Malbouffe : encore un petit tour de manège de l’anticapitalisme

Depuis le temps que le célèbre José Bové nous régale de happenings musclés contre les restaurants McDonald’s (1999) et les OGM de Monsanto (2008), on aurait pu croire que la « malbouffe » était enfin de l’histoire ancienne. Mais pour le député de la France Insoumise Loïc Prud’homme, le contenu de nos assiettes est encore aujourd’hui une attaque caractérisée contre notre santé et les règles les plus élémentaires du savoir-vivrensemble social et solidaire. Bien décidé à sauver l’humanité des griffes d’industriels ivres de profits, il préconise contraintes et rétorsions dans un rapport parlementaire publié mercredi 26 septembre dernier.

Lors de sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait suscité beaucoup d’espoir chez les anticapitalistes car il avait évoqué la mise en place d’un « prix juste » pour rétribuer les agriculteurs et les éleveurs, c’est-à-dire une fixation administrativo-idéologique des prix en dehors de toute réalité de marché, et il avait aussi évoqué la possibilité d’une interdiction du glyphosate d’ici trois ans.

Espoirs vite douchés car dans la loi « agriculture et alimentation » qui passe au Sénat actuellement, ce dernier point n’a pas été voté par les députés (heureusement !) et les prix ont été laissés à l’appréciation des parties. Seul petit motif de satisfaction pour nos écologistes de combat, le bio, le local et le végétarien entrent dans les cantines.

Mais tout ceci est très timide. En fait, si vous interrogez Loïc Prud’homme, homme effectivement prudent à l’extrême pour ne pas dire à l’extrême-gauche, la loi alimentation est une « coquille vide » qu’il convient de garnir au plus vite face à « l’urgence absolue » de santé publique que représente l’alimentation actuelle des Français.

Et là, vous allez rire tellement c’est caricatural, consternant et convenu, mais imaginez-vous que parmi toutes ses propositions, il recommande bien évidemment la création d’un énième bidule bureaucratique inutile et coûteux : alors qu’il existe déjà une Direction générale de l’alimentation (DGAL) au sein du ministère de l’agriculture, on ne saurait se passer dorénavant d’un « Secrétariat général à l’alimentation » dont la mission serait de veiller à l’application des nouvelles normes édictées et de distribuer les claques aux récalcitrants. On sent déjà qu’on digère mieux !

Mais écoutons Loïc Prud’homme faire lui-même la présentation de son rapport qui, après 6 mois de travail et 40 auditions – c’est du sérieux ! – s’attaque principalement aux additifs alimentaires, aux taux de sucre et de sel, aux allégations nutritionnelles véhiculées par la publicité et à la publicité en direction des enfants, avec l’idée d’abandonner le principe de l’engagement volontaire des acteurs pour aller directement à la contrainte (vidéo, 10′ 35″) :

Prenez les additifs. A croire que les 338 autorisés actuellement ont pris rang de créatures étranges et diaboliques qui auraient jeté leur emprise maléfique sur notre alimentation au point qu’il faudrait absolument l’exorciser :

« Ça pose un problème parce que c’est une utilisation massive d’additifs, plus de 350 aujourd’hui autorisés, et surtout avec des effets cocktails, puisque plusieurs additifs sont utilisés en même temps, des effets cocktails qui ne sont absolument pas mesurés aujourd’hui. »

On nage en plein obscurantisme : Loïc Prud’homme met en cause des « effets cocktails qui ne sont pas mesurés aujourd’hui » mais du haut de cette ignorance qui consiste surtout à agiter des peurs, il n’hésite pas à demander l’interdiction de la plupart d’entre eux pour ne garder que les 48 additifs autorisés également en agriculture biologique.

A vrai dire, même ces derniers ne sont pas exempts de tout reproche. Parmi eux, les sels nitrités sont dans le collimateur de Loïc Prud’homme et des écologistes. Très utilisés en charcuterie pour éviter des intoxications alimentaires dangereuses comme le botulisme, la listériose ou la salmonellose, ils sont accusés d’augmenter le risque de cancer colorectal.

L’agence cancer de l’OMS ayant classé en 2015 la charcuterie (dite aussi viande transformée) dans la catégorie des agents « cancérogènes pour l’homme » (groupe 1) comme le tabac, il n’en fallait pas plus pour lancer la chasse aux sels nitrités.

Pourtant, les effets nocifs de l’un et l’autre sont sans comparaison. Le tabac est responsable de 19 % des cancers dans le monde (et 86 % des cancers du poumon) tandis que la charcuterie et la viande rouge (classée en catégorie 2A « probablement cancérogène pour l’homme ») comptent pour 3 % des cancers mondiaux (et 21 % des cancers colorectaux). Quant à la charcuterie, elle ne compte que pour 11 % des sels nitrités qui passent par notre organisme.

Dans son avis de classement, l’OMS fait d’ailleurs remarquer que :

“Pour un individu, le risque de développer un cancer colorectal en raison de sa consommation de viande transformée reste faible, mais ce risque augmente avec la quantité de viande consommée.”

Or les consommations françaises de charcuterie et de viande rouge sont en dessous des seuils recommandés par l’OMS. Elles sont d’ailleurs en baisse depuis plusieurs années, ce qui n’est pas pour faciliter la vie de la filière, des éleveurs aux industriels. Les sommations successives sur les nitrites, le bien-être animal et l’impact environnemental pèsent sur les entreprises charcutières qui sont de plus en plus nombreuses à se trouver en difficulté.

Cela ne les a pas empêché de répondre à la demande sociétale de « naturalité » des produits. Herta et Fleury Michon ont développé des lignes de jambon sans nitrite (recette secrète mais résultats validés par UFC-Que choisir) et lorsque cet additif est utilisé, ils s’engagent sur des doses inférieures aux seuils limites de l’Union européenne (120 mg par kilogramme de produits finis contre 150 mg autorisés).

Comme le dit le président de Nestlé France Richard Girardot, et contrairement à ce que prétend le député insoumis avec une totale mauvaise foi, les industriels de l’agro-alimentaire n’ont « pas attendu qu’il y ait six mois de travail des députés pour agir » :

« Dans les 10 dernières années, on a baissé de 30% le taux de sucre dans les produits à base de sucre, en particulier la confiserie. De même, dans les produits qui contiennent du sel, on a baissé les quantités de 20%. »

Il signale également que si la profession va tout faire pour continuer à limiter les additifs, il ne faut pas s’attendre à ce que les produits aient la même durée de vie.

Je crains cependant que malgré tous leurs efforts, les entrepreneurs n’obtiennent jamais gain de cause. Car la lutte contre la malbouffe n’est que le faux nez d’une lutte beaucoup plus vaste : la lutte anti-capitaliste, anti-mondialiste, anti-croissance et finalement anti-développement et anti-sortie de la pauvreté que l’extrême-gauche mène depuis toujours au nom d’un prétendu humanisme qu’on n’a jamais vu à l’oeuvre quand de telles théories ont été mises en pratique.

Ecoutez Loïc Prud’homme à la fin de sa vidéo :

« Moi, je me tiens à votre disposition pour venir vous parler d’alimentation industrielle et comment en sortir. »

Voilà l’objectif véritable enfin exprimé : sortir de la production industrielle. Et pourquoi ne pas revenir carrément à de petites productions locales, quasiment vivrières et incontestablement peu aidées par l’agro-chimie comme on en avait avant 1914 ? Sachant qu’à cette époque dorée, 15 % des décès étaient dus à des intoxications alimentaires qui n’existent pratiquement plus(*) aujourd’hui.

On mesure l’absolue incohérence du député Prud’homme et ses amis quand on voit ensuite qu’ils prévoient – à titre de petit complément du plan pauvreté qui coûtera déjà 8 milliards d’euros ? – d’octroyer une aide financière aux familles pauvres afin de leur permettre de se nourrir conformément à leurs recommandations.

Il est certain que si les entreprises charcutières font faillite sous le coups des contraintes toujours plus nombreuses qu’on leur impose et que si l’on sort de l’alimentation industrielle, on risque assez rapidement de se retrouver avec des prix en forte hausse. De plus, on voit mal qui pourrait donner des emplois aux pauvres et aux chômeurs si les industries disparaissent.

Conséquence inévitable, la pauvreté augmentera, alors que c’est précisément la généralisation du mode de production capitaliste mondialisé qui a permis à des millions de personnes sur la planète de sortir de la pauvreté.

Personne ne nie la nécessité de se nourrir sainement pour bien vivre. L’homme étant réputé omnivore, la meilleure méthode consiste encore à diversifier son alimentation et à éviter les excès. Ecumer les AMAP pour trouver la carotte super-bio, surveiller la composition des aliments au milligramme près, flasher tous les produits avec son appli Yuka, tout ceci est certainement excellent. Mais à regarder de près les chiffres du cancer, la seule chose qui pourrait changer significativement le cours de notre santé serait plutôt d’arrêter  de fumer.

Dès lors, le combat acharné des écologistes et de la France Insoumise contre la « malbouffe » et les additifs ressemble à s’y méprendre à leur bataille contre le glyphosate : aucune base scientifique sérieuse ne permet d’écarter ces produits, mais peu importe car le véritable objectif consiste à porter un coup fatal au développement économique capitaliste, quitte à attiser les peurs, diaboliser des industriels dépeints comme criminellement avides de profits, et entraîner toute la société dans une spirale de pénurie et d’appauvrissement.


(*) Ironiquement, la dernière affaire d’importance (48 décès) concerne l’agriculture biologique.


Illustration de couverture : Le rapport sur la « malbouffe » initié par la France Insoumise a été présenté mercredi 25 septembre 2018.

23 réflexions sur “Malbouffe : encore un petit tour de manège de l’anticapitalisme

  1. Pour être tout à fait de bonne foi,,ne pourrait-on pas dire que :
    1/ les industriels de l’agro-alimentaire ont amélioré la qualité de leur production sous la pression d’une opinion publique informée ?
    2/ Face à la puissance de sociétés industrielles utilisant des armes de destruction massive que sont le marketing, la, publicité, le,packaging, il n’est pas complètement inutile de voir émerger quelques contre-pouvoirs ayant les moyens d’analyser le contenu de nos assiettes ?
    Je ne suis ni une écolo intégriste ni une anti-capitaliste primaire et je reste persuadée que le libéralisme est le moyen le plus efficace pour sortir de la pauvreté. En revanche, je ne fais pas une confiance absolue au sens de l’intérêt général et à l’éthique spontané des industriels dont l’objectif n°1 est de faire du profit, ce qui est effectivement leur mission. La confiance n’exclut pas le contrôle….

    • L’objectif numéro 1 des industriels de l’agro-alimentaire est de satisfaire les consommateurs. Le profit est une conséquence recherchée, bien entendu. Si le consommateur exige du jambon à la poudre de perlimpimpin car il est persuadé que c’est bon pour sa santé, les industriels répondront à la demande. Il seront même ravis de proposer du jambon avec un prix légèrement supérieur à celui du jambon sans poudre de perlimpimpin…

      Tant que tout cela se déroule librement, tout va bien: l’industriel décide librement de ce qu’il produit (dans le respect des normes sanitaires); le consommateur décide librement de ce qu’il achète. Les organismes de contrôle sanitaire et les associations de consommateur supervisent, contrôlent, vérifient, bref jouent leur rôle.

      Mais là où cela ne va plus c’est lorsque certains prétendent savoir mieux que tout le monde ce qui est bon pour le consommateur et ce mettent à édicter des normes sanitaires contraignantes qui ne reposent sur rien d’autre que des peurs, des croyances ou de la pseudo-science. Le lobby du bio est très fort pour ça…

  2. Le sel nitrité a un autre avantage, il rend les produits roses. Si vous cuisez vous même un jambon, il va être gris, alors que si vous remplacez le sel ordinaire par du sel nitrité il va être rose. Il en va de même pour les pâtés et autres charcuteries. Si un vendeur propose des tranches de jambon grises, jamais il ne les vendra. C’est aussi ce produit qui rend le petit salé rose. Parmi les additifs incriminés, il y en a qui sont parfaitement naturels, mais il vaut mieux embrouiller tout le monde.

  3. Que les gens soient informés et qu’ils se dirigent vers des aliments qui leurs paraissent les meilleurs, les industriels et la grande distribution et même les fast-foods, ont largement démontré qu’ils savent s’adapter pour leurs meilleurs profits.
    Tout va pour le mieux sauf à partir du moment où certains se sentent obligés d’y introduire une idéologie quelle qu’elle soit. C’est fou comme ils ont la stupidité de ne pas s’apercevoir comment du coup ils se décrédibilisent complètement.
    L’intervention de l’Etat est encore là parfaitement inutile et nous payons bien sûr cette prestation inutile !
    Et toutefois je garde ma liberté de fumer un cigare de temps en temps et de ne jamais aller dans les fast-foods.

  4. Merci beaucoup pour vos commentaires !

    Il est bien sûr excellent que chacun puisse accéder à une bonne information pour se faire une opinion. Le débat public sur les plus et les moins des produits alimentaires existe déjà grâce aux associations de consommateurs, associations de producteurs, nutritionnistes, plus récemment grâce à l’appli Yuka qui applique les données de Nutriscore (lesquelles sont apparemment un peu datées et donnent un bonus automatique pour le bio) etc.
    Encore faudrait-il éliminer l’idéologie de l’équation et s’en tenir à la science. Ce n’est pas vraiment la position de M. Prud’homme, de la plupart des écologistes et de la fameuse émission Cash Investigation qui veulent distribuer leurs bons d’autorisation et d’interdiction en fonction de leurs a priori car ils ont un agenda anticapitaliste derrière la tête.
    Comme le dit fm06, le consommateur exerce un contrôle des plus efficaces.

    Il est à noter aussi que tant Yuka que les propositions de la FI s’attaquent à la composition de produits pris un par un. Mais c’est l’ensemble du régime alimentaire qu’il faut considérer, ainsi que le métabolisme de la personne et sa plus ou moins grande sédentarité. Un McDo de temps en temps n’a jamais fait de mal à personne. Uniquement des McDo du matin au soir, avec la sédentarité qu’on connaît, c’est probablement excessif et le simple bon sens devrait rendre ce point évident.
    Sur le plan de la sensibilisation/éducation, qui ignore encore qu’il faut « manger, bouger », qui ignore que certains produits sont « à consommer avec modération » ? Qui ignore encore qu’il faut « manger 5 fruits et légumes par jour » ?
    Faut-il supprimer McDo pour tout le monde parce que certaines personnes ne font pas l’effort de la diversité alimentaire ?
    (PS : je me permets de renvoyer à mon article sur les 6 McDos de Marseille où le son de cloche est devenu tout différent depuis qu’il est question de les vendre. Même Mélenchon et la Confédération paysanne veulent les garder ! Chez McDo, le plus indigeste, et de loin, ce sont les syndicats !)
    Faut-il interdire le tabac et priver Tino du plaisir d’un cigare de temps en temps parce que d’autres personnes fument trop ?

    De plus, sur la teneur en sel ou en sucre, qui va aller surveiller l’usage de la salière et de la sucrière qui est fait à la maison ? Qui va aller contrôler le nombre de morceaux de sucre dans le café ? On voit l’absurde. Plutôt informer sereinement et de façon diversifiée (pas seulement radio Loïc Prud’homme, pas seulement une entité étatique qui a tous les pouvoirs), responsabiliser et laisser les gens assumer leurs choix qu’interdire.

    « Les armes de destruction massive que sont le marketing, la publicité, le packaging » n’ont jamais obligé quiconque à acheter quoi que ce soit. On considère trop que les gens sont incapables de libre choix et on les enferme dans une pensée assistée qui pour le coup devient débilitante.

    Et enfin, à propos de la couleur rose du jambon, j’ai lu dans la presse des professionnels de la charcuterie que si la couleur était la seule motivation de l’utilisation des sels nitrités, il suffirait de 30 à 40 mg par kg de produit fini. C’est bien l’objectif de protection sanitaire qui exige plus.

  5. Et le marketing inventa le beurre salé allégé en sel….j’ai découvert cette merveille sous la marque Paysan Breton.
    Personne n’a ri lors de la prise de décision de lancer ce produit ?
    Plus personne n’ose rire ?

  6. Bonjour Nathalie, je suis surpris de voir que vous ne faites aucun lien entre l’alimentation industrielle et les épidémies d’obésité, de maladies cardio-vasculaires, de diabète, de cancer, etc… qui touchent le monde entier. Les études qui le montrent sont maintenant nombreuses. Pour une introduction sur le sujet, voir: https://www.youtube.com/watch?v=r3oxYN_Uwlk
    A défaut de règlementer, peut-être faudrait-il commencer par informer correctement. Cela permettrait entre autres de diminuer de façon significative les dépenses de santé. Mais industries agro-alimentaires et pharmaceutiques ont des intérêts croisés qui font pression pour nous laisser dans l’ignorance de la façon dont notre corps fonctionne.
    Il n’est pas pour autant nécessaire me semble-t-il d’accréditer la thèse que la nourriture industrielle est bonne pour l’homme…

      • Nous sommes vraisemblablement la première génération dont l’espérance de vie sera inférieure à celle de nos parents. Avec de fortes chances de finir notre vie diabétiques, ou Alzheimer (diabète de type III ?). Je crains que votre argument ne soit pas aussi pertinent que vous semblez le penser…

    • @Pierre: tout d’abord corrélation ne signifie pas causalité. Ensuite, l’allongement de la durée de la vie provoque mécaniquement une augmentation du nombre de cancers et de maladies dégénératives.

    • Il y a sans doute un point extrêmement important qui est rarement pointé du doigt: il s’agit du comportement alimentaire. En effet, avoir des repas réguliers et classiques (petit dej’ + dîner et souper) est moins suceptible de provoquer des troubles tels que l’obésité, diabète etc… que de prendre des repas plus nombreux par jour (picorer). Dans ce cas, le tube digestif est perpétuellement actif . C’est d’ailleurs le mode d’alimentation que l’on retrouve dans les pays anglo saxons et qui gagne petit à petit en Europe du sud avec des résistances notoires: les cas d »obésité en France aujourd’hui sont nettement moins élevés que ce qui était prévu par les modèles il y a 20 ans (ça me rappelle un autre domaine avec des modèles foireux…).
      Il faut noter que notre mode de vie, tendance hyperactif, fait que nous consacrons moins de temps à préparer la cuisine.
      Donc, nous aurons beau mettre des réglementations, interdictions dans tous les sens, ça ne changera rien au final: il s’agit avant tout d’éducation.

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  8. Ce sont souvent les mêmes qui mangent tout ce qu’il y a de plus mauvais dans l’alimentation industrielle et d’ailleurs pas seulement, qui ne font aucun effort pour se nourrir de façon équilibrée, et qui ont pourtant en main la dernière génération de smart-phone; de plus, à par des doigts, aucun exercice physique !
    Ils ont donc fait un choix dans leur manière de vivre et l’alimentation n’est pas leur première préoccupation. Ben alors oui ils sont obèses ou en mauvaise santé.
    Je ne pense pas que l’Etat ou d’autres pourront faire changer leur comportement et certainement pas une aide financière qui permettra d’acheter un nouveau gadget électronique.
    Tous nos ancêtres ont vécu avec la peur existentielle au ventre des famines qui ont pratiquement disparu sur la planète, grâce à quoi ?…….
    Les intérêts croisés industries pharmaceutiques et agro-alimentaires si ils existent, finiront par sauter naturellement. Les condamnations simplistes et dogmatiques sont extrêmement inutiles et injustes.
    Et d’ailleurs ces intérêts croisés sont très souvent le résultat de connivences étatiques.

    • Il ne s’agit pas de condamnation simpliste. Il suffit de comprendre comment fonctionne notre métabolisme pour voir que les industries agro-alimentaires nous rendent addicts au sucre, pendant que les bigs pharmas nous vendent des statines et des anti-diabétiques pour compenser les effets de cette alimentation. Vous avez raison de souligner que les téléphones mobiles sont une autre forme d’addiction, qui repose d’ailleurs sur les mêmes mécanismes que le sucre (https://www.youtube.com/watch?v=EKkUtrL6B18).
      Mon propos n’est pas de soutenir ceux qui veulent interdire. J’invite simplement à une réflexion approfondie qui motive les gens à cuisiner eux-mêmes. Ne sommes-nous pas tous intéressés à voir nos concitoyens en bonne santé, ne serait-ce que parce que cela allègera la facture des dépenses de santé. Lorsque l’on comprend que 70% des dépenses de santé sont la conséquence de désordres métaboliques, il est permis d’y réfléchir.

  9. « Des effets cocktail qui ne sont absolument pas mesurés aujourd’hui. »

    Mais ils sont tout à fait mesurés. Voyez la recette de mon cocktail préféré, par exemple : 1 mesure d’eau dans le verre, on rince, on vide le verre dans l’évier ; 1 mesure de whisky pur malt, on boit.

    C’est bien entendu la « nourriture industrielle » et l’horrible « soif de profit » de « l’agrobusiness » qui permettent, aujourd’hui, aux abrutis escrologiques et aux pétasses biologiques de vivre en bonne santé jusqu’à un âge avancé, de manger à leur faim et de bénéficier des meilleurs aliments au prix le plus bas qu’on ait connu dans l’histoire.

    J’en ai un peu plein le dos de ces privilégiés imbéciles qui réclament des « paysans » avec trois vaches et pas plus (sinon, punition préfectorale), des aliments produits en bas de chez eux et pas à cinq cents kilomètres, du bio à la cantine, des pitis commerçants di proximiti partout et l’interdiction des hypermarchés, mais qui hurleraient à la mort face aux conséquences de leurs revendications si jamais elles se réalisaient : explosion du budget alimentaire et extension massive de la pauvreté, famines périodiques avec morts en pagaille, rutabagas à tous les repas (et rien d’autre), et je ne vous parle pas des multiples maladies mortelles dues à la contamination microbienne (c’est l’agrobusiness et la soif du profit qui ont fait disparaître les dangers de l’alimentation), sans parler de celles provenant des carences de tout poil.

    Les gauchistes (y compris ceux de droite) fustigent le capitalisme au nom d’un monde ancien idéal qui n’a jamais existé que dans leur imagination, tandis qu’ils vilipendent l’économie moderne en lui reprochant de détruire les bienfaits que précisément elle est seule à procurer.

    On a déjà connu ça du temps de l’URSS, où des millions de communistes occidentaux vantaient les mérites d’un régime sous lequel il n’auraient vécu pour rien au monde, tandis qu’ils péroraient contre « le grand patronat » à l’abri du confort que celui-ci leur procurait.

    Ce qui est exaspérant, c’est que des gens apparemment instruits marchent dans la combine, des gens qui devraient en savoir beaucoup plus que le neuneu de base qui fustige le « consumérisme ». Lorsque des députés réclament le « localisme », comme s’il s’agissait d’une évidence, lorsqu’on n’entend pas des millions de gens se lever en masse pour leur répliquer que si tout le monde s’engageait à ne bouffer que ce qui pousse dans un rayon de cent kilomètres autour de chez lui, eh bien les gens mourraient littéralement de faim, comme il le faisaient régulièrement lorsque le « localisme » était en vigueur, mais ne s’appelait pas encore comme ça, lorsqu’il s’appelait simplement mauvaises récoltes, crise de l’approvisionnement, disette, émeutes de la faim, eh bien il y a de quoi se poser des questions sur l’idiocratie qui est en train de noyer notre civilisation.

    •  » l’idiocratie qui est en train de noyer notre civilisation. »

      J’aime bien le terme idiocratie. Dans la même veine le Risk-Monger qui a théorisé « l’âge du stupide » vient de créer le terme « untelligence » (je n’ai pas encore trouvé comment le traduire en Français…)

      • Quelle réflexion argumentée, approfondie et mesurée ! C’est vous, l’extrémiste, il me semble. Moi, je ne fais que rappeler ce que des milliards d’hommes qui nous ont précédé tenaient pour évident, mais je suppose que vous êtes beaucoup plus malin que tous ces gens-là.

  10. J’entends bien que « la seule chose qui pourrait changer significativement le cours de notre santé serait plutôt d’arrêter de fumer ».
    Mais alors, que penser des actions du lobby du tabac, qui s’inscrivent dans la droite ligne du libéralisme : faire du profit ? Fut-ce au prix de la mort des consommateurs.

    D’une manière générale, que penser des lobbies, que ce soit ceux des sociétés entrepreneuriales ou ceux des ONG ?

    Je ne suis ni écolo-fascisant, ni hystérico-libéral.
    Je constate que l’augmentation de l’espérance de vie à la naissance marque le pas dans le monde, voire régresse (au Mexique, qui n’est pas, que je sache, sous un régime crypto-marxiste), du fait du développement de l’obésité, du diabète, des cancers et autres joyeusetés. Et je ne mets en cause, là, que l’industrie agro-alimentaire.
    À l’autre extrémité du spectre, on peut parler, par exemple, du lobby des réchauffistes qui imposent la construction d’éoliennes, au mépris des nuisances entraînant également des problèmes de santé, imposées à la population voisine de ces splendides réalisations techniques, qui coûtent « un pognon de dingue » et ne résolvent aucun problème écologique puisqu’il faut en parallèle construire des centrales thermiques pour pallier les jours où Éole se repose.

    Quelqu’un a-t-il la réponse sur la place des lobbies dans la doctrine du libéralisme ?

    • Aucun lobby, aussi actif soit-il, n’a jamais obligé quiconque à fumer, pour reprendre cet exemple. Vous estimez-vous incapable de choix et de volonté personnels ? J’imagine que non.
      Ainsi que je le disais plus haut en commentaires, on considère trop que les gens sont incapables de libre choix et on les enferme dans une pensée assistée qui pour le coup devient débilitante.

  11. Merci de votre réponse.
    La réponse à la question est non. Enfin j’essaie, et ce n’est pas facile. Mais je crois qu’il y a méprise sur le rôle des lobbies.
    Les lobbies du tabac ne se placent pas dans une action pour obtenir l’obligation de fumer, mais contre les restrictions à la publicité et au marketing auxquelles ils sont soumis.
    Mais vous êtes un esprit fort et libre, contrairement à la plupart des gens en ce bas monde, et vous savez résister aux sirènes de la publicité et du marketing. Pour cela, choix et volonté, un point cétou!
    Sûr ?
    Je vous propose une petite expérience de pensée.
    Vous vous préparez à aller, en cette période de confinement, quérir des produits de première nécessité. Dans la liste de courses, vous prévoyez de quoi nourrir Minet (ou Médor). Stop!
    Quelle image s’est-elle présentée à votre esprit ?
    Ne serait-ce point des croquettes ou de la nourriture en boîte ?
    Nourriture pour animaux de compagnie = croquettes, pâtée en boîte. Même pour vous, esprit fort, capable de volonté et de libre choix.
    Ben oui quoi, c’est le progrès et toussa.
    Vraiment ?
    Et pourtant…
    Il se trouve que je peux parler d’un temps que les moins de 70 ans ne peuvent pas connaître (oui, d’accord, COVID-19, personne à risque equecétéra comme on dit maintenant) et que j’ai été élevé à la campagne, comme la majorité de la population à cette époque.
    En ces temps et espaces lointains, mon Zouzou (c’était mon chat préféré), comme tous les chats du village, était nourri avec les restes des repas, plus du « mou » (poumon) qu’on lui faisait cuire, et, pour le reste, il se débrouillait en chassant (je sais, pour un chat en appartement, la chasse n’est pas une activité aisée, mais cela n’empêche pas de le nourrir correctement).
    Eh bien, croyez-moi ou non, en ces temps sauvages et reculés, l’espérance de vie d’un chat, lorsqu’on interrogeait l’inconscient collectif, c’était 18 à 20 ans. C’était la norme. Il n’était pas rare de voir des chats dépasser cet âge et même s’approcher exceptionnellement de 30 ans.
    En ce temps là, bien sûr, on ne tenait que très rarement un carnet de santé pour les animaux de compagnie, surtout à la campagne. Le vétérinaire n’était appelé que pour les vaches.
    Mais on avait des repères pour se souvenir des dates de naissance et de décès des animaux de compagnie. Je me souviens de mon Zouzou, qui est né quand je suis entré à l’école, le 1er octobre (à cette époque, « grandes vacances »: 14 juillet – 1er octobre, et jour de repos jeudi), et est mort, d’une fin que j’espère douce, une nuit d’octobre de la fin des années 60, dans la réserve à charbon de la forge de mon grand-père…
    Maintenant, interrogez un vétérinaire : l’espérance de vie d’un chat, c’est 15 ans.
    L’alimentation animale ultra-transformée,qui s’est imposée à nous à coup de campagnes publicitaires et qui a entraîné une diminution de 25% de l’espérance de vie est-elle vraiment un progrès?… Et ces charmantes petites bêtes ont la chance, maintenant, comme nous, de connaître les joies de l’obésité, du diabète, des cancers, et j’en passe.
    Que s’était-il donc passé entre cette période reculée et les années 60 ?
    Oyez bonnes gens, les sirènes de la lucarne magique sont arrivées (accompagnés des prospectus dans les boîtes aux lettres) : Purina ils l’adorent… Félix tendres effilés… Proplan alimentation de qualité…Friskies une vitalité… (faut-il continuer ?)
    « Aliments » avec leur lot de conservateurs, additifs, résidus de pesticides (ben oui : on fait manger des céréales à des carnivores, comme on a fait manger de la viande à des herbivores, voir « vache folle »)), mycotoxines, liste non exhaustive. Allons-y gaiement, pour une fois, le client ne risque pas de se plaindre. Au contraire, ça fait marcher le commerce : visites chez le vétérinaire garanties, et, du fait d’une plus grande mortalité, augmentation du renouvellement du cheptel.
    Le chats sont nos compagnons depuis des millénaires. Ils ne mangent des aliments ultra-transformés que depuis quelques dizaines d’années, un « progrès » qui a entraîné, en ce court laps de temps, une diminution d’un quart de leur espérance de vie.
    Ce changement de mode d’alimentation n’est dû qu’à la pression de la publicité et du marketing du lobby de l’alimentation industrielle pour animaux de compagnie, associé à celle des vétérinaires.
    http://comportements-chien.blogspot.com/2015/07/croquettes-lobby-et-malbouffe-pour-les.html
    https://afvac.com/partenaires
    Sans ces pressions, vous nourririez correctement vos animaux de compagnie, ils vivraient plus longtemps, et en bonne santé.
    Les professionnels de la publicité et du marketing sont de bons professionnels, ils font le job. Ils sont même capables de quantifier à l’avance les résultats d’une campagne de pub.
    Ils sont même capables de faire élire un chef d’état. Si, si, j’en connais un exemple.
    Où est le libre choix face à cela? Est-ce « enfermer les gens dans une pensée assistée qui pour le coup devient débilitante » que de demander à ce qu’ils ne soient pas soumis à une pression qui, pour la recherche du profit (légitime) s’attaque à la santé de leurs animaux de compagnie (il y aurait beaucoup à dire sur l’industrie agro-alimentaire en général)? Autrement dit de ne pas être soumis à la liberté du renard libre dans le poulailler libre.
    Je repose donc ma question en reprenant mon exemple: où, dans le libéralisme, est la place du lobby des cigarettiers ?
    Après avoir, pendant une cinquantaine d’années, mené un combat dans les sphères institutionnelle, judiciaire, législative, scientifique (dans ce dernier cas: semant le doute dans l’esprit des gens en alimentant la controverse, par la multiplication d’études en leur faveur entachées de conflits d’intérêt et la contestation d’études indépendantes qui montrent la dangerosité du tabac), ils tentent maintenant de contourner l’interdiction de publicité en faisant intervenir des « influenceurs » sur l’internet.
    Il faut bien remplacer les fumeurs qui meurent…
    Y a-t-il une (des) limite(s) à la liberté d’entreprendre?
    Ou bien, quand une compagnie monopolistique de Pompes Funèbres enclenchera une campagne publicitaire de promotion du suicide pour augmenter son chiffre d’affaires assistera-t-on à la fin de l’humanité?
    Oui, grosse caricature, mais la question reste posée.
    Peut-être la réponse est-elle du côté de l’ordo-libéralisme : le marché tant que se peut, l’état tant que se doit. Mais encore faut-il qu’il reste un état.
    Bien cordialement

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