Parité H/F : les « convictions » sans réflexion de l’abbé Bruno

Coucou, qui revoilà ? C’est l’abbé Bruno, plus corseté que jamais dans ses mines d’enfant de chœur et sa propension obsessionnelle au contrôle social millimétré de tout ce qu’il touche. Entreprises, tremblez ! Bruno Le Maire veille tellement sur vous qu’en fait, il vous surveille, et finalement, il vous étouffe !

Il fallait le voir au dîner de l’association Financi’Elles qu’il présidait cette semaine à Bercy : là où ces dames militent pour encourager la mixité dans les entreprises et soutenir les ambitions professionnelles des femmes – activité parfaitement légitime tant qu’elle ne débouche pas sur une quelconque coercition, le ministre de l’économie n’en finit plus de taxer, sanctionner et interdire tout ce qui ne cadre pas avec ses « convictions » les plus « arrêtées » (vidéo du tweet ci-dessous, 41″) :

Oui, vous avez bien lu : avec la loi PACTE, cette loi qui nous est hypocritement présentée comme devant aider les entreprises à grandir, les décisions prises au sein d’un conseil d’administration qui ne respecterait pas parfaitement les quotas de parité homme-femme seront purement et simplement annulées !

C’est Bruno le Maire qui le veut, point ! Bruno Le Maire qui n’a pourtant jamais mis les pieds dans une entreprise, qui ignore tout de l’angoisse du chiffre d’affaires et qui n’a jamais pris la moindre décision où il risquait autre chose que l’argent des autres.

Législation de petit chef. Infantilisation complète du rapport entre l’Etat qui sait tout et les citoyens qui ne savent rien : tu ne quitteras pas la table tant que tu n’auras pas mangé tous tes épinards, tu n’iras ni à l’école ni à l’anniversaire de Pimprenelle. Ce qui peut se comprendre dans une perspective d’éducation des jeunes générations prend des allures de diktat dès lors qu’on l’applique à des individus libres et responsables. Libres et responsables d’entreprendre et de faire leurs choix économiques, notamment.

Comme si l’objectif ultime d’une entreprise était d’avoir un conseil d’administration composé précisément de 40 % de femmes ! Il faut le répéter, l’objectif d’une entreprise – et, in fine, son rôle social fondamental – consiste à dégager du profit. Oui, PRO-FIT !

Loin de représenter le vol odieux que lui reprochent en permanence une stupide brochette de politiciens démagogues et de syndicalistes encroûtés dans leurs privilèges et leur ronron collectiviste, le profit est le signe que l’entrepreneur a su combiner avec bonheur une judicieuse utilisation de ses ressources et la satisfaction du consommateur.

Si, pour être obtenue, cette satisfaction conduit à monter la part des femmes dans une entreprise spécifique à 50, 60 ou 100 % car seules les candidatures féminines offrent les compétences recherchées, fort bien. Mais seul le marché pourra le dire, certainement pas une loi fondée sur un égalitarisme formel sans rapport aucun avec les préférences et les choix individuels des personnes concernées.

Mais il est vrai que la loi PACTE a aussi pour objectif de « repenser le rôle social » des entreprises. Au train où vont les choses, force est de constater que ces dernières sont priées – que dis-je, obligées ! – d’être de moins en moins des entreprises et de plus en plus des annexes des pouvoirs publics dont elles doivent adopter sans rechigner tous les « volontarismes » idéologiques.

Or les politiques dites « volontaristes » ne font que refléter la faible adhésion qu’elles suscitent dans la société, au point qu’il faut les imposer pour tenter de les faire vivre. Concernant justement l’égalité homme-femme qui figure très haut dans la liste des priorités gouvernementales, on ne compte plus les études bidons qui font état d’écarts de salaire aussi colossaux que mal calculés.

Mais si l’on se réfère à des enquêtes plus sérieuses menées à grande échelle sur des populations représentatives, il apparaît que les écarts résiduels entre les salaires ou le niveau de carrière des hommes et des femmes ne résultent pas d’une quelconque volonté machiste d’écarter les femmes – pourquoi, d’ailleurs, si elles sont moins chères et plus susceptibles de générer du profit ? – mais de leurs propres choix dans l’existence, choix essentiellement liés au fait que l’idée de concilier carrière et famille est plus présente chez elles.

Tout ceci échappe totalement à Bruno Le Maire qui, en plein délire normatif, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Dorénavant, c’est la stricte parité dans l’entreprise qu’il faut viser :

Manifestement, l’abbé Bruno n’a pas reçu de note sur la dominante féminine dans certains secteurs et la dominante masculine dans certains autres. Envisage-t-il de traîner les femmes par les cheveux comme au bon vieux temps des cavernes pour les forcer à devenir chauffeurs routiers contre leur volonté ? A moins qu’il ne souhaite réaliser la parité dans les entreprises de transport en les obligeant à truffer leurs services centraux de personnel féminin sans nécessité, au risque de détériorer salement leur compétitivité ?

Heureusement qu’il prend toujours la précaution de préciser qu’il ne souhaite qu’une chose, faire grandir les entreprises – cette fois, c’est sa secrétaire d’Etat Agnès Runacher qui s’en est chargée – car ces propositions venant après son hostilité au travail du dimanche et son projet d’introduire un salaire maximum, on jurerait qu’il veut les couler toutes.

Si les membres de Financi’Elles semblent très satisfaites du magnifique volontarisme de Bruno Le Maire ainsi qu’en témoigne la pieuse reprise de toutes ses déclarations oiseuses dans leur fil Twitter, ce n’est pas le cas des sénateurs qui se sont prononcés en début de mois contre la nouvelle sanction envisagée par le ministre (vidéo, 02′ 22″) :

Nouvelle sanction, car avec la loi Copé-Zimmermann de 2011, il est prévu qu’à partir du 1er janvier 2017, les conseils d’administration des sociétés cotées et des entreprises de plus de 500 salariés et plus de 50 millions de chiffres d’affaires comportent au moins 40 % de femmes, sous peine de voir les nominations non conformes annulées et les jetons de présence suspendus. On voit déjà le ramdam.

Mais avec l’idée d’ajouter une sanction portant sur l’activité même de l’entreprise, c’est tout simplement la pérennité de l’entreprise qui est atteinte, avec toutes les conséquences néfastes que cela entraînera obligatoirement sur l’emploi, les salaires, les prix et la croissance.

Les sénateurs ont donc voté avec raison contre cette folle disposition, sans parvenir à entamer le moins du monde la belle assurance du ministre :

« Oh moi, je n’ai pas besoin de réfléchir beaucoup parce que mes convictions là-dessus sont arrêtées depuis longtemps. » (au Sénat)

« Cette disposition a été supprimée par le Sénat, je la rétablirai à l’Assemblée nationale. » (Dîner Financi’Elles)

Autrement dit, moi, Bruno Le Maire, j’ai dépassé le stade inutile de la réflexion pour vous imposer mes « convictions » politiquement correctes qui valent dogme irréfutable. Vos choix, vos préférences ? Hors sujet. Quant aux députés, qu’ils ne s’embêtent pas à réfléchir non plus. En tant que panache blanc infaillible du camp du bien, je dicte ma loi à l’Assemblée.

Bref, on nage en plein délire constructiviste, version progressisme à marche forcée.

Il serait agréable de penser qu’avec Bruno Le Maire, on tient un spécimen particulièrement gratiné, incontestablement navrant mais unique en son genre, de dirigeant politique totalement dominé par l’hubris qui s’empare si facilement des puissants.

Malheureusement, c’est bien l’ensemble de l’exécutif qui est atteint. Derrière les proclamations enflammées sur la nécessaire libération des énergies et la printanisation du pays, c’est Macron lui-même, entouré de tout son gouvernement, qui nous fomente une réalité législative plus idéologiquement encadrante que jamais.

Au lendemain de l’élection présidentielle, l’adhésion populaire envers le nouveau Président n’était pas renversante mais il était de bon ton de « donner sa chance à Macron » malgré quelques signe avant-coureurs inquiétants. Deux ans après, on voit le fabuleux résultat : en France, on a peut-être trop de chômage et pas assez de pouvoir d’achat, mais au moins, si la parité homme-femme n’est pas scrupuleusement respectée, les entreprises coupables seront impitoyablement empêchées d’avancer !

Franchement, qu’est-ce que le peuple peut bien vouloir de plus ?


Sur le même sujet, je vous suggère la lecture de : « Discrimination positive et conséquences négatives » (25/01/2016).


Illustration de couverture : Le ministre de l’économie Bruno Le Maire au dîner de l’association Financi’Elles, le 20 février 2019 à Bercy. Photo : Capture d’écran Twitter.

17 réflexions sur “Parité H/F : les « convictions » sans réflexion de l’abbé Bruno

  1. Que peut bien vouloir encore le peuple ? Franchement ?

    Peut être le départ de ces apparatchiks et fossoyeurs institués, contempteurs de salon et imbus de métier totalement déconnectés, qui n’encourent nos sanctions, électives, que tous les 5 ou 6 ans, sans obligation de résultat ni même de moyens.

    Merci toutefois pour votre article, bien étayé.

  2. Pourquoi écrivez vous « abbé » Bruno?
    Quel lien faites vous entre un abbé et qqun corseté, qui vous étouffe, petit chef, infantilisant et délirant, dominé par l’hybris?
    N’est-ce pas vous qui vous targuiez d’être prof de caté? Que peuvent comprendre vos co paroissiens de vos attaques?

  3. Ah ! tiens, une personne du sexe qui est contre la parité… Vous remarquerez que lorsqu’on s’insurge contre la prétendue disparité de revenus entre les hommes et les femmes, c’est le plus souvent pour déplorer des inégalités « réelles ou supposées » touchant des cadres, des avocats, des actrices, des chefs d’entreprise…

    Bref, des femmes qui font déjà partie des couches les plus aisées de la société, et qui font la preuve, par leurs fonctions mêmes, que la prétendue discrimination sexiste qui nous est tant reprochée ne serait peut-être pas aussi prononcée que l’on voudrait bien le dire.

    Dans le cas présent, il s’agit de lutter contre l’intolérable injustice dont seraient victimes les membres de cette profession de prolétaires que sont les administrateurs d’entreprise.

    Bravo en tous cas pour avoir le courage de rappeler l’évidence : si dans certaines conditions d’observation truquées, on peut effectivement déceler une disparité de revenus au détriment des femmes, c’est avant tout parce que celles-ci font des enfants. Chose qu’il n’est dans le pouvoir de personne de supprimer — mais ce n’est pas faute, pour certains, de s’y employer.

    •  » c’est avant tout parce que celles-ci font des enfants. Chose qu’il n’est dans le pouvoir de personne de supprimer  »

      Alors là, vous vous avancez beaucoup ! On voit bien que vous n’avez aucune formation scientifique !

  4. On en apprend beaucoup en quelques secondes d’observation du site d’une « assoce » comme Financi’Elles (quel nom épouvantable, pour commencer…) :

    http://financielles.org

    « Financi’Elles est la première fédération de réseaux de promotion de la mixité intra-entreprises du secteur financier et s’est donné pour mission de contribuer à améliorer et surtout accélérer l’accès des femmes au sommet des organisations du secteur de la finance. »

    Il ne s’agit pas de leur permettre de devenir comptables dans une entreprise de 50 personnes. Il s’agit de les aider à devenir pédégères de boîtes où l’on gagne beaucoup, beaucoup de bourzoufs.

    En promouvant la « mixité inter-entreprises ». C’est à dire, en clair, en diffamant les hommes, qui devraient s’effacer devant les femmes. Pour s’excuser de leurs crimes passés de gros cochons sexistes.

    Quand l’amicale des anciens de la Haute école des dépendeurs d’andouilles se vante d’aider ses membres à décrocher préférentiellement des postes chez les Big Five du dépendage d’andouilles, elle le fait au nom de l’excellence supposée de cette école dans l’enseignement de cet art délicat.

    Quand Financi’Elles, ou une tripotée d’assoces « communautaristes », comme on dit maintenant, affichent des objectifs similaires, c’est sur l’unique base de la calomnie envers les hommes blancs, indigènes, chrétiens et à l’occasion portés sur les dames, qui doivent faire place nette au nom des crimes abominables dont ils se seraient rendus coupables envers les catégories « opprimées ».

    Calomnie qui prend la voie de la contrainte législative — comme c’est commode !

    Sans surprise, le site est orné d’une photo d’illustration qui coche toutes la cases du politiquement correct. Premièrement, il ne s’agit pas d’obtenir la « parité ». 100 % des « financiers » sur la photo sont des femmes.

    Deuxièmement, la réunion est évidemment présidée par cette déesse du cliché marketing contemporain : la métisse africaine à la tignasse frisée qui envahit la moitié de l’écran. La femme à sa droite est ostensiblement asiatique. Celle à l’extrême droite (oh ! pardon…) est de dos, il est impossible de distinguer sa race. Quant à la seule qui pourrait, peut-être, être blanche et française de souche, elle est… grosse. OK, OK : enveloppée. L’essentiel est qu’elle soit, elle aussi, victime de discrimination.

    Remarquons que l’austère spécialiste de la finance, à gauche de la photo, offre à notre vue une généreuse paire de loches, tandis que la mystérieuse dame au dos tourné, à droite, a choisi pour cette réunion cruciale une mini-jupe ras-la-touffe.

    Je vous laisse imaginer les réflexions si l’un de ces cochons sexistes qui monopolisent, actuellement, le « sommet des organisations de la finance », se pointait à une telle réunion dans une tenue analogue, mutatis mutandis.

    Mais à part ça, les femmes n’ont aucun avantage spécifique dans la rivalité pour les places, et se gardent bien de les utiliser. Ce sont uniquement leurs mystérieuses qualité cachées qui sont susceptibles de les propulser « au sommet des organisations de la finance », où elles feront un boulot tellement meilleur que les hommes. Et c’est uniquement pour empêcher la révélation de ces qualités que le vieux mâle blanc s’accroche à son fauteuil directorial.

  5. Financi’Elles
    ‏ @financielles
    Feb 20

    La #parité est naturelle et il faut qu’elle soit pérenne mais on ne peut liquider des générations d’hommes pour atteindre cette parité et donc il faut mener des actions symboliques mais aussi des actions dans le temps #DînerFL ⁦

    https://twitter.com/financielles/status/1098324752006025216

    Ouf ! elles ne veulent pas nous exterminer tout de suite. Mais enfin, elles y ont pensé… Un petit échantillon des légendaires qualités de douceur et de tolérance que ces dames sont tellement plus aptes à introduire dans les entreprises, que nous autres barbares. Enfin, d’après la propagande officielle.

  6. Tss, tss, il va falloir s’occuper de la parité dans la fonction publique, 60 % des juges sont des femmes, les infirmières dans les hôpitaux sont majoritairement des femmes et je ne parle pas des sages-femmes où les hommes semblent étrangement absent.

    Paradoxalement, il y a des efforts à faire chez les plombiers, les maçons et les bouchers. Je ne connais la plombière que dans les desserts, la bouchère tiens généralement la caisse et la maçonne est rarissime;

    • J’espère qu’il ne vous aura pas échappé que la loi PACTE (et « l’abbé » ???) ne parle que des entreprises de plus de 500 salariés avec un chiffre d’affaire de plus de 50 millions d’euros; votre commentaire est donc hors sujet.

      • en général, ce genre de « progrès » est imposé au grosses entreprises, puis étendu aux moyennes, jusqu’à être obligatoire pour toutes …
        Heureusement que j’aurai d’ici là cessé mon activité !

  7. Ben après avoir démoli les entreprises et les patrons à la fin du XXème (en France), voila qu’on a découvert qu’elles servent à quelque chose et du coup, on veut les rendre responsables de tous les malheurs sociétaux.
    A quoi bon en rajouter, les sanctions des consommateurs et des actionnaires sont déjà terriblement durs :
    https://entrepreneurs-pour-la-france.org/Les-impasses/Les-inegalites/article/Le-Senat-la-loi-PACTE-et-la-vocation-de-l-Entreprise
    Dans ma vie professionnelle, j’ai croisé des petit(es) chef(es), infantilisant(es) et délirant(es) qui dépassaient toutes les caricatures imaginables; sans doute manque d’assurance ou poids sociétal et éducationnel du passé. Mais le temps agit et certaines n’ont aucun problème pour se faire leur place et ne sont surtout pas féministes. Que ma petite fille de 17 ans soit féministe est assez normal mais passé un certain âge, je rangerais l’espèce dans des adolescentes attardées !
    BLM se concentre sur ces thèmes sociétaux hors sujet, et prouve ainsi son incompétence en économie.

  8. TENTATIVE DE NUMÉRALISATION SOCIOLOGIQUE
    Parent 1, Parent 2, Parent 3….
    Sexe 1, Sexe 2, Sexe 3 ….
    Français 1 (riche), Français 2 (nouveau), Français 3 (autochtone)….
    Pauvre 1, Pauvre 2 (ancien sdf), Pauvre 3 (ancien classe moyenne)….

  9. Moi qui croyait bêtement, que la meilleur façon pour les entreprises de remplir leur rôle social, était de faire des profits, assurant ainsi aux employés un emploi et et éventuellement de meilleurs revenus. Je me suis apparemment lourdement trompé. Il convient que les entreprises appliquent des normes à grands frais, se rendant non compétitive à part ds le luxe, se précipitant vers leur faillite pour être repêchée par l’état après qq gros bain de larme nécessaire à l’exorcisation du mal anti-social qui s’empare de ces agglomérats capitalistes.

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