« La route de la servitude » (II)

Info du 10 mars 2024 : Il y a 80 ans, en mars 1944, Hayek publiait son ouvrage le plus connu, « La route de la Servitude ». Voici, mon second article consacré au résumé-analyse de cette œuvre lumineuse (Replay) :

Ce texte fait suite à l’article « La route de la servitude » (I) que j’ai publié vendredi 23 octobre dernier, et dans lequel j’ai entamé une revue chapitre par chapitre du livre du même nom(*) publié en 1944 par Friedrich Hayek.

Comme indiqué dans l’article précédent, Hayek se donne pour objectif de montrer que toutes les politiques économiques à base de planisme, de collectivisme et d’interventionnisme de l’État, même entreprises avec les meilleures intentions du monde, tracent une route de servitude car elles débouchent inéluctablement sur l’arbitraire de l’État et la destruction des libertés individuelles, bien au-delà du seul champ économique.

« Ce qui fait de l’État un enfer, c’est que l’homme essaie d’en faire un paradis. » Friedrich Hoelderlin, cité par Hayek en exergue de son chapitre II, La grande utopie (voir article précédent).

Sécurité et liberté.  L’opinion courante tend à dire qu’il ne peut y avoir de vraie liberté sans un sentiment de sécurité économique. Hayek n’est pas opposé à cette idée tant qu’elle consiste à assurer à chacun, sans distinction, un minimum vital compatible avec une société de concurrence. Il admet également un système d’assurance sociale contre les aléas de l’existence, ou un système de protection contre le chômage, à condition que cela n’implique pas un recours immodéré aux grands travaux et aux commandes gouvernementales.
En revanche, il considère qu’il est dangereux de garantir la stabilité des revenus, parce que cela revient à déconnecter la rémunération de l’utilité effective du travail. Dans ce cas, l’individu n’a plus aucune incitation à changer de travail ou à choisir un travail plutôt qu’un autre, choix qui sera laissé à l’appréciation arbitraire des autorités qui gèrent les revenus. Hayek distingue la « société commerciale » dans laquelle l’individu a tout le choix et tout le risque et la « société militaire » dans laquelle l’individu n’a plus ni choix ni risque.
Cependant, même dans une société où l’on a le goût de la liberté, les aspirations des individus tendent à aller vers la sécurité des emplois. En effet, les politiques socialistes généralement suivies assurent le privilège de la sécurité à certains groupes, ce qui a pour effet d’accroitre l’insécurité des autres groupes, qui, par réflexe de protection, souhaitent rejoindre les groupes privilégiés. La conséquence directe de l’exigence de stabilité et de sécurité s’énonce ainsi :

« Au lieu des prix, des salaires et des revenus individuels, ce sont la production et les emplois qui sont devenus maintenant très variables. » (page 96)

Dans le processus de recherche de la sécurité, Hayek incrimine également le dénigrement moral systématique de toute activité économique comportant des risques et des profits, transmis aux individus dès l’enfance par l’enseignement puis la presse à teneur socialiste. (Chapitre IX, pages 89 à 98)

La sélection par en bas. « La fin justifie les moyens. » Les manifestations brutales des régimes totalitaires allemands et russes ne sont pas accidentelles, par exemple parce que ces régimes, intrinsèquement bons, seraient tombés par hasard aux mains d’individus peu recommandables. Elles sont au contraire inévitables. L’avènement du totalitarisme est généralement précédé d’une période où une certaine impatience se fait jour face à la lenteur et à l’incapacité perçues des démocraties. On entend de plus en plus une demande pour un « homme fort » et capable « d’agir ». Pour émerger, cet homme doit disposer d’un soutien important et homogène dans la population. C’est là qu’apparait un nouveau type de parti politique, organisé de façon militaire.
Or un groupe nombreux, fort et homogène a le plus de chance d’être formé par les éléments les moins intelligents et les moins éduqués de la société, en vertu de trois principes négatifs de sélection : 1. seul le plus bas dénominateur commun est capable de réunir le plus grand nombre d’individus, 2. les personnes dociles sont aisées à rallier à la cause si les slogans sont percutants et répétés, 3. il est plus facile de se mettre d’accord sur un programme négatif, point pour lequel la haine d’un ennemi intérieur ou extérieur (juif, capitaliste…) est indispensable.
Le succès d’un système collectiviste va donc se jouer sur deux qualités essentielles : « La nécessité de buts acceptés par l’ensemble du groupe et le désir dominant d’assurer au groupe le pouvoir maximum pour atteindre ces buts. » Il en résulte très vite que « la fin justifie les moyens », principe qui, dans l’éthique individualiste, est considéré comme contraire à toute morale. On assiste donc à une abolition complète de la conscience individuelle, d’où la possibilité d’actions criminelles exécutées sans sourciller conformément aux ordres des chefs et aux buts choisis.

« Power tends to corrupt, and absolute power corrupts absolutely. » (Tout pouvoir amène la corruption, le pouvoir absolu amène une corruption absolue.) Lord Acton, cité par Hayek en exergue de son chapitre X, La sélection par en bas.

Enfin, Hayek souligne qu’un poste de dirigeant d’un système totalitaire « aura peu d’attraits pour un homme consciencieux » mais représentera une attraction extraordinaire pour les « hommes dépourvus de scrupules et peu délicats. » (Chapitre X, La sélection par en bas, pages 99 à 111)

La fin de la vérité. Perversion du langage. Le totalitarisme fonctionne d’autant mieux que le but social imposé à chacun devient un acte de foi qui fait agir spontanément. La propagande est donc essentielle. Elle diffère nettement de celle qui peut exister dans un régime de concurrence, car au lieu d’être divisée entre de multiples acteurs et de multiples objectifs indépendants, elle s’applique à tous dans un seul sens et vise non seulement à faire accepter les fins, mais également les actions particulières éventuellement brutales pour parvenir à ces fins, en faisant croire qu’elles sont justes et légitimes.
On y parvient avec le plus d’efficacité en opérant un glissement sémantique par lequel les termes anciens, familiers et appréciés, sont employés avec un sens nouveau. Le mot Liberté est incontestablement la plus grande victime de cette perversion totalitaire du langage. Il ne concerne plus la liberté des individus, mais une « liberté collective » qui donne aux autorités tout pouvoir d’agir à leur guise sur la société, comme Hayek l’a déjà évoqué dans son chapitre II.
Au besoin d’une adhésion massive aux fins édictées par le régime planiste correspond la nécessité tout aussi massive de détruire dans l’oeuf toute expression de doute. Le doute est considéré comme une déloyauté qui pourrait avoir un effet déstabilisant sur les membres de l’immense majorité acquise à la cause. Il en découle un contrôle complet de l’information disponible afin d’éviter toute comparaison désobligeante en provenance de l’étranger. Il en découle également un contrôle complet des sciences, de l’art et même des jeux et divertissements, qui doivent eux aussi tendre intégralement vers la justification des fins ultimes du régime. Hayek cite un appel incroyable adressé aux joueurs d’échecs (et laisse au lecteur deviner s’il est russe ou allemand) :

Nous devons en finir une fois pour toute avec la neutralité dans les échecs. Nous devons condamner une fois pour toute la formule « on joue aux échecs pour jouer » comme la formule « l’art pour l’art. » (page 118)

Tout ce qui est entrepris doit s’inscrire dans les fins sociales du national-socialisme ou du communisme, quitte à pratiquer aussi un glissement sémantique avec le mot Vérité.
Alors que l’individualisme est une « attitude d’humilité » et de tolérance devant les opinions d’autrui, la pensée collectiviste, au nom des buts souhaitables, cherche à contrôler le développement de la raison en tout domaine, avec pour seul résultat d’aboutir à « la stagnation de la pensée et à un déclin de la raison. » (Chapitre XI, La fin de la vérité, pages 112 à 120)

Les racines socialistes du nazisme. Opposition au principe libéral. L’appui d’une vaste majorité d’Allemands au nazisme ne s’explique ni par la défaite de 1918, ni par l’opposition au socialisme émergent en Russie, mais par l’opposition au principe libéral sur laquelle les socialistes, qu’ils soient conservateurs ou progressistes, n’ont aucun mal à se retrouver.
Une telle tradition anti-libérale qu’on pourrait qualifier de « prussienne » existait en Allemagne depuis de nombreuses années. La Première Guerre mondiale était vue comme un conflit entre l’esprit marchand de l’Angleterre et la « culture héroïque » de la nation allemande pour laquelle la vie de l’État prime celle des individus. Selon un auteur allemand de l’entre-deux-guerres, « le prussianisme et le socialisme combattent l’Angleterre qui est en nous. »
Cette idée implique que c’est l’État qui doit gouverner l’industrie, et non l’inverse. Dans ce cadre, chacun devient un employé de l’Etat, lequel se transforme progressivement en Beamtenstaat (État de fonctionnaires) et organise l’ensemble de la vie sociale. À partir de là, le national-socialisme n’avait plus qu’à s’installer. (Chapitre XII, Les racines socialistes du nazisme, pages 121 à 131)

Les totalitaires parmi nous. Rôle des intellectuels. Dans ce chapitre, Hayek tourne son regard vers l’Angleterre. Le chemin d’atrocité pris par l’Allemagne pourrait laisser croire que jamais l’Angleterre ne pourra lui ressembler, mais Hayek rappelle que la comparaison qu’il effectue porte sur l’Angleterre actuelle (1944) par rapport à l’Allemagne d’il y a vingt ou trente ans. Il signale en outre que beaucoup de ses concitoyens commencent leur discours par une expression du style « Herr Hitler ne représente pas mon idéal, loin de là, mais… »
Hayek observe que de nombreux ingénieurs et universitaires commencent à évoquer l’idée d’une « organisation scientifique de la société. » C’est inquiétant, car ceux-là même qui se proclamaient en Allemagne « les chefs d’une marche vers un monde meilleur se sont soumis à la tyrannie avec plus d’empressement » que quiconque. Hayek indique, et je signale à sa suite, que ce phénomène a été identifié en France par Julien Benda dans son livre de 1927 La trahison des clercs, où il analyse le rôle des intellectuels dans la transformation totalitaire de la société.
Hayek passe de l’inquiétude au découragement en lisant dans le programme du Labour Party que celui-ci préconise le planisme pour organiser la société, alors que l’évolution de l’Allemagne depuis vingt-cinq ans devrait faire rejeter fermement toute forme d’organisation centralisée consciente. (Chapitre XIII, Les totalitaires parmi nous, pages 132 à 145)

Conditions matérielles et fins idéales. Retour à l’économie de paix. À ce stade de son exposé, Hayek en rappelle le « point crucial » : 

« La liberté individuelle est incompatible avec la suprématie d’un but unique auquel toute la société est subordonnée en permanence. » (page 149)

Seule la guerre pour garder la liberté peut faire exception. Ecrivant en 1944, période où tous les efforts de la société occidentale sont tendus vers l’objectif de battre le nazisme, Hayek met en garde contre la tentation de continuer à appliquer les mêmes méthodes autoritaires, avec l’argument de la conscience sociale face à la pauvreté et au chômage, dès que la paix sera revenue. Il est certain que la reconquête d’un niveau de vie équivalent à celui de l’avant-guerre exigera de grands efforts, mais il importe de « ne pas essayer de remédier à la pauvreté en redistribuant du revenu au lieu de l’augmenter. » Un ajustement radical sera certes nécessaire, mais il doit se faire dans le but d’augmenter la richesse de tous.
Mais Hayek observe que cinquante ans d’efforts collectivistes ont profondément affecté les valeurs libérales de la société anglaise au point que l’Angleterre en viendrait presque à oublier « qu’elle a appris aux nations à vivre » (John Milton, cité page 156). Pour sa reconstruction, il reste à l’Europe à compter sur ceux des Allemands qui, l’ayant appris au prix fort, ont compris que « ni les bonnes intentions ni l’efficacité de l’organisation ne peuvent conserver l’honnêteté d’un système dans lequel la liberté personnelle et la responsabilité individuelle sont détruites. » (Chapitre XIV, Conditions matérielles et fins idéales, pages 146 à 157)

Les perspectives d’un ordre international. Le planisme mené à l’échelle des nations menace la paix internationale parce que les conflits que les individus concurrents règlent en général sans recours à la force sont transférés à des États armés. Il serait erroné de s’imaginer que le même planisme mené à l’échelle internationale, à l’échelle de l’Europe par exemple, pourrait écarter ce danger.
Hayek préconise donc plutôt un ordre international basé sur une autorité politique internationale qui n’ait pas le pouvoir de dicter aux pays ce qu’ils doivent faire, mais qui puisse les empêcher de nuire à autrui. C’est typiquement un pouvoir limité d’essence libérale. Dans ce cas, le fédéralisme, qui acte la division du pouvoir et évite la centralisation, constituerait la forme internationale idéale, car il garantirait à la fois la limitation du pouvoir central et celle des États isolés.

Notre but ne doit être ni un super-État tout puissant, ni une association lâche de « nations libres », mais une véritable communauté de nations composées d’hommes libres. (page 168)

Un tel projet, utilisé à bon escient, aura le plus de chance de réussir et de réduire les risques de guerre s’il est mené sans excès d’ambition. (Chapitre XV, pages 158 à 169)

Ma Conclusion  La France a aussi connu sa grande période de planification. On pense tout de suite à Jean Monnet qui instaure en 1946 le Commissariat général au plan, avec des objectifs de reconstruction et de modernisation de l’économie française, aidé en cela par le plan Marshall. Cependant, la tradition planificatrice nous venait de plus loin : des socialistes et des syndicalistes de l’entre-deux-guerres d’abord, mais sans applications concrètes, et surtout du régime de Vichy. Son organisme en charge du plan deviendra le Commissariat au plan de Monnet et De Gaulle.

On comprend pourquoi Hayek s’adresse aux socialistes de droite comme de gauche. Surtout, c’est le moment de citer à nouveau Lord Acton :

« Few discoveries are more irritating than those which expose the pedigree of ideas » (Peu de découvertes sont plus irritantes que celles qui révèlent la paternité des idées.) Cité par Hayek en exergue de son Introduction.

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Passés les besoins spécifiques de la reconstruction, passé un regain d’intérêt pour le plan avec la mise en oeuvre du Programme commun de la gauche en 1981, la planification en tant que telle fut abandonnée en France au début des années 1990. Il est intéressant d’entendre ce que l’un des Commissaires au plan, Pierre Massé, trouva à dire à ce sujet :

« Supprimer le Plan au nom d’un libéralisme impulsif serait priver le pouvoir d’une de ses armes contre la dictature de l’instant. »

Par « libéralisme impulsif » et « dictature de l’instant », il faut comprendre l’initiative individuelle à la base de la libre entreprise, perçue comme mauvaise et égoïste par nature, et incapable de projets de long terme conscients et désintéressés. Il convient donc de la brider autant que possible et de lui substituer un plan dédié aux fins sociales souhaitables (barrages hydro-électriques, plan calcul, TGV…), que seuls M. Massé, ses chefs et ses collègues du gouvernement, dans leur immense sagesse (et avec l’aide de nos impôts), sont à même d’envisager et d’atteindre, parfois dans un échec fracassant.

Mais les moyens de l’État pour continuer à peser sur la vie des individus en les poussant à adopter des fins sociales souhaitables restent très élevés, même en l’absence d’une planification formelle. Tout d’abord, le secteur public dépense aujourd’hui l’équivalent de 57% de notre PIB (2015), c’est-à-dire notablement plus que les 53% observés en Allemagne en 1928 à propos desquels Hayek s’alarmait du levier de contrôle que cela donnait à l’Etat sur l’ensemble de l’économie (page 50). Ensuite, l’État, qui se veut et se dit « stratège » (donc planificateur en chef), met en œuvre des politiques sociales ou industrielles à propos desquelles j’aimerais évoquer quatre exemples :

  1. Fiscalité et privilèges : la progressivité de l’impôt sur le revenu est une première façon de procéder à la redistribution des richesses en fonction d’un code arbitraire. Les taxes ou les exemptions sont une seconde méthode pour pousser certaines catégories d’individus dans des comportements souhaitables. Exemples : diesel, panneaux solaires, etc…
  2. Éducation nationale, science et propagande : à la baisse des connaissances et des savoir-faire des élèves, attestée par de multiples enquêtes internationales et par l’échec croissant des étudiants en première année d’études supérieures, notre gouvernement répond par une réforme du collège et des programmes inquiétante de nivellement par le bas, et par la propagande de l’anti-racisme et du « vivrensemble ». On peut ajouter le tropisme nettement anti-libéral des programmes scolaires en économie, les lois mémorielles qui figent l’écriture de l’Histoire et le matraquage incessant sur la nécessité impérieuse de sauver le climat et la planète par des politiques de décroissance.
  3. Action délibérée en faveur d’une catégorie professionnelle aux dépens d’une autre : l’État français vient de nous donner un bel exemple de son absence totale d’impartialité en développant avec nos impôts une application mobile spéciale pour les taxis afin de leur permettre de contrer la société privée Uber.
  4. Surveillance : la lutte légitime contre le terrorisme a accouché cette année d’une Loi Renseignement qui met entre les mains du pouvoir la possibilité de surveiller les activités de télécommunication de tous les Français, sans aucun contrôle d’une entité judiciaire indépendante.

J’ose dire que les structures d’un totalitarisme potentiel sont bien en place. Et j’ose dire aussi que la France jouit aujourd’hui du sombre bénéfice de l’existence d’un parti possédant toutes les caractéristiques décrites par Hayek dans son chapitre X sur « La sélection par en-bas. » S’il parvient jamais au pouvoir, selon une apparente et fallacieuse opposition au socialisme, le Front national n’aura aucun mal à se glisser dans les habits totalitaires que le socialisme aura aimablement taillés pour lui.


La route de la servitude(*) La route de la servitude (titre original : The Road to Serfdom) par Friedrich A. Hayek (1944), Collection Quadrige, Editions PUF (1985).


Friedrich von Hayek (1889-1992) at the end of the 30's . Economist and principal theoretician of the new Liberal Thought from the 70's

Illustration de couverture : Friedrich Hayek vers 1940 – Crédit Image : Hulton Archives / Getty Images.

7 réflexions sur “« La route de la servitude » (II)

  1. Pourtant un peu de recul devrait conduire à une attitude plus mesurée. Hayek met dans le même sac les social-démocraties et les totalitarismes qui ne seraient finalement qu’un prolongement, un aboutissement des social-démocraties, c’est tout de même un peu grossier. L’histoire montre qu’il n’en est rien, nous vivons toujours en social-démocratie et non dans un pays totalitaire (et cela 70 ans après la parution de l’ouvrage). Il faudrait alors supposer que ce processus est extrêmement lent, hypothèse tout de même un peu farfelue, étant donné le nombre d’évènements se produisant pendant une aussi longue période.

    Autre point qui n’est pas tiré du livre et dont vous ne pouviez avoir connaissance à l’époque où vous l’avez découvert, c’est la correspondance entre Hayek et le milliardaire américain et libertarien notoire Charles Koch. Dans cette correspondance, Koch invite Hayek aux USA pour participer au développement de l’institut libertarien qu’il préside. Hayek commence par décliner l’offre parce qu’il craint de ne pouvoir convenablement se soigner aux USA après avoir subi une opération de la vésicule biliaire en Autriche et préfère rester au pays (rappelons que l’Autriche a mis en place un système universel de sécurité sociale après guerre….). Pour ceux qui sont déjà choqués de voir Hayek préférer la sécurité à la liberté, accrochez-vous car ce n’est pas fini…. Le libertarien Koch répond à Hayek qu’il n’a pas à s’inquiéter, qu’il pourra bénéficier des programmes de sécurité sociale américains…. Vous avez bien lu, un libertarien essaie de convaincre un autre libertarien en vantant les mérites de la sécurité sociale ! Mais ce n’est toujours pas fini ! Da,ns une autre lettre, il vante à Hayek le programme Medicare mis en place par L. Johnson, qui lui permettra de pourvoir à ses besoins médicaux. epilogue : Hayek viendra aux USA et optera pour la sécurité sociale.

    L’année suivante, Hayek obtiendra le prix Nobel.

    Pour qualifier cette farce j’hésite entre l’hypocrisie et le cynisme. Et vous ?

    En savoir plus sur http://www.contrepoints.org/2015/10/27/226801-le-livre-qui-vous-transforme-en-liberal-2#zqByUrQvRyWOoc54.99

    • Je vous félicite, vous traduisez très bien l’anglais, vous nous avez même gratifiés d’un joli mot à mot.
      1) Hayek n’a pas dit qu’il était contre une forme de protection sociale. C’est même le début de cette partie II. L’avez-vous seulement lue ?
      2) Les critiques qui peuvent être formulées à l’égard de telle ou telle politique centralisée, ne veulent pas dire que les libéraux sont contre l’éducation, la protection sociale etc… mais qu’ils pensent que ça sera plus efficace et plus respectueux des libertés individuelles si ça se fait dans un cadre qui respecte la concurrence et où les individus ont un choix.
      3) J’imagine que vous savez qu’en France, pour prendre un exemple qu’on connait, la sécurité sociale est obligatoire. Donc le cynisme et l’hypocrisie (encore une de vos traductions littérales, quelle originalité !) c’est celle de gens comme vous qui disent : « oh quel horrible individu, il critique la sécu et pourtant il en bénéficie ! » En fonction de ses opinions politiques il faudrait payer les primes obligatoires (calculées sur le salaire, pas en fonction d’un risque) et refuser les prestations ?
      Non seulement la sécu est obligatoire, mais chercher à en sortir ou soutenir les démarches de personnes qui veulent en sortir est passible de lourdes amendes et de peines de prison. Voir livre de Laurent C. Schrugged : http://www.contrepoints.org/2015/10/22/226256-je-quitte-la-secu-episode-42-le-reveil-de-la-force.

      • 1. Hayek est favorable à un système de protection sociale, très bien, lequel ? la charité ? En tout cas certainement pas la sécurité sociale et encore moins un programme comme Medicare. Sinon vous tenez un scoop !
        2. Je n’ai jamais rien affirmé de tel. Où avez-vous lu cela dans mon commentaire ?
        3. Vous avez mal compris. Ce qui est choquant (ou en tout cas ce qui devrait être choquant pour un libertarien) ce n’est pas tant le fait que Hayek puisse bénéficier de la sécurité sociale US, c’est le fait qu’un libertarien (Koch) essaie d’en convaincre un autre (Hayek) de venir dans son pays en lui vantant les mérites du système public de protection sociale. Si ces deux libertariens étaient quelconques cela n’aurait pas une si grande importance, mais il se trouve que les deux llibertariens en question sont d’une part un des pères de cette pensée et l’autre un des propagandistes les plus acharnés de cette idéologie. D’où ma question : hypocrisie ou cynisme ?

    • C’est curieux d’appeler binaire la pensée de ceux qui veulent laisser la possibilité de choix aux individus et, par sous-entendu, de qualifier de nuancée la pensée de ceux qui veulent imposer un seul menu à tout le monde. Glissement sémantique classique des autoritaires.

      • « Glissement sémantique classique des autoritaires », Relisez vous avant d’user de votre autorité et, tenant blog, arrêtez de faire une affaire personnelle de ce qui est exprimé par vos visiteurs…
        Le problème avec la sphère des techniciens, est qu’ils pensent la société à l’aune de leurs études. Vous n’échappez pas à la règle en vous extasiant sur la « pensée » d’Hayek, comme ceux qui ont appliqué avec un aveuglement de circonstance les idées idiotes de Keynes. C’est la grande illusion du monde moderne.
        Vous avez de enfants ? dans ce cas, croyez vous qu’en ayant lu tout Dolto, cela vous donne capacité à imposer un modèle pour l’ensemble de votre tribu, pire encore, de l’étendre au reste du monde ? Vous savez bien que non car la vie est autrement plus complexe.
        Un livre (un auteur, une œuvre) ne doit jamais être une découverte, le cas échéant, cela démontre que vous n’êtes pas suffisamment pas armé pour en faire la critique.
        Il n’y a aucun modèle économique, même partiellement abouti, ce qui s’applique avec un certain succès aux activités humaine et appris en ayant usé votre fondement sur les bancs d’une université, ne pourra jamais être transposé en terme civilisationnel. C’est le paradoxe des techniciens que de voir le monde on/off.
        Rien de la pensée d’Hayek ne permet d’envisager le monde, sauf à rêver d’un énième régime totalitaire.

        Permettez de recopier ici une réplique du Film Will Hunting (source http://www.kaakook.fr/film-800), Will Hunting, Sean à Will :
        J’ai réfléchi à ce que tu m’avais dit l’autre jour, à propos de ma peinture ; j’ai passé la moitié de la nuit à y réfléchir. Et puis j’ai eu un flash. Après je me suis paisiblement endormi, et depuis je n’ai pas pensé à toi. Tu sais ce que j’ai compris ? Tu n’es qu’un gosse. Tu parles sans avoir la moindre idée de ce dont tu parles. Tu n’es jamais sorti de Boston.

        Si je te dis de me parler d’art, tu vas me balancer un condensé de tous les livres sur le sujet. Michel-Ange, tu sais plein de trucs sur lui. Sur son œuvre, sur ses choix politiques, sur lui et sur le pape, ses tendances sexuelles, tout le bazar quoi. Mais je parie que ce qu’on respire dans la Chapelle Sixtine, son odeur, tu connais pas. Tu ne peux pas savoir ce que c’est que de lever les yeux sur le magnifique plafond. Tu sais pas.

        Si je te dis de me parler des femmes, tu vas m’offrir un topo sur les femmes que tu as le plus aimées, il t’ait peut-être même arrivé de baiser quelques fois, mais tu ne sauras pas me décrire ce que c’est que de se réveiller près d’une femme et de se sentir vraiment heureux.

        Tu es un coriace ; si je te faisais parler de la guerre c’est probablement tout Shakespeare que tu me citerais « Une fois de plus sur la brèche, mes amis ! ». Mais tu n’as pas vécu la guerre. Tu n’as jamais tenu contre toi ton meilleur ami. Tu ne l’as pas vu haleter jusqu’au dernier souffle avec un regard qui implore.

        Si je te fais parler d’amour, tu vas probablement me dire un sonnet. Mais tu n’as pas connu de femme devant qui tu t’es senti vulnérable. Une femme qui t’aie étalé d’un simple regard. Comme si Dieu avait envoyé un ange sur Terre pour toi. Pour t’arracher aux profondeurs de l’enfer. Et tu ne sais pas ce que c’est d’être son ange à elle. Et de savoir que l’amour que tu as pour elle est éternel. Et survivra à tout. Même au cancer. Et aux nuits passées assis dans une chambre d’hôpital pendant des mois en lui tenant la main, parce que les médecins ont lu dans tes yeux que tu n’avais pas l’intention de te plier aux heures de visite. Tu ignores ce que c’est que de perdre quelqu’un. Parce qu’on ne connaît ça que quand on sait aimer plus qu’on ne s’aime soi-même. Je doute que tu aies déjà osé aimer à ce point.

        Quand je te regarde, ce n’est pas un homme intelligent et solide que je vois. Ce que je vois c’est un gosse, culotté, qui meurt de trouille. Mais tu es un génie Will, ça, personne ne le nie. Personne ne pourrait comprendre ce qui est au fond de toi. Mais toi tu présumes que tu sais tout de moi parce que tu as vu une toile que j’ai peinte et ça, ça te permet de disséquer ma vie. Tu es orphelin n’est-ce pas ? Tu crois que je sais quelque chose des difficultés que tu as rencontrées dans la vie, de ce que tu ressens, de ce que tu es, sous prétexte que j’ai lu Oliver Twist ? Est-ce que ça suffit à te résumer ?

        Personnellement, j’en ai vraiment rien à foutre de tout ça, parce que je vais te dire, je n’ai rien à apprendre de toi que je n’apprendrai pas dans n’importe quel bouquin. À moins que tu veuilles me parler de toi. De qui tu es. Là ça m’intéresse. Là je suis à toi. Mais c’est pas ce que tu veux faire, hein vieux ? Tu as trop peur de ce que tu pourrais dire. La balle est dans ton camp.

  2. La pensée d’Hayek mènerait à un régime totalitaire ? Je ne vois pas comment on peut arriver à un régime totalitaire tout en garantissant la liberté aux individus…
    De plus, vous dites qu’un livre ne doit « jamais être une découverte » et être pris au pied de la lettre (si j’ai bien compris); mis à part le fait que Nathalie n’a jamais prétendu que ce livre devait être le guide universel, vous utilisez une réplique de film pour appuyer votre propos !!
    Je pense que le but de Nathalie est le même que celui de votre dernier commentaire : cette oeuvre est un bon support pour faire passer mes idées.

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