Migrants : « Nous y sommes », oui. Et maintenant, que fait-on ?

 ——>    Cet article a également été publié le samedi 25 avril 2015 sur          icone_redacteur3

Les mises à  jour sont en fin d’article.

Ce jeudi 23 avril 2015, un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement des 28 pays membres de l’Union européenne se tient en urgence à Bruxelles. Son objectif : prendre des décisions communes sur la réponse à donner à l’afflux exponentiel, et souvent mortel, de migrants en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient.

Cette réunion fait suite à un conseil des ministres européens des relations extérieures qui a eu lieu lundi dernier, au moment où l’on apprenait que le naufrage de la veille au large des côtes libyennes avait fait environ 800 morts par noyade, n’épargnant que 27 personnes. Il s’agit du bilan le plus lourd jamais enregistré pour un tel naufrage en Méditerranée. Il faisait lui-même suite à une précédente catastrophe qui avait causé la mort de 400 personnes le 12 avril 2015.

La situation migratoire en Méditerranée n’est pas nouvelle. En juillet 2013, à Lampedusa, le pape François lançait un appel afin que le monde sorte de l’indifférence face à ces personnes en quête d’une vie meilleure. Dans les décennies précédentes, de nombreuses personnalités avaient alerté les pays occidentaux sur le risque de voir les populations misérables de la planète se précipiter par milliers aux portes de l’Europe.

Je pense à l’Abbé Pierre qui voyait dans les inégalités entre le Nord et le Sud le ferment puissant d’une immigration future incontrôlable. Je pense au livre de Jean Raspail Le Camp des Saints datant de 1973, jugé raciste par une partie de la critique, dans lequel il imaginait des millions de migrants débarquant dans des cargos du delta du Gange sur la côte d’Azur sous l’oeil impuissant des pouvoirs publics, et à propos duquel Jean Cau disait : « Et si Raspail, avec Le Camp des Saints, n’était ni un prophète ni un romancier visionnaire, mais simplement un implacable historien de notre futur ? » 

Je tiens à préciser d’emblée que je n’adhère ni à la cause de l’inégalité Nord Sud mise en avant par l’Abbé Pierre, ni au scénario de la défense de nos frontières les armes à la main comme imaginé par Raspail dans son roman.

Toujours est-il que « nous y sommes ». C‘est la petite phrase qui se répète en boucle depuis les derniers naufrages. Des migrants par milliers frappent à nos portes et un nombre incalculable d’entre eux trouvent la mort dans cette entreprise du dernier espoir, sans décourager le moins du monde les tentatives suivantes. Doit-on rester passif et regarder les gens mourir en disant : « C’est horrible » ?

Où somme-nous exactement ? Depuis le début de l’année, 1 750 migrants ont péri en Méditerranée. L’Organisation internationale des Migrations (ou OIM) s’attend à ce que le chiffre total de l’année 2014, qui s’élevait à 3 279 décès, soit dépassé d’ici quelques semaines et craint de voir le bilan 2015 atteindre 30 000 morts si la tendance actuelle se poursuit. Selon le Haut Commissariat aux Réfugiés (ou HCR) de l’ONU, le mois d’avril a été le plus meurtrier avec environ 1 300 décès. La météo plus clémente du printemps ne serait pas étrangère à ce chiffre élevé dans la mesure où les traversées sont plus faciles, mais néanmoins cruelles car les bateaux, aux mains de passeurs sans scrupules, sont en mauvais état et surchargés.

Les filières clandestines de passage en Europe profitent du chaos qui règne en Libye pour se développer et se reconstituer, sitôt démantelées. Elles sont souvent contrôlées par les organisations terroristes dont c’est une ressource financière. Pour les migrants, la tragédie peut commencer dès le désert, où, ballotés de passeurs en passeurs, ils sont parfois abandonnés sur place, laissés à la soif, à la faim et à une mort certaine.

Quand les migrants arrivent à bon port en Italie, soit sur l’île de Lampedusa soit en Calabre, ils sont pris en charge par des centres de décontamination, puis répartis dans des centres d’accueil dans toute l’Italie. Ils y restent le temps de régulariser leur situation, certains poursuivant leur voyage vers le nord de l’Europe, Calais puis le Royaume-Uni, ou l’Allemagne, premier pays de l’Union européenne pour les demandes d’asile en janvier 2015. De ce point de vue, la France n’est qu’en cinquième position et a même vu les demandes d’asile diminuer pour la première fois depuis 7 ans en 2014.

Toujours selon l’OIM, 170 760 personnes ont effectué la traversée de la Méditerranée en 2014. S’agissant de sans-papiers, il est difficile de savoir exactement qui elles sont et d’où elles viennent, mais selon les informations recueillies à l’arrivée par les autorités italiennes ou par des enquêtes de journalistes, on peut dire les choses suivantes : les raisons de la migration sont soit la misère soit la guerre, les migrants appartiennent plutôt aux classes moyennes car le coût du passage représente plusieurs milliers de dollars, ils sont pour moitié musulmans et pour moitié chrétiens, ils sont nombreux à être diplômés mais ne voient pas d’avenir pour eux dans leur pays. Ils viennent des zones en conflit ravagées par le terrorisme, mais également d’Erythrée, d’Ethiopie ou de l’Afrique sub-saharienne.

Peu après le drame de Lampedusa qui se solda par la mort de 366 migrants en octobre 2013, l’Italie a mis sur pied un programme de sauvetage nommé Mare Nostrum, doté de moyens importants (9 millions d’€ par mois) permettant à la marine italienne d’effectuer des sauvetages en mer jusqu’aux côtes libyennes et d’arrêter de nombreux chefs de filières. Cependant, le gouvernement italien a fini par trouver que cette opération à succès pesait fortement sur ses finances et gagnerait à être partagée par les autres pays européens, tout aussi concernés par le problème.

Mare Nostrum a donc pris fin en octobre 2014, date à laquelle cette mission fut relayée par l’opération Triton de l’Union européenne. Moins bien financée (3 millions d’€ par mois), bénéficiant de moins de bateaux, moins d’hélicoptères et moins d’officiers de marine, Triton n’arrive pas à venir à bout de tous les bateaux clandestins qui circulent. Ses objectifs consistent du reste à surveiller les frontières, et non plus à sauver les migrants. D’où, après l’hécatombe de dimanche dernier, la réunion d’urgence d’aujourd’hui à Bruxelles.

Et maintenant que fait-on ? Tant Angela Merkel que François Hollande se sont dit bouleversés et souhaitent s’attaquer aux « racines du mal » dans un cadre européen. A écouter hier différentes personnalités politiques, on avait toutefois l’impression qu’il est nettement plus facile de s’indigner de la situation que de proposer des actions concrètes au-delà du stade « sauvetage en mer. » Le fait est que rien n’est simple. Une fois qu’on a sauvé ces personnes de la noyade, qu’en fait-on ? C’est l’histoire de toute la misère du monde, qu’on ne peut accueillir dans sa totalité, mais dont on doit prendre sa part, selon les termes bien connus de Michel Rocard.

Au risque de paraître extrêmement naïve, voici mes idées. Les causes étant identifiées comme la misère et la guerre des pays d’origine, y aurait-il moyen de reconstruire ces pays dans le sens de la paix et de la prospérité afin que les habitants n’aient plus tant envie de les fuir ? Je vois un programme en quatre points :

1. Sauvetage en mer et 2. démantèlement des filières :

Lundi, la Commission européenne a proposé un plan en dix points tournant surtout autour du sauvetage, du contrôle, du développement de l’asile, du blocage des clandestins et de la répression des filières. Tout ceci est à faire, et je n’ai pas de doute que ça sera fait. Il est évident qu’il est de la responsabilité de l’Europe de prêter assistance aux familles en danger à quelques kilomètre de ses côtes, tout en continuant à maîtriser ses flux immigratoires et à mieux répartir les demandeurs d’asile entre tous les pays membres.

3. Lutte contre le terrorisme de Daesh et affidés, restauration d’un Etat de droit en Libye, soutien aux gouvernements légaux :

Il existe déjà une coalition internationale pour contrer les avancées du terrorisme islamiste. Aux dernières nouvelles (non confirmées) le chef de Daesh, Abou Bakr Al-Baghdadi, aurait trouvé la mort ou aurait été grièvement blessé dans un bombardement. La lutte contre le terrorisme répond à deux objectifs : restaurer la stabilité politique des pays gangrenés par l’Etat islamique et dans la même foulée mettre fin au trafic migratoire qui contribue à financer les organisations terroristes. Je crois qu’il faut continuer, tout en réfléchissant à « l’après. » De trop nombreuses interventions occidentales se terminent sur des succès militaires restreints suivis, faute de réflexion et de travail de terrain, par des débacles politiques qui relancent la machine de la guerre civile et du terrorisme.

4. Trouver une voie de prospérité en Afrique et au Moyen-Orient :

Il y a quelques années, j’ai lu un livre extrêmement intéressant, et très courageux, sur les méfaits de l’aide internationale en Afrique. Il s’agit de Dead Aid : Why aid is not working and how there is another way for Africa de Dambisa Moyo, paru en 2009 au Royaume-Uni aux éditions Penguin Books. L’auteur, née en Zambie et titulaire d’un Ph.D. en économie de l’université d’Oxford, y montre non seulement que l’aide internationale déversée par milliards de dollars en Afrique est inefficace, mais surtout qu’elle est même néfaste à terme tant elle empêche les pays et les populations concernée de se prendre en charge eux-mêmes, de se réformer et d’innover. Inefficace, car son plus haut a coïncidé avec l’accroissement de la pauvreté. De plus, elle attise la corruption et les convoitises, relançant guerres ethniques et guerres civiles.

Faisant le constat que les pays qui ont connu un fort développement le doivent à la création de richesse et non à l’aide extérieure, Dambisa Moyo prône le respect du droit de propriété, l’ouverture sur l’extérieur, le financement non par des prêts à taux réduits mais par des émissions obligataires obligeant l’émetteur à plus de rigueur. Elle préconise aussi la fin des aides de l’Europe et des Etats-Unis à leurs agriculteurs afin de permettre au paysan africain d’accéder à des marchés mondiaux.

Bref, Dambisa Moyo, parfait exemple des possibilités immenses de l’Afrique, suggère l’adoption d’une politique libérale, la seule susceptible d’accompagner les pays d’Afrique et leurs habitants sur le chemin de la prospérité. La seule qui pourra vraiment apporter une solution durable au drame des migrants de la Méditerranée.


Mise à jour du 7 septembre 2015 : Après la publication d’une photo montrant un tout jeune enfant syrien mort sur une plage de Turquie alors que sa famille cherchait à rejoindre l’Europe, la France et les Français se sont soudainement réveillés sur la question des migrants qui traversent la Méditerranée et affluent vers nos frontières. Deux camps se sont immédiatement formés : ceux qui veulent fermer les frontières, et ceux qui veulent les ouvrir en comptant sur le pur assistanat et les bons sentiments pour absorber les migrants.

Mon idée : Les accueillir ET changer de politique, c’est à dire passer d’une politique de dépenses publiques, encadrement économique sclérosant et laxisme sociétal qui génère chômage, manque de logements et déprime sur nos « valeurs » à une politique de production, création d’emplois et fin des compromissions électoralistes du « vivrensemble. »

Ainsi que je l’écrivais dans mon article Sauver « Palmyre », il me semble que s’il y avait plus de travail pour tout le monde, si la France était plus dynamique économiquement, moins résignée, les Français se sentiraient mieux dans leur peau, ils auraient une meilleure estime d’eux-mêmes et pourraient se montrer hospitaliers tout en appréhendant les problèmes d’identité et de poussée islamiste avec plus de sérénité et de force tranquille. Nous sommes 508 millions d’habitants dans l’UE, dont plusieurs pays parmi les plus riches du monde. Nous sommes capables d’absorber cette vague de 250 000 migrants environ, et rester une société ouverte. A condition d’être inventifs.

A lire également : l’excellent article de h16 sur le sujet « Ces migrants qui incommodent commodément » pour compléter les points de vue.


Illustration de couverture : Photo © AFP/FETHI NASRI

13 réflexions sur “Migrants : « Nous y sommes », oui. Et maintenant, que fait-on ?

  1. Votre billet tente de dépasser l’aspect humanitaire tout en ne le négligeant pas. L’aspect humanitaire crée une obligation morale. Hélas, elle n’est guère facile à remplir et elle est facile à détourner. L’absence de résultat lors du sommet d’urgence qui vient de se tenir en témoigne. On tente de trouver des solutions non pas au problème lui même, mais au problème que pose la gestion des opinions publiques.

    Est il raisonnable de réunir un sommet d’urgence sur un problème connu de long terme, complexe et conflictuel? Rien que la démarche elle même apparait dérisoire. Elle fait partie de la gestion par le spectacle et les simulacres.

    Je ne suis pas sûr que nous puissions mener des actions efficaces et justes.

    J’ai le sentiment que nous sommes confrontés à un problème planétaire qui nous dépasse. Il y a comme cela des choses qui sont négatives, tristes, et pourtant, tout en les déplorant , nous devons reconnaitre notre impuissance. Il en va ainsi des guerres, de la pauvreté, des inégalités, des pertes de libertés…Sortes de marches inexorables qui résistent ….même aux prises de conscience, et à la mobilisation des gens de bonne volonté.

    Notre modèle développement nous a échappé, nous ne choisissons plus, nous sommes entrainés, nous suivons le courant; le courant du productivisme, des théories du commerce internationnal, de la financiarisation , de l’abstraction, de l’universalisation etc. C’est pour cette raison que je retiens comme hypothèse de travail le concept majeur de « SYSTEME », au sens des sociologues. L’homme n’est que le gérant apparent du système, le grand prêtre, mais le système a sa logique propre, aveugle, il n’a qu’un projet , durer et se reproduire. Est ce que ce système est celui du profit? Je ne le pense pas, beaucoup de systèmes ont une logique de puissance ou même de gaspillage mais n’ont pas de logique du profit.

    Ce qui est incontestable, c’est que ce modèle de développement a un coût, des coûts que nous ne percevons pas car ils est délocalisés, rejetés hors de notre vue et de nos calculs. Les uns profitent, jouissent, les autres souffrent et paient.

    La question des migrations a à voir avec la pauvreté, la destruction des formes économiques primitives et familiales, l’urbanisation, la séduction des médias qui montrent une vie meilleure ailleurs, les guerres, la dictature des besoins artificiels etc etc. Mais ce qui va dominer à l’avenir c’est la question des migrations suscitées par les mutations climatiques.

    Tout est su, analysé, depuis les travaux du GIEC.

    La question des flux migratoires est une question qui est maintenant fondamentale avec le réchauffement de la planète et ses modifications climatiques. Il y maintenant plus de migrants qui fuient la désertification et les mutations climatiques que de migrants du fait des guerres et de la destruction économique.

    Nous sommes de plein pied , depuis le début des années 2000, dans un monde ou la concertation, la coordination, reculent. Nous sommes en phase de dé-globalisation et de re-morcellement, pour ne pas dire clairement phase d’affrontements. Les préoccupations domestiques reprennent la priorité, cela ne va pas dans le sens d’actions fondées sur la notion de responsabilité globale et planétaire.

    Le leadership américain ne s’exerce plus pour le bien commun, mais pour maintenir des avantages qui ont tendance à se réduire, on est sur la défensive, le repli.

  2. Incidente sur la question migratoire
    je vous joins le lien d’une intervention de Yves-Marie Laulan sur ces questions et plus encore.
    Laulan est un économiste recyclé dans les questions démographiques. Je l’ai bien connu car il collaborait à La vie française sur les questions économiques. C’est quelqu’un d’atypique qui a beaucoup de courage et même le gout de la provocation. ll reste résolument en dehors du politiquement correct.

    https://youtu.be/-EwFF88ry5Q

    • En effet, Monsieur Laulan n’est pas classique !
      Si l’Afrique doit effectivement voir sa population passer de 1,1 milliards aujourd’hui à 4 milliards en 2100, c’est maintenant (c’était même peut-être plutôt hier) qu’elle doit réfléchir à se développer par elle-même. Ca rejoint les propositions de Dambisa Moyo.
      Je partage son idée sur l’importance de l’éducation qu’il faut donner aux filles car ce sont elles qui adultes auront la main sur la natalité et sur l’éducation des enfants, en privilégiant d’abord l’enseignement primaire. Ce fut du reste un des éléments du développement formidable de l’Asie.

  3. Pingback: Que faut-il combattre : la pauvreté ou les inégalités ? | Contrepoints

  4. premièrement : dépasser l’émotion
    deuxièmement : demander leur avis aux peuples des pays d’accueil (c’est trop facile d’être charitable avec l’argent des autres)
    troisièmement : faire tout ce qui est possible pour ne pas encourager l’afflux des migrants.

  5. Trop de place accordée aux droits de ceci, aux droits de cela…C’est la grande supercherie de notre époque.
    Le droit international ou européen est concocté dans quelque bureau obscur, à quelque moment obscur, par ceux qui font la loi parce qu’ils ont le pouvoir. Strictement rien à voir avec la démocratie. Je ne veux pas entendre parler de droit dans ces conditions.
    Dans l’absolu, on sait, l’histoire le prouve, que le droit est bien misérable face à ceux qui forcent le destin, qui s’imposent. (sans même aller jusqu’à la phrase de Bismarck : la force prime le droit)
    Ces migrants jouent sur le velours de notre faiblesse, de notre humanitarisme, de notre division, et ils répondent parfaitement aux désirs de l’Europe qui est : désintégration, dérégulation. du continent.

    Bref, c’est la certitude de pouvoir, tôt ou tard, bénéficier de nos largesses qui rend ces migrants si déterminés.
    La bonne solution, c’est la solution australienne : » no way ! » Ils se débrouilleront autrement.

  6. Le pédagogue :

    En ce début du mois de septembre 2015, la publication par le quotidien britannique « The Independent », de la photo de la dépouille d’un enfant mort en mer, comme des milliers d’autres personnes qui tentent, depuis un certain temps déjà, d’atteindre d’autres rivages, semble avoir provoqué « une certaine émotion », face à « l’afflux des migrants ».
    Depuis longtemps , bravant tous les dangers, des milliers de personnes, hommes, femmes, et enfants, fuyant les horreurs des pays d’origine, tentent d’arriver en Europe et d’y rester, en dépit de l’hostilité dont elles sont l’objet, et qui ne date pas d’aujourd’hui.
    Ce « processus migratoire » ne cesse de mettre en relief certaines conséquences des méfaits du système colonialo-impérialo-sioniste qui a semé, et qui sème encore, l’oppression partout.
    En arabe, les personnes qui prennent la mer pour atteindre l’Europe sont appelés « lhrraaga ».
    Les « brûleurs ».
    J’en ai déjà parlé, mais ce n’est pas la première fois que je reprends ce dont j’ai déjà palé.
    Ce sont généralement des personnes qui tentent, à bord d’embarcations de fortune, de quitter l’Afrique (et des pays situés ailleurs) pour atteindre l’Europe la forteresse), où ils sont considérés, lorsqu’ils y arrivent (ce qui n’est pas toujours le cas), comme « clandestins » (émigration clandestine).
    « Brûleurs » parce que avant de se lancer dans cette tentative d’atteindre des côtes européennes, ils brûlent tous les documents qui peuvent permettre de les identifier et donc de les expulser vers les pays de départ.
    Des pays où sévissent des régimes fondés sur l’imposture, le crime, la trahison, la tromperie, la corruption, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge, le pillage, l’oppression, l’exploitation, le viol, la torture, l’enfermement, la négation de l’être humain.
    Avec ces régimes, pour les populations qui y subissent les horreurs, l’Afrique (ou des pays situés ailleurs) est un bagne, un continent où la merde gicle et dégouline de partout.
    Nauséabonde.
    L’esclavage a fait des ravages.
    Le colonialisme n’a rien épargné.
    Le système colonialo-impérialo-sioniste continue d’alimenter, d’entretenir et de répandre les ordures et la pourriture.
    Les régimes mis en place par ce système, sont tenus de tout mettre en œuvre afin de servir les intérêts de leurs employeurs.
    Ces employeurs, qui connaissent mieux que quiconque leurs employés et qui n’ignorent rien de leurs pratiques, savent qu’ils sont assoiffés de sang, d’argent et de vices, qu’ils sodomisent et massacrent des hommes, violent, méprisent, humilient et tuent des femmes, s’adonnent à la pédophilie et font disparaître des enfants.
    Ce qui a été appelé « l’indépendance dans l’interdépendance », « la révolution » ou la fin de l’apartheid, n’a pas débarrassé les « indigènes » de l’asservissement, des persécutions, de l’oppression, de l’exploitation, de l’arbitraire, des enfermements, des tortures, des humiliations, des vexations, des injustices et autres.
    Les criminels mis à la « tête » des « États » dits « indépendants » ont des comptes bancaires partout, des lingots d’or, des pierres précieuses, des bijoux de grande valeur, des fermes modèles, des haras, des propriétés immobilières sans nombre, des résidences dans les « grandes capitales » et au bord de « plages pour milliardaires », des palaces, des tableaux de peintres de renom, des cabarets, des boîtes de nuit, des salles de jeu, des restaurants, des voitures luxueuses, des avions, des bateaux.
    Ils affament et détruisent avec l’appui de leurs employeurs, investissent dans les lieux de la débauche, se font livrer par vols entiers des débauchés dits stars, artistes et autres, des alcools et des drogues à profusion, des mets pour « civilisés » que les « barbares » ne connaissent même pas de nom, raffolent de sexe sans frontières et de partouzes.
    Ils salissent et souillent tout, recourent à la dépravation, à la censure, aux usurpations, aux falsifications, aux trafics, aux trahisons, aux tromperies, aux tricheries, aux enlèvements, aux séquestrations, aux emprisonnements, aux supplices, aux liquidations, aux tueries, aux massacres et autres à des degrés inimaginables.
    Les « empires coloniaux » ont peut-être disparu, mais pas les effets du colonialisme.
    Le système colonialo-impérialo-sioniste a imposé à des populations entières de par le monde de chercher des moyens de subsistance dans des conditions, le plus souvent, atroces.
    Beaucoup parmi elles, rurales, se sont trouvées dans des faubourgs de villes nouvelles coloniales, contraintes de s’adapter à des modes de survie dans des bidonvilles.
    Ces populations ont connu la transplantation forcée dans leur pays d’origine, avant qu’elles ne soient poussées à le quitter parfois pour fournir la main d’œuvre, taillable et corvéable à merci, dont les métropoles avaient besoin.
    Le processus migratoire ne peut pas être compris en occultant l’histoire de la transplantation d’êtres de sociétés rurales, d’êtres colonisés, maintenus dans l’ignorance, dépossédés, sans moyens, dans des sociétés industrialisées qui par de multiples mécanismes ont imposé et imposent leur domination.
    Les pays d’Afrique (et d’autres pays ailleurs) restent pour les employeurs des réserves de matières premières et de main d’œuvre, des marchés pour tout écouler, des points stratégiques pour les militaires, des terrains d’expérimentations des armements, des lieux de pédophilie et autres « loisirs pour touristes », des dépotoirs multiples et variées et des décharges d’immondices.
    Ces pays sont dotés d’une armée et d’une police très opérationnelles pour les oppressions et les massacres des populations.
    À cet effet, le système colonialo-impérialo-sioniste leur vend les armes nécessaires et se charge de la formation.
    Ces armes sont vendues au prix fort par ce trafiquant, qui alimente, oriente, entretient et contrôle les conflits armés entre ses employés.
    Doté d’avions bombardiers des plus performants dans les exterminations, d’une flotte maritime pour les agressions, d’innombrables chars de carnage, de missiles, d’équipements militaires les plus récents, d’armements sophistiqués, d’armes nucléaires, le système colonialo-impérialo-sioniste répand la terreur.
    Dans ce domaine, une certaine « préséance » est reconnue à la France en Afrique, qu’elle continue de considérer comme sa « chose ».
    Depuis un certain temps, l’Europe ne veut plus que ces « hrraaga » émigrent pour atteindre « la forteresse ».
    Elle fait tout afin d’empêcher leur venue, mais ces « brûleurs » sont décidés à tout faire pour s’évader du bagne des pays d’origine.
    Ils n’ont rien à perdre.
    Ils continuent de mourir pour fuir ce qu’ils ne peuvent plus supporter.
    Afin de les contenir, l’Europe verse des sommes énormes à ses employés pour qu’ils usent de tous les moyens de rétention.
    Par ailleurs, en plus des possibilités illimitées de chaque État d’Europe, l’Union Européenne a mis en place une force (Frontex) avec des avions, des hélicoptères, des navires et autres, destinés à renforcer « la forteresse ».
    Mais rien n’arrête « lhrraga » :
    Ni les naufrages au large de l’île italienne de Lampedusa et ailleurs qui ont entraîné la mort de centaines de personnes, qui s’ajoutent aux milliers d’autres naufragés dans la mer contrôlée par cette Europe où ils rêvaient de survivre plus décemment que « chez eux ».
    Les criminels installés à la « tête » des « États » d’Afrique s’en foutent bien sûr.
    Complètement, et recourent au pire.
    Tout cela est noyé bien sûr.
    Les imposteurs, à l’œuvre depuis des lustres, ont toujours usé d’une diarrhée verbale pour camoufler leurs crimes.
    Des mots qui alimentent et entretiennent le faux.
    Gonflés d’orgueil et d’arrogance, ils répandent leur diarrhée.
    Ils donnent des leçons qu’ils ne s’appliquent pas à eux-mêmes.
    Sèment les tromperies et toutes les horreurs selon l’étable de leur loi (les tables de leur loi).
    Veulent imposer leur « Histoire », avec hache majuscule, pour décapiter la Vérité.
    Ils font semblant de « s’offusquer » des effets de ce dont ils sont la cause.
    Les coups les plus inimaginables sont montés.
    Les manipulations les plus incroyables sont pratiquées.
    Les mensonges les plus éhontés sont servis.
    Les hommes, les femmes et les enfants qui continuent d’arriver en Europe(et ailleurs), ne sont pas différends de ce qui a été décrit il y a des décennies :
    « Ils avaient le pas pesant, les bras ballants et la face effarée. Ceux qui s’arrêtaient pour les voir passer fermaient brusquement les yeux, en une minute de doute intense et subit, où l’origine et la fin conventionnelles de l’homme étaient vélocement révisées, les classifications des règnes et les métaphysiques mises à bas et échafaudées de nouveau comme un château de cartes sur leurs mêmes fondements et suivant la même systématique […] ils ouvraient les yeux : la faillite de la civilisation, sinon de l’humanité, qu’ils avaient vu défiler vêtue de fripes, ou, à tout le moins, des fripes emplies de néant » (Driss Chraïbi, Les Boucs, Paris, éditions Denoël, 1955, P. 26).

    • « Le système colonialo-impérialo-sioniste continue d’alimenter, d’entretenir et de répandre les ordures et la pourriture. »
      —-> C’est le système « colonialo-impérialo-sioniste » (comme vous dites avec un sens de la nuance incomparable) qui sème la terreur, ou bien c’est Daesh ?
      Je sens que vous allez me dire que c’est du pareil au même, le premier alimentant le second.
      Mais alors pourquoi les migrants veulent venir chez les colonialo-impérialo-sioniste ?
      Pas du tout d’accord avec vous.
      PS : Et merci de réduire la taille des commentaires, donnez plutôt des liens s’il s’agit de textes.

      • impérialo sionistes pas tout à fait. netanyahu a dit niet aux mlgrants musulmans. et organise même des camps pour les éthiopiens falachas

        et il sait pourquoi. Pas nous pétris de belles idées humanistes., de nos belles valeurs

        « thank you!

        http://macedoniaonline.eu/content/view/27948/53/

        en souhaitant que seuls les conseilleurs soient les payeurs

        . Hollande a déja dit qu’il n’avait pas de maison de libre. Toujours cette manie de la gauche ,chrétienne ou pas ,de partager ce qui appartient aux autres.

      • @Aristophanedecarotte : Il se trouve que j’ai écrit un autre article intitulé « Etre noir en 2015 : en parler pour avancer » qui traitait des émeutes de Baltimore et Tel Aviv de début mai 2015 (cet article n’a intéressé personne, pas parce qu’il était question de migrants, mais tout simplement de noirs, et les noirs n’intéressent personne, alors moi j’en parle sur des cas précis) :
        http://leblogdenathaliemp.com/2015/05/05/etre-noir-en-2015-en-parler-pour-avancer/
        Je sais donc que le gouv israélien a reconnu des erreurs dans le traitement des falashas et je sais aussi qu’Israël doit faire face à de nombreux migrants en provenance du Soudan notamment. Pour eux, c’est autrement plus compliqué que pour nous, vu que les israéliens ne sont que 8 millions, mais ils font beaucoup d’effort. Donc ce n’est pas aussi tranché que vous dites.
        Ma position n’est pas d’accueillir des personnes avec l’argent des autres, justement pas, ça c’est la position des socialistes béats. C’est de changer de politique, seule solution pour relancer notre économie, générer des emplois etc.. nous redonner des projets d’avenir, et nous pourrons alors accueillir des réfugiés comme ça a déjà été fait par le passé. Mais je pourrais le répéter 100 fois, et vous me diriez encore « toujours cette manie de partager ce qui ne vous appartient pas. » Dans les commentaires, j’ai également parlé de la possibilité d’instaurer un droit d’entrée.
        Mon idée, c’est aussi de favoriser un développement des Etats de droit en Afrique et au MO. si vous avez lu mon article, normalement, vous devez le savoir.

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