Travail et libéralisme : « C’est fou, les malentendus idéologiques ! »

Ce matin, j’emprunte mon titre à une expression utilisée il y a une dizaine de jours par la journaliste Natacha Polony dans une de ses revues de presse matinales sur Europe 1 (vers 3′ 20″) : « C’est fou les malentendus idéologiques, mais c’est quand même un drame » a-t-elle déploré à l’antenne. Elle faisait référence au troisième baromètre sur le libéralisme publié par le quotidien l’Opinion avec l’institut de sondage IFOP et le think tank Génération libre, dont j’ai dit deux mots récemment. Pour elle, il y a « malentendu idéologique » car dans ce sondage, la valeur « capitalisme » est située au bas de l’échelle des choix des Français (31 % seulement l’approuvent) tandis que le journal, tout à l’inverse,  commente sur la préférence de ces mêmes Français qui irait à un capitalisme de concurrence par opposition à un capitalisme de connivence. 

La lecture du détail de l’enquête montre deux choses qui, selon moi, ne permettent pas vraiment à Natacha Polony de conclure, comme elle le fait, que d’une part les Français rejetteraient le libéralisme, et que d’autre part l’Opinion se refuserait à le voir.

En effet, 1. Les lignes commencent à bouger : dans notre devise nationale, le mot liberté (43 %) est préféré à égalité (37 %) et à fraternité (20 %), les valeurs d’autonomie, de responsabilité et d’initiative sont plébiscitées (environ 93 %), et si une majorité de Français (53 %) continue à penser que l’Etat devrait s’impliquer davantage en matière économique, ce chiffre est en recul de 5 points par rapport à l’an dernier.

Mais 2. une certaine confusion continue à régner : si la valeur « capitalisme » ne recueille que 31 % des voix, si « Etat » garde une appréciation de 52 %, les valeurs « socialisme » et, encore pire, « état providence » ne sont pas franchement bien loties avec respectivement 41 % et 30 % d’appréciation.

On constate ici ce que nombre d’observateurs ont relevé en voyant se cristalliser les oppositions à la loi Macron ou à la loi Travail. Les Français considèrent majoritairement que non, ça ne va pas mieux, ils sont conscients qu’il faudrait évoluer, mais ils restent pour ainsi dire viscéralement attachés à notre « modèle social » et continuent à faire confiance à l’Etat pour assurer à la fois continuité, justice sociale et évolution. Ce que pour ma part j’avais traduit dans un titre d’article par « – Le Président : Ça va mieux ! – Les Français : Non, mais ne changeons rien. »

En réalité, les analyses réalisées autour du baromètre de l’Opinion par différents auteurs ne reflètent nullement une confusion idéologique comme le prétend un peu rapidement Natacha Polony. Les deux points plutôt schizophréniques que j’ai mentionnés plus haut apparaissent clairement dans l’étude et les intervenants sont tous parfaitement conscients qu’un travail de présentation, et même de réhabilitation, du libéralisme doit être mené auprès des Français.

S’il y a lieu de se plaindre d’un « malentendu idéologique », il concerne beaucoup plus la façon dont le libéralisme est systématiquement, voire sciemment, dévalorisé par ses opposants, ainsi que le souligne Daniel Tourre du Collectif Antigone :

« Le libéralisme doit sortir des cases dans lesquelles les étatistes l’ont mis, en faisant croire que libéralisme rimait avec productivisme, donc exploitation de l’homme. »

Or si les contempteurs du libéralisme sont légion, Natacha Polony n’est certes pas la dernière à obscurcir le débat et à contribuer à ce « malentendu idéologique » qu’elle déplore quand ça l’arrange pour l’entretenir ailleurs. Il se trouve qu’une semaine après avoir commenté l’enquête de l’Opinion selon son prisme anti-libéral sur Europe 1, elle intervenait mercredi 25 mai 2016 dernier sur BFM TV dans un débat organisé sur la loi Travail et déclarait (voir vidéo ci-dessous, 0′ 52″) :

« Les Français sont contre cette loi et il n’y a pas de hasard. Pourquoi ? (…) il y a surtout un refus de la part des Français de voir détruire le modèle social qui est le leur. Ce qu’on leur propose, c’est quoi ? C’est de s’aligner sur la productivité du Bangladesh, ou en tout cas sur les jobs à 1 euro des Allemands, sur les jobs « zéro-heure » des anglais (..) Où s’arrête-t-on ? »

Je suis tombée par hasard sur les déclarations de Natacha Polony, c’est ainsi qu’elle se retrouve aussi intensément au coeur de mon article du jour à titre de contre-exemple. C’est d’autant plus inattendu qu’elle a consacré une grande partie de son travail à mettre en garde contre le nivellement par le bas qui est devenu la règle depuis plusieurs années dans notre éducation nationale, analyse que je partage complètement.

Mais il se trouve aussi que Natacha Polony est une personnalité médiatique connue qui a bénéficié grâce à ses études d’une excellente formation intellectuelle. Sur le plan professionnel, elle a contribué ou contribue notamment au journal Le Figaro, à Marianne, à Canal+, à l’émission de Laurent Ruquier On n’est pas couché et à Europe 1. Elle est à l’origine du Comité Orwell qui s’est donné pour objectif « de faire entendre une voix différente dans un paysage médiatique trop uniforme. » Il est donc d’autant plus désespérant de la voir enfiler les clichés anti-libéraux les uns après les autres.

Il est vrai, comme le signalait h16 récemment, que lors d’un entretien consacré au Comité Orwell, dans lequel elle expliquait vouloir faire du journalisme « autrement », elle cataloguait Laurent Joffrin, directeur de la rédaction de Libération, dans le camp du « libéralisme pur ». A partir de là, toutes les approximations sont possibles, même les plus loufoques ! Sur BFM, nous avons donc eu droit en quelques secondes au Bangladesh, aux contrats zéro-heure et aux contrats à 1 euro, tout ceci étant censé attester du caractère complètement esclavagiste de la loi Travail, qui ne prévoit rien de tout cela. Jolie performance !

Je crois important de faire le point sur ces fameux contrats car j’ai souvent eu l’occasion de constater que s’il était bien vu de les évoquer comme argument anti-libéral dans les dîners en ville, il était par contre tout à fait exclu de chercher à contre-argumenter. Comme d’habitude, je me rattrape ici.

L’idée sous-jacente contenue dans l’horreur que ces contrats inspirent est la suivante : « Oui, le Royaume-Uni et l’Allemagne sont peut-être dans une situation économique meilleure que la nôtre, mais tout cela n’est qu’apparence car derrière leur faible taux de chômage, il y a des petits boulots, des contrats zéro-heure et des contrats à un euro. Est-ce le modèle social que nous voulons ? Non. » D’après Natacha Polony, lorsque vous avez un contrat zéro-heure en Angleterre, « on vous appelle de temps en temps et on vous dit : vous allez pouvoir travailler une heure, et ensuite on vous laisse. » Ces contrats seraient donc synonymes de précarité et de pauvreté galopantes.

Or les dernières données publiées sur le marché de l’emploi du Royaume-Uni par l’Office for National Statistics (l’équivalent britannique de notre INSEE) sont assez différentes : le taux de chômage y est de 5,2 %, soit la moitié du nôtre, plus de 500 000 emplois ont été créés en 2015, les CDI à temps complet ont représenté les deux tiers de ces créations, tandis que les contrats zéro-heure ne représentent que 2,3 % des emplois sur un total de 31 millions. Loin de se limiter à une heure par-ci par-là, ils permettent de travailler en moyenne 26 heures par semaine contre 32 heures en moyenne pour les autres emplois. De plus, les principaux bénéficiaires de ces contrats sont les jeunes de 16 à 24 ans. A comparer à notre taux de chômage des jeunes qui était de 25,9 % à fin 2015 contre 13,5 % au Royaume-Uni. Dans le même temps, l’emploi public a considérablement diminué. Natacha Polony avait-elle ces chiffres en tête quand elle s’amusait à nous faire peur à grand renfort d’indignation sociale et solidaire ?

Tournons-nous maintenant vers l’Allemagne. Ce pays peut non seulement se targuer d’un taux de chômage de l’ordre de 5 % en 2015, mais également de comptes publics qui, contrairement aux nôtres, affichent des excédents plus que confortables. Qu’en est-il des contrats à 1 euro ? S’agit-il d’être intégralement payé au tarif minimum d’un euro par heure ? Pas du tout.

Ces contrats, mis en place par les lois Hartz de libéralisation du marché du travail dans le cadre des réformes entreprises par Gerhard Schröder entre 2002 et 2005, concernent exclusivement des travaux d’intérêt général et des personnes qui bénéficient par ailleurs d’allocations chômage. En aucun cas ils ne peuvent se substituer à des emplois privés. Les « 1 euro » versés par heure viennent en plus des prestations sociales et visent à rembourser les frais supplémentaires occasionnés, par le transport par exemple. Le ministère du travail allemand précise que :

« parler de jobs à 1 euro n’est pas correct. La somme versée n’est pas un salaire, mais une compensation pour dépenses supplémentaires, par exemple pour payer la carte de transport afin de se rendre sur le lieu de l’emploi. Le salaire, c’est l’indemnité perçue par les bénéficiaires de l’aide sociale ».

Très décriés lors de leur introduction, ces contrats ont montré leur intérêt pour éviter que les chômeurs de longue durée ne s’enferment dans leur inactivité. Actuellement, ils ne représentent plus que 0,4 % de la population active. Le faible taux de chômage dont jouit l’Allemagne aujourd’hui ne leur doit donc rien, contrairement au cliché allègrement véhiculé partout et par Natacha Polony, mais ils furent en revanche déterminants au début pour faire revenir de nombreux chômeurs seniors sur le marché du travail et faire baisser le taux de chômage qui était de plus de 11 % lorsque Schröder a lancé ses réformes.

Dans le débat de BFM TV sur la loi Travail, Natacha Polony explique également qu’il existe en France « un compromis politique et social issu du Conseil national de la résistance (qui) a été accepté par les Français et (qui) a permis de construire une puissance et une société qui était vivable. » Selon elle, hélas, tout cela est en train d’être balayé par une mondialisation qui n’est « pas politiquement gérée, mais qui est totalement subie. »  Comprendre : qui n’est pas assez encadrée et planifiée par la puissance publique.

Outre le fait qu’il y aurait beaucoup à dire sur l’évolution du monde depuis 1945, plus de 70 ans quand même, la journaliste, qui reprend ainsi la thèse développée par Stéphane Hessel, me fournit une transition pratique vers la conclusion qui me trotte dans la tête. Je pense fréquemment à ce petit livre d’une vingtaine de pages que j’aimerais écrire un jour. Pas « Indignez-vous ! » façon facile et bien-pensante à la Hessel, mais plutôt « Renseignez-vous ! »

Et si, avant toute chose, on commençait par chercher à s’informer correctement et complètement, au lieu de s’indigner ou de persifler d’entrée de jeu sur un ton entendu, quitte à raconter n’importe quoi et entretenir volontairement au fil des émissions et des articles de presse un malentendu strictement idéologique, complètement déconnecté des réalités du monde ?

Et sur le plan du marché du travail, n’est-il pas intrigant de constater que les pays qui ont les profils les plus libéraux, ceux où les employeurs ont les mains les plus libres, ceux où le code du travail est le moins épais, sont aussi ceux où le chômage est le plus bas, et le taux d’emploi le plus élevé ?


Revue de Presse Europe 1 180516Illustration de couverture : capture d’écran de la revue de presse de Natacha Polony sur Europe 1 le 18 mai 2016.

40 réflexions sur “Travail et libéralisme : « C’est fou, les malentendus idéologiques ! »

  1. Et dire que Polony est présentée comme « journaliste de droite tendance libérale » ! là se trouve le malentendu. Et malheureusement, elle a désormais une voix qui porte … Elle sert de prétexte , d’excuse, voire d’idiote utile, pour maintenir une réelle ignorance, et entretenir des contre-vérités (comme aurait dit Georges Marchais, comique français des années 70). Merci pour ce billet, que je me suis empressé de partager. 🙂

    • Merci pour le partage (que j’ai repéré !)
      C’est terrible, ces journalistes sûrs d’eux et d’elles qui vous assènent des sottises sans nom avec aplomb sur des chaînes grand public, sans avoir à subir la moindre remise en cause.

      • Journalistes et politiques ont en commun fatuité, arrogance et partagent la même impunité ! aussi graves que soient leurs fautes , ils n’en sont jamais tenus pour responsables, quant à une éventuelle réparation ou à des excuses , là …

  2. A mon sens il n’y aucune différence fondamentale un contrat anglais 1 heure et l’intérim à la française, sauf que l’introduction d’un intermédiaire (la société d’intérim) augmente les coûts et complexifie le système.

    • Je pense que Natacha Polony aurait été bien en peine d’expliquer exactement de quoi elle parlait. Elle misait uniquement sur le sensationnel et la peur générés par ces mots.
      Je n’ai pas relevé son expression « productivité du Bangladesh », mais là aussi il y aurait beaucoup à dire. Ce qui lui importait, c’était l’association productivité (mal, affreux patrons tortionnaires) avec Bangladesh (pauvreté, exploitation, incendie dans les usines textiles).

  3. Natacha Polony, comme 99.99% des « oligarques médiatiques » français démontre (encore une fois) son inculture crasse en ce qui concerne le libéralisme.

    Entre ceux qui pensent que le libéralisme c’est « la loi du marché » et ceux qui pensent que le libéralisme c’est « je fais ce que je veux j’ai tout les droits et tout m’est du, on n’est pas sorti de l’auberge…

  4. Natacha Polony ne manque pas d’air de parler de confusion idéologique. S’il y a quelqu’un qui nage en pleine confusion, non seulement idéologique, mais intellectuelle et morale, c’est bien elle.

    Ses tribunes sont des monuments de sottise, d’ignorance et de non-sens. Elle se contredit d’une ligne à l’autre avec un joyeux abandon. Mais ça ne l’empêche pas de turbiner les adjectifs ronflants et les indignations surjouées.

    Je vous conseille, en particulier, ses articles consacrés à l’agriculture ou à la bonne bouffe. Ils sont interchangeables avec ceux de son mari, le critique gastronomique Périco Légasse, qui se prend maintenant pour un Tartarin de la politique. Non seulement ces écrits sont idiots, mais en plus ils sont odieux. Leur populisme affecté revient, en réalité, à un snobisme de petits-bourgeois.

    Ravis de l’aubaine professionnelle qui est la leur de manger des plats sublimes aux frais de la princesse, ils dénient en toutes lettres le droit au vulgaire d’accéder aux mêmes gourmandises qu’eux, mais pour moins cher.

    Ils symbolisent l’un et l’autre, à merveille, l’étatisme profiteur, jouisseur et égoïste qui prévaut en France, sous le cache-sexe de valeurs aussi ronflantes qu’opposées à la pratique de ceux qui les mettent en avant.

    • Excellent! Natacha Polony mérite pour décrire son état global les compliments les plus fleuris qui soient. Je suis très fier de mon http://francoiscarmignola.hautetfort.com/archive/2014/12/29/penser-avec-son-c-5522376.html
      dont la misogynie choquera la tôlière, mais qu’elle ne le prenne pas mal, je ne m’en prend qu’au ridicule d’une cagole décérébrée, personnage de bande dessinée dont l’inconscient sexualisé est tellement à livre ouvert qu’il ne peut que susciter les éclats de rire de tous les adultes ordinaires.
      Polony est d’autre part porteuse et propagandiste de ce qu’il y a de pire en politique: l’alliance des « valeurs » de droite et de l’étatisme économique de la gauche, qui constitue précisément la position front national, le « rouge brun », lieu de toutes les ambiguïtés, de tous les populismes et bien sur, de la plus extrême bêtise.

      Je voudrais en passant souligner l’intérêt du diagramme de Nolan, qui permet de bien qualifier les différentes « positions » politiques possibles.
      http://www.wikiberal.org/wiki/Diagramme_de_Nolan

      Le paradoxe du « libéralisme » au sens strict est qu’il est à la fois culturel et économique et donc se trouve perçu trop souvent comme une forme dangereuse d’extrémisme idéologique, porteur par exemple d’une abolition de l’état. Alors que ce que dont le pays a besoin c’est d’abord qu’on se mette d’accord sur une libéralisation sociale et économique. C’est l’étatisme qui nous étouffe et nous ruine, pas les « valeurs » !

      • Natacha Polony : « Le véritable pouvoir est détenu en France par le système bancaire (d’où provient la haute administration de Bercy) et la grande distribution, sur des directives fixées à Bruxelles: rien n’est fait sans l’aval direct ou indirect de ces trois entités. »

        On est ici dans le délire complet. Prétendre que le ministère des Finances est aux mains des banquiers, c’est se moquer du monde. Jolie façon de dédouaner la fonction publique de toute responsabilité dans l’un de ses bastions !

        Affirmer que rien ne se fait en France sans l’aval de la grande distribution, ça vaut largement les fantasmes sur les Juifs ou les Illuminati maîtres du monde.

        « Autre phénomène important qui concerne plus spécifiquement la France, l’accélération de la destruction du modèle français, en particulier de son modèle d’agriculture et donc son mode de production et de vie. »

        La sottise de cette phrase est atterrante. Donc, donc, donc… Avec ce genre de « raisonnement », on peut démontrer n’importe quoi en partant de n’importe quoi. Heureusement que Natacha Polony est agrégée de lettres, ce qui suppose tout de même une certaine rigueur de la pensée !

        Le modèle français (dont la nature n’est pas précisée), c’est la même chose que le modèle agricole français (qui ne l’est pas davantage), le modèle agricole français c’est la même chose que son mode de production en général (c’est quoi, le mode de production français selon Madame Polony ? le mode communiste ?), et le mode de vie des Français c’est la même chose que le modèle de production de l’agriculture française (c’est à dire ? les Français passent leur vie sur un tracteur, et 40 % de leurs revenus sont constitués de subventions européennes ?).

        Les agriculteurs représentent 1 % de la population active. Donc s’il y a un secteur d’activité qui n’a pratiquement aucune incidence sur le mode de vie des Français, c’est bien celui-là !

        « De ce point de vue-là, la ferme des mille vaches est un symbole absolument magistral. Alain Finkielkraut a d’ailleurs considéré lui-aussi qu’il s’agissait d’un évènement majeur. »

        Ah, alors si Finkielkraut l’a dit… Utliser l’argument d’autorité, pour quelqu’un qui fait profession de dénoncer le politiquement correct, c’est légèrement incohérent !

        « Derrière cette autorisation de construire une ferme-usine totalement concentrationnaire, il y a la négation absolue de tout ce qui fait le modèle français de production agricole et de tout ce qui a fait l’identité de la France. »

        Assertion péremptoire basée sur absolument rien, qui ne fait que démontrer l’ignorance et la prétention de celle qui la profère.

        Petite information à l’intention de ceux qui hurlent à l’assassin face au « bétonnage de la Frônce » et aux « fermes de mille vaches parquées dans des camps de concentration » :

        Pour commencer, il s’agit uniquement d’une ferme, non pas de mille mais de cinq cents vaches, qui a demandé l’autorisation d’aller jusqu’à huit cents, autorisation qui lui a été refusée (ou contestée par les « opposants », ce qui revient au même).

        Nous somme en 2016. Dans un livre publié en 1778, il est signalé l’existence d’une ferme en Lorraine, appartenant au marquis de Ludre, dont le hangar, doté d’un plancher en béton, abritait… 80 vaches.

        Si l’on veut bien considérer, vu l’augmentation de la population, l’élévation du niveau de vie et l’explosion de la productivité, que 80 vaches il y a plus de deux siècles constituent l’équivalent de 800 vaches aujourd’hui (axiome énoncé au doigt mouillé mais parfaitement raisonnable), le « modèle agricole français », « l’identité de la France » et « l’agriculture paysanne de nos ancêtres », c’est exactement la fameuse « ferme de mille vaches » que les bobos urbains qui n’ont jamais vu la queue d’une vouent aux gémonies aujourd’hui.

        Et il y a 238 ans, elles étaient déjà « parquées sur du béton », onze ans avant la funeste Révolution française qui, selon certains, a permis l’avènement de « l’ultra-libéralisme ».

      • Merci Nathalie, il est toujours utile de rappeler comment étaient les choses avant, parce que tout le monde oublie, et que ce n’était pas forcément mieux avant.

        Quand on lit les journaux des années 50 et 60, on voit que les agriculteurs étaient tout aussi « en colère » qu’aujourd’hui, se livraient aux mêmes blocages de routes qu’aujourd’hui, et que le fameux général de Gaulle que tout le monde appelle à la rescousse aujourd’hui leur disait, en substance : arrêtez de râler, bougez-vous les fesses, modernisez-vous — et oui, bien sûr, il y a un certain nombre d’entre vous qui devront plier boutique parce qu’ils ne sont pas assez compétitifs.

        Une chose que ne disait pas de Gaulle à l’époque, c’est que c’était la faute aux Américains et au libéralisme si les agriculteurs avaient des difficultés et si la population agricole devait diminuer.

        Mais tout le monde refait l’histoire après coup à sa sauce…

  5. Pingback: Natacha Polony devrait se renseigner sur le libéralisme !

  6. Excellente analyse et notamment merci pour l’importante mise au point sur les mini jobs allemands et anglais qui procèdent de l’anathème caricatural du libéralisme (certains évoquaient à une certaine époque les accidents ferroviaires anglais consécutifs à la privatisation.. ils se sont calmés avec les péripéties sncf..). Quant à Polony, on lit sur son CV qu’ « après des études au lycée privé Notre-Dame de Bury (Val-d’Oise), puis aux lycées Jules-Ferry et Louis-le-Grand à Paris en classe préparatoire littéraire, elle obtient un DEA de poésie contemporaine et l’agrégation de lettres modernes (1999). Elle enseigne en 1999-2000 au lycée Jacques-Feyder d’Épinay-sur-Seine comme professeur de lettres stagiaire avant de démissionner de l’Éducation nationale par opposition aux réformes alors en cours « . Ce cursus apporte un élément de réponse complémentaire à votre démonstration sur les faiblesses de son analyse économique..

    • « Certains évoquaient à une certaine époque les accidents ferroviaires anglais consécutifs à la privatisation.. ils se sont calmés avec les péripéties sncf. »

      Ils ne se sont même pas calmés, puisque les avocats de la SNCF osent prétendre maintenant que Brétigny était inattendu et imprévisible, malgré les montagnes de preuves en sens contraire. Les communistes sont de toutes façons innocents, et particulièrement lorsqu’ils font dérailler des trains. Comme lors des grèves insurrectionnelles de 1947, par exemple.

      L’innocence des communistes téléguidés par Moscou est tellement sacrée et exorbitante du droit commun, que leurs enfants ont le droit de recevoir des indemnités de licenciement à leur place grâce à un ministre de la « justice » communiste 66 ans après.

      http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/07/11/mme-taubira-veut-indemniser-des-mineurs-grevistes-de-1948_4455828_3234.html
      http://www.lexpress.fr/actualite/politique/pas-de-calais-taubira-veut-reparer-l-injustice-faite-aux-mineurs-grevistes-de-1948_1615002.html

      Comme le dit ingénuement un ancien mineur de 92 ans : « Les mineurs ont surtout perdu le chauffage et le logement gratuits. Ils auraient eu ça toute leur vie s’ils n’avaient pas été licenciés. »

      Eh bien, voilà : les Français doivent le logement et le chauffage gratuits à vie à tous les communistes qui ont cherché à renverser l’Etat il y a 70 ans sur instructions de Moscou. C’est le principe des « droits Jacky ».

      Quant aux chemins de fer britanniques, les communistes oublient de nous dire a) qu’il fonctionnait de façon désastreuse lorsqu’il était nationalisé, car aucun investissement n’avait été fait depuis longtemps ; b) qu’ils ne sont pas entièrement privatisés, le réseau étant contrôlé par un organisme à statut sur mesure, sans but lucratif, semi-public semi-privé. Les accidents qui ont attiré l’attention sont dûs au réseau ferré.

      Cela dit, les Britanniques sont effectivement mécontents de leurs trains, à juste titre : chers, en retard, bondés, en panne quand il pleut, quand il fait chaud, quand il fait froid, quand les arbres perdent leurs feuilles… Un jour, un train anglais est tombé en panne. Le conducteur a demandé par haut-parleur, aux passagers, s’il n’y avait pas quelqu’un qui avait une clé à molette sur lui et qui pourrait la lui prêter pour réparer le bouzin. Il y avait effectivement dans le train quelqu’un qui avait une clé à molette, il est allé à la locomotive et le train est reparti (c’était un ancien cheminot). Il s’agissait d’un problème d’essuie-glace.

      Le chemin de fer fait partie des activités où le monopole peut être la solution la plus efficace. Il n’y a pas de solution simple, évidente et dogmatique qui permette de dire que c’est à l’Etat ou au privé d’assurer le service. Les trains dans la Suisse « ultra-libérale » sont nationalisés, et ils sont parmi les meilleurs du monde (même si les Suisses s’en plaignent, mais on n’est jamais contents).

      Certains disent que le modèle économique du train est dépassé, que les cas où il peut être rentable sont très rares. C’est possible aussi.

      L’autre canard anti-libéral increvable, c’est « le système de santé anglais qui est tellement mauvais que les Anglais viennent se faire soigner en France ». Le système de santé anglais est effectivement mauvais, des milliers de vieillards meurent de faim et de soif tous les ans dans les hôpitaux, mais c’est parce que c’est un système 100 % communiste.

      Comme « tout le monde sait bien que » l’Angleterre est un pays ultra-libéral, grâce au prix Nobel d’économie Renaud qui a fait une chanson sur « la mère Thatcher »,eh bien les communistes mettent leurs propres crimes sur le dos du libéralisme, et roule ma poule, personne n’y voit rien.

      Un manifestant contre la loi Travail le disait encore il y a quelques jours à un journaliste : la preuve que le libéralisme c’est le mal, c’est qu’il a des amis anglais qui viennent se faire soigner en France.

      Le mensonge est à tiroirs, parce que les Anglais ne peuvent pas « venir se faire soigner en France parce que c’est moins cher », puisqu’en Angleterre, contrairement à la France, c’est 100 % gratuit pour le patient sur le lieu de soins. Médecin généraliste, hôpital, tout ça c’est gratos et droits Jacky.

      Bien entendu, comme il n’y a ni ticket modérateur ni rien à avancer, la régulation se fait par la file d’attente (et par les erreurs de diagnostic : on ne compte plus les gens qui sont morts d’un cancer après être allés se plaindre 20 fois chez le généraliste-fonctionnaire, qui leur a dit 20 fois que c’était une migraine). Je vous passe les gynécologues pakistanais ou nigérians condamnés pour agressions sexuelles.

      Donc c’est le National Health Service qui envoie ses malades dans les hôpitaux français, parce que comme ça il se font opérer plus vite. Et c’est lui qui paye la note à la France, ce qui lui coûte effectivement moins cher, parce que l’hôpital public en France est en concurrence avec l’hôpital privé, même si ce dernier est… nettement moins cher que l’hôpital public (français !). Caramba, encore raté, là encore la réalité est à l’opposé de la « théorie » communiste !

      L’ampleur de la désinformation communiste est sidérante. Nous avons 70 ans et plus de propagande derrière nous, 70 ans et plus de noyautage du pays par des communistes et par des espions russes, et tout cela est rentré comme dans du beurre.

      Maintenant, les vieux communiste à la retraite (voire grabataires) se réveillent et frétillent au son de la voix de Vladimir Poutine, encouragés par des « intellectuels » et des « élus » connus de tous, ayant accès aux médias et qui sont de véritables espions au service de Moscou, chargés d’infléchir la politique française dans le sens des intérêts russes. Et ils sont de tous bords politiques, dois-je le préciser : du Front de gauche au Front national, en passant par les Républicains et le Parti socialiste.

      • « Nous avons 70 ans et plus de propagande (communiste) derrière nous » :
        Oui, ça, plus le fait (une thèse à moi) qu’entre 1970 et 1980, les communistes encaissaient toujours 20 à 25 % des voix aux élections. De ce fait, aujourd’hui, le corps électoral est composé notamment de ces personnes (avec 35 à 40 ans de plus) ou de leurs descendants. Quand on sait ce que pouvait être une éducation communiste (ça ne rigolait pas du tout), forcément ça laisse des traces, même si le PC en lui-même ne représente plus grand chose.

      • Oui, voici une vieille électrice du PCF :

        http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/couacs/2016/05/31/25005-20160531ARTFIG00093-une-rescapee-d-oradour-sur-glane-refuse-d-etre-decoree-par-manuel-valls.php

        A 93 ans, elle est toujours « fidèle aux idéaux de toute une vie » (casser les pieds de ses contemporains).

        Cela dit, les électeurs meurent aussi : cela ne suffit pas à bloquer un pays. Le secret a été avoué le 24 février 1985, sur TF1, par Jean-Baptiste Doumeng, le « milliardaire rouge », rouage essentiel du financement du PCF par Moscou. Interrogé sur le déclin (déjà !) du parti communiste français, il a répondu :

        « Que vaut-il mieux ? Avoir 18 % des voix, ou être maître de la SNCF, d’EDF et des ports ? » (Cité par Thierry Wolton, dans « Le KGB en France ».)

        Voilà, c’est tout. Il aurait pu ajouter : être maître de la Sécurité sociale, de l’Education nationale, des PTT, des raffineries, des centrales nucléaires… Et à l’époque, 18 % aurait déjà été considéré comme un score inespéré, par les communistes…

      • @Robert: Vous dites: « Il n’y a pas de solution simple, évidente et dogmatique qui permette de dire que c’est à l’Etat ou au privé d’assurer le service ». En l’occurrence le « ou » doit être modulé car en ce qui concerne le point de vue libéral, il n’est jamais dogmatique car il ne revendique que l’exercice de la concurrence, y compris avec l’Etat s’il souhaite rester l’un des opérateurs parmi d’autres. En revanche les étatistes sont dogmatiques puisque ils n’acceptent pas quant à eux que le monopole de l’Etat soit contesté. Je suis prêt à supporter la SNCF (non subventionnée..) dés lors que j’ai le choix d’emprunter une autre compagnie sur les mêmes lignes. Mais qui continuera à l’emprunter dans ce contexte ?

      • Bouju,

        Même Adam Smith reconnaissait que certaines activités d’intérêt général doivent être exercées par un monopole, voire un monopole d’Etat, parce que leur nature fait que ce n’est pas vraiment possible autrement. La perte d’efficacité dûe à tout monopole est compensée par le gain d’efficacité qu’il apporte dans ces cas précis.

        Le train est l’une des activités qui peuvent correspondre à cette définition (je ne me prononce pas, je dis que la réponse n’est pas manifeste et que le débat est souhaitable).

        Les trains furent souvent privés à leur création parce que dans ces circonstances c’était possible, dans les années 80 le dogme libéral a produit la doctrine de séparation des rails et des voitures (avec éventuellement un rail d’Etat et des voitures privées), dans la pratique on voit bien que ça branle dans le manche.

        Passer un couteau entre le rail et les voitures, c’est un peu comme dire au peintre de s’accrocher au pinceau pendant qu’on enlève l’échelle. En France comme en Angleterre, on s’entend dire que les trains ne peuvent plus rouler en automne parce qu’il tombe des feuilles sur les voies, ça fait des millions d’années que les arbres perdent leurs feuilles en automne, et pendant un siècle les trains ont roulé sur les feuilles sans problème.

        En Suisse, je n’entends pas dire que les trains soient arrêtés par les feuilles (ni d’ailleurs les autocars de montagne par la neige), et le train est nationalisé. En France, il neige tous les ans et tous les ans, les routes sont bloquées parce qu’il est tombé quelques misérables centimètres de neige. Chaque année, on redécouvre qu’il neige en hiver. Et il y a des abrutis pour vous dire alors : oui, mais il ne neige pas suffisamment, donc ce ne serait pas rentable (?) de déneiger juste pour quelques jours, donc démerdez-vous, passez la nuit dans vos bagnoles et faites-nous pas chier.

        En Suisse, le moindre bled de montagne est desservi par les autocars postaux, il tombe des mètres de neige et pourtant ça passe. Les autocars postaux sont peut-être privés maintenant, mais ils ont longtemps été nationalisés et sans concurrence.

        En France, quand la SNCF était en un seul morceau, les ingénieurs connaissaient l’usage du double décimètre ; quand on a passé un couteau entre le rail et les trains, Dupond a commandé pour des milliards de nouveaux trains sans demander à Dupont s’ils allaient passer entre les quais des gares, et manque de bol, la réponse a été non.

    • Bonjour Bouju et merci pour votre commentaire.
      L’économie est souvent jugée triviale. Ca me rappelle une anecdote vraie que j’ai lue (peut-être chez JF Revel, mais je n’en suis pas sûre) : deux physiciens de très haut niveau discutent. L’un est Max Planck et je ne me souviens pas de l’autre, disons X (c’est le jour des trous de mémoire, on dirait).
      X dit qu’il ne s’intéresse pas à l’économie car c’est beaucoup trop facile. Planck répond qu’il ne s’y intéresse pas non plus, mais parce que c’est beaucoup trop difficile !

    • Disons que ce mot a été sur un peu toutes les couvertures de presse depuis deux à trois mois.
      Il n’y a plus qu’à espérer que le regretté Léon Zitrone était dans le vrai quand il disait : « Qu’on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L’essentiel, c’est qu’on parle de moi ! », quitte à apporter les petits rectificatifs nécessaires 🙂

  7. C’est malheureusement plus grave qu’un malentendu idéologique, pour le libéralisme, il s’agit d’un drame sémantique majeur comme le démontre le philosophe allemand Peter Sloterdijk (« Ma France »). Les français vivent dans cette falsification de l’histoire depuis 1945 qui perpétue l’idée que la France aurait gagné la guerre grâce à la résistance et aux soviétiques. Bref tout ce qui est né juste après-guerre reste le modèle à appliquer !
    Pour la comparaison maintenant légendaire avec le ferroviaire anglais, il faut simplement se reporter aux statistiques Eurostat accessibles par internet :
    Augmentation voyageurs transportés sur 20 ans, F + 37% , I + 80%, GB et E +100%, A +150%.
    Augmentation du nbre d’employés, France + 80 %, les autres entre + 40 et +50 %
    Morts par accidents sur la dernière décennie, France : 820, GB : 500 et la tendance est largement meilleure en GB.
    Et on pourrait ajouter des comparaisons sur la ponctualité ou le transport de fret…tout est sur Eurostat pour se mettre à jour et ça vaut mieux que des parlottes. Le ferroviaire anglais nous surpasse très largement !
    Mais avec la négo de ce WE faite en douce entre le gouvernement et les syndicats SNCF, je crois qu’il n’y a plus que quelques années pour le naufrage final !
    Sans vouloir être pessimiste, pour le libéralisme je crains qu’il faille attendre encore plus longtemps.

    • Bonsoir Tino, et merci pour votre commentaire.
      J’ai repris ma formule « malentendu idéologique » directement des propos de Natacha Polony pour la lui ré-appliquer sur les points qu’elle abordait elle-même, mais je suis d’accord avec ce que vous dites. C’est à une confiscation pure et simple de la réalité qu’on a eu droit, sans aucune volonté de dissiper les éventuels « malentendus » bien au contraire.
      Sur ce sujet, Jean-François Revel a écrit un livre formidable : « La grande parade. »

      Pour le ferroviaire anglais, merci pour les chiffres. Oui, Eurostat, c’est pratique, c’est cruel pour la France, et ça devrait instiller un peu de recul chez les Natachas des médias.
      Cordialement, Nathalie MP.

  8. @Robert: La formulation « certaines activités d’intérêt général doivent être exercées par un monopole, voire un monopole d’Etat, parce que leur nature fait que ce n’est pas vraiment possible autrement » me faut un peu les jetons car j’imagine qu’elle puisse être appropriée par un ultra socialiste qui finirait par nous étatiser nos plombiers au nom de l’intérêt général incontestable des tuyaux… A mon sens la mise en concurrence et l’application du principe de subsidiarité (on donne priorité au local et si les résultats ne sont pas au rendez-vous on remonte à l’échelon du dessus) sont les juges de paix permettant de sortir du débat idéologique sur l’intérêt général et sur les domaines méritant d’entrer dans le monopole public.

    • Ne vous inquiétez pas, on est entre libéraux, personne ne nous écoute. Si même la lecture d’Adam Smith est susceptible d’aggraver le socialisme, alors les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites et c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres.

      La remarque d’Adam Smith s’applique à l’armée, à la diplomatie, à l’administration… avant de s’appliquer aux soviets et à l’électricité, qui n’existaient pas encore de son temps (pour l’électricité, je n’ai pas vérifié).

      Mais elle reflète une réalité technique, et peut fort bien s’appliquer aux trains ou au commerce du poivre. Prenez par exemple la fameuse théorie libertarienne, selon laquelle les routes devraient être privées, appartenir aux propriétaires des terrains alentour, qui en ouvriraient l’accès parce qu’ils y auraient intérêt, mais en revanche ils pourraient aussi l’interdire, n’en permettre l’accès qu’à ceux qui accepteraient de les parcourir à cloche-pied et à poil en transportant un raton-laveur sur le dos, etc.

      C’est très joli sur le papier, mais en pratique ça n’existe nulle part au monde. C’est bien parce que vu la nature d’un réseau routier et son intérêt pour une nation, le plus simple est d’en confier le tracé et l’entretien à l’Etat.

      Un autre exemple, qu’Adam Smith ne pouvait pas connaître : l’attribution des adresses Internet est (pour l’instant) un monopole mondial, pour des raisons d’efficacité, parce que la technique le réclame et que l’histoire l’a voulu. C’est une organisation nommée l’ICANN qui s’en charge. Ce n’est ni un Etat ni une boîte privée, c’est une association américaine sans but lucratif. Son monopole est d’ailleurs contesté de la part d’autres nations, mais c’est pour des raisons politiques et de sûreté nationale, pas pour des raisons d’efficacité économique.

      Pour le train, évoquons une autre hypothèse (encore une fois, ce n’est pas une revendication, je ne connais pas suffisamment le dossier) : ne serait-il pas temps de revenir… à l’organisation adoptée au début des chemins de fer ? A savoir : privatisation avec concession de service public sur cahier des charges, mais ligne par ligne, voies comprises : Paris-Lyon-Méditerranée, Canadian Pacific, etc.

      Comme cela, on mettrait fin à la séparation problématique entre rail et voitures, il ne resterait que des lignes rentables, et l’interconnexion nationale et internationale serait assurée par des normes et des cahiers des charges, comme elle l’est d’ailleurs depuis les débuts du chemin de fer.

      Cela tuerait le fantasme des « pitites lignes d’intérêt local sauvagement fermées par le grand capital », pitites lignes qui, pour une part, n’ont jamais existé (le train n’a jamais été conçu pour relier les villages entre eux), et qui, pour les rares qui demeurent, sont gravement déficitaires (on a calculé que pour certaines d’entre elles, cela reviendrait moins cher de les fermer, et d’offrir le déplacement en Rolls avec chauffeur aux voyageurs existants).

      Dans ce schéma, une partie des lignes existantes pourrait être remplacée par l’avion, la voiture personnelle, l’auto-partage et l’autocar (à libéraliser totalement bien entendu, pas comme dans la loi Macron très limitée en la matière) ; tous rentables, comme on le sait, et dans bien des cas plus pratiques et plus confortables que le train.

      Le fret pose moins de problèmes, il me semble, il est plus facilement rentable, à condition de ne pas être géré par la SNCF, bien entendu.

      Ce ne sont que des idées en l’air, mais c’est pour dire que le libéralisme doit avant tout être pragmatique, et ne pas se mettre d’oeillères.

  9. « Et sur le plan du marché du travail, n’est-il pas intrigant de constater que les pays qui ont les profils les plus libéraux, ceux où les employeurs ont les mains les plus libres, ceux où le code du travail est le moins épais, sont aussi ceux où le chômage est le plus bas, et le taux d’emploi le plus élevé ? »

    Peut-être simplement parce-que ce sont aussi les pays où il y a le moins d’aides, et le plus d’inégalités, et où les gens sont obligés de survivre en cumulant des des petits boulots payés une misère. Vous ne croyez pas ?

    • « les gens sont obligés de survivre en cumulant des des petits boulots payés une misère… » parce qu’il n’y a pas d’aides ? mais quelle horreur ! c’est odieux de demander aux gens de travailler pour gagner leur vie ! Heureusement que le Revenu Universel de Base, arrive, et va nous remettre tout ça d’équerre, en, je cite parce que je suis trop bête pour avoir imaginé ce concept lumineux, « dé-corrélant le revenu du travail ».

    • Bonjour, et merci de venir commenter ici.
      A lire votre remarque, je me demande si vous avez lu mon article entièrement.
      Cette histoire des « petits boulots », n’est autre qu’une façon méprisante que nous avons, nous Français englués dans un chômage de masse bien compact et dans une dette qui ne baisse pas (malgré les facilités des taux et des prix du pétrole), de déconsidérer les réussites des autres, histoire de n’avoir pas à remettre en cause notre « modèle social que tout le monde nous envie », mais que personne n’applique !
      1) Les dits petits boulots ne sont ni si petits ni si nombreux, comme on s’en rend compte en analysant la composition de l’emploi au UK et en Allemagne.
      2) Vous trouvez que 3,5 millions de chômeurs en A, B, C, 6 millions avec D et E, et encore plus si on ajoute tous ceux qui sont hors stat, hors Pôle emploi, c’est un résultat qui fleure bon l’opulence et la prospérité ?
      3) Vous trouvez que les recettes du socialisme triomphant dont on observe en ce moment les résultats en grandeur nature au Vénézuela (et même au Brésil) sont des exemples à suivre ?

      Sur la loi Travail : cette loi n’était pas très renversante au départ, elle est devenue assez vide avec les concessions faites à la CGT. Aussi, on pourrait l’abandonner que ça ne me dérangerait pas plus que ça. Mais par contre, on ne sortira pas de notre marasme, et on ira vers plus de « misère » et de « survie » pour reprendre vos termes, si on ne dévérouille pas sérieusement le système français afin de laisser les gens respirer, entreprendre, travailler. Pourquoi de plus en plus de jeunes gens quittent la France à votre avis ?

  10. Bonjour Nathalie ,
    Votre article est très complet et sérieux , à part briller dans la société des bobos ( ecolobio ) , je ne vois pas à quoi servent nos journalistes actuellement , il y a tant de mensonges , d’idées reçues et d’à priori qu’on ne peut faire confiance qu’à un petit nombre . C’est triste

  11. Natacha Polony est une sotte, un bas-bleu, un moulin à paroles qui prétend faire dans le non-conventionnel et qui ne réussit qu’à énoncer des phrases sans queue ni tête (écrites par ailleurs dans un français épouvantable, alors que c’est un ancien prof de français). Regardez-moi le début de cet article récent dans Le Figaro :

    « Depuis le mercredi 2 août, les poissons que nous mangeons, l’eau que nous buvons, sont à crédit. Une dette contractée sur nos enfants. Une dette qui pèsera sur eux bien plus violemment que les 2 200 milliards d’euros de dettes de la France. »

    « Mercredi 2 août était le jour du dépassement. Cela signifie que l’humanité, ce mercredi, avait fini de consommer l’ensemble des ressources que la nature peut renouveler en un an. À partir de cette date, les poissons que nous mangeons, l’eau que nous buvons, sont à crédit. Une dette contractée sur nos enfants. Une dette qui pèsera sur eux bien plus violemment que les 2 200 milliards d’euros de dettes de la France. Certes, il s’agit d’une moyenne. Peut-être y a-t-il un peu plus d’eau et un peu moins de poisson. Peut-être y a-t-il un peu plus de terres rares et un peu moins de pétrole. »

    Peut-être aussi que tu racontes n’importe quoi pour enfumer les gens. Peut-être que « l’eau que nous buvons est à crédit », ça ne veut strictement rien dire. Peut-être que justement tu racontes des conneries plus grosses que toi, parce que la terre ne « produit » pas d’eau, que toute l’eau que nous utilisons est là depuis des millions d’années, que c’est la même et qu’il y en a largement trop pour tout le monde. S’il y a un truc qui ne manque pas sur terre, c’est bien l’eau.

    Et il y a un autre truc qui est disponible en quantité inépuisable apparemment, c’est la connerie humaine. Si l’humanité avait consommé, avant-hier, l’ensemble des poissons que la nature peut produire en un an, eh bien, depuis le temps que nous consommons du poisson, il n’y aurait plus de poissons dans les poissonneries, abrutie.

    D’ailleurs, une bonne partie du poisson que nous consommons, il est produit par l’homme, non pas par « la nature ». Mais il ne faut pas demander à une « journaliste anti-système » spécialisée dans la bonne bouffe de connaître la pisciculture, ou l’économie.

    « Les poissons que nous mangeons sont à crédit », c’est un mensonge pur et simple, parce que la nature n’est pas une madame que l’on peut aller voir pour qu’elle nous fasse crédit. C’est pas une banque, la nature. C’est pas non plus l’Etat, « qui peut battre monnaie en ordonnant à la Banque de France de lui prêter de l’argent à taux d’intérêt nul », comme le prétendent les rouges-bruns façon Natacha Polony.

    A l’autre extrémité du mensonge, c’est bien la première fois que des écolos nous disent que « la nature » crée du pétrole tous les jours, et qu’il faut juste en dépenser un peu moins pour s’adapter au rythme des « ressources créées par la terre en un an ». Le pétrole, voilà bien une ressource créée une fois pour toutes, et qui ne se renouvelle pas du tout, autant qu’on puisse le savoir.

    En revanche, je vois très bien la manipulation qui consiste à amalgamer la dette publique, bien réelle, avec une dette « à l’égard de la nature » complètement imaginaire, pour mettre l’accent sur cette dernière, et suggérer comme par hasard que la vraie dette, les crédits bien réels contractés par l’Etat, n’ont pas d’importance, eux, que « nos enfants » ne devront pas les rembourser, et qu’on peut joyeusement continuer dans la dépense publique à fond les ballons, puisque « le Conseil national de la Résistance l’a dit, et que tout le monde était d’accord » (ce qui est un bobard complet inventé dans les années 90, place du Colonel Fabien).

    Le communisme dégénéré réinventé par des abrutis un siècle et demi après, c’est vraiment pas beau à voir. Déjà, l’original n’était pas terrible, mais alors là, c’est à se flinguer.

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