Sic Brexit Gloria Mundi ? *

contrepoints-2Nous, les Européens, venons probablement de vivre l’événement pacifique le plus incroyable et le plus bouleversant que nous ayons connu depuis bien longtemps dans notre histoire, depuis la signature du traité de Rome qui donnait forme à la CEE en 1957, en fait. En se prononçant à 51,9 % en faveur du Brexit, c’est-à-dire pour une sortie de l’Union européenne, les citoyens britanniques tournent le dos à un projet inédit, exaltant, prodigieux, mais pas sans défaut, de presque 60 ans, déclenchant chez les autres pays membres un sentiment d’échec mêlé du besoin de resserrer les rangs pour se conforter dans l’idée européenne et de la nécessaire introspection pour analyser ce qui cloche et qui pousse ainsi un grand pays, parmi les moins liés au sein de l’Union, à la quitter aussi radicalement. 

S’il y a une image véritablement élégante et réconfortante à garder de ce Brexit, c’est pour moi celle de David Cameron, premier ministre britannique, donnant sa démission devant la porte du 10 Downing Street dès le lendemain du vote (photo de couverture). Bien que brillamment reconduit dans ses fonctions lors des élections générales de mai 2015, bien qu’artisan d’une belle récupération économique (et libérale dans de multiples aspects) de son pays après la crise de 2008, il tire aujourd’hui les conséquences du résultat du référendum qu’il a lui-même proposé. Il a en effet toujours plaidé pour le maintien dans l’Union européenne et pensait parvenir à faire triompher son point de vue.

Il sera facile d’objecter que sa proposition (faite en 2013) de soumettre le Brexit au vote après les élections de 2015 n’était pas dénuée d’un certain calcul politique destiné à renforcer sa position au sein du parti conservateur, très partagé sur la question de l’UE. Il sera également facile de dire qu’il n’y a pas lieu de s’extasier vu qu’il est parfaitement normal de partir en cas d’échec. Il n’en reste pas moins qu’il a pris un vrai risque politique pour lui-même sans aucune obligation légale de le faire, qu’il a lié son avenir personnel à celui de son pays et qu’il s’aligne maintenant sans circonvolutions oiseuses sur la décision populaire. C’est héroïque, surtout vu de France.

Dans ses institutions, l’Union européenne a prévu qu’un pays puisse la quitter de façon volontaire et unilatérale, sans avoir à apporter de justification. La procédure de retrait est détaillée dans l’article 50 du traité de Lisbonne de 2009. Elle se met en marche lorsque le pays membre qui souhaite quitter l’Union en fait la demande auprès du Conseil européen (sommet des chefs d’Etat ou de gouvernement des pays membres). S’ensuit une négociation de sortie qui peut prendre quelques mois sans excéder deux ans (sauf accord spécial pris à l’unanimité). Notons aussi, on ne sait jamais :), que le Traité de Lisbonne inclut même la possibilité de ré-intégrer l’UE après l’avoir quittée, en suivant à nouveau la procédure normale d’adhésion.

Référendum proposé par le premier ministre, résultat contraire aux voeux du premier ministre, démission du premier ministre, procédure de retrait prévue dans les textes de l’UE, laquelle souhaite que le Royaume-Uni lance au plus vite la procédure de sortie : à l’évidence, cette Union européenne, c’est l’URSS, le IIIème Reich, Heil Juncker, Heil Merkel, pas moins ! (Fines comparaisons très appréciées des partisans de la fin de l’UE).

Le vote a donc eu lieu et s’est conclu sur une demande effective de Brexit. Les caractéristiques géographiques ou démographiques de ce scrutin que j’évoquais dans un article récent sur Boris Johnson, ancien maire de Londres et figure de proue du « Leave » (quitter), se sont confirmées dans les urnes : le Brexiters sont plutôt anglais, plutôt âgés et vivent plutôt hors centres-villes**.

De ce fait, dès l’annonce des résultats, le Royaume-Uni est entré dans une zone de turbulence politique et territoriale. Les Ecossais, largement favorables au maintien dans l’UE (à 63 %) se sentent pousser des ailes pour remettre leur indépendance sur le tapis. Un premier référendum tenu à l’automne 2014 avait donné la victoire au maintien dans le Royaume, mais la décision de Brexit change la donne. Le gouvernement écossais planche donc sur une loi autorisant un second référendum d’indépendance et se prépare pour des discussions avec l’UE.

Chez les Irlandais du Nord, même type de remous. Le vote de maintien dans l’UE y a été majoritaire (56 %) et fait dire aux partisans du rattachement avec la République d’Irlande que le Royaume-Uni a, de fait, abandonné toute idée de représenter les habitants d’Irlande du Nord. Il se trouve que la frontière de 500 km qui sépare le Royaume-Uni de la République d’Irlande serait la seule frontière terrestre entre l’UE et le RU (à part le kilomètre entre l’Espagne et Gibraltar) une fois le Brexit consommé. Les Irlandais du Nord craignent le rétablissement des check-points qui prévalaient avant la paix avec l’Angleterre, ainsi que des complications dans leurs relations économiques fructueuses avec leur voisins irlandais du sud.

Sur le plan économique, les conséquences concrètes sont pour l’instant mal appréhendées. On a pu constater que la Livre sterling a beaucoup baissé par rapport à l’Euro et au Dollar, de même que les bourses mondiales, mais on sait aussi que ce type de marché a une tendance récurrente à sur-réagir fortement aux événements politiques et aux annonces des gouvernements, d’autant que les opérateurs anticipaient plutôt la victoire du maintien dans l’Union. Surtout, comme première conséquence désagréable, on a rapidement appris que plusieurs grandes entreprises (Morgan Stanley, Deutsche Bank) envisagent de déplacer leurs implantations londoniennes à Dublin ou Francfort.

Campagne pro BrexitEn revanche, ce qui est maintenant certain, c’est que les arguments développés pendant la campagne sur les impacts positifs du Brexit pour l’économie britannique étaient largement plus tournés vers le racolage facile que vers une analyse coûts / bénéfices sans concession. Les partisans du maintien n’étaient certes pas en reste de prédictions inquiétantes en cas de sortie (isolement, ralentissement économique, baisse du PIB de 14 %…), mais c’est devenu relativement sans objet maintenant que la sortie est actée et que tout montre qu’elle sera beaucoup plus compliquée qu’on l’imaginait, notamment parce qu’elle ouvre une période d’incertitude qui pourrait durer deux ans, le temps des négociations avec l’UE.

Contribution nette des pays membres a l'UE 2014Alors que la contribution nette du Royaume-Uni à l’UE, c’est-à-dire ce qu’il verse diminué de ce qu’il reçoit, notamment au titre de la politique agricole commune, est d’environ 5 milliards d’euros (voir graphique ci-contre sur le budget 2014 extrait du Figaro), le camp du Brexit a fait campagne sur la somme de 350 millions de livres par semaine, soit 18 milliards de livre par an soit environ 22 milliards d’euros par an.

Ce n’est plus de l’approximation, c’est du grand n’importe quoi. Et l’idée géniale communiquée aux Britanniques sur la reprise de contrôle de cette manne largement inexistante, c’était de l’affecter au NHS (National Health Service, équivalent de notre système de santé) dans la plus pure tradition socialiste. Nigel Farage, leader de l’UKIP, parti de droite nationaliste partisan du Brexit, explique dorénavant que c’était une erreur, que ce n’était pas lui, que bref, oublions tout ça, on trouvera bien à dépenser nos 10 milliards (encore un autre chiffre) !

Le plus amusant, c’est qu’un nombre non négligeable d’électeurs qui ont voté pour le Brexit disent maintenant regretter leur vote. Ils ont été immédiatement baptisés : ce ne sont plus des Brexiters, ce sont des Bregretters. A lire leurs arguments, on leur aurait caché les mauvaises conséquences économiques possibles ! La chute de la livre sterling leur fait froid dans le dos, et de toute façon, ils ne voulaient pas la sortie, ils voulaient juste que le maintien dans l’UE l’emporte de peu pour ne pas donner un chèque en blanc aux institutions européennes.

Tragique erreur, cette idée de voter non pas pour ce que l’on souhaite vraiment ou contre ce que l’on déteste vraiment, mais pour donner une « leçon ». On se réveille et à force de « leçons » tout s’est passé à l’inverse de ce que l’on souhaitait. (A garder en tête avant de voter Le Pen pour donner une « leçon » à Pierre ou Paul). Eh bien, désolée pour vous les amis, c’est dommage, mais c’est fait.

Encore plus curieux, et qui tend à confirmer que pas mal d’électeurs se sont montrés un tantinet étourdis sur ce coup pourtant énorme pour l’avenir du Royaume-Uni et de l’UE en général, il semblerait qu’après avoir voté, ils soient rentrés chez eux et se soient mis à chercher des renseignements sur le Brexit sur internet. Google a constaté un pic des demandes « Que se passera-t-il si on quitte l’UE ? » après le scrutin.

Comme les Brexiters représentent quand même plus de 17 millions de personnes, on peut supposer que dans leur grande majorité ils ont voté avec sérieux en leur âme et conscience. Il est donc intéressant de s’intéresser aux raisons qui les ont amenés à choisir de quitter l’UE. Selon Sophie Pedder, qui dirige le bureau de l’hebdomadaire The Economist à Paris, la première motivation est celle du contrôle des frontières contre l’immigration. Les questions de bénéfices économiques n’ont eu qu’un faible impact d’autant que les études produites à l’occasion n’étaient ni sérieuses ni véritablement crédibles (comme vu plus haut). Les questions réglementaires, normes etc… sont quasi inexistantes dans la décision.

Il n’est donc pas du tout étonnant d’entendre Marine Le Pen appeler à un référendum sur le Frexit (sortie de la France de l’UE) dans la foulée de la victoire du Brexit. Même si elle appelle cela la victoire de la liberté (mot galvaudé, mis à toutes les sauces, surtout quand il s’agit de la limiter), il faut bien voir que dans le cadre de son programme politique et économique particulièrement dirigiste qui prône la fermeture des frontières et le refus de l’immigration, il ne s’agit nullement de chercher à réveiller le libéral qui est en nous, mais de promouvoir une société fermée, bien repliée au chaud sur sa glorieuse histoire, mais hostile à tout apport extérieur (à part celui de la Russie). Quant à la souveraineté monétaire retrouvée, il s’agit simplement de pouvoir faire marcher la planche à billets en toute tranquillité. Appauvrissement garanti.

Selon moi, il est naturel qu’un pays souhaite pouvoir adapter sa politique migratoire à ses possibilités économiques et démographiques, et il est également logique et naturel d’y mettre comme condition d’entrée le respect absolu de notre Constitution et de nos lois. Ce n’est évidemment pas l’équipe au pouvoir en France qui rendra cela possible, empêtrée qu’elle est dans ses petits arrangements à but électoral.

Mais ce qui est absolument certain, c’est que la demande pour un Brexit ou un Frexit etc… est aiguillée avant tout par le refus de l’étranger. Dans ce cadre, les libéraux qui sont près à balancer l’UE parce qu’elle n’est pas la représentation parfaite des théories libérales sont malheureusement aussi les « alliés objectifs » de la société fermée proposée par les partis nationalistes d’extrême droite ou d’extrême gauche. L’inverse de ce qu’ils souhaitent.

Il est évidemment aisé de montrer que l’UE telle qu’elle fonctionne actuellement est loin de former l’idéal parfait du libéral. Sous la volonté d’harmoniser les normes dans le but de faciliter les échanges entre les pays membres, elle a fini par faire des normes une fin en soi qui pèse lourdement sur certaines activités économiques, notamment l’agriculture dans le cadre de la PAC. Le fonctionnement des institutions parait opaque et pas assez démocratique. La Commission, non élue, semble prendre toutes les décisions sans consulter ni les peuples ni les gouvernements.

Après le Brexit, de nombreuses personnalités politiques se sont exprimées pour expliquer qu’il fallait rendre l’UE plus attractive et ont parlé d’accélérer « l’intégration » ou « l’approfondissement » des relations. Il serait dommage de réparer le mal d’une Union trop pointilleuse par encore plus de réglementation et d’ingérence inutile. Il me semble que si l’on veut réveiller l’Union européenne, si précieuse pour la paix, il faudra d’abord lui faire prendre du recul sur ses missions. Oui au pacte de stabilité qui garantit l’orthodoxie monétaire. Oui à une certaine harmonisation des normes pour faciliter la circulation des marchandises, des personnes, des étudiants etc… Non à la bureaucratie et au délire normatif jamais assouvi décidé dans le cénacle fermé de fonctionnaires sans prise avec le réel. Oui à des pays libéraux dans une Europe libérale.


* Sic Brexit Gloria mundi ?  A lire comme : Le Brexit brise-t-il ainsi la gloire de notre monde européen ? (Latin de ma cuisine, et tout le monde sait que je ne brille pas en cuisine).

** MAJ du 28 juin 2016 : J’avais d’abord écrit « plutôt ruraux ». Une remarque d’un commentateur m’a poussée à affiner le descriptif.


Cameron annonce sa démission 240616 2Illustration de couverture : David Cameron annonce sa démission après la victoire à 51,9 % des partisans du Brexit dans le référendum du 23 juin 2016.

15 réflexions sur “Sic Brexit Gloria Mundi ? *

  1. Nathalie, je compatis !
    Votre rêve d’une Europe de la paix et de la prospérité s’écroule.
    Même si le vote des British n’est que le vote d’un Peuple sous la pression d’arguments parfois simplistes, c’est le vote de la démocratie !
    Admettez simplement que les autres (48%) ont réagi sous la pression d’arguments tout aussi simplistes … et je dirais … idéologiques
    (l’idéologie d’un peuple est l’idéologie de sa classe dominante, rappelle Marx).
    Sans revenir sur le débat, notons qu’un peuple ne se fabrique pas et qu’une union entre zones très différentes ne peut se faire qu’au profit de la zone dominante (dans mes propos, le terme de IVème Reich peut choquer !).
    Comme le tiers des Français, je suis favorable au Frexit; mais comparé à l’autre peuple ancien (GB) qui a résisté sous le Blitz, la France (depuis 1940) rêve d’une camaraderie avec l’Allemagne; Sartre ne trouvait-il pas que « Jamais nous n’avons été aussi libres que sous l’occupation allemande » !
    Bon dimanche, Nathalie.

    • Donc ceux qui ont voté pour « ont réagi sous la pression d’arguments tout aussi simplistes … et je dirais … idéologiques »

      Ceux qui ont voté contre « ont réagi sous la pression d’arguments tout aussi simplistes … et je dirais … idéologiques »

      On assiste la aux limites de la démocratie. Les électeurs sont ils suffisamment informés pour voter « en toute connaissance de cause » ? Et si non, on fait quoi ? Et comment faire pour que des connards arrêtent de mentir et de raconter importe quoi (d’un coté comme de l’autre)?

      Le problème si la France sort de l’UE c’est quelle doit aussi sortir de l’Euro et dans l’Etat actuel de notre économie et de nos finances c’est la faillite assuré avec FMI et banque mondiale…

      • « Et comment faire pour que des connards arrêtent de mentir et de raconter importe quoi (d’un coté comme de l’autre)?  »
        C’est une vraie question, et c’est un peu ce que j’essaie de faire avec mon blog : apporter des infos, inciter à se renseigner un peu plus largement que France Bleu Nord (exemple) pendant 1/4 d’heure le matin en allant au travail …
        Vive les blogs ! (sérieux)

      • Et comment faire pour que des connards arrêtent de mentir et de raconter importe quoi (d’un coté comme de l’autre)?

        C’est une vraie question. La réponse est dans nos institutions. Il y a de multiples manières d’organiser la vie politique dans un pays. Celle que nous vivons actuellement était peut-être appropriée il y a 50 ans, mais elle ne convient plus aujourd’hui. Il y a de nombreuses initiatives dans ce domaine. Le problème c’est que la décision de changer doit être prise par les politiciens en place, qui profitent largement de l’organisation actuelle…

  2. Nathalie, le repliement nationaliste est juste un retour de balancier dont on ne pas dire qu’il n’était pas prévisible… Pour ce qui est de « l’UE telle qu’elle fonctionne actuellement est loin de former l’idéal parfait du libéral », c’est un doux euphémisme ! je vous redis ce que j’écrivais hier : on se réveille avec au choix , la gueule de bois, ou encore un mauvais trip , qui me semble plus approprié étant donné les origines baba-coolesques , peace & love du « rêve européen ».

  3. Juste une pensé pour nos amis anglais qui ont voté pour le Brexit. Merci beaucoup. Merci très beaucoup comme dirait nos ados. Vous avez repris en main votre destin et ce destin ne passe pas par les décisions de commissions supra étatiques bruxelloises. Et c’est dommage pour les français. Ceux qui font partis du monde de la pensée uniquement socialisante, dopés aux emplois et contrats aidés de notre socialie libérale. Et pourquoi, ce Brexit est une mauvaise nouvelle pour la France, parce que comme disait monsieur Zemmour, « tout ce que touche Hollande devient du caoutchouc ». Alors puisque les anglais s’en vont, pas tout de suite, faut pas pousser, dans 2 ans sans doute, il faudra sans doute que les nations qui participent au budget européen comble le trou causé par la perte du Royaume Uni. Et là, cela se chiffre à quelques dizaines de milliards d’euros. Et on peut faire confiance à l’Audacieux pour trouver encore des milliards pour renflouer les caisses de l’Europe. Ce sera sur le dos des « sans dents ». Comme d’habitude.
    Quand à Marine Lepen, elle n’aurait pas du demander un référendum sur la sortie de la France de la zone euro, parce que la réponse du peuple français serait de 55% de OUI, et parce que la réponse de l’assistant de madame Merkel (dixit monsieur Nicolas Duontt-Aignan ce matin dans le Progrés) est NON.
    Madame Marine Lepen n’a pas été informé que les problèmes de l’immigration rampante en Angleterre sont d’une ampleur bien pire que celle que nous vivons en France dans nos banlieues. D’ou l’arrivé du nouveau maire de Londres, avec la « fuite » des populations blanches londoniennes. Et ce qui s’est produit à Londres, pourrait très bien se passer à Paris pour la succession de madame Hidalgo. D’autant que les finances municipales parisiennes présentent des anomalies comptables de très grandes nébulosités. Et « Paris vaut bien une messe » pour les compatibles roses verts et noirs verts. Et nous, dans nos grandes régions, nous regarderons avec condescendance cette très très grande région, devenir la plaque tournante d’une religion extra européenne. Tout ça pour le pouvoir, pour le pognon et même pas la gloire.
    Donc, petits français moyens, préparez vos mouchoirs et si vous le pouvez, préparez vous physiquement, économiquement, militairement, alimentairement, énergétiquement à la chute de la forteresse Europe. Juste une dernière chose, que nos amis anglais ne donnent pas l’asile politique à tous les gouverneux français qui ont mis l’Europe dans la panade. Et que personne n’oublie, qu’en accueillant 2 millions de réfugiés, l’Allemagne à fait sortir le Royaume Uni de l’Europe.

    • Etant donné que ce sont surtout les vieux qui ont voté pour sortir de l’UE, le  » Vous avez repris en main votre destin » me semble assez spécieux…

      Disons que les « vieux » on choisit pour les « jeunes »…

      • Allons, allons, vous n’allez pas nous ressortir ce vieux poncif de la propagande gauchiste, au demeurant parfaitement anti-démocratique ? La démocratie, c’est justement : un homme, une voix.

        Votre réflexion se base sur un sous-entendu non seulement anti-démocratique, mais faux : les jeunes seraient plus sages que les vieux, et/ou ils vaudraient mieux que les vieux. Si vous tenez à ouvrir la porte à ce genre de raisonnement, prenez garde : on pourrait vous rétorquer que c’est exactement le contraire, et que toutes les civilisations, de tous les temps, ont donné un plus grand crédit aux vieux justement parce qu’ils sont plus sages. Par définition.

        A ma connaissance, 100 % des nations démocratiques imposent un âge minimum pour voter, et 0 % imposent un âge maximum. Réfléchissez bien là-dessus…

        Si vous allez par là, on peut parfaitement interpréter le résultat du vote ainsi : des millions de jeunes ont voté en faveur du Brexit (car prétendre que « les jeunes ont voté pour le Brexit » est tout simplement un mensonge), sauvant par là la mise des millions de jeunes cons qui ont voté dant le sens contraire. Ou bien : les vieux ont voté pour le Brexit, sauvant ainsi l’avenir des jeunes dont une majorité d’écervelés ont voté pour le maintien dans l’UE.

        On peut renouveler l’exercice pour toutes les catégories d’électeurs que vous pourriez imaginer : les Ecossais, les Londoniens, les musulmans, les plombiers bègues amateurs de bridge…

        Au fait, vous êtes un jeune ou un vieux, vous, Skandal ? Et vous prévoyez d’être jeune jusqu’à quel âge ?

        C’est justement pour éviter ce genre de discussions oiseuses que le vote a été inventé. Ainsi que d’autres broutilles caractéristiques de la vie civilisée : la file d’attente (qui évite les discussions à la con du genre : moi je suis plus pressé que toi), l’égalité de tous devant la loi (qui évite les considérations du genre : moi je suis un ami de la concierge de la maîtresse du plombier de la belle-mère du président), etc.

  4. Une chose qui est très frappante, c’est à quel point l’identité nationale britannique est déjà affaiblie, à quel point tout le monde se moque des résultats du vote, à quel point le sentiment démocratique n’existe plus.

    Aussitôt les résultats connus, l’Ecosse manifeste son intention de faire son propre petit référendum pro-UE, menace à nouveau de faire sécession, et prétend même contester la validité juridique du référendum (mais après coup, remarquez !) ; les Irlandais du Nord, sous prétexte qu’ils ont voté Remain, menacent eux aussi de faire sécession ; jusqu’aux Londoniens qui, sous prétexte qu’ils ont voté en majorité pour l’UE, parlent de réclamer leur indépendance ! et il y a même un million d’abrutis qui réclament, par voie d’Internet, qu’on refasse le vote. Pourquoi ? Passke. Passki sont pas contents. Parce qu’ils ont perdu.

    Je me demande pourquoi « les jeunes », dont on nous répète qu’ils ont voté en faveur du statu quo, n’ont pas, eux aussi, demandé leur « indépendance » à l’égard des vieux. Peut-être parce qu’ils sentent confusément qu’ils ne sauraient se débrouiller tout seuls ?

    Plus aucune dignité, plus aucun patriotisme, plus aucune solidarité réelle (je veux dire : pas à la sauce socialiste), plus aucun respect de la loi et de la volonté populaire. J’ai consenti aux règles par avance ? Pas grave ! Le résultat ne me plaît pas, donc je m’assois sur les règles — et sur la volonté de mes concitoyens par la même occasion.

    Plus aucune volonté de vivre ensemble, non pas au sens du funeste vivre-ensemblisme imposé par le ministère de la Pensée correcte, mais au sens d’un destin partagé à l’initiative de tout un chacun. Ce qui fait un peuple, en somme. C’est chacun pour sa gueule, moi je, moi je, et que les autres aillent se faire foutre.

    L’Ecosse aurait davantage en commun avec l’Union européenne qu’avec l’Angleterre et la Grande-Bretagne ? Sérieusement ? L’Ecosse est socialiste, et ce n’est pas un hasard.

    En somme, le projet mondialiste a déjà sérieusement détruit les nations et les peuples. Le sursaut de dignité et de patriotisme des Britanniques, qui ont choisi « en moyenne » de reprendre leur liberté, intervient à la dernière minute.

    Reste à voir si un peuple peut exister en moyenne. Pour ma part, j’ai confiance dans les Britanniques, mais il y aura une sérieuse pente à remonter.

  5. Sans se positionner à priori pour ou contre l’UE et en considérant les choses seulement sur le plan de la logique, il y a tout de même quelque chose qui ne tourne pas correctement dans notre histoire.
    Les pays européens sont rentrés dans l’UE au fur et à mesure des opportunités, des consensus nationaux, de l’acceptation de l’adhésion par les 6 fondateurs puis par les suivants.
    Que chaque nation procède d’un référendum pour décider du choix de l’adhésion paraît être un bon préalable. Mais je ne comprends pas un référendum qui doit remettre en cause une adhésion, en l’occurrence pour les anglais au bout de 18 ans…(nous en 2005) et d’autres qui pourraient suivre selon que la tournure des affaires de l’UE ou plus souvent des affaires internes de la nation concernée, sont appréciées ou viennent polluer le dispositif. Nécessairement, toutes les nations adhérentes vont finir par claquer la porte un jour ou l’autre. L’absurdité prévoit même de pouvoir réintégrer !
    Dans n’importe quel type d’association, il y a des sujets importants ou graves qui doivent relever d’un référendum auquel doivent participer tous les citoyens concernés. Parmi ceux-ci le choix du type d’immigration semble être un sujet brulant, sur lequel un nombre important de citoyens européens ont l’impression de ne plus pouvoir maitriser leur destin. D’autres concernant la diplomatie et les interventions armées dans des pays externe à l’UE mériteraient sans doute de passer aussi dans les urnes.
    Comment peut-on espérer durer plus de soixante ans en remodelant des traités qui règlent des procédures de fonctionnement plus que des choix politiques sans jamais accepter qu’un problème crucial et sensible voir « incorrect », non prévu dans les traités, soit mollement tranché sans la consultation des citoyens européens ?
    On saurait organiser certains types de référendums mais pas d’autres ?

  6. Par la souveraine grâce des Anglais, et en tout cas par la force du fait accompli, un strict fait s’impose désormais à la conscience des gens, même les plus lavés du cerveau : il est possible de sortir de l’Union européenne. Nous est donc octroyé, enfin, un acquis communautaire. Je veux dire une croyance – sinon une connaissance – effectivement commune, que chacun aura l’occasion d’apprécier librement et qui (une fois n’est pas coutume avec l’UE) ne lui aura pas été imposé par la force ou par la ruse, simplement par le fait, accompli dans les règles et, d’ailleurs, suivant la seule méthode qui soit applicable. Bien sûr, à présent que nous savons tous qu’il est possible de le faire, nous le ferons – ça ne saurait tarder encore longtemps.

    Après quelques habituels gros délits d’initiés, “les marchés” vont, quant à eux, vite reprendre leur marche gentiment dans un élan retrouvé, comme pour tout le monde satisfaits de la nouvelle situation. Chacun pourra constater que rien n’a profondément changé durant la traversée de quelques turbulences passagères. Après quoi ça ne pourra qu’aller mieux.

    Un récent sondage européen (*) confirme que l’esprit des Français (et des Espagnols) dénote par les marques d’une trop longue manipulation pseudo-fédéraliste : c’est à mon avis effrayant, mais un nombre incroyablement élevé de Français – 34% d’entre les sondés – continue de croire qu’une poursuite dans l’intégration « toujours plus étroite » est souhaitable, donc a fortiori praticable, faisable, tenable, durable – funeste illusion qu’entretient en particulier notre hôte. C’est d’autant plus surprenant et inquiétant que les Français se distinguent également (après la Grèce) comme l’une des nations qui sont les moins favorables à l’UE (telle qu’elle est). Les Français de 35 ans et plus sont moins d’un tiers à avoir un avis favorable. Il y a difficilement place pour l’interprétation : cette curiosité ne peut tenir qu’à la double, fausse croyance que l’UE (bien que catastrophique en son état réel, actuel) est largement amendable et que nous puissions, au moins sur la papier, lui donner une forme institutionnelle viable.

    Cette position psychotique n’est donc évidemment pas le fait d’un égarement spontané, mais à l’intrusion de cette double fausse croyance. J’ai personnellement fréquenté pas mal d’européistes plutôt au fait des réalités institutionnelles et qui pourtant fument de cette herbe. Pourtant, pas besoin d’être très malin pour comprendre, par exemple, que sans État (fédéral), pas de flux de compensations financières automatiques, donc pas de monnaie unique qui tienne. On ne demande pas aux habitants de la Lozère d’éponger la dette extérieure de leur département vis-à-vis de celui du Haut-Rhin. Et si un Lozérien veut bosser dans l’aéronautique, faute de pouvoir le faire par chez lui, à la rigueur il peut choisir d’aller vivre à Toulouse, ce qui n’entraîne heureusement pas non plus de tels absurdes transferts financiers, sans parler d’en faire des prêts, dettes et intérêts. Et si ça marche, évidemment, c’est parce que que les Conseillers généraux de la Lozère et du Haut-Rhin n’ont rigoureusement rien à en dire, parce que ça découle automatiquement de règles supérieures écrites à Paris. Pourvu que ça dure. C’est ce qu’on appelle un État. Quant on a compris ça, on en a compris assez pour dire bye-bye à cette impasse mortelle qu’est l’UE. Et qu’on est bien bêtes de laisser se développer de telles architectures tyranniques car non seulement elles le sont mais elles ne peuvent que l’être et le rester.

    Cette croyance (idiote) est simplement le produit de décennies de mensonges, disais-je, du moins de l’absence criante et persistante, dans les débats, de ce genre de pédagogie élémentaire. Mais pour cette même raison elle se soigne assez bien… sur le papier. Il suffit en gros de comprendre qu’on n’est pas sur la voie du fédéralisme européen (depuis des années, on y est même clairement de moins en moins) – et que, d’ailleurs, même si on y était, l’UE serait le meilleur obstacle. Mais justement, ce n’est pas tant par les explications – les débats réels sur le sujet sont toujours le plus rare possible, pour cause – que par la voie du fait accompli qu’on a pu longtemps nous cacher que l’UE n’a pas d’avenir : il suffisait déjà largement que, faute de précédent, chaque population soit ultimement convaincue, sans justement y penser, que nous n’avions de toutes manières que le choix de nous plier à accepter de bricoler l’UE en attendant toujours « une autre Europe », tout simplement parce que l’UE était un fait accompli et parce qu’il était comme inconcevable d’en sortir, puisque personne ne l’avait jamais fait (et bien sûr tout était fait pour que cette illusion dure). C’en est fini de cet état de fait, le reste suivra bientôt.

    Vive les Anglais. Vive tous ces ouvriers, ces pêcheurs, à qui on a dérobé leurs industries, leurs services publics et leur dignité. Vive la démocratie. Merci pour eux, pour nous et tous les autres peuples que la mort de l’UE viendra bientôt soulager.

    (*) http://www.pewglobal.org/2016/06/07/euroskepticism-beyond-brexit/

    • Brexit, Trump : un autre monde est possible

      En effet, l’une des conséquences les plus importantes de ce vote est la preuve qu’un autre monde est possible, comme disent les gauchistes — mais il n’y a aucune raison pour que les libéraux ne retournent pas cette phrase pour en fouetter les étatistes.

      Contrairement à ce que des milliers de hautes huiles nous ont répété des millions de fois depuis des décennies, la seule voie possible n’est pas vers « toujours plus d’Europe », et il est parfaitement possible de sortir de l’Union européenne sans faire advenir l’apocalypse. Ce n’est pas parce qu’on répète un mensonge qu’il devient une vérité, même si cela fait partie de la trousse à outils de base des propagandistes de gauche.

      La prochaine étape sera de faire la preuve que l’on peut mettre fin à l’immigration de masse sans que le ciel nous tombe sur la tête (bien au contraire), et cela surviendra avec l’élection probable de Donald Trump aux Etats-Unis.

      Il est particulièrement important que cela se passe dans ce pays, car si l’immigration de masse est devenue la religion des temps modernes, c’est, en grande partie, en vertu du théorème : les Etats-Unis sont un pays d’immigrants, les Etats-Unis sont la plus grande puissance du monde, donc si nous voulons devenir riches et puissants comme les Etats-Unis, nous devons nous ouvrir à l’immigration de masse.

      Théorème qui est vérolé de trous davantage qu’un gruyère. D’abord parce que les Etats-Unis ne sont pas un pays d’immigrants, mais un pays de colons (Samuel Huntington) : la mentalité du colon, qui n’est admis dans le pays qu’à condition d’être prêt à assurer sa subsistance en creusant le sol avec ses dents, est à l’opposé de celle de l’immigrant moderne, qui met les pieds sous la table en réclamant ses « droits de l’homme ».

      Ensuite parce que les défenseurs inconscients de ce théorème se rendent coupables de télescopage chronologique : si les Etats-Unis ont réussi, c’est précisément parce qu’ils étaient très sélectifs quant à l’immigration, et quand je dis sélectifs je veux même dire racistes. La sélection légale des immigrants s’est longtemps faite sur des bases raciales : oui aux Allemands et aux Scandinaves, non aux Grecs et aux Italiens considérés déjà un peu comme des Nègres.

      C’est justement à partir du moment où les Américains ont commencé à devenir « anti-racistes », dans leur politique d’immigration comme dans leur politique intérieure, soit un processus qui a commencé en 1900 pour s’épanouir en 1965 avec la suppression des quotas ethniques, processus qui n’a fait que s’exacerber depuis, que le déclin de l’Amérique a commencé.

      L’Amérique puissante, celle qui est dans les fantasmes des Européens et des peuples du monde entier, c’est celle du XIXe siècle. On commet constamment des erreurs politiques majeures, parce qu’on oublie de considérer que dans bien des cas, la lumière que nous trouvons si brillante nous provient d’une étoile déjà éteinte.

      Les processus historiques prennent du temps, ce que nous oublions à notre époque de chiens de Pavlov habitués à réagir à court terme. Les Etats-Unis de la première moitié du XXe siècle étaient certes encore puissants (et ils le sont même aujourd’hui), mais ils subissaient progressivement les conséquences de décisions prises longtemps auparavant, décisions qui elle-mêmes furent progressives.

      Celui qui fait abstraction de ce phénomène conclut à de fausses causalités. Il observe l’Amérique d’Obama, constate qu’elle organise l’importation forcée de Somaliens analphabètes, paresseux, violents, musulmans et haïssant l’Amérique, et qu’elle oblige les entreprises américaines à les employer de préférence à ses propres citoyens, elle observe que les Etats-Unis possèdent Google et sont capable de forcer les Suisses à abandonner leur secret bancaire séculaire, et il en conclut : l’immigrationnisme et le multiculturalisme sont ce qui permet aux Etats-Unis de nous dominer.

      Mais c’est le contraire. Ce que ne voit pas l’observateur superficiel, c’est que Google existe malgré l’immigrationnisme et le multiculturalisme. Google a été fondé par un immigrant russe associé à un Américain de souche, pas par des immigrants somaliens associés à des Algériens. Ce que ne voit pas le naïf qui regarde les choses de loin, c’est que l’immigrationnisme et le multiculturalisme sont en train de détruire l’Amérique, pas de la renforcer.

      En revanche, les Américains l’ont bien vu, d’où le succès de Donald Trump. De même que les Britanniques ont bien fini par se rendre compte que la voie de l’Union européenne les menait à la servitude et à la ruine, et qu’elle menaçait jusqu’à leur existence en tant que peuple. De même que les autres Européens sont en train de le comprendre.

      Malgré les salades qui leur sont servies par un groupe de gens matériellement intéressés à ce système, et par un autre groupe de gens qui ont longtemps été bernés par les assertions péremptoires des premiers.

  7. Les eurobéats me feront toujours sourire avec leur mauvaise foi. En effet, les peuples qui votent par référendum en faveur de l’actuelle construction européenne supranationale, sont réfléchis (Maastricht en 1992 dont on ne remet pas en cause la mince victoire). Par contre, ceux qui votent contre sont des abrutis, demeurés, j’en passe et des meilleures et le résultat significatif de leur victoire (référendum sur le TCE en France et Pays-Bas en 2005, Brexit au R-U. en 2016), n’est pas à prendre en compte. Belle conception de la démocratie ! En outre, je suis TRES étonné de voir une personne se qualifiant de « libérale », être attristée par le fait qu’un peuple veuille reprendre sa destinée en main et que son pays ne soit plus soumis à une institution supranationale dont les technocrates n’ont pas grand chose à envier aux bureaucrates du Politburo de l’ex-URSS ( https://www.youtube.com/watch?v=KHOuc12J4W4 ).

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