Gilets jaunes : mon petit journal du 24 novembre 2018

Etat-idiot, coalition des oppositions et recherche du bonheur.

Christophe Castaner allait-il faire un bon ministre de l’Intérieur ? On pouvait en douter. Rien dans son expérience de militant socialiste opportuniste ne le prédisposait à ce type de poste ; il avait même fallu lui adjoindre un « grand flic » pour crédibiliser une nomination qui avait tout de la récompense politique pour services rendus à la tête du parti présidentiel. Avec les manifestations des Gilets jaunes, on a une réponse claire et définitive : il est nul. Et c’est grave, car par sa voix, c’est l’Etat qui parle. Après l’Etat-obèse et l’Etat-nounou, nous voici en plus avec l’Etat-idiot !

Alors que tout le pays est chamboulé depuis un mois par une fronde fiscale inédite venue du coeur de la société française, M. Castaner n’a rien trouvé de mieux à dire à propos des casseurs qui se sont introduits dans la manifestation parisienne d’hier 24 novembre qu’il s’agissait d’une mobilisation de l’ultra-droite répondant à l’appel de Marine Le Pen pour faire tomber les institutions. Une interprétation des faits tellement grossière que même Le Monde a jugé utile de faire une petite mise au point dans son « live » de l’événement (photo).

Bien sûr que Marine Le Pen est aux aguets. Mais elle est loin d’être la seule. Politiquement, il est si incroyablement formidable de voir pareil mouvement social se lever contre le gouvernement à quelques mois d’une élection à la proportionnelle qui pourrait fixer le paysage politique pour longtemps que toutes les oppositions à Emmanuel Macron sont dans les starting-blocks et font le compte de la récupération qu’elles peuvent espérer, France insoumise comprise.

De là à voir se former une coalition des oppositions … Il fallait voir le député François Ruffin, grand manitou de la Nuit debout, se mettre en scène avec « cinquante picards » pour rejoindre les Gilets jaunes à Paris. Il fallait entendre Jean-Luc Mélenchon et Alexis Corbières roucouler sur la convergence des luttes contre le Président des riches et les privilèges fiscaux des grandes fortunes.

Mais chez Castaner, le ministre d’Etat qu’il est aujourd’hui a manifestement du mal à se départir des réflexes pavloviens du militant socialiste qu’il fut longtemps. Comme au bon vieux temps de Mitterrand et de Hollande, il faut « faire barrage à l’extrême-droite ». Ou comment jeter un peu plus d’huile sur le feu en réduisant les contestataires à des violents et des « fachos ».

[MàJ du 26 novembre 2018 : Il se confirme aujourd’hui qu’il était comme d’habitude complètement à côté de la plaque. Le profil des personnes interpelées samedi 24/11/18 à Paris montre qu’il s’agissait surtout de « suiveurs » sans antécédent judiciaire menés par des leaders clairement issus de l’extrême-gauche et clairement venus pour casser.]

Si le gouvernement n’a pas d’autre analyse à proposer, je crains que la sortie de crise ne soit pas pour demain. (Mais concrètement, on sait déjà que des états-généraux de la transition énergétique et leur ribambelle « d’accompagnements » vont être annoncés mardi prochain).

Le 17 novembre dernier, la 1ère journée d’action des Gilets jaunes avait pris une forme en rapport direct avec la contestation d’origine, à savoir la hausse des taxes sur les carburants. C’est donc avec leur voiture que les Gilets jaunes avaient voulu agir un peu partout en France pour alerter le gouvernement sur leur ras-le-bol fiscal et leurs inquiétudes quant à leur pouvoir d’achat.

Hier, la forme était différente. Si l’on a encore vu quelques barrages routiers en plusieurs points du pays, il n’était plus majoritairement question ni de voiture, ni de carburant, ni de blocages. Il s’agissait de monter à Paris, de manifester dans les grandes artères symboliques du pouvoir politique, d’atteindre l’Elysée et d’attirer, enfin, l’attention de celui qui détient aujourd’hui ce pouvoir.

« Qu’ils viennent me chercher » avait lancé non sans provocation Emmanuel Macron au moment de l’affaire Benalla. Un brin bravache, il avait même ajouté : « Le seul responsable de cette affaire, c’est moi ! » Le voilà pris au mot, pas seulement pour le scandale de l’été, mais pour toute sa politique depuis le début. Un plantage annoncé, écrivais-je il y a un mois.

Il n’est guère étonnant dès lors de voir les Gilets jaunes – et beaucoup de Français avec eux – se retourner contre lui dans les difficultés car il a d’abord suscité beaucoup d’espoir de changement sans douleur et il a ensuite tout fait pour incarner personnellement le pouvoir « jupitérien » de l’Etat. Nombreux sont les déçus du macronisme qui crient leur déception aujourd’hui.

Mais fondamentalement, au-delà de la personne du Président, c’est bien l’Etat qui est interpelé. Comment pourrait-il en être autrement dans un pays où l’Etat décide de tout ou presque ? Comment pourrait-il en être autrement dans un pays où l’Etat va jusqu’à s’affirmer comme le détenteur du bien et le détenteur du vrai ?

Notre santé est entre ses mains. Notre retraite est entre ses mains. L’éducation de nos enfants est entre ses mains. Notre travail est entre ses mains. Le salaire minimum est entre ses mains – et comptons sur Bruno Le Maire pour que le salaire maximum y soit prochainement. Notre chauffage est entre ses mains. Notre alimentation est entre ses mains. Notre information est entre ses mains. Notre voiture est entre ses mains. Notre vélo commence à l’intéresser prodigieusement.

Viande, sucre, sel, produits bio, égalité homme femme, essence, diesel, fake news, congé paternité, don d’organe, glyphosate, abeilles, papillons, réchauffement climatique, âge du capitaine – il existe et il existera des législations contraignantes pour tout, au gré des « fins sociales » édictées par les équipes au pouvoir.

Quelles fins sociales ? Dans l’ensemble, depuis 1945, nous vivons dans dans un environnement politique
1. qui a commencé par sanctifier l’Etat-providence puis l’Etat-stratège,
2. qui a toujours voulu se démarquer de « l’ultra-libéralisme » qui fait tant de mal à tous les pays qui sont en meilleure santé économique et sociale que nous,
3. qui nous entraîne maintenant de force dans une transition écologique et énergétique dont les effets « dramatiques » ne sont pas corroborés par une analyse pointilleuse des faits,
et 4. qui veut imposer son progressisme sociétal plutôt que laisser la société évoluer d’elle-même au gré de débats menés librement parmi ses membres.

Conséquence inévitable mais terrible pour les libertés et la prospérité économique, les choix personnels des individus sont relégués dans un champ de plus en plus étroit tandis que les impôts destinés à financer les fins sociales sont de plus en plus élevés. L’esprit d’autonomie et de responsabilité individuelle est battu en brèche, supplanté partout par les décisions d’un Etat décrété, accepté voire souhaité omniscient et omnipotent.

Aussi, en France, cas vraiment particulier parmi les pays libres, même si les gens naissent bien libres et égaux en droits et même s’ils sont animés par la « recherche du bonheur » comme tous les autres hommes, ils conçoivent mal que cette recherche légitime puisse se faire en dehors de la protection tutélaire de l’Etat. Le pire qu’on puisse vouloir changer concerne les « fins sociales » et les bénéficiaires des attentions et redistributions de l’Etat, certainement pas le poids de l’Etat lui-même.

C’est exactement ce qui est demandé à Emmanuel Macron aujourd’hui. A quelques exceptions près, le sentiment des Gilets jaunes n’est pas qu’en France on paye trop d’impôt qui financent trop de dépenses publiques inefficaces et inutiles, c’est qu’eux-mêmes paient trop d’impôts sans avoir l’impression de bénéficier des dépenses, tandis que le gouvernement fait des cadeaux fiscaux aux riches et distribue l’argent aux chômeurs et à ceux qui touchent le RSA.

Tel Gilet jaune manifeste contre la baisse des aides sociales, tel autre s’insurge contre le train de vie des élus et de l’Elysée, tous ont l’impression de ne travailler que pour être taxés alors qu’ils ont du mal à boucler leurs fins de mois. Les menaces sur la « fin du monde » proférées par Nicolas Hulot dans l’Emission politique de jeudi dernier leur semblent complètement hors-sol. Mais tous l’affirment, ils ne « lâcheront rien tant que le gouvernement n’aura pas fait quelque chose de concret ».

Du côté des libéraux, on voit bien ce que le gouvernement pourrait faire de concret, qui aurait l’avantage d’être une politique de remise à niveau économique et sociale de long terme : baisse des impôts, baisse des dépenses publiques, recul de l’Etat avec restitution de certaines missions au secteur privé. Rien ne serait plus à même de favoriser une reprise économique pour tous et un retour au sens des responsabilités individuelles de chacun.

Mais on devine que ce n’est ni ce qui est souhaité – tant il est vrai, comme le disait déjà Bastiat en 1848, que l’Etat reste « la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde » – ni ce que le gouvernement va annoncer mardi prochain tant il ne vit et ne se maintient que grâce à la pression d’un Etat tentaculaire qui tient tout le monde sous sa coupe via un jeu habile entre les aides et les impôts.

Dans l’espoir d’atténuer la grogne des Gilets jaunes avant la journée d’action du 17 novembre, Edouard Philippe nous avait déjà donné un petit aperçu des aides supplémentaires envisagées. Nicolas Hulot en a remis une couche jeudi en préconisant d’accompagner la transition énergétique en faisant porter la facture sur les classes les plus aisées. Et hier, le tout nouveau chef de FO a proposé un moratoire sur les taxes, le temps qu’on trouve un accord sur la prime transport qui serait supportée par les entreprises.

La triste conclusion de tout ceci, c’est que de quelque côté qu’on se place, que l’Etat soit providence, stratège, nounou, obèse ou idiot, il a beau étaler ses échecs tous les jours – ce dont les manifestations des Gilets jaunes sont incontestablement un symptôme supplémentaire – personne ne songe à le remettre en cause. Tout au plus entend-on des exigences ponctuelles de démission d’Emmanuel Macron ou de passage à une VIème République sociale et solidaire auto-gérée, mais dès lors que les aides sociales reprennent, tout continue comme avant. Jusqu’à la prochaine éruption fiscale.


Illustration de couverture : Gilets jaunes à Paris le 24 novembre 2018 et le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.

28 réflexions sur “Gilets jaunes : mon petit journal du 24 novembre 2018

  1. Même constat affligeant à la Réunion : moins de taxe, plus d’aides, plus d’argent ! et si vous demandez à quelqu’un de réfléchir à comment financer cela, il vous répond « faire payer les riches » « les grosses sociétés, les actionnaires .. » Le plus désolant, c’est quand des responsables politiques, reprennent ces revendications à leur compte !

    Sur votre « à quelques mois d’une élection à la proportionnelle … » les élections européennes, sont un baromètre qui indiquera une tendance, mais le résultat ne changera rien pour la politique nationale.

    • Il ne me semble pas certain qu’en « envoyant » tous nos représentants au Parlement de Bruxelles, que cela ne changerai rien à la politique nationale.
      Si l’un de nos représentants majoritairement europhobes, venait à « expliquer » à la tribune du Parlement Européen, que les problèmes des nationaux français restaient des affaires des français, et qu’en conséquence, le peuple français ne tiendrait plus à ce que les directives dictées par les membres du Conseil de l’Europe, s’appliquent dans ce pays soi disant libre, alors, alors, certains se souviendraient du résultat du référendum de 2005. Et les Hollandais risqueraient aussi de s’en resouvenir.
      Alors, grâce à cela, tout le monde se « séparera » en gens civilisés, et chaque « charbonnier sera maître chez lui ».
      Et les européens pourront librement s’approvisionner en gaz et en pétrole venant de Russie. Et retrouver une certaine souveraineté vis à vis des intérêts américains.
      Quant à l’Ecologie, elle passera derrière les problèmes plus urgents de l’immigration africaine et du chômage de masse de la France « progressiste ».

    • Dans votre propre intérêt, cher Monsieur, ne publiez jamais votre téléphone et votre adresse sur Internet, accompagnés de votre nom véritable, en plus… si toutefois il s’agit bien de cela…

      Il est désolant de voir des Français être encore si ignorants de la nature d’Internet, de son fonctionnement et de ses dangers. Dans le quartier où vous habitez, on peut peut-être se promener avec des lingots d’or à la main sans risquer de se faire agresser, mais figurez-vous que certaines parties du monde habité fonctionnent différemment…

      Si vous voulez correspondre avec l’auteur du blog, son mail figure à la rubrique A Propos. Je serais vous, je la supplierais à genoux d’effacer le produit de cette insondable naïveté qui est la vôtre…

      • Ce monsieur, habitant un quartier très chic de Paris, ne sait pas que dans les sous sol du Château, une certaine société française, y a installé un central capable d’aspirer tout le web français et de le stoker un certain temps. Mitterrand y avait déjà placé son nébuleux central téléphonique pour « espionner » certains VIP de France et de Navarre.
        Quand à moi, si ce n’est pas au Château que ce trouve le méga aspirateur de la DGSI, alors, alors, il est possible qu’il se trouva sous le « Parc des Princes » dans le 16ème.
        Quant au nom de la société informatique française en question, il devrait relire l’histoire de la chute du dictateur libyen.

  2. La prise de conscience d être taxé toujours plus et de devoir payer de la naissance à la mort est déjà un progrès.
    L arrivée de la crise économique et le prélèvement à la source vont achever l Etat.
    Je pense que dans les gilets jaunes il y a de nombreux petits patrons artisans et liberaux.
    Beaucoup de discussion ont lieu.
    La France est un pays socialiste depuis 1940
    Les gens ont la gueule de bois comme après une bonne cuite car biberonnés aux aides en tout genre .Ils savent que c’est fini et que eux n en profiteront pas.D où leurs colères. Et vous devez laisser les gens aller au bout de leur raisonnement. Ils vont vite comprendre que les vrais riches sont partis et que tous les autres qui travaillent sont aux taquets comme eux.
    La solution est donc de diminuer les dépenses publiques.
    Il est nécessaire aussi de dénoncer l escrologie ecologiste par des arguments scientifiques.
    Laissez les idées circuler.
    Ils en veulent aux dirigeants politiques.
    Ma seule crainte est un attentat.
    La France insoumise de Melanchon et Ruffin est mondialiste. Elle est à contre courant de ce qui se passe. Elle ne défend pas le travailleur.
    D ailleurs les sondages le montrent
    Les gens commencent à comprendre que plus d etat = moins de liberté.
    Gardons espoir.
    Ce mouvement est le premier pas vers plus de liberté.
    Bonne journée

  3. L’ennui est que vous avez probablement raison. Ce prétendu soulèvement populaire n’est que la millionième manifestation du prurit étatiste français. Après la célèbre « Jacline » (profession : accordéoniste) qui réclame « le rétablissement de l’ISF, je ne vois que ça pour calmer la colère du peuple », voici une certaine Alison Hubert que nous sommes censés connaître, puisque Le Monde ne nous la présente même pas :

    « Alison Hubert a l’intention d’aller jusqu’au bout. Avec d’autres gilets jaunes, elle diffuse les 19 revendications retenues par le comité des gilets jaunes de la métropole lilloise. Première revendication : ‘stop aux privilèges indécents des castes dirigeantes’. Puis, ‘stop aux niches et combines fiscales qui favorisent les riches’, ‘accès à la culture pour tous’, ‘augmentation du SMIC’ ou encore ‘inclusion des personnes handicapées dans tous les domaines de la société’. »

    Bref, les salades socialistes habituelles. Je ne comprends pas : ces gens-là réclament exactement la même chose que tous les gouvernements successifs leur donnent depuis des décennies, et ils en attendent un résultat différent ? C’est de la connerie terminale, ou de la saloperie profonde ? Ou, plus probablement, un peu des deux ?

    Ajoutons à cela les exactions traditionnelles (et même un peu plus) qui se produisent à chaque fois que « le peuple » s’exprime. (L’ancien avocat et dirigeant du PCF Régis de Castelnau, qui soutient le mouvement, publie un billet qui épingle ironiquement le peuple qui sent mauvais, mais il ne croit pas si bien dire.)

    Insultes et agressions physiques de journalistes, de policiers, d’homosexuels, d’automobilistes de race non blanche… En face, d’ailleurs, ça ne vaut guère mieux : braves « mères de famille conduisant leur enfant chez le médecin » qui foncent dans le tas et tuent des vieilles dames, Bretons qui sortent une machette du coffre pour passer le barrage (c’est breton, les machettes ?), routiers sympas qui tirent des coups de feu en l’air quand on se met en travers de leur chemin…

    C’est vraiment le bololo, dans s’pays.

    • Monsieur Marchenoir
      Vous connaissez très bien le Système
      Il met en avant celui ou celle qui correspond à ce qu’Il veut entendre.
      Macron et son gouvernement vont répondre qu’il faut taxer plus les classes aisées pour apaiser la « bête ».
      Le mouvement des gilets jaunes est constitué de personnes très hétéroclites et qui ont comme point commun : leur ras le bol de trop payer.
      laissez leur faire le cheminement de pensée pour prendre conscience que trop d’état =moins de liberté
      Nous sommes biberonnés au socialisme depuis 1940.
      Et maintenant nous sommes biberonnés au socialo écologisme
      Pour sortir de ce modèle, il faut un début.
      Les gilets jaunes regroupent des gens de tout horizons qui travaillent et payent des impôts et des taxes. Ils expriment tout et son contraire. Et alors défendons nos idées libérales en développant ce que ces gens ressentent inconsciemment : Que l’état est confiscatoire pour tous.
      Beaucoup prennent conscience que prendre encore plus aux « riches » n’ est pas la solution;
      La liberté fait peur pour quelqu’un qui ne l’a jamais eu .
      Taux de chômage des 18/30 ans près de 35%.
      Beaucoup vivent chez leur parent ou y retournent. Pas de vie amoureuse simple , pas d’enfant .
      Nous sommes un VRAI pays socialiste .
      Quelles sont nos valeurs? Qui sommes Nous?Pourquoi sommes nous prêts à nous battre?
      Regardez la Russie le temps qu’il faut à ce peuple pour sortir de cet univers.
      Les pays de l’EST s’en sortent car ils ont connus le manque et ont gardé leur racine. ET leur haine des russes et du communisme;
      Le mouvement Gilets Jaunes est un prémices de printemps.
      A nous, chacun à sa manière, d’aider à la formation de beaux fruits.
      Bonne journée

      • Justement, je ne le vois pas, le cheminement de pensée. Les idées libérales sont expliquées et rééxpliquées depuis des décennies. Les vices désastreux du prétendu modèle français sont démontrés et sur-démontrés tous les quatre matins depuis cinquante ans. Cela ne change rien. Vous semblez considérer que le mouvement actuel est une nouveauté, mais ce n’est pas le cas. Cela fait des décennies que des mouvements de « colère » bloquent la France, détruisent, incendient, attaquent…

        La nouveauté, ici, c’est peut-être le caractère totalement spontané du mouvement, ce qui n’est pas spécialement encourageant. Un mouvement spontané, qui détruit et qui ne sait pas ce qu’il veut (sauf des taxes pour les autres), c’est l’expression ultime du socialisme. Le socialisme est un banditisme, et on le voit très bien en Russie, où les prétextes idéologiques ont été abandonnés pour laisser intégralement la place à l’Etat mafieux.

        Contrairement à vous, je suis pessimiste lorsque j’entends tant de patrons, petits, moyens ou gros, se plaindre du poids des taxes et des réglementations, et dans le même souffle réclamer des subventions (pour eux), des taxes supplémentaires (pour les autres), et encore plus de réglementations (en leur faveur).

        Il me semble que l’inclination spontanée d’un chef d’entreprise, constatant par lui-même les conséquences désastreuses de l’étatisme, serait de réclamer son recul pour tout le monde. Eh bien ! non. Le gérant de SARL veut pourchasser l’auto-entrepreneur, l’auto-entrepreneur se plaint qu’Amazon ne soit pas taxé, l’habitant du 20e arrondissement de Paris, qui en a assez de l’invasion immigrée, se réjouit tout haut de l’ouverture d’un centre d’hébergement d’illégaux dans le 16e, « parce que c’est bien fait pour leur gueule », etc.

        Avez-vous vu des libéraux parmi les Gilets jaunes ? Il y en a peut-être, mais pour ma part je n’ai lu aucune déclaration de quiconque réclamant la baisse des impôts pour tout le monde, la baisse de la dépense publique tous azimuts (et pas seulement pour les politiciens en réduisant leur train de vie, ce qui représente des cacaouhètes), etc.

  4. c’est très difficile d’ouvrir les yeux à toute une population, gavée et anesthésiée depuis 40 ans par l’assistanat. Il va bien falloir comprendre et faire comprendre que nous ne demandons plus d’état, mais que c’est L’ETAT NOTRE PROBLEME. Mais quand tout le monde vit au dépens de tout le monde, que la redistribution est devenu un mode de gouvernance, que la clique au pouvoir est prêt à tout pour le garder et même à brader tout ce qui fait notre identité, quitte à nous faire avaler des lois débiles, des initiatives stupides. Ce pays marche sur la tête depuis fort longtemps. Le petit peuple se réveille, lentement mais sûrement.

    • Je pense que Nathalie saura trouver les nombres exacts, mais pas loin de la majorité de l’électorat dépend des subsides étatiques (fonctionnaires, retraités, contractuels divers puis assistés à divers degrés) alors, la fin de l’état providence me semble loin, très loin …

  5. Soyons tout de même un peu positifs.
    Peut-être auront-ils compris que les sacrifices imposés pour le sauvetage de la planète n’étaient pas acceptés par le bas peuple qui n’est absolument pas convaincu des moyens investis et des fumeux résultats attendus. En tout cas il va sans doute falloir argumenter très fort et revoir la copie pour continuer de nous pomper du fric et le gaspiller de façon complétement débridée dans la transition, le développement durable et tout le toutim.

    Et voila que l’imposteur en chef N Hulot saute sur l’occasion pour tenter de nous faire arbitrer entre les politiques de conservation environnementale et celles de conservation sociale.
    Aucune Mr Hulot elles sont toutes les deux ineptes !

  6. Castaner ne surprend guère, et il a de braves gens devant lui. Son prédécesseur semblait craindre des embrasements. Si de tels embrasements se déclarent dans les quartiers dits difficiles, avec un bouffon pour les éteindre, nous sommes très très mal partis.
    Darmanin parle de peste brune ayant défilé hier sur les Champs, cette équipe a un vrai problème (et leur chef en tête depuis la fête de la musique) avec le monde extérieur.

    • C’est déjà en projet : taxation spéciale Amazon, Google, Gafa, etc.

      A strictement parler, il n’est pas déraisonnable que les Etats se mettent d’accord pour que les multinationales numériques paient au moins une part normale d’impôts quelque part. Le problème, c’est qu’en France, ça devient comme toujours le fantasme du « yaka taxer les autres, et baisser mes impôts à moi ». Mais pas touche à mes « services publics », hein, et à la sinécure de ma belle-soeur qui « travaille » 30 heures par semaine à la mairie (avec 6 semaines de vacances).

  7. Pingback: Gilets jaunes : et maintenant on continue comme avant ? | Contrepoints

  8. La Suisse a une longue tradition de démocratie directe et locale (3 votations par trimestre). La fédération des cantons a un pouvoir exécutif limité, qui connait le nom du président de la fédération ? Les citoyens sont éduqués dés leur enfance à l’école pour apprendre à voter. Il y a des exercices de simulations de votes qui sont prises très au sérieux avec des prix pour les meilleures équipes.
    Et les citoyens  » de base » sont très responsables notamment lorsqu’on se met à compter les sous. Les français « de base » (ils sont peut-être même plus intelligents que les suisses) comme les suisses d’ailleurs.
    Non plus en France, nous avons un système de démocratie très différent, très jacobin (ce qui est un des pbs de l’actualité d’ailleurs), très technocratique (ENA) et avec très peu de possibilité de participation citoyenne. Quelques élections pipotées par l’idéologie, ultra personnalisées bref du grand spectacle !
    Alors il nous reste une grande tradition, les manifs, encore du spectacle. Et ça fait l’affaire du gouvernement et des médias, ça remplit des pages…les débordements des gilets jaunes de l’ultra-droite, on récupère, on instrumentalise, on agite le fantôme de 1789…bref on se fait peur comme des gamins !
    Voila où nous en sommes de la démocratie française, certes on peut facilement trouver pire mais tout de même, nous la patrie des droits de l’homme….
    Olivier Babeau a fait un travail remarquable sur ce constat « L’horreur politique. L’État contre la société » (2017), Et il fait même des propositions réalistes (car les votations pour nous c’est pas possible à moyen terme), par exemple le tirage au sort de citoyens pour participer aux 1/3 des assemblées comme les jurés au pénal par exemple, d’expérience ces citoyens prennent leur travail très au sérieux. Voila un contre-pouvoir tangible qui aurait la possibilité de faire « atterrir » concrètement nos élus et notre classe dirigeante.
    Les gilets jaunes auraient pu attaquer au Tribunal Administratif en arguant que la TICPE est détournée budgétairement et donc d’un montant supérieur à ce à quoi elle est destinée. Certes il faut du temps et de bons avocats mais voila l’exercice précis d’un contre-pouvoir et non « idéologisable ».
    Quoique Olivier Babeau ne se prive pas d’accuser le Tribunal Administratif de bien porter son nom car la République a fait en sorte qu’il protège l’Administration et pas le citoyen.
    Avant de chercher où sont les libéraux, faisons simple. Qui mesure les performance de l’Etat ? et quels sont les réels contre-pouvoirs ?

  9. Chers amis lecteurs, merci beaucoup pour vos commentaires.
    Comme beaucoup d’entre vous, je salue chez les Gilets jaunes la prise de conscience d’une pression fiscale démente. Le verre est certes à moitié plein. Mais il reste à additionner 2 et 2 : comme je le disais dans un précédent article, et si maintenant on parlait dépenses publiques ? C’est par la baisse des dépenses qu’on parviendra à réduire les impôts pour tous, ce qui restituera autant d’argent pour les diverses activités privées.
    Les annonces récentes du gouvernement (haut comité à la transition énergétique etc. ) comme la vaste majorité des témoignages des Gj ne sont cependant pas de très bon augure …

    D’où la nécessité de continuer à mettre en avant la qualité de l’orientation libérale.

    A ce sujet, je vous remercie pour vos lectures fidèles et attentives. Sachez que les 3 derniers articles ont représenté pour moi des records de lectures que je n’avais plus connus depuis très longtemps.
    Hier, date de parution de cet article, j’ai eu plus de 1000 vues au total dont 548 sur l’article.
    Mon record « ever » est une journée à 1775 vues suite à un article sur Myriam El Komri qui date de sept 2015.
    Aussi, si mes articles vous semblent intéressants, je vous invite à les partager et à les diffuser au maximum pour m’aider à me hisser à 1000 de façon plus régulière et pourquoi pas retrouver l’incroyable 1700 de mes débuts !

    Bonne soirée !

  10. Bonjour Nathalie.

    Je vous suis plus volontiers que je n’interviens, n’étant pas toujours au faîte de mes arguments tant vos billets sont d’une acuité et d »une pertinence que je salue.

    Comme le disent les précédentes interventions, il s’agit désormais d’une éruption populaire, ce qui est inédit.
    Aucune récupération politique si ce n’est un timide soutien de certains. Personne n’ose vraiment sauf ce perfide pouvoir du satrape du 55, qui s’emploie à discréditer le mouvement par quelques malhabiles et fallacieuses manœuvres qui sont son fonds de commerce.
    On laisse passer les casseurs, on déguise quelques GJ, on accuse l’extrême-droite en lieu et place des mêmes à gauche.

    Ce qui me ravit au plus au point est que notre national Jupiter, à moins d’une revirement miraculeux sous la forme d’un leurre, d’un scandale fictif ou d’une cabale organisée contre un potentiel rival, est politiquement mort.

    Devenu aussi impopulaire dans le même laps de temps que son flasque prédécesseur, il n’a aucune vergogne à dénigrer et rejeter la faute de la négligence récurrente du pouvoir envers les sans-dents, les petits, les riens (sic) sur les mandats précédents, surtout s’ils sont à droite.

    N’oublions pas que le socialisme s’arrête ou finit l’argent des autres avec lequel il est fort généreux.

    Le vice inhérent au capitalisme consiste en une répartition inégale des richesses. La vertu inhérente au socialisme consiste en une égale répartition de la misère (W.Churchill).

  11. C’est grâce à Robert Marchenoir que je découvre votre « tanière » ! Cela me plait. J’aime bien les Nathalie !
    Et puis vous annoncez la couleur : catholique whouah !
    En revanche je ne suis pas trop « économie » : une science molle pour les ânes.
    Bon ! On verra bien. Chez Bilger ça commence à devenir chichiteux ! On sent que RM y s’ennuie et pourtant ce ne sont pas les sujets qui manquent pour déclencher sa fureur

    • Merci beaucoup à Robert Marchenoir et bienvenue à vous !

      « « économie » : une science molle pour les ânes » :
      Je ne vois pas les choses comme ça 🙂 L’action de l’exécutif qu’on a élu passe par des lois, des réglementations et un budget (prélèvements obligatoires, dépenses -> déficit -> dette) qui ont atteint en France un volume inédit et exacerbé. J’observe qu’au-delà des missions régaliennes, la mainmise de l’Etat sur toutes nos activités dans ses dimensions providence, stratège, nounou et constructiviste sociétal se fait contre la responsabilité et la liberté individuelles et n’apporte pas la prospérité économique (pour faire un petit résumé rapide).
      J’attache beaucoup d’importance aux grandeurs réelles, aux faits, aux chiffres, aux mesures, car il me semble important de savoir de quoi l’on parle exactement avant d’en faire le commentaire.

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