Aujourd’hui, article N° 300 !

Pour les articles N° 100 (10 novembre 2015) et N° 200 (11 septembre 2016) j’avais fait le pari un peu hasardeux de me glisser dans la tête de François Hollande et de restituer ses pensées politiques les plus intimes en alexandrins. Ces billets et quelques autres font maintenant partie de la rubrique Au Théâtre avec Hollande

Dès demain soir, à l’annonce des résultats définitifs des élections législatives, nous aurons officiellement tourné la page du quinquennat Hollande. C’est le bon moment, je pense, pour s’amuser un peu des accomplissements personnels d’Emmanuel Macron en ces domaines artistiques.

Si l’on en juge par sa campagne présidentielle, si l’on en juge par sa marche d’investiture au Louvre, quintessence de mise en scène et de communication spécialement calculées pour déclencher un mélange d’ivresse et d’hypnose dans les foules de ses meetings, il y a fort à parier qu’il sera un excellent client !


Me voici arrivée au numéro 300 !
Je laisse tomber Hollande pour me glisser maint’nant
Dans la tête de Macron, Président mal élu
Et pourtant vénéré par des fans bien mordus.

« J’ai bossé chez Rothschild, le temple de la finance.
J’ai bossé chez Hollande, qui n’aimait pas les riches.
Voilà un beau CV pour rassembler la France.
Dépasser les clivages, c’est là où j’suis fortiche.

Les Français sont à cran, les Français en ont marre
de payer des impôts votés par des tocards
Qui se remplissent les poches en temps d’austérité
Et prétendent retrouver leur siège de député.

Les français ne veulent plus de ces alternances moites
Qui voient se succéder et la gauche et la droite
Qui se disputent sur tout avec peu d’résultats.
Ça dure depuis trente ans, je vais changer tout ça !

J’ai trouvé la formule pour redonner l’espoir
Aux gens des grandes villes comme aux amis des champs,
Depuis les Hauts-de-France jusqu’au sud de la Loire :
Il faut se mettre En Marche, il faut penser printemps !

Dans l’art et la manière de vaincre les réticences
Je ne suis pas sans une très solide expérience.
A seize ans j’ai séduit ma profe de bahut,
Alors vous vous doutez combien facile ce fut.

Mais pour vaincre en campagne, l’important, c’est les dons.
J’ai même été à Londres pour y lever des fonds.
Or si j’ai retenu une leçon stratégique
C’est que l’argent n’a pas de couleur politique.

Ni de droite, ni de gauche, mais à l’aise à la ronde
J’accepte tous les soutiens, je parle à tout le monde.
De Collomb à Dutreil, Le Drian ou Le Maire,
Je reste ouvert à tous, c’est la recette pour plaire.

Par contre quelle rigolade de faire mariner Valls !
S’imaginant trop vite candidat idéalls,
Il croyait m’étaler en chopant la primaire.
Et bim, Hamon l’emporte, me voilà aux affaires !

Tiens, en parlant d’affaires, j’ai une douce pensée
Pour les travaux fictifs que les juges examinent.
Il a suffi d’un doute pour que Fillon décline
et me donne les trois points qui mènent à l’Elysée.

Toujours parlant d’affaires, j’espère que ça se tasse
Du côté de Ferrand comme du côté Bayrou.
Sur ce dernier je suis tout prêt à faire l’impasse,
Mais Ferrand inquiété, mon parti fait filou.

Oublions ces détails, oublions l’abstention,
Oublions tous les couacs qui narguent mes ambitions.
Demain c’est le grand jour : à moi le raz-d’marée
De députés dociles, faciles à diriger.

Quand j’aurai simplifié les relations sociales,
J’aurai enfin tenu ma promesse libérale
Et je pourrai poursuivre en toute tranquillité
Le programme social-dem qui plaît à Pierre Bergé.

A l’international, excellentes relations !
J’ai parlé à Merkel, elle ne m’a pas dit non ;
J’ai parlé à Poutine,  il adore Pierre-Machin ;
J’ai parlé à Donald, il m’a serré la main.

J’ai déjà demandé à Philippe d’étudier
Comment récupérer un peu d’état d’urgence
Dans le droit général, en toute transparence.
Le pouvoir est fragile, autant le renforcer.

Qui aurait pu penser il ya seulement un an
Que j’allais faire naître un parti si puissant
A partir de discours et de couv presse people ?
A ce propos Brigitte, tu restes mon idole.

A toutezéatous, opposants, militants,
Je m’engage à tout faire pour avoir en même temps
Et la gauche et la droite ; le printemps, pas l’hiver ;
Et le beurre et l’argent ; Brigitte, pas la crémière. »

14 réflexions sur “Aujourd’hui, article N° 300 !

  1. Vous avez , Nathalie, un authentiqu’ talent
    quand vous mettez en scène, la caste des puissants.
    Mais comment faisez faites vous , pour les connaître autant ?
    J’ai sur la question, un avis impertinent :
    Tous les ans vous allez , en août à Ramatuelle
    à la plage retrouver, Brigitte et Emmanuel ! ;D

    Bon, c’est du vite fait … Mais je commence à me préparer pour le cinq centième, et là …

  2. Je n’ai pas compté les pieds, n’étant pas comme un certain Ari, mais je suppose que le compte y est.
    Félicitations pour ce morceau d’anthologie, que ne renierait pas le grand Victor.
    Je vous remercie de nous régaler depuis 300 articles superbement écrits.
    Oh, j’oubliais, pour le cinq centième Pheldge sera peut-être bien recyclé en SG 😉

  3. Au travers de son masque, on voit à plein le traître,
    Partout, il est connu pour tout ce qu’il peut être ;
    Et ses roulements d’yeux, et son ton radouci,
    N’imposent qu’à des gens qui ne sont point d’ici.
    On sait que ce pied plat, digne qu’on le confonde,

    Par de sales emplois, s’est poussé dans le monde :
    Et, que, par eux, son sort, de splendeur revêtu,
    Fait gronder le mérite, et rougir la vertu.
    Quelques titres honteux qu’en tous lieux on lui donne,
    Son misérable honneur ne voit, pour lui, personne :

    Nommez-le fourbe, infâme, et scélérat maudit,
    Tout le monde en convient, et nul n’y contredit.
    Cependant, sa grimace est, partout, bienvenue,
    On l’accueille, on lui rit ; partout, il s’insinue ;
    Et s’il est, par la brigue, un rang à disputer,

    Sur le plus honnête homme, on le voit l’emporter.
    Têtebleu, ce me sont de mortelles blessures,
    De voir qu’avec le vice on garde des mesures ;
    Et, parfois, il me prend des mouvements soudains,
    De fuir, dans un désert, l’approche des humains.

    N’ayant pas votre talent, j’ai emprunté à Molière ces quelques vers du Misanthrope qui, il me semble, a bien connu notre nouveau maître.

  4. Merci beaucoup à tous pour vos commentaires très sympathiques !

    @ Pheldge : Hélas, pas d’invit à Ramatuelle … je me contenterai de mes Hautes-Alpes comme d’hab !
    @ Gachno : SG ? Vous ne vouliez quand même pas dire HS ?
    @ Calvin : Reste plus qu’à savourer le quinquennat Macron …
    @ Robert : Comme vous faites le délicat sur ProfE :
    « A seize ans j’ai séduit / ma prof de latin grec
    D’où mon aisance parfaite / dans les salamalecs »
    @ FM06 : Je vais engager Pheldge pour m’assister … 🙂
    @ Le Gnôme : Bonne idée de citer Le Misanthrope ! J’aime beaucoup cette pièce. Parmi tous les « villains » de Molière, j’ai un petit faible pour Alceste dont je me sens parfois très proche…

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