Agriculture française : du labeur, des subventions et des larmes

Replay du 24 janvier 2024 : Les agriculteurs sont à nouveau en colère. Retour sur les raisons françaises d’un désenchantement lourdement normé et subventionné (Replay) :

 Le Salon international de l’agriculture ou SIA2016 qui s’est ouvert hier samedi 27 février 2016 à Paris fait incontestablement partie des événements les plus colorés et les plus courus du pays. Devancé seulement par le Mondial de l’automobile, il accueille plus de 700 000 visiteurs (2014) qui se pressent chaque année dans les nombreux pavillons pour goûter les produits du terroir, s’instruire sur les filières du monde agricole et admirer veaux, vaches, cochons, volailles et… hommes politiques de premier plan !

Eventuellement candidats à une élection, ils se précipitent les uns après les autres pour venir assurer les agriculteurs de leur plus total compréhension et dévouement dans l’immense crise qu’ils traversent. Ce salon n’échappera pas à la règle, qui verra passer à peu près tous ce que les primaires de gauche, de droite et d’ailleurs comptent de candidats, Marine Le Pen comprise.

Car au-delà du folklore, de la gastronomie, des bon vins et des concours de beauté pour les vaches, le bonheur n’est plus dans le pré. Le monde paysan français est en colère et l’a fait savoir à différentes reprises ces derniers mois, notamment cet été, par des blocus et des manifestations importantes qui se poursuivent en ce début d’année.

François Hollande, arrivé dès 7 heures du matin hier en compagnie du Ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll pour visiter le Salon et rencontrer les divers acteurs du secteur, a à peine eu le temps de rendre l’hommage traditionnel à la plus belle vache(*) de l’exposition (il lui a quand même caressé les cornes, parait-il) : des éleveurs l’ont immédiatement accueilli par des sifflets en lui demandant sans fioritures inutiles de « démissionner et de se casser » tandis que le stand du Ministère de l’agriculture était entièrement démoli (voir vidéo 1′ 25″) :

Même si la part de l’agriculture dans l’économie est devenue faible (3,3 % des emplois et 1,7 % du PIB aujourd’hui contre 9 % et 4 % respectivement en 1981, et 31 % des emplois en 1955), la France reste une grande terre de production agricole, au premier rang en Europe et dans le top 10 mondial suivant les productions : 4ème rang pour le blé, et 2ème rang pour le vin, par exemple. Elle possède une surface cultivable d’environ 27 millions d’hectares, soit presque la moitié de sa superficie, idéalement située du point de vue climatique de part et d’autre du 45ème parallèle, ce qui lui permet d’avoir une production particulièrement variée passant par les céréales, le vignoble, les produits maraîchers, le lait, les fromages et la viande.

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l’agriculture française a fait des efforts considérables de modernisation, de mécanisation, de productivité et de qualité. D’une part le nombre d’exploitations a fortement diminué, de 2,3 millions en 1955 à 450 000 aujourd’hui portant la taille moyenne à 61 hectares. Dans le même temps, la part des exploitations de plus de 100 hectares est passé de 1 % à 20 %. D’autre part, le développement des labels de qualité et des appellations d’origine, tant dans l’agriculture traditionnelle que dans l’agriculture biologique, a permis de conforter la bonne réputation des produits agricoles français.

Salon de l'agriculture 2016

Et pourtant, les agriculteurs, notamment les éleveurs, sont en colère. Ils protestent contre la baisse constante de leur revenu et la hausse constante de leurs coûts. Sous la pression des manifestations, des accords de hausse de prix ont été négociés cet été entre les producteurs et les autres acteurs de la filière viande tels que les industriels de la transformation et la grande distribution. De plus, le Ministre de l’agriculture s’est engagé sur un plan d’aide de 600 millions d’euros, dont une partie en allègement de charges sociales, afin de soulager la trésorerie des agriculteurs.

Mais six mois plus tard, rien n’a vraiment changé et les revendications reprennent de plus belle. Confronté à la grogne persistante dès son arrivée au Salon de l’agriculture, le Président de la République a déclaré :

Si je suis là aujourd’hui c’est pour montrer qu’il y a une solidarité nationale, (…) on va tout faire (…) car en défendant l’agriculture je défends toute la nation.

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Voilà une déclaration particulièrement grandiloquente et creuse. Quand un représentant de l’État explique qu’il va « tout faire », qu’il est là pour manifester la « solidarité nationale » et que c’est la « nation », rien de moins, qui est en jeu, on peut être certain qu’il y aura des aides et des subventions à la clef, comme ce fut déjà le cas, et très peu de remise en cause fondamentale des processus qui ont mené à la crise. À l’inverse de laisser le marché se régler lui-même, le Président demande même à la grande distribution de « comprendre qu’elle doit faire un effort de solidarité » en ne faisant pas pression sur les prix.

Tous les secteurs économiques qui s’activent en France, électro-ménager, habillement, ameublement, automobile, bâtiment, etc. doivent respecter de plus en plus de normes techniques, sanitaires ou environnementales. Ce sont des contraintes qui pèsent souvent sur la productivité pour des bénéfices à l’égard des consommateurs qui ne sont pas toujours faciles à évaluer. Mais dans l’ensemble, les industriels restent maîtres de leurs investissements, de leurs productions et de leurs prix, ces derniers se fixant par rencontre d’une offre et d’une demande. Dans ce contexte non faussé, ils ont tout loisir d’orienter leur activité en fonction de ce que leur dit le niveau de prix du marché, de développer telle activité, réduire telle autre, bref, ils ont tout loisir de faire des choix de gestion éclairés.

Or ce n’est pas du tout ce qui se passe dans le domaine agricole qui est entièrement régi par la Politique agricole commune ou PAC. Mise en place au niveau européen à un moment (fin des années 1950) où il importait de produire afin de sécuriser les approvisionnements alimentaires, elle correspond à un système dirigiste dans lequel il n’existe plus de vérité des prix, ce qui entraîne des problèmes de surproduction, ainsi que des mauvaises décisions d’investissement. L’agriculteur s’engage dans telle ou telle production en fonction des incitations de l’État, pas en fonction de la vérité du marché. Cette situation ne peut que déboucher sur des crises agricoles successives.

Je suis très pro-européenne, pour diverses raisons que j’ai expliquées , et je suis également très libérale. Il s’ensuit que la PAC fait partie de ces politiques que j’aimerais voir disparaître. C’est une position d’autant plus radicale, que dans le budget de l’Union européenne, la PAC représente plus de 40 % : 55 milliards d’euros en 2014 sur un total de 135 milliards environ. Et sur ces 55 milliards dédiés à l’agriculture communautaire chaque année, la France est la première bénéficiaire avec environ 10 milliards de subventions.

Au départ, la PAC (voir page 24 du document en lien) faisait un calcul des coûts de l’agriculture et en déduisait un revenu « objectif », fixant ainsi chaque année des prix de soutien (ou prix plancher ou prix d’intervention) visant à soutenir la production des pays membres, et des prix de seuil en dessous desquels les produits hors UE ne pouvaient pas entrer en Europe. Ce système a encouragé une forte progression de la production qui se trouvait toujours écoulée à des prix garantis, mais il pesait fortement sur les finances de l’Union et entraîna des excédents de production.

Dans un second temps, pour limiter les excédents, la PAC introduisit à partir de 1984 un système de quotas pour le lait, puis pour certaines céréales. Mais là encore, il fut impossible de limiter le dérapage du budget européen, d’où la mise en place d’une troisième approche à partir des années 1990. Il s’agissait cette fois d’essayer de rapprocher les prix européens des cours mondiaux en réduisant les prix de soutien. En compensation, des aides sont toujours attribuées, mais à l’hectare ou au cheptel, et non plus en fonction de la production. On parle de « découplage » des aides par rapport à la production.

En 2013, les membres de l’UE se sont mis d’accord sur une quatrième phase pour la période 2014-2020, avec l’idée d’en réduire le coût à 51 milliards d’euros par an au lieu de 55, et d’harmoniser les aides entre les anciens et les nouveaux membres de l’UE, la Pologne par exemple. Mais dans l’ensemble, l’agriculture européenne reste très encadrée et croule sous les normes. On se dit que les fonctionnaires européens doivent se sentir obligés de rendre un hommage appuyé à Kafka quand on lit dans un rapport récent des « Enquêtes du contribuable » que :

« L’Europe définit la longueur, la courbure et le poids minimum des concombres : 180 g pour ceux cultivés en plein air, 250 g sous abri. Des directives fixent la vitesse minimum des essuie-glaces des tracteurs, les dimensions des cages à poule, le taux de sucre des confitures, la longueur minimum des bananes… »

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Et de fait, parmi leurs doléances, les agriculteurs ne manquent pas de citer la contrainte oppressante des normes et réglementations, ainsi que les obligations complexes imposées par la mode du « verdissement » et le « bien-être animal. »

Aujourd’hui, environ 30 % du chiffre d’affaires des agriculteurs est constitué d’aides. Bien qu’ils soient nettement moins nombreux qu’en 1955, il faut deux fois plus de fonctionnaires pour en assurer la distribution et le contrôle. Toujours Kafka.

Si l’on en croit l’expérience de la Nouvelle-Zélande (voir B-2 du lien) qui a supprimé toutes les aides à l’agriculture en 1984, « aucun agriculteur Kiwi ne voudrait aujourd’hui revenir à l’ancien système » (dixit le Président de la Fédération néo-zélandaise des exploitants agricoles) :

« Les subventions restreignaient l’innovation, la diversification et la productivité en corrompant les signaux et nouvelles idées des marchés. (…) L’arrêt des subventions a donné naissance à une économie rurale vivante, diversifiée et durable. »

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Dès lors, il me semble que prétendre « défendre l’agriculture », comme le dit François Hollande, sans s’interroger sur les bénéfices qu’on pourrait obtenir d’une
libéralisation complète du secteur, n’est qu’une façon de repousser les problèmes à coup de traitement social sans rien résoudre pour l’avenir. François Hollande a promis de porter le sujet de la crise des éleveurs (ainsi que celui, plus circonstanciel, de l’embargo russe) sur la table des négociations lors du prochain Conseil européen du 7 mars, avec l’idée de faire monter les prix. Ça parait bien loin des réformes à entreprendre.

La libéralisation de l’agriculture concerne la France et l’Union européenne, elle concerne aussi les États-Unis. Si elle se faisait, elle apporterait le bénéfice supplémentaire de permettre aux pays en voie de développement d’accéder aux marchés mondiaux, méthode plus dynamique et responsabilisante de sortir de la pauvreté que celle qui consiste à recevoir des aides qui alimentent plus la corruption que les populations.

Si l’on regarde qui manifeste dans les rues, qui brûle des pneus, qui bloque routes et autoroutes depuis de nombreux mois en France, on constate que ce sont surtout les chauffeurs de taxis, les agriculteurs et les professions médicales. Qu’y a t-il de commun entre ces trois secteurs ? Le poids de l’État dans l’organisation de leur activité. N’est-ce pas une preuve suffisante pour conclure que la réglementation d’une profession par l’État ne conduit nullement à la prospérité de ses acteurs ni au développement de la qualité des produits ou services rendus ?


Salon agriculture(*) Illustration de couverture : Affiche du Salon de l’agriculture 2016 présentant Cerise, huit ans, jolie vache de race bazadaise (Gironde).

17 réflexions sur “Agriculture française : du labeur, des subventions et des larmes

  1. Bonjour Nathalie

    Comme toujours article très intéressant, maintenant ne pas oublier, dans le cas de la Nouvelle-Zélande par exemple, qu’ils ont des conditions de production exceptionnelles pour le lait (les vaches sont dans les prés toute l’année, aucun achat de nourriture bétail supplémentaire n’est nécessaire pour les éleveurs dans ce pays) et qu’on voudrait calquer les cours en Europe sur leur prix export, le prix auxquels ils vendent leurs excédents, un prix souvent très bas car ils peuvent se le permettre, eux.
    Quant aux normes , certes certaines sont ridicules mais souvent elles sont éditées suite à des concertations avec les professions elle-mêmes, pour éviter les fraudes, la surenchère vers le bas de gamme ( ex les confitures: une confiture extra doit avoir 45% de fruit minimum heureusement qu’il y a une norme sinon les industriels seraient tentés de baisser le taux de fruit et augmenter le taux de sucre)
    Amicalement.
    Jean

    • Bonjour Jean,
      En effet, il n’est pas rare que les entreprises elles-mêmes demandent à l’Etat de protéger leur marché en édictant des normes. Or, pour le taux de sucre dans la confiture, pourquoi ne pas laisser le consommateur final décider ?

      Bon dimanche, Nath MP.

    • J’ai remarqué il y a peu qu’une grande marque de confitures avait lancé une gamme dont l’argument de vente est qu’elle contient nettement moins de sucre que les confitures ordinaires. Elle est aussi vendue nettement plus cher… La demande et les goûts du consommateur varient.

  2. Vigneron en Provence j’espère vous croiser cet été dans l’enfer ultra libéral des marchés de Briançon, Vallouise et Villeneuve, où je vends mon vin !

    Comme vous, je suis pour une solution libérale mais il faudrait en parallèle qu’il y ait… un marché libre .Le slogan de mon syndicat (CR coordination rurale) est « des prix, pas des primes ». .

    Comment être libéral en Europe face aux produits américains subventionnés ?

    Comment être libé »ral face à des concurrents sans smic ou quasi sans smic ?. Il y a 30 ans je produisais 75% en vin de table,
    aujourd’hui le vin de table vendu en GMS est espagnol.

    Comment être vigneron libéral en Europe, pays de la libre circulation des biens et des personnes, et m’interdire d’acheter des phytos , deux fois moins chers en Espagne ou en Italie?

    Comment être libéral quand il faut 5 ans voire naguère 50 ans, pour sortir d’une coopérative (les engagements de 50 ans ont existés!) qui souvent gère les intrants et la vente de la production ?

    Comment être libéral face à 5 géants de la distribution tenus par des oligarques (pourquoi l’oligarchie serait un monopole russe?)
    dont le soucis n’est pas de faire une marge mais du chiffre d’affaire à n’importe quel prix ? Je rappelle qu’une grande surface ne gagne pas d’argent en vendant un yaourt
    mais en le vendant aujourd’hui et en le payant dans 60 jours. Les producteurs de lait n’ont pas encore compris que la terreurs des GMS c’est 8 jours de blocage des caisses!

    Comment être libéral quand le fameux prix mondial qu’on veut imposer est le prix poubelle du kg de porc ou du litre de lait excédentaire dont personne ne veut?

    Comment demander à des gens de travailler à perte pour satisfaire la clientèle electorale de l’Etat. « 30% du revenu  » non, 30% du CA oui.
    Les primes payent ,à la louche en grande culture, la moitié des frais et le revenu de l’agriculteur.
    Quel doit être d’ailleurs le revenu d’une personne autonome dans son travail, de niveau BTS travaillant 60 h par semaine et ayant l’équivalent de plusieurs appartements en capital de production?

    Concernant les pays en développement le premier principe libéral à appliquer est , »charbonnier est maître chez soi » .Pour avoir une indépendance alimentaire (et nous aussi ) ces pays ont besoin de constituer une classe de paysans économiquement indépendants capables d’investir et développer un capitalisme local à l’abri de nos productions à coût cassé. C’est ce que la CR appelle l’exception agriculturelle.
    En France la population augmente et la production agricole diminue (cf statistiques AGRESTE) .

    PC
    ( Franc-bourgeois de Briançon depuis 1343 par la grâce d’Humbert II dauphin du Viénnois)

    Bon dimanche

    • Bonjour, et merci pour votre intéressant commentaire qui nous fait part de votre expérience d’exploitant agricole au quotidien.
      Je suis bien d’accord avec vous, la libéralisation doit se faire en de nombreux domaines (et je plaide à mon petit niveau sur mon blog, pour cela). Pourquoi vous interdire d’acheter vos produits phyto en Espagne ? Pourquoi vous compliquer la vie pour sortir d’une coopérative (pb interne à la profession ?) ?
      D’autre part, il faut bien voir que les subventions, celles de l’UE ou celles du ministère de l’agriculture, s’orientent souvent vers les catégories d’agriculteurs qui auront le plus de pouvoir de lobbying. Cela se fait au détriment des consommateurs, des contribuables et des agriculteurs les plus en difficulté qui n’ont aucun moyen de sortir du système imposés par les autres.
      Pour ce qui est de la fixation des prix, c’est quand même une politique de subvention déguisée, et je pense que si une année ça parait salvateur, cela constitue au fond une dépendance à l’égard des pouvoirs publics.
      Je ne voudrais surtout pas vous donner l’impression de vous faire la leçon. Communiquez-moi en mail vos coordonnées, ça me fera plaisir de vous rencontrer cet été à Briançon lors du marché du mercredi.
      Cordialement, Nathalie MP.

    • La plupart des difficultés que vous évoquez résultent d’un excès de réglementation et de distorsions de concurrence imposées par l’Etat. Cherchez un peu et vous trouverez des réponses… libérales!

      Quant aux « 5 géants de la distribution » et leurs centrales d’achat, il ne tient qu’aux agriculteurs de créer 5 cooperatives géantes pour leur tenir tête…

  3. Excellente analyse parfaitement documentée comme d’habitude, merci Nathalie! Je partage à 100 % vos conclusions montrant l’aboutissement mortifère des politiques subventionnées, encadrées, normées, donc régulées là où le marché aurait dû dés l’origine et progressivement, ajuster les offres à la demande. On mesure notamment comment les agriculteurs se sont laissés saouler par ce système assisté au lieu de développer, y compris en se regroupant, des filières de distribution locales, mettant en valeur la qualité, l’origine et la composition de leurs produits. Les consommateurs n’attendent que ça, et les agriculteurs ont pourtant majoritairement préféré le système global – subventions et grande distribution – devenant des sortes de fonctionnaires du terroir se cantonnant à produire sans valeur ajoutée (du lait, de la viande, du porc au kg, des œufs..) des aliments de moins en moins rentables (les produits de base sont classiquement les plus exposés à la concurrence) et de moins en moins appréciés par les consommateurs (quitte à acheter de la m…, autant acheter la moins chère !).
    Ils sont donc bien responsables de leur sort mais on doit quand même les accompagner pour 2 raisons de quasi service public: d’abord parce qu’on a besoin d’une nourriture exemplaire si possible produite localement comme indiqué ci-dessus ; ensuite parce qu’on a besoin de quelqu’un qui s’occupe d’entretenir nos campagnes et nos paysages dont on profite tous les jours parce qu’ils sont aussi nos territoires de vie et de loisir.
    Il est donc normal de les aider à réformer cette filière pour qu’ils deviennent des entrepreneurs libéraux soucieux de leurs clients et de la qualité de leur pays. 1) au niveau de leurs immobilisations car l’activité étant fortement capitalistique (foncier et matériel), il s’agit d’une donnée structurelle qu’il doit être possible de faciliter pour limiter le risque de l’exploitant et favoriser leur flexibilité (encouragement fiscal pour une épargne populaire dirigée vers les actifs agricoles,cautionnement, systèmes coopératifs, crowdfunding, multipropriété ..) 2) comme pour les autres entreprises françaises (ici c’est désormais une question de survie..) diminuer les charges et favoriser la création de coopérations locales dans le domaine de la main d’œuvre ou du matériel agricole (sociétés d’intérim spécifiques) , de sociétés de services (marketing, distribution, merchandising labels et appellations..). On peut d’ailleurs reprocher aux agriculteurs d’avoir toujours préféré leur individualisme et de n’avoir pas suffisamment développé ces coopérations, notamment dans la distribution de leurs produits, comme ils ont laissé dériver leurs coopératives historiques vers des systèmes encourageant l’industrialisation subventionnée. 3) réglementer et contrôler davantage la transparence des produits (l’étiquetage demeure encore illisible) pour faciliter la lecture et le choix du consommateur et sanctionner durement les ententes illicites (interdiction d’exercer..). Paracol doit avoir encore plein d’autres suggestions…

    •  » ajuster les offres à la demande »
      les objectifs initiaux étaient après la guerre de supprimer les tickets de rationnement et d’arriver à une auto suffisance alimentaire

      « les agriculteurs ont pourtant majoritairement préféré le système global – subventions et grande distribution – » les agriculteurs non , la FNSEA qui co-gère le système peut-être.
      Un paysan a à payer l’impôt foncier, des assurances, un comptable, éventuellement des emprunts matériels , la sécurité sociale, des CVO ( cotisations volontaires obligatoires ! sans rire ça existe !) avant même de commencer à travailler à perte. soit tu prends les subventions ,soit tu es en faillite. En tant que vigneron je suis à l’abri : je touche 11 €/an. mais, pour mes enfants, je suis rentré dans le moule et dans 5 ans je devrais toucher 900 /an , super.

      « produire sans valeur ajoutée des aliments de moins en moins rentables » Libéral et catho je pense que, sans vouloir vous fâcher, c’est le point de vue d’un occidental bien nourri. Ceux qui ont faim savent l’extrême valeur de la nourriture. C’est peut-être un des sens du carême que de nous le rappeler.
      C’est là ou je vois des limites au libéralisme. On ne joue pas avec la nourriture ni avec ceux qui la produisent. Maintenir l’indépendance alimentaire de son pays est un devoir presque régalien pour un état.

      La suisse et le japon qui ne brillent pas par leur socialisme l’ont compris.

      « appréciés par les consommateurs  » Les paysans produisent ce que veulent les consommateurs : des produits calibrés avec zéro défaut et quasi gratuits, sinon ils sont invendables.

      « une nourriture exemplaire » globalement on l’a mais ce n’est pas un thème vendeur à la télé.

      « entretenir nos campagnes et nos paysages dont on profite tous les jours parce qu’ils sont aussi nos territoires de vie et de loisir »
      Non ce sont leur campagne et leur territoire. Le droit de propriété base de liberté fait encore partie des droits de l’homme.

      « pour qu’ils deviennent des entrepreneurs libéraux soucieux de leurs clients et de la qualité de leur pays » : ce sont des des entrepreneurs libéraux soucieux de leurs clients et de la qualité ,mais qui se demm… dans un environnement socialiste.

       » qu’il doit être possible de faciliter  » pitié ,surtout ne facilitez rien , les socialistes sont largement suffisants pour ça, et les agriculteurs pas plus cons que les autres. Mais faire un plan de financement avec plus de charges que de CA , c’est plus de la gestion, c’est de la magie.

       » diminuer les charges  » chiche, je vais embaucher plus bas que le smic ?

      « marketing, distribution, merchandising labels et appellations.. » dans le style détournement de plus value ce sont nos nouveaux seigneurs (saigneurs).

      « de n’avoir pas suffisamment développé ces coopérations, notamment dans la distribution » bref comme les marchands font pas leur boulot, il faut le faire à leur place. Ce genre d’organisme devient rapidement pire que les professionnels en place à force de collusions diverses : exemple « le crédit agricole » créé par et pour des agriculteurs ou telle coopérative du languedoc épinglée à importer massivement du vin du chili.
       » réglementer et contrôler davantage  » Horresco , « satan sort de cet homme » , je croyais que ce blog libéral.

      • Paracol: Un peu schématique et 1er degré comme réponse.. Quand je dis par exemple « réglementer et contrôler davantage », je ne prône pas le verbe « réglementer » comme nous semblez vouloir le lire (c’est l’histoire du fou et du doigt..) mais je revendique au contraire ce que l’Etat libéral doit faire dans ses missions régaliennes : réglementer le libre jeu de la concurrence et contrôler les dérives anti-libérales qui faussent le marché (ententes, subventions..).
        Sur le reste, il me semble que vous oubliez à votre tour une composante forte du libéralisme : la responsabilité. J’ai comme l’impression par exemple que la FNSEA est un syndicat agricole, que les coopératives et le Crédit Agricole appartiennent aussi à votre monde dans lequel il est bien de votre responsabilité de faire la police (à moins que vous n’attendiez l’assistance du reste des citoyens).
        Vous dites également que la production de nourriture française deviendrait une fonction régalienne ? Cela nous ferait en gros 600 000 fonctionnaire de la terre en plus, pourquoi pas.
        A propos des charges, libre à vous de payer vos salariés les moins qualifiés plus cher que la productivité qu’ils dégagent (vous pourrez d’ailleurs continuer à le faire en toute liberté, dés que le SMIC aura été supprimé).
        La propriété de vos exploitations ? gardez-la entièrement pour vous mais ne vous étonnez pas d’être mis à genou par votre banquier préféré.
        Vous rejetez enfin la valeur ajoutée (marketing et maîtrise e la distribution..) qu’un service complémentaire associé à vos productions (dont je suggère que vous puissiez le créer en collaboration avec vos proches voisins dans votre appellation) pourrait vous procurer. . A mon avis et en vous lisant, vous êtes mort; parole d’occidental repu.

      • « Maintenir l’indépendance alimentaire de son pays est un devoir presque régalien pour un état. La suisse et le japon qui ne brillent pas par leur socialisme l’ont compris. »

        Non. C’est le contraire. C’est la diversification des sources d’approvisionnement qui permet, à la fois d’éviter la disette (éradiquée en Occident précisément grâce à cela), et de se nourrir au meilleur rapport qualité/prix.

        La Suisse n’est certainement pas indépendante sur le plan alimentaire ; elle aurait du mal, vu sa géographie… Vous avez vu beaucoup de champs de blé, en Suisse ? La Suisse protège son agriculture par des droits de douane, certes, mais il s’agit d’une agriculture spécialisée, aux prix élevés, qu’elle a fait le choix de protéger pour des raisons, mettons, sociologiques et historiques. Mais elle est très loin de la « souveraineté alimentaire », concept absurde à notre époque.

        Quant à la France, si elle veut être « souveraine alimentairement », il faudrait qu’elle commence par accepter de se priver de café, de chocolat, de poivre et de toute une série de denrées dont je vous laisse faire la liste. Chiche ?

  4. Bon, pour faire court :
    l’agriculture française est SOUMISE depuis la fin de la dernière guerre grâce au (à cause du) CNR (Comité National de la Résistance d’obédience communiste majoritaire) au système des coopératives obligatoires calqué sur le KOLKOSE (et dans une moindre mesure sovkhoze) modèle soviétique stalinien (URSS) si tristement célèbre et quand vous ajoutez l’obligation d’utiliser les sé(r)vices exclusifs du Crédit Agricole, vous commencez à comprendre . . .

    • Bonjour,
      Oui, Xavier Beulin est connu.
      Je ne vois pas la concentration des exploitations agricoles comme un problème en soi. L’exploitant a le choix de faire du « cousu main » façon Hermès, ou de la production industrielle façon Zara. Par contre, là où ça commence à aller mal, c’est quand un exploitant de l’un ou l’autre système fait du lobbying ou joue de ses connivences avec les hommes politiques pour attirer à lui les subventions et les réglementations qui lui sont favorables. Avec la manne qui vient de l’UE plus tout ce que pond l’administration française, c’est malheureusement inévitable, et c’est ce qui génère les disparités du marché.
      Cordialement, Nathalie MP.

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