avec Ludovic Delory, Guillaume Kalfon, Frédéric Mas, Arnaud Bichon, h16, Séverine Berthier, Fabrice Ribet, Alexis Vintray et Thomas Palermo. Merci à eux !


Illustration de couverture : Titre et sous-titre du journal libéral en ligne Contrepoints.

21 réflexions sur “Contrepoints 2009-2019 : 10 ans de libéralisme au quotidien !

      • Un indice : je suis banni sur Contrepoints.

        Le côté gauchiste m’avait également frappé. C’est à dire : libéral sur le plan de l’économie, mais politiquement correct dans les domaines de l’immigration, de la race, de l’islam, des moeurs…

        Inutile de dire que je n’ai plus d’exemples sous la main, à cette heure. Cela fait longtemps que je ne lis plus Contrepoints. Un site prétendument « libéral » mais qui me bannit, voyez…

        Donc il se peut qu’ils aient évolué, sur ce point. Je ne compte plus le nombre de blogueurs qui m’ont traité de « raciste », et qui sont aujourd’hui aussi « racistes » que moi, vu l’évolution de la situation… H 16, par exemple. (« A conservative is a liberal mugged by reality »). Mais j’attends toujours leurs excuses, naturellement.

      • J’aurai bien du mal à vous répondre, car j’ai été banni de contrepoint il y a déjà quelques années pour avoir rappelé sur un article pro-immigration en Suède que « importer des somaliens en Suède ne les transformerait pas en suédois » et sur un autre article traitant d’islam et libéralisme que « la racine du libéralisme est le christianisme dont il est une émanation naturelle ». Ce qui ne me semble pas extrémiste ou dénué de bon sens. Des auteurs de contrepoints je ne lit plus que vous et h16.

      • L’un des charmes d’être libéral se vérifie une fois de plus : les « droitards » vous traitent de « gauchiste » et les « gauchistes » vous traitent de « facho » ! Aucun n’ont compris ce qu’était le libéralisme. Cela ne les empêche évidemment pas d’en parler avec autant d’autorité que de dédain.
        Voir mon article : « Attention, un « camp du bien » peut en cacher un autre ! »
        https://leblogdenathaliemp.com/2016/10/30/attention-un-camp-du-bien-peut-en-cacher-un-autre/

      • Si c’est tout ce que vous inspire le refut de la contradiction et du débat argumenté sur un site prétendument libéral comme contrepoints, j’en suis attristé. Je continuerai dans tous les cas à surmivre vos publications que je trouve toujours instructives.

  1. Rien à voir mais tant pis je l’écris.

    Lu dans GEO :

    https://www.geo.fr/environnement/en-europe-le-premier-operateur-de-croisieres-pollue-10-fois-plus-que-toutes-les-voitures-196465#utm_source=Welcoming&utm_medium=cpc&utm_campaign=emailwelcoming

    En Europe, le premier opérateur de croisières pollue 10 fois plus que l’ensemble du parc automobile
    Carnival Corporation, propriétaire entre autres de Costa Croisières et Princess Cruises, a émis en 2017 près de 10 fois plus d’oxyde de soufre le long des côtes européennes que les 260 millions de voitures qui circulent en Europe.

    Une étude publiée par l’organisation européenne Transport & Environment rapporte qu’à lui seul, le premier opérateur mondial de croisières de luxe émet 10 fois plus d’oxyde de soufre que l’ensemble des voitures en Europe, contribuant très largement à l’acidification des milieux terrestre et aquatique.

    Ce n’est pas une nouveauté, les paquebots et autres navires de croisière ont un impact majeur en matière de pollution. Mais les chiffres dévoilés par l’organisation Transport & Environment (T&E), qui regroupe une cinquantaine d’ONG actives dans le domaine du transport et de l’environnement, sont particulièrement probants. À en croire leurs analyses, les paquebots appartenant au principal opérateur de croisières de luxe dans le monde, Carnival Corporation – propriétaire entre autres de Costa Croisières et Princess Cruises – ont émis en 2017 près de 10 fois plus d’oxyde de soufre le long des côtes européennes que les 260 millions de voitures qui circulent en Europe, soit l’ensemble du parc automobile du continent. Quant au deuxième opérateur de croisières, Royal Caribbean Cruises, il est responsable en Europe de 4 fois plus d’émissions que l’ensemble des voitures du territoire.

    Les émissions d’oxyde de soufre, engendrées par la combustion de charbon et de pétrole, forment des aérosols de sulfates problématiques pour la santé humaine, animale et végétale puisqu’ils contribuent notamment à l’acidification des environnements terrestre et aquatique, qui à terme entraîne une privation d’oxygène dans ces milieux. D’après le rapport de T&E, les pays européens les plus exposés à cette pollution atmosphérique sont l’Espagne, l’Italie et la Grèce, suivis de près par la France et la Norvège. En terme de villes portuaires, ce sont Barcelone, Palma de Majorque, Venise, Rome et Southampton qui occupent les premières places du classement.

    Si cela s’explique bien sûr par le fait qu’il s’agisse de destinations touristiques majeures, c’est aussi parce que ces pays appliquent des normes moins strictes en matière de composition de carburant : « Les navires de croisière de luxe sont des villes flottantes alimentées par le carburant le plus sale possible, dénonce Faig Abbasov, responsable de la politique maritime chez T&E, dans un communiqué. Les villes interdisent à juste titre les voitures diesel sales, mais elles donnent un laissez-passer gratuit aux compagnies de croisière qui émettent des émanations toxiques causant des dommages incommensurables à la fois à ceux qui se trouvent à bord et sur les rives à proximité. C’est inacceptable. » Pour le spécialiste, l’Europe devrait mettre en place dès que possible une norme portuaire à zéro émission.

    Le rapport recommande également d’étendre les zones de contrôle des émissions, qui ne couvrent actuellement que la Mer Baltique, la Mer du Nord et la Manche. Et Faig Abbasov de conclure : « Il existe des technologies que l’on sait efficaces pour nettoyer les navires de croisière. Le raccordement au réseau électrique terrestre peut aider à réduire les émissions dans les ports, les batteries sont une solution pour les distances plus courtes et la technologie à l’hydrogène peut même alimenter les plus gros navires de croisière. Mais le secteur ne semble apparemment pas disposé à opérer ce changement volontairement. Les gouvernements doivent donc intervenir et imposer des normes. »

  2. Evitez de me taper sur l’échine avec du bois vert… Je relate simplement ci-dessous un article paru dans Hérodote :

    (il s’agit d’un entretien fictif bien entendu avec John Keynes chantre de l’anti-libéralisme )
    3 juillet 2019

    Keynes dénonce les méfaits du libre-échange

    Depuis la crise économique de 2008, l’Histoire a pris un tournant brutal.

    L’Europe a quitté l’avant-scène et ses peuples se demandent s’ils ont encore un avenir. Les États-Unis s’inquiètent de perdre leur domination sur le monde. La Chine se réveille…

    Pour nous éclairer sur le sens de ces événements, leurs tenants et leurs aboutissants, nous nous sommes tournés vers des personnalités connues pour leur sagacité.

    Jean Monnet nous a parlé de la construction européenne, Adam Smith des thèses libérales et néolibérales, Alexis de Tocqueville et Jacques Bainville de l’avenir des démocraties occidentales.

    Enfin, le très renommé John Maynard Keynes s’est exprimé avec virulence sur les dérives du libre-échange et les faveurs faites aux rentiers…

    Bien entendu, tous ces propos n’engagent que leurs auteurs. Ils n’ont d’autre but que de nous inviter à réfléchir sur ce que nous prépare l’Histoire.

    John Maynard Keynes dénonce les méfaits du libre-échange… et de l’épargne

    – Lord John [John Maynard Keynes a été anobli en 1942, devenant le 1er baron de Tilton], je suis honoré et surpris que vous conversiez avec moi, connaissant votre aversion pour les Français et votre prétention à ne fréquenter que la high society :

    Je ne veux pas que le satané Bainville vous embrume le cerveau avec ses divagations politiques. Et je ne veux pas vous laisser sur le portrait malséant que votre confrère Joseph Savès a fait de moi. Certes, j’aime le luxe et je vis sans préjugés d’aucune sorte. J’aime la philosophie, l’opéra, les artistes et les ballerines… Néanmoins, je tiens à demeurer dans la postérité comme l’économiste qui a exposé au grand jour tous les maux de nos démocraties post-industrielles.

    – Tout à fait d’accord. Revenons donc sur votre œuvre capitale. Vous avez publié en 1930 Un traité sur la monnaie et surtout en 1936 uneThéorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie qui ont mis à mal l’économie classique de vos compatriotes Adam Smith,David Ricardo et Alfred Marshall :

    Smith était Écossais mais passons… La théorie classique postule un équilibre naturel entre les dépenses, les revenus et l’emploi, ce que votre compatriote Jean-Baptiste Say appelait la « loi des débouchés ». Elle présente le plein emploi comme le fruit d’un équilibre naturel entre la demande de travail, qui croît à mesure que le salaire proposé augmente, et l’offre de travail qui, elle, décroît à mesure que le salaire augmente ; l’équilibre se situe au point de rencontre des deux courbes. De la même façon, elle postule un équilibre naturel entre la production et consommation selon la formule : « l’offre crée sa propre demande ». Ainsi, on a pu dire que l’industriel Henry Ford, en payant correctement ses ouvriers, les rendait aptes à acheter les voitures qu’ils produisaient… et à assurer des débouchés à son entreprise !

    Selon la théorie classique, il ne saurait donc y avoir ni chômage de masse ni surproduction (note). Mais comme vous le savez, ce postulat optimiste a été sérieusement remis en question par le krach de 1929. J’y ai vu la confirmation de mes intuitions et me suis hâté de publier celles-ci… tout en spéculant moi-même sur les désordres monétaires, hé, hé. J’ai travaillé en particulier sur l’épargne et l’investissement et j’ai montré que ceux-ci dépendent certes du taux d’intérêt, autrement dit de la rémunération que les détenteurs de capitaux exigent pour épargner et reporter à plus tard leurs dépenses, mais aussi de la propension à consommer et de l’efficacité marginale du capital.

    En d’autres termes, contrairement à mes prédécesseurs David Ricardo et Jean-Baptiste Say, qui voyaient l’épargne comme une opportunité d’investissement, je la vois avant tout comme une menace pour l’emploi (note)… L’un de mes distingués compatriotes, Mandeville, a très bien illustré la chose dans la Fable des Abeilles, vices privés, bénéfices publicsqui montre les dangers d’une trop grande propension à épargner et thésauriser (note).

    – Mais alors, que préconisez-vous quand le système économique tend vers le chômage de masse et la mévente ? Faut-il mettre en œuvre l’« euthanasie du rentier » comme vous l’avez écrit en marge de la Théorie générale ?

    Je vois que l’expression a toujours du succès ! Plus sérieusement, je préconise dans mon ouvrage de « prendre des mesures énergiques, comme un changement de répartition du revenu, qui stimulerait la propension à consommer ! » Cela veut dire que l’État, grand régulateur de l’économie, doit se substituer à tous ceux qui dédaignent de dépenser leur revenu et préfèrent laisser leur argent dormir entre deux piles de draps ou sous forme d’obligations d’État ou de livrets d’épargne. Il doit lui-même alimenter les circuits d’échanges par la dépense publique, fut-ce au prix d’un déficit budgétaire momentané, sachant que la relance de l’activité va ensuite accroître les recettes fiscales et permettre à l’État de rembourser sa dette.

    Quand j’ai expliqué cela en 1936, Roosevelt et Hitler ne m’avaient pas attendu pour mettre ma recette en pratique en relançant les travaux publics et les industries d’armement. Après la Seconde Guerre mondiale et mon malheureux accident cardiaque qui a laissé le monde orphelin, c’est encore ma recette qui a été mise en œuvre pour la reconstruction de l’Europe occidentale, sous la forme du plan Marshall : 13 milliards de dollars de prêts ou de dons sous forme d’argent ou de biens d’équipement, tracteurs etc. Et ça a marché !

    – Sans aucun doute et c’est tout à votre honneur. Mais enfin, je vous vois mal demander aujourd’hui à nos dirigeants de construire des infrastructures dont nous n’avons que faire ou de relancer la course aux armements, simplement pour sortir d’une croissance atone et du chômage de masse…

    Savez-vous que j’aurais bien aimé vivre en votre siècle ? C’est qu’il n’y a plus grand monde aujourd’hui pour reprocher aux gens de ma qualité de vivre comme bon leur semble. Tout est désormais permis et tout peut s’acheter… Enfin, pour en revenir à notre discussion, ma théorie est plus que jamais d’actualité même si les gouvernants agissent selon son exact contraire. Pourquoi a-t-il fallu qu’ils se rallient aux thèses du prophète de Chicago ?

    – Vous voulez sans doute parler de Milton Friedmann ?

    Bien entendu ! Comme vous le savez, ce professeur qui est à l’origine du néolibéralisme a inspiré au président Reagan une formule à l’opposé de tout ce que je crois : « L’État n’est pas la solution à nos problèmes… L’État est le problème ». Friedmann a tout centré sur la politique monétaire et placé l’actionnaire au centre de l’entreprise. Mais il a tout simplement oublié que l’actionnaire, à la différence des salariés et des cadres, est un nomade et se fiche des entreprises où il place son argent. Son objectif est d’engranger au plus vite un profit maximum et de ramasser sa mise avant d’aller dépouiller une autre proie.

    C’est donc en conformité avec ses thèses que les dirigeants occidentaux se sont convertis à la religion du libre-échange, non pas simplement pour acheter ailleurs ce qu’on ne peut pas produire chez soi mais pour augmenter les profits au détriment des salaires. L’importation à bas prix de textiles de Chine ou de viande du Brésil a de fait permis aux salariés européens et aux bénéficiaires d’allocations sociales de se satisfaire plus facilement de la modicité de leurs revenus.

    C’est une réminiscence de la thèse libre-échangiste de Ricardo, exposée en 1815 : faciliter l’importation de blés bon marché d’Amérique, quitte à sacrifier l’agriculture anglaise, pour que les ouvriers puissent plus facilement se satisfaire de leurs salaires de misère ; c’est ainsi que les industriels anglais ont pu exporter partout dans le monde leurs produits. Mais ce qui a fonctionné au XIXe siècle en Angleterre ne peut plus fonctionner en Europe en votre siècle car vos entreprises industrielles sont de moins en moins en situation d’exporter du fait de la concurrence exacerbée des pays émergents d’Asie. Finalement, les seuls bénéficiaires du libre-échange sont les industriels qui ont pu délocaliser leur production dans ces pays et bien sûr les importateurs.

    Dans la Théorie générale, je cite le propos d’un marchand anglais du XVIIe siècle, Gerard de Malynes, qui dénonce avec une singulière clairvoyance les abus du libre-échange : « Le commerce ne se développe pas lorsque les marchandises sont très bon marché car la faiblesse des prix résulte de la modicité de la demande et de la rareté de la monnaies qui font le bon marché des choses ; c’est au contraire lorsqu’il y a abondance de monnaie et que les marchandises étant demandées deviennent plus chères, que le commerce se développe » (Malynes, 1622).

    – Le libre-échange a-t-il un lien avec la faiblesse de la croissance européenne ?

    Un lien indirect qui nous ramène au début de notre discussion. Si vos dirigeants accordent leurs faveurs aux rentiers et à la recherche du profit, plutôt qu’à l’innovation et à la solidarité, c’est en raison de votre propension à thésauriser et épargner ! Celle-ci s’accroît irrésistiblement depuis 1974 du fait du vieillissement de la population, par la baisse du nombre de naissances et l’arrivée à l’âge de la retraite des générations nombreuses nées durant les « Trente Glorieuses » (1944-1974). Leurs parents, qui avaient une vingtaine d’années à la Libération, ont relevé l’Europe par leur appétence à consommer et aussi par leur dynamisme, poussés qu’ils étaient par la nécessité d’élever correctement leurs enfants (près de trois en moyenne par couple). L’argent n’avait pas alors le temps de se reposer. Il était sitôt gagné sitôt dépensé ou investi dans la construction d’un logement.

    Le temps a passé, les enfants du baby-boom, de cigales sont devenus fourmis. Ils se sont satisfaits de familles réduites, rarement plus de deux enfants, ils ont enfin atteint l’âge de la retraite avec une pension et des rentes souvent confortables, supérieures en tout cas à leurs besoins. Même en multipliant les voyages aux antipodes, ces retraités n’arrivent pas à tout dépenser. Alors, ils placent leur argent en obligations pour combler les déficits de l’État et des organismes sociaux…

    Paradoxe du serpent qui se mord la queue, ces déficits sont dus en bonne partie au financement des retraites de ces mêmes personnes ! Mais pas seulement. Les pouvoirs publics doivent aussi aider les retraités pauvres et les jeunes privés d’emploi par la faute du libre-échange. À l’adresse de ceux-ci, faute de mieux, ils multiplient les emplois administratifs, emplois de complaisance, emplois aidés… quitte à augmenter encore l’endettement public. Cela vaut toujours mieux que l’invasion des Champs-Élysées et de l’avenue Montaigne par des Gilets jaunes.

    – Mon cher Lord, je vous sais gré de m’avoir accordé cet entretien. Mais enfin, comment sortiriez-vous de cette impasse ?

    Ainsi que je vous l’ai dit précédemment : en prenant l’argent à ceux qui se montrent inaptes à le dépenser et en le redistribuant à ceux qui sont mieux à même de le dépenser et l’investir ! Plutôt donc que l’État ne s’endette auprès des retraités aisés pour financer leurs pensions de retraite et secourir les victimes de la mondialisation, il vaut mieux qu’il s’endette auprès de ces mêmes personnes pour soutenir les personnes dans le besoin, à commencer par les jeunes ménages en peine de s’installer, d’élever et éduquer leurs enfants. Le pays y gagnerait doublement, en revigorant immédiatement les circuits d’échanges et en préparant l’avenir avec des jeunes générations plus nombreuses, confiantes et mieux formées.

    Bien entendu, il ne s’agit pas que les bénéficiaires utilisent leur supplément de revenu pour augmenter leurs achats de maillots chinois ou de biftec brésilien dans les grandes surfaces qui en font commerce. Il est essentiel que cette redistribution nourrisse les circuits d’échanges intérieurs et redonne du tonus aux agriculteurs et industriels nationaux, ce qui signifie d’en finir avec l’idéologie néolibérale et libre-échangiste et d’en revenir à un protectionnisme raisonnable. C’est tout le bonh…

    Crédit épuisé, la communication est coupée ! Keynes retourne dans l’au-delà…

    Publié ou mis à jour le : 2019-07-08 10:38:05

      • En dehors de toute polémique, je vous remercie sincèrement de cet article qui éclaire sur l’historique de ce site, Contrepoints, dont j’apprécie la plupart des articles (et surtout la causticité de H16, dont je pense que dans son genre inimitable il « percute » sur quasiment tous les sujets qu’il aborde). S’il ne m’en restait que deux (chroniqueurs à suivre), ce serait vous et lui !
        J’aime…

      • C’est quand le vin est tiré qu’il faut le boire. A quoi bon attendre une nouvelle publication relative au sujet ? D’autant que si je m’en réfère à votre slogan « La liberté dans vos vies.. Libéralisme.. » ce n’est plus tout à fait être en harmonie avec que de me faire cette mise au point. Que vous soyez courroucée je le conçois au même titre que je m’attends à votre réaction du même tonneau avec cet article copié-collé provenant IREF Europe (au fait à chaque fois que l’on reprend une citation d’un auteur ne serait-ce pas faire un copier-coller ?).
        Quoique cet article allant dans votre vision des choses peut-être vous montrerez-vous plus magnanime ?
        https://fr.irefeurope.org/Publications/Articles/article/Christine-Lagarde-risques-et-perils-d-une-politique-keynesienne-a-la-tete-de-la-BCE?utm_source=2019-07-08B&utm_medium=lettre-fr&utm_campaign=lettre-fr&utm_content=article5359

      • @ Gilbert Liard
        « D’autant que si je m’en réfère à votre slogan « La liberté dans vos vies. Libéralisme.. » ce n’est plus tout à fait être en harmonie avec que de me faire cette mise au point. »

        Ah bon ? Quand on est libéral et que quelqu’un vous dit 2 + 2 = 5, on doit s’abstenir de lui répondre qu’il se trompe sous prétexte de liberté ? C’est n’avoir rien compris au sujet.
        Vous faites deux commentaires en rapport avec le climat et avec les théories keynésiennes – que j’ai publiés que je sache – qui n’ont aucun rapport avec le sujet du billet du jour mais concernent d’autres articles antérieurs.
        Je vous demande de placer dorénavant vos commentaires aux bons endroits, histoire d’alimenter le débat logiquement et vous criez immédiatement à la répression de vos libertés. Truc très classique pour masquer votre manque de logique – et votre envie de me placer dans mon tort histoire de vous convaincre vous-même que vraiment, les libéraux, que des ordures !
        Quant aux liens plutôt que de longs textes recopiés, oui, c’est mieux quand ils existent car ça évite d’alourdir la partie commentaire.

        « Quoique cet article allant dans votre vision des choses peut-être vous montrerez-vous plus magnanime ? »
        Même topo : pas le lieu. Il y a un article Lagarde et vous le savez très bien. Comportement de cour de d’école.

      • Le libéralisme que vous prônez est-il adapté à tous les êtres humains quelles que soient leurs conditions de naissance ou bien est-ce un libéralisme de classe, d’une classe qui me rappelle fort Agrippine l’héroïne de la bande dessinée de Claire Bretécher, une bourgeoise frustrée.

        https://www.babelio.com/auteur/Claire-Bretecher/6495

        Je vous cite (un copier-coller !) :  » histoire de vous convaincre vous-même que vraiment, les libéraux, que de ordures ! »

        Apporter un document allant à l’encontre de vos convictions ne veut pas dire d’une part que je partage ce que je soumets à votre éminente sagacité et d’autre part que je considère les libéraux comme des ordures. Il vous faut raison garder – Madame !

        Pour mémoire méditons cette maxime attribuée à tort semble-t-il à Voltaire :

        « Je ne suis pas d’accord avec vous, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire »

        Maintenant libre à vous de me censurer et de me rayer de votre liste.

    • @ Gilbert Liard Quelle tempête dans un verre d’eau ! J’ai parlé de vous censurer ? Je n’ai pas publié vos articles ?
      J’ai juste demandé de poster dans les bons fils de discussion et de ne pas alourdir les commentaires en mettant des liens plutôt que des textes in extenso. A vous de raison garder. Sujet clos.

    • Des « commentaires aussi longs et sans un seul mot personnel sont plus que pénibles et encore plus lorsqu’ils sont hors sujet.
      Si vous avez tant de choses à recopier, créez un blog personnel (c’est le grand renouveau de ce ce type de communication, vous ne le saviez-pas?) et faites vous plaisir en recopiant tout ce que vous voulez mais, de grâce, respectez les pages personnelles (ô combien personnelles et enthousiasmantes) de Nathalie et dispensez vous de « squatter » un espace qui lui demande tant d’efforts (je dirai presque d’abnégation) afin de l’alimenter continellement.
      D’avance, merci.

  3. Contrepoints est certainement l’une des meilleures références françaises. Je préfère à l’Opinion ou Atlantico qui devient parfois un peu trop « people », pour appâter le chaland peut-être.
    Bien sûr rien n’est jamais parfait; je ne sais pas très bien ce qu’est  » la définition américaine du libéralisme « . « Libéralisme » est un mot qui est tellement manipulé qu’on aboutit à un drame sémantique majeur et une signification plutôt approximative voire quelquefois totalement inverse.
    Quand on entend des journalistes de BFM affirmer que le libéralisme que nous avons vécu ces cinquante dernières années a prouvé son inefficacité, qu’il est une erreur majeure pour accoucher de graves inégalités, et qu’il faut bien entendu, tourner définitivement la page, j’ai à chaque fois une envie débordante de leur demander où sont exactement les signes observés sur ces années, qui leur paraissent relever du libéralisme, Je parie qu’on aurait alors la preuve qu’il n’ont pas bien assimilé le mode d’emploi.

    Enfin les polémiques concernant « l’immigration, de la race, de l’islam, des moeurs… », n’existeraient pas si nous vivions dans une véritable économie libérale ce qui n’est pas le cas de la France d’aujourd’hui évidemment, donc il est concevable que ce soit tout à fait hors propos. C’est le libéralisme tel que nous le définissons qui est en tout premier lieu, politiquement incorrect ! Le reste n’est que conséquence.

    • @ Tino

      « Enfin les polémiques concernant « l’immigration, de la race, de l’islam, des moeurs… », n’existeraient pas si nous vivions dans une véritable économie libérale. »

      Premièrement, c’est une opinion. Si vous transformez une simple opinion en axiome intangible dont il est interdit de discuter, alors non seulement on ne va pas être d’accord, mais on ne va pas être d’accord sur ce qu’est le libéralisme.

      Deuxièmement, il est très facile de démontrer le contraire, car il existe un contre-exemple éclatant qui réfute complètement cette assertion : la Suisse.

      On aura du mal à m’expliquer, je crois, que la Suisse n’est pas libérale. C’est même l’un des pays les plus libéraux du monde, sinon le plus libéral : celui qui est le plus souvent montré en exemple par les libéraux.

      Et pourtant, les polémiques concernant l’immigration, la race, l’islam (et sans doute aussi les moeurs) sont extrêmement vivaces en Suisse. Tellement vivaces qu’elles ont donné lieu à plusieurs référendums sur le sujet.

      On peut aussi citer les Etats-Unis ou l’Australie, pays qui sont largement plus libéraux que la France. Ou la patrie de Margaret Thatcher, vers laquelle fuient de nombreux Français exaspérés par l’étatisme de leur pays.

      Donc s’il est question de dire : il suffit d’instaurer le libéralisme dans un pays, et alors les problèmes gravissimes que posent l’immigration et l’islamisation disparaîtront, c’est objectivement faux. (Et on pourrait en dire autant concernant le dogme politiquement correct relatif aux moeurs.)

      Sauf à ce que l’on soutienne que le libéralisme n’existe nulle part sur la surface de la terre — mais alors cette variété de libéralisme-là relèverait de l’utopie, et la démarche ne serait pas différente de celle des socialistes qui disent : oui, mais l’Union soviétique ce n’était pas le vrai communisme, un autre monde est possible, etc.

      Et là encore, on ne serait pas d’accord sur ce qu’est le libéralisme, lequel n’est pas un dogme figé et unique, mais connaît d’innombrables variantes et courants. Il suffit d’ouvrir n’importe quel livre d’histoire de la pensée libérale pour s’en convaincre.

  4. @ RM
    Les pays que vous citez sont très loin d’avoir les problèmes que nous vivons car leur immigration est choisie en contingent et en niveau de compétence origine et diplôme et il ne s’en cachent pas. Par ailleurs l’assistance sociale est largement moindre et loin d’être automatique comme chez nous.
    Par exemple pour la Suisse, 70 % des immigrants sont originaires des pays de l’UE/AELE et leur économie en a absolument besoin.
    Donc pour commencer tous les arguments économiques des opposants à l’immigration, tombent d’un coup.
    Comme ailleurs, dans ces pays dits libéraux les polémiques concernant l’immigration, la race, l’islam existent mais sont marginales pour des raisons différentes et souvent historiques. Pour la Suisse, il y a le référendum qui sert heureusement de paratonnerre permettant ainsi de réajuster la politique. Pour l’Angleterre, il y a les engagements post coloniaux du commonwealth et les passages des travaillistes, tout cela n’est pas vraiment d’essence libérale, vous en conviendrez.
    Les australiens ressentent plutôt des réticences avec les races asiatiques autant que je m’en souvienne; Les US avec les hispanos, etc…

    Pour résumer on peut peut-être tirer tout de même deux enseignements généraux :
    – plus les immigrants sont instruits et compétents quelle que soit la race et la religion et plus il s’intègrent facilement (et j’oserais dire intelligemment);
    – plus le pays est libéral dans sa politique et dans tous ses rouages, plus l’immigration automatiquement plus réduite et mieux choisie, se passe bien, pour nuancer mon commentaire précédant et enlever l’idée que je n’ai pas, d’un nirvana libéral unique et dogmatique.

    (RM qui me fait des leçons de modération, on aura tout vu !)

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