Carburants : qui met le BOLOLO partout, M. Philippe ?

Ainsi donc, les jours de ma belle chaudière au fioul Viessmann sont comptés. C’est en tout cas l’une des nouvelles mesures que le Premier ministre Edouard Philippe a annoncées avant-hier sur RTL dans une tentative urgente et désespérée de faire retomber la colère née de la hausse des taxes sur les carburants qui risque de se concrétiser dès demain 17 novembre 2018 par des blocages routiers organisés dans toute la France par le mouvement des Gilets jaunes (vidéo complète, 23′ 47″) :

Exercice acrobatique que celui auquel s’est livré le Premier ministre. Car si les automobilistes s’agacent de voir qu’on veut leur faire payer chèrement la facture de la « transition écologique », d’autres ou les mêmes se demandent si le « pognon » ainsi prélevé sert bien les objectifs écologiques affichés.

C’est ainsi que le gouvernement ne reviendra pas sur la fiscalité des carburants, c’est ainsi qu’il va organiser la fin des chaudières au fioul afin de « libérer » les Français du pétrole – pommade pour le versant écolo de la contestation – tout en accompagnant le mouvement par des aides supplémentaires : élargissement du système d’indemnités kilométriques, aides au co-voiturage, surprime à la conversion automobile de 2 000 à 4 000 € et extension du chèque énergie en nombre et en montant (pour payer son électricité et son chauffage) – pommade pour le versant Gilets jaunes de la contestation.

Ces nouvelles aides étant par construction de nouvelles aides hâtivement bricolées pour calmer la grogne à très court terme, elles constituent en fait de nouvelles dépenses publiques non encore intégrées dans le budget 2019 (et suivants). Celui-ci étant, comme d’habitude, construit en déficit, on voit donc forcément se profiler de nouveaux impôts et de la dette.

Tout le contraire de ce qu’il faudrait faire pour sortir l’économie française de son chômage de masse et sa croissance chétive. Tout le contraire de ce qui consisterait vraiment à réformer ce pays – « qui crève de ne pas avoir été réformé » nous informe Edouard Philippe (à 20′), non sans aplomb étant donné la faiblesse des réformes engagées par son gouvernement.

Mais que valent quelques petits impôts en plus quand le défi qui nous guette, le plus grave jamais connu par les hommes depuis qu’ils vivent sur cette terre, concerne ni plus ni moins que « l’avenir de la planète et l’avenir de la vie », selon les propres mots de François Hollande en ouverture de la COP21 à Paris en décembre 2015 ? Comme le dit Edouard Philippe (à 10′ 30″), la taxation des carburants « n’est pas un plan de fiscalité, c’est un plan d’accélération d’une transformation » :

« On va progressivement faire peser sur le pétrole, et donc sur le carbone, et donc sur la pollution, une partie des prélèvements fiscaux, plutôt que sur le travail. (…) C’est un des moyens de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, contre les émissions de dioxyde de carbone, contre le réchauffement climatique. Nous n’allons pas renoncer à être à la hauteur de cet enjeu qui est considérable. » (à 01′)

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Nous devons donc nous transformer, nous devons donc changer toutes nos façons de vivre, et le plus vite possible sera le mieux, car autrement, il sera trop tard et le monde sera englouti dans les eaux impétueuses des océans ou la fournaise accablante de terres en désertification croissante. Non pas que nos voitures ou nos chaudières soient technologiquement dépassées, non pas que nous courions le risque de manquer d’énergies fossiles. Non. Simplement, un danger mortel nous menace. Nous vivions insouciants, maintenant il faut payer, il en va de la survie de la planète.

A-t-on déjà vu des politiques publiques se développer sur la base d’un tel niveau d’alarmisme prophétique ? A part dans des productions cinématographiques volontairement apocalyptiques, je ne crois pas. Et a-t-on déjà vu l’apocalypse annoncée dans une telle bouillie d’à-peu-près ?

Le Premier ministre lui-même n’hésite pas à entretenir la confusion car il associe pollution et dioxyde de carbone. Or qu’il s’agisse d’essence, de diesel ou de fioul pour les chaudières, il existe deux aspects bien différents : d’une part les émissions de produits effectivement polluants qui ont un impact négatif sur la santé respiratoire comme les particules fines, l’oxyde d’azote (NOx), le monoxyde de carbone (CO) et les hydrocarbures (HC) ; et d’autre part le dioxyde de carbone (CO2) qui n’est pas un polluant, qui n’affecte pas l’organisme, qui est essentiel à la photosynthèse et qui fait aussi que depuis quelque temps la planète reverdit.

Concernant le premier aspect, il est sérieux, il est observé, mais l’on peut dire aussi qu’il est de mieux en mieux maîtrisé. Les constructeurs automobiles perfectionnent en permanence leurs moteurs avec pour résultat que l’air que nous respirons s’améliore de jour en jour malgré des normes environnementales toujours plus sévères. Ajoutons d’ailleurs que les particules fines ne proviennent pas que des carburants mais également des freins, des pneus et des revêtements routiers (pour 41 %).

En revanche, le second aspect, celui des émission de CO2 qu’il faut limiter à tout prix pour lutter contre le catastrophique réchauffement climatique qui menace la planète, est loin d’être aussi évident. Oui, on observe un (tranquille) réchauffement de la planète ; oui, on observe un accroissement du taux de CO2 dans l’atmosphère. Et c’est tout, ajouterais-je, au risque de décevoir peut-être certains lecteurs sensibles.

Le reste, l’apocalypse promise, la disparition des ours polaires, la montée vertigineuse des océans, la disparition de la banquise, les exodes massifs pour cause de sécheresse, l’accélération des événements climatiques extrêmes – tout ceci n’existe que dans les obsessions des écologistes de combat et dans des projections dont les données plus affolantes les unes que les autres ne sont jamais vérifiées a posteriori dans les faits (voir graphique ci-dessus).

Autant les maladies respiratoires dues à la pollution existent (peut-être pas en aussi grand nombre qu’on voudrait continuer à nous le faire croire) autant on n’a jamais vu de malade, de mort ou de réfugié du réchauffement climatique. Des morts et des blessés dans des tremblements de terre ou des ouragans, oui, et sans doute plus qu’autrefois car la population mondiale a augmenté et elle tend à se montrer moins vigilante dans ses lieux d’installation. Mais des victimes du réchauffement, non.

Autrement dit, le réchauffement climatique a accédé politiquement au statut de première externalité négative du développement économique industriel alors qu’on n’a jamais vu la moindre matérialisation effective de ses dommages. Mais grâce à une pression politique et médiatique intense, tout le monde répète en boucle avec un air pénétré qu’il faut sauver la planète.

C’est donc sur cette base des plus solides, qui ne doit rien ni à la peur ni à l’anti-capitalisme primaire, et qui ne cède en rien aux minauderies paralysantes du principe de précaution, que toute politique publique est construite dorénavant.

C’est d’autant plus effrayant qu’on ne peut pas dire que l’Etat se soit montré particulièrement clairvoyant dans ses choix précédents. A une époque, il encourageait les Français à s’acheter des véhicules diesel ; aujourd’hui, il n’y en a plus que pour les « mobilités douces », les « piétonisations » et la voiture électrique dont la technologie n’est pourtant pas encore au point et dont le bilan carbone (si l’on considère que le carbone, c’est le diable) est très loin d’être nul.

Pour le patron de PSA Carlos Tavares, les pouvoirs publics se sont engouffrés dans l’électrique et ils nous l’imposent maintenant à marche forcée sans que la question ait reçu une attention scientifique suffisante.

En vertu de quoi, ma chaudière au fioul qui est assez récente et marche très bien devra être changée d’ici moins de 10 ans. Au lieu de laisser les équipements vivre leur vie et les nouvelles technologies les plus variées faire leur preuve grâce à un marché non faussé par l’idéologie écologiste mono-directionnelle, les réglementations, les aides et les subventions, l’Etat agit en fait exactement comme dans l’histoire de La vitre cassée de Frédéric Bastiat, la nouvelle réglementation sur la fin des chaudières au fioul tenant le rôle du casseur de vitre.

La conséquence, typique de l’écologie radicale, est un appauvrissement imposé global car je vais devoir acheter une nouvelle chaudière avec une somme que j’aurais pu consacrer à l’achat d’autre chose tout en conservant ma première chaudière.

C’est pourquoi, alors que que M. Philippe a réitéré la plus extrême fermeté du gouvernement à l’encontre les Gilets jaunes qui seraient tentés de mettre le « bololo », c’est-à-dire le bazar partout avec leurs blocages routiers (à 16′ 15″) – et à ce sujet, il y aurait peut-être lieu de penser à des moyens de résistance à l’Etat qui n’ont pas l’inconvénient d’enquiquiner en plus nos voisins – c’est pourquoi, donc, je me demande vraiment qui sème le « bololo » le plus complet dans la prospérité et la liberté des individus, si ce n’est l’Etat lui-même. 


Illustration de couverture : Le PM Edouard Philippe tente de faire retomber la colère des Gilets jaunes avant les blocages routiers prévus pour le 17 novembre 2018.

19 réflexions sur “Carburants : qui met le BOLOLO partout, M. Philippe ?

  1. Oui, mais vous comprenez, si vous commencez à pinailler entre le CO et le CO2, vous faites de la science bourgeoise et vous coupez les cheveux en quatre. La planète a bobo à sa nature, combien de fois faudra-t-il vous le répéter ?

    Votre chaudière au fioule, il faudra bien que vous vous en passiez, que vous le vouliez ou non. Vous n’avez qu’à vous chauffer au bois. Ah non, zut, il paraît que les gens qui brûlent du bois dans les cheminées de leurs immeubles haussmaniens à Paris sont parmi les premiers contributeurs au trouage de la couche d’ozone (ou quelque chose comme ça). Pourquoi à Paris seulement, c’est ce que je n’ai pas compris.

    D’autant que maintenant, on nous vante les propriétés écologiques des chaudières à particules de bois. Il y aurait donc le bois gentil et le bois méchant. Je m’y perds un peu, moi.

    Blague à part, ils veulent nous piquer nos bagnoles, nous interdire de rouler dans les grandes villes à moins d’être assez riches pour se payer une voiture neuve, ils veulent nous empêcher d’acheter des trucs en interdisant les sacs en plastique, et maintenant ils obligent même les gens à mettre à la poubelle leur installation de chauffage toute neuve.

    Honnêtement, celui qui ne voit pas qu’on est déjà en régime communiste, il a de la purée dans les yeux.

    Plus exactement, on est en régime poutiniste : c’est le communisme pour les riches. Celui qui a les moyens de se payer la dernière bagnole homologuée par le gouvernement, celui qui peut supporter que la précédente perde la totalité de sa valeur du jour au lendemain, parce qu’un abruti avec un beau costume aura signé un décret dans un palais de la République, celui qui a les moyen d’avoir à la fois son domicile et son emploi dans le Marais parisien, et donc trouve ça très bien qu’on lui piétonnise son quartier, celui-là, le communisme, ça lui va très bien.

    Cela étant, il faut féliciter Edouard Philippe pour un truc : avoir introduit le « bololo » dans le discours à la mode, c’est très bien, ça. Je ne sais pas si ça justifie son salaire et le marasme économique dans lequel il va nous plonger, mais « bololo », moi je dis : top.

  2. Le « bololo » remplit parfaitement son rôle, il détourne l’attention et nourrit les jacasseries des journaleux.
    C’est comme la « chienlit » du siècle dernier, mais chienlit, bien qu’inusitée, avait une existence reconnue tandis que bololo est bien représentatif de notre siècle.

  3. Difficilement défendable mais je continue à me poser la question, et cela depuis son intronisation, si le bouffon (du roi – voir les tweets récents) made in USA n’est pas le vrai sauveur de la planète. Dommage et déplorable qu’il soit en plus vulgaire, xénophobe, raciste, sexiste, unilatéraliste… et j’en passe, et ça fait beaucoup mais après tout c’est un bouffon, et l’Amérique, elle, se porte économiquement plutôt bien grâce à une « disruptive presidency ».

  4. l’usage du mot « bololo » par notre bobo de premier ministre propre sur lui et si politiquement correct est paradoxal. Se moquer ainsi de nos partenaires Tchadiens pourrait bien être assimilé à du « wacisme ».
    Un peu de tenue dans le jeu d’boules excellence!

  5. Ce qui est extraordinaire, c’est que la réponse à un raz-le-bol fiscal est une aide, qui pour être financée demandera… une nouvelle taxe.
    « Vous ne voulez pas d’une taxe ? D’accord, je vous en mettrai deux ! »

    Par ailleurs, l’aide à l’installation de fenêtres performantes est supprimée : pourtant, c’est la manière la plus efficace pour réduire la facture de chauffage et donc d’hydrocarbure. Ce n’est sans doute pas assez rentable fiscalement.

    Enfin, la guerre contre la voiture ne s’attaque pas qu’au pouvoir d’achat des conducteurs : dans les régions rurales vivant en bonne partie du tourisme (zones de montagne, Lot, Dordogne, Bourgogne, etc…), la voiture est indispensable à l’activité. C’est toute une activité vitale pour ces régions qui est ainsi menacée.

    RCA, que de crimes on commet en ton nom !

  6. Les casse-couilles de service ne savent plus quoi trouver pour nous rendre la vie imposssible :

    « Une députée LREM de l’Hérault a récemment déposé une proposition de loi pour interdire l’impression systématique de tickets de caisse. Le texte de Patricia Mirallès, cosigné par 36 députés, a été transmis pour examen à la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire. »

    « La députée a interrogé les commerçants de sa circonscription. D’après elle, une boulangerie va consommer six rouleaux de 80 m de long et 8 cm de large par mois. Soit 5,7 km de papier par an. Pour un tabac, il faut compter 29 km de papier chaque année. Et 848 km pour un hypermarché consommant 10 600 rouleaux. Or ces papiers, jetés individuellement à la corbeille, sont trop petits pour être recyclés. »

    Donc les chaudières… les voitures… la vaisselle en plastique… les sacs en plastique… les tickets de caisse… et la connerie, on l’interdit quand ? Les députés qui ont le temps de calculer qu’une boulangerie consomme 5,7 kilomètres de tickets de caisse par an, on les supprime quand ? Les fonctionnaires en trop, on les vire quand ?

  7. Je ne sais pas si vous étiez à l’écoute de l’émission radiophonique de RTL,où Philippe a débité ses chiffres et ses solutions avec la chaleur mécanique d’un robot,mais je l’ai trouvé gêné aux entournures,mal à l’aise et bien médiocre pour tout dire 🙂
    Et toujours avec la bonne conscience obstinée des autistes,droits dans leurs bottes,qui ne lâchent rien.

    Avec l’excentricité du terme Bololo,en manoeuvre de diversion pour permettre aux imbéciles de suivre le doigt plutôt que la lune et aux journalistes de se jeter sur un os à ronger.

    De Gaulle et sa « chienlit » et son « quarteron de généraux félons »;Chirac et son « Pschiit » et « abracadabrantesque »;Macron enfin avec « bibi »….Philippe n’a rien inventé.

    • ha, cette histoire du doigt et de la lune….
      chaque fois qu’on me la ressort, je ne puis m’empêcher de penser que c’est pour éviter de voir de quel trou fangeux sort le doigt , précisément
      et ça fait raccord avec le reste , lune, trou fangeux, doigt, vous m’avez compris

  8. Bonjour,
    je suis plus que d’accord lorsqu’il est écrit : « a-t-on déjà vu l’apocalypse annoncée dans une telle bouillie d’à-peu-près ? » ou « qui sème le « bololo » le plus complet dans la prospérité et la liberté des individus, si ce n’est l’Etat lui-même » … Nous avons les « pieds Nickelés » qui se sont emparés du gouvernement ! Forton serait fier 🙂 ou pas …
    Par contre je ne suis pas d’accord avec l’affirmation du fait que « Les constructeurs automobiles perfectionnent en permanence leurs moteurs avec pour résultat que l’air que nous respirons s’améliore de jour en jour malgré des normes environnementales toujours plus sévères » …
    C’est ce que l’on veut nous faire croire, mais il ne s’agit que de systèmes « pis-allers » et de pollution déportée ou décalée (dans le temps et l’espace). Par exemple, 6 litres de carburant pour faire 100 km avec un véhicule récent polluera autant que 6 litres pour 100 km avec un véhicule de 25 ans (dixit Lavoisier/Anaxagore).

  9. Monsieur le Premier Ministre ne semblait pas particulièrement affolé de son emprunte carbone lorsqu’il affréta un A340 pour revenir du Japon, tout ca pour une histoire de 3 heures, et assurer la continuité du pouvoir (boarf mdr, c’est pas le président du sénat qui remplace le président en cas de problème ?), obligeant ainsi l’avion du GLAM de rentrer à vide.
    PS: C’est quoi « bololo » (beau lolo ?) ? Le discours des dirigeants tombent au niveau maternelle ? Trop difficile d’appeler les choses par leur nom ??

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