Résurrection et Ascension : folle journée pour les Chrétiens !

Hier, jeudi 25 mai 2017, les Chrétiens fêtaient l’Ascension. Avec cet épisode final de l’Evangile, nous arrivons aux tout derniers moments du Christ parmi les hommes. Mais il s’agit d’un Christ ressuscité. Jésus n’est déjà plus exactement un homme, il a changé de « qualité » sans être encore totalement Dieu et assis à la droite du Père.

• Dans le calendrier liturgique, l’Ascension a lieu 40 jours après le dimanche de Pâques. Ce nombre, quarante, est très symbolique. Il nous renvoie aux Hébreux qui ont erré dans le désert pendant 40 ans après avoir été libérés du joug de Pharaon par Moïse, et il nous renvoie aussi aux trois tentations que le diable proposa vainement au Christ à la fin des 40 jours qu’il passa dans le désert sans manger avant de commencer sa vie publique.

Mais dans le récit des évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc), cet événement prend place le soir même de la Résurrection. Quelle folle journée pour les Chrétiens que ce dimanche de Pâques !

Luc (23, 55-56) nous dit que les femmes qui étaient venues de Galilée jusqu’à Jérusalem avec Jésus pour fêter la Pâque juive avaient assisté à sa mise au tombeau le vendredi soir puis avaient préparé des aromates et des parfums mortuaires sans pouvoir les utiliser le jour même en raison du Sabbat qui commençait. Le samedi, « elles se tinrent en repos » mais le dimanche aux aurores elles étaient de nouveau au tombeau pour s’occuper du corps de Jésus.

Rencontre avec Gabriel, cet ange, c’est-à-dire ce messager de Dieu, toujours présent dans les grands moments, lorsqu’il y a des nouvelles extraordinaires à communiquer aux hommes. À Marie, il avait annoncé que Dieu l’avait choisie pour donner vie sur terre à son fils. Aux femmes, qui arrivent pour s’occuper d’un mort, qui découvrent le tombeau vide et qui sont prises de frayeur à sa vue, tant rien n’est comme attendu par leur expérience, il dit la fameuse phrase :

« Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité. » (Luc 24, 5-6)

Retour à toute allure  à Jérusalem pour prévenir les autres. Incrédulité des apôtres qui les taxent de radotage, vérification de Pierre qui court au tombeau pour évaluer lui-même la situation – et en effet, le tombeau est vide.

Puis récit des deux disciples d’Emmaüs qui ont rencontré quelqu’un d’étrange sur leur chemin : alors qu’ils parlaient entre eux avec beaucoup de tristesse de la crucifixion de Jésus de Nazareth, cet inconnu leur a expliqué à travers les écritures tout ce qui le concernait. Invité par eux à partager leur repas, il dit une bénédiction, puis prit le pain et le rompit.

« Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. » (Luc 24, 31)

Première disparition de Jésus. La vérité étant enfin révélée, la présence physique du Christ n’est plus nécessaire. Des témoins, peu nombreux mais bel et bien témoins de cet événement extraordinaire, sont là pour en parler. C’est même la grande mission que Jésus va leur confier juste avant de les quitter définitivement :

« Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. » (Marc 16, 15)

Comme pour les femmes, retour immédiat des disciples d’Emmaüs à Jérusalem pour annoncer la bonne nouvelle du Christ ressuscité aux apôtres et aux autres disciples, alors qu’il est déjà tard et qu’ils sont arrivés à destination après deux heures de marche depuis Jérusalem.

Et finalement, le Christ lui-même fait son apparition parmi eux. Joie, mais aussi frayeur, et incrédulité. Pour prouver sa présence, pour prouver qu’il n’est pas un ectoplasme ou je ne sais quelle créature fantasmagorique qui se joue de leurs espoirs, il demande :

« Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux. (Luc 24, 41-43)

Tant il est vrai que si l’on mange, on a peu de chance de n’être qu’un pur esprit. Qui dîne vit, pourrait-on dire.

Dans l’évangile de Jean (qui raconte la scène sur huit jours et non pas une seule journée), Thomas n’était pas avec les autres quand le Christ est apparu parmi eux, et il était bien décidé à ne croire à rien tant qu’il n’aurait pas vu les trous des clous dans ses pieds et ses mains. Mais quand Jésus se montre à lui et l’encourage à vérifier l’état de ses stigmates, il se rend à l’évidence, ce qui fait dire au Christ :

« Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » (Jean 20, 29)

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Avec l’Ascension elle-même, nous arrivons aux mots de la fin. Très peu de mots, à vrai dire. Seuls Marc et Luc en font le récit, concret autant qu’ils le peuvent, et c’est succinct :

« Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel. » (Luc 24, 51)

« Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. » (Marc 16, 19)

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• Comme souvent lorsque la réalité du Christ devient trop compliquée pour nos esprits limités, lorsqu’elle est inaccessible à notre expérience et qu’elle nous pousse vers des champs humainement inexplorés et difficilement concevables, je reprends mon Jésus de Nazareth* de Benoît XVI (biographie et détails sur le livre ici) afin de chercher « la figure et le message de Jésus » derrière le simple récit chronologique de sa vie.

Jésus a donc disparu. Il a quitté la planète Terre, il a quitté ses disciples qui, pour la plupart, le suivaient depuis trois années. Il s’est éloigné d’eux « définitivement. » Comme le dit B16, on s’attendrait à ce qu’ils soient tristes de cette séparation. Tout adieu est un arrachement et une souffrance. Or si on lit l’évangile de Luc jusqu’au bout, on découvre qu’ils sont joyeux :

« Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu. » (Luc 24, 52-53, fin de cet évangile)

Pourtant, les voici seuls, avec une mission qu’il semble impossible de mener à bien, dans un monde inchangé qu’il semble impossible de changer.

Leur joie est précisément ce qui nous permet de corriger notre compréhension de l’événement. L’Ascension n’est pas un éloignement, mais une nouvelle façon d’être proche. Ainsi que Jésus l’avait déjà dit dans un discours d’adieu :

« Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. » (Jean 14, 28)

La place que Jésus va trouver à la droite de Dieu n’est pas un espace particulier et lointain de l’univers, mais le signe de sa participation à la souveraineté de Dieu dans tout l’espace imaginable. Avant l’Ascension, Jésus était présent en un petit point de l’espace ; maintenant, il est présent dans tout l’espace, il est proche de tous, et ceci pour l’éternité.

Une autre façon d’exprimer cette nouvelle proximité nous est donnée dans le récit que fait Jean des femmes au tombeau. Il nous parle spécifiquement de Marie-Madeleine. Elle pleure car le tombeau est vide. Elle voit alors deux anges vêtus de blanc, et se retournant, elle aperçoit Jésus, mais ne le reconnaît pas. Il l’appelle par son prénom, et là seulement elle le reconnaît. Toute joyeuse elle veut le toucher mais il lui dit :

« Ne me touche pas car je ne suis pas encore monté vers le Père. » (Jean 20, 17)

Voilà qui est paradoxal. S’il n’est pas encore monté vers le Père, on devrait pouvoir le toucher. Tandis que lorsqu’il sera à la droite du Père, Marie-Madeleine ni personne ne pourra plus le toucher.

Mais Jésus dit l’inverse. La relation terrestre qui existait n’est plus valable. Dorénavant, on ne peut toucher Jésus qu’auprès du Père, par notre foi, en « montant » vers lui. Selon l’analyse de B16 :

« Le Christ auprès du Père n’est pas loin de nous. C’est plutôt nous qui sommes loin de lui. Mais le chemin entre lui et nous demeure ouvert. » 

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La joie des disciples tient aussi au fait, comme on l’a vu dans l’évangile de Luc, que Jésus part en les bénissant : « Levant les mains, il les bénit » (Luc 24, 50). Dans sa nouvelle proximité avec les hommes, il étend les mains sur le monde. Il part, mais ses mains restent étendues sur le monde comme une protection et par cette protection, il demeure avec nous.

Je laisse la conclusion à B16 :

« Dans la foi, nous savons que Jésus, en bénissant, tient ses mains étendues sur nous. Voilà la raison permanente de la joie chrétienne. »


* Jésus de Nazareth, De l’entrée à Jérusalem à la Résurrection. Joseph Ratzinger, Editions du Rocher, 2011.
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Illustration de couverture : L’Ascension du Christ, fresque de l’Eglise de l’Arena à Padoue, par Giotto (1266 – 1337) – Photo : Wikimedia Commons.

6 réflexions sur “Résurrection et Ascension : folle journée pour les Chrétiens !

  1. Comment pouvez vous vous souvenir de tout cela?.
    Seriez vous un puits de sciences, un puits de lumière?.
    J’en reste très « étonné ».
    Que vos « apprenants en cathé » puissent vous remercier très longtemps après leurs jeunes années d’enfance. Ils ont une « très bonne enseignante ». C’est très rare à notre époque. Merci pour eux.

  2. Bonsoir et merci pour vos gentils commentaires.
    Pour l’expression B16, il ne faut pas y voir plus qu’il n’y a. Nulle intention de rire ou s’amuser. J’ai le plus grand respect pour le pape honoraire. Je dis toujours Benoît XVI et ensuite pour ne pas alourdir j’utilise l’abréviation B16 (qu’en plus dans ma tête je prononce bi sixteen !).
    Je l’ai fait dans tous mes articles de ce type, de même que je passe de Nicolas Dupont-Aignan à NDA ou de Marine Le Pen à MLP, etc.

    Récap de mes articles B16 en plus de celui-ci :

    La Résurrection de « Jésus de Nazareth » expliquée par B16
    La liberté, bonheur ou souffrance des hommes ? (I)
    L’Avent, quelle aventure !
    Ça s’est passé pendant la Semaine sainte

    Et sujet spécial pédophilie : Pédophilie : urgent, relire B16

    @ Gebe : cela fait des années que je fais le KT à des 5ème et des 6ème. Dans cette dernière classe on parle de Jésus à travers l’évangile de Luc que je commence à bien connaître. Avec internet, on a un accès facile à tous les évangiles, et on peut comparer. J’ai aussi suivi de loin en loin des petites formations et j’ai lu pas mal de livres dont ceux du pape !
    J’aime beaucoup enseigner des choses aux enfants de cet âge, j’aimerais leur parler de maths, de français, de science etc… et avec le KT je le fais aussi un petit peu. Chaque fois que je peux apporter un élément de connaissance ou de culture générale, je le fais.

  3. B16, plus intéressant que Sa Sainteté Gaucho de la Pampa (Nouratin ™), qui a débuté son pontificat en nous culpabilisant à Lampedusa, puis en accueillant au Vatican une famille de migrants musulmans en plein massacre des Chrétiens d’Orient. Et en se ridiculisant avec son encyclique écolo Laudato si’.

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