Remaniement : et pourquoi pas Aurore BergĂ© ? 😉

Info du 22 juin 2022 : Au moins une Ă©lue satisfaite chez les macronistes ! Aurore BergĂ© vient d’ĂȘtre Ă©lue prĂ©sidente du groupe Renaissance (ex-LREM) Ă  l’AssemblĂ©e. Portrait (Replay) :

Le printemps d’Emmanuel Macron s’est fracassĂ© sur un Ă©tĂ© meurtrier et winter is coming Ă  vive allure. Hagard et dĂ©boussolĂ© par de multiples cafouillages et des dĂ©fections en sĂ©rie, le PrĂ©sident affirme qu’il garde le « cap » et que rien ne le distraira de sa dĂ©termination Ă  rĂ©former le pays. Mais rien n’y fait, les Français se dĂ©robent. À croire mĂȘme que chaque nouvelle tentative d’Emmanuel Macron pour remonter la pente l’enfonce un peu plus.

DĂ©jĂ  l’automne, et les difficultĂ©s persistent. La colĂšre gronde chez les retraitĂ©s, les Ă©tudiants, les travailleurs. RĂ©sumons : chez tout le monde, ou pas loin, et jusque dans les rangs des ministres encore en poste. Il se murmure qu’ils cogitent maintenant sur la meilleure façon de se refaire une virginitĂ© Ă©purĂ©e de tout macronisme ostensible en vue des municipales de 2020.

Quant aux dĂ©putĂ©s LREM, ces citoyens de tous horizons tombĂ©s sous le charme tĂ©lĂ©vangĂ©lique du printemps macronien et impatients de faire de la politique « autrement », certains quittent bruyamment le navire et font savoir par voie de presse tout le mal qu’ils pensent du parti prĂ©sidentiel tandis que d’autres exposent publiquement et hargneusement leurs diffĂ©rends idĂ©ologiques sur Twitter.

Pour couronner le tout, les syndicats d’extrĂȘme-gauche ont trouvĂ© une excellente occasion de se refaire une santĂ© dans les remous de l’affaire Benalla. Les grĂšves du printemps contre la rĂ©forme de la SNCF n’ont rien donnĂ©, mais la sacro-sainte « convergence des luttes » est Ă  nouveau d’actualitĂ©, alimentĂ©e par les couacs de Parcoursup, la grogne des retraitĂ©s et les sombres perspectives de la rĂ©forme de la fonction publique et de l’indemnisation du chĂŽmage.

Alors qu’une journĂ©e d’action syndicale presque parfaitement unitaire est prĂ©vue pour mardi 9 octobre prochain, on s’attend Ă©galement Ă  tout moment Ă  un remaniement ministĂ©riel rendu inĂ©luctable par l’invraisemblable psychodrame du vrai-faux-vrai dĂ©part de GĂ©rard Collomb du ministĂšre de l’IntĂ©rieur. InĂ©luctable, mais moche : un mini remaniement a dĂ©jĂ  eu lieu il y a un mois, aprĂšs la dĂ©mission aussi spectaculaire qu’inattendue de Nicolas Hulot de son poste de ministre de l’Ă©cologie ; et il faut dĂ©jĂ  s’y remettre…

L’erreur n’est plus permise. Il est donc question de repenser l’intĂ©gralitĂ© du casting. Au-delĂ  du remplacement de Collomb, certains ministres « fatiguĂ©s » ou trop « fragiles » pour suivre le rythme macronien pourraient quitter le gouvernement. De ce fait, tous les subtiles dosages entre gauche et droite, hommes et femmes, monde politique vs sociĂ©tĂ© civile, personnalitĂ© mĂ©diatique vs profil d’expert sont Ă  revoir.

C’est lĂ  que j’aimerais faire une suggestion Ă  MM. Macron et Philippe : Et pourquoi pas Aurore BergĂ© ? À regarder son CV de prĂšs, elle a tout ce qu’on attend d’un ministre du nouveau monde.

Il faut lui reconnaĂźtre un premier talent trĂšs apprĂ©ciable en ces pĂ©riodes de paritĂ© mĂ©ticuleuse. En plus d’ĂȘtre jeune (32 ans), Aurore BergĂ© est une femme. À lire la presse, on nous parle beaucoup de Darmanin, Castaner, Le Drian, François Mollins ou FrĂ©dĂ©ric PĂ©chenard pour remplacer Collomb ; on nous parle de Bruno Julliard Ă  la culture ou dans un secrĂ©tariat d’Etat Ă  la jeunesse ; on nous parle de Marc Fesneau Ă  l’agriculture, histoire de se rabibocher avec le Modem. Tous ces noms manquent cruellement et inexplicablement de fĂ©minitĂ©.

Ensuite, alors que Macron a perdu un fidĂšle de la premiĂšre heure en la personne de GĂ©rard Collomb, il pourrait compter sur une adoratrice d’autant plus dĂ©vouĂ©e qu’elle n’est pas arrivĂ©e au macronisme sur un coup de tĂȘte ou une inspiration soudaine. Non, son ralliement au futur PrĂ©sident a Ă©tĂ© longuement mĂ»ri et rĂ©flĂ©chi.

Venue de l’UMP, engagĂ©e d’abord auprĂšs de NKM pour la primaire de droite, elle se retrouve dans l’organigramme d’Alain JuppĂ© puis rejoint finalement DroiteLib, le mouvement fondĂ© par Virginie Calmels en soutien au vainqueur de la primaire, François Fillon. Les ennuis de ce dernier Ă  propos des emplois de sa femme agissent sur elle comme une rĂ©vĂ©lation : Macron est tout ce qu’elle a toujours cherchĂ© en politique sans jamais le trouver auparavant.

Aurore BergĂ© est d’ailleurs l’expression vivante du dĂ©passement des clivages. DĂ©jĂ  en 2013, alors qu’elle faisait campagne pour dĂ©crocher (sans succĂšs) la mairie de Magny-les-Hameaux dans les Yvelines, l’Obs voyait en elle « la candidate UMP qui a tout pour plaire Ă  la gauche ». Une caractĂ©ristique qui la suivra jusque dans sa vie privĂ©e : en tant que femme de droite, n’a-t-elle pas Ă©pousĂ© un homme de gauche, le socialiste Nicolas Bays ? Une situation dont elle a immĂ©diatement perçu le potentiel mĂ©diatique et qu’elle n’a jamais hĂ©sitĂ© Ă  mettre en avant pour faire la preuve de sa large disponibilitĂ© politique.

Devenue dĂ©putĂ©e des Yvelines et porte-parole du groupe LREM Ă  l’AssemblĂ©e nationale en juin 2017 dans la foulĂ©e de l’Ă©lection de son idole, elle a rapidement mis toute son Ă©nergie au service des droits du Parlement. C’est ainsi que fidĂšle Ă  son engagement de dĂ©passer tous les clivages, elle milite activement pour avoir … des chats Ă  l’AssemblĂ©e !

En tant que membre de la Commission des Affaires culturelles et de l’Éducation de l’AssemblĂ©e, elle sait faire preuve du pluralisme culturel le plus Ă©largi. La vive Ă©motion suscitĂ©e par le dĂ©cĂšs de Johnny Halliday ne lui imposa-t-elle pas irrĂ©sistiblement la comparaison avec les obsĂšques de Victor Hugo ?

Elle est Ă©galement l’auteur – que dis-je, l’auteure avec e – d’un livre de recettes rapport sur l’Ă©cole dans lequel elle prĂ©conise de rehausser notre Education nationale au niveau des pays les plus performants au travers de « prĂ©textes inclusifs » et de « rituels positifs » comme la « semaine du goĂ»t » qui permettrait à « chaque parent d’apporter une spĂ©cialitĂ© culinaire de son pays ». 

Mais surtout, et c’est sa grande force tant cela tranche sur la technocratie prĂ©tentieuse de ses collĂšgues masculins, Aurore BergĂ© ne se comporte en aucun cas en madame « Je sais tout ». Personne ne pourra l’accuser de vouloir en mettre plein la vue aux Ă©lecteurs ou aux tĂ©lĂ©spectateurs.

Prenons son tout rĂ©cent rapport sur l’audiovisuel public Ă  l’Ăšre du numĂ©rique dans lequel elle recommande d’Ă©tendre la redevance TV Ă  tous les Français, qu’ils possĂšdent ou non un tĂ©lĂ©viseur. Jeudi dernier sur RTL (vidĂ©o ci-dessous, 11′ 34″), elle n’a pas cherchĂ© Ă  masquer qu’elle ignorait totalement combien de foyers la payaient aujourd’hui (Ă  04′ 45″) :

Ce qu’elle sait, en revanche, c’est que la mesure rapportera 100 millions d’euros supplĂ©mentaires et qu’il est parfaitement normal que tout le monde paye. Non seulement parce que les programmes de Radio France et France TĂ©lĂ© sont disponibles aussi sur tablettes et smartphones, mais Ă©galement parce que :

« La tĂ©lĂ©vision publique, la radio publique, c’est un service public, et donc il y a une logique et une cohĂ©rence Ă  ce que tout le monde contribue au service public. » (Ă  03′ 50″)

À terme, l’ambition serait que la publicitĂ© disparaisse complĂštement de l’audiovisuel public :

« La logique, c’est que l’audiovisuel public n’ait pas Ă  dĂ©pendre de la publicitĂ© et donc aussi de la contrainte d’audience que cela suppose. »

.
Nous y voilĂ  ! La contrainte d’audience, quel ennui ! PlutĂŽt augmenter les impĂŽts de tous les Français, c’est-Ă -dire s’assurer un financement universel obligatoire sous les dehors aimables du « service public », de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, de l’exception culturelle française, du soutien Ă  la crĂ©ation, de la solidaritĂ© avec les intermittents du spectacle et que sais-je encore, et continuer Ă  « informer » et « distraire » avec la bĂ©nĂ©diction de l’État sans se prĂ©occuper des prĂ©fĂ©rences des premiers intĂ©ressĂ©s et payeurs, Ă  savoir les contribuables.

Je crois qu’Ă  ce stade Ă©minemment socialiste de comprĂ©hension Ă©conomique et de respect des libertĂ©s individuelles en matiĂšre d’information et de divertissement, Aurore BergĂ© a montrĂ© qu’elle passait haut la main le test d’entrĂ©e dans un gouvernement Macron Philippe. Bruno Le Maire n’a qu’Ă  bien se tenir, la concurrence s’annonce rudissime !

Alors que François Hollande se gausse ouvertement des difficultĂ©s de son ancien collaborateur et ministre, j’invite donc le PrĂ©sident de la RĂ©publique Ă  faire la preuve qu’il est tout aussi capable que son prĂ©dĂ©cesseur d’intĂ©grer dans son gouvernement des personnalitĂ©s fĂ©minines du calibre, rĂ©putĂ© Ă  tort indĂ©passable, de SĂ©golĂšne Royal.


Plus sur Aurore BergĂ© : « Les recettes d’Aurore BergĂ© pour l’école : cuculinaires ! » (4 fĂ©vrier 2018) et « Aurore BergĂ© : du CUCULinaire au CUCULturel ! » (21 fĂ©vrier 2020).


Illustration de couverture : Aurore Bergé, Députée LREM des Yvelines. Photo : site internet auroreberge.fr.

24 réflexions sur “Remaniement : et pourquoi pas Aurore BergĂ© ? 😉

  1. Ouf ! J’ai eu peur, car il m’a fallu un moment pur sentir la montĂ©e en puissance de l’ironie qui finit en cynisme dĂ©vastateur (tout ce que j’aime !).
    Merci pour ce moment, une vraie photographie de la macronie en pleine désillusion.

  2. Le dĂ©but de votre billet m’a fait vraiment peur (malgrĂ© l’Ă©moticon que je n’avais pas remarquĂ©).
    La fin m’a rassurĂ©, l’Ă©vocation de NKM m’a enchantĂ©.
    Aurore BergĂ© Ă  quand mĂȘme une grande qualitĂ©, son parfait maniement de la « langue de bois » qui devrait lui ouvrir une longue et fructueuse carriĂšre !

  3. C’est pas gentil. Normalement, la solidaritĂ© propre Ă  la sororitude aurait dĂ» vous empĂȘcher de commettre cette offense Ă  la fĂ©minitude. Vous ne seriez pas un sous-marin au service du patriarcat, par hasard ?

  4. Et aprĂšs ça, comment voulez-vous qu’on soit fĂ©ministe, dĂ©fenseur de la paritĂ© ? avec des tĂȘtes de gondoles comme elle, NKM, SĂ©golĂšne, Marisol, Clem’ Autain, Karine , l’autre Berger, ValĂ©rie P, Marine LP, Nadine M … Des illuminĂ©es, toutes, persuadĂ©es, parce qu’elles ont fait quelques Ă©tudes, rĂ©ussi quelques concours, d’ĂȘtre dĂ©tentrices dĂ©tenteures de LA VĂ©ritĂ© !
    Ces femmes sont autant de plaidoyers pour revenir Ă  l’Ă©poque bĂ©nie de la femme au foyer sous tutelle de son mari ! 😉

  5. Merci pour votre paragraphe qui dĂ©bute par « Nous y voilĂ  ! La contrainte d’audience, quel ennui ! … » etc. C’est exactement ça, et on l’observe en particulier dans le domaine des mĂ©dias et de la culture subventionnĂ©s par le contribuable. Je me souviens avoir lu je ne sais plus oĂč les mots d’un thĂ©Ăątreux expliquant pourquoi le thĂ©Ăątre dit public en France n’avait pas Ă  se soucier du taux de remplissage de ses salles et ce, d’autant plus que ce taux de remplissage prendrait soin d’exclure de la mesure les spectateurs n’ayant pas eu Ă  payer pour telle ou telle raison (invitĂ©s, presse, etc.). Partout oĂč l’argent du contribuable soutient la production d’Ɠuvres d’artistes contemporains (et c’est la mĂȘme chose dans l’audiovisuel public), il y a pour ceux qui en profitent cette condition implicite du type « Merci, cher contribuable, pour ton argent. Maintenant qu’on l’a obtenu, on en fait ce que l’on veut. Circulez y’a rien Ă  voir ! »

  6. « Et pourquoi pas Aurore BergĂ© ? » ….???
    Ha, non pas ça !!!
    Aurait-on fait quelque chose de trÚs trÚs mal, pour mériter ça ?
    Le bon dieu nous infligerait ce supplice, comme sentence, pour expier nos fĂŽtes ?
    Il n’aurait donc aucune pitiĂ©, … pour les pauvres pĂ©cheurs que nous sommes …
    Mais, il veut notre anĂ©antissement !…

    Sinon, s’agissant de la maladie mentale de l’intĂ©ressĂ©e, concernant sa frĂ©nĂ©sie taxatoire, elle est bien la preuve vivante qu’il y a des socialistes de droite …Les LR vont devoir se mettre en quarantaine, seul espoir qui leur reste pour cerner la contamination …

  7. Fillon prĂ©sident, elle eut Ă©tĂ© filloniste. Macron Ă©tant passĂ©, elle est macroniste. Bref une colonne vertĂ©brale qu’un mollusque. La donna Ăš mobile dit le duc de Mantoue dans l’opĂ©ra de Verdi. Toutes, non, Aurore, oui.

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