Rentrée 2018 : sous le signe de « La Liberté dans nos Vies »

Vous l’avez peut-être remarqué, j’ai profité de la pause estivale pour changer l’illustration de couverture de ce blog. C’est un changement de fond car si la nouvelle image n’est guère originale au premier abord – il s’agit de la Statue de la Liberté, quoi de plus rebattu ? – je passe d’un événement délétère et particulier, l’attentat islamiste contre les dessinateurs de Charlie Hebdo, à une valeur précieuse et universelle, la liberté. J’avais ce changement en tête depuis plusieurs mois, la rentrée 2018 me donne l’occasion de passer à l’acte. J’espère que vous apprécierez !

· J’ai commencé à écrire ici le 3 février 2015, c’est-à-dire un mois à peine après le massacre perpétré le 7 janvier 2015 par des terroristes de Daesh dans les bureaux du magazine satirique Charlie Hebdo. Si mon envie d’écrire, longtemps concrétisée dans des notes consignées au crayon dans des cahiers d’écolier, est beaucoup plus ancienne et si mes motivations pour passer à la forme moderne du blog sont nombreuses et diverses, il est certain que les événements « Charlie », pour pétrifiants qu’ils furent sur le moment, ont constitué le détonateur qui m’a poussée soudain à me lancer.

Alors que cette tuerie avait pour but de « punir » ceux qui osaient parler, écrire ou dessiner (contre le prophète Mahomet en l’occurrence), j’ai ressenti le besoin de refuser ouvertement le silence et l’enfermement idéologique auquel Daesh voulait nous contraindre et, tout au contraire, de continuer à pratiquer toute la libre expression et tous les questionnements qui ont construit nos sociétés occidentales ouvertes et démocratiques.

Dans ce contexte, une photo que j’avais prise le soir du 7 janvier 2015 lors d’un rassemblement spontané consécutif à la stupeur provoquée par l’attentat du matin s’est retrouvée tout naturellement en tête de blog (voir ci-contre).

L’État islamique est une menace contre la liberté, mais il n’est ni le premier ni le dernier ni le seul. Le temps a passé et il m’a semblé que le moment était venu de décoller mon blog de cet événement particulier pour l’inscrire plus largement dans mon projet de mise en valeur de « La Liberté dans nos Vies », conformément à la petite ligne que j’ai adoptée pour l’occasion comme sous-titre de blog.

· Il se trouve que je possède une petite aquarelle de la Statue de la Liberté de la main du sculpteur Bartholdi (1834-1904) auquel fut confiée la réalisation de ce monument. Ma grand-mère l’avait dénichée dans une vente aux enchères et, des années plus tard, m’en a fait cadeau pour mon bac.

Détail plaisant et original, Bartholdi l’aurait peinte depuis le paquebot qui le ramenait en France après l’inauguration de son œuvre à New York en 1886.

Il se trouve également qu’Édouard Laboulaye, l’initiateur de cette sculpture destinée à célébrer l’amitié franco-américaine, avait surtout dans l’idée de commémorer le centenaire de la liberté universelle établie par la Déclaration d’Indépendance des États- Unis  du 4 juillet 1776 et de l’ériger en exemple pour les autres nations.

Pour reprendre les termes des rédacteurs de ce grand texte politique, la Statue de la Liberté a donc pour mission de rappeler au monde les « vérités suivantes » :

« Tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. »

« Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. »

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Bartholdi (photo) espérait que le monument serait prêt pour le 4 juillet 1876, mais l’inauguration n’eut lieu que 10 ans plus tard en raison de difficultés techniques compliquées par l’irrégularité du financement – campagnes de dons, loteries, banquets, publicités dans les journaux, toutes ces actions étant menées en France pour la statue elle-même et aux États-Unis pour le socle en granit rose.

Quant à Edouard Laboulaye (1811-1883), c’était un juriste et homme politique libéral français, abolitionniste comme Abraham Lincoln et grand admirateur de la Déclaration d’Indépendance des États-Unis ainsi que des institutions de ce pays. En France, il s’opposa à la dérive autoritaire du Second Empire et contribua à fonder le libéralisme républicain de la IIIème République.

Ce qu’il disait à la fin du XIXème siècle à propos de l’État n’a pas pris une ride au début du XXIème, bien au contraire :

« La sagesse de l’État est une chimère ; où donc prend-on ces sages administrateurs, sinon parmi ce peuple qu’à l’avance on déclare incapable et fou ? Consultez l’expérience. Les hommes qui forment l’administration, si habiles et si clairvoyants qu’on les suppose, en savent toujours moins que l’intérêt particulier. »

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À toutes ces excellentes raisons de procéder à l’évolution picturale envisagée, s’est ajouté le fait – sans doute plus anecdotique mais néanmoins significatif d’un déplacement des centres d’intérêt des lecteurs – que mon article le plus lu depuis l’origine n’est plus celui que j’avais consacré à l’organisation, aux objectifs et aux ressources de l’État islamique, mais, depuis un an environ, celui qui traite de la Déclaration d’Indépendance des États-Unis.

C’est donc décidé, bye bye Daesh, hello Statue of Liberty !

Le sujet de ce blog n’étant pas les États-Unis mais la liberté, j’ai cherché à lever toute ambiguïté en recadrant l’aquarelle autour de son trait essentiel : la statue hissée sur son socle et tournée vers le vaste monde symbolisé par l’océan.

De ce fait, j’ai écarté l’environnement géographique immédiat du monument – l’île arborée, la baie et les bateaux qui s’y croisent – détails locaux qui le rattachent indéniablement à la ville de New York et à l’Amérique, même si pour cet article particulier j’ai conservé l’intégralité du dessin.

· En cette rentrée 2018, le changement « décoratif » auquel je viens de me livrer me donne aussi l’occasion de replacer mon blog dans le sillage du libéralisme qui a motivé sa création. Comme l’ont écrit les rédacteurs de la Déclaration d’Indépendance, parmi les droits inaliénables des hommes figure « la recherche du bonheur ».

Or rien ne dit qu’il n’existe qu’une seule forme de bonheur sur terre. Tout l’enjeu posé par l’humanisme libéral consiste à admettre que le bonheur de notre voisin puisse être différent du nôtre. Ce qui me frappe particulièrement depuis que je tiens ce blog et que j’en discute éventuellement autour de moi, c’est la forte tendance de tout un chacun à prendre ce qu’il tient pour « bien » à titre personnel pour un bien absolu qu’il faudrait imposer à tous.

A l’inverse, l’esprit libéral aura à cœur de donner à chaque individu la possibilité de s’informer largement et diversement et de lui laisser la responsabilité de faire ses propres choix, à partir du moment où ils ne portent pas atteinte à l’intégrité des autres personnes et de leurs biens.

Aussi, quand je parle de « La Liberté dans nos Vies », j’envisage bien sûr notre degré de liberté par rapport à tout ce qui nous est dicté de façon étatique unilatérale sans raison autrement fondée que par les convictions arbitraires de notre personnel politique, mais je pense également à la nécessité de réactiver en permanence notre propre faculté d’accorder aux autres la liberté que nous réclamons légitimement pour nous-mêmes.

Excellent week-end à tous !
Rendez-vous ici très prochainement
pour renouer avec les réjouissances habituelles de notre vie politique !


En attendant, voici une petite liste d’articles plus spécialement centrés sur ce que j’entends par libéralisme et liberté :

Être libéral, cela veut dire …
(2 avril 2017)

Pourquoi, comme Hayek avant moi, « I am not a conservative »
(14 janvier 2018)

Comme si la liberté pouvait être traitée de « vide métaphysique » !
(9 avril 2018)


Illustration de couverture : Aquarelle de la main du sculpteur Bartholdi représentant sa propre Statue de la Liberté (1886).

18 réflexions sur “Rentrée 2018 : sous le signe de « La Liberté dans nos Vies »

  1. A propos de libertés, voici ma dernière lettre par messagerie:
    Vous trouverez, ci-dessous, un article du dernier numéro (540 – juillet-août 2018) de la revue des Missions Étrangères de Paris consacré à la Chine.
    On y décrit ce que peut devenir un pays qui nie Dieu et sa transcendance. Le christianisme y est particulièrement rejeté et combattu et c’est en quelque sorte un retour vers la préhistoire, la barbarie… mais avec les moyens que nous offre l’époque moderne, c’est à dire la science, la technique et la puissance aveugle de la mondialisation.
    Le Christianisme nous a inculqué la notion de « Personne » qui progressivement est effacée dans le monde moderne. L’Homme devient un objet manipulable à souhait dans un monde où la transcendance est oubliée, ignorée, rejetée…

    Dans cet article, on nous démontre que le roman d’Orwell, « 1984 », n’est plus une fiction.
    Mais la Chine en est-elle le seul exemple?… Notre République, en marche… (mais vers où? vers quoi?) ne constitue-t-elle pas un autre exemple, avec son anti-christianisme et son rejet de la loi naturelle. Ne sommes nous pas face aux mêmes problèmes mais vus par le petit bout de la lorgnette avec la promotion de la théorie du « gender » qui ne veut plus savoir ce qu’est un homme ou une femme. Lorsque la vie humaine n’est plus respectée à travers le génocide des avortoirs ou de l’euthanasie. Que l’Homme devient une marchandise avec la GPA (Gestation Pour Autrui). Que sa filiation est bafouée par la PMA…

    Je m’arrête ici car la liste est longue je pourrais être sous le coup d’une sanction pour propos subversifs: Big Brother nous regarde…
    Amitiés,
    RB

    MAO EST RESSUSCITÉ? SITUATION PRÉOCCUPANTE

    P. Bruno Lepeu, M.E.P.

    Depuis le mois d’octobre dernier, la presse parle beaucoup de la Chine, en particulier avec le changement de la Constitution permettant au président Xi Jinping d’être réélu sans limitation de mandat. Il est inexact de parler de président à vie, même si cela sera peut-être la conséquence de ce changement.

    Le président Xi a réussi au cours de son premier mandat à asseoir son pouvoir, en modifiant profondément le système mis en place par Deng Xiaoping pour protéger la Chine des risques d’un nouveau Mao assurer une saine division du pouvoir entre le Parti et le gouvernement (l’exécutif), garantir une collégialité dans l’exercice du pouvoir et limiter à deux les mandats du président.

    LES PLEINS POUVOIRS
    Xi Jinping a fait sauter tout cela il est désormais le leader suprême incontesté, sans limitation de mandat, dont il faut étudier la pensée[1], à la tête du Parti, dont l’idéologie est fortement renforcée, et qui prime à nouveau sur l’exécutif. La propagande a justifié cette réforme « voulue par le peuple » en rappelant l’importance de la stabilité à la tête du pays, en notant la faiblesse des démocraties occidentales balancées au gré des échéances électorales, et en insistant sur les acquis économiques et stratégiques de ces dernières années, que l’on doit au fort leadership du Parti. La désignation de la Chine dans la rhétorique officielle est passée d’un « grand pays » à un « pays puissant » : on commence à montrer les muscles !

    Sur le plan international, l’influence de la Chine est en augmentation constante, aussi bien en Asie qu’en Afrique, mais aussi en Europe où le rachat de grandes entreprises locales constitue un cheval de Troie efficace pour pénétrer le marché européen, et tisser progressivement les fameuses nouvelles routes de la soie, qui sont un élément essentiel du rêve chinois de Xi Jinping. Mais le bras de fer engagé sur le plan économique avec les États-Unis pourrait se révéler désastreux pour les Chinois : les récents déboires du fabricant de téléphone ZTE en sont une bonne illustration. Le 16 avril dernier, suite à la violation de l’interdit d’exporter des technologies américaines vers l’Iran et la Corée du Nord, le département du commerce américain a interdit aux entreprises américaines d’approvisionner ZTE, pour une durée de sept ans : privée de certains composants essentiels à la fabrication de ses téléphones, l’entreprise a dû arrêter toute sa production. Mais ces conflits avec les États-Unis peuvent forcer la Chine à s’émanciper de sa dépendance technologique des États-Unis. À titre d’exemple, la censure de l’internet chinois a permis aux entreprises chinoises Baidu, Alibaba et Tencent de devenir parmi les leaders du marché internet dans le monde, profitant du blocage de ses rivaux internationaux (tels que Google, Amazon et Facebook) sur le marché chinois. La diversification exponentielle d’Alibaba, son investissement dans l’intelligence artificielle et sa pénétration du marché mondial, risquent d’en faire le leader mondial incontesté.

    CONTRÔLE DE LA SOCIÉTÉ
    En interne, le renforcement idéologique et le contrôle sur la population s’intensifient.

    Le 4 mai dernier, à l’occasion des célébrations du 200ème anniversaire de la naissance de Marx, Xi Jinping a rappelé l’importance de cette idéologie pour le pays « Le marxisme sera toujours la théorie fondatrice de la Chine et du Parti communiste. C’est une arme idéologique cruciale pour nous aider à comprendre la société, interpréter la loi, trouver la vérité et changer le monde. » Les cadres du Parti doivent retravailler le Manifeste de Marx et renforcer l’idéologie du Parti. Mais le professeur Sean Kenji Stans, de Hong-Kong, a bien résumé l’hypocrisie de cette insistance sur l’idéologie marxiste : « si les Chinois prenaient le temps d’apprendre sérieusement les préceptes à l’origine du Marxisme, ils réaliseraient que la Chine actuelle n’a plus rien de commun avec cette théorie».

    GÉNÉRALISATION DE LA RECONNAISSANCE FACIALE
    Du côté du contrôle de la population, le congrès de 2018 a confirmé la mise en application progressive d’ici 2020 du système de « crédit social » qui permet de noter les citoyens en fonction de leurs comportements. Un comportement jugé positif rapporte des points. À l’inverse un comportement négatif tel que diffuser des fakes news[2], véhiculer des informations contre les valeurs du Parti, fumer dans une zone non-fumeur. ne pas payer ses amendes. frauder dans les transports, traverser au mauvais endroit, dépasser le nombre de naissances autorisées ou joindre un groupe religieux non reconnu. fait perdre plus ou moins de points. Les mauvais élèves se verront inscrits sur la fameuse liste noire, interdisant l’accès au crédit, l’achat d’un appartement, la sortie du territoire, ou simplement l’achat d’un billet de train ou d’avion. Cette notation de la population s’appuie sur la compilation et l’étude de méga données liées aux comportements individuels des citoyens, en particulier sur les réseaux sociaux mais aussi dans la vie courante, grâce à la généralisation de la reconnaissance faciale. C’est le big data au service de la surveillance sociale et politique de Big Brother. Dans ce contexte de censure de l’Internet chinois, 300 acteurs du web se sont regroupés, le 9 mai 2018, en une fédération pour soutenir les « valeurs centrales du socialisme » : Robin Li (patron de Baidu), Jack Ma (patron d’Alibaba) et Pony Ma (patron de Tencent) en ont été nommés vice-présidents.

    CONTRÔLE DES RELIGIONS
    Dans cette situation de contrôle général de la société, les religions sont également touchées. La mise en application du nouveau règlement sur les religions, le 1er février 2018, a fait monter la pression sur les communautés religieuses. Le règlement décrit un ensemble de peines pour toute activité religieuse illégale, telle que des célébrations religieuses dans des lieux non enregistrés, la participation à des pèlerinages ou à des formations à l’étranger sans l’autorisation du gouvernement, etc. Lors de la session de l’Assemblée nationale de mars dernier, les affaires religieuses ont été transférées directement sous la responsabilité du Parti, dans le cadre du Bureau du Front Uni. De nouvelles campagnes de restrictions des libertés religieuses ont été lancées, en particulier la séparation de l’éducation et de la religion, avec concrètement l’interdiction pour les moins de 18 ans de participer à des activités religieuses la seule foi qui doit être encouragée est celle du marxisme à la chinoise ! Depuis le début avril, dans la province du Henan, cette campagne est mise vigoureusement en œuvre avec la fermeture de jardins d’enfants tenus par l’Église, la présence de fonctionnaires à l’entrée des églises pour s’assurer qu’aucun enfant ne participe à la messe. Beaucoup se demandent avec inquiétude si cette campagne va être généralisée à l’ensemble du pays. Que deviendront toutes les activités de formation pour les jeunes ? Comment transmettre la foi aux enfants ?

    NÉGOCIATIONS SINO-VATICANES
    Dans ce contexte, les négociations entre le Saint-Siège et Pékin paraissent compromises. Depuis la reprise du dialogue en 2014, ces négociations font couler beaucoup d’encre. Il semble que le Saint-Siège soit prêt à beaucoup de concessions pour obtenir un accord sur la nomination des évêques, qui serait un premier pas vers la normalisation des relations avec la Chine, en vue de plus de libertés pour les chrétiens en Chine. Mais le gouvernement chinois exige que l’Église accepte sa formule « patriotique et indépendante » de gestion des religions, et concrètement que le Pape reconnaisse les sept évêques illégitimes que le gouvernement a installé sans mandat pontifical (à la différence des 60 autres évêques officiels qui ont obtenu discrètement ou ouvertement leur nomination par le Saint Père). Un des problèmes est que dans deux des diocèses concernés, il y existe déjà un évêque titulaire nommé par le Pape (mais non reconnu par le gouvernement). En janvier dernier, l’information a filtré dans la presse que le Saint-Siège demandait aux deux évêques en question de démissionner pour laisser la place aux candidats présentés par le gouvernement chinois, que le Pape devrait reconnaître. Cette nouvelle a créé un choc dans l’Église en Chine et à l’extérieur, obligeant le Saint-Siège et les défenseurs de cette politique à se justifier. Le Saint-Siège a par ailleurs démenti les rumeurs d’une signature imminente d’un accord, tout en confirmant que les négociations étaient toujours en cours. Mais les récents développements du contrôle accru des religions dans la province du Henan, n’invitent pas à l’optimisme.

    CONTRÔLE DE HONG-KONG
    À Hong-Kong, la reprise en main de la société par Pékin apparaît plus clairement. Après avoir réussi à faire annuler l’élection de six députés démocrates pour vice de forme dans leur prestation de serment, le gouvernement a demandé la révision du procès des trois jeunes leaders du mouvement des parapluies de 2014, qui ont ainsi écopé de peines de prison ferme. Leur procès en appel est en cours. D’autres activistes impliqués dans les manifestations de cette époque ont aussi été condamnés. Il semble que Pékin règle ses comptes. En novembre dernier, Li Fei, un haut responsable de Pékin, est venu présenter les conclusions du XIXe congrès du Parti, rappelant un élément du discours de Xi Jinping stipulant que le gouvernement central avait juridiction directe sur les affaires de Hong-Kong, ce qui contredit le haut degré d’autonomie garanti par la Loi de Base. Une prochaine étape voulue par Pékin est la mise en place de la loi de sécurité nationale : le fameux article 23 de la Loi de Base, dont le projet avait provoqué les immenses manifestations de 2003 et la démission du chef de l’exécutif de l’époque, Tung Chee-hwa. Jusqu’où les activistes auront-ils le courage et la liberté de résister ? Les prochains mois nous le diront.

    Le 24 mai 2018 correspond à la 10ème édition de la journée de prière pour l’Église en Chine lancée par le Pape Benoît XVI. Compte-tenu de l’actualité préoccupante en Chine et de la complexité des négociations sino-vaticanes, cette invitation à la prière est d’autant plus d’actualité.

    POUR ALLER PLUS LOIN
    DANS LA TÉTE DE XI JINPING François Bougon – ACTES SUD, 2017, 19 €
    Depuis Mao, aucun dirigeant chinois n’avait concentré autant de pouvoir entre ses mains que Xi Jinping, qui a accédé en 2012 à la fonction suprême de secrétaire général du parti communiste chinois (pcc) puis, un an plus tard, à celle de président de la République populaire de Chine. Si Poutine et Erdogan sont des représentants remarqués et tonitruants de l’illibéralisme, le numéro un chinois Xi Jinping a choisi, lui, la discrétion.

    François Bougon, journaliste au Monde, décortique ici le personnage et sa stratégie.

    DEMAIN LA CHINE : DÉMOCRATIE OU DICTATURE ? Jean-Pierre Cabestan – GALLIMARD, 2018, 22 €
    Une thèse communément admise voudrait que le développement économique spectaculaire de la Chine et l’expansion d’une classe moyenne qu’il entraîne favorisent tôt ou tard une libéralisation de son régime politique et une évolution plus ou moins douce vers la démocratie. Est-ce si sûr ? Jean-Pierre Cabestan montre la fragilité de cette thèse en regard du fonctionnement réel du système politique chinois et de ses rapports avec la société. Il expose les raisons qui rendent beaucoup plus probable le maintien d’un régime autoritaire et modernisateur dirigé sans partage par le Parti communiste, la principale étant le large consensus des élites autour de ce projet.

    Jean-Pierre Cabestan est directeur du département de science politique et d’études internationales de l’Université baptiste de Hong-Kong et directeur de recherche au CNRS. Il est aussi chercheur associé à Asia Centre (Paris). Il est notamment l’auteur, aux Presses de Sciences Po du Système politique chinois: Un nouvel équilibre autoritaire (2014) et de La politique internationale de la Chine: Entre intégration et volonté de puissance (2015).

    [1] Pour plus de détails sur le président chinois, voir le dernier livre de François Bougon, Dans la tête de Xi Jinping, Actes Sud, 2017, 215 p.

    [2] Note de votre serviteur : cela doit vous rappeler quelque chose.

    • Bonjour et merci pour votre commentaire.
      Il est cependant très long, plus de 2000 mots. En général, les commentateurs qui souhaitent porter un article à la connaissance des autres lecteurs le font en donnant le lien de l’article. Profitons des fonctionnalités d’internet !
      De plus, il est préférable de commenter sur le sujet de l’article du blog. Pour ma part, j’ai traité du contrôle des citoyens en Chine dans l’article « Êtes-vous un « bon » citoyen ? » (avril 2018). Il me semble qu’il aurait été plus adéquat d’apporter votre commentaire à cet article.

  2. Madame,

    Je vous suggère pour inaugurer bientôt votre nouvelle ligne éditoriale de rédiger un article que vous inspirera sans doute la récente dérive autoritaire de Macron dans l’affaire « Ben-La-La-Land » pendant laquelle il a fait intervenir une officine (EU Dysinfo Lab) qui a fiché personnellement 50.000 propriétaires de comptes Twitter critiques avec leurs noms d’état-civil et certaines informations sensibles dont le recueil est interdit pas la loi.
    Et comme vous parliez de la propre dérive autoritaire de Napoléon III, que Victor Hugo surnommait Napoléon le Petit, nous pourrions parler pareillement de Macron le Micron.
    Très sérieusement, cette affaire est gravissime en ce qu’elle constitue une violation éhontée des libertés individuelles dans nos vies, au profit d’une autorité politique légale de surcroît.
    Bien cordialement,

    Eric Monard.

    • « pour inaugurer bientôt votre nouvelle ligne éditoriale » :
      Je me suis certainement mal expliquée. Ce n’est pas une nouvelle ligne éditoriale. Mon blog s’est positionné libéral depuis l’origine. C’est une évolution de la photo de couverture du blog 🙂

      Pour l’affaire Benalla, je l’ai traitée le 26 juillet dans l’article « Benalla : pas une affaire d’Etat mais une affaire de trop d’Etat » :
      https://leblogdenathaliemp.com/2018/07/26/benalla-pas-une-affaire-detat-mais-une-affaire-de-trop-detat/
      A ce moment-là, l’asso belge EU Disinfo Lab n’avait pas encore fait parler d’elle.

      On peut certainement considérer que la constitution d’un fichier Excel de comptes Twitter (pas les états civils) avec leur « sensibilité » politique outrepasse la loi informatique et liberté dans la mesure où les « comptes » en question n’ont jamais donné leur autorisation pour cela, mais d’un autre côté, les comptes twitters, les tweets etc. sont publics et visibles par tous (défense des analystes mis en cause qui reconnaissent toutefois que leur méthode peut être débattue). En tout cas la CNIL est saisie.
      Quant au fait que Macron a spécialement commandité ce fichier, je n’ai aucune info là-dessus.

      Détails sur l’affaire EU Disinfo Lab :
      http://www.leparisien.fr/politique/benalla-ingerence-russe-et-fichage-politique-tout-comprendre-a-la-polemique-10-08-2018-7848840.php

  3. LA DÉMOCRATIE SANS CONTRÔLE EST UN LEURRE.

    La séparation des pouvoirs selon MONTESQUIEU (droit constitutionnel)
    « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser (…) Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que par la disposition des choses le pouvoir arrête le pouvoir » Montesquieu, l’Esprit des Lois, Livre XI, Chapitre IV L’article 16 de la Déclaration des droits…

    En démocratie, le pouvoir vient des citoyens et donc seuls, ceux là seuls, sont fondés à exercer leur « devoir et droit de contrôle et sanction » envers les abus des « autorités constituées » dont il est dénié d’être non seulement juges et parties mais qui plus est jugés par leurs pairs.

    À propos des questeurs, à raison de 8 par élus, il est spécifié ici que venants de toutes les parties de l’échiquier politique et de la société civile (du cantonnier au président de multinationale) il appert que pour ne pas gêner ceux qui sont en activité, ceux-là en sont dispensés, les retraités en revanche, en bonne santé, s’y obligent.

    Être Gouverné, c’est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n’ont ni le titre, ni la science, ni la vertu… Pierre Joseph Proudhon Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle (1851)

    http://www.temoignagefiscal.com/la-democratie-havre-de-paix-ou-terreau-de-guerre/#comment-300723

  4. La démocratie est un vain concept qui n’a pas la même signification selon les peuples, en particulier la notion d’égalité est extrêmement controversée.et finalement est-ce si important ?.
    Tant que le peuple français aura cette croyance que c’est à l’Etat de tout régler, nous resterons subordonnés à l’énorme pouvoir délégué à la caste administrative. Les gouvernants se succèdent au gré des derniers slogans. Ce ne sont que des chefs de bande qui vont favoriser ceux qui les ont élus. Et on promet à chaque fois que tout va changer pour que rien ne change. Mais ils ne peuvent rien changer car c’est la technostructure administrative qui possède tous les pouvoirs. Il n’a aucune besoin de réformes sauf une seule, la baisse drastique du champ administratif avec la suppression effective du 3/4 des lois et des impôts.
    Pourtant nos ancêtres depuis le XVème, avaient eu cette énorme liberté individuelle d’innover; nous étions un peuple envié et copié, non pas de nos gouvernements mais de nos innombrables inventions techniques individuelles qui avaient valeur de soulagement pour exercer nos existences. D’ailleurs qu’est ce que nos gouvernements ont jamais inventé pour nous faciliter la vie ? Jamais rien.
    Nos ancêtres et d’ailleurs tous les peuples dans l’histoire de l’humanité n’ont jamais demandé à leur gouvernements que de les protéger de toutes violences (justice et forces de coercition résultantes), toutes les autres propositions n’étant que des tentations diaboliques.
    La liberté ne sera effective qu’après l’abandon de cette croyance populaire. Combien de temps cela prendra-t-il ?

  5. Bonjour,
    si chaque citoyen a sa propre conception du bien, vouloir l’imposer à tous rend toute vie en société impossible;
    mais si l’Etat ne peut imposer le bonheur pour tous, quête on ne peut plus personnelle, il doit en revanche assurer la justice, ce qui ne veut pas dire égalitarisme.
    Où se situe votre notion de libéralisme?
    Pour moi c’est une utopie et un refus de vivre en société.

    • En effet, l’Etat a un rôle très important, celui d’assurer ses fonctions régaliennes, c’est-à-dire assurer la protection des personnes et des biens et le respect des contrats entre les personnes.
      En France, on s’aperçoit que ses missions dépassent très largement ce cadre régalien (petit exemple absurde parmi d’autres : les salariés de la manufacture de Sèvres sont des fonctionnaires !) tandis que les administrations judiciaires et pénitentiaires sont moins dotées budgétairement que le ministère de la Culture (8 milliards contre 10 grosso modo) …. petit problème ….

      « Pour moi c’est une utopie et un refus de vivre en société » : Pour moi, c’est au contraire la voie pour une société tolérante basée sur l’échange. Je vous invite à lire les articles que j’ai donnés en lien sous l’article, notamment le premier.

      • L’Etat assure les fonctions régaliennes, ok, mais les citoyens: quels sont leurs devoirs envers l’Etat et leurs concitoyens?
        chercher leur bonheur perso en se ménageant un périmètre de liberté autour de leur petite personne ou chercher à partager un « bien commun » comme le dit la religion catholique?
        cette dernière notion me plait bien mais le plus dur à définir est l’étendue du domaine du partage possible, a minima pour vous si je vous comprends bien… à moins que vous ne soyez même pas dans cette optique mais plutôt dans votre bulle perso, collée (sans trop frotter, hein?) à plein d’autres petites bulles perso?

        D’autre part, auriez vous un exemple depuis l’Antiquité où le mécénat culturel ne soit pas à l’initiative des puissances (Etat, aristocratie…) pour valoriser un art ou un savoir-faire? Où êtes-vous choquée dans cette micro affaire de Sèvres? Le libéralisme aurait-il aussi des relents de post modernisme?

  6. J’aime beaucoup l’image que vous évoquiez de la statue de la Liberté écartée de son environnement géographique immédiat et tournée (elle l’est depuis toujours) vers le vaste monde que vous avez symbolisé par l’océan. Sans vouloir faire de hors sujet, je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement avec l’actualité du moment puisque Donald Trump « rêve » d’une Europe des Nations libre et souveraine. Sa « convoitise » va s’interposer à la dictature de Bruxelles ce qui laisse supposer une rentrée 2019 inédite pour nous aussi. En attendant, je vous souhaite une bonne et belle rentrée !

  7. Bonjour Nathalie,

    enfin de retour après des vacances – bien – méritées !

    Ta citation de Laboulaye me fait penser (mais est-ce un hasard) à la théorie des choix publics de Buchanan et Tullock.

    A bientôt pour une nouvelle année d’observation et de critique de la comédie humaine.

  8. Très joli ! Toutes mes félicitations ! Une aquarelle originale du sculpteur de la Statue de la Liberté en emblème d’un blog libéral, quelle classe ! Pour ma part, je n’avais pas compris ce que représentait l’illustration précédente.

    « La sagesse de l’État est une chimère ; où donc prend-on ces sages administrateurs, sinon parmi ce peuple qu’à l’avance on déclare incapable et fou ? »

    Très juste, et ça se décline à l’envers, aussi. Les Français passent leur temps à traquer les petits travers, réels ou imaginaires, de leurs dirigeants — mais ils oublient que ces derniers sont issus du peuple. L’hystérie qui consiste à vouer aux gémonies n’importe quel président, six mois après l’avoir élu, cache mal le fait que les « familles recomposées » de François Hollande constituent l’ordinaire du Français moyen, que les notes de taxi d’Agnès Saal ont leur équivalent exact dans les congés-maladie de complaisance que 65 millions de Français s’accordent généreusement, etc.

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