L’anti-sexisme fait son cinéma

Mise à jour du dimanche 23 septembre 2018 : Conformément à ce qu’elle avait promis au début de l’année sous la pression des revendications du beau monde cinématographique, la ministre de la culture Françoise Nyssen a annoncé cette semaine la mise en place d’un bonus de 15 % à partir de 2019 pour les productions « exemplaires en matière de parité » hommes femmes. Vous voyez la dérive constructiviste et idéologique : faites comme on vous dit et vous aurez une récompense. Retour sur l’affaire :

Mais où se cachent donc les femmes ? Tout le monde sait qu’elles représentent 50 % de la population mondiale et pourtant, aucune d’elles ne faisait partie de la sélection pour le Grand Prix de la BD d’Angoulême en 2016, une seule (Jane Campion) a obtenu la Palme d’or à Cannes depuis le début de ce festival et – comble de l’horreur absolue – parmi tous les milliardaires recensés par Oxfam dans sa dernière étude, neuf sur dix cumulent l’odieux privilège d’être hommes et riches !

Cet effacement féminin ne peut plus durer. Pour notre ministre de la Culture Françoise Nyssen, il est désormais hors de question de laisser le fatalisme s’installer dans la société et les esprits. Il s’agit au contraire de faire preuve de « volontarisme », qualité qu’elle revendiquait haut et fort le 7 février dernier en dévoilant ses projets pour faire advenir la parité pure et parfaite dans son ministère et dans le monde de la culture d’ici 2022 :

(Les femmes) « sont sur les bancs des écoles, dans toutes les écoles d’art. Mais après, bizarrement, elles disparaissent. Et c’est là où il faut vraiment changer la vision des choses, changer l’état d’esprit. »

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Un récent rapport du Centre national du cinéma (CNC) est venu apporter de l’eau à son moulin : si les choses évoluent dans le bon sens, la place des femmes dans l’industrie cinématographique reste trop modeste et leurs salaires dramatiquement inférieurs à ceux des hommes. Pour les réalisatrices, l’écart atteindrait même 42 % par rapport à leurs collègues masculins.

Il n’en fallait pas plus pour qu’une brochette d’actrices et de réalisatrices, galamment accompagnées d’acteurs connus comme Charles Berling et Jacques Weber, lui enjoignent hier par voie de tribune dans Le Monde d’appliquer dans tous les recoins de l’exception cinématographique française les quotas, malus et subventions sans lesquels il semblerait que la création en général et la création féminine en particulier ne puissent survivre.

Interrogée sur le sujet, la ministre s’est immédiatement montrée en parfait accord avec la profession. Ce n’est guère étonnant puisque son plan prévoit justement d’imposer une stricte discrimination positive à coup de quotas, d’incitations financières, de punitions et d’objectifs chiffrés dans un secteur culturel « qui a un devoir d’avant-garde » (vidéo,  01′ 30″) :

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Si l’activisme féministe ne date pas d’aujourd’hui, on peut dire que l’affaire Weinstein qui a éclaté à l’automne dernier n’en finit pas de faire des remous. La chute du producteur hollywoodien pour viols et agressions sexuelles a relancé comme jamais la dénonciation du harcèlement sexuel des hommes de pouvoir envers les femmes qui dépendent d’eux d’une façon ou d’une autre, mais elle a également remis sur le devant de la scène les discriminations plus générales dont les femmes se disent victimes, notamment dans leur vie professionnelle avec des salaires inférieurs et un accès plus difficile à certaines professions et aux postes de direction.

Autant le premier aspect me semble digne d’un intérêt légitime – à condition d’éviter toute confusion entre séduction naturelle et harcèlement imposé, à condition d’être certain qu’on a bien affaire à une atteinte intolérable à la volonté et à l’intégrité de la personne, et à condition de prendre garde à ne pas lancer trop vite des accusations terribles, autant celui des inégalités professionnelles entre les hommes et les femmes me semble nettement moins solide à soutenir.

Tout d’abord, les différences qu’on observe, en matière de salaire notamment, sont beaucoup trop hâtivement attribuées à des discriminations négatives volontaires de la part des employeurs. Une étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Stanford sur 1 million de chauffeurs Uber aux Etats-Unis entre 2015 et 2017 a montré que le salaire horaire des femmes était en moyenne inférieur de 7 % à celui des hommes. Résultat étonnant puisque l’application qui calcule les tarifs de chaque course est parfaitement indifférente au genre de celui ou celle qui l’utilise.

En fait, loin de résulter d’une discrimination sexiste, l’écart de salaire observé s’explique par les comportements des utilisateurs : les hommes ont tendance à conduire plus vite, ce qui leur permet de faire plus de courses en une durée donnée ; ils conduisent plus longtemps, ce qui leur donne plus d’expérience ; et ils conduisent dans des endroits et à des horaires plus variés et souvent plus rentables que les femmes.

Ce résultat s’applique largement au-delà de la sphère Uber. D’une façon générale, les femmes ont des stratégies différentes de celles des hommes dans la vie. L’idée de concilier carrière et famille est plus présente chez elles et il en résulte des écarts qui découlent de choix personnels, pas d’une discrimination machiste.

Ensuite, « les choses évoluent ». Peut-être trop lentement au gré de ceux qui voudraient voir le monde taillé dans l’instant aux mesures qu’ils rêvent d’imposer à tous. Mais elles évoluent, tranquillement et naturellement, sans qu’il soit besoin d’user de coercition. Ainsi, entre 2006 et 2015, le nombre de films agréés par le CNC et réalisés par des femmes a presque doublé (de 35 à 63), même si ce nombre ne représente que 21 % des films agréés (300 en 2015). De même, les financements moyens accordés à un film réalisé par une femme ont augmenté, tandis qu’ils baissaient pour les hommes.

On voit alors combien le terme « volontarisme », toujours prononcé comme si c’était une qualité des plus appréciables chez un politicien, n’est jamais qu’une obsession de tout normer, une façon de faire avaler à la société des évolutions à marche forcée plutôt que de respecter son rythme naturel. Le volontarisme est une exigence que l’on peut avoir envers soi-même, mais dès lors qu’il s’agit de l’appliquer aux autres, on tombe dans le constructivisme, c’est-à-dire dans la négation des volontés individuelles.

Soyons clair : il n’y a pas constructivisme si je dis « Il est bon que les femmes qui le souhaitent aient les mêmes possibilités d’accès professionnels que les hommes pour telles et telles raisons » afin d’en convaincre une audience. D’ailleurs, je le dis. Mais il y a constructivisme dès lors que l’Etat en fait l’obligation par des lois incluant quotas, subventions d’embauche et amendes en cas de non respect. C’est exactement ce que se propose de faire le gouvernement, et c’est parfaitement anti-libéral.

Qui dit quotas, dit discrimination positive. Et qui dit discrimination positive dit forcément discrimination négative d’une autre catégorie dont les membres se voient écartés des choix pour des motifs qui n’ont rien à voir avec la compétence. Sous l’apparence de réparer une « inégalité », ce système construit à nouveau des injustices. Dans l’article « Discrimination positive et conséquences négatives », j’avais expliqué comment la discrimination positive devenait une forme de stigmatisation, une forme de mépris, une forme d’assignation à résidence identitaire et l’instrument d’une nouvelle discrimination négative.

Pour être très honnête, je confesse que les jours de grosse déprime il m’arrive de penser au plus profond de moi-même que si je n’étais pas une femme, les choses me seraient plus faciles – je parle de mon blog pour lequel je suis apparemment incapable de dépasser un nombre très confidentiel de lectures à chaque nouvel article. J’ai dans l’idée que je ne suis pas prise au sérieux et je me flatte que les mêmes textes sous un pseudo masculin assorti d’un beau CV connaitraient un tout autre sort.

Mais exactement au même moment, je relève la tête car l’idée de bénéficier d’un avantage au seul motif d’être une femme me révulse au plus haut point. Là résident le mépris et la stigmatisation dont je parlais : une fois que vous êtes discriminé positivement, vous pouvez dire adieu à tout espoir d’être reconnu pour vous-même. Quoi que vous fassiez, même le meilleur, vous serez toujours celui ou celle qui a bénéficié d’un passe-droit et votre talent sera toujours mis en doute.

Il est déjà assez désagréable de penser que le politiquement correct qui prévaut lourdement dans le domaine pousse moult institutions à veiller à équilibrer les contributions homme femme indépendamment des qualités des unes et des autres.

Mais ces scrupules n’effleurent pas le monde du cinéma. Ils n’effleurent pas la ministre de la Culture et ils n’effleurent pas l’opportuno-versatile Marlène Schiappa, dont la présence dans le gouvernement comme secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes a toutes les apparences de l’alibi féministe.

Ils les effleurent d’autant moins que le mot magique a été lâché : subventions ! Pourquoi renoncer à être des passionnés de l’égalitarisme le plus sot quand on peut faire couler à flots l’argent dans un sens et le politiquement correct dans l’autre grâce à cette aimable supercherie ?

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne cérémonie des Césars 2018 ! Oui, c’est ce soir, et elle promet déjà d’être animée de merveilleux sentiments ! L’égalité homme femme y sera défendue, fêtée et surtout requise par les voix persuasives de nos plus jolies actrices d’être abondamment subventionnée !

En fait d’avant-garde, l’exception culturelle française a toujours su manier les plus sublimes prétextes pour faire payer les contribuables, à défaut d’être capable d’intéresser spontanément des producteurs privés par ses capacités d’invention et ses talents artistiques toujours renouvelés.


Illustration de couverture : La réalisatrice Sofia Coppola. Photo : Getty images.

30 réflexions sur “L’anti-sexisme fait son cinéma

  1. Ne vous désespérez pas trop, j’apprécie d’avoir un point de vue féminin sur l’actualité, surtout si celui-ci est libéral.

    La parité cinématographique lourdement subventionnée fera que les navets ne seront plus exclusivement masculins.

  2. Madame c est toujours avec un grand plaisir que vous lis je vous remercie par avance de bien vouloir persévérer soyons le changement que nous souhaitons. MERCI. Cordialement Michel

  3. Courage Nathalie !
    Je vous lis régulièrement mais ne poste jamais.
    Les discriminations entre sexes existent très certainement mais je voudrais signaler qu’il existe des discriminations à l’intérieur des sexes tout pareil, ne serait ce que sur l’apparence par exemple mais aussi en fonction des diplômes, ou des écoles que l’on a fait, de l’age, des origines …etc…
    En fait il y a des discriminations partout toutefois seul la discrimination homme/femme fait l’objet d’une telle presse.
    il est facile de se sentir discriminé mais c’est la vie. Les décisions comportent tjs un aspect émotionnel et ne sont jamais totalement mathématique et objective, ce qui serait la garantie unique d’une absence de discrimination.
    Il pourrait tout pareil être exigé que soient financés des films pour des réalisateurs dans chaque classe d’age, et venant de tous les milieux sociaux, de toutes les régions de France avec des quotas. On voit alors l’absurdité et l’inapplicabilité de la chose.

    • Il ne faut surtout pas chercher à vous comparer à « des certains » , de Blogs, que je ne leur citerai pas leurs noms à eux, qu’ils se reconnaitrons, et que leurs commentateurs et tateuses, ils font rien qu’à raconter des bêtises, ou pire, des blagues salaces …
      Pensez, Nathalie, si vous voulez faire de l’audience, faudra faire du pipole ou du graveleux … Je devine que c’est pas trop votre tasse de thé 😉

  4. Merci pour ce billet, qui complète sur le sujet celui du 25/1/2016. Pour ma part, je lis vos billets avec le même sérieux critique que tout autre billet ou article des quelques sources d’information en ligne que j’essaie de consulter régulièrement via mon agrégateur de flux RSS. Sur le sujet que vous traitez dans le présent billet, votre point de vue est d’autant plus appréciable qu’il tranche avec celui d’autres femmes qui, probablement, sont une minorité. J’y lis aussi l’avis (enchanteur) d’une femme libre, si vous me permettez ce laisser-aller.

  5. La bonne mesure ne serait-elle pas que le gouvernement compense à l’euro près les écarts de rémunération entre hommes et femmes ? Peut être pourrait-on augmenter la CSG des hommes pour arriver à l’égalité ? Je m’interroge sur les trans cependant, faudra t’il aider les « femmes »?
    Plus sérieusement c’est un héritage de la révolution française, du code napoléon et de l’ordre moral des « frères ». Cela nous vient des grecs et des romains grâce à nos dévoués « humanistes ».

  6. « je me flatte que les mêmes textes sous un pseudo masculin assorti d’un beau CV connaitraient un tout autre sort »

    Difficile à dire, j’avoue que je prête une attention différente a un texte écrit par un homme. C’est une affaire d’identification, il me semble. Je crois aussi que, même si les adresses IP n’ont pas de genre, vous vous adressez à un public plutôt masculin,et ceci entraînant cela, vous n’avez pas l’audience que vous méritez.

    Sachez cependant que je vous lis avec beaucoup de plaisir et souvent à voix haute à un public pas forcément acquis à la cause et qui en reste souvent bouche bée. ( Vos articles sur le glyphosate font partie de mes favoris pour susciter le débat familial )

  7. Je n’ai pas le temps de commenter plus longuement pour l’instant, mais je puis vous assurer d’une chose : votre sexe n’a absolument rien à voir avec la fréquentation de votre blog. Pas davantage que votre CV. Je pratique la blogosphère depuis suffisamment longtemps pour pouvoir vous l’affirmer avec une certitude de 100 %, pas l’ombre de la queue d’une « étude » et zéro « méthodologie ».

    Je connais des blogs qui sont des références mondiales dans leur domaine, où l’espace de commentaires est ouvert et où il n’y a, pourtant, jamais un seul commentaire.

    Et je connais des blogs éventuellement divertissants, franchement superficiels quand ce n’est pas bourrés de fausses nouvelles et d’analyses idiotes, sur lesquels les commentateurs s’agglutinent.

    La première chose qui me vient à l’esprit, pour expliquer une différence de fréquentation par rapport à des blogs similaires, est que vous faites un blog sérieux. Si vous mettez des femmes nues à la télé, vous aurez une plus grosse audience. C’est pareil sur les blogs. (Ce n’est pas une suggestion.)

    Beaucoup d’autres facteurs interviennent, et au premier chef le référencement, les citations sur les réseaux sociaux, etc. Et aussi le hasard. La chance.

    Je lis régulièrement un blog très sérieux, où l’on trouve des informations difficiles à trouver ailleurs, dont l’auteur annonce en haut de page : s’il vous plaît, répercutez mes billets sur Facebook ou Twitter, c’est ma seule récompense, je me casse le cul à faire ce blog depuis des années et je n’en tire aucun profit. C’est un homme. Son CV est loin d’être éblouissant, mais je suis certain que des blogs de personnages avec des CV longs comme le bras sont fréquentés par deux pelés et trois tondus.

    Certains des blogs les plus fréquentés (ou des pages Facebook, ou des comptes Instagram, ou des chaînes You Tube…) sont tenus par des femmes. Si c’était un facteur, je dirais plutôt que c’est un atout…

    • « Si vous mettez des femmes nues à la télé, vous aurez une plus grosse audience. C’est pareil sur les blogs » Tiens, intéressante suggestion, faudrait peut-être essayer ! 😀 😀

  8. Je suis tout à fait d’accord avec vous concernant la discrimination positive ! Cette phrase : « une fois que vous êtes discriminé positivement, vous pouvez dire adieu à tout espoir d’être reconnu pour vous-même » est parfaite.

    Cependant je désapprouve votre façon de voir les choses sur l’évolution de la place des femmes dans la société. En effet, ça bouge, mais clairement pas assez vite !
    Le problème c’est qu’aujourd’hui, hommes et femmes sont légalement égaux (peut-être à quelques obscures lois près), il ne reste donc à changer que … les mentalités. Et c’est ça qui prend du temps ! Mais je ne suis pas d’accord pour me laisser porter pour autant : je ne vais pas attendre que la société change pour moi mais plutôt me bouger pour la faire évoluer. En tant que femme étudiante dans le domaine du BTP, je n’ai pas envie d’une carrière complète à être payée 20% de moins que les hommes.
    Mais mon comportement est tout à fait dangereux : comment ne pas tomber dans l’excès de coercition. ? C’est ce à quoi je serai attentive toute ma vie, en tentant d’être le plus ouverte possible aux critiques. J’espère vraiment que beaucoup de femmes et d’hommes pensent comme moi.

    C’est d’ailleurs sûrement cette même volonté qui anime le gouvernement, même si ça n’excuse en rien les moyens employés.

      • J’aimerais bien avoir les solutions ^^ Le problème c’est que je pense qu’aujourd’hui le défi est au niveau des mentalités, et ça ça ne se change pas à coups de décrets … Donc pour moi ça passe surtout par la sensibilisation et la prise de conscience de tout ce qui est sexiste autour de nous tout en nou sparaissant normal.

    • Bonjour et merci pour votre commentaire.

      « En tant que femme étudiante dans le domaine du BTP, je n’ai pas envie d’une carrière complète à être payée 20% de moins que les hommes. » : On attend vos sources sur ce 20 %.

      Vous êtes étudiante, donc vous allez prochainement chercher du travail. Etes-vous certaine que les filles ne seront pas embauchées au même tarif que les garçons pour le même poste à diplôme égal ?
      Quand j’ai commencé à travailler au milieu des années 80, les salaires d’embauche des jeunes diplômés dépendaient du diplôme, absolument pas du sexe. Ensuite, les évolutions de carrière sont différentes car tout le monde n’a pas les même ambitions et les mêmes goûts. Les diplômes perdent en importance, les personnalités se révèlent.
      Quand vous êtes une femme, vous décidez par exemple de prendre un congé parental de 3 ans ; il est bien évident que quand vous revenez, vos collègues hommes ont pris de l’avance en expérience sur vous. Ou vous privilégiez des postes qui ne vous font pas trop voyager, ou vous préférez les RH et la communication etc…
      Dans mon premier job, mon chef était une femme, elle a fait le choix de sa carrière et je vous assure que son salaire et son évolution de carrière n’ont rien eu a envier à ses collègues masculins, au contraire.

      Evidement, me direz-vous, les femmes sont lésées, la charge des enfants retombe le plus souvent sur elles, elles sont donc obligées de faire une croix sur leur carrière.
      Sur ce point, les mentalités évoluent, les hommes participent de plus en plus à la vie familiale et vu votre âge, vous devez le constater encore plus que moi.
      A moins de décider de soustraire la procréation à son processus naturel et de la réaliser entièrement in vitro de la conception à l’éducation des enfants (le « vitro » devenant l’autorité étatique qui se substitue à la famille et décide de tout, perspective horrible), je ne vois pas trop comment faire pour rendre les hommes et les femmes aussi clones que possibles. La réalité existe et dans cette réalité, les femmes portent les enfants et s’occupent beaucoup d’eux dans leur petite enfance – ce qui ne veut pas dire que les hommes ne s’en occupent pas. Est-ce un sort si horrible ?

      • Bonsoir,

        Concernant les 20%, ce chiffre est simplement là pour appuyer l’idée des salaires moindres. Les statistiques varient en fonction des sources, mais en voici quelques unes : https://www.insee.fr/fr/statistiques/1280986
        https://www.inegalites.fr/Les-inegalites-de-salaires-entre-les-femmes-et-les-hommes-etat-des-lieux
        http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/03/06/rachel-silvera-la-peur-de-la-sanction-est-un-axe-de-lutte-fort-pour-l-egalite-salariale-hommes-femmes_4378483_3224.html#4jyqI31jUzg42a2i.99

        Je conçois que le salaire et la carrière dépendent des choix individuels. Mais je me permets de douter que tous ces choix soient faits indépendemment de ce que nous impose inconsciemment la société. Une femme qui privilégie sa carrière au détriment de sa vie de famille n’est pas bien vue, tandis que pour un homme, ça a toujours existé, c’est normal. Enfin ceci n’est qu’un exemple.

        Et en effet, les mentalités évoluent ! Je ne nie pas ces changements, qui vont dans le bon sens ! Mais je trouve qu’il ne faut pas dépeindre un monde idyllique, où tout combat féministe n’est plus à faire, puisque la société change toute seule. Il faut accompagner, inciter, provoquer cette évolution, sans toutefois la forcer. D’où l’équilibre fragile. Ici notre ministre de la culture semble être tombée du mauvais côté avec cette idée de quotas.

      • « Il faut accompagner, inciter, provoquer cette évolution, sans toutefois la forcer. » :
        J’ai du mal à comprendre où vous n’êtes pas d’accord avec moi. N’ai-je pas écrit :

        « Soyons clair : il n’y a pas constructivisme si je dis « Il est bon que les femmes qui le souhaitent aient les mêmes possibilités d’accès professionnels que les hommes pour telles et telles raisons » afin d’en convaincre une audience. D’ailleurs, je le dis. Mais il y a constructivisme dès lors que l’Etat en fait l’obligation par des lois incluant quotas, subventions d’embauche et amendes en cas de non respect. C’est exactement ce que se propose de faire le gouvernement, et c’est parfaitement anti-libéral. » ?

        Pour les gender pay gaps, il faudrait regarder les études de près. Certaines sont … étonnantes …
        Voir mon article de demain. 🙂

      • (Je ne sais pas si ce commentaire se mettra au bon endroit, je n’ai pas trouvé le bouton de réponse à votre dernier message ^^)
        ce sur quoi je ne suis pas d’accord avec vous, c’est le laisser-faire qui transparait dans votre article. Pour moi la démarche à apporter n’est pas de se contenter des améliorations qui tendent vers une certaine égalité, et je voulais préciser qu’il est possible d’être acteur de ce changement !

    • J’ai fait partie de l’équipe organisatrice du Centenaire d’HEC JF, qui souhaitait l’équilibrer par l’introduction de points de vue « masculins ». Lors de la réunion de lancement j’avais noté un certain nombre de paradoxes ou d’idées non-reçues :

      • Les JF, pionnières et battantes, ont été explicitement éduquées à se faire leur place dans un monde d’hommes,
      • mais une forte proportion ont dû leur réussite personnelle et professionnelle à un homme (père, conjoint, patron) qui a su détecter leurs talents et les stimuler ou les promouvoir.
      • Les jeunes diplômés ne ressentent pas de discrimination de genre dans la recherche du 1° job ni dans son niveau de salaire, comme si les jeunes diplôméES bénéficiaient désormais du fameux droit à l’indifférence. Pour eux/elles la mixité est un non-sujet ; il en est d’autres plus aigus, tels que l’accélération des NTIC ou les codes comportementaux (p.ex. vestimentaires). A l’extrême, parler de « femmes » est clivant car fait ressurgir des querelles obsolètes par rapport à harmonie et complémentarité (m’est revenu à l’esprit l’aphorisme de Guitry : « Je leur concéderais volontiers qu’elles nous sont supérieures si elles cessaient de se vouloir nos égales »).
      • Nonobstant cette absence d’obstacles, la proportion féminine est faible dans certains secteurs d’activité : geeks et avionique ont été cités ; elle est même décroissante (<25%) à HEC Executive Education ! La rupture essentielle se produit dans la tranche 32/39 ans, âge de la maternité ou des enfants en bas âge.
      • La proportion de femmes en études supérieures est toujours croissante. L'article du Fig-Mad http://madame.lefigaro.fr/societe/les-dix-chiffres-ou-les-femmes-ont-depasse-les-hommes-050315-95182?a1=DOL-694614&a3=77-7184700&a4=DOL-694614-77-7184700 donne des chiffres qui, si avérés, élargissent encore le champ des surprises, avec quelques comparaisons internationales telles qu'évoquées.
      • CAC 40 et PME sont peut-être deux univers différents, et le sujet des quotas n'a pas été abordé. La chasseresse Chantal Baudron disait ne pas avoir de problème de parité dans les Conseils d'Administration de sa clientèle de PME familiales : les administrateurs sont actionnaires par descendance, et la génétique veut qu'il y ait autant d'héritières que d'héritiers.

      J'avais donc proposé, si l'on voulait que l'événement ait un titre accrocheur qui sorte des banalités sociétales en vogue, le titre de "Merci Messieurs !" (… de nous avoir stimulées ou encouragées). Ma gentille provocation n'a pas été retenue, mais une ancienne présidente des Alumni JF m'a écrit : "Quelle pertinence dans l’impertinence !".

      Si on devait le résumer en une phrase : les grands-mères se sont battues "à armes égales", leurs filles sont devenues (et sont encore souvent) les "suffragettes des quotas", leurs petites-filles n'en ont "plus rien à cirer" (verbatim d'une des plus célèbres JF : Edith Cresson 🙂

  9. Moi, je pratique une discrimination positive toute personnelle. J’ai donc choisi de suivre votre blog justement parce que vous êtes une femme. Les informations y sont plus précises qu’ailleurs à cause sans doute de cette exigence féminine d’être à la hauteur. Je suis donc un horrible mâle profiteur.

    Pour en revenir au cinéma français, la quasi-totalité est subventionnée et (donc) contrôlée. On crame an peu près 1 milliards d’euros par an pour réaliser environ 200 films dont seuls 10% sont rentables. Les films français sont aujourd’hui presque tous produits grâce à un préfinancement à 100% des frais, le producteur ne prend aucun risque, il est couvert contre le risque d’échec mais bénéficie des succès. Mutualisation des pertes et privatisation des bénéfices…justement ce que l’on sait reprocher aux banques au plus fort de la crise financière !
    Ouvrez la page d’accueil du CNC, ce sont des offres à gogo d’aides et de subventions, tentez votre chance !
    http://www.cnc.fr/web/fr;jsessionid=7D48E80BC245942833E97A3B70AE2B76.liferay
    Mais la perversité ne s’arrête pas là, la production française est concentrée sur 4 genres : la comédie, la comédie dramatique, le drame et le drame psychologique et les scénarios sont très formatés donc pas très originaux mais plutôt banals.
    Féminins ou pas, les comédiens sont d’abord limités à quelques noms connus qui se partagent les rôles de films en films et parfois de génération en génération. En bref toute une petite famille qui se congratule gentiment sur les plateaux de télé eux aussi en connivence pour assurer le lancement. Et comme il y a beaucoup d’argent piqué dans notre poche il n’y a aucune retenue dans le montant des cachets qui sont supérieurs aux collègues étrangers. Vincent Maraval fait régulièrement scandale sur le sujet :
    http://www.lemonde.fr/m-moyen-format/article/2017/10/04/vincent-maraval-le-polemiste-du-cinema_5195842_4497271.html
    L’écrivain péruvien Vargas Llosa écrit : « Le despotisme éclairé, la censure, la prohibition, le monopole, les prérogatives de certains bureaucrates, politiciens ou sages, pour décider par eux-mêmes ce que les autres doivent lire, écouter ou voir, ne résout pas le problème [de la non-coïncidence entre valeur commerciale et valeur artistique] ; il l’aggrave plutôt. Car rien ne corrompt et n’affaiblit autant un travail créatif de tout ordre que le parasitisme étatique ».
    Mais tout va bien, nous sommes quand même les meilleurs même en terme de féminité, si on en croit l’article des échos du jour :
    https://www.lesechos.fr/week-end/cinema/films/0301357081005-cinema-la-part-des-femmes-2157917.php#xtor=EPR-14-%5Bnl_we%5D-20180303-%5BProv_paywall%5D-1957871

  10. Un peu avant la période d’hystérie féministe dans laquelle nous sommes entrés, deux études sur les différences de revenus entre hommes et femmes ont été publiées.

    La première concernait le domaine du cinéma (tiend donc !), et révélait que les grandes vedettes féminines étaient largement mieux payées que les grandes vedettes masculines. A l’époque, la nouvelle avait été accueillie par de petits sourires amusés, sur l’air de : c’est la vie. Je ne me souviens pas de rugissements d’indignation de masculinistes réclamant le comblement de l’écart des revenus avec les femmes, des objectifs chiffrés, des lois contraignantes, des commissions étatiques pour suivre le bouzin, des hashtags Balance ta Truie, etc.

    Personne n’a trouvé ça anormal : tout le monde a bien compris qu’on allait au cinéma d’abord pour voir des jolies femmes, que les grandes stars étaient avant tout des femmes, parce que le phénomène de la star est avant tout féminin, et que par conséquent, il était parfaitement normal que ces dames, dans cette activité, ramassent beaucoup plus de pognon que les hommes à travail égal.

    Ca m’étonnerait beaucoup que les choses aient fondamentalement changé, sur ce plan-là. Pourtant, curieusement, personne ne rappelle cette statistique-là ces jours-ci. On nous dit : les réalisatrices seraient moins payés que les réalisateurs. Ben, personne ne va au cinéma pour voir des réalisatrices. Les gens vont au cinéma pour voir des films. Et si ça se trouve, les films faits par des hommes sont meilleurs que ceux faits par des femmes. Si ça se trouve aussi, le métier de réalisateur est un métier d’hommes, parce que meneur d’hommes est un métier d’hommes. Et parce que la création artistique est un métier d’hommes.

    Les femmes créent les hommes, les hommes créent des romans et des tableaux et des symphonies parce que seul Dieu crée la femme.

    L’autre étude concernait les PDG des plus grandes entreprises américaines. Là où se trouve le vrai gros pognon. Les PDG femmes étaient… légèrement mieux payées que les PDG hommes.

    Cette étude-là non plus, on n’en entend pas beaucoup parler ces jours-ci.

  11. Nathalie tes articles sont toujours intéressants , même quand je ne suis pas d’accord avec toi.
    Éventuellement faire un peu plus court si tu veux plus de lecteurs ? Je ne sais pas, peut-être une suggestion de ce genre.
    Amicalement.
    Jean.

    • Je trouverais cela dommage. Certes, les gens sont aujourd’hui de plus en plus incapables de lire un texte de plus de cinq lignes (quand ils en sont capables, ce qui n’est pas gagné). Et ils ont le toupet de se plaindre quand vous leur en offrez davantage, et pour pas un rond, encore. J’en sais quelque chose.

      Mais les textes de Nathalie ne sont pas des aphorismes, ni des grosses vannes prétendument spirituelles, ni des coups de gueule répétant mille coups de gueule identiques. Ils ont l’ambition d’aller plus loin, et ils le font. Ses billets ne sont certainement pas délayés. Elle a besoin de cette longueur pour dire ce qu’elle a à dire.

      Il est certain que cela élimine d’emblée un gros contingent de semi-analphabètes (éventuellement sympathiques, ce n’est pas la question) qui pourraient aisément gonfler ses chiffres d’audience si elle le voulait. Mais la nature de son blog ne serait alors plus la même.

      Je ne méprise d’ailleurs nullement les blogueurs qui font des billets courts, avec des grosses vannes convenues, qui gueulent dans le sens qu’on attend, etc. J’en ai fréquenté pas mal, et commenté beaucoup chez eux. Il faut avouer que la facilité a ses plaisirs.

      Cependant, il y a aussi des blogueurs qui essaient d’aller plus profond, de fournir des informations et des analyses originales, et c’est heureux. Faites court, c’est gentil, mais à partir d’un certain point, ça devient : faites con, et évitez de me fatiguer le cerveau.

      Il faut louer ceux qui refusent de céder à cette pente, si attirante et si facile.

      • Robert, je vous entends tout à fait, et je vous remercie. Mais je vous informe qu’étant en vacances depuis vendredi, j’ai décidé de modifier un peu mon format pour la semaine qui vient à partir de demain : 5 jours, 5 billets, 500 mots environ chacun. Ensuite, je reprends mon rythme habituel. Ce n’est pas une décision dictée par le commentaire de Jean (encore que la demande de raccourcir m’a été faite plusieurs fois) c’est plutôt le désir de tester autre chose.
        J’espère que vous ne serez pas trop déçu ! Dès lundi 12 je reprends comme avant !

      • Ah ! mais changez, testez, la variété a ses plaisirs et tout est bon dans le cochon (libéral). Et bonnes semi-vacances ! (c’est comme ça qu’on dit ?)…

  12. Chers amis lecteurs, bonsoir à tous et merci beaucoup pour vos encouragements et commentaires.

    Un merci spécial à @ Moggio qui le premier a porté à ma connaissance l’étude de Stanford sur les chauffeurs Uber à laquelle j’ai fait référence dans cet article.

    Merci également à @ Tino qui nous donne le lien d’un article des Echos sur la place comparée des femmes dans le cinéma français et le cinéma américain.
    Les absurdités que @ Pythagore voyait se profiler (quotas par âge, origine géographique etc…) se profilent déjà puisque Les Echos relaient des lamentations sur le fait que malgré la part importante des femmes de plus de 50 ans dans la population (50 %) les actrices de plus de 50 ans restent très minoritaires !
    Une belle machine à normer la création se met en place ! La citation de Vargas Llosa est très juste.

    @ Vuillaume @ Michel Martino : merci beaucoup !

    @ Le Gnôme : c’est exactement ça ! La parité forcée, c’est la médiocrité assurée.

    @ Robert @Pheldge
    « des femmes nues sur mon blog » : mes idées politique et économiques libérales mises à nues, ça ne vous suffit pas dans le genre scabreux ?

    @ Raoul @ Jean
    « je vous lis avec beaucoup de plaisir et souvent à voix haute à un public pas forcément acquis à la cause »
    « même quand je ne suis pas d’accord avec toi » :
    Ces remarques me font très plaisir. S’il y a une chose que je cherche à éviter, c’est de devenir un blog sectaire et de ne parler qu’à ceux qui sont à 100 % de mon avis. J’espère convaincre. Je pense qu’on peut être nombreux à se retrouver sur certains constats et qu’on peut discuter les solutions.

    « A voix haute  » : j’aimerais entendre ça ! 🙂

    @ Pierreb1 : Merci beaucoup pour ces intéressants éléments de réflexion qui rejoignent un peu ce que je disais à @Lucie.

    @ JB : pour être très précise, cet article a reçu 248 visites hier, jour de sa parution. 250 autres visites ont concerné la page d’accueil ou d’autres articles antérieurs. En général la fourchette est de 150 à 250 visites pour le nouvel article et 350 à 500 au total pour un jour de publication. En cas de retweet exceptionnel ça peut monter à 800 / 1000 mais c’est rarissime. Donc hier était un bon jour. Après 3 ans de blog, je trouve cependant que c’est décevant. C’est pourquoi j’invite tout le monde à partager et retweeter au maximum !

    @ Louis Monceaux : on peut compter sur l’Etat pour trouver des compensations idiotes à propos de tout et n’importe quoi, si ça peut faire rentrer des impôts qui seront redistribués à sa clientèle habituelle !

  13. Pingback: Faut-il imposer des quotas de femmes au cinéma ? | Contrepoints

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