Macron : Je suis ministre et je n’ai rien fait, alors « En Marche ! »

Les mises à jour sont en fin d’article.

La scène se passe dans la salle de bain d’Emmanuel Macron, car on sait bien que c’est en se rasant qu’on y pense, et on sait bien que cette opération transposée au champ politique exige moult miroirs complaisants :

Emmanuel Macron (chaque matin) : Sondages, sondages, dites-moi que je suis le plus beau et le plus fort.
Les sondages (invariablement) : En cherchant à la ronde, dans toute la vaste France, on ne trouve pas plus beau et plus fort que toi. 

L’inconvénient de cette comparaison avec le conte des Grimm revient à faire passer Hollande, Valls ou Cambadélis pour Blanche-Neige, ce qui est difficilement concevable, mais pour ce qui est de recevoir régulièrement une image flatteuse de son aura dans l’opinion publique, elle s’applique magnifiquement à Emmanuel Macron.

Début janvier 2016, dans une enquête Odoxa que j’avais déjà eu l’occasion de citer, Emmanuel Macron, seulement précédé par Alain Juppé, recueillait 53 % de bonnes opinions, devançant toutes les autres personnalités de gauche. Selon les différents cas de figure testés, Emmanuel Macron serait le candidat qui permettrait à la gauche de conserver la présidence de la République en 2017, sauf si son adversaire de droite était Alain Juppé.

Il y a trois jours, rebelote. L’idée d’une primaire à gauche, avancée par des outsiders frondeurs ou d’extrême-gauche, repose sur le rejet de François Hollande. Cela ne fait pas les affaires du Parti socialiste qui s’en tient avec force contorsions à la candidature naturelle du Président sortant. Or 71 % des Français interrogés par TNS-Sofres persistent à ne pas vouloir de François Hollande comme candidat, tandis que Macron sort en tête des choix, autant chez les sympathisants socialistes (27 %) que dans l’ensemble des français (28 %).

Quand l’écume médiatique vous répète tous les jours que vous êtes le préféré depuis tous les bords possibles, l’appel devient irrésistible et Macron n’a pas résisté. Le 6 avril 2016, dans sa ville natale d’Amiens, il a annoncé le lancement d’un club politique tout beau, tout neuf, tout différent, un « mouvement politique nouveau, qui ne sera pas à droite, qui ne sera pas à gauche » et qui permettra aussi bien aux sensibilités socialistes qu’aux sympathisants LR de s’y retrouver pour dialoguer sur l’avenir de la France et la remettre « En Marche ! » 

Pour l’instant, le site internet dédié au mouvement est des plus sommaires. Une impression d’absence se dégage nettement, comme si l’on arrivait sur un bateau fantôme, seulement occupé par la signature d’Emmanuel Macron. Une vidéo de deux minutes annonce le positionnement d’ensemble. D’abord un constat, celui d’un « mal français » fait de blocages politiques et sociaux qui font douter des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité de notre République. Puis un espoir : la France a des atouts et les Français ont des talents. Alors on fait quoi ? On se met en marche ! Place aux idées neuves, à l’audace, aux nouvelles générations et à l’ouverture sur le monde. Et langoureuse image de fin avec la Tour Eiffel à l’horizon (sur fond de ciel rose, rose socialiste ?) :

Ce clip est complété par des formulaires d’adhésion (gratuite), par l’intégralité des statuts de l’association (loi 1901), et surtout par une charte d’une page « pour avancer ensemble » qui forme en quelque sorte la profession de foi du mouvement. Rénovation de la vie politique, perspective européenne, innovation, mouvement, en sont les maîtres-mots. Le propos reste assez vague et relève surtout du voeu pieux. Extraits :

– Les Français doivent être au cœur de la vie politique, et non son décor.
– Nous préférons l’innovation à tous les conservatismes.
– Nous croyons de manière radicale au progrès collectif et à l’émancipation individuelle.
– Nous croyons que le destin de l’Europe et celui de la France sont indissociables.
– Nous pensons que le nombre de mandats de même nature qu’il est possible d’effectuer doit être limité à deux.
– La politique (…) doit transcender les intérêts particuliers et se dresser contre tous les corporatismes qui sclérosent notre pays.
– Nous voulons remettre notre économie et notre société en mouvement.

Inutile de dire que cette initiative d’Emmanuel Macron a fait l’effet d’un petit pavé dans la mare politique. Car voilà des convictions qui pourraient presque passer pour effroyablement libérales. On reconnait bien là celui qui s’était déjà fait remarquer par ses remises en cause intempestives et successives du bien-fondé des 35 heures et du statut à vie des fonctionnaires (MAJ du 22 avril 2016 : et de l’ISF récemment), non sans s’attirer les foudres des gauches frondeuse et extrême ainsi que les recadrages sans aménité du chef Manuel Valls. Emmanuel Macron nous avait alors donné un échantillon de ses aptitudes diplomatiques en affirmant à chaque fois qu’il n’avait jamais dit ça et qu’on l’avait mal compris. D’ici à ce qu’il nous explique prochainement qu’il n’a jamais créé ce mouvement ….

♥ Première interrogation : pour qui roule-t-il ? Si le mouvement s’appelle En marche ! et vise à faire bouger le pays, ne s’agirait-il pas plutôt de la marche tout à fait personnelle entreprise par le ministre pour arriver à l’Elysée ? La presse nous assure qu’il a prévenu François Hollande de son initiative. Commentaire plutôt sec de Jean-Christophe Cambadélis premier secrétaire du Parti socialiste :

« S’il contribue à élargir la majorité, son apport est positif » mais « s’il veut changer le centre de gravité de la gauche, il fait fausse route. »

Quant à François Hollande, il s’est d’abord contenté d’ironiser en disant : « Un ministre veut dialoguer avec les citoyens, ça s’appelle faire de la politique. » Mais lors de l’émission Dialogue citoyens de jeudi 14 avril dernierle Président a montré les dents, indice certain qu’il perçoit chez son jeune ministre plus que des velléités de voler de ses propres ailes. François Hollande, prenant les téléspectateurs et les journalistes à témoin, a prévenu que si Emmanuel s’avisait de jouer perso, il ne sera rien d’autre qu’un traître :

Il est dans l’équipe (NdNMP : gouvernementale) et il est sous mon autorité. C’est une question de loyauté personnelle et politique.

♣ Et tiens, justement, on l’oublierais presque, mais Emmanuel Macron est ministre dans les gouvernements Valls depuis août 2014. Ministre de l’économie ! Ministre dans un gouvernement socialiste dont la popularité d’ensemble est au plus bas (12 %) ! Que ne met-il ses bonnes idées au service du gouvernement ! C’est la deuxième interrogation. A part sa loi Macron, dont certains aspects apportent plus de complications qu’auparavant (exemple parmi d’autres), et dont il vante surtout les effets libérateurs sur le transport en autocar, ce qui relève plus du haut comique pour café-théâtre que d’une transformation en profondeur de notre économie, qu’a-t-il fait et que fait-il ?

C’est précisément ce que se demande aussi Alain Juppé, autre béguin politique des Français mais estampillé à droite, qui voit d’un mauvais oeil la concurrence transpartisane s’organiser dans la mesure où lui-même compte sur un élargissement de sa popularité à gauche et au centre pour l’emporter en 2017 :

« Créer un nouveau parti plutôt que de faire son boulot de ministre ? Vous pensez que c’est à ça qu’un ministre doit consacrer son temps aujourd’hui ? »

♠ Accueil plutôt froid et dubitatif, donc. Accueil goguenard, également. C’est le troisième aspect que j’aimerais aborder. Il n’est pas si facile de faire de la politique « autrement. » Le club, le think tank, le mouvement – il ne faut surtout pas dire « parti », ce serait de la politique comme d’habitude – bref, « En Marche ! » était à peine annoncé que Médiapart, pas très copain avec ce jeune loup directement rapatrié de l’ENA et la banque Rothschild dans un gouvernement théoriquement ennemi de la finance, découvrait que l’association était domiciliée à l’adresse personnelle du directeur de l‘Institut Montaigne, think tank économique de droite. Et pourquoi pas, puisqu’Emmanuel Macron agite tant qu’il peut des idées libérales dans ses petites phrases ? Or le directeur en question a affirmé qu’il ne fallait pas y voir autre chose que l’amitié désintéressée qui le lie au ministre, tandis que ce dernier s’est prestement occupé à faire disparaitre de son site l’adresse en question. Dans le genre « droit dans ses bottes », peut mieux faire …

De son côté, Le petit journal s’est aperçu que le clip de lancement du mouvement, tout à son ardeur de montrer la France de demain, se composait largement d’images tournées à l’étranger, notamment pour la campagne des primaires américaines de Bernie Sanders. Une belle occasion de se moquer des propres termes d’Emmanuel Macron qui veut « refonder (la politique) par le bas (on suppose qu’il veut dire par l’échelon des citoyens), de manière sincère, authentique, en vrai » (vidéo 3′ 07″) :

D’autres ont raillé la confusion qui semble avoir dominé l’auto-satisfaction du ministre quant à la réception de son mouvement dans le public. Au bout de quatre jours, il annonçait déjà 13 000 adhérents, soit 3000 de plus qu’EELV. En réalité, ce chiffre est à relativiser car d’une part les adhésions sont gratuites, et il semblerait de plus qu’il ait confondu le nombre de connections au site avec le nombre effectif d’adhésions, comme le souligne Le canard enchaîné, repris par le journaliste Guy Birenbaum :

Couv Paris-MatchEnfin, dans le genre politique « autrement », le pompon revient clairement à la fabuleuse couverture de Paris-Match consacrée à Emmanuel Macron et son épouse très amoureuse, qui n’a rien à envier à ce qu’on a déjà vu à de multiples reprises avec les précédents Présidents de la République et de nombreux hommes politiques soucieux de conquérir le coeur des Français.

Dans ce cas précis, une forme spéciale d’élégance s’est ajoutée au conformisme : Emmanuel Macron, faisant comme d’habitude machine-arrière dès que les choses se corsent tout en assurant qu’il n’y est pour rien, a dit regretter cette initiative médiatique et en a attribué la « bêtise » à sa femme.

♦ Quatrième interrogation, si l’on a tendance à voir en Macron un libéral, où se situe-t-il en réalité ? Dernièrement, il a bénéficié des compliments appuyés de Yanis Varoufakis, ex-ministre grec des finances. Celui-ci n’a brillé ni par ses réalisations à son poste au début du mandat du premier Ministre grec Alexis Tsipras, ni par ses sympathies pour la mise en oeuvre d’une politique libérale, bien au contraire, mais il est aussi un adepte des couv Paris-Match. Flatté par tant d’attention, Emanuel Macron n’a pas oublié d’immortaliser sa rencontre avec ce représentant de l’extrême-gauche qui, contrairement à Alain Finkielkraut, a reçu un excellent accueil à « La Nuit debout. »

Résumons. Emmanuel Macron appartient depuis deux ans à un gouvernement socialiste totalement déconsidéré des Français. Il tient un discours fortement teinté de libéralisme, quitte à se rétracter souvent, et a présenté sa loi Macron comme un acte fort de libéralisation de l’économie française. En réalité, cette loi ne bouscule pas grand chose, quand elle ne s’acharne pas à tout compliquer. Si l’on en croit les sondages, ça ne l’empêche pas d’être la personnalité de gauche la plus appréciée et la deuxième personnalité tous partis confondus.

Il vient de lancer le mouvement politique « En Marche ! », non sans quelques faux-pas qui l’ont passablement ridiculisé, toujours avec cette idée de faire bouger une France qui serait selon lui trop sclérosée. Il reste pourtant au gouvernement et assure qu’il a prévenu François Hollande de son entreprise. Ce dernier, pas complètement aveuglé par ses airs de gendre idéal, l’a toutefois sèchement recadré. L’opposition de droite ne s’est pas montrée plus intéressée. Par contre, l’ancien ministre grec d’extrême-gauche Yanis Varoufakis a débordé  d’éloges à son égard.

Concluons. Emmanuel Macron est dans le gouvernement et en-dehors du gouvernement. Emmanuel Macron est libéral et socialiste. Emmanuel Macron ne fait rien en tant que ministre mais les Français l’adorent (contradiction beaucoup plus plausible que les précédentes). Deux solutions : soit Emmanuel Macron est le chat de Schrödinger, soit Emmanuel Macron, qui serait mieux nommé Emmanuel Mic-Macron, continue à travailler à son plan de carrière, ainsi que je le concluais déjà dans un précédent article à lui consacré. Seul petit problème : à force de ménager la chèvre, le chou, Yanis et Montaigne, une certaine lassitude risque de se faire jour d’un côté ou d’un autre. Il y a des déçus de Macron chez les chefs d’entreprises et les libéraux, car il a beaucoup promis et jamais rien apporté.


Mise à jour du mercredi 11 mai 2016D’après « Time To Sign Off » de ce soir qui cite Mediapart : « Emmanuel Macron s’apprête à déclarer sa candidature à l’élection présidentielle de 2017. Cela pourrait intervenir vers le 10 juin. François Hollande serait dans la confidence. (…) Manuel Valls ne parvient plus à masquer sa colère. »
A partir de là, je crois qu’on peut conclure que FH (qui fait semblant d’être mécontent) utilise Macron (avec ou sans l’accord de celui-ci) pour assurer sa présence au second tour de 2017 face à MLP, puis sa victoire finale, en comptant sur Macron au 1er tour pour siphonner une belle portion de voix de la droite.
Bémols possibles à cette petite stratégie typique de Hollande :

– Macron arrive avant lui car il est jeune et sa popularité est au plus haut.
– Les électeurs de droite voient la manoeuvre et restent sur Juppé, également très populaire, qu’ils préfèrent in fine à Hollande.

Mise à jour du jeudi 12 mai 2016 : L’entourage de Macron dément les infos de Médiapart sur l’annonce prochaine du ministre quant à sa candidature à l’élection présidentielle, ainsi que celles de BFM qui font état d’invitations par emails à des soirées de fund raising pour financer le mouvement du ministre de l’économie. « Il faut 18 millions d’euros pour financer une campagne présidentielle » explique un des mails … Affaire à suivre … 

Mise à jour du mardi 30 août 2016 18 h : Macron, démission ? Eh bien, oui ! Il parait qu’il va l’annoncer officiellement ce soir sur TF1. Il parait même que Hollande l’a acceptée. Et on sait maintenant que Michel Sapin va le remplacer à Bercy, devenant ainsi le seul pilote de notre économie et de nos finances. Emmanuel Macron dit vouloir se consacrer entièrement à son mouvement « En marche ! » En attendant d’en savoir plus, un peu de lecture sur sa vie, son oeuvre et ses projets politiques (voir ci-dessous).

MAJ du 12/12/2016 : Hollande et Juppé sont maintenant hors course, et Macron, toujours adoré par la presse et toujours adepte des couv Paris Match malgré ses dénégations sur le sujet, est plus frétillant que jamais, mais pour quel projet ?


Voir aussi : Emmanuel Macron, les 35 heures et la suite de sa carrière (30 août 2015)


En Marche ! capture d'ecranIllustration de couverture : capture d’écran de l’image de fin du clip de présentation du mouvement politique En marche ! lancé par Emmanuel Macron le 6 avril 2016.

17 réflexions sur “Macron : Je suis ministre et je n’ai rien fait, alors « En Marche ! »

  1. Bonjour, (et merci pour vos articles)

    cet homme ne peut rien avoir de libéral au sens de Smith ou, mettons, du capitalisme des chefs d’entreprise finalement grévistes de Ayn Rand, Il a tout de leurs adversaires, le capitalisme de connivence exclusivement destiné à servir SA place au pouvoir, proche du pouvoir etc.
    Il est une construction. Construction d’une fraction d’un parti, construction d’un clan, construction de lobbies aussi. Au petit bout de la lorgnette d’une psychologie de comptoir, mais fortement teintée de sagesse populaire, construction de l’ambition d’un homme qui épouse une femme plus âgée qui a repéré le bon cheval. Affaire de courte-échelle. Même Baudelot Establet ou Bourdieu Passeron avaient une case analysant ce type de profil dans leur analyse sociologique, quoi qu’on pense de ce qu’ils en avaient tiré.

    Toute ambition est a priori légitime. Mais elle doit se heurter au principe de réalité. La réalité des autres. Chacun a donc le devoir de ne pas céder aux sirènes des discours… Alors libéral ?!!! Et que le directeur de l’Institut Montaigne n’ait pas eu une analyse politique de cet acte politique, EM En Marche Emmanuel Macron, laisse rêveur…

    Au global, je vous trouve bien aimable de lui laisser une sorte de bénéfice du doute… Parlons French Tech par exemple. Etc. Tout flatteur ne vit qu’aux dépens de celui qui l’écoute. Même s’il le fait avec le panache de l’argent public qui chacun sait ne coûte pas cher, c’est l’Etat qui paye.
    Mais peut-être faut-il dégriser lentement certains…
    Cordialement (et merci)

    • Bonjour, et bienvenue sur ce blog.
      Concernant Macron, un autre commentateur (en message FB) me disait hier : « je vous trouve un peu dure avec Macron… Disons que vous pourriez au moins lui laisser pour l’instant le bénéfice du doute. »
      Et je lui ai répondu :
      « Je serais bcp plus conciliante 1) S’il quittait le gouv, et 2) S’il annonçait clairement la couleur.
      Les hommes politiques sont coincés dans leur désir de plaire à tout le monde, et d’un autre côté il semblerait que les Français n’écoutent plus ce qu’ils leur disent. Quand on a sa notoriété et son look, on peut, je pense, prendre le risque de s’engager vraiment pour ses idées. Un langage de total vérité pourrait marcher. Pour l’instant, je ne voit qu’une ambition trouble. »

      Donc, je pense que suis plutôt très dubitative sur ce monsieur. Vous avez absolument raison de souligner que selon Macron (et selon Juppé et même selon Verdier-Molinié) la modernité, le progrès, le sens de l’histoire, se font aux frais de l’Etat qui paye. Toutes ces personnes se placent plus dans une optique visant à optimiser la gestion dans les cadres existants que libérer les cadres.
      Cordialement, Nathalie MP.

  2. Nathalie,
    Macron est l’archétype du politique nouveau !
    Le XXIème siècle a bien commencé (Chirac, Sarkozy, Hollande) et le tranfert du politique à des oligarques à Bruxelles … dans l’attente de la gouvernance mondiale (que nous promet Attali).
    La politique locale (de la région France) avait besoin de cet élégant personnage … dans l’attente de la maturité de Nabilla !
    Taubira a raison,on vit un changement de civilisation.
    Quelle tristesse.

  3. Bonjour Nathalie! Deux hypothèses. Hollande se représente et Macron et Valls s’aligneront. Hollande quitte la scène, et seul Valls, ou Macron peut permettre au PS d’exister. Ce que chacun d’eux a en tête en se battant dans l’opinion pour être le premier. Au cas où! Le centre de gravité de l’opinion penche vers l’Emmanuel, celui du PS, vers aucun des deux. C’est pourquoi Hollande ne peut pas ne se représenter…

  4. L’histoire des autocars est très intéressante. C’est effectivement une mesure libérale, car elle permet de démontrer rapidement et sans douleur la justesse des positions libérales : c’est du ouine-ouine avec effet immédiat et sans gêne pour quiconque. Au passage, elle démontre aussi la puissance du communisme en France, car je gage que fort peu de gens savaient que les autocars étaient (en pratique) interdits.

    Mais c’est exactement aussi pourquoi elle est limitée : c’est la seule mesure libérale du paquet Macron (sauf erreur). De plus, on lui a coupé les ailes de façon caricaturale de façon à protéger les communistes : les collectivités locales gardent le droit de refuser les autocars s’ils gênent le chemin de fer.

    Or, c’est justement le but de la manip : pas simplement mettre des autocars là où il n’y a rien et où ça ne gêne personne, mais remplacer aussi des « services publics » ruineux et inefficaces par des services privés efficaces et bon marché.

    Le fait que la ligne rouge ait été tracée exactement à cet endroit montre que la France est, et demeure, un pays communiste.

    • C’est d’autant plus vrai que la SNCF essaie de conserver son privilège, pardon monopole, à tout prix ( quel qu’il soit) en ayant créé ses propres lignes d’autocars (à coût réduits, avec de gros moyens) mais non content de ce coup d’arnaque (de Jarnac-tordu) il lui a fallut mettre en quatrième vitesse sur pied un service directement concurrent à Blablacar . Passons sous silence les déficits pharaoniques successifs abondés par nous tous pour conserver le rail-racketteur qui depuis les ordonnances de 1946 a violé la liberté d’entreprendre au nom de l’idéologie mortifère que chacun sait.

    • Pas trop d’accord avec vous Robert (Marchenoir).
      Certes c’est une mesure de libéralisation du marché… mais c’est surtout une façon de sortir de l’impasse. L’Etat et les Régions n’ont plus les moyens de payer les gouffres des déficits ferroviaires (ce qui n’empêche personne, pas plus les citoyens imposés de réclamer des TGV ou tortillards partout !). Pour la SNCF, la seul façon de contrer le co-voiturage c’était qu’il y ait des bus, SES bus si possible (au passage plus écologiques et moins émetteurs de CO2 que des trains au 3/4 vides quoiqu’en ait pensé les adeptes du Grenelle de l’environnement). Beaucoup moins cher aussi pour les collectivités territoriales de subventionner des lignes de bus que des lignes de train insuffisamment utilisées… Mais la SNCF s’est faite doublée par les concurrents car elle est très lente, pas parce qu’elle ne savait pas ou ne voulait pas !

      Quant à la distance inférieure à 100 km, l’attente de la régulation se justifie. C’est une activité de réseau, avec ses particularités, ses contraintes. Le déficit d’espace dans les gares routières ou leur manque de confort sont des freins bien réels. Et toutes les compagnies d’autocars ne se privent pas de le chanter sur tous les tons.

      • A mon tour de ne pas être trop d’accord avec vous Paul, le dictat de la SNCF qui dure encore même si il est légèrement écorné n’a aucune base de soit-disant service public.
        Dois-je vous rappeler qu’un train c’est tout le contraire de la liberté? la promiscuité, le bruit, les odeurs, les tarifs abusifs (qui ne sont qu’auto-justifiés par un personnel pléthorique) les arrêts aux gares ou au contraire pas d’arrêts si vous le vouliez, impossible de changer de trajet, d’aller plus vite ou moins rapidement, les retards, les grèves à répétitions, et tutti quanti !

      • En quoi « l’attente de la régulation » se justifie-t-elle pour les liaisons locales par autocar, que j’avais oubliées et que vous faites bien de rappeler, car elles restent interdites ?

        Ca fait 70 ans qu’on « attend » ! A qui allez-vous faire croire que c’est insuffisant pour « réfléchir » ? Les « particularités », les « contraintes », ce sont les prétextes des fonctionnaires pour ne jamais rien changer. Les entreprises privées savent fort bien se dépatouiller des particularité et des contraintes, c’est même leur métier. A quoi faites-vous allusion avec le « déficit d’espace et le manque de confort dans les gares routières » ? Si les lignes n’existent pas, comment peut-il y avoir des gares routières ?

        Et puis ce n’est pas à l’Etat de juger du confort ou de l’espace, c’est aux entreprises et à leurs clients. Que l’Etat s’occupe de mettre du « confort » et de « l’espace » dans ses trains et ses gares communistes, et qu’il arrête de se mêler de ce qui ne le regarde pas.

        Toute ma vie, j’ai entendu des gauchistes chouiner que Wall Street fermait les « petites lignes » de la SNCF, et que donc la mamie de Duchemolle-les-Oies ne pouvait plus aller visiter sa copine à Trifouillis-sur-Sèze. Presque toute ma vie, les médias communistes qui tiennent la France m’ont caché que l’Etat interdisait les autocars privés pour faire plaisir aux communistes de la SNCF.

        Maintenant que le grand capital cosmopolite et ultra-libéral est enfin aux commandes de la Frônce, on a fini par savoir que la mamie de Duchemolle-les Oies aurait pu aller n’importe où grâce à des lignes d’autocar privées qui coûteraient dix fois moins cher que les pitites lignes communistes inexistantes de la SNCF, qui en plus seraient rentables, et qui seraient infiniment plus commodes, parce que vous pouvez vous arrêter dans tous les villages avec un autocar, mais pas avec un train ; et il faudrait encore « attendre la régulation » ?

        Regardez n’importe quel film des années 30 en noir et blanc qui se passe dans la France profonde : vous verrez toujours quelqu’un prendre l’autocar pour aller d’un village à l’autre. Ces lignes étaient privées. On a aujourd’hui des autocars infiniment plus confortables et moins polluants, Internet pour faciliter la consultation des horaires et prendre les billets, etc. Qu’est-ce qu’on attend ?

      • Tenez, je vous ai fait un petit bestove. On a oublié, tout ça. Après un siècle d’abrutissement par la propagande communiste, on a réussi à nous faire croire que c’est Emmanuel Macron qui a inventé l’autocar privé !

        http://www.countrybus.co.uk/images/schmidt1930/Schmidt%20April1935%20timetable.jpg

        http://www.fondationberliet.org/wp-content/uploads/2015/07/Rousset-Rochet-Schneider-autocar-19331.jpg

        http://www.fondationberliet.org/wp-content/uploads/2015/07/Currus-autocar-Delahaye-1938.jpg

        http://www.fondationberliet.org/wp-content/uploads/2015/07/Currus-Latil-rapides-de-Champagne1.jpg

        http://www.philibertvoyages.fr/sites/default/files/car_1953_nb.jpg

        http://www.countrybus.co.uk/france.htm

        http://www.countrybus.co.uk/citroen.htm

        http://www.countrybus.co.uk/frenchbuses.htm

        « A l’époque, jusqu’en 1974, il faut que l’autocar porte un disque coloré. Le disque signifie le genre de travail qu’il pourrait assurer. Cette exigence résulte de la loi de 1934 pour la coordination de transports, une législation faite pour restreindre l’expansion des lignes des cars pour le profit du rail. »

        Remarquez que c’est un chauffeur d’autobus anglais qui a réalisé le site d’où sont tirés la plupart de ces liens, et réuni toutes ces archives sur les transports privés français…

      • Merci à tous pour ces échanges sur le rail vs autocars, et, Robert, merci pour les photos. Je pense en effet que très peu de gens savaient que les autocars étaient volontairement restreints pour faire plaisir aux cheminots. Je l’ai appris moi-même très récemment (Dans le journal : la loi Macron libéralise les lignes d’autocars. Moi : Ah bon ? Les compagnies d’autocars ne sont pas libres de gérer leur réseau personnel ?).
        Il va bien falloir se faire à l’idée qu’une politique de gauche, ou plutôt socialiste, c’est avant tout une politique de rente pour les catégories socio-pro validées par les « valeurs » socialiste.

  5. Pingback: Il est mignon monsieur Macron! On devrait lire du Nathalie plus souvent. – brunobertez

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