Brexit : « Boris is after my job » Cameron says

Juillet 2019 : « Boris is after my job » disait Cameron en 2016. Trois ans plus tard, voilà le pétulant Boris Premier Ministre de sa majesté en remplacement de Theresa May. Portrait.

contrepoints-2Le vote britannique sur le Brexit, c’est-à-dire sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), aura lieu dans moins de deux semaines, le jeudi 23 juin 2016 prochain. Depuis le fameux « I want my money back » de Margaret Thatcher en 1979, depuis la possibilité obtenue dans le Traité de Maastricht de 1992 de rester en dehors de la zone euro, depuis le statut particulier relativement à l’espace Schengen sur la libre circulation (1997), l’adhésion britannique à l’Europe ne s’est pas faite sans de nombreuses réticences intérieures et de tout aussi nombreuses concessions de la part des partenaires européens. A l’affiche de cette nouvelle confrontation inédite, les deux meilleurs ennemis du monde : David Cameron pour le maintien et Boris Johnson pour la sortie.

Le sujet européen est si épineux outre-Manche qu’on ne peut qu’admirer la décision du premier ministre David Cameron de proposer ce référendum, non sans risque pour sa carrière, à des Britanniques très divisés sur la question. Mais comme il l’a dit lui-même, les enjeux sont élevés et dépassent les destins politiques personnels :

« C’est peut-être la décision la plus importante que le peuple britannique va devoir prendre au cours de notre vie. »

Depuis la France, on observe avec attention ce qui se passe à l’autre bout de l’Eurostar car les mêmes questionnements, alimentés notamment par la crise grecque pour les questions financières et par la crise des migrants pour les questions de frontières, sont au coeur de notre débat public et tendent à reformater le paysage politique entre les souverainistes et les européens plutôt qu’entre la droite et la gauche.

Au Royaume-Uni, les opinions sont tellement partagées sur le Brexit que les clivages politiques habituels ne sont plus guère pertinents non plus. On observe une ligne de fracture qui passe entre l’Angleterre (pro) et l’Ecosse (anti), entre les plus de 50 ans (pro) et les moins de 35 ans (anti), entre les tabloïds (pro) et le Financial Times et The Guardian (anti).

Alors que l’UKIP, parti euro-sceptique de droite dirigé par Nigel Farage, arrivé en tête lors des élections européennes de 2014 avec 27 % des voix, soutient logiquement le Brexit, deux anciens premiers ministres opposés, John Major du parti conservateur, et Tony Blair du parti travailliste, se retrouvent sur la même ligne pour inciter leurs compatriotes à rejeter ce projet.

Au sein même du parti Conservateur, le Premier ministre fait campagne pour le maintien dans l’UE, moyennant la demande de quelques concessions supplémentaires plus ou moins bien accueillies, tandis que Michael Gove, secrétaire d’Etat à la Justice, et Boris Johnson (photo ci-dessous), qui vient de céder son siège de maire de Londres au Travailliste Sadiq Khan, lui-même favorable au maintien, sont résolument engagés pour le Brexit.

Dès lors, on comprend sans peine que l’ambiance est plutôt électrique chez les Tories. Selon différents témoignages, Cameron considère que « Gove is nuts » et que « Boris is after my job » c’est-à-dire : Gove est cinglé et Boris veut mon job !

Les partisans du Brexit fondent leurs arguments sur le slogan « Take control » : reprenons le contrôle de notre budget, de nos frontières, de nos décisions et de notre démocratie. En face, leurs opposants craignent que la sortie ne signifie isolement et affaiblissement du pays et cherchent à rétablir la vérité sur la contribution exacte du Royaume-Uni au budget européen, compte tenu de ce qu’il en reçoit par ailleurs : elle n’est pas si élevée que les premiers le disent, loin s’en faut.

La vidéo ci-dessous récapitule en une minute les partisans anti et pro Brexit. Profitons-en pour faire la connaissance de Boris Johnson et sa célèbre crinière blonde, et remarquons au passage que lorsqu’il annonce à la presse sa décision de soutenir le Brexit contre la position du premier ministre, il déclare :

« The last thing I wanted was to go against David Cameron or the government, but after a great deal of heartache I don’t think there’s anything else I can do. I will be advocating Vote Leave. » (21 février 2016).

En d’autres termes, Boris Johnson dit qu’il défend une position de principe tandis que David Cameron l’accuse de petits calculs politiques à ses dépens. En réalité, ce qui pourrait n’être qu’une rivalité politique comme on n’en connait que trop prend des allures de drame personnel, voire de tragédie cornélienne, car les deux hommes, bien que très différents au physique comme au moral et toujours dans un rapport d’émulation depuis l’origine, sont de vrais amis de plus de trente ans.

Interrogé sur ses relations avec Boris Johnson depuis la prise de position de ce dernier, David Cameron a répondu : « I’m still friends with Boris, just perhaps not such good friends. » Selon plusieurs sources, le premier ministre n’a pas ménagé sa peine pour dissuader Johnson de soutenir le Brexit. Il lui aurait même offert de choisir lui-même son poste au gouvernement.

Ils se sont rencontrés à Eton, institution scolaire fréquentée par l’élite anglaise qui a formé à ce jour 19 premiers ministres britanniques et encore plus de ministres. Ayant deux ans d’écart – Johnson est né en 1964 et Cameron en 1966, ils ne font véritablement connaissance que lorsqu’ils se retrouvent à l’université d’Oxford, autre incubateur fameux d’hommes politiques anglais.

En particulier, ils fréquentent tous deux le Bullingdon Club, société étudiante très huppée réputée pour ses grands banquets provocateurs et quelque peu destructeurs de vitres et de vaisselles, toujours remboursées avec beaucoup de libéralité le soir même, dans la plus pure tradition de l’extravagance anglaise pratiquée avec délectation en tenue de soirée.

De ce point de vue, Boris Johnson est un délice pour nous autres Français car il correspond parfaitement et naturellement à l’archétype du gentleman anglais légèrement excentrique qu’on aime adorer et détester en même temps. On le reconnait de loin à sa tignasse blond paille toujours hirsute, à son physique pataud et à son langage truculent et décomplexé.

Né à New York de parents plutôt bohèmes issus de la haute société anglaise d’un côté et d’origine turque de l’autre, il connait avec ses frères et soeurs une enfance sans véritable chaleur familiale. Ballotés entre Londres, Bruxelles et Washington, souvent laissés à eux-mêmes, les enfants Johnson doivent se débrouiller seuls.

Incontestablement intelligent, et tout aussi incontestablement paresseux, Boris s’est surtout taillé une réputation de pitre sympathique doué d’un fort charisme dont tout le monde se souvient en souriant. Parmi ses petites manies, citons par exemple son goût pour les discours délivrés en Latin à des dignitaires du Malawi en visite à Eton.

Boris Johnson Oxford Union avec Melina MercouriA Oxford, il occupe le poste étudiant le plus envié, celui de Président de la prestigieuse société de débats Oxford Union (photo ci-contre avec Melina Mercouri, ministre grecque de la culture), alors que David Cameron y a fait un passage beaucoup plus terne.

C’est cependant Cameron qui en sortira le plus brillamment diplômé, même si, d’après les dires de ses amis, Johnson se considère comme le plus doué des deux.

Après Oxford, Cameron rejoint le parti conservateur comme analyste tandis que Boris Johnson se lance dans une carrière d’historien et de journaliste. En 1999, il devient rédacteur en chef du magazine hebdomadaire conservateur The Spectator, lequel a une orientation beaucoup plus atlantiste qu’européenne.

En 2001, il se présente aux élections générales et obtient son premier siège de député du parti conservateur. Mais en 2004, il ment sur ses affaires privées au chef du parti de l’époque et se retrouve écarté des fonctions les plus intéressantes. Malgré tout, son habitude des médias, sa faculté à rebondir et sa facilité à se tirer d’affaires par un discours fleuri et chaleureux font de lui un homme populaire apprécié jusque dans les rangs de l’opposition.

En 2008, il est élu une première fois à la mairie de Londres où il se montre plutôt assidu au travail. C’est lors de ce premier mandat qu’il met en place des vélos surnommés Boris Bikes inspirés des Vélibs parisiens. En 2012, il est réélu à la tête de la capitale britannique alors que le parti conservateur essuie une lourde défaite aux élections locales. Sa position personnelle en est confortée, d’autant qu’il permet à son parti de perdre la tête haute. Les Jeux Olympiques de l’été 2012 organisés à Londres constituent un succès supplémentaire à son actif qui lui ouvre franchement le chemin vers le 10 Downing Street, résidence officielle du premier ministre britannique.

Or depuis qu’il s’est lancé à fond dans la campagne pour la sortie de l’UE, soit depuis février dernier, Boris Johnson semble avoir perdu sa faculté à toujours retomber sur ses pattes. Il accumule les bévues et les outrances, comparant le projet européen à celui d’Hitler, ou faisant des remarques déplacées sur les origines kenyanes du Président américain Obama lorsque celui-ci exprime son souhait de voir le Royaume-Uni rester dans l’UE. Dans les débats télévisés sur le Brexit, comme celui d’hier soir (9 juin 2016) par exemple, il est systématiquement accusé de vouloir prendre la place du premier ministre, ce qui a pour effet de dévaloriser son engagement par rapport à celui de David Cameron qui risque la démission en cas d’échec.

David Cameron ayant gagné les élections générales de 2015 avec la majorité absolue, les espoirs de Boris Johnson d’accéder à ce poste résident maintenant dans la réussite du Brexit, car dans ce cas le premier ministre, ayant perdu son pari, serait contraint de démissionner ; ou alors, en cas d’échec du Brexit, dans sa faculté à contrer un possible concurrent conservateur pour les prochaines élections générales de 2020, en l’occurrence George Osborne, actuel Chancelier de l’Echiquier (ministre des finances) de David Cameron, ou alors Michael Gove, cité plus haut, et crédité maintenant d’une bonne avance sur Johnson au cas où il faudrait remplacer Cameron à la tête des Conservateurs.

On sera fixé sur l’issue du Brexit dès le 23 juin prochain au soir. Selon les sondages les plus récents, le résultat semble très indécis. La semaine dernière, deux instituts (Yougov et TNS) donnaient le Brexit en tête avec respectivement 45 et 43 % des intentions de vote contre 41 % pour le maintien. 16 % des électeurs sont encore indécis. De quoi réconforter Boris.

Mais selon d’autres estimations, le vote en faveur du maintien pourrait l’emporter par hausse de la participation. Suite à un débat télévisé entre Cameron (maintien) et Farage (sortie) qui s’est tenu mardi 7 juin dernier, les inscriptions en ligne sur les listes électorales ont été si nombreuses que le site gouvernemental destiné à les enregistrer s’est planté. Il pourrait s’agir de jeunes électeurs habituellement peu concernés par le vote mais majoritairement favorables au maintien dans l’UE.

Depuis leurs années collège, Johnson et Cameron sont très proches. Ils ont fait beaucoup de choses ensemble et sur le plan politique, ils se sont même souvent prêté main-forte. Mais l’un et l’autre savent depuis le début à titre personnel qu’ils ont l’étoffe pour devenir premier ministre, et « Cameron y est parvenu le premier. » Boris Johnson est devenu maire de Londres, un excellent job, mais pas encore tout à fait « the » job dont l’étudiant le plus populaire d’Eton et d’Oxford se sent en droit de rêver.

Personne ne le croit lorsque, interrogé sur ses projets concernant le 10 Downing Street, il répond par une pirouette à sa façon :

« Qui pourrait voter pour un couillon bloqué au milieu d’un câble ? »

dans une allusion à une petite aventure amusante mais quand même un peu grotesque qui lui est arrivée pendant les Jeux Olympiques de 2012 alors qu’il essayait une tyrolienne suspendue au-dessus de Londres (vidéo ci-dessous, 56″) :


Mise à jour du vendredi 24 juin 2016 : le référendum sur le Brexit a donc bien eu lieu hier et les Britanniques ont choisi à 51,9 % de QUITTER l’Union européenne.

Mise à jour du jeudi 30 juin 2016 : A la surprise générale (« volte-face extraordinaire » dit le Financial Times), après le succès du Brexit dont il était l’un des chefs de file, Boris Johnson a annoncé aujourd’hui renoncer à briguer la succession de David Cameron comme leader du parti conservateur et donc comme premier ministre britannique.
Parmi les candidats au poste, notons Michael Gove, actuel ministre de la Justice et également ardent partisan du « Leave », ainsi que Theresa May, ministre de l’Intérieur, donnée favorite. Boris Johnson aurait évalué que la popularité grandissante de ces deux candidats ainsi que le faible soutien de la presse traditionnellement conservatrice, risquaient de le conduire à l’échec.
Il se murmure que Boris Johnson pourrait abandonner la politique pour revenir à son métier de journaliste, au Daily Telegraph, par exemple, où il tient déjà une chronique hebdomadaire.
Incroyable dénouement pour cette compétition Cameron/Jonhson qui voit les deux hommes quitter la scène politique au même moment, le premier dans la grandeur de l’échec accepté et le second dans l’ombre d’une victoire confuse pour laquelle on lui reproche beaucoup d’approximations et un manque de préparation de la sortie du Royaume-Uni de l’UE.

La suite est à lire dans l’article Brexit et conséquences : Theresa May sera-t-elle Prime Minister ? (8 juillet 2016)


Boris JohnsonIllustration de couverture : Boris Johnson, homme politique britannique du parti conservateur, membre du Parlement, maire de Londres de 2008 à 2016, actuellement en campagne pour le Brexit, c’est-à-dire la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Photo :  © Archives AFP Ben Stansall.

16 réflexions sur “Brexit : « Boris is after my job » Cameron says

  1. Les anglais « devraient  » quitter l’UE, pour reprendre en mains leurs destin. Mais surtout pour « constituer » une bouée de sauvetage à tous les européens (laches) qui ne voudront pas défendre leurs pays respectifs devant les menaces de la finance mondialisée (par exemple les dettes françaises dans les banques « orientales » ou chinoises), la menace religieuse incompatible avec les valeurs religieuses européennes (le mélange du politique avec le théocratique de certains pays), la menace migratoire (dans laquelle on trouve beaucoup de gens qui ne sont pas concernés) et la menace à peine voilée du « grand calife » turc de lui « autoriser » à nous « envoyer » ses 90 millions de « sujets » sans visa et qui étaient avant obligatoires. Quand à la « demande » de financement d’aide aux réfugiés bloqués en Turquie, gageons que les 6 et sans doute plus milliards d’euros, se retrouveront dans des comptes en banques du Panama Papers du coté d’Ankara. Et les anglais, le peuple anglais, se devraient bien de choisir de quitter l’UE, car toutes ces « menaces » réelles, présentes et avérées, vont causer l’éclatement du monde européen en vertu de « Personne n’est trop pauvre pour donner ou trop riche pour recevoir ». Donc, Messieurs les anglais, « tirez (vous) les premiers ».

  2. Nathalie,
    merci pour ce portrait de Boris !
    Quel que soit le bonhomme, il m’est plutôt sympathique.
    Et je pense qu’il fera pencher la balance dans le sens que je souhaite (comme Besson ci-dessus) et que vous semblez redouter !
    Je souscris à la conclusion de Besson
    « Messieurs les anglais, « tirez (vous) les premiers ». »
    Les grecs auraient pu « ouvrir la brèche » mais leur leader pense qu’il est toujours avantageux de « faire chanter Merkel ». Et ça marche car …
    le IVème Reich a tout avantage à maintenir l’édifice même chancelant !

      • Bonjour,

        je ne pense pas qu’il faille critiquer l’idée d’une Union Européenne. Simplement, dans sa construction et son fonctionnement actuel (commissaires européens non élus, gabegie sur les taux d’intérêts et politique monétaire irresponsable, centralisation des pouvoirs…), il devient compliqué de se forger une identité d’Europe unie et forte.

        De plus, si les Anglais estiment ne plus se retrouver dans l’Europe, il faut qu’ils partent. De la même manière, si la France ne s’y retrouve plus, elle devra partir. Cela fragiliserait, et peut être même briserait l’Europe tel que nous la connaissons.
        Néanmoins, de cette destruction naitrait, à mon avis qui n’engage que moi, une restructuration des États, voir une autre Europe… Une illustration timide étant la démission de monsieur Cameron.

        Merci pour cet article éclairant et bien écrit.

      • La critique de l’UE se comprend en soi pour son organisation « anti-démocratique ». Mais les reproches que je lui fait sont de toute autre nature :
        1. l’UE n’est qu’un prototype (un essai).
        Le but ultime est de développer le rêve d’Attali d’un Village Global doté une « gouvernance mondiale » que souhaitent les Américains (il suffit de voir la haine à l’égard de Trump le populiste)
        2. plus prosaïquement, l’€ (ou NewDM) installe le Peuple de France dans l’hinterland germanique où culturellement la France (qui ne sait fonctionner qu’en monnaie flottante) n’a aucune chance de survivre !
        Merkel a installé, avec la complicité des nos « socialistes », le IVème Reich !
        Pardon Nathalie.

  3. Nathalie, ne tombez pas dans le piège grossier, UKIP n’est pas d’extrême droite, ce serait si simple… J’aimerais que les anglais restent nous apporter un peu de subsidiarité mais si j’étais anglais, en acharné défenseur de la démocratie, je sortirais de cette pétaudière.

    cdlt

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  6. Boris Johnson était merveilleusement politiquement incorrect lorsqu’il était journaliste, malheureusement son élection comme maire de Londres (ville vérolée par l’immigration musulmane) l’a soudain converti aux vertus du « multiculturalisme » et de la « vibrance » (en anglais, impalpable qualité que seuls possèdent les immigrants extra-européens : en langage codé, une ville « vibrant » est une ville où pullulent les non-blancs ; c’est censé être bien, puisque ça « vibre » ; je n’ai jamais compris pourquoi c’était mieux de vibrer que de ne pas vibrer, surtout que la vibration est en général produite par le coup de poing dans ta gueule d’un immigrant qui veut te piquer ton larfeuille ; et, dans les cas moins graves, par les délicieuses vibrations de « musique » rap qui s’échappent des voitures).

    Boris, comme disent les Anglais, a continué ses réjouissantes facéties, mais demography is destiny quand le chèque de fin de mois en dépend, donc de sale nauséabond il a viré « antiraciste » normal.

    Cela ne l’empêche pas de rester un politicien intéressant, moins faux-cul que les conservateurs standard ; et bien entendu ses sorties sur Hitler et le Kenya ne sont nullement des erreurs, mais de banales vérités qui brossent l’oligarchie à rebrousse-poil.

    Il faut reconnaître que la vieille Angleterre nous donne une rafraîchissante leçon de démocratie avec son débat franc et ouvert sur le Brexit, qui tranche heureusement avec les complexes et les refoulements de la société française.

    Au passage, on remarquera l’incohérence habituelle de l’extrême-droite française, qui est à la fois hait l’Union européenne, l’Angleterre et « les Anglo-saxons » en général, et entretient des nostalgies monarchistes. Elle a pourtant sous le nez une monarchie où le peuple est capable d’imposer à l’oligarchie un vote sur le Brexit (avec une bonne chance de le remporter), cette monarchie constitue le coeur de « l’Anglo-saxonie », ce mystérieux pays dont nous parlent sans cesse les « souverainistes », et pourtant elle continue à dégoiser sa haine de l’Angleterre à tout propos. Comprenne qui pourra.

    Inutile de dire que je vote Brexit.

    • Merci Robert. J’aime toujours lire vos commentaires, même si je ne partage pas tout.
      Par exemple, je ne vote pas Brexit (tant d’un point de vue français que d’un point de vue anglais), mais par contre j’admire que le débat soit posé aussi ouvertement et que la décision revienne aux électeurs. C’est d’ailleurs une des raisons qui me font redouter la sortie britannique : quel bon sens thatchérien, quel libéralisme restera-t-il dans l’Union quand le UK n’y sera plus ?

  7. Sur l’Union européenne, mon avis est le même que sur l’Education nationale française. On a tout essayé, rien n’a marché. On a maintenant la preuve que c’est une machine idéologique et de pouvoir sourde à ses mandants, folle dans ses principes, et entièrement au service des intérêts particuliers de ses dirigeants et fonctionnaires.

    C’était bien sur le papier, c’était bien au début, maintenant c’est vérolé jusqu’au trognon. Il y a des moment où une maison n’est plus réparable, il faut raser et reconstruire. Ou en sortir avant qu’elle ne s’écroule, y abandonner ceux qui aiment ça, et rebâtir à côté.

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  9. Quelques remarques sur le Brexit.

    1. Marine le Pen n’est pas candidate aux élections britanniques, donc je ne vois pas très bien pourquoi la ramener sur le tapis à ce sujet.

    2. Ce ne sont pas « les partis populistes » qui se sont prononcés pour le Brexit, c’est le peuple britannique. Justement, les partis étaient divisés à ce sujet. Boris Johnson, chef de file de la campagne en faveur de la sortie de l’UE, est une figure du parti conservateur qui a eu une éducation aristocratique. Si Johnson est populiste, moi je suis archevêque.

    Et puis, il faudrait arrêter un peu avec les insultes de type « populiste », « raciste », « xénophobe », etc. Soit on débat, et alors on se base sur des faits, soit c’est un « shouting match » et on peut traiter les gens de populistes, mais aussi pourquoi pas de connards, de bobos, de salopards ou je ne sais quoi. Ce n’est pas le même genre de conversation.

    A la fin des fins, l’invective infamante « populiste » se révèle pour ce qu’elle est : un refus de la démocratie quand le peuple vote mal.

    Pascal Lamy l’a bien avoué, sur RTL, lorsqu’il a dit que la seule solution, maintenant que le départ de l’Angleterre est acquis, c’était d’accélérer l’intégration économique de l’UE, mais seulement à partir de 2018, parce qu’il y aurait des élections nationales en 2017…

    Même Vladimir Poutine n’en fait pas autant : certes il truque les élections, mais il ne va pas jusqu’à reconnaître qu’il méprise l’opinion de son peuple !

    3. L’affirmation qu’il n’y aurait pas un seul Noir ou Arabe dans la région de Calais en dehors de la ville elle-même me laisse dubitatif, pour le moins. Mais admettons. N’ayant pas sous la main de statistiques sur l’africanisation du Calaisis, j’accepte momentanément cette hypothèse.

    En quoi une telle observation aurait-elle la moindre pertinence ? Il est largement trop tard pour nier la réalité de l’immigration massive en France, même si la classe dirigeante nous a joué ce pipeau pendant des décennies.

    L’immigration afro-maghrébine en France n’a pas commencé avant-hier, elle a commencé il y a au moins un siècle. En 1920, déjà, des rapports préfectoraux s’inquiétaient du nombre des immigrés algériens et de leur mauvaise intégration dans la force de travail.

    Aujourd’hui, 500 000 personnes bénéficient de l’AME en France, un privilège refusé aux Français qui concerne exclusivement les immigrés illégaux (remboursement total des soins, y compris ceux qui ne sont pas couverts par la Sécurité sociale). Il y a donc largement plus d’un demi-million d’immigrés illégaux.

    Chaque année depuis fort longtemps, 200 000 immigrants légaux entrent dans le pays. 34 % des naissances sont le fait de mères d’Afrique noire, du Maghreb ou des Antilles ; et 66 % en région parisienne (cité de mémoire : je peux me tromper d’un ou deux points de pourcentage). Les chiffres concernant le nombre d’immigrés extra-européens présents dans le pays figurent désormais dans des ouvrages sérieux rédigés hors de la sphère politiquement correcte, comme ceux de Michèle Tribalat ou Jean-Yves le Gallou.

    Et puis il n’est pas interdit d’ouvrir les yeux : le caractère massif de l’immigration islamo-africaine se voit à l’oeil nu, de même que son explosion. Les statisticiens ne peuvent plus nous pipeauter. Ils ont simplement le choix entre se taire, mentir, ou fournir des évaluations exactes d’une réalité que plus personne ne peut nier.

    Je n’ai pas besoin de préciser le grave danger que cette situation fait courir à la France (ainsi qu’aux autres pays occidentaux touchés par le même phénomène) ; les arguments ont été amplement exposés partout.

    Il est une certitude, c’est que tel est l’avis des peuples occidentaux (voyez les sondages) — et c’est bien pourquoi l’oligarchie s’emploie à les faire taire en les traitant de « populistes ».

    Donc, à moins qu’on ne soit anti-démocrate, comme Gaspard Koenig, les communistes ou les musulmans, on se doit d’en tirer les conséquences.

    4. Concernant les traces de l’influence massive de l’UE sur la vie quotidienne des Français, il y a l’embarras du choix. Pour ne prendre que l’exemple le plus énorme et le plus récent, la présence d’un million d’immigrés illégaux de l’autre côté de la frontière, arrivés en Allemagne depuis un an seulement (en plus de tous les autres arrivés depuis des décennies).

    Ces délinquants ont le « drouâ » de débouler chez nous pour peu qu’ils le veuillent, en vertu des traités et directives de l’UE. Et s’ils ne l’ont pas aujourd’hui, ils l’auront demain.

    En vertu de « l’intégration européenne », Angela Merkel est en train de négocier seule, pour notre compte, un accord avec la Turquie qui permettrait demain à 80 millions de Turcs d’entrer en France sans visa — voie royale de l’immigration illégale, comme chacun le sait ou devrait le savoir.

    Je pourrais écrire dix pages sur les effets nocifs et concrets de l’UE sur la vie des Français, mais cela seul est suffisant : l’UE menace gravement notre souveraineté nationale et notre survie pure et simple en tant que peuple et nation.

    C’est d’ailleurs ce qu’ont jugé les Britanniques.

  10. 1. Le Brexit donne des envies d’exit à d’autres pays, et Marine Le Pen y a été de son petit tweet en ce sens, donc c’est totalement normal de parler d’elle.

    2. La motivation première des pro-Brexit au UK, c’est bien la question de l’immigration. Voir interview de Sophie Pedder de the Economist dans Atlantico.
    Elle précise : « les questions économiques n’ont eu que peu de portée dans le camps pro-Brexit : aucune étude crédible ne montre un impact positif d’une sortie, et les chiffrages du bénéfice budgétaire d’une sortie ont été décrédibilisés par des manipulations de statistiques. Le camp en faveur du Brexit est donc stratégiquement revenu sur l’immigration. »
    http://www.atlantico.fr/rdv/politico-scanner/remontee-pro-brexit-motivations-surprises-que-revelent-detail-sondages-derniere-ligne-droite-sophie-pedder-europe-union-2726255.html

    Ca me confirme dans l’idée que quoi qu’en pensent de nombreux libéraux, le Brexit ne réveille pas le libéral qui est en nous, mais un désir de fermeture complet des frontières. Vous trouvez ça bien, moi pas (parce que si j’étais érythréenne ou … je me battrais comme un beau diable pour quitter l’enfer et accéder à une vie meilleure si possible en Europe ou aux USA ou au Canada ou en Australie)

    3. Vous dites vous-mêmes que l’immigration ne date pas d’hier ni même de l’UE.
    Personnellement, je souhaite qu’on reste des sociétés ouvertes, suffisamment bien dans leurs pompes pour pouvoir accueillir des ressortissants d’autres pays. Cet accueil doit bien sûr être proportionné à nos possibilités économiques et démographiques et la condition d’entrée est le respect absolu de notre constitution et de nos lois. Ce n’est évidemment pas l’équipe au pouvoir en France qui rendra ça possible.
    A mon avis, l’Europe est surtout malade de certains gouvernements au sein de ses pays membres. On dit « Ils », Bruxelles, la Commission etc… mais il y a un Conseil et il y a un Parlement (dont le nombre de membres pourrait être diminué et les compétences élargies).

    Et concernant les réfugiés de Syrie ou d’Irak, ma paroisse, comme beaucoup d’autres à la demande du pape, va accueillir une famille. N’empêche que la famille en question n’est toujours pas arrivée et que pour l’instant, malgré le grand nombre de candidats pour aider à l’accueil, on n’a vu arriver personne.Et cet accueil quand il se concrétisera sera financé par des dons et des quêtes à la messe.

    • Je n’ai évidemment aucun problème à parler de Marine le Pen, puisque je vote pour elle. En revanche, on ne peut pas reprocher leur vote aux Britanniques au nom du « populisme » (encore appelé « extrémisme », « racisme », etc) en faisant appel, une fois de plus, à cet épouvantail bien commode. Pour une fois, elle n’y est pour rien.

      A l’inverse, le vote anglais est la preuve que la volonté des Français (et d’une bonne partie des Européens) de quitter « l’Europe » n’a rien à voir avec le retour des Zeurléplusombres de Notristouâr.

      Evidemment que la motivation première des Brexiters est l’immigration ! C’est bien ce que je dis, et je m’en félicite. C’est la preuve qu’on peut être opposé à l’immigration sans être une sale « populiste » dont le père a « torturé en Algérie » (paraît-il) et qui est censé ne pas suffisamment s’intéresser aux « détails » de la Seconde guerre mondiale (ce qui, à l’évidence, semble se transmettre génétiquement, selon certains lyssenkistes contemporains).

      Personne ne réclame une fermeture complète des frontières. La majorité des populations, en revanche, réclame leur rétablissement. Pour l’instant, elles n’existent pour ainsi dire plus, et le pape vient de déclarer que nous devions laisser entrer tout le monde. Carrément : tout le monde. Toute l’Afrique, tout le Moyen-Orient, tout le monde. Les lois existantes sont allègrement violées par les autorités depuis des années. Il ne s’agit même pas d’instaurer des lois plus restrictives : pour commencer, il faudrait déjà appliquer les lois en vigueur !

      Il faudrait tout de même arrêter de tout mélanger avec cette histoire de frontières. Il y a le commerce international, c’est une chose. Il y a la circulation internationale des capitaux, c’en est une autre. Il y a le tourisme international, c’en est une troisième. Et il y a l’immigration, qui n’a rien à voir avec les trois phénomènes précédents.

      Les hommes présentent cette différence avec les machines à laver qu’ils se reproduisent entre eux, et que leurs fils violent nos femmes. Les machines à laver ne font pas des petits et elles ne violent personne. Une tonne de charbon chinoise comparée à une tonne de charbon française, c’est à peu près pareil. Une ville peuplée d’Auvergnats et une ville peuplée de Maliens, ce n’est pas pareil.

      Faire le « mamalgame » (comme disent les gauchistes) entre la libre circulation des marchandises et la libre circulation des personnes, c’est une escroquerie intellectuelle. D’ailleurs, l’expression même de libre circulation des personnes est un morceau de langue de bois communiste, car ceux qui l’utilisent ne parlent nullement de libre circulation, qui consiste à admettre des touristes ou des hommes d’affaires pendant un mois, mais de libre immigration, ce qui n’a rien à voir.

      La libre circulation existe à peu près partout, et personne ne la remet en cause. En revanche, j’aimerais bien que l’on me dise où Tocqueville, Bastiat ou Adam Smith ont postulé que le libéralisme exigeait l’immigration de masse. En fait, c’est exactement le contraire. Dans les premières années de la Révolution industrielle anglaise, qui ont pavé la voie du libéralisme, non seulement l’immigration de masse n’existait pas (la bonne blague…), mais l’émigration était carrément interdite… aux ouvriers qualifiés… de peur qu’ils n’aillent fournir leur savoir aux concurrents étrangers !

      Lorsque le libéralisme a fonctionné au cours de l’histoire, ce ne fut jamais en combinaison avec la suppression des frontières et des nations (laquelle elle-même n’a jamais existé : c’est une utopie, au même titre que le communisme).

      Le libéralisme est une philosophie de la responsabilité et de la satisfaction différée, et si vous voulez que les gens investissent (leur temps, leurs efforts, leurs capitaux) pour des bénéfices espérés plus tard, il faut leur garantir que leur pays ne sera pas volé entretemps par des étrangers.

      Si vous voulez que les gens se dévouent pour leurs descendants (et leurs ascendants, d’ailleurs), il faut leur garantir que ce sera vraiment pour leurs enfants à eux, et non ceux d’une peuplade quelconque venue de l’autre bout du monde.

      Vous vous appuyez sur ce que vous feriez si vous étiez érythréenne, mais justement vous ne l’êtes pas. Si vous en aviez, on vous appellerait mon oncle. C’est amusant de faire ce genre d’hypothèse, mais une fois qu’on a fini de jouer à ce jeu, il est conseillé de revenir à la réalité, parce que sinon, c’est la réalité qui vous détruit.

      Une société bien dans ses pompes, ça ne veut rien dire. C’est de la littérature de journal de coiffeurs. Mettons qu’une société viable, fonctionnelle, harmonieuse, puissante, durable, est une société qui commence par repousser fermement l’étranger. Toujours. Sans exception.

      Ca ne veut pas dire qu’on refuse complètement l’entrée d’étrangers. Ca veut dire qu’on se moque d’eux, qu’on les tient à l’écart et qu’on leur fait sentir qu’ils sont de trop.

      Ce fut le cas aux grandes heures de l’Amérique, prétendument « nation d’immigrants ». Quand l’Amérique était au faîte de sa puissance, et accueillait un nombre appréciable d’immigrants, elle commençait par les humilier. Avec des rituels qui vous conduiraient, aujourd’hui, directement au tribunal.

      Quant au respect de la loi, il n’a aucune importance. Ce n’est pas la question. Evidemment que les immigrés doivent respecter la loi. C’est bien la moindre des choses. Hélas, on voit, depuis des décennies, qu’ils ne le font pas. Il est grand temps d’en tirer les conclusions. Sauf si vous acceptez d’exécuter tous les étrangers en infraction — et encore, je doute que cela suffise.

      Mais évidemment, c’est très, très loin d’être suffisant. C’est comme si vous me disiez : je cherche un mari, mais la condition absolue est qu’il respecte la loi. Non : la condition pour que des gens s’installent chez nous, c’est qu’ils soient comme nous. Et ils ne sont pas comme nous. Et rien ni personne ne peut changer cela. Pape ou pas pape, communisme ou pas communisme.

      Faire cohabiter des peuples différents dans une même nation, encore plus par force, encore plus par la brutalité de l’immigration, encore plus en les arrachant à leurs ancêtres et à leur passé, c’est une recette pour la violence et la haine perpétuelles. Il est aisé de s’en persuader en étudiant l’histoire.

      J’irai plus loin : il ne suffit pas qu’ils soient comme nous. Il faut qu’ils aient partagé notre passé depuis des siècles. Il est aisé de s’en rendre compte avec l’exemple suisse, pays où les Français sont nombreux. Eh bien, ils sont si nombreux qu’il y a désormais un racisme anti-français en suisse. Et pourtant, la langue est la même, la religion est la même, la culture est largement la même… et les peuples sont d’ailleurs apparentés. Mais cela ne suffit encore pas ! Le seuil de tolérance est dépassé : les Suisses ont tout simplement l’impression de ne plus être chez eux.

      Comme vous le dites fort justement, il y a des limites démographiques et économiques à l’immigration tolérable. Celles-ci sont dépassées depuis longtemps.

      Non seulement l’immigration de masse est une catastrophe pour ceux qui la subissent, mais l’émigration est un drame personnel pour ceux qui s’y livrent. Faire comme s’il était charitable d’encourager cette démarche à une échelle industrielle, c’est non seulement trahir son peuple, mais c’est aussi assurer le malheur durable des étrangers à qui on prétend ainsi rendre service. Sans parler du malheur de leurs descendants, comme il est aisé de le constater en ouvrant les yeux alentour.

      Et ce sont des choix irréversibles ; une loi, on peut toujours la changer ; la démographie, elle, a sa force propre.

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