Macron ou la France petits pois !

Avis aux lecteurs : 5 jours de vacances, 5 articles, 500 mots chacun environ. Et voici le n° 5 !

L’injonction « Pensez printemps ! » lancée par Emmanuel Macron afin de convaincre les électeurs de la fraîcheur et de la modernité de sa candidature m’a toujours beaucoup amusée : tant de com’, tant de vide et tant de « marcheurs » béats d’admiration ! Seul le mauvais esprit 🙂 qui m’a saisie ce matin pouvait m’ouvrir les yeux sur sa possible composante « avènement de l’homme nouveau » chère à tous les dirigistes invétérés. 

Car à voir le gouvernement se démener frénétiquement pour imposer l’égalitarisme le plus pointilleux en tous les domaines, j’ai acquis la désagréable impression que la fraîcheur dont il s’agit finalement est celle des petits pois primeurs bien alignés dans leur cosse.

Il n’est même plus question d’être égaux en droit dans le respect de nos différences. C’est tous pareils qu’on nous veut, au garde-à-vous devant le politiquement correct ambiant, sans une pensée, une parole, ou une action qui dépasse. Et gare aux omissions, sinon ce sont brimades, amendes et « name and shame » d’État qui nous attendent.

Dès l’élection d’Emmanuel Macron, on pouvait prévoir qu’un petit pas en avant pour réformer nos structures complètement obsolètes serait à coup sûr accompagné d’épaisses couches de progressisme bien sucré pour endormir les réticences de son camp d’origine. Mais on constate aujourd’hui que le pas en avant (code du travail, SNCF…) est vraiment très petit, tandis que les preuves de gauche finissent par être l’unique horizon de la réflexion politique.

Qu’il s’agisse des mesures anti-fake news, de l’égalité salariale homme femme, des quotas de femmes dans le cinéma, de l’objet social des entreprises ou de la lutte contre le RCA, la viande, le glyphosate et les voitures, tout est fait pour normer la vie des gens selon les valeurs du camp du bien et celles-là seules, qu’elles correspondent à une réalité ou pas, qu’elles s’attaquent à un danger effectif ou totalement fantasmé.

On pourrait imaginer que chacun, informé des tenants et des aboutissants de telle ou telle pratique, fasse ses propres choix. Mais non. Pour le politiquement correct (le conservateur comme le progressiste, mais aujourd’hui on subit le second), il n’y a pas des préférences, il y a une vérité qui doit s’imposer à tous, immédiatement.

Dernière trouvaille, annoncée hier à l’occasion de la « journée de la femme », les entreprises auront l’obligation de brancher un logiciel anti-inégalités sur leur système de paie afin de calculer à l’euro près l’écart de salaire entre les hommes et les femmes.

Outre qu’on se demande comment un tel programme sera paramétré pour tenir compte de toutes les situations personnelles des salariés, on sent venir les produits « garantis sans écart de salaire » comme d’autres s’affichent « sans huile de palme » sous la pression d’ONG écologistes parfaitement oiseusesL’asservissement au conformisme le plus niais est bien parti.

Dans la France moderne d’Emmanuel Macron, la startup État domine toutes les autres, C’est elle qui développe logiciels sur logiciels pour amener tous les esprits au profil unique du petit pois idéal.

Et voyez comme tout se combine à merveille : véganisme oblige, là où le général de Gaulle comparait les Français à des veaux, Macron est passé aux légumes ; et là où Orwell décrivait la « ferme des animaux », Macron est passé à l’exploitation maraîchère extensive.

Une chose est sûre, tout comme les vaches, les petits pois seront bien gardés : Marlène Schiappa nous a promis hier des « référents égalité » dans les établissements scolaires. Commissaires du peuple, ça faisait sans doute trop « ancien monde ».


Illustration de couverture : Petits Pois, photo : pixabay.com, CC0 Creative Commons.

15 réflexions sur “Macron ou la France petits pois !

  1. Tant de com’ pour aussi peu de décisions. Dernière en date, les entreprises n’ont pas pour but de gagner de l’argent, voilà qui va améliorer l’attractivité du pays. Désespérant.

  2. Tout est dit, Nathalie !
    Mais : ne pas critiquer la pittoresque Schiappa.
    Au moins elle nous fait rigoler à chacune de ses apparitions. Schiappa, c’est Ségolène en plus jeune. Même verbiage, Et puis, hein, direct de blogueuse à Ministre, ça force le respect. Et montre que Macron entend occuper le terrain, ne serait-ce qu’en envoyant la volubile et prolixe Schiappa faire diversion sur les plateaux.

  3. Les produits « garantis sans écart de salaire » : excellent. Pour ma part, quand je vais chez mon caviste, j’exige du vin avec sulfites. Plein de sulfites. Le premier qui essaie de me fourguer une bouteille de vin sans sulfites, je le traite d’escroc et je lui mets un procès sur le dos.

    De même, je suis tout à fait disposé à acheter préférentiellement des produits fabriqués par des petits n’enfants indiens réduits en esclavage, conçus dans des entreprises où les femmes ne cessent de tortiller du popotin devant le directeur, produits dans les « colonies » d’Israël, ou destinés à exterminer les ours blancs. Si, de surcroît, l’usine a été « bétonnée » sur une « zone humide », comptez sur moi pour « accepter de payer plus cher », comme disent les « paysans » déjà bourrés de subventions.

  4. Cet acharnement d’égalitarisme est pathologique.
    Voila la bonne façon de tirer tous les français vers le bas !
    Et c’est contre la nature humaine. Comment font-ils pour ne pas s’en apercevoir ?

  5. Bonsoir à tous !
    Le mieux qu’on puisse espérer, c’est que tout ceci reste du domaine de l’affichage bienpensant. Mais même ainsi, c’est encore trop, tant la canalisation des esprits fait son oeuvre.
    Je connais des chefs d’entreprise qui se réjouissent des nouvelles dispositions que le gouvernement compte mettre en oeuvre à propos de l’objet des entreprises. Mais derrière leurs petits discours faussement conscientisés, ils ne sont pas près de quitter des yeux leur bottom line. Ce en quoi ils auront parfaitement raison, il en va de la santé de leur entreprise, et par conséquent de ses emplois.
    Ce qui me révulse, c’est l’hypocrisie dans laquelle baigne tout cet assaut de politiquement correct et les fausses valeurs qui sont ainsi diffusées dans la société.

  6. Nous sommes entrés dans l’Empire du bien,ainsi que l’avait pressenti le regretté Philippe Muray…un monde de cauchemar climatisé,aseptisé avec le sourire du bien de Macron,en prime…
    Moins l’univers de cauchemar,gris et coercitif,inspiré à Georges Orwell,par son modèle stalinien,dans son terrifiant « 1984 »,que l’utopie rose bonbon imaginée par Aldous Huxley,vers laquelle nos sociétés tendent de plus en plus,là où la procréation est devenue artificielle et conditionnée et le bonheur rendu obligatoire à coups de « Festif » et de slogans creux.
    Même les pensées et toutes les passions tristes sont suspectées et traitées à grands coups de pilules euphorisantes,nommées « Soma »…

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