Social : POGNON DE DINGUE et méthode Macron

Sidération totale, mercredi dernier au réveil, sur notre agora nationale ! Dans une courte vidéo validée par l’Elysée et tweetée dans la nuit par la conseillère presse du Président, on découvre un Emmanuel Macron en flagrant délit de profanation du modèle social que le monde entier nous envie : d’après lui, on y met « trop de pognon », ça déresponsabilise, et les gens sont quand même pauvres. Voilà bien des idées nauséabondes directement inspirées par le thatchérisme le plus décomplexé !

Verbatim  et vidéo (01′ 53″) :

« Moi, je fais un constat qui est de dire, tout le système social, on met trop de pognon, on déresponsabilise et on est dans le curatif. Et donc toute notre politique sociale, c’est qu’on doit mieux prévenir et on doit mieux responsabiliser tous les acteurs. (…) La politique sociale ? Regardez : on met un pognon de dingue dans les minima sociaux et les gens, ils sont quand même pauvres, on n’en sort pas. »

Emmanuel Macron est donc en train de s’aviser que l’Etat français dépense beaucoup d’argent (57 % du PIB) – proportionnellement beaucoup plus que la grande majorité de nos voisins du monde développé (en Allemagne, ce taux est de 44 %) – pour des résultats comparativement médiocres : en avril 2018, notre taux de chômage se situait à 9,2 % contre 3,4 % en Allemagne et 4,1 % au Royaume-Uni.

En matière de pauvreté, l’observatoire des inégalités indiquait cet automne sur la base des chiffres 2015 de l’INSEE que le nombre de pauvres en France était de 5 millions de personnes si l’on retient un seuil de 50 % du revenu médian(*) et de 8,9 millions si le seuil retenu est de 60 %. Selon ces repères, le nombre de pauvres a augmenté de 600 000 personnes entre 2005 et 2015 pour le seuil à 50 % et de 1 million de personnes pour le seuil à 60 %.

Notons cependant que les seuils de pauvreté étant définis en pourcentage du revenu médian, ils s’élèvent ou diminuent exactement comme le fait le revenu médian lui-même (courbes ci-contre, en € de 2015).

On observe que ces seuils ont augmenté presque sans discontinuer depuis 1970. Ce sont des valeurs relatives qui font qu’il y aura toujours des pauvres quel que soit le niveau de vie atteint en France. C’est pourquoi je préfère de beaucoup mesurer la température sociale via le taux de chômage (graphe ci-dessus), aussi bien en lecture directe qu’en comparaison internationales.

Si l’on s’en tient aux seules dépenses sociales, elle représentaient environ 714 milliards d’euros en 2016 sur un total de dépenses de 1 261 milliards en 2016 et 1 292 milliards en 2017 (les fameux 57 % du PIB). Ceci représente 32 % du PIB quand la moyenne des pays de l’OCDE est à 22 %.

Parmi elles, la plus grosse part correspond aux prestations de l’assurance maladie, de l’assurance chômage et de la retraite. Les prestations familiales représentent 55 milliards et le logement 18 milliards. Ce qu’on appelle les minima sociaux couvre principalement le RSA et l’allocation pour adultes handicapés pour un total de 26,2 milliards d’euros versés à 4,1 millions de personnes.

Toutes ces dépenses doivent être couvertes, c’est pourquoi la France s’enorgueillit aussi d’avoir des taux de prélèvements obligatoires (45,4 %), de déficit (2,6 %) et de dette publique (97 %) parmi les plus élevés quand d’autres, l’Allemagne par exemple, réussissent à avoir des excédents budgétaires appréciables sans que leur population en soit pour autant réduite à la famine.

Ces quelques chiffres suffisent à montrer que contrairement à ce qu’on entend dire parfois, la politique de la France n’est pas le moins du monde ultra-libérale, que la redistribution y est très forte, et que si l’on ajoute au tableau notre croissance toujours à la traîne des autres et notre éducation nationale en grand besoin de réforme, il devient difficile de se montrer satisfait d’un modèle qui engloutit « un pognon de dingue dans les minima sociaux » et où « les gens sont quand même pauvres » et au chômage.

Je ne vous surprendrai donc pas en vous confirmant que je reprends sans problème le constat de Macron à mon compte tant je l’ai déjà exprimé à de multiples reprises dans de nombreux articles de ce blog au risque de lasser.

Et je ne vous surprendrai pas non plus en vous disant qu’à gauche, ces propos du chef de l’Etat ont provoqué un crépitement serré de réactions indignées. En substance, celui qu’on appelle le président des riches depuis qu’il a limité l’ISF à la fortune immobilière et augmenté la CSG pour tous, révèle son véritable visage thatchérien. Il ose parler de responsabiliser les pauvres comme si les pauvres faisaient exprès d’être pauvres. Pour le nouveau patron du PS Olivier Faure :

« Macron flatte les égoïsmes et surfe sur les clichés – les pauvres ne font pas d’effort, trop d’aides – afin de promouvoir une politique libérale qui ne fera qu’accroître la détresse et la pauvreté. »

« Promouvoir une politique libérale » : l’argument choc est lâché ! Libérale, donc pour les riches et contre les pauvres. Donc surtout ne changeons rien à ce modèle social. Comme disait Valérie Rabault, qui préside le groupe parlementaire du PS :

« La sécurité sociale (…) c’est notre modèle français, qui a des racines très fortes. (…) Quand on est président de la République, on doit faire tout pour le protéger. »

.
Dans sa lettre politique de mercredi soir, Laurent Joffrin, empreint du même état d’esprit, nous apprenait que si les pauvres sont pauvres, ce n’est certainement pas de leur faute, c’est faute d’avoir un emploi. Il n’a pas complètement tort. Le seul petit problème, que Joffrin et consort s’acharnent à ne pas voir, c’est que le marché de l’emploi tel qu’il se présente en France aujourd’hui ne permet pas d’embaucher les bénéficiaires des minima sociaux.

Deux grandes raisons à cela :

1. l’argent englouti dans la protection sociale pèse sur la croissance qui pèse sur l’emploi, formant ainsi le cercle vicieux des aides sociales sans fond et sans avenir qu’on ne connaît que trop bien depuis des années,

et 2. le marché de l’emploi est rigidifié par un salaire minimum trop élevé pour faire rentrer dans l’emploi bon nombre de laissés-pour-compte au SMIC actuel, notamment des jeunes. Ajoutons que la France, encore une fois à l’avant-garde, dispose d’un salaire minimum particulièrement élevé en pourcentage du salaire médian(*).

• A droite, les propos d’Emmanuel Macron ont été fraîchement accueillis également, mais plutôt sur la forme – assez cavalière et très com’, il faut bien le dire – que sur le fond. Et il est vrai qu’il y a loin de la coupe aux lèvres.

Si j’adhère au constat général, je me rappelle aussi que Macron est un habitué de ces sorties tonitruantes qui semblent donner un coup de pied décisif dans la fourmilière de nos habitudes bien ancrées, pour n’en rien faire finalement.

Quand il était ministre de Hollande, il s’était fait remarquer par une remise en cause d’un autre de nos totems et tabous sur l’emploi, les 35 heures. Peu après, c’était le statut de la fonction publique qui passait dans sa moulinette. Dans les deux cas, il était revenu sur ses propos, avançant qu’on l’avait mal compris. Plus récemment, le budget 2018 était annoncé comme le premier pas d’une importante baisse des dépenses et des prélèvements, ce qui n’était nullement exact.

Concernant les dépenses sociales et leur faible résultat en matière d’emploi, force est de constater qu’Emmanuel Macron a fait adopter une réforme du code du travail qui touche à beaucoup de petits sujets périphériques, mais certainement pas au salaire minimum. Quant à savoir quels sont ses projets exacts et comment il compte baisser la dépense et la rendre plus efficace, on en reste au stade purement déclaratif : prévenir plutôt que guérir, responsabiliser plutôt que laisser dans l’assistanat ; ce sont des mots.

Nulle part il n’est question d’opérer un vrai changement structurel. Au contraire, l’Etat étend sa toile dans la protection sociale. C’est ainsi que le gouvernement a conclu un accord avec les mutuelles afin que celles-ci proposent un remboursement complémentaire de la sécurité sociale qui ne laissera rien à la charge des assurés dans le domaine des lunettes et des appareils auditifs.

Les journalistes de Libération respirent à nouveau après les sueurs froides que l’exécutif leur a données avec son « pognon dingue ». Non sans passer avec beaucoup de désinvolture sur le fait que les compagnies mutualistes chercheront inéluctablement à faire des gains de productivité ou à augmenter les cotisations ou les deux. Sauf si le gouvernement se met alors en tête de fixer les prix comme il le fait déjà pour les médicaments, les médecins et les cotisations de sécurité sociale.

Bref, on s’éloigne tous les jours un peu plus de la réalité du marché de la santé et on se rapproche tous les jours un peu plus d’un système de santé entièrement collectivisé. C’est pourtant en France qu’on a des pénuries de médecins et des services hospitaliers complètement désorganisés quand ils ne sont pas honteusement vétustes.

Comme d’habitude, Emmanuel Macron excelle à dresser des constats clairvoyants et prometteurs, surtout quand il peut les mettre en scène pour le bénéfice de ses nombreux admirateurs, dont le FMI qui voyait récemment en lui l’homme le plus réformiste d’Europe.

Mais fidèle au « en même temps » prudent et fort peu pédagogique qui lui a permis d’être élu, il excelle tout autant à brouiller les pistes, à revenir sur ses propos, à les vider de leur sens et à agir finalement de façon purement marginale.

Même le FMI n’est pas totalement dupe du côté ravalement de façade de la politique macronienne. Il appelle donc Macron à approfondir son action et cite expressément les emplois aidés, le salaire minimum et les indemnités chômage comme facteurs bloquants en l’état actuel. De quoi redonner des vapeurs à Libération, des couleurs à notre économie et moins de chômeurs à Pôle Emploi.


(*) Le revenu médian partage la population en deux groupes de même effectif.


Illustration de couverture : Emmanuel Macron devant le 42ème congrès de la Mutualité à Montpellier le mercredi 13 juin 2018. Capture d’écran vidéo LCI.

20 réflexions sur “Social : POGNON DE DINGUE et méthode Macron

  1. Force est de constater que cet argent est bien mal employé, le système hospitalier est entièrement étatisé et fonctionnarisé, ce qui n’a jamais été un gage de bonne gestion, la sécu rembourse tout et n’importe quoi, comme l’homéopathie et les cures thermales et le contrôle du chômage est très aléatoire.

    Le système de formation professionnelle est entièrement à revoir pour que les gens se forment à un vrai métier et ne soient pas envoyés dans des stages bidons qui rapportent beaucoup d’argent à des officines douteuses ou à des syndicats.

    De nombreuses études ont montré que le SMIC est un frein à l’embauche, mais si on peut vivre avec celui-ci à la campagne, c’est beaucoup moins évident dans les grandes métropoles.

    Il y a une foultitude de choses à changer, mais ce ne sera fait qu’à la marge.

  2. Ce commentaire est exact mais on peut aussi dire, et constater, que TOUS les prédécesseurs qui n’ont rien foutu non plus (après 5 ans de mandature alors que Macron n’affiche qu’un an d’exercice…) n’ont même pas eu le courage de faire le bon diagnostic que Nathalie MP vous mettez au crédit de Macron. Je pense pour ma part et souhaitant aussi que Macron aille plus vite et plus loin, que dire les réalités qui fâchent est déjà un acte politique majeur dans ce pays culturellement formaté à l’Etat providence et au son des médias connivents. Avant que ce peuple puisse changer ses convictions erronées, encore faut-il qu’il comprenne où il en est. Si on considère que Macron porte cette transition intellectuelle, alors on ne peut que saluer son effet positif..

    • Je crois que le diagnostic est fait depuis longtemps. C’est le courage politique qui manque. Il manque d’autant plus qu’il a une parade académique bien pratique : « Je ne dépense pas un pognon dingue, je pratique une politique keynésienne ».
      Je reconnais à Macron le mérite de secouer le cocotier par ses déclarations. En revanche, je lui reproche de faire cela de façon pas très fine, de n’y avoir mis aucune pédagogie ni pendant sa campagne ni maintenant (le langage, genre parler vrai, le tweet dans la nuit, pour le montrer au boulot, c’est ridicule et ça casse le message), et d’en dire toujours beaucoup plus qu’il n’en fait.
      Pour moi la réforme du marché du travail était primordiale, elle est des plus superficielles. Interrogez les gens autour de vous sur les réformes Macron. Ils vous disent travail, apprentissage, Sncf. Creusez plus, demandez-leur de citer des mesures significatives. Silence.
      A ce jour, je le crédite de la fin du recrutement des cheminots au statut.

      • Bonjour Nathalie,

        Tous vos reproches peuvent être éclairés par le marketing politique et par l’objectif de Macron, qui est d’être encore en place jusqu’en 2027.

        Je suis à moitié d’accord avec lui aussi quand il déclare la dépense d’un pognon de dingue. Il en oublie aussi l’autre versant qui est qu’il prélève aussi un pognon de dingue, mais cela reste visiblement légitime. Aussi, il parle beaucoup de « préventif », ça reste toujours du capitonne ment de l’environnement.

      • Bonjour Restless,
        « l’objectif de Macron, qui est d’être encore en place jusqu’en 2027 » : C’est bien son objectif – comme cela aurait d’ailleurs été celui de tout candidat élu à sa place ; 10 ans, c’est la norme non-écrite.
        Ca va être intéressant à regarder, car si l’élection de 2017 a beaucoup rebattu les cartes de notre géographie politique, on n’est clairement pas au bout du séisme comme le montrent les fractures (pour l’instant colmatées) chez LREM et celles, complètement ouvertes, chez LR.
        Il y a de la dispersion et de la recomposition dans l’air. C’est amusant cette façon que les politiciens et les chefs de parti ont de dire : « Il faut se rassembler ». C’est gentil, mais se rassembler sur quoi ? Là, c’est plus difficile à dire, aussi bien chez LREM que chez LR et le petit PS.

  3. On est les champions ! On est les champions ! On est, on est…C’est pourquoi les migrants font soigneusement leur benchmarking. Ils savent, le monde entier sait dans quel pays on dilapide sans contrôle.
    Savez-vous, Nathalie, si le montant des aides sociales comprend les coûts salariaux des fonctionnaires chargés de distribuer ?
    Libé et Médiapart dégainent immanquablement les minijobs allemands qui exploitent scandaleusement en faussant les stats. Ce qu’ils ne disent pas, c’est que la rétribution du minijob s’ajoute aux indemnités de chômage. Et que la grosse Merkel opportuniste capitalise sur les lois Hartz du chancelier Schröder, un socialiste nettement moins timoré dans la mise en œuvre que notre Macron qui reste au niveau grande gueule.

    • – « C’est pourquoi les migrants font soigneusement leur benchmarking. Ils savent, le monde entier sait dans quel pays on dilapide sans contrôle » : c’est en partie vrai et cela résulte du fait que notre Etat providence fausse complètement le marché des mouvements migratoires.
      Mais ce n’est qu’en partie vrai, car nombreux sont ceux qui se massent à Calais, pas pour les attraits particuliers de cette ville mais pour accéder au UK. Ils font leur benchmarking (ce qu’on ferait tous) et ils savent là où ils ont le plus de chance de pouvoir travailler.

      – Les montants d’aides que j’ai donnés correspondent uniquement à ce qui est perçu par les allocataires. Il faut rajouter à cela la part des frais salariaux et des frais de fonctionnement des administrations publiques qui les concernent.

      – Les jobs à 1 euro allemands et les contrats zéro heure britanniques, c’est vraiment l’argument choc mais complètement faux qu’on nous ressort tout le temps. Natacha Polony par exemple :
      Travail et libéralisme : « C’est fou, les malentendus idéologiques ! » (31 mai 2016)

  4. C’est fou comme l’ensemble du microcosme fait semblant de découvrir un truc qui est connu depuis si longtemps juste parce que le président Macron a fait sa sortie. Pourtant cette situation est rappelé régulièrement année après année dont le dernier avec l’OIT :
    http://www.entreprise.news/protection-sociale-francaise-plus-chere-monde/
    ou la DREES qui tente régulièrement d’y voir clair :
    http://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/cps.pdf
    et tout cela avec 42 milliards de coûts de gestion pour les 714 de dépensés :
    http://www.ifrap.org/sites/default/files/publications/fichiers/etude_ifrap_couts_de_gestion_protection_sociale.pdf
    Et pour s’en assurer la preuve on peut lire par exemple le rapport de la cour des comptes régionale de PACA sur la gestion du département des Bouches du Rhône :
    https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2017-10/PAR2017-1948.pdf
    En page 4, pas besoin d’aller trop loin, on peut lire qu’en passant les contrôles de RSA de 929 à 1404, les contentieux passent de 90 à 335. C’est dire le foutoir qui règne dans le domaine ! ….et l’argent versé indument qui ne sera jamais récupéré.
    Sans compter les contentieux entre CAF et département qui lancent des procédures au Trinunal Administratif car régulièrement la CAF stoppe les versements car le département exsangue n’a pas transféré le budget requis.
    Est-ce que Macron après son étonnement indigné pourra penser quelque chose de simple et de juste; qu’un enfant de 5 ans pourrait comprendre comme on dit ?
    Redonner des emplois, c’est pas lui, ce sont les entrepreneurs à condition de leur lâcher les basques, sur les charges, le salaire minimum, les conditions d’apprentissage, la formation professionnelle etc….

  5. Je suis en désaccord avec le constat macronien.

    On dépense un pognon de dingue en administration pléthorique. Dire que c’est les pauvres qu’il faut responsabiliser, c’est vraiment moche, c’est d’abord et avant tout la masse salariale de l’Etat qui doit diminuer. Comment peut-on espérer que les « pauvres » se responsabilisent si les emplois fictifs de la république perdurent?

    • Dire que le système social coûte un pognon dingue n’implique pas que le reste ne coûte rien.
      Mais ça a l’avantage de jeter le doute sur le traitement social qu’on applique systématiquement.
      Macron donnait un discours devant les mutualistes et traitait spécialement du système social.
      Sauf qu’il y a tout lieu de croire que rien ne sera véritablement remis en cause si on se fie à la façon de fonctionner de Macron.

      • Oui, mais c’est une question d’ordre. Les dépenses de fonctionnement doivent baisser avant les dépenses sociales. Je trouve que la présentation du problème est biaisée et dédouane les administrations en pointant en creux une irresponsabilité des « pauvres ».
        D’autre part, s’il s’adresse aux mutualistes, il sait néanmoins quel public il va toucher par la bande. Le problème qu’il pointe est réel, le résultat des aides n’est pas celui attendu et leur montant prouve que ce n’est pas une question de moyen, la perte en ligne qui est le défaut de cette politique qu’il est le plus à même de régler n’est jamais évoqué.

    • Façon de fonctionner très curieuse.
      Les 80 km/h sur les routes secondaires, mises en application au 1er juillet, sans prendre en compte les objections des associations d’usagers. Pour faire plaisir à Edouard Philippe qui nous a sorti une interminable tartine à la Macron sur le sujet ? S’il y a une chose qui fonctionne en France, c’est bien la signalisation routière du réseau secondaire, subtilement adaptée à la configuration.
      Sur le pognon de dingue, on va voir. Synonyme, qui se veut juste disruptif dans la forme, du C’est pas cher, c’est l’Etat qui paie?

  6. A propos du SMIC, voici ce que j’écrivais à Christian St-Etienne lors de la sortie de son dernier ouvrage « OSONS l’Europe des nations » (dont Luc Ferry au demeurant est un fervent promoteur) :

    Proposition en p.148 de « garantir à tous un salaire minimum adapté à la réalité économique de chaque pays ». Pourquoi ne pas commencer cette modulation chez nous au plan régional ou même local ? Le SMIC permet de presque bien vivre dans la France périphérique alors qu’il est à peine au-dessus du seuil de pauvreté en Île-de-France ; idem entre les métropoles et leurs hinterlands.

    Sans réponse. Si cela vous intéresse, je pourrai vous faire parvenir mes notes de lecture que je lui avais adressées.

    • Ca m’intéresse beaucoup !
      La modulation locale serait un premier pas. Le reste de l’échelle des salaires tient compte des réalités économiques locales. Pourquoi pas le salaire minimum ?
      Ce qu’il faut voir également, c’est que le niveau des prix dans les autres domaines (logement par exemple) tient compte du fait qu’il y a un salaire minimum d’un certain montant comme il tient compte du fait qu’il y a des aides au logement, tous facteurs qui poussent à la hausse. Si on baisse le salaire minimum et si on baisse les allocations logement, le niveau des prix du logement va s’adapter. Il ne faudrait pas croire qu’il resterait ce qu’il est.

  7. Voila que Marlène Schiappa s’engueule avec son père (il paraît que c’est une habitude) sur la citation attribuée à Karl Marx : « L’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes ». C’est très rigolo !
    Sauf que « Toucher 550 euros de RSA/mois ne permet pas de sortir de la pauvreté s’il n’y a pas d’accompagnement efficace vers le travail. Un vrai travail, un vrai salaire : voilà le projet de gouvernement ! », ajoute-t-elle.
    Et là je ne crois pas du tout aux dispositifs d’accompagnement vers le travail menés par l’état (pôle emploi et autres) qui ont très largement prouvé leur inefficacité malgré plein de pognon supplémentaire cramé.

  8. Entièrement d’accord avec ce constat affligeant … de préconçus !

    Il démontre bien que beaucoup ici n’ont encore jamais connu qui le chômage (le vrai), qui la maladie ou le handicap, qui la faim et le désir de pouvoir consommer ne serait-ce qu’un cinéma ou une sortie restaurant dans l’année, qui la lente descente aux enfers liée notamment à un salaire tellement dérisoire qu’il permet juste de survivre !
    Alors lorsque je lis, entre autres idioties, que les salaires minimums sont trop hauts et qu’ils n’incitent pas ceux qui sont sous perfusion à rechercher un emploi, c’est tout le contraire qu’il faut prôner !

    Pauvres fous qui critiquez du haut de votre piédestal, je ne vous souhaite pas de connaître la misère …

    • @rufus
      mais qu’en savez vous?
      Autour de moi, beaucoup ont connu des accidents professionnels, le chômage (moi le premier) et c’est paradoxalement ces situations qui démontrent qu’il y a un fossé béant entre les insiders et outsiders, que le marché de l’emploi est fossilisé, . Que les « pouvoirs publics », au lieu de laisser la liberté à chacun, s’évertuent à rendre la vie plus compliquée sous couvert de bien commun.

    • Soyez moins méprisant, et réfléchissez davantage. L’Etat peut, certes, obliger les entreprises à payer un salaire minimum. Il ne peut pas, cependant, les obliger à créer les emplois… qui seraient payés à ce salaire minimum.

      Autrement dit, l’alternative n’est pas entre un salaire de 100, et un salaire de 120. Elle est entre un salaire de 100, et un salaire de zéro. Il y a ce qu’on voit, et ce qu’on ne voit pas (Frédéric Bastiat). Intéressez-vous davantage à ce qu’on ne voit pas. Les socialistes (de droite et de gauche) vous en parlent rarement.

  9. Bonjour Nathalie,

    comme tu le dis, il y a loin de la coupe aux lèvres. Et même plus, j’ai tendance à croire qu’en s’offrant une sortie pareille, Macron a déjà dans l’idée de ne rien faire.
    C’est un peu comme pour les migrants : un discours de fermeté, mais la réalité des décisions et des actes est presque à l’opposé.
    De plus, le coût de l’aide social est à mon sens plutôt une conséquence d’un problème, qu’un problème en soi. Cela résulte d’un tôt de chômage déshonorant, lui même dû à un marché du travail étranglé par une réglementation ubuesque et une administration tatillonne et tracassière. C’est là où il faut porter le fer, et ça n’en prend pas le chemin.

  10. @ Rufus :
    « Alors lorsque je lis, entre autres idioties, que les salaires minimums sont trop hauts et qu’ils n’incitent pas ceux qui sont sous perfusion à rechercher un emploi, c’est tout le contraire qu’il faut prôner ! »
    Un salaire minimum trop élevé n’est pas une désincitation à chercher du travail (je n’ai jamais dit ça), mais c’est un frein à l’embauche. Les entreprises vont chercher à recruter des salariés dont la productivité (c’est-à-dire leur capacité à délivrer un certain travail dans un certain temps) est en rapport avec le salaire proposé ; ce qui va mécaniquement évincer tous les candidats qui ne sont pas à ce niveau (par manque d’expérience, par manque de formation…).

    @ JHDR : Oui, effectivement, la première protection sociale, c’est le travail. Ce qui nous amène à réfléchir non seulement au code du travail tel qu’il est chez nous et aux réglementations absurdes mais aussi à l’éducation, et à tout l’univers de « précaution » que l’on est en train de créer autour de l’entreprise.

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