Avec Philippe, le changement, c’est normand    !

Info du 3 juillet 2020 : Édouard Philippe a remis ce matin la démission de son gouvernement au Président de la République. Le « Monsieur Déconfinement » Jean Castex lui succède au poste de Premier ministre.

L’histoire politique d’Edouard Philippe a véritablement commencé il y a 3 jours, le lundi 15 mai 2017, avec sa nomination au poste de Premier ministre d’Emmanuel Macron. Avant cela, comme député-maire du Havre, membre des Républicains (LR) et porte-parole d’Alain Juppé pendant la campagne des primaires de droite, il était certes connu de ses amis politiques et de ses administrés. Mais la France ignorait tout de lui. On nous avait promis des « nouveaux visages », en voici au moins un.

A se plonger dans les circonvolutions de sa biographie, on peut dire qu’en le choisissant, le nouveau Président a mis la main sur l’oiseau rare qui cadre pratiquement au millimètre avec son propre profil de technocrate à tendance littéraire, et avec ses ambitions de « dépasser les clivages », faire entrer de nouvelles têtes au gouvernement et, plus prosaïquement, se constituer en quelques petites semaines une majorité législative pour être en mesure de faire enfin souffler sur la France la « fraîcheur printanière » promise pendant la campagne présidentielle.

 Agé de 46 ans et originaire de Normandie, Edouard Philippe est le fils de deux professeurs de français. Après le bac, il suit des études à Sciences Po Paris puis à l’ENA dont il sort en 1997 (promotion Marc-Bloch). Il entre au Conseil d’Etat et se spécialise en droit public. Il est passionné de littérature, d’histoire et de boxe. 

Politiquement, il commence par militer pendant deux ans au Parti socialiste auprès du promoteur de la deuxième gauche Michel Rocard. Il s’en éloigne ensuite, effaré par le « sectarisme des fabiusiens » :

« J’aimais sa vision d’une social-démocratie ouverte, mais je suis parti, écœuré par le sectarisme intellectuel des fabiusiens. » 

.
En 2001, par le biais d’un ami, il rencontre le maire RPR du Havre, Antoine Rufenacht, dont il intègre le conseil municipal lors des élections de 2001. La même année, Alain Juppé l’appelle auprès de lui pour créer un grand parti de droite successeur du RPR, l’UMP, dont il sera directeur général de 2002 à 2004. La relation entre eux ne sera jamais interrompue.

Lorsque Alain Juppé part au Canada en 2004 suite à sa condamnation dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, Edouard Philippe rejoint un cabinet d’avocats puis Areva dont il devient directeur des affaires publiques. En 2007, il passe brièvement par le cabinet de Juppé, éphémère ministre de l’écologie de Sarkozy avant de devoir quitter son poste pour cause d’échec aux législatives. Edouard Philippe réintègre alors le Conseil d’Etat.

Suite à la démission d’Antoine Rufenacht en 2010, il est élu maire du Havre par le conseil municipal. Son mandat est reconduit dès le premier tour lors des élections municipales de 2014. A cette époque, il théorise déjà le fameux « ni de droite, ni de gauche » – qui se décline aussi en « à la fois de droite et de gauche » – qu’Emmanuel Macron va rendre célèbre en 2017 :

« C’est assez sain pour une ville de gauche d’avoir un maire de droite, comme d’avoir des maires de gauche dans des villes de droite. Cela force à s’enraciner dans le compromis et l’adhésion de tous, loin des discours sectaires, simplistes et doctrinaux. »

.
Il devient député de Seine-Maritime en 2012 mais ne laisse pas le souvenir d’un parlementaire très actif. Il se fait surtout remarquer par son opposition aux mesures de non-cumul des mandats et par son hostilité aux déclarations de patrimoine des élus (voir tweet ci-dessous). Il a rempli la sienne avec beaucoup de désinvolture, répondant « aucune idée » à propos de la valeur de son appartement parisien.

Lors des primaires de droite de 2016, il est le porte-parole d’Alain Juppé. Après la défaite de celui-ci, il se range derrière François Fillon, mais le quitte en mars 2017 dans le contexte des affaires d’emplois fictifs qui pèsent sur le candidat de la droite. Pendant cette période, il tient une chronique de campagne dans Libération et décrit son patron actuel avec toute la chaleur d’un vrai opposant :

« Macron (…) n’assume rien mais promet tout, avec la fougue d’un conquérant juvénile et le cynisme d’un vieux routier (si j’ose dire, s’agissant du promoteur des autocars). » (Libération, 18 janvier 2017)

.
Et le 15 mai dernier, Emmanuel Macron l’a nommé Premier ministre ! Il semblerait bien que tant Antoine Rufenacht qu’Alain Juppé, ses deux mentors en politique, lui aient fortement déconseillé de s’embarquer dans cette galère. De là à en déduire que l’ambition a ses raisons que la raison ne connaît point ….

 Sa nomination à peine connue, il était entendu pour tous les commentateurs politiques qu’Edouard Philippe allait constituer l’arme de destruction massive susceptible de dynamiter la droite et d’accélérer les ralliements de ses élus pour pourvoir les 149 investitures du mouvement du Président La République En Marche (LREM) laissées vacantes à cet effet.

Une petite trentaine de députés LR, dont Gérald Darmanin, Bruno Le Maire et NKM, n’avaient du reste pas tardé à adjurer leur parti d’accepter la main tendue d’Emmanuel Macron après le signe fort que constituait selon eux l’arrivée d’un Premier ministre issu de leurs rangs. Dépasser les clivages, faire avancer la France, ne plus s’opposer systématiquement, telles étaient leurs motivations affichées, alors que, dans la perspective de la campagne pour les législatives, on ne savait plus très bien sous quelle étiquette, LR ou LREM, ils allaient se présenter et si le Premier ministre, chargé de mener la campagne pour la majorité présidentielle, allait soutenir ses anciens collègues ou les candidats investis par LREM.

Si François Hollande a perpétuellement pâti pendant son mandat du grand écart impossible à tenir entre ses promesses de campagne très à gauche et la nécessité d’adapter nos structures pour avancer de concert avec nos partenaires européens et le reste du monde, on pressent qu’Emmanuel Macron et Edouard Philippe devront faire preuve de pas mal de souplesse eux aussi.

Penser printemps, s’affranchir de la dichotomie gauche droite, faire se lever un rassemblement spontané et irrésistible des électeurs comme des élus autour d’un espoir de changement, tout ceci est beaucoup plus facile à déclamer dans des discours de campagne qu’à faire advenir dans la réalité. Ils auront du mal à masquer combien ces idées si séduisantes sur le papier se traduisent concrètement par des tractations purement politiciennes qui, bien loin de la fraîcheur et du renouveau promis, empruntent tout classiquement à tous les poncifs traditionnels de la pratique politique.

A cet égard, la nomination d’Edouard Philippe avec plusieurs heures de retard est révélatrice du marchandage qui a présidé à ce choix du chef de l’Etat. Alors qu’Emmanuel Macron souhaitait à l’évidence handicaper la droite en nommant l’un des siens au poste de Premier ministre, il comptait également le contrôler étroitement via un directeur de cabinet sélectionné par ses soins. Edouard Philippe a résisté et a imposé un de ses anciens camarades de promo de l’ENA.

 Plus révélateur encore, la composition du gouvernement. Enfin divulguée hier, après avoir été décalée d’un jour sur le programme prévu, c’est la première action d’Edouard Philippe en tant que Premier ministre.

La raison avancée pour le retard est admirable : il s’agissait de mener à bien les vérifications patrimoniales et fiscales des futurs ministres, histoire de se mettre à l’abri d’un cas Thévenoud par exemple. C’est exemplaire, mais ça fait rire venant d’Edouard Philippe qui se montrait auparavant plutôt allergique à ce genre de chose, comme on l’a vu plus haut.

Malgré toute l’ouverture d’esprit dont j’espère être capable, voir apparaître dans le haut de la liste Gérard Collomb (PS), mais surtout François Bayrou (Modem) et Nicolas Hulot n’est pas pour me rassurer. Le premier et le second, recevant le prix de leur soutien, héritent de ministère régaliens essentiels. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils n’inspirent aucune idée de jeunesse, de « nouveaux visages » et de « politique autrement ».

La seule présence de Bayrou, allié qui avait rejoint Macron « pour aider, rien d’autre » suffit à caractériser combien ce gouvernement fut difficile à former et combien les calculs politiciens ont dominé les décisions. Il est vrai que Bayrou, en plus de n’avoir rien demandé d’autre qu’une modeste centaine de postes de députés à propos desquels il a piqué sa petite colère la semaine dernière, avait posé comme condition à son ralliement la mise en chantier d’un grand projet de moralisation de la vie publique. Gageons qu’il va pouvoir s’y atteler depuis la place Vendôme, même si ce n’était pas vraiment la tasse de thé du Premier ministre, au moins jusqu’à sa nomination.

Le troisième, ministre d’Etat s’il vous plaît, est une figure ultra-connue et strictement médiatique de l’écologie. « Ambassadeur pour la planète » de François Hollande, c’est lui qui avait suggéré à l’ancien Président de se faire accompagner de Mélanie Laurent et Marion Cotillard pour promouvoir la COP21 dans le monde.

On devine que sa présence tend à compenser la relative absence du thème écologique dans la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron et à donner une touche people voire glamour à un gouvernement par ailleurs plutôt technocratique. Grand flatteur devant l’éternel, il n’a pas hésité à complimenter outrageusement Ségolène Royal pendant la passation des pouvoirs :

« Je voulais vraiment vous dire, Ségolène, que vous pouvez être fière du travail accompli. Sauf que vous mettez la barre très haute ! »

Manifestement, les très « hautes » ambitions de Nicolas Hulot font de lui le ministre le plus redouté des marchés financiers. Sa nomination a immédiatement provoqué la chute de l’action EDF de 6,57 % hier peu après 15 heures (photo ci-contre).

Les combinaisons hasardeuses apparaissent également dans tout ce qui touche à la défense et à l’Europe. Jean-Yves Le Drian (PS), ministre de la Défense sortant, devient ministre de l’Europe et des Affaires étrangères tandis que Sylvie Goulard (Modem ralliée à LREM), député européen, récupère le ministère de la défense. Marielle de Sarnez (Modem sans doute imposée dans le package Bayrou) est quant à elle ministre chargée des affaires européennes. Macron et Philippe se seraient-ils retrouvés avec trois prétendants inflexibles sur les bras pour deux postes effectifs ?

Les prises LR se résument à Gérald Darmanin, sarkozyste et maire de Tourcoing, et Bruno Le Maire, candidat très malheureux (2,4 % des voix) à la primaire de droite. De leur part, ce n’est guère étonnant, encore que Darmanin, à l’instar d’Edouard Philippe, ne manquait pas de verve pour décrire « le bobopopulisme de Monsieur Macron » pendant la campagne. Cela ne l’a pas empêché de conduire l’appel à saisir « la main tendue » du Président.

Bruno Le Maire s’était pour sa part déclaré en faveur du nouveau Président dès le soir de son élection. Il est amusant – rassurant, c’est encore à voir – de constater qu’en tant qu’ancien ministre de l’économie de François Hollande, Macron fait confiance à deux hommes de droite pour les portefeuilles de l’économie et des comptes publics.

Citons également Muriel Pénicaud qui hérite du délicat ministère du travail. Certainement plus expérimentée pour ce poste que la sortante Myriam El Khomri, elle va devoir mener à bien d’ici l’été une réforme du code du travail par ordonnances. Si son expérience du privé, comme DRH chez Danone notamment, est un point positif, on ne peut que s’inquiéter de savoir qu’elle a commencé sa carrière au ministère du Travail sous la houlette de Martine Aubry dont le principal accomplissement aura été, pour le malheur de la France, la mise en place des 35 heures.

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Pour Cambadélis, ce gouvernement est de droite. Pour la droite, ce gouvernement est embarrassant, tant il  fleure la composition « thèse antithèse synthèse » du bon élève : un peu de droite, mais pas trop, un peu de gauche, mais pas trop, modération de bon aloi, sérieux, technocratie, le tout assaisonné de quelques concessions à l’air du temps sur l’écologie et l’égalité homme femme. On s’ennuierait presque.

Tout cet équilibre calculé au millimètre près ne sera-t-il pas trop lourd à maintenir ? Il reste à Edouard Philippe de faire le compte des députés qui le soutiendront à l’issue des élections législative des 11 et 18 juin. Et il lui reste à gouverner. Le verra-t-on compenser exactement les petits pas effectués à droite par autant de petits pas effectués à gauche ? Son tempérament normand, qui pousse – paraît-il – au « oui, non, peut-être » et à l’indécision tactique ne sera pas de trop pour lui faire endurer son périlleux numéro d’équilibriste au gouvernement.

Si, avec Macron, le changement, c’est mollement ♫ ♥, il semblerait bien qu’avec Philippe, le changement sera aussi normand   


Illustration de couverture : Lundi 15 mai 2017, Emmanuel Macron a nommé Edouard Philippe (LR) au poste de Premier ministre de son gouvernement. @ Joël Saget / AFP.

15 réflexions sur “Avec Philippe, le changement, c’est normand    !

  1. Je suis Oiseau : voyez mes ailes
    Je suis Souris : vivent les Rats.

    L’avantage de ce gouvernement est qu’il va décanter la droite. Si elle pouvait être libérale, ce serait fort bien, mais je n’y crois guère.

  2. Sincèrement je vous trouve durs. Il s’agit d’un exercice nouveau , trouver une nouvelle voie, et donc c’est normal que l’équilibre soit plus difficile à trouver que lorsque l’on va piocher dans un seul camp.
    Quant aux commentaires d’Edouard Philippe dans Libé, Mon Dieu, c’est normal. Pendant la campagne on se tire la bourre et ensuite on compose, cela se passe dans tous les pays du monde.
    Dans les entreprises aussi il y a des critiques , des coups fourrés, et aussi dans les familles , dans les associations ,dans les clubs , etc…. L’important est que cela bouge!

  3. Il a rempli sa déclaration de patrimoine avec beaucoup de désinvolture, répondant « aucune idée » à propos de la valeur de son appartement parisien.

    Rien que cela me le rendrait sympathique. Voir un haut fonctionnaire répondre : « Je vous emmerde » à d’autres hauts fonctionnaires (surtout du fisc), voilà qui est réjouissant. En plus, cela participe de ce vieux fonds franchouille un peu dérisoire de l’oral de l’ENA ou de Normale Sup : le bon mot dépourvu de pertinence, tellement brillant mais con à la fois.

    Bon, je suis conscient que c’est très très mal de ne pas déclarer aux impôts, et que tirer parti de son poids politique pour se soustraire aux obligations qu’on impose aux autres c’est pas vraiment turbo-libéral, mais enfin on a les petits plaisirs qu’on peut.

    Tout ce qui peut insuffler l’idée que l’impôt c’est le vol, la fraude un devoir civique et que Bercy est illégitime me paraît bon à prendre.

    A part ça, si Nicolas Hulot a vraiment dit « Je voulais vraiment vous dire, Ségolène, que vous pouvez être fière du travail accompli. Sauf que vous mettez la barre très haute ! », nous avons là une fois de plus la preuve que l’écologie est une idéologie d’illettrés.

    • La déclaration de patrimoine en question n’est pas une déclaration fiscale. Il s’agit de la déclaration de patrimoine des élus. Celle qui permet de surveiller leur conflits d’intérêts éventuels à l’entrée et leur enrichissement personnel à la sortie.

  4. Le bonheur du jour : l’éviction de Pujadas. Ouf ! Super ! Bon débarras !
    Pour Mélenchon, l’invité surprise : Torreton, l’allié bienveillant.
    Pour Fillon : Angot, l’invraisemblable mégère.

  5. Bonsoir à tous ! Merci pour vos commentaires. Je fais une réponse générale.

    Pour l’instant, le Président, son PM et les ministres n’ont encore rien fait, ils n’ont géré aucun dossier concret, ils n’ont pris ni ne sont revenus sur aucune mesure. Donc à ce stade, tous les espoirs sont certes permis. Si ce n’est que dans la perspective des législatives qui arrivent, il est impossible de penser que tout ceci ne relève pas d’un certain balayage électoral.

    Dire, au vu de la composition du gouvernement, que « l’important est que cela bouge ! » me parait typiquement macronien et donne la prééminence à la forme sur le fond. Bouger pour faire quoi ? Les gouvernements précédents n’ont fait que ça : l’inflation législative et réglementaire que nous avons connue est là pour le prouver.

    Le gouvernement serait-il plus « frais » que les autres ? Même là on peut douter : Bayrou, Hulot, Sarnez, Collomb, ce sont des chevaux de retour qui sont là dans le cadre de marchandages. La société civile, dont on nous rebat les oreilles, a toujours assez bien fourni les contingents de ministres des sports et de la culture, avec des bonheurs variés.

    Les autres postulants sont soit des hauts fonctionnaires ou des membres d’entités assimilables (RATP, France business) et on a ensuite nos deux « prises » LR : Darmanin qui ne casse pas franchement la baraque à part ses dents qui rayent le parquet et Le Maire, 2,4 % aux primaires de droite, qui, tout sentencieux qu’il soit, n’a pas méprisé un petit maroquin chez le voisin d’en face, au nom du rassemblement, bien sûr.

    Vous avez remarqué à quel point tous les ministres disent : le Président a dit qu’on allait faire ci et ça… (par exemple Darmanin sur le prélèvement à la source). Je trouve que les ministres sont transformés en hauts fonctionnaires qui n’ont plus qu’à exécuter.

    Jusqu’à ce titre, ministre des armées, au lieu de ministre de la défense. A croire que ce ministre, en bon directeur d’administration, va uniquement s’occuper de compter les chaussures et les uniformes. Un pays n’a pas besoin d’une armée, il a besoin d’une défense et donc d’un ministre qui réfléchit à la défense, l’armée étant un des moyens pour cela, avec les services de renseignement, les matériels etc…

    Je vois d’un assez bon oeil la nomination de Blanquer à l’Education nationale (encore qu’il était haut fonctionnaire à Grenelle sous Sarko). Mais remarquons que la mesure phare de Macron annoncée en ce domaine est encore une mesure de moyens et pas de contenus : il s’agit de dédoubler les classes de primaire en ZEP. Si on ne change pas les méthodes d’apprentissage et les programmes, il ne se passera rien et on aura dépenser bcp d’argent en vain.

    Pour ce qui est des déclarations de patrimoine de Philippe, le petit problème, c’est que le premier dossier de son gouvernement sera précisément une loi de moralisation de la vie politique portée par l’inénarrable Bayrou. Ma gêne vient de ce hiatus qui fait qu’on peut porter par pure ambition des mesures qu’apparemment on réprouve.

    Et Hulot a bien dit ce que j’ai rapporté (voir lien), ce qui n’est pas de très bon augure pour la suite. Il n’y a rien de plus dirigiste que l’écologie de nos jours.

    Pujadas : Angot était tellement mauvaise, qu’on se demande dans quel sens son intervention a pu jouer…. De toute façon, Pujadas a besoin, comme tout le monde, de se remettre un peu en question et de changer de poste.

    • Ministère des Armées était le terme employé sous de Gaulle et Pompidou. Il ne devint ministère de la Défense que sous Giscard. Je pense que c’est voulu, après tout, il paraît que nous sommes en guerre, et défense fait un peu trop Gamelin, il faut savoir être offensif.

  6. Pingback: Avec Edouard Philippe, le changement, c’est normand !!! | Contrepoints

  7. La composition de ce gouvernement est , comme à chaque fois, un numéro d’équilibriste. Un certain nombre de choix semblent indiquer que la compétence est un critère de sélection. Ça nous change des bras cassés de l’équipe précédente.
    Je m’interroge cependant sur les objectifs et les motivations réelles de Macron. Pour cela, le choix du ministre des armées est peut-être éclairant. Sylvie Goulard a plutôt un profil de diplomate et rien n’indique qu’elle sache dans quel sens on tient un fusil. Pourquoi la nommer à ce poste, dans ces conditions ? La réponse vient peut-être de ses engagements dans le fédéralisme européen, en phase avec le mondialisme attribué à Macron. Les oppositions mondialisme/souverainisme, identité/cosmopolitisme, relativisme/conservatisme devraient structurer le débat. Dommage pour le libéralisme face à l’étatisme, qui repassera plus tard, mais tant mieux pour une chose, la politique va traiter de sujets de fond, et non d’accusation d’incompétence, d’affairisme ou de ridicule.

  8. Espérons que la loi de la moralisation de la vie politique n’accouche pas d’une souris (avec Bayrou c’est malheureusement hautement probable) en se limitant à l’interdiction de l’embauche de son épouse comme on l’a déjà entendu. Car en pratique ce sera « tu embauches ma femme, j’embauche ta fille… »
    C’est un test car les propositions utiles seraient d’une tout autre envergure :
    http://www.ifrap.org/etat-et-collectivites/transparence-de-la-vie-publique-ce-que-doit-faire-le-prochain-president
    http://www.ifrap.org/etat-et-collectivites/transparence-accroitre-la-responsabilite-financiere-des-elus-et-des
    Et aussi un bouclage du système législatif par une Cour des Comptes ou une agence externe, ayant un véritable pouvoir de censure :
    http://www.ifrap.org/budget-et-fiscalite/ce-quil-faut-reformer-pour-que-les-rapports-de-la-cour-des-comptes-ne-restent
    Et des préconisations du style une nouvelle loi impose la suppression de deux anciennes ou des lois provisoires limitées dans le temps pour les évaluer au bout d’une année par exemple.
    Limiter le cumul de mandats dans le temps (2 mandats maximum) : Gérard Collomb est pourtant révélateur du phénomène de connivences au long cours dont il a d’ailleurs été parfois victime…
    Pour l’armée, il y a peut-être la volonté affirmée de s’orienter vers une défense européenne.
    Car que veulent les citoyens européens : une diplomatie UE cohérente, la sécurité UE aux frontières, une immigration choisie, une justice efficace qui se polarise sur les fondamentaux.
    En quelque sorte du régalien UE ! Et tout cela n’a guère avancé; nous restons au milieu du gué et le peuple européen ressent naturellement cela comme inconfortable à juste titre.

    • « Pour l’armée, il y a peut-être la volonté affirmée de s’orienter vers une défense européenne » : j’ai lu ça, en effet.

      « une nouvelle loi impose la suppression de deux anciennes » : absolument. Que le gouvernment s’inspire de ma méthode : chaque fois que j’achète une nouvelle paire de chaussures, j’en vire une autre, et j’essaie de faire appliquer ce principe au reste de la famille. C’est dur 🙂

Laisser un commentaire