Pédophilie : urgent, relire B16

Mises à jour en fin d’article.

Comme beaucoup de catholiques, j’ai reçu ces derniers temps différents appels afin de « soutenir » le cardinal Barbarin qui se trouve aujourd’hui (avril 2016) dans la difficile position d’affronter plusieurs accusations de pédophilie visant des prêtres ou religieux de son diocèse de Lyon. Le reproche qui lui est adressé, celui qui revient toujours dès lors qu’il est question de pédophilie au sein d’une organisation qui met des éducateurs au contact d’enfants, concerne le mélange de négligence et de volonté de couvrir les faits avec lequel il aurait traité ces affaires.

Concrètement, Mgr Barbarin est visé par quatre plaintes pour non-dénonciation d’actes de pédophilie sur mineurs (affaire Preynat) et par une plainte de mise en danger de la vie d’autrui (affaire Billioud).

Pour ma part, je n’ai ni signé ni relayé ces appels. Je ne crois pas que Philippe Barbarin soit en grand danger, surtout si, comme il le dit « avec la plus grande force », « jamais, jamais, jamais (il n’a) couvert le moindre acte de pédophilie. » Mais essentiellement, je leur reproche de passer à côté de la question de fond sur la pédophilie, voire de l’écarter complètement : le problème existe, il est bien documenté et le soutien qu’il faudrait plutôt manifester devrait selon moi s’adresser aux victimes.

Je trouve assez intolérables certaines défenses qui se sont organisées en minimisant les responsabilités, en relativisant l’âge des victimes, l’une d’elle ayant 16 ans puis 19 ans au moment des faits, et en se focalisant sur sa qualité de fonctionnaire du ministère de l’Intérieur. Je suis choquée de voir partout les zélés contempteurs du « deux poids deux mesures », pratiqué régulièrement par le gouvernement et la presse de gauche, s’y vautrer avec empressement dès lors que leur chapelle est mise en cause.

Même à supposer que l’une des plaintes soit douteuse, le florilège d’arguties développées à cette occasion pour défendre Mgr Barbarin n’est jamais qu’un écran plaqué sur la réalité, réalité dont j’ai pris la mesure de près en voyant mon propre curé condamné en décembre dernier à trois ans de prison dont deux avec sursis pour des faits de pédophilie remontant à plusieurs années.

J’ai bien conscience que l’occasion est belle pour les anti-cléricaux de service, au sein du gouvernement ou en dehors, de se payer un archevêque particulièrement récalcitrant à toute idée du bonheur progressiste sociétal proposée par la gauche, à travers le « mariage pour tous » notamment.

J’ai bien conscience que l’Eglise catholique fait un bouc émissaire tout indiqué dès lors que le « camp du bien », salement empêtré dans ses petits arrangements avec l’islam pour cause de « vivrensemble » et de confort électoral, cherche à se dédouaner et à détourner l’attention de ses errements en faisant assaut de sur-conscience morale à l’encontre d’une religion pourtant parfaitement intégrée au contexte républicain.

J’ai bien conscience de l’hypocrisie inouïe de Najat Vallaud-Belkacem toujours prompte à donner des leçons aux évêques alors que l’Education nationale doit faire face à des problèmes similaires et ne s’en tire pas forcément mieux. Et j’ai bien conscience de la présomption déplacée dont Manuel Valls fait preuve quand il demande au cardinal Barbarin de « prendre ses responsabilités. »

Mais tout ceci n’est que l’écume politicienne, le marécage de la vie politique au jour le jour, où chacun récupère en permanence tout et n’importe quoi pour exister, se faire valoir et mieux terrasser les autres. Y fait-on encore attention ? Chaque jour apporte sa nouvelle moisson de récupération et de petites phrases, une affaire chasse l’autre et dans quelques jours la presse sera passée bruyamment au scandale suivant (les Panama Papers en l’occurrence). Pour Barbarin, restent les plaintes déposées. Si, comme le dit son avocat, les dossiers sont très minces, il n’aura pas de mal à faire valoir sa bonne foi.

II n’en demeure pas moins que l’Église de France, par maladresse sans doute, ainsi que par le réflexe absurde et primaire de chercher à se protéger, a spectaculairement oeuvré pour alimenter les reproches qui lui sont faits aujourd’hui. En marge d’une conférence de presse à Lourdes, Mgr Barbarin a déclaré devant des journalistes que « Grâce à Dieu, les faits sont prescrits. » Ce n’est au minimum pas très malin, et vis-à-vis des victimes, c’est faire montre d’une froideur, d’une indifférence, d’un manque de considération impensables.

De son côté, Mgr Lalanne, évêque de Pontoise en charge des questions de pédophilie au sein de la Conférence des Evêques de France, interrogé mardi dernier sur RCT sur le fait de savoir si la pédophilie est un péché, a répondu de façon fort peu assurée et plutôt embrouillée :

« La pédophilie est un mal. Est-ce que c’est de l’ordre du péché ? Ça, je ne saurai pas dire, c’est différent pour chaque personne. »

Voilà qui est très curieux venant d’un évêque. Le péché est généralement défini comme la rupture du lien qui nous unit à Dieu, comme une blessure qu’on inflige à notre relation à l’autre et à Dieu. Si des actes de pédophilie commis par un prêtre ou un religieux sur des enfants ou des jeunes dont il a la charge d’une façon ou d’une autre (enseignement, catéchisme, scoutisme, foyer d’hébergement) n’abiment pas la relation avec cet enfant et la relation à Dieu, j’aimerais bien savoir ce qui est péché.

Tout péché aux yeux de Dieu n’est pas forcément crime aux yeux de la loi des hommes. Mais la pédophilie est précisément de ces péchés qui sont des crimes. Le fait que par le sacrement de réconciliation les pécheurs que nous sommes pouvons réparer le lien brisé entre Dieu et nous, entre celui contre qui nous avons péché et nous, le fait que l’amour de Dieu est pardon, le fait que par ce pardon, Dieu nous remet tous les jours au début d’une nouvelle vie qui commence, tout cela que je trouve exceptionnel et merveilleux et qui fait que j’ai foi en Dieu, tout cela ne saurait faire oublier qu’il y a crime. Un criminel, même prêtre, même réconcilié avec Dieu, même « ébouillanté » par les horreurs commises, comme dit s’être trouvé le père Preynat, ne saurait échapper à la justice par la volonté ou la tolérance excessive de quiconque.

Soyons justes, Mgr Lalanne a également dit dans sa déclaration que « la première chose à faire, c’est de protéger les victimes. » Mais il n’est guère étonnant que les membres de l’association des victimes du père Preynat La parole libérée aient jugé, avec beaucoup de modération, je trouve, « la communication de l’Eglise de France empreinte de maladresses et d’amateurisme. » Tant Mgr Lalanne que le cardinal Barbarin sont revenus sur leurs propos et ont présenté leurs excuses. La pédophilie est bien un péché très grave et la première attention de l’Eglise va aux victimes, ainsi que l’a dit Stanislas Lalanne hier à l’antenne d’I-Télé avec plus de clarté que précédemment  (vidéo 1′ 22″) :

Les atermoiements des évêques français, ainsi que l’impression très nette qu’ils ont donnée dans un premier temps de vouloir surtout se protéger, sont d’autant plus incompréhensibles et regrettables que l’Eglise catholique s’est engagée depuis le début des années 2000 dans une politique sans ambiguïté sur le sujet. C’est à cette époque que les premiers gros scandales éclatent, notamment aux Etats-unis et en Irlande.

Le scénario est toujours le même : des victimes (nombreuses : dans le diocèse de Boston, par exemple, 80 prêtres sont concernés) font part de leurs plaintes pour des faits remontant forcément à plusieurs années puisqu’elles étaient enfants ou adolescentes à l’époque. On s’aperçoit que les autorités ecclésiastiques avaient connaissance des faits, mais n’y ont remédié au mieux qu’en déplaçant les prêtres incriminés. Pas de dénonciation, pas de certitude que tout ne recommencera pas de la même façon ailleurs. En 2002, Jean-Paul II convoque onze cardinaux américains à Rome pour mettre les points sur les i :

« Il n’y a pas de place dans la prêtrise ni dans la vie religieuse pour ceux qui font ou feraient du mal aux jeunes gens. »

.
S’il y eut un homme courageux dans l’Eglise catholique à propos de la pédophilie, c’est Benoît XVI comme pape et déjà auparavant en tant que cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation de la Foi avec la charge de centraliser les dossiers de pédophilie. La ligne de conduite est claire : « Tolérance zéro. »

Dans une lettre pastorale aux catholiques d’Irlande datant de 2010, Benoît XVI n’y va pas par quatre chemins. Extraits :

1. Comme vous, j’ai été profondément bouleversé par les nouvelles apparues concernant l’abus d’enfants et de jeunes vulnérables par des membres de l’Eglise en Irlande, en particulier par des prêtres et des religieux. Je ne peux que partager le désarroi et le sentiment de trahison que nombre d’entre vous ont ressentis en prenant connaissance de ces actes scandaleux et criminels et de la façon dont les autorités de l’Eglise en Irlande les ont affrontés.

2. Comme de nombreuses personnes dans votre pays l’ont observé, le problème de l’abus des mineurs n’est pas propre à l’Irlande, ni à l’Eglise. Toutefois, le devoir qui se présente désormais à vous est celui d’affronter le problème des abus qui ont lieu au sein de la communauté catholique irlandaise et de le faire avec courage et détermination.

6. Aux victimes d’abus et à leurs familles : Vous avez terriblement souffert et j’en suis profondément désolé. Je sais que rien ne peut effacer le mal que vous avez subi. Votre confiance a été trahie, et votre dignité a été violée. Beaucoup d’entre vous, alors que vous étiez suffisamment courageux pour parler de ce qui vous était arrivé, ont fait l’expérience que personne ne vous écoutait.

7. Aux prêtres et aux religieux qui ont abusé des enfants : Vous avez trahi la confiance placée en vous par de jeunes innocents et par leurs parents. Vous devez répondre de cela devant Dieu tout-puissant, ainsi que devant les tribunaux constitués à cet effet.

11. A mes frères évêques : On ne peut pas nier que certains d’entre vous et de vos prédécesseurs ont manqué, parfois gravement, dans l’application des normes du droit canonique codifiées depuis longtemps en ce qui concerne les crimes d’abus sur les enfants. De graves erreurs furent commises en traitant les accusations. (…) Tout cela a sérieusement miné votre crédibilité et efficacité.

Ces extraits sont un peu longs, mais il me semblait utile de les citer afin de bien montrer que l’Eglise catholique est consciente du problème de la pédophilie et qu’elle a décidé de le traiter en remettant bien les abus sexuels sur mineurs à la place de crime qui est la leur. Des procédures en ce sens ont été renforcées ou mises en place dès 2000. Les évêques doivent impérativement faire remonter tous les dossiers connus à Rome et alerter leurs autorités judiciaires locales compétentes.

Il reste à Mgr Barbarin et à Mgr Lalanne à suivre la voie ouverte par Benoit XVI, sans s’arrêter aux hurlements de la meute des progressistes trop heureux de pouvoir étayer leurs fantasmes sur la nocivité de l’Eglise catholique. Dans ces questions, comme le dit Benoit XVI, nulle « préoccupation déplacée pour la réputation de l’Église et pour éviter les scandales » ne saurait prévaloir sur le souci de protéger les victimes et de veiller à ce que ces événements horribles ne se reproduisent plus.


Mise à jour du jeudi 7 mars 2019 : Jugé en janvier pour non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs ainsi que pour non-assistance à personnes en péril, le cardinal Barbarin a été condamné à 6 mois de prison avec sursis. Il a annoncé qu’il allait remettre sa démission au pape (acceptée en mars 2020) tandis que ses avocats ont fait part de leur volonté de faire appel (il sera finalement relaxé en appel pour prescription).

Mise à jour du mardi 5 octobre 2021 : À la demande de la Conférence des évêques de France, une commission, la commission Sauvé, a été mise en place en 2018 pour évaluer les abus sexuels commis dans l’Église de France depuis 1950 et faire des recommandations. Les chiffres publiés par la commission sont accablants  : 216 000 victimes, 330 000 si on inclut les victimes de laïcs travaillant avec l’église, et 3 000 « abuseurs ». L’affaire Preynat dont je parle ci-dessous n’est pas un cas isolé, loin de là.


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Illustration de couverture : Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, le 6 décembre 2014, à Erbil, au Kurdistan irakien – Photo : Safin Hamed/AFP.

26 réflexions sur “Pédophilie : urgent, relire B16

  1. Observe-t-on la même chose chez les pasteurs protestants? Je ne crois pas.
    Il faut se poser deux questions:
    – le mariage des prêtres.
    – l’accès des femmes à la prêtrise.
    Sinon, quoi qu’on fasse, laisser des hommes qui n’ont pas de possibilité d’exprimer leur sexualité, seuls au contact d’enfants finira souvent mal.
    Je ne comprends pas pourquoi l’église catholique fait un tel blocage sur ces deux points.

    • Bonjour Anankè,
      Les problèmes de pédophilie ne sont pas limités à l’Eglise catholique. Ils concernent aussi beaucoup l’Education nationale où le voeu de chasteté n’existe pas à ma connaissance, ils concernent dans d’énormes proportions l’église anglicane, et ils concernent surtout l’entourage immédiat des enfants (famille, amis …) pour lesquels également il n’y a pas d’interdits de cette nature.
      Donc la solution par le mariage des prêtres n’est pas véritablement ciblée.
      On constate par contre une attirance des personnes pédophiles pour tous les milieux qui mettent en contact avec des enfants. Le fait que le célibat existe dans l’Eglise catholique pourrait être, je dis bien pourrait, un élément supplémentaire d’attirance.
      Cordialement, Nathalie MP.

      • Vous avez raison. Ce n’est pas limité à l’Eglise catholique.
        Je me demandais simplement si pour des organisations de même type, le nombre de cas était plus important en proportion dans l’église catholique qu’ailleur (EdNat, autres religions,…). Je doute cependant qu’il existe des stats de ce genre.
        Il est donc en effet possible que le mariage des prêtres ne résolve rien.

      • Dans le lien Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Abus_sexuels_sur_mineurs_dans_l%27%C3%89glise_catholique
        on trouve quelques éléments épars :
        « un rapport publié en 2008 par le Réseau irlandais de crise sur les viols (RCNI), relève que 50,8 % des agresseurs sont des parents, 34 % des voisins et amis et 3,4 % des figures d’autorité (prêtre, instituteur…) »
        « Le professeur Philip Jenkins (en), auteur de Pedophiles and Priests : Anatomy of a Contemporary Crisis déclarait, en 2002 : « Mes recherches sur des cas concernant les 20 dernières années ne donnent pas de preuves que le clergé catholique, ou d’autres clergés ayant pour discipline le célibat, sont plus susceptibles d’être impliqués dans des inconduites ou des abus, que le clergé d’autres Églises, ou même que des personnes n’appartenant pas au clergé »

    • « Observe-t-on la même chose chez les pasteurs protestants? Je ne crois pas. »

      c’est n’importe quoi, cher Ananke.

      Deja, votre raisonnement c’est « si les pretres étaient mariés, alors il n’y aurait pas de pédophilie ». Autrement dit, les couples mariés pratiquent des actes pervers entre eux plutot qu’avec des tiers ? Drole de vison de la sexualité …!

      Du coup, si on poursuit votre raisonnement, comment expliquez vous les crimes pédophiles d’hommes (et parfois de femmes) marié(es) au sein de l’Education Nationale ? C’est parce que leur conjoint refuse certaines choses ?

      Ensuite, tapez « pasteur pédophile » sur Google.fr ou « sex abuse protestant pastor » sur Google.co.uk, et vous pourrez réviser votre jugement.

  2. Tout à fait d’accord également, et nos deux évêques bien maladroits dans cette affaire.
    Je pense aussi que l’autorisation du mariage des prêtres conduirait à une nette diminution de ce genre d’affaires. Les prêtres de l’Eglise d’Orient sont mariés. Le célibat des prêtres n’existait pas aux début de l’Eglise, c’est une décision d’ordre disciplinaire et non doctrinale.

  3. La maladresse de l’Église Catholique, de ses responsables, est hélas une constante, dans tout ce qui touche de près ou de loin à la sexualité. Divorce, contraception, union libre, adultère, alors ne parlons pas des comportements « border line » , comme l’homosexualité, le trans-genre, ou considérés comme déviants, comme la pédophilie, voire tant qu’on y est la zoophilie, sont des sujets qui font régulièrement trébucher ses responsables, et qui donnent des arguments de choix au « camp du bien » seul représentant ici-bas de la morale ( nécessairement républicaine ), et du progressisme à tout prix.

    Merci de rappeler qu’il y a aussi des pédophiles qui ne sont pas des prêtres catholiques, mais parfois des enseignants de l’Ed Nat républicaine que le monde entier nous envie !

    Si vous me permettez une petite note d’humour, voici un billet qui me rend « gaillardement », « Nathalie MP-dophile » ! 😉

  4. Merci NathalieMP pour ce billet parfaitement équilibré et documenté, comme toujours. Le sujet est extrêmement délicat. Je suis toujours perplexe devant le déchaînement de haine des médias envers les moindres dérapages de l’Eglise catholique. Cette dernière est très loin d’etre parfaite. La place des femmes et les questions de sexualité sont deux sujets de controverse énormes. Les dérapages doivent être punis comme ils le méritent, mais on peut le faire sans haine et sans généralisation abusive.

  5. C’est très insultant pour les hommes que de sous-entendre que le célibat les rendrait la bave aux lèvres pédophile (et qui est en contradiction avec les faits qui restent cachés longtemps qui sous-entendent donc une organisation et une préméditation et pas un « accès » de folie). Et bon si officiellement les prêtres ne peuvent pas se marier rares sont ceux à qui on n’a pas connu de « bonne amie » (c’est plus là l’hypocrisie de l’Eglise).
    Alors certes l' »avantage » du célibat pour les prêtres pédophiles est de ne pas avoir à « se forcer » à afficher des relations normales avec une femme
    Que connaître la « tolérance » de l’Eglise par les rumeurs ou sa propre expérience peut amener à se tourner justement vers la prêtrise
    Que le contact avec les enfants est facilité,
    cela doit jouer sur la tendance des pédophiles à se tourner vers la prêtrise,
    mais il n’empêche que là où les statistiques précises sont autorisées comme aux USA, la catégorie où il y a le plus de pédophiles est chez les pères de famille mariés catholiques et plutôt de bon niveau social. On est loin du pédophile miséreux la bave aux lèvres sans « exécutoire » sexuel.
    Le vrai reproche à faire à l’Eglise est plutôt d’avoir voulu longtemps soustraire les pédophiles à la justice étatique, se considérant comme un corps parallèle réglant les problèmes entre eux et n’ayant pas de compte à rendre à la société civile. Réflexe très corporatiste comme l’Éducation Nationale qui pourtant fait partie intégrante de cette société civile qui voulait justement rejeter l’autorité de l’Eglise et qui tombe dans les mêmes miasmes.

  6. 1. Il est vraisemblable qu’il y ait une cabale politique contre Mgr Barbarin.

    2. J’ignore dans quelle mesure Mgr Barbarin lui-même est impliqué dans la dissimulation d’actes pédophiles au sein de l’Eglise.

    3. Il est certain qu’il y a une incidence absolument anormale d’actes pédophiles chez les prêtres catholiques.

    4. Il est certain qu’il y a encore, malgré les fermes prises de position de Rome, une scandaleuse complaisance à l’égard de cette perversion au sein de l’Eglise, comme le montre l’ahurissante déclaration de Mgr Lalanne. Je suis très loin d’être un théologien d’élite, mais même moi je peux dire avec certitude qu’aux yeux du dogme catholique, la pédophilie est un péché abominable, et encore bien davantage pour un prêtre.

    5. Le sale petit secret qui est à la base de la pédophilie des prêtres et de la conspiration du silence qui l’entoure est quelque chose que personne n’a intérêt à dénoncer : ni la gauche anticléricale, ni la droite catholique traditionaliste, ni bien sûr l’Eglise elle-même. C’est la forte sur-représentation des homosexuels parmi les prêtres catholiques.

    Etonnamment, c’est un pape presque marxiste, François, qui a laissé le chat sortir du sac en déplorant la force du « lobby homosexuel » au Vatican. Les cardinaux n’étant pas recrutés sur Linked In, il faut bien qu’ils viennent de quelque part, et ils viennent du séminaire. Donc s’il y a un « lobby homosexuel » au sommet même de l’Eglise, alors que celle-ci réprouve officiellement l’homosexualité, c’est que cela grouille positivement d’homosexuels parmi les prêtres de base.

    Quelques blogs traditionalistes américains avaient déjà évoqué le problème. Le Salon Beige, pourtant très protecteur pour ne pas dire tribal lorsqu’il s’agit de l’Eglise, vient enfin de se réveiller et de se résoudre à mettre le sujet sur la table.

    6. Et c’est là qu’on en vient au célibat des prêtres : les gauchistes et les anticléricaux ont raison de dire que c’est un facteur décisif dans la forte incidence de la pédophilie dans l’Eglise. Mais c’est pour une raison qu’ils ne peuvent pas avouer, puisqu’ils poussent des hurlements de dénégation à chaque fois qu’on l’évoque : la pédophilie est fortement corrélée à l’homosexualité.

    L’institution du célibat dans l’Eglise fait de la prêtrise une voie de sublimation attirante et une promesse de statut social valorisant pour des hommes qui ne veulent pas voir étalée leur déviance sur la place publique.

    Et c’est en cela que le célibat des prêtres est une mauvaise chose, outre qu’il n’a aucun fondement dogmatique dans les Ecritures et qu’il résulte d’une décision tardive, inspirée par des raisons historiques conjoncturelles. Ne parlons pas de la préparation au mariage, dont il est curieux qu’elle soit assurée par des hommes qui, par ordre supérieur, sont contraints de n’en rien connaître.

    C’est le célibat qu’il faudrait abolir, si l’on veut éradiquer naturellement la pédophilie de l’Eglise. Cela n’est bien sûr pas exclusif de mesures préventives et répressives, mais on ne peut pas mettre un supérieur derrière chaque prêtre 24 heures sur 24.

    J’aimerais, pour finir, pulvériser un argument de mauvaise foi utilisé par les catholiques, pour récuser leur responsabilité en la matière : la pédophilie à l’Education nationale. S’il vous plaît… Evitez de nous prendre pour des jambons.

    Il y a 20 000 prêtres en France. Il y a un peu moins d’un million de professeurs. Si, comme le prétendent les cathos militants (parce que là, ça les arrange), iadéconpartou et padamalgam, on devrait avoir 50 fois plus d’affaires de pédophilie à l’Education nationale qu’au sein de l’Eglise.

    Même sans mettre le nez dans les statistiques, il est évident que ce n’est pas le cas. Que l’Education nationale, tout comme l’Eglise, ait tendance à protéger les siens et à les muter plutôt qu’à les renvoyer, c’est certain ; ce n’est sûrement pas une excuse. En admettant que le taux de dissimulation soit le même dans les deux institutions, il devrait y avoir 50 fois plus d’articles dans les médias concernant des profs pédophiles que des prêtres pédophiles, pour que l’incidence de ces délits soit la même parmi les deux populations !

    Il est clair que nous en sommes très loin, et par conséquent les catholiques doivent bien admettre qu’ils ont un gros, un énorme problème de sur-représentation de pédophiles parmi leurs prêtres.

    Ce n’est pas parce que les gauchistes le disent que c’est faux.

    7. Par conséquent, l’agitation médiatique sur le sujet est parfaitement justifiée et tout à fait bienvenue. Il est juste, bon et chrétien que l’Eglise rende des comptes sur le sujet, même si ça arrange les socialistes pour des raisons bassement politiciennes.

    Après tout, l’intérêt des enfants passe avant tout, comme les catholiques n’hésitent pas à le dire, fort justement, lorsqu’il est question du mariage homosexuel, de l’adoption ou de la gestation pour autrui.

    • – Jusqu’au 4 : à peu près d’accord, encore qu’il y ait beaucoup de « il est certain que » : apporter vos sources, vos chiffres. (incidence des actes pédophiles)

      – Le 5 : « la pédophilie est fortement corrélée à l’homosexualité » : vos chiffres please.
      J’ai donné moi-même en commentaires des chiffres trouvés sur Wikipédia sur les abus d’enfants en Irlande : 50 % intra-familiaux et inceste, 35 % amis, entourage et 4 %personnes ayant l’autorité (prêtres, professeurs) : Donc M. Marchenoir ne me prenez pas non plus pour un jambon, mais il me semble difficile de faire porter à l’homosexualité le chapeau partout.

      – Le 6 : j’ai dit en commentaire que le fait que le célibat existe dans l’Eglise catholique pourrait être, je dis bien pourrait, un élément supplémentaire d’attirance vers ce milieu pour des personnes à tendance pédophiles.

      – Thème sans numéro : comparaison entre nombre de prêtres avec nombre de profs : je serais d’accord si :
      1. l’on pouvait être certain que le traitement médiatique est le même pour l’Ed Nat et l’Eglise, ce qui me semble peu probable. Le tabou sur ce sujet dans l’Education est connu (voir Wikipédia) et le goût de la gauche pour pulvériser les catholiques est également connu.
      2. Et il faut aussi faire la comparaison par période de temps. Les affaires dont on parle aujourd’hui datent de plusieurs années voire décennies. Le bon chiffre à avoir c’est le nombre d’actes par individu par période de commission.

      – Le 7 : je suis d’accord avec vous, c’était justement le thème de mon article.

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