Dette SNCF : la finance publique, c’est vraiment magique !

Alors que la participation des cheminots à la grève SNCF semble s’émousser au fil des jours, alors que les Français continuent à estimer majoritairement que la réforme de la SNCF est justifiée (62 %) tandis que la grève ne l’est pas (57 %), les syndicats, CGT en tête, durcissent le ton et menacent d’étendre les belligérances à toute la période estivale si le Premier ministre persistait à ne pas les recevoir.

Ne voulant pas apparaître comme le responsable d’un éventuel blocage, Edouard Philippe les a donc conviés par lettre à des réunions bilatérales à Matignon le 7 mai prochain. Une lettre des plus intéressantes, car elle soulève la question de la dette SNCF en des termes qui ne peuvent pas laisser les contribuables indifférents.

On parle de 46,6 milliards d’euros de dette chez SNCF Réseau, l’entité qui s’occupe de la création et de l’entretien des infrastructures ferroviaires ; et de 7,9 milliards d’euros chez SNCF Mobilités qui a la charge du transport voyageurs, des gares et du transport de fret. Le Groupe SNCF chapeaute le tout et se trouve donc à la tête d’une dette de 54,5 milliards d’euros.

Dix milliards environ ont déjà été repris par l’État en 2007 suite aux demandes de l’Union européenne de réintégrer dans les comptes publics la partie de la dette SNCF qui avait été transférée à une caisse spéciale, la SAAD, chargée de l’amortir. Coup de baguette magique, cette portion de dette n’apparaissait plus, ni dans les comptes de la SNCF ni dans ceux de l’État. Si vous vous posez la question, sachez que cet allégement ni vu ni connu de sa dette n’avait pas empêché la SNCF de continuer à s’endetter de plus belle.

Bref, dans sa lettre aux syndicats, Edouard Philippe confirme donc que la dette de la SNCF sera reprise progressivement par l’État à compter de 2020 ainsi que Macron l’avait annoncé lors de son entretien avec Bourdin et Plenel.

Mais il ajoute :

« Cela demandera un effort supplémentaire des contribuables. »

L’emploi du mot « contribuables » qui fait explicitement référence à la contribution obligatoire des citoyens aux dépenses du pays via les impôts et taxes, ainsi que les termes « effort » et « supplémentaire » qu’on leur applique, n’ont d’après moi qu’une seule interprétation possible : la pression fiscale va augmenter à un moment ou à un autre, soit par création d’une contribution ad hoc (comme la CRDS pour la dette de la sécu, par exemple) soit par augmentation du taux d’un prélèvement existant, soit par élargissement de son assiette, soit par tout cela à la fois.

Et même à supposer qu’il ne soit pas question d’amortir cette dette immédiatement par les moyens fiscaux classiques, une dette reste une dette détenue par des créanciers et elle pèsera fiscalement sur les générations futures.

C’est navrant, c’est même purement et simplement scandaleux, mais c’est un processus auquel nous sommes désormais, non pas habitués, mais régulièrement soumis. L’État et ses multiples structures ont la fâcheuse tendance à vouloir monopoliser toutes sortes d’activités pieusement drapées dans les nécessités du « service public » sans manifester la moindre recherche de rentabilité ni la moindre velléité de bonne gestion.

On connaît les situations financières d’AREVA(1), d’EDF et de la SNCF, toutes plus catastrophiques les unes que les autres. Quant à l’État, toujours en chasse de nouveaux prélèvements pour couvrir ses dépenses toujours plus élevées, il n’hésite pas à faire payer ses victimes pour compenser les grossières erreurs qu’il commet dans sa précipitation à taxer.

Conclusion inévitable : la dette de la SNCF, c’est pour nous, les contribuables, alors que nous sommes déjà mis à contribution pour subvenir à son fonctionnement à hauteur de 10,5 milliards d’euros par an. Edouard Philippe, lyrique, croit y voir « la marque de l’attachement de l’ensemble de la nation au service public ferroviaire ».

Or curieusement, même si le Premier ministre a affirmé haut et fort « qu’il n’y a pas de finance magique », lorsque vous l’interrogez ou lorsque vous interrogez son ministre du budget, on vous répond par une drôle de pirouette : Bien sûr que ce sont les contribuables qui vont reprendre la dette de la SNCF, tout simplement parce que l’État, ce sont les contribuables. Mais tout ceci se fera sans alourdissement des prélèvements !

Mais comment, alors ?

Grande nouvelle, Mesdames et Messieurs, l’État compte enfin, pour la première fois depuis des années, … on n’ose l’écrire tellement c’est fou, … l’État compte donc « baisser les dépenses » ! Et ça laisse dubitatif … Ecoutons Gérald Darmanin (vidéo, 42″) :

Baisser les dépenses. Comme dans le budget 2018 où elles augmentent de 0,5 % en volume (déflatées) ? C’est seulement une fois ramenées au PIB (qui est prévu pour augmenter plus vite) qu’elles montrent une baisse sur l’année précédente. Et encore, l’année précédente, c’est-à-dire 2017, a fini sur un taux de dépenses sur PIB (56,5 %) plus haut que prévu.

Mais là est bien l’artifice sous-entendu dans les propos du gouvernement : la fameuse baisse « en tendance » qui fait qu’on peut continuer à dépenser, à condition de le faire à un taux un chouïa en-dessous de la croissance du PIB.

Pour l’instant, le gouvernement n’a guère livré de détails sur cette opération de reprise de dette, à tel point que les députés de la Commission des Finances réunis la semaine dernière sur le sujet n’ont pas été tendres avec les représentants de l’État et ceux de la SNCF qu’ils auditionnaient. « À un moment donné, il faut être plus précis » a dit Marie-Christine Dalloz des Républicains. « Ce que vous nous avez donné (comme explications) c’est du gloubi-boulga » a renchéri Valérie Rabault du PS.

Mais on imagine bien nos Bercy Boys en train de se livrer à moult scénarios de croissance pour voir quel montant de la dette SNCF pourrait être intégré chaque année aux comptes publics afin de montrer quand même une baisse du déficit, une baisse des dépenses et une baisse du ratio dette sur PIB. En l’état actuel des choses, 45 milliards de dette en plus pour les comptes publics feraient monter le taux de dette sur PIB actuel de 97 % à 99 %.

Et on imagine aussi très bien la mise en place de nouvelles « taxes comportementales » ou de nouvelles réglementations appelant amendes en cas de non respect, pour détourner les citoyens d’habitudes nocives. Aucun rapport apparent avec la dette de la SNCF, uniquement de la sollicitude fiscale pour notre bien-être, mais finalement, tout ceci finit dans la consolidation des comptes publics, n’est-ce pas ?

Pour sa part, la CGT a une solution des plus simples qu’elle compte bien apporter le 7 mai à la table des négociations. Ne pouvant compter ni sur l’abandon de l’ouverture du transport de voyageurs à la concurrence (2021), ni sur l’abandon de la fin du recrutement au statut cheminot (à partir de 2020), il lui reste la dette pour faire pression sur le gouvernement.

N’ayant pas les pseudo-pudeurs de Philippe et Darmanin vis-à-vis de l’accroissement de la pression fiscale et ne jurant que par la nationalisation de tout ce qui bouge, ses recommandations rappellent le bon vieux temps du Programme commun de la gauche. L’axiome de base étant que « le transport ferroviaire ne peut s’autofinancer » – comprendre : ne doit pas s’autofinancer, grandeur (et décadence) du service public oblige – elle propose (page 32) la création d’une CADEFE (ou Caisse d’amortissement de la dette ferroviaire) sur le modèle de la CADES qui a repris la dette de la sécurité sociale.

Et tout comme la CADES qui se finance grâce à la CRDS (Contribution à la réduction de la dette sociale) créée spécialement, la CADEFE se financerait par la nationalisation des autoroutes, la fin des exonérations sur la TICPE (taxe sur l’essence et le diesel) et l’extension à toutes les régions du « versement transport » des entreprises qui existe en Ile-de-France.

Quelle que soit la solution retenue, le contribuable paiera. La SNCF sera donc allégée peu à peu de sa dette, et donc du fardeau des intérêts à verser aux créanciers, 1,5 milliards par an environ. Cela suffira-t-il pour la voir entrer dans le cercle vertueux des profits qui lui permettront d’investir pour se hisser au meilleur niveau ferroviaire ?

Si rien n’est modifié dans la gouvernance, dans la relation clients, dans le pouvoir de nuisance syndicale, dans les décisions – essentiellement guidées par des diktats politico-électoraux – d’ouverture de nouvelles lignes et d’achat de matériel roulant, si son impunité à s’endetter demeure intacte, on peut répondre que non, même en situation de concurrence avec d’autres opérateurs.

Quand vous avez une entreprise privée, vous pouvez vous financer avec du capital et de la dette. Votre banquier n’aura aucun problème à renouveler vos lignes de crédit pour peu que vous lui démontriez que votre entreprise est capable de dégager des bénéfices. Si tel n’est pas ou plus le cas malgré plusieurs tentatives de remise à flots (recapitalisation, nouvelle dette), l’activité est arrêtée, les actifs sont vendus et les créanciers sont remboursés(2).

Quand vous êtes une entreprise publique française, vous pouvez accumuler les subventions, les déficits et les dettes depuis plus de 80 ans, vous pouvez avoir des performances commerciales médiocres, peu importe ! Par la vertu du sacro-saint service public, vous êtes « too big to fail ». Quoi qu’il arrive, le contribuable d’aujourd’hui ou de demain paiera. C’est ça, la magie de la finance publique : grâce à la fable du « consentement » joyeux à l’impôt, l’État a toujours des moutons à tondre sous la main.


(1) Notons au passage que tout récemment, Eurostat (l’organisme de la statistique de l’Union européenne) a émis des réserves sur la recapitalisation d’AREVA.

(2) Ordre de remboursement : d’abord l’Etat (qui ne s’oublie jamais) pour les dettes fiscales et sociales, puis les salariés, puis les banquiers et les fournisseurs, puis, s’il reste quelque chose, les actionnaires.


Illustration de couverture : Dette de SNCF Réseau, à laquelle il faut ajouter celle de SNCF Mobilités (7,9 milliards d’€), soit un total de 54,5 milliards d’€  fin 2017.

28 réflexions sur “Dette SNCF : la finance publique, c’est vraiment magique !

  1. « Votre banquier n’aura aucun problème à renouveler vos lignes de crédit pour peu que vous lui démontriez que votre entreprise est capable de dégager des bénéfices. »
    Dans la pratique pour les petites entreprises, le banquier demande une garantie sur les biens personnels du dirigeant, c’est LE critère pertinent pour obtenir un crédit.

  2. C’est insoluble tant que l’on garde cette engeance dans le giron de l’Etat. Le plus simple serait de privatiser tout le bouzin et d’affecter la recette à l’amortissement de la dette, mais je parie que même les Chinois ne mettront pas un fifrelin dans ce rachat.Les infrastructures valent quelque chose, mais le reste ?

    • La dette ….
      Posons nous la question de savoir à qui l’État français, donc nous tous, doit-il de l’argent et qui doit-il de l’argent à l’État français ?
      Je n’ai pas les réponses. Il me semble que par le passé, beaucoup de dettes ont été effacées par l’État français pour des raisons que j’espère valables.
      Pour la dette française, j’aurais tendance à dire que les gouvernements successifs se sont enfoncés, laissés naïvement berner par des colporteurs malfaisants, un peu à l’image des contrats passés par exemple avec les sociétés autoroutières dont les bénéfices énormes auraient dû revenir dans le giron national.
      Au niveau mondial, de nombreux États sont « surendettés » ce qui signifie qu’ils doivent plus qu’ils ne peuvent rembourser à leurs créanciers. Ces créanciers sont des privés : n’y a t-il pas là quelque-chose qui vous choque ? Des privés qui tiennent en otage les États ?
      Nous sommes dans un système qui va droit dans le mur et artificiellement maintenu en survie pour le bénéfice d’une infime minorité.
      Pour ma part, je suis partisan de l’effacement de toutes ces dettes et de crever l’abcès, pardon la bulle financière afin de repartir vers un autre système raisonnable.

      • Parce que quand vous vous endettez pour réaliser un achat ou un investissement, on vous force à vous endetter ? C’est la banque qui vous braque un révolver sur la temps et vous dit : « endettez-vous » ?
        Et quand il s’agit d’un Etat ou de de collectivités territoriale, les élus sont de pauvres innocents qui ne savent pas ce qu’ils font et se laissent berner par des créanciers véreux ?
        Revenez sur terre.

  3. de mémoire :Charbonnages de France 50 milliards à l’origine reste à solder 5 milliards, Crédit Lyonnais reste 5 milliards sur les 20 du début, la dette de la Sécurité sociale (250 milliards),collectivités locales 200 milliards, total de ce « hors bilan » la dette noire soit 4070 milliards + la dette courante 2300 milliards … je vous laisse faire l’addition ! et tout ça en cadeau à nos enfants, on ne peut être plus scélérat !

    http://la-chronique-agora.com/hors-bilan-dette-noire/

  4. Bonjour,
    Dans le privé, on cherche la rentabilité mais pas seulement du côté des « économies à réaliser », on pratique aussi des tarifs adaptés permettant des bénéfices.
    Au lieu de critiquer à tout va la SNCF, le « sacro-saint service public » ou de faire des amalgames basiques, il y a lieu de se poser aussi la question des tarifs : si la SNCF est en déficit, c’est aussi parce-qu’une politique volontariste de baisse tarifaire (en dessous des seuils de rentabilité) a été mise en place. Il y a des raisons à cela, qui vont bien au delà de la bulle SNCF.
    Il en est de même dans de nombreux domaines d’activité comme la santé, l’éducation …
    La rentabilité doit être appréhendée globalement, au niveau national. A penser « local », en cloisonnant les réflexions, en stigmatisant les problèmes sans élargir la vision, la réflexion est tronquée, faussée. On s’attaque ainsi à de faux problème, souvent créés et entretenus par ceux qui en tireront bénéfice ultérieurement, car il y a toujours un bénéficiaire …
    Cordialement,

    • Merci pour vos conseils.
      La SNCF n’est pas la seule compagnie ferroviaire au monde, mais c’est la moins performante parmi ses congénères dans les pays développés (dixit rapport Spinetta, que vous avez lu, je suppose, et bien d’autres rapports depuis plusieurs décennies).
      A mon tour de vous donner un petit conseil. Lisez donc ça :
      « Japan Railways, un exemple pour la SNCF » :
      https://www.contrepoints.org/2018/04/07/313507-japan-railways-un-exemple-pour-la-sncf

      • Bonjour et merci pour ce lien qui en dit long sur le chemin qu’il reste à parcourir pour recouvrer le sens de la raison …
        Il s’agit d’un article entièrement dédié au « Dieu Finance » … J’exagère un peu en écrivant cela, mais les volets sociaux et contextuels sont oubliés ou tronqués, et lorsque je lis :
        « La dégradation de la situation de l’entreprise publique (avant 1987) s’explique notamment par le poids de l’État dans la gestion de l’entreprise, par la réalisation d’investissements dictés par des considérations plus politiques qu’économiques, enfin par l’existence de relations sociales très détériorées au sein de l’entreprise » … je me dis que lorsqu’on veut tuer son chien, on l’accuse d’avoir la rage …
        D’aucuns ici préfèrent que l’on s’occupe d’une dette (nationale ou sncf), d’emprunter (investir serait plus poli) pour toujours davantage de bénéfices. On nous vend du rêve depuis des décennies en nous martelant des aberrations à tous les coins de rues, aberrations qui sont devenues vérités.
        Les français d’aujourd’hui naissent à crédit, vivent à crédit et décèdent en laissant ce crédit en héritage à leurs enfants. Je préfère naître sans rien, vivre avec pas grand chose et partir sans rien devoir …
        De plus, parler du modèle japonais, avec une culture du travail totalement différente, un contexte politique et géographique n’ayant rien à voir avec celui de la France montre bien l’impertinence de la démonstration.

        Cordialement,

      • Commentaire remarquable de contradiction et d’incantation :
        « D’aucuns ici préfèrent que l’on s’occupe d’une dette … pour toujours davantage de bénéfices, on nous vend du rêve »
        « Les français d’aujourd’hui naissent à crédit, vivent à crédit et décèdent en laissant ce crédit en héritage à leurs enfants. Je préfère naître sans rien, vivre avec pas grand chose et partir sans rien devoir … »

        A lire cela, on a l’impression que la dette, c’est mal. Mais d’un autre côté, réformer la SNCF, c’est mal aussi. Faudrait savoir.
        Eh bien oui, justement, dans certains cas comme celui de l’endettement sans fin de l’Etat, la dette est une menace sur le présent et le futur. Et c’est justement parce qu’on observe que la SNCF n’arrive pas à délivrer un service ferroviaire convenable sans s’endetter tous les ans un peu plus qu’il devient impératif de procéder à des réformes de fond et de chercher la rentabilité pour investir ensuite dans des équipements et un réseau moderne et sûr plutôt que l’endettement auprès des contribuables.

  5. Je n’ai pas lu beaucoup de critiques lors des réalisations récentes de lignes à grande vitesse, LGV vers l’Ouest, le Sud Ouest et l’Est… C’est certain elles doivent s’auto financer ? La majeure partie de la dette de la SNCF est une dette d’aménagement du territoire, donc de la collectivité nationale. Le problème est de savoir qui va payer, on a compris que le « cochon de payant » est certainement la classe moyenne.
    La SNCF est plus utile et coûte moins cher que les subventions très anormales pour les moulins à vent et les panneaux solaires alors qu’on a déjà investi dans le nucléaire à juste titre. Qu’on transfère ces subventions à la SNCF et la dette ne sera plus un problème.
    Le refroidissement climatique qui s’annonce mais reste à confirmer va remettre les pendules à l’heure, mais que d’argent gaspillé pour céder à un fantasme de guerre économique bien manigancé.

    • Idée amusante !
      Mais ça reste un système à base de subventions déresponsabilisantes. Donc une incitation à ne surtout rien changer dans sa gestion, à ne surtout pas chercher à s’améliorer. Une incitation à continuer à faire des pertes puisqu’il y aura toujours une subvention, donc un contribuable, pour éponger les déficits.

      • Il s’agit de régler le problème de la dette, pas de poursuivre la « subventionite ». J’avais oublié dans la liste des dettes indues les commandes à Alsthom pour faciliter sa cession à Siemens et la vente de notre savoir faire énergétique à GE. Dans d’autres pays on condamnerait les ministres, voire le président pour corruption. C’est vrai que chez nous par précaution on a supprimé la cour susceptible de les juger. Nos « intouchables » sont bien protégés.
        Pour ce qui est du climat on lit de plus en plus d’articles sur le ralentissement du Gulf Steamer, c’est curieux !!! Les écolos bien informés ont quitté le bateau pour le perchoir !!!

  6. Dans une entreprise privée, on aurait à l’oeil sur le CA directement résultant de la fréquentation. Or la SNCF présente une fréquentation faible et plutôt en stagnation par rapport aux autres opérateurs. Non plus il faudrait abandonner l’idée que la SNCF est un outil exclusif d’aménagement de certains territoires et avoir le courage de faire le ménage des lignes déficitaires par exemple.
    Mais l’Etat continue à engranger les succès, ainsi le nombre de sociétés qu’il contrôle ne cesse d’augmenter :
    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2018/04/24/20002-20180424ARTFIG00140-le-nombre-de-societes-controlees-par-l-etat-a-augmente-en-2016.php
    pour le plus grand bien de la collectivité et des contribuables.
    Et l’extraordinaire optimisme de l’efficacité des intrépides réformes de notre jeune président paraît s’étioler, la croissance devient molle !
    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2018/04/27/20002-20180427ARTFIG00144-apres-cinq-trimestres-a-plus-de-05-la-croissance-ralentit-fortement.php
    Mais sacrebleu, qui produit la croissance ?

    • Effectivement, ça fait un petit moment qu’on a des alertes sur le ralentissement de la croissance. Mauvaise nouvelle pour Macron. Car il comptait, comme Hollande avant lui, sur une France tirée par la croissance mondiale pour arranger nos chiffres. Tout se complique …
      Si on n’en vient pas vraiment aux réformes de structures, on risque de continuer à traîner la patte encore longtemps.

  7. Il fut un temps, je prenais les transports en commun (maintenant, c’est mon 4×4 collector et polluant, je fais un allergie au train, aux bus, même Macron, au métro, à l’avion). Pour commencer, je trouve les gares, aéroports et stations de métro répugnants et mal fréquentés. Qu’ils commencent déjà à nous re-considérer comme des clients et non ces horribles « usagers » (synonyme de bétail et otages intermittents).
    Du temps où la SNCF était moins urticante, elle avait un site de réservation génial : les prix étaient fonction du remplissage et de l’ancienneté de la réservation. On pouvait avoir un Paris-Lyon en première classe pour 3 fois rien.
    Bref, une partie de la solution est aussi du côté de leur politique commerciale. Qu’ils se rendent aimables et on les aimera. C’est ça le service public : être au service du public et non au service de son petit confort garanti à vie.

    • « les prix étaient fonction du remplissage et de l’ancienneté de la réservation » : d’après mes observations sur Paris Lille, c’est toujours le cas (yield management, typique des industries de service avec capacités fixes à remplir).

    • Vous allez aussi l’avoir dans le dos, si je puis me permettre, parce que la tendance, c’est d’interdire les villes aux voitures non Hulot-compatibles. Et les normes deviennent de plus en plus sévères année après année.

      En somme, seuls auront le droit de circuler en voiture les riches capables d’en acheter une neuve tous les deux ans. Quant aux autres, entre le 42 km/h qui sera imposé sur les routes nationales, le contrôle technique pour vérifier le bon fonctionnement du balai anti-écrasement de hérissons à l’avant, et la présence obligatoire d’un bungalow auto-gonflant dans le coffre pour les pannes d’essence sous tempête de neige, ils abandonneront assez vite leur automobile en faveur de la voiture autonome collective sans chauffeur — qu’on trouvera bien le moyen de nous étatiser d’une manière ou d’une autre.

      D’ailleurs, la Suède prévoit déjà d’électrifier la totalité de ses autoroutes à l’aide d’un rail central, pour permettre le rechargement continu des camions électriques. Ce qui, en soi, est une excellente idée. Hélas, elle risque d’en donner d’autres à nos amis ponctionnaires, car entre un réseau ferré à deux rails et un réseau ferré à un rail, il n’y a qu’un saut conceptuel très modeste…

      Et je ne vous parle même pas de l’orgie de « big data » et de contrôle bureaucratique y afférent, qui découlera de la connexion des voitures à Internet, déjà bien avancée. Que ce contrôle soit étatique ou privé ne changera pas grand’chose, et d’ailleurs les tuyaux entre les deux côtés ne manqueront pas de se multiplier.

      On ne peut déjà pratiquement plus acheter une imprimante non connectée à Internet, alors une voiture, vous pensez s’ils vont se gêner, face aux immenses possibilités de flicage supplémentaires…

      • Pour aller dans le sens de vos prédictions, Robert, ce matin sur Radio Classique, un de ces illuminés répétant la mantra de la « société du partage ». Créant du lien social. Comme si j’avais besoin qu’on crée du lien social pour moi. Le lien social, je le crée moi-même.
        Sa « société du partage », c’est le…covoiturage. Déjà qu’on a une trouille intense quand on est passager avec un conducteur de la famille. Les à-coups, l’ignorance du clignotant, etc. Alors aller en covoiturage avec un parfait inconnu et toutes les chances de tomber sur un chauffard, merci bien.
        Moi, pour le co-voiturage, il me faudrait la garantie d’une conduite de type « chauffeur de maître », toute en souplesse.
        Résultat, pour rien au monde, je n’abandonnerais mon vieux 4×4, ma liberté. Quand je vais à Paris, je réserve une place de parking, et ensuite, marche à pied et taxi. Tout sauf les transports en commun. Qui me donnent l’impression d’être chez les soviets. Alors le covoiturage de leur « société du partage », qu’ils se le mettent où je pense.

  8. Il n’y a pas que le secteur public qui est subventionné, le transport routier l’est également. Plusieurs régimes de retraites privés sont également compensés. Je suppose qu’en face de la dette SNCF il y a des actifs.La SNCF étant une entreprise publique elle est donc soumise à la volonté politique. Ne pas oublier que le rail allemand est détenu par une banque privée qui devrait être en faillite si la réglementation européenne lui était appliquée. Relève également d’une disposition européenne le financement des régimes de retraites déficitaires de la fonction publique, en voulant modifier les régimes de retraites des fonctionnaires l’état macronien veut refiler le bébé aux autres régimes et ainsi échapper à ses obligations. Le déficit de certains régimes de retraite étant structurel. Il serait plus honnête de rédiger des articles moins partisans et de prendre en compte les effets de structures.

    • « Il n’y a pas que le secteur public qui est subventionné » :
      Absolument, et pour ma part je suis pour la suppression totale des subventions aux entreprises. Mais il faut bien voir que de la part de l’Etat la subvention est non seulement un moyen d’incitation politique, mais aussi un moyen de pression sur les bénéficiaires, un moyen de les rendre dépendants, qu’il soient publics, associatifs ou privés.

      Quand vous dites « régime de retraite privés », j’imagine que vous voulez dire « régimes de retraite DU privé » car dans l’ensemble, on n’a guère de choix pour sa retraite, c’est répartition, point (sauf pour les fonctionnaires qui ont préfond …)

      « La SNCF étant une entreprise publique elle est donc soumise à la volonté politique » :
      Et aux caprices de tous les petits barons territoriaux pour faire passer les lignes TGV où ça les arrange électoralement.
      Et aux décisions (de Valls) de faire acheter par la SNCF des rames TGV inutiles pour éviter le déplacement (même pas le licenciement) de quelques salariés d’Alstom Belfort avant les présidentielles etc…
      Je n’ai jamais dit autre chose. Et tout ceci ne correspond pas à l’idée d’une entreprise ferroviaire qui répond aux besoins du marché (et je le redis, le marché, ce n’est pas l’horreur, c’est nous qui vivons en ayant des besoins de transports, d’habillement, de communication, d’information, de nourriture, de soins médicaux etc…)

      Dans votre commentaire, vous parlez plus de retraite que de SNCF. Je vous renvoie à l’article sur les chemins de fer japonais que j’ai cité plus haut.

    • Je suppose qu’en face de la dette SNCF il y a des actifs.

      Pas assez: aux dernières nouvelles les fonds propres la SNCF sont négatifs…

      La SNCF étant une entreprise publique elle est donc soumise à la volonté politique.

      C’est tout le problème. La SNCF obéit à son actionnaire majoritaire qui lui impose des décisions ruineuses… aux frais des contribuables.

  9. Pingback: Le syndicalisme est-il soluble dans le macronisme ? | Contrepoints

  10. Pingback: Le syndicalisme est-il soluble dans le macronisme ? - Nouvelles de France Portail libéral-conservateur

Laisser un commentaire